1.1.4. Rôle vecteur des Culicidae
Les Culicidae constituent le groupe de vecteurs le
plus important en santé publique. Ils sont impliqués dans la
transmission de nombreux agents pathogènes. Pour qu'une espèce de
moustique soit considérée comme vecteur d'agents
pathogènes à l'homme, elle doit permettre le développement
de l'agent pathogène (compétence vectorielle); elle doit avoir
une grande longévité et être suffisamment abondante
localement; elle doit être anthropophile. Les principaux vecteurs
appartiennent aux genres Aedes, Culex et
Anopheles.
1.1.4.1. Genre Aedes Meigen 1818
Les femelles piquent essentiellement le jour et certaines
espèces de ce genre sont impliquées principalement dans la
transmission d'arboviroses.
L'espèce Ae. albopictus est connue comme
étant le vecteur majeur de la dengue en Asie du Sud Est (Smith,1956;
Rudnick et al.,1977) et dans plusieurs autres régions: La
Réunion, Hawaï, Japon, Indonésie, Seychelles, Sud de la
Chine, Thaïlande et Malaisie (Sabin,1952 ; Gould et al.,1968 ;
Chan et al.,1971 ; Jumali et al.,1979).
Il a été montré également qu'il
est le vecteur du virus du Chikungunya (Reiter et al., 2006), de
l'encéphalite japonaise, du «Ross river virus»(Mitchell et
al., 1987). Hormis ces arbovirus, Ae. albopictus peut aussi
transmettre les filaires telles que Dirofilaria immitis des chiens
à l'homme.
Ae. aegypti est le vecteur naturel de nombreux agents
infectieux (Degallier et al., 1988). Cette espèce joue un
rôle essentiel dans la transmission épidémique de trois
arbovirus d'importance médicale majeure: c'est le vecteur principal
interhumain de virus de la fièvre jaune, de la dengue (Chritopher, 1960
; Galliard, 1931) et de la fièvre Chikungunya (Thonnon et al.,
1999). La réceptivité des souches d'élevage d'Ae.
aegypti vis-à-vis des filaires Brugia malayi et
Dirofilaria immitis a été démontrée
(Rodhain et Perez, 1985).
D'autres espèces telles que: Ae. furcifer, Ae.
opok, Ae. neoafricanus, Ae. luteocephalus permettent la transmission du
virus de la fièvre jaune des primates à l'homme en Afrique de
l'Ouest; Ae. africanus est le vecteur naturel secondaire de la
fièvre jaune de l'homme à l'homme et les espèces Ae.
polynesiensis, Ae. pseudoscutellaris, Ae. tangae et Ae. vigilax
sont impliquées dans la transmission des filaires
apériodiques Wuchereria bancrofti pacifica
(Lane et Crosskey, 1993).
1.1.4.2. Genre Culex Linné
1758
A la différence des Aedes à
activité essentiellement diurne, les femelles de ce genre piquent
essentiellement la nuit et sont impliquées dans la transmission de la
filariose de Bancroft et de certaines arboviroses.
L'espèce Culex quinquefasciatus est largement
répandue en Afrique Sub-saharienne. Il n'a pas de rôle vecteur en
Afrique de l'Ouest ainsi qu'en Afrique Centrale mais il engendre partout une
forte nuisance en milieu urbain. En Afrique de l'Est, il est vecteur de la
filariose de Bancroft (Hamon et al., 1967). D'autres espèces
telles que: Cx. bitaeniorhynchus, Cx. annulirostris et
Cx. pipiens molestus en Asie, Cx. antennatus en Afrique sont
également impliquées dans la transmission de cette filariose.
En ce qui concerne la transmission des arboviroses,
l'espèce Cx. tritaeniorhynchus est le vecteur de
l'Encéphalite Japonaise (Lane et Crosskey, 1993; Aubry, 2005) et
d'autres espèces de Culex sont vecteurs de l'Encéphalite
de Saint Louis, de l'Encéphalite Equine Américaine, de
l'Encéphalite de la Murray et du virus de West Nile (Aubry, 2005).
1.1.4.3. Genre Anopheles Meigen 1818
Ce genre compte environ 450 espèces connues dans le
monde, mais seules 70 à 80 sont impliquées dans la transmission
du paludisme humain (Mouchet et al., 2004). Certaines d'entre-elles
transmettent également des filarioses (Wuchereria bancrofti,
Brugia malayi, Brugia timori) et des arboviroses.
En Afrique, les espèces An. gambiae s.s,
An arabiensis, An. funestus, An. nili et An.
moucheti sont considérées comme des vecteurs majeurs de
paludisme à Plasmodium falciparum. D'autres espèces
comme An. pharoensis, An. hanchoki, An. melas, An. merus, An.
paludis, An. coustani, An. rivulorum, An. brunipes, An. mascarensis jouent
un rôle secondaire ou local dans la transmission du paludisme
(Antonio-Nkondjio et al., 2002 ; Fontenille et al., 2003 ;
Fontenille et Simard, 2004 ; Mouchet et al., 2004 ; Antonio-Nkondjio
et al., 2005). A ces vecteurs secondaires s'ajoute une nouvelle
espèce vectrice, An. Ovengensis, récemment
découverte au Sud Cameroun (Awono-Ambéné et al.,
2004). La répartition de ces vecteurs n'est pas uniforme sur le
continent. An. gambiae s.s et An. funestus sont
rencontrés un peu partout en Afrique, alors que An. moucheti et
An. nili sont confinés dans la région forestière
et périforestière et An. arabiensis en zone de savane
(Gillies et De Meillon, 1968).
Les espèces An. funestus, An. gambiae, An. nili
sont aussi impliquées dans la transmission de la filariose de
Bancroft en Afrique tropicale (Gillies et De Meillon, 1968 ; Lane et Crosskey,
1993). En Asie du Sud les espèces An. barbirostris,
An. donaldi, An. anthropophagus sont vecteurs des filaires
Wuchereria bancrofti et Brugia malayi (Lane et Crosskey,
1993).
Le virus O'Nyong Nyong en Afrique subsaharienne est
également transmis par les anophèles, plus
particulièrement An. funestus et An. gambiae (Gillies
et De Meillon, 1968).
|