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Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à  Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels

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par Maurice Mondengo Iyoka B
Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008
  

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INTRODUCTION GENERALE

0.1 Problématique et objectifs

Comme le dit Madeleine Grawitz, « Le point de départ de la science réside dans la volonté de l'homme de se servir de sa raison pour comprendre et contrôler la nature »1(*), et nous pouvons dire, à sa suite, que la prise de conscience des problèmes, des phénomènes et de nos crises socioculturelles doit toujours être le point de départ de notre questionnement en vue de recherche. Or il semblerait qu'il passe un problème, mieux un phénomène inquiétant dans l'âme du culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa. Et, ce fait semble remonter d'un peu plus loin. C'est pourquoi nous pouvons nous interroger si l'Église du Christ au Congo, toute l'attention voulue à ce problème, ne serait-elle pas tiraillée entre d'une part ce qui semblerait être d'inattention, d'autre part d'immobilisme ?

De quoi s'agit-il ? Il est question de la problématique, celle de la place réservée aux chants de recueils dans le culte protestant en ce début du 3e millénaire à Kinshasa qui suscite des interrogations sur l'identité historique du protestantisme. Le culte protestant qui s'organise au Congo en général, mieux celui qui se fait à Kinshasa en particulier, est, si pas dominé mais marqué par son intérêt pour la chanson populaire. Aussi, à la faveur de l'expansion du mouvement de Réveil et de la « Kinoiserie1(*) religieuse » qui influence son hymnologie, les chants traditionnels de recueils protestants se voient menacés d'effacement dans le culte de leur propre maison, où ils sont presque rejetés au profit de la chanson de la musique commerciale de variétés. Ce fait qui se pose aujourd'hui, avec acuité, pointait déjà à l'horizon, il y a près de deux décennies, alors que le culte protestant était toujours facilement reconnu, dans sa liturgie ou ses liturgies, par ses chants de recueils et cela, dans toutes les communautés protestantes au Congo.

Mais, aujourd'hui, quand les communautés protestantes organisent le culte qui, comme le dit Jean Jacques von Allmen, "est une manifestation de l'Église, c'est-à-dire qu'il extériorise ce qu'est l'Église"1(*), les chants de recueils sont les - moins - chantés - possible dans le déroulement de leur liturgie. Il faut aussi indiquer que cette liturgie elle-même semble ne plus se retrouver. Car, aujourd'hui à Kinshasa, lorsqu'on entre dans certains temples protestants, on a l'impression qu'on y célèbre un culte sans aucune liturgie préalablement établie, mais on se laisse plutôt conduire par la mouvance de « l'Esprit de Dieu ». Il se pose là un double problème fondamental. C'est, d'une part, le problème de la non identité de ce qu'est l'Église protestante au Congo aujourd'hui dans l'un de ses traits caractéristiques qu'est l'explosion en chants des recueils par le peuple de Dieu en prière; et d'autre part, le problème de la peine qu'on a à dire ce qu'est réellement devenu le culte protestant à Kinshasa sans chants de recueils.

Il est à propos d'indiquer le sens que revêt le mot culte dans le monde francophone. Nous entendons par le mot « culte » écrit Bruno Bürki une « appellation protestante-en particulier réformée-pour le service comportant prières et chants, lectures bibliques et prédication, puis la sainte cène1(*) ».

Laurent Gagnebin dans son ouvrage Le culte à choeur ouvert, pense que tout culte devrait être placé sous la responsabilité de toute la communauté, sa préparation, son animation étant le fait de la plus large participation des uns et des autres, pour que ni la séparation ni la hiérarchie ne puissent diviser les membres de l'Église1(*). Cette indication de Gagnebin suscite en nous quelques interrogations dont en voici les trois principales :

1. Le culte protestant d'aujourd'hui se place-t-il réellement sous la volonté d'une responsabilité identitaire de soi dans l'ensemble de la communauté protestante ?

2. Sa préparation, son organisation et son animation hymnologiques conjuguent-elles ensemble des efforts pour provoquer la plus large participation des tous les fidèles dans le milieu Kinois, venant de divers horizons dénominationnels, socioculturels et ethniques réunis en prière ?

3. N'est-ce pas que le conformisme pervers et /ou le narcissisme divisent encore et souvent les protestants dans leur culte sur l'usage des chants des recueils dans nos célébrations cultuelles ?

Ainsi, aujourd'hui, notre souci dans ce travail, est de chercher à mieux appréhender ce problème aux fins de nous aligner dans l'effort - en vue - de la sauvegarde et la revalorisation de ce que nous appelons le double héritage du protestantisme, qui est, à la fois, hymnologique et liturgique, mais qui, malheureusement, serait en voie de l'effacement. Par cette réflexion théorique, nous manifestons la volonté que cette étude ait une influence très concrète sur la pratique liturgique. Face à l'effondrement de ce symbole d'identité protestante, nous présentons cette étude que nous nous proposons de l'intituler: « Chants de recueils et culte protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels ».

Une question fondamentale par rapport à la recherche que nous menons peut se formuler de la manière suivante : Qu'est-ce qui a été fait avant nous dans ce domaine important à la théologie pratique ? Pour y répondre, nous allons jeter un coup d'oeil éclairé sur les études antérieures dans les lignes qui suivent. L'ouverture à la recherche hymnologique ou encore sur la quiddité du protestantisme dans l'âme de nombreux chercheurs, sous d'autres cieux, est très significative par rapport à ce qui se fait chez nous. Les travaux d'Edith Weber publiés dans son ouvrage La recherche hymnologique, avec ses éléments bibliographiques orientent les chercheurs dans leurs investigations et contribuent ainsi à un approfondissement sur des points

méthodologiques précis1(*). Aussi, l'apport de James Lyon1(*) dans ce domaine de l'hymnologie, spécialement ses travaux remarquables publiés sous le titre de Johann Sebastian Bach : les chorals, en plus de son cours d'Introduction à l'hymnologie1(*), nous offre-il des sources hymnologiques des mélodies, des textes et des théologies qui traduisent sans ambages que les questions hymnologiques ont déjà acquis ses titres de noblesse ailleurs.

Indiquons que, d'un autre point de vue, et pour des questions rationnelles, nous avons estimé que l'ouvrage de Joseph Ratzinger1(*) sur la foi dans le Christ et la liturgie aujourd'hui est très important pour la qualité à donner à cette étude. Car de manière générale, Ratzinger, dans le monde catholique, soulève lui aussi nombre des questions et préalables liturgiques importants pour ce que devrait être le chant d'Église aujourd'hui. Quant à la quiddité du protestantisme, l'ouvrage commun de Jean Baubérot et Hubert Bost1(*), d'une part et celui de Laurent Gagnebin1(*), d'autre part, nous seront d'un très grand avantage sur les questions ayant trait aux caractéristiques du culte protestant.

Au Congo, dans le milieu du protestantisme, en général, les travaux sur les questions hymnologiques ont un long chemin à parcourir, nous espérons que nos travaux participeront à en éclairer une partie. Retenons quelques -uns :

(1) MASAMBA ma Mpolo (1977) 1(*)

(2) LUSAKWENO Vangu (1979)1(*)

(3) NSUMBU Pezo Nsakala (1987, 1995) 1(*)

(4) KIBONGE Kawaya (1998)1(*)

(5) MONDENGO Iyoka Bodiabibami (2000) 1(*)

(6) KUA NZAMBI Toko (2001)1(*)

(7) NKULU Kankote Kisula (2001)1(*)

(8) MONDENGO Iyoka Bodiabibami (2002)1(*)

(9) ZABUSU Diakumbi Mbunzu (2002)1(*)

(10) MUSHIKANGONDO Lenkoy (2005)1(*)

(11) TSHUNZA Mpiana (2005)1(*)

De cet échantillon des travaux repris ci-dessus, nous pouvons affirmer, sans peur d'être contredit, que les préoccupations autour du chant voire du culte protestant, à chaque époque, sont toujours soulevées. Si Masamba ma Mpolo, en son temps, lançait déjà un appel pour l'élaboration d'un recueil des chants du culte, lequel devrait être inspiré de chants religieux africains1(*), Lusakweno, lui, emboîtant les pas, se préoccupait de l'analyse théologique des chants qui explosaient dans le culte protestant zaïrois. Son travail, à notre sens, consistait en l'analyse du contenu des chants et hymnes en vue de se rendre compte des préoccupations profondes exprimées par le peuple de Dieu à travers ses chants  et d'y dégager des tendances théologiques qui pourraient contribuer à la spécificité africaine. Il le faisait dans le souci de proposer à l'Église la collection, dans un recueil, de l'immense richesse des chants de culte et des chorales qu'elle possède à travers les communautés qui la forme1(*).

Nsumbu, abordant la problématique de la place de la chanson dans le culte protestant - laquelle problématique se trouvera examinée sous un autre angle dans la présente étude - se donnait comme but l'étude de l'utilisation de la chanson liturgique dans le déroulement du culte protestant en vue d'une rationalité dans la préparation même du service par l'officiant.1(*) Cet auteur trouve en culte chrétien le lieu le mieux indiqué pour faire la réflexion critique d'une société moderne africaine1(*). Kibonge, lui, par ailleurs, trouve que l'Église devrait se saisir de l'hymne comme un outil de la libération dans la mission qu'elle remplit dans le monde. Il faut, ici, relever la particularité de l'étude de Nkulu par rapport au chant dans l'Église du Christ au Congo. Dans son étude sur l'impact de la communication traditionnelle africaine, cet auteur, à notre sens, soulève, entre autres, le danger de la musique populaire, calquée sur le folklore africain des temps mobutistes, qui, en ces jours, a conduit au mariage entre le sacré et le profane1(*). Abordant les chants religieux, Nkulu, avertit l'Église du Christ au Congo, que ce domaine cher à l'Église, serait sous la pesanteur de trois grands types de chants religieux. Il cite :

1. Les chants missionnaires ou « chants traditionnels protestants » qui sont généralement les cantiques de recueils. Ces chants sont souvent les traductions, en langues vernaculaires congolaises, des (vieux) cantiques anglo-saxons importés par les évangélisateurs sur le sol congolais. Ils sont faits de la musique savante occidentale. Ils sont l'oeuvre de la Mission pour les assemblées en prière (individuelles ou collectives). Ils font l'objet de la notation.

2. Les chants populaires sont ceux qui sont puisés dans le folklore congolais ou africain. Ils sont des expressions anonymes de la culture et produit de la transmission orale, comme cela est pratiquée dans toutes les cultures de l'humanité. Ces chants ne sont pas faits de la musique savante occidentale. De ce fait, ils ne font généralement pas l'objet de la notation. Ils mettent souvent en musique un texte narratif ou lyrique comme cela peut être le cas dans toutes les civilisations.

3. Les chants chorals qui sont une forme particulière importée de tradition occidentale. Ce sont les chorales qui les pratiquent. On y trouve de monodie et de polyphonie. Ils peuvent être liturgiques ou non. Ils ont une structure très précise tant sur le plan formel que technique. Ils sont pratiqués avec un accompagnement musical ou non. La notation a une très grande importance dans sa pratique où les tempos stricts sont imposés pour une interprétation rigoureuse. Au Congo, ils sont aussi une importation de l'occident par les évangélisateurs du XIXe siècle.

Il est remarquable que l'auteur montre aussi les qualités comme les faiblesses des uns et des autres dans la typologie relevée. On doit se rappeler que dans la quête d'une définition caractéristique de ce type de musique, Nkulu nous propose sa compréhension. Selon lui, la musique populaire est l'ensemble « des chants très rythmés, courts et simples accompagnés par quelques instruments traditionnels et des cris de triomphes poussés autrefois par les femmes comme à l'occasion d'un événement heureux : naissance, sacre du roi ou triomphe de guerres »1(*). Ce sont ces chants qui ont, aujourd'hui, un succès très considérable dans le culte protestant.

Par ailleurs, Kua Nzambi dans son étude sur le mouvement choral en République Démocratique du Congo, trouve, par rapport au chant, que l'Église protestante qui, pourtant demeure le véritable carrefour de différentes tendances chorales, a incontestablement été le théâtre des clivages et métamorphoses dont les influences ethniques, tribales, sectaires, doctrinales, idéologiques, charismatiques, prophétiques et rationalistes. Pour cet auteur les cantiques et les chants liturgiques malgré leurs variétés et leurs sources d'influence sont restés présents dans la vie même du protestantisme congolais, mais c'est seulement par quelques rares chorales qui tiennent à promouvoir le chant choral.

Pour ce qui nous concerne, deux études ont été antérieurement menées. La première tentait d'examiner la problématique du chant à l'Ecole de dimanche (pour enfants) en vue d'une culture de compétences psychosociales qui doit, d'après notre entendement, aller de paire avec l'éducation chrétienne des enfants1(*). On déplorait le fait que l'on faisait chanter les enfants tout ce qui était en vogue, dans la musique chrétienne -et cela loin des recueils protestants- sans tenir compte ni de la psychologie de l'enfant, en face de moniteur ou monitrice, moins encore de la pédagogie appropriée dans la communication du chant qui devra semer la foi dans les coeurs des enfants. C'est le principe du Proverbe 22, 6 que nous tenons à proposer dans cette étude.1(*)

La seconde, à son tour, appelait à l'érection d'une hymnologie protestante congolaise efficiente. Nous pensons que l'efficience de notre hymnologie protestante passait, entre autres, par le sérieux dans le travail de l'hymnographie. C'est la question de textes des hymnes que soulevait notre étude où il s'agissait de se lancer à l'initiation aux hymnes de l'Église. Examiner, comprendre et ressortir, partant de texte poétiquement forgé allant de la parole et de l'expression chrétiennes personnelles au poème, il y a lieu de relever les fondements théologiques qui s'y cachent et reflètent aussi la vie chrétienne même de leurs auteurs. Partant de cette compréhension, notre souci portait aussi sur l'hymnographie de Noé Diawaku. Nous tenions à proposer sa contribution hymnographique dans le sens à donner au chant liturgique aujourd'hui dans une Église en crise1(*). Il nous avait paru que l'hymnologie protestante congolaise était en danger sous les yeux de l'Église du Christ au Congo. Peut être, manquait-elle une vision claire dans le travail de la conception de recueils revus et augmentés pour les Églises post-missionnaires une couverture qui couvre la multitude des réalités d'un moment de crise profonde de son histoire depuis les temps de Missions. Et de ce fait, une inflation flagrante de l'identité protestante vivait et vit toujours avec nous1(*).

Après nos deux études, il faut signaler que Zabusu, Mushikangondo et Tshunza ont, eux aussi, abordé chacun quelques problématiques pertinentes dans ce domaine de l'hymnologie. Si le premier examinait et décriait l'hégémonie ou la pesanteur de la musique profane sur celle d'Église ; le deuxième évoquait la nécessité impérieuse de la codification des cantiques post-missionnaires en vue de la sauvegarde de mélodies congolaises. Pour le dernier de ce groupe, réfléchissant sur les chants liturgiques dans les Églises dites de Réveil, il fait dans son étude, l'apologie de la musique comme partenaire de la liturgie. C'est de la question de savoir « à quel moment chanter quoi ? » et « comment le faire ? » que Tshunza tente de soulever dans son étude.

Pour cette étude, nous voulons pousser un peu plus loin ces questions hymnologiques en nous focalisant sur la problématique du quasi absence des chants des recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa.

Aujourd'hui, l'hymnologie, d'après Edith Weber, a pour objectif, au sens large, l'étude systématique et comparative des hymnes et des chants religieux en général1(*). Cela étant, avec cette étude, nous nous sommes fixé un nombre d'objectifs principaux, à savoir :

1. faire l'état de lieu de l'utilisation de chants des recueils protestants dans le culte - dit - protestant d'aujourd'hui dans quelques paroisses choisies de Kinshasa en vue de déterminer la distance qu'a prise la marche vers cet effacement identitaire ;

2. présenter quelques chants historiques des recueils protestants qui ont traversé les barrières du temps et situer leurs paroles dans leurs contextes historique, théologique, psychologique, sociologique en les rebondissant dans l'histoire de sensibilités, des mentalités du peuple de Dieu, en prière, à Kinshasa. Le souci, ici, est celui de voir si les paroles de ces cantiques protestants, vieux de quelques siècles - car conservés grâce à la codification- ne peuvent rien apporter aujourd'hui, par rapport aux chansonnettes éphémères qui envahissent nos Églises1(*)en prière car caractérisées par un manque de profondeur théologique ;

3. provoquer si possible l'éveil de la conscience protestante dans le chef des leaders et des communautés de l'Église du Christ au Congo aux fins de militer pour l'arrêt de la marche vers l'effacement des chants des recueils dans le culte protestant, d'une part, et la libération de l'héritage hymnologique de la Réforme et de temps de Missions sous le conformisme pervers de l'heure, d'autre part.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway