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Etude de la condition de la femme face à  la violence du terrorisme intégriste dans le recueil de nouvelles « Oran, langue morte » d'Assia DJEBAR

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par Lamia AKERMOUN
Université Saad Dahleb de Blida - Licence de français 2010
  

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I-2-2) ETUDE SPATIALE DU RECIT 

La notion d'espace que nous abordons à travers l'analyse de l'ouvrage Oran, langue morte va répondre aux trois interrogations traitées par Goldenstein :«  Pour prendre conscience de l'importance fonctionnelle de la spatialité, il sera pas inutile de se poser trois grandes questions : Où se déroule l'action ? Comment l'espace est-il représenté ? Pourquoi a-t- il été choisi ainsi de préférence à tant d'autres ? »24(*)

En ce sens, nous allons essayer de répondre, dans ce chapitre, à ces trois questions, ainsi que l'intérêt d'en étudier les lieux.

En effet, l'espace se présente avant tout comme le lieux de déroulement de la narration : « L'espace est la dimension du vécu, c'est l'appréhension des lieux où se ploie une expérience. »25(*)

Ainsi, l'espace serait le lieu de déploiement de l'articulation de l'histoire narrée, et toutes les actions des personnages sont proférées dans un contexte spatial.

Dans le cas des trois nouvelles que nous avons traitées, les événements se déroulent dans un seul et unique ancrage référentiel « Alger ».

Cette ville constitue un espace fondamental dans le roman, car c'est là que bat le coeur du pays, qui est en proie au silence et à l'inactivité : « Une capitale sans théâtre ouvert, sans cinéma fréquentable, sans salles de concert ! Tout est fermé dehors, les habitants se calfeutrent chez eux, comme des malfaiteurs. »26(*) Et c'est là que sont dominés et sont torturés les algériens par les intégristes.

Toujours désignée par « ville empuantie »27(*), « ville gelée »28(*) ou alors par « ville en tumulte et en ébullition mortelle »29(*), « ville enlaidie, cité obscure »30(*)

En ce sens, Alger devient lieu de déchirements, de violences et de morts des personnages.

Pourtant, ceux-ci y sont profondément attachés, car c'est dans cette ville qu'ils ont vécu et dans cette vile qu'ils voudraient mourir : « Laisse donc ! N'as-tu pas compris : je vivrai, je mourrai ici, chez moi, dans ce pays! »31(*)

Rétorque Mourad, le mari de Naima, dans L'Attentat. De même Isma dans La fièvre dans les yeux d'enfant voudrait laisser « une trace d'histoire » dans son pays après sa mort, puisque elle sait qu'elle va être tuée comme tous. Elle souhaite cependant que la ville sera apaisée et que la sérénité sera rétablie après ces tumultes causés par la guerre fracticide. 

Dix ans après je ne serai plus là [...] La ville se

sera allégée de ses monstres enfin dissipés, certains

diront : la ville s'est « régénérée ». Qu'ils le

pensent ; le soleil, le printemps scintilleront, eux

avec le même éclat immuable [...] je ne serai plus

là, en fuite, en exil, ou finalement abattue ; dissipée

tel un rêve ! Ces quelques pages sur une histoire

d'amour réapparaiteront. 32(*)

Nous soulignons également que dans cet ouvrage,Assia Djebar utilise un espace ouvert, ce qui permet de laisser les femmes libres d'aller et de venir, d'errer et de voyager. Elle leurs offre non seulement la parole mais aussi la liberté de se déplacer. Comme le souligne Charles Bonn dans la citation ci-dessous : « Cette narration « féminine » relève également d'une revendication de l'espace public musulman d'où les femmes sont exclues. »33(*)

Ces espaces ouverts permettent la rencontre des personnages : «  Sur l'immense place, au bas de la Casbah [...] nous nous sommes mêlés à un cercle de badauds. »34(*)

De même, pour Atyka dans La femme en morceaux, savoure ce « matin de soleil » avant de se rendre à son lycée : « Atyka descend à pieds, légère, des hauteurs de sa banlieue proche : sous ses pieds, à l'horizon, la mer immuable. Elle rêve... »35(*)

Ici la mer présente un espace ouvert et illimité d'où sont émergés les rêves du personnage.

Enfin, nous soulignons que le choix de cette ville n'est pas gratuit, selon Goldenstein : « Le lieux précis, choisi parmi tant d'autres possibles, serviras à la dramatisation de la fiction. » 36(*)

D'où la description de la capitale comme un lieu de contrastes de déchirements et de morts, où des conditions vécues se côtoient à chaque coin de la ville.

* 24 J.P.Goldenstein, Pour lire le roman, Op.cit, p 89

* 25 C.Achour, A.Bekkat, Clefs pour la lecture des récits, Op.cit, p 50

* 26 Assia Djebar, Oran, Langue morte, Op.cit, p105

* 27 Idem, p 72

* 28 Idem, p 77

* 29Idem, p 78

* 30 Idem, p 85

* 31 Idem, p 143

* 32 Idem, p 78

* 33 Ch.Bonn, Nadjib Redouane, Yvette Bénayoun-Szimidt, Algérie, nouvelles écritures, SL, L'Harmattan, 2001, p 209

* 34 Assia Djebar, Oran, Langue morte, Op.cit, p 121

* 35 Idem, p 186

* 36 J.P.Goldenstein, Pour lire le roman, Op.cit, p 96

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