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Les doyens ruraux dans le diocèse de liège au moyen àąge. Contribution à  l'histoire politique et religieuse du monde rural.

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par Vincent BASTIN
Université de Liège - Licence en histoire 2000
  

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C. La forme des actes.

La matière subjectile, l'encre et la réglure des actes décanaux ne recèlent aucune information remarquable ; elles se conforment en tout point aux usages de l'époque, connus par de nombreuses études de diplomatique. Nous ne nous y attarderons donc pas davantage. Le format de ces actes témoigne de leur importance moindre. Leur hauteur est comprise entre 11,1274 et 20 cm.275 Il ne faut pourtant pas en conclure une grande disparité dans la taille des documents décanaux car la majorité de ceux-ci mesure, en fait, aux alentours de 15 cm de haut.276 Leur largeur, véritablement fort aléatoire, varie entre 17,4277 et 30 cm.278 Le document le plus grand étant une décision arbitrale d'un concile décanal (20 cm de haut sur 26,4 cm de large),279 nous pouvons en déduire l'existence possible d'un rapport entre la taille et l'importance, toute relative, de ces documents. L'étude de l'ornementation de l'écriture impose les mêmes conclusions : presque aucun acte dressé par un doyen ne comporte d'ornement. Seule l'invocation de quelques sentences conciliaires est écrite en majuscules et comprend quelques crochets et apex, de même que la première lettre du nom du doyen.280 Par ailleurs, aucun document ne présente la moindre correction, surcharge ou note marginale.

L'étude des sceaux décanaux revêt un intérêt certain car ceux-ci semblent jouir d'une valeur juridique relativement importante. La cire verte est le plus fréquemment utilisée, même pour les décisions conciliaires.281 Seulement deux

274. A.E.H., ibid. (1263).

275. A.E.L., chartrier du chapitre de Saint-Lambert (8 janvier 1230).

276. A.E.H., ibid. (mars 1243) et chartrier de l'abbaye du Neufmoustier (9 décembre 1523) A.E.N., chartrier de l'abbaye de Salzinnes (19 juin 1238 et 1235). A.G.R., chartrier de l'abbaye de Heylissem (août 1240). A.E.L., chartrier de l'abbaye du Val-Saint-Lambert (19 août 1244).

277. A.E.N., ibid. (19 juin 1238).

278. A.E.N., ibid. (24 juillet 1235).

279. A.E.L., ibid. (8 janvier 1230).

280. A.E.L., ibid. (8 janvier 1230).

281. A.G.R., collection sigillographique, n° 43, 446, 1226, 2259, 2259, 10485, 11445, 13825, 19835, 19908 et chartrier de Heylissem (août 1240). A.E.N., ibid. (19 juin 1238). A.E.L., ibid. (8 janvier 1230). A.E.H., Val-Notre-Dame (mars 1243 et 1268). A.D.N.L., chartrier du chapitre de Saint-Géry à Cambrai (5 juin 1551).

sceaux en cire brune ont été relevés. L'un a été apposé par le doyen d'Andenne, en 1223, au bas d'une sentence arbitrale.282 L'autre figure au bas d'un vidimus délivré en 1350 par le doyen de Rochefort, Gauthier d'Ochain.283

Tous les sceaux connus pendent sur une double queue de parchemin, sauf celui de Gauthier d'Ochain, doyen de Rochefort au milieu du XIVe siècle, qui est fixé sur une languette simple,284 et celui de Rodolphe, doyen de Fleurus en 1207, qui est attaché au document par un lacs de soie jaune et bleue.285

La place du sceau semble fort aléatoire. En voici la meilleure illustration : en 1223, le doyen de la chrétienté d'Andenne, Hellin, appose son sceau, à titre de témoin, à un document consignant une sentence arbitrale rendue par l'abbé de Flône. L'acte a été rédigé en plusieurs exemplaires, dont deux sont conservés aujourd'hui. Dans le premier, le sceau du doyen se situe en septième et dernière position, en commençant par la gauche, alors que dans le second, il arrive en troisième place.286

Les contre-sceaux sont plus rares. A notre connaissance, seuls trois doyens en ont utilisé : Lambert, doyen de Gembloux (1264),287 Roger, doyen de Maastricht (1281)288 et Jacques, doyen de Fleurus (1296).289 Par contre, aucune trace de sous-sceau n'a été relevée.

282. A.E.H., ibid. (1223).

283. Description dans VERKOOREN, A., Inventaire des chartes et cartulaires des duchés de Brabant et de Limbourg et des pays d'Outre-Meuse, t. 2, Bruxelles, 1911, p. 227. A.G.R., collection sigillographique, n°24672.

284. A.G.R., ibid., n° 24672.

285. Selon DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 336.

286. A.E.H., ibid.

287. Ce sceau est aujourd'hui disparu. Néanmoins, nous en possédons une description sommaire grâce aux travaux de PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, dans A.S.A.N., t. 31, Namur, 1912, p. 74 et de BROUETTE, E., les Doyens ruraux de Gembloux du XIIe au XVIe siècle, dans B.S.R.A.B., (sans tomaison), Bruxelles, 1946, p. 24.

288. Description dans CUVELIER, J., Cartulaire de l'abbaye du Val-Benoît, Bruxelles, 1906, p. 244.

289. NELIS, H., Ibid., p. 518, omet de donner une référence.

Conformément à de nombreux sceaux cléricaux, ils se présentent généralement en forme de navettes et sont de type pédestre.290 Cependant, il faut noter que certains doyens d'origine noble utilisent des sceaux de type héraldique. Celui de Philippe d'Avin, doyen de Hanret en 1551, qui se distingue en outre par sa forme ronde, en est le meilleur exemple.291 D'autres sont de type hagiographique, comme ceux de Gauthier d'Ochain292 et de Jacques, doyen de Fleurus (1296),293 qui représentent la Vierge tenant l'Enfant dans ses bras. En dessous figure le blason familial. Autre exemple : celui de Lambert, doyen de Gembloux en 1264, représente le doyen agenouillé aux pieds d'un saint.294 Quant aux sceaux de Thomas, de Hanret,295 et de Jean, de Jodoigne,296 ils représentent un saint tenant la Bible dans ses mains. L'Agnus Dei figure sur le sceau de Thomas, doyen de Hanret (1247).297 Le type monumental est plus inattendu de la part de prêtres. Pourtant, deux d'entre eux ont été retrouvés: celui de Jean, doyen de Gembloux au milieu du XIIIe siècle,298 et celui de Henri, son vicedoyen.299 Certains sceaux sortent quelque peu de la norme, comme celui de Baudouin, doyen de ce concile au début du XIIIe siècle : il représente un personnage assis, de profil, penché sur un pupitre où figure un livre ouvert. De la main gauche, il tient une fleur de lis.300 Gauthier, doyen de ce même district en 1249,301 et Pierre, doyen de Louvain en 1243,302 possèdent un sceau représentant une main

290. A.E.L., ibid. (8 janvier 1230). A.E.H., ibid. (1223 et mars 1243). A.E.N., ibid. (19 juin 1238). A.G.R., collections sigillographiques, n° 43, 1226 et 1765.

291. A.D.N.L., ibid. (5 juin 1551).

292. A.G.R., ibid. , n°24672.

293. A.G.R., ibid., n°19908.

294. BROUETTE, E., Ibid., p. 24 et PONCELET, E., p. 74 (v. n°140).

295. A.G.R., ibid., n° 2259.

296. A.G.R., ibid., n° 19835.

297. A.G.R., ibid., n° 13825.

298. A.G.R., ibid., n° 10485.

299. A.G.R., ibid., n° 446.

300. BROUETTE, E., Ibid., p. 20. Une photo de ce sceau a été publiée par cet historien p. 26.

301. Ce sceau a, aujourd'hui, disparu de l'acte auquel il était appendu. Néanmoins, il est décrit par PONCELET, E., Ibid., p. 119 et par BROUETTE, E., Ibid., p. 23.

302. A.G.R., chartrier de l'abbaye de Sainte-Gertrude à Louvain.

tenant un lis. Celui du doyen de Maastricht, Roger, montre une main entourée de trois figures : le Christ, le soleil et la lune.303 Sur celui de Raoul de Montenaeken figure une grande fleur de lis qui divise le sceau verticalement en deux parties symétriques. Chacune de ces deux parties est occupée par un grand oiseau tenant la tige dans son bec.304 En 1233, le doyen du concile de SaintTrond emploie un sceau représentant un aigle à ailes déployées.305 Sur celui du doyen de Maaseik est représenté le chêne (eick), emblème de la ville.306

La plupart des sceaux soulignent la piété, l'érudition ou la puissance relative des doyens. Sur ceux de type pédestre, les doyens sont représentés dans des vêtements de cérémonie aux manches particulièrement amples, détail qui, selon G. Demay, exprime leur grande dignité.307 Les sceaux du type de celui de Baudouin, qui représente le doyen assis et penché sur un pupitre, soulignent la grande érudition de leur détenteur.308 Ils seront, d'ailleurs, utilisés ensuite par les docteurs des universités.309 La piété est, bien sûr, clairement mise en évidence dans les sceaux de type hagiographique, mais aussi dans les sceaux de type pédestre car ils représentent des doyens accordant la bénédiction de la main droite et tenant une Bible dans la main gauche. Quant au sceau de type monumental, il est probable qu'il s'agisse d'une représentation de l'édifice religieux dans lequel sont passés les contrats.310

La légende, toujours écrite en latin, est très stéréotypée : elle consigne le nom du doyen et le concile dont il est titulaire avec, généralement, une mention de la paroisse qu'il est chargé de desservir.

303. Selon CUVELIER, J., Ibid., p. 234.

304. A.E.H., ibid. (1268).

305. A.G.R., ibid., n° 20975.

306. NELIS, H., Ibid., p. 517.

307. DEMAY, G., le Costume au Moyen Âge d'après les sceaux, Paris, 1880, p. 272.

308. BROUETTE, E., Ibid., p. 20.

309. ROMAN, J., Manuel de sigillographie française, p. 140.

310. BROUETTE, E., Ibid., pp. 22-23, propose une autre hypothèse. Selon lui, il s'agit d'une allusion à la puissance des doyens, que l'auteur de la matrice a voulu comparer à celle des villes. Cette explication nous semble, en fait, assez peu plausible car nous ne voyons pas vraiment de rapport entre le décanat rural et les villes en matière du juridiction gracieuse.

L'étude des caractéristiques internes est très complexe car les formules utilisées varient considérablement selon le concile et, bien sûr, selon qu'il s'agit de records conciliaires, d'une décision arbitrale ou d'un acte notarié. En fait, il faut voir, dans les premiers, les seuls documents caractéristiques du décanat rural. Les autres actes sont dressés occasionnellement et ne relèvent pas de pouvoirs réservés exclusivement aux doyens. Ceci explique que les records sont rédigés dans un style très libre, sans réel souci d'uniformité, contrairement aux autres documents, pour lesquels les doyens ruraux doivent se conformer aux usages de leur époque.

En ce qui concerne les records de conciles, une première constatation s'impose : l'ordre des formules diffère énormément d'un concile à l'autre. A Jodoigne, les décisions conciliaires débutent par des précisions sur la date et sur le lieu de la tenue du concile. Figure ensuite la liste des participants. Suivent le préambule, l'exposé, très bref, et le dispositif qui occupe la plus grande partie du document. Le texte se termine par des closes injonctives.311 A Florennes, l'acte débute par l'adresse et le salut, avant de passer directement au préambule. Le texte s'arrête au dispositif ; les clauses finales sont inexistantes.312 Dans les districts de Ciney313 et de Hanret,314 la formule d'adresse, par laquelle l'acte débute, est suivie de la suscription et du salut. A Ciney, contrairement aux usages en vigueur dans les autres conciles, la corroboratio du record de 1556 est particulièrement développée,315 alors qu'en 1538, elle est inexistante.316 Les caractéristiques internes des sentences du concile de Maastricht, de 1281 et de 1282, se rapprochent beaucoup des autres actes, dont les doyens sont les auteurs.317 Le schéma de ceux-ci, beaucoup plus conventionnel, se rapproche des actes des officiaux, par souci d'uniformité.318

311. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, pp. 339-345.

312. Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, pp. 213-214 et 221.

313. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, pp. 169-170 et t. 5, p. 189.

314. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 180.

315. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 176.

316. Ibid., dans A.H.E.B., t.5, p. 194.

317. CUVELIER, J., Ibid., pp. 243-244. SCHOOLMEESTERS, E., Diplômes de l'abbaye du Val-Benoît relatifs à Simpelveld, Elsloo, Gronsveld et Vaesrade, dans P.S.H.A.D.L., t. 21, Roermond, 1884, p. 139.

318. NELIS, H., Ibid., p. 509.

Il faut remarquer que, outre ces profondes divergences, qui donnent aux records conciliaires un aspect chaotique, quelques traits communs subsistent. L'acte débute généralement par une adresse générale,319 suivie de la liste des prêtres participant à la réunion.320 S'il est très rare de trouver des formules d'invocation dans ces textes, le salut comporte fréquemment une référence à Dieu.321 Le doyen du district de Tongres, Jordan de Baest, utilise une formule de salut singulière, qui a pour caractéristique d'associer Dieu et la quête de vérité, soit les deux éléments qui président à l'élaboration des actes cléricaux : salutem in Eo in quo est omnium vera salus.322 Le préambule rappelle le rôle du concile et s'attarde parfois aussi sur les activités du concile durant la journée de réunion.323 L'exposé décrit les conflits qui ont surgi, mettant souvent en cause les décimateurs. Il va de soi que, dans tous les cas, le dispositif occupe la place centrale du document et consigne tous les nouveaux règlements. Dans tous les doyennés, l'accent est mis, généralement à l'issue du dispositif, sur la reconnaissance des coutumes qui constituent les nouvelles lois afin d'assurer leur validité.324 En 1538, le doyen du concile de Ciney écrit ceci : Cette sont les coustumes et discussions des doutes prétouchées, usées, tenues et observées en notre concil de Ciney par nous et nos prédécesseurs de si longtemps, qu'il n'est mémoire du contraire ; ce qui de jour en jour, le cas advenants, se usent, tiennent et observent, et sont en fresche et récente observation.325 Le record de Hanret de 1447 illustre, lui aussi, clairement ce propos : Et haec sunt consuetudines dicti nostri concilii inconcussae, ab antiquissimis temporibus per nos nostrosque praedecessores confratres eiusdem concilii a tempore, de cuius contrario hominum memoria non existit, observatae.326 Toutefois, il faut noter que, dans les records de la chrétienté de Tongres de 1367 et de 1448, ce genre de formule est placée juste avant l'énumération des décisions conciliaires.327

319. PAQUAY, J., Ibid., pp. 252, 260 et 265. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 2, p. 213, t. 4, pp. 170, 180, 197 et t. 5, p. 189. CUVELIER, J., Ibid., p. 243 et SCHOOLMEESTERS, E., Ibid., p. 139.

320. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 180.

321. Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, p. 213, t. 4, pp. 170, 180 et t. 5, p. 189. CUVELIER, J., Ibid., p. 243 et SCHOOLMEESTERS, E., Ibid., p. 139.

322. PAQUAY, J., Ibid., p. 253.

323. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B, t. 2, p. 213-214, t. 4, pp. 165 et 170.

324. Ibid., dans A.H.E.B., t. 1, p. 344, t. 4, pp. 175-176 et 199.

325. Ibid., dans A.H.E.B., t. 5, p. 194.

326. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 183.

327. PAQUAY, J., Ibid., pp. 254 et 270.

Pour ce qui est des autres actes, les invocations sont aussi rares que pour les records conciliaires, mis à part dans les conciles de Jodoigne,328 où certains actes sont placés sous la protection divine, de Fleurus329 et de Tongres,330 où référence est faite à la Trinité. Herman, doyen de Fleurus à la fin du XIIe siècle, est le seul à utiliser, en plus, une invocation monogrammatique se présentant sous la forme d'une croix.331 Dans la majeure partie des cas, le document est inauguré par une adresse générale du type Universis presentes litteras visuris332 ou inspecturis.333 S'il s'agit d'une adresse spéciale, c'est que le destinataire du document occupe une place plus élevée dans la hiérarchie ecclésiastique.334 En 1258, Jean, doyen de Ciney, adresse un document à toute personne fidèle à Jésus-Christ.335 Le doyen se présente ensuite en mentionnant, parfois, la paroisse qu'il dessert. Dans ce cas, il se nomme parfois doyen de cette paroisse en omettant le nom du concile dont il est titulaire. Ainsi, dans un acte de 1270, le curé de Beverlo et doyen de Beringen se fait appeler decanus de Beverle.336 D'autres formules particulières peuvent apparaître. Dans un acte de 1208, le doyen de Chimay mentionne, dans la suscription, l'ensemble du concile de Coving, tout simplement parce que, à cette époque, le doyen de Chimay est souvent curé de Couvin.337 Contrairement à l'avis de H. Nélis,338 nous pouvons affirmer que les formules du type N., Dei gratia decanus Lewensis concilii sont assez fréquentes pour des

328. REUSENS, E., Ibid., p. 189.

329. DE MARNEFFE, E., Ibid., pp. 249, 256 et 336. La même formule est utilisée à trois reprises : In nomine sancte et individue Trinitatis.

330. BORMANS, S. et SCHOOLMEESTERS, E., Cartulaire de l'église Saint-Lambert, à Liège, t. 1, Bruxelles, 1893, p. 257. La même formule est employée à Tongres et à Fleurus.

331. Monogramme reproduit dans l'ouvrage de DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 249.

332. LAENEN, J., Documents concernant la paroisse de Desschel, dans A.H.E.B., t. 35, Louvain, 1909, p. 429. A.E.H., ibid.(mars 1243 et 1263). A.E.N. (1235).

333. REUSENS, E., Ibid., p. 143.

334. BARBIER, V., Ibid., p. 154.

335. BARBIER, V., Histoire du monastère de Géronsart, Namur, 1886, p. 269.

336. LAENEN, J., Ibid., p. 425.

337. LAHAYE, L., Chartes de l'abbaye de Brogne, dans B.C.R.H., t. 76, Bruxelles, 1907, p. 676.

338. NELIS, H., Ibid., p. 510.

doyens de chrétienté.339 Le salut peut, lui aussi, comporter une référence à Dieu.340

Le corps du texte débute par l'énumération des parties en présence et, le plus souvent, de leur qualité. Voici donc les formules qui introduisent ou qui achèvent cette liste : in nostra presentia constitutus,341 in presentia nostra342 ou encore coram nobis.343 L'exposé s'attarde sur les circonstances qui poussent ces parties à comparaître devant la justice. Parfois, le dispositif est amené par une formule qui met, à nouveau, en évidence la présence personnelle du doyen et, dans un certain nombre de cas, le respect de la loi : in presentia nostra constitutus,344 sub testimonio nostro inque praesentia nostra,345 in jure constitutus coram nobis346 ou encore coram nobis in jure.347 Les deux qualités principales du dispositif, que l'on retrouve dans la majeure partie des documents, sont la brièveté et la clarté.

Avant de citer la liste des témoins, introduite le plus souvent par une formule très classique, l'auteur de l'acte peut introduire une sanctio composée, ici, de formules d'imprécation. Celles-ci ne se rencontrent qu'à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe : Rodolphe, doyen de Fleurus en 1207, frappe d'anathème tout qui serait assez téméraire pour transgresser la sentence décanale.198 Une poena spiritualis particulièrement développée a été utilisée

339. DE MARNEFFE, E., Ibid., pp. 332 et 421. REUSENS, E., Ibid., pp. 143 et 152. BARBIER, J. et BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de Floreffe, dans A.H.E.B., Louvain-Bruxelles, 1881, t. 17, p. 29. LAHAYE, L., Ibid., p. 676.

340. REUSENS, E., Ibid., pp. 143 et 152.

341. BARBIER, V., Ibid., p. 270.

342. MIRAEUS, A. et FOPPENS, J.-F., Opera diplomatica et historica, t. 1, Bruxelles, 1723, p. 772.

343. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 421. BARBIER, J. et BARBIER, V., Ibid., p. 54.

344. REUSENS, E., Ibid., p. 143.

345. REUSENS, E., Ibid., p. 190.

346. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 422.

347. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 250.

348. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 337.

par Herman, doyen de Fleurus. Dans un acte de 1185, il écrit ceci : H., decanus concilii de Flerus congratulabatur hiis que videbat fieri ad sustentacionem pauperum et remedium Christi fidelium consilio et iuditio clericorum et synodalium excommunicavit eos qui super hac elemosina ultam deinceps pauperibus inferrent molestiam [...]. Ce doyen cite alors une formule de corroboration non moins singulière : [...] ut hoc nullatenus infirmari valeat, sigillo concilii de Flerus universa christianitas fore agnoscat.349 La plupart des actes ignorent la sanctio et comportent une corroboratio bien plus classique. Les mentions de lieux sont extrêmement rares. Il ne faut pas oublier que les sentences conciliaires sont évidemment prononcées sur le lieu habituel de réunion.

La deuxième partie du Registrum de Van der Scaeft comporte plusieurs modèles de lettres. Malgré leur caractère officiel, leur forme semble très libre. Seule la suscription est invariable : N., decanus christianitatis ou concilii Beringensis Leodiensis diocesis. Dans les lettres proclamatoires, elle est directement suivie de la présentation du candidat. Si celui-ci ne satisfait pas aux exigences du doyen, la motivation du refus de sa candidature est spécifiée.350

Comme nous l'avons vu précédemment, toute personne qui présente les symptômes de la lèpre doit être dénoncée au doyen rural. Celui-ci lui remet alors une lettre adressée aux spécialistes de la léproserie la plus proche afin qu'un examen soit établi dans les plus brefs délais. La principale caractéristique de cette lettre réside dans le fait qu'elle débute par la date à laquelle le malade a été présenté au doyen.351 Les médecins voient donc tout de suite si le souffrant est venu directement les consulter. S'il s'avère qu'il s'agit bien d'un cas de lèpre, ils tiennent ainsi un indice quant à l'état d'avancement de la maladie.

Aucun acte consignant des donations, des héritages et des sentences arbitrales n'a été recopié dans ce registre. Il est possible que Van der Scaeft n'ait pas voulu introduire dans

349. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 257.

350. Registrum I, f° 196-205. Registrum II, f° 116-121.

351. Registrum I, f° 218-225. Registrum II, f° 129-135.

son ouvrage des modèles de chartes qui ne relèvent pas des obligations décanales. Mais une autre hypothèse s'impose : l'activité des doyens en matière de juridiction gracieuse est si faible que le doyen de Beringen n'a pas pris la peine d'y consacrer quelques pages.

Dans la première moitié du XIIIe siècle, tous les actes décanaux sont rédigés en latin. Le premier document en français remonte au mois de février 1254.352 Par contre, aucun document en langue thioise, ayant pour auteur un doyen rural, ne nous est parvenu. H. Nélis ne peut que constater ce silence pour la partie du diocèse de Cambrai, où la première charte en français date de 1229.253

Les documents émanant de l'autorité décanale sont théoriquement protégés des faussaires par les statuts synodaux de Jean de Flandre.354 Les imitations et les falsifications ne semblent pourtant pas avoir été nombreuses. A ce jour, en tout cas, aucune n'a été recensée.

352. BARBIER, V., Floreffe, p. 109.

353. NELIS, H., Ibid., p. 524.

354. AVRIL, J., Ibid., p. 133.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo