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Le conflit frontalier Gabon- Guinée Equatoriale, analyse géopolitique

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par Sidonie BOUKOULOU
Institut des relations internationales du Cameroun - Master 1 2008
  

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    REMERCIEMENTS

    Mes profonds remerciements au professeur Wullson MVOMO ELA qui, malgré ses occupations multiples a consacré le temps nécessaire au suivi de ce travail académique. Par sa patience, ses conseils et enseignements, il m'a aidé à appréhender les notions de base de l'analyse géopolitique.

    Toute ma gratitude à l'ensemble du corps enseignant de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun, sans oublier mes collègues de promotion.

    J'adresse enfin mes remerciements à mes parents, à proches relations, à ma soeur Huberte, à mes enfants pour leur soutien indéfectible.

    SIGLES ET ABBREVIATIONS

    ZEE : Zone Economique Exclusive

    CCG : Commission du Golfe de Guinée

    CEMAC : la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale 

    CNPC : Chinese National Petrole Corporation

    O.M.A.O.C : Organisation Maritime pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre

    OUA : Organisation de l'Unité Africaine

    UA : Union Africaine

    CEEAC : Communauté des Etats de l'Afrique

    CEMAC : Communauté Monétaire de l'Afrique Centrale

    CPS : Conseil de Paix et de Sécurité

    ZEC : Zone d'Exploitation Conjointe

    CIJ : Cour Internationale de Justice

    SOMMAIRE

    Dédicace

    Remerciements

    Avant-propos

    Introduction générale

    Partie I : Les acteurs et leurs motivations profondes

    Chapitre I : Les acteurs en jeu

    I - Présentation des acteurs

    A - Le Gabon

    B - La Guinée Equatoriale

    II - Les motivations profondes des acteurs en jeu

    A - La position du Gabon

    B - Les ambitions de la Guinée Equatoriale

    Chapitre II : Mbanié: un espace-enjeu

    I - l'espace -enjeu 

    A - Présentation géographique de l'îlot de Mbanié

    B - La volonté d'acquisition et de contrôle de l'îlot par les acteurs précités

    II - Les enjeux énergétiques et maritimes

    A - Importance du pétrole off-shore

    B - Les enjeux maritimes

    Partie II : Crise et stratégies de sortie de crise

    Chapitre III : Présentation de la crise et ses conséquences sur les dynamiques politiques d'intégration régionale

    I - Les manifestations de la crise

    A - A l'échelle bilatérale

    B - A l'échelle multilatérale

    II - Les conséquences sur les dynamiques politiques d'intégration régionale

    A - Les conséquences sur le processus d'intégration régionale

    B - Les conséquences diverses

    Chapitre IV : Stratégies de sortie de crise

    I - Approche juridictionnelle  et évaluation des solutions proposées

    A - Approche juridictionnelle

    1- Les structures régionales et sous régionales

    2- La saisine de la cour International de Justice : CIJ

    B - Evaluation des solutions proposées

    1 - Insuffisance des mécanismes internationaux

    2 - Insuffisance des mécanismes régionaux

    II - Solutions Possibles

    A - Au niveau international

    B - Au niveau régional et sous régional

    Conclusion générale

    Annexes

    INTRODUCTION GENERALE

    L'analyse géopolitique des conflits et crises nous permet d'appréhender les variables géopolitiques susceptibles d'expliquer tous les enjeux et contours des conflits en Afrique. D'ailleurs, celles-ci nous donnent un éclairage fiable sur les conflits frontaliers en Afrique, en l'occurrence celui qui oppose la Guinée Equatoriale avec tous ses voisins limitrophes, à savoir : le Nigéria, le Cameroun, Sao Tome et Principe, la Guinée Bissau et enfin le Gabon. Le dernier cas de figure c'est-à-dire, le conflit frontalier Gabon-Guinée Equatoriale est l'objet de notre étude. Le présent rapport de stage qui s'intitule « Le différend frontalier Gabon-Guinée Equatoriale : une analyse sous le prisme de la  Géopolitique» se voudrait un éclairage de trois variables géopolitiques qui en constituent les causes explicatives. Traditionnellement, celles-ci sont au nombre de cinq, à savoir : la conflictualité, l'espace, la frontière, l'impérialité et la mondialité. Cependant, nous ne ferons appel qu'à l'espace, la conflictualité et la frontière.

    1- PRESENTATION DU SUJET

    Le différend maritime actuel qui oppose la Guinée Equatoriale au Gabon porte sur la souveraineté des îlots de Mbanié, de Conga et Cocotier, lesquels sont un héritage de la période coloniale. En effet, la France et l'Espagne avaient signé le 23 juin 1900, une convention délimitant leurs possessions dans le Golfe de Guinée. Cependant, la convention signée en 1900 ne statue que sur l'île de Corisco et l'île des Elobeys, qui sont attribuées à l'Espagne, sans se prononcer sur ces îlots méridionaux et adjacents, objet de dispute d'aujourd'hui. Mettant un terme au contesté territorial, cette convention fixa enfin la frontière entre les possessions françaises et espagnoles, en son article 4, il la définit comme : « La limite partira du point d'intersection du thalweg de la rivière Muni avec une ligne droite tirée de Cocobeach à la pointe Dieke ». Elle remonte ensuite le talweg de la rivière Outemboni jusqu'au point où cette dernière rivière est coupée pour la première fois par le 1er°de latitude nord et se confondra avec ce parallèle jusqu'à son intersection avec le 9ème° de longitude est de paris (11 °20 est de grenweech)1(*).  Or, les repères historiques révèlent qu'en date du 24 mars 1778, un traité de cession des îles du golfe du Biafra et la côte opposée est signé entre le Portugal et l'Espagne notamment, le traité de Pardo ; ce traité, qui du reste n'a pas été suivi d'effets immédiats, n'a pas été reconnu par la France2(*). Et même lors de l'accession à l'indépendance des deux entités le Gabon et la Guinée Equatoriale, l'appartenance de ces îlots et bancs de sable n'est pas réglée par le droit.

    Aussi, l'objet du litige entre le Gabon et la Guinée Equatoriale repose sur les revendications contradictoires que les deux pays ont sur la délimitation de la frontière maritime et la souveraineté sur un ensemble de trois ilots que sont Mbanié, Conga et Cocotier. C'est la problématique de souveraineté desdites îles qui est ainsi posée entre les deux pays car les deux Etats ont une interprétation divergente et se font une représentation respective du tracé de leur domaine maritime dans la baie de Corisco.

    C'est précisément au début des années 1970 que le Gabon, dans le but de protéger ses intérêts pétroliers et de préserver l'activité halieutique nationale contre les navires étrangers, procède à l'extension de la limite de ses eaux territoriales, au-delà des 12 milles nautiques initiaux, pour la porter à 25 milles marins le 5 octobre 1970. De l'autre côté, la Guinée équatoriale en fait de même. Puis, par étapes, le Gabon se dote d'une zone économique exclusive de 200 milles marins en juillet 1984. Or la modification de la largeur des eaux territoriales, au-delà des 12 milles nautiques, signifie en droit, l'extension de la souveraineté gabonaise aux îlots de la toute baie de la Mondah3(*). Dans les faits, elle eut pour conséquence l'occupation, le 23 août 1972, par la gendarmerie gabonaise, de trois îlots inhabités à savoir : Mbanié, Conga et Cocotier situés à quelques 18 kilomètres des côtes continentales gabonaises dans la baie dite de Corisco. Ces îlots constituent des bancs de sable émergés, situés à équidistance de la côte gabonaise et de l'île équato-guinéenne de Corisco. En 1972, le Président OMAR BONGO ONDIMBA du Gabon s'est rendu à l'ile Mbanié pour y planter le drapeau national. Ceci a généré de vives tensions entre les deux pays. C'est précisément à cette date que remontent les prémisses du différend frontalier entre les deux Etats. Le différend sera ainsi soumis aux bons offices des Présidents Marien N'Gouabi du Congo et Mobutu, sous l'égide de l'Organisation de l'Unité Africaine : OUA et abouti à la signature de la convention de Bata du 12 septembre 1974. Aux termes des dispositions de l'article 3 de la convention du 12 septembre 1974, les hautes parties contractantes, en l'occurrence le GABON représenté par Albert Bernard BONGO, et la GUINEE EQUATORIALE, sous la signature de Don Francisco Macias NGUEMA BIYOGO, ont clairement établi : Les hautes parties contractantes reconnaissent, d'une part, que l'île Mbanié fait partie intégrante du territoire de la République gabonaise, et d'autre part, que les îles Elobeys et Corisco font partie intégrante du territoire de la République de Guinée Equatoriale4(*). Le conflit latent refait surface le 02 février 2003 à l'issue de la visite médiatisée du Ministre gabonais de la Défense, Ali Ben BONGO ONDIMBA dans l'îlot de Mbanié.

    Pour le Gabon, la possession de ces trois îlots permet également de redimensionner son étendu maritime. L'extension par les deux Etats de leurs eaux territoriales, au-delà des 12 milles nautiques, entraîne des chevauchements réciproques de leur territoire maritime, ce qui a crée le litige maritime qui prévaut depuis. Dans cet esprit, chaque pays entreprend, de délivrer des concessions de prospection pétrolière à des sociétés occidentales, dans une partie du territoire maritime de son voisin. De fait, l'analyse des trois variables géopolitiques convoqués dans la compréhension du différent permet d'en justifier les causes. Le contrôle et la gestion des ressources dont sont dotés ces espaces et frontières constituent la source du différend.

    2- INTERET DE L'ETUDE

    Notre présente étude se focalise sur le différend maritime Gabon-Guinée Equatoriale et se distingue en cela des analyses précédentes par la prise en compte des espaces stratégiques et des ressources naturelles maritimes entre le Gabon et la Guinée Equatoriale dans l'élément souveraineté. Ces espaces stratégiques constituent les enjeux majeurs du présent conflit et stigmatisent la recrudescence des conflits dans la zone du Golfe de Guinée.

    L'objectif de notre étude est d'analyser et montrer les enjeux profonds qui sous-tendent le comportement politique des acteurs en jeu en mettant davantage l'accent sur les considérations d'ordre économique, politique et stratégique propres au différend traité. Puis, nous interrogerons la capacité et l'action concertée des différents mécanismes déployés dans la recherche de la pertinence de des solutions du litige Gabon-Guinée Equatoriale pour la paix et la stabilité dans la région.

    L'intérêt de notre étude demeure dans le fait que notre analyse porte sur une question qui demeure d'actualité et en cela lui confère une certaine pertinente. Jusque là, aucune solution conséquente n'a pu être apportée au problème abordé. De fait, nous souhaitons dans cette étude, participer à l'élaboration des solutions. Dans ce sens, ce travail se veut être un prolongement modeste de la réflexion sur la question de gestion des espaces maritimes pétrolifères règlement des différends maritimes régionaux et sous régionaux dans une perspective d'effectivité, de renforcement et de conciliation des mécanismes juridictionnels maritimes inter régionaux en Afrique.

    3- PROBLEMATIQUE

    La problématique qui va sous-tendre notre analyse est celle de la gestion du contrôle et celle du partage des ressources stratégiques dont sont dotés les iles disputées et que chaque Etat considère comme relevant de sa souveraineté. En effet, un Etat souverain peut-il partager ce qu'il considère comme attribut, ressource, patrimoine ou intérêt national avec un autre Etat ?

    En cela, la convocation des éléments typiques à l'analyse géopolitique semble le plus apte dans la compréhension du conflit frontalier Gabon-Guinée Equatoriale. A cette question se greffent deux questions subsidiaires à savoir:

    Quelles sont les dynamiques sociopolitiques et économiques qui interfèrent dans le conflit frontalier Gabon-Guinée Equatoriale et comment le font-ils ?

    Quelle appréciation ou appréciation faire des mécanismes institutionnels et juridictionnels internationaux, régionaux et sous-régionaux déployés dans le règlement du conflit maritime Gabon et la Guinée Equatoriale?

    4- HYPOTHESES

    Pour cela, trois d'hypothèse sont envisagées ici car les deux pays en conflit sont producteurs de pétrole et font tous deux partie d'une zone géopolitique et hautement stratégique qu'est le Golfe de Guinée ; c'est une zone convoitée par les grandes puissances à travers les consortiums qui y exploitent le pétrole, produit stratégique et arme économique. La première hypothèse est celle de l'ambition de contrôler les îlots et la gestion des ressources hautement stratégiques (l'or noir, les ressources halieutiques etc.) dont sont dotés l'îlot de Mbanié qui expliquent et justifient le comportement politique de méfiance affiché par les deux pays en conflit. Ainsi, les pays producteurs de pétrole sont assignés au rôle de périphérie pourvoyeur de ressources et donc catalyseur du développement des pays industrialisés, ce qui démontre de facto la prédisposition de ces Etats à la conflictualité. La deuxième hypothèse est révélatrice du conflit générateur de contraintes réelles aux dynamiques de l'intégration sous régionale. La troisième hypothèse entend montrer l'inefficacité des mécanismes institutionnels et juridictionnels mis en place pour résoudre le conflit.

    5- APPROCHE THEMIQUE ET METHODOLOGIQUE

    L'approche réaliste nous parait être la mieux indiquée dans une perspective compréhensive des comportements des Etats sur la scène internationale dont la satisfaction des préférences nationales en justifie les actions et les attitudes. Cependant, l'élément transnationaliste sera également pris à partie dans notre analyse, du fait non seulement des limites frontalières qui sont remises en cause, mais aussi du fait désormais incontestable de l'implication des firmes multinationales dans le processus dudit conflit qui influencent les revendications des Etats en conflit.

    L'approche géo-historique permettra de reconstituer les faits et évènements passés afin de comprendre la sociogenèse du conflit qui demeure fixé dans le passé colonial respectif des pays en conflit, ainsi que la nature des enjeux locaux, sous-régionaux, régionaux et internationaux qui structurent les bases du conflit entre les deux Etats en conflit. Aussi, les moyens et les mobiles utilisés par les uns et les autres éclaircissent mieux notre compréhension sur les enjeux géopolitiques du conflit à savoir : le rapport de forces qui existe entre les deux Etats en tant que facteurs d'affirmation de puissances non sans tenir compte des puissances dominantes qui participent au façonnage de la carte géopolitique du monde actuel.

    6- REVUE DE LA LITTERATURE

    Certaines études antérieures à notre analyse ont abordé la question des conflits liés aux ressources stratégiques dans le Golfe de Guinée sans pour, toutefois, procéder à une analyse spécifique de la question du différent maritime opposant le Gabon à la Guinée Equatoriale. Il s'agit notamment de :

    - Janet ROITMAN et Gérard ROSO : « Guinée Equatoriale : être off-shore pour rester nationale »5(*).

    - AWOUMOU Côme Damien Georges : « Le Golfe de Guinée face aux convoitises »6(*),

    - Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le Golfe de Guinée »7(*).

    Il s'agit aussi de bon nombre d'analyses menées dans le cadre des travaux de fin d'études universitaires, notamment les thèse et Mémoires:

    - Jonathan NDOUTOUME NGOME : « Les aspects géopolitiques et géostratégiques du pétrole dans le Golfe de Guinée »8(*),

    - ONDO OBIANG BINDAM « Les conflits de la Guinée Equatoriale avec ses voisins »9(*).

    - DONGO DONGO Raphael : « La pétrostratégie généralisée dans l'exploitation du Golfe de Guinée »10(*).

    7- LE PLAN

    Nous proposons d'articuler notre plan autour de deux parties :

    La première partie est la présentation des acteurs et de leurs motivations,

    La deuxième consiste en la présentation de la crise et des stratégies de sortie de crise.

    PREMIERE PARTIE :

    LES ACTEURS ET LEURS MOTIVATIONS

    Il est question de présenter et d'examiner la dimension géopolitique du conflit Guinée Equatoriale-Gabon circonscrit dans la zone du Golfe de Guinée puis, de voir comment la configuration géographique des deux pays et leur diversité en ressources maritimes et terrestres participent aux enjeux régionaux du Golfe de Guinée.

    En effet, les pays d'Afrique centrale situés en bordure du Golfe de Guinée se trouvent compris dans un espace maritime et marin très riche dans le domaine de l'off-shore profond et ultra profond. Le pétrole off-shore demeure une des matières premières les plus convoitées de la sous-région d'Afrique centrale et révèle ainsi de l'importance géopolitique pour ceux des Etats ayant un accès à la mer à travers leurs eaux territoriales.

    Toute la pensée géopolitique tourne autour de la question de l'eau et la mer demeure un enjeu géopolitique incommensurable comme l'a décrit Alfred MAHAN dans sa théorie de la Sea Power11(*). L'océan mondial est dépositaire de la puissance mondial, aussi, celui qui contrôle les mers est celui qui détient la puissance, tel est l'exemple de l'Angleterre qui est devenue la première puissance mondiale par son contrôle des mers.

    En effet, le contrôle des détroits, des îles donne un avantage stratégique : c'est la nature de l'importance actuelle des espaces maritimes dans la vie des Etats, laquelle influence la nature des enjeux locaux structurant les rapports entre les riverains.

    Dans la même optique, Alfred MAHAN précise que le contrôle des points d'appui ainsi que des points stratégiques constitue une force géopolitique conditionnée par une puissance navale. La même théorie développée par MACKINDER désigne le heartland comme le centre dynamique et géopolitique du globe terrestre. L'Asie centrale constitue le heartland principal et le heartland secondaire stratégique et géopolitique du fait de ses richesses est l'Afrique à travers les ressources énergétiques dont il regorge. La situation d'insularité de la Guinée Equatoriale est un avantage stratégique indéniable dans une telle vision hautement partagée par les Etats du monde.

    L'Afrique centrale est dotée de réserves pétrolières considérablement réévaluées par les découvertes récentes effectuées dans la région du Golfe de Guinée et, où prospèrent des champs off-shore. La zone du Golfe de Guinée voit sa valeur géopolitique et géostratégique accrue par la proximité avec les marchés américains avec des facilités d'écoulement de la production pétrolière par voie maritime. En outre la dialectique centre-périphérie permet d'interpréter et comprendre les relations entre Etats riverains, mieux, de cerner les motivations profondes qui conditionnent le comportement respectif des acteurs en jeu.

    Le problème est posé soit en termes de « conflit frontalier », tantôt en termes de « différend frontalier ».Suivant la définition proposée par Lewis COSER, les conflits désignent des « affrontements entre acteurs collectifs sur des valeurs, des statuts, des pouvoirs ou des ressources rares et dans lesquels, l'objectif de chaque protagoniste est de neutraliser, d'affaiblir ou d'éliminer ses rivaux 12(*)».

    Dans cette perspective, la notion de conflit ne veut pas forcément exprimer le recours à la violence armée et explique une situation de lutte de rivalité, tandis que le terme différend renvoie plutôt à la discussion ou à une contestation. Le concept « différend » dans son sens étymologique et selon le dictionnaire Larousse veut dire discussion, contestation. Par contre, le terme « conflit » renvoie à la rivalité, à la lutte, au choc, à la guerre.

    Nous utiliserons tour à tour les deux terminologies telles qu'usitées dans les documents mis à notre disposition. Les deux termes traduisent au mieux la même réalité de l'état de rivalité caractéristique des relations Gabon- Guinée Equatoriale, rivalité qui met en relief plusieurs acteurs.

    CHAPITRE I - LES ACTEURS EN JEU

    Le différend frontalier Gabon-Guinée Equatoriale révèle un certain nombre d'acteurs autre que ceux déjà connus, en l'occurrence les deux pays en conflit. En effet, les deux Etats au début du XXIème siècle ont des attitudes contradictoires sur l'interprétation du tracé de leurs domaines maritimes dans la baie de Corisco.

    Il sied de signaler que la course au pétrole en off-shore profond en Afrique centrale va favoriser des luttes politiques et économiques concernant la délimitation et la démarcation desdits domaines. Dans le cadre de ces conflits frontaliers, les Etats d'Afrique centrale sont engagés dans des luttes pour assurer leur souveraineté sur les champs pétroliers off-shore, manifestées à travers la délimitation de ces zones pétrolières qui suscite une vive rivalité à travers les gisements marins. Ces gisements sont à l'origine de vives luttes d'appropriation demeurent la preuve des enjeux géopolitiques et stratégiques du pétrole dans l'espace du Golfe de Guinée.

    I - PRESENTATION DES ACTEURS

    Les acteurs en présence dans le présent différend sont d'abord les Etats limitrophes à savoir le Gabon et la Guinée Equatoriale, sans omettre les compagnies pétrolières très présentes dans le Golfe de Guinée.

    A - LE GABON

    D'un point de vue géo-historique, le Gabon a une superficie totale de une superficie de 267 670 km2, dont 51 600 km2 sont à vocation agricole. Il est limité au nord par la Guinée Equatoriale et le Cameroun, du Congo à l'est et au sud, mais également limité par l'océan Atlantique à l'ouest. La ligne côtière est creusée de nombreux lagons, et toute cette région est constituée de roches sédimentaires, riches en pétrole. Le reste du territoire date du précambrien, et est érodé en une série de plateaux. Cette région est l'une des plus minéralisées d'Afrique, riche en minerais (or, manganèse, uranium, fer, etc.) et en pierres précieuses (diamants). La population totale, selon le recensement de 1993 est estimée à 1 015 000 d'habitants, le dernier recensement général de la population (RGPH) en décembre 2003 n'a pas encore fait l'objet d'une publication des résultats publiés.

    L'histoire du Gabon met en relief le volet colonial de ce dernier. En effet, de 1875 à 1884, Savorgnan de Brazza explore le fleuve Ogooué et remonte jusqu'au Congo. Le Gabon devient une colonie en 1883 et intègre l'Afrique Equatoriale Française en 1910. En 1880, la ville de  Franceville est fondée et finalement, en 1940, le Gabon se rallie à la France Libre13(*).

    Le Gabon est une ancienne colonie française qui obtint son "indépendance" le 17 août 1960. Le Gabon était administré par un premier Président en la personne de Léon M'Ba lequel dirigea le pays de 1961 à 1967. Le Président Léon MBA décède le 28 novembre 1967.

    Succédant au président Léon M'Ba, Albert-Bernard BONGO prend le pouvoir le 02 décembre 1967 et devient le Chef de l'Etat du Gabon. En 1973, il se convertit à l'islam, puis change de nom, il se fait appeler "El Hadj Omar Bongo". Du point de vue économique, le Gabon est le 37ème producteur mondial avec une production pétrolière de 234 000 barils/jours14(*).

    B - LA GUINEE EQUATORIALE

    La Guinée Equatoriale est un Etat fragmenté semi-insulaire du fait de ses possessions insulaires de Bioko, Corisco, Elobey Grande, Elobey Chico et Annobon. La Guinée équatoriale a une superficie 28 051 km2 avec une population de 450 000 habitants en 200115(*), constitue un micro-État insulo-continental.

    Il est formé de deux parties disjointes : d'une part d'un domaine continental (le Río Muni) qui a la forme d'un quadrilatère, d'une superficie de 26 017 km2, de 200 km d'est en ouest et de 125 km du nord au sud ; d'autre part d'une composante insulaire de 2 034 km2, géographiquement émiettée. Celle-ci, avec 70 % de la population du pays, se fragmente en trois territoires, dont le plus vaste est représenté par l'île de Bioko.

    Les îlots côtiers qui forment l'archipel de Corisco avec une superficie de 15 km2 sont les îles Elobeys composés de « Elobey Grande » avec une superficie de 2,27 km2 et « Elobey Chico », de superficie 0,19 km2. Ces îlots se localisent dans le prolongement de l'embouchure du Río Muni, face à la côte nord du Gabon. Enfin, à l'île de Bioko est rattaché administrativement à la province insulaire de Bioko (2 034 km2) et à l'îlot océanique d'Annobón (17 km2). Celui-ci, de nature volcanique, plus sec (1 000 à 2 000 mm de pluie par an), peuplé de 3 000 habitants, majoritairement des pêcheurs, est ancré, dans l'océan Atlantique16(*).

    La Guinée Equatoriale obtient l'indépendance en 1968. A l'époque, la Guinée Equatoriale était dirigée par le Président Macias NGUEMA, oncle de l'actuel Président équato-guinéen Téodoro OBIANG NGUEMA.

    La Guinée Equatoriale produit 342.000 barils de pétrole par jour en 2006, soit environ 17 millions de tonnes par an. Devant le Gabon aujourd'hui, elle est le premier producteur de pétrole de la zone franc. Les exportations de représentent 89% des recettes budgétaires et soutiennent fortement la croissance équato-guinéenne.

    Le pétrole est une richesse au coeur des tensions frontalières et des appétits. De fait, il existe une concurrence entre les compagnies de toutes nationalités pour découvrir, développer et mettre sur le marché les ressources énergétiques de la région.

    Au rang de ces opérateurs pétroliers, on trouve des consortiums ou super majors d'envergure globale à l'instar de Shell, British Petroleum et Total Fina, Elf en Europe ou Exxon Mobil et Chevron-Texaco aux Etats-Unis. Ensuite il existe des majors d'échelle internationale comme Conoco Phillips ou Occidental Petroleum. De petites compagnies internationales indépendantes, généralement américaines, sont également présentes comme Amerada Hess, Marathon ou Perenco.

    Il convient de relever l'entrée de nouveaux acteurs : les indépendants et les asiatiques. Ceci nous éclaire sur la vaste redistribution de la hiérarchie entre les compagnies majors avec une vue large des véritables acteurs qui semblent être les puissances outre-atlantiques, les asiatiques et les politiques africains. Il existe aussi des compagnies nationales issues souvent de pays du Sud comme la société malaise Petrona ou la compagnie d'Etat chinoise Chinese National Petrole Corporation (CNPC)17(*).

    Il faut toutefois noter que la problématique des conflits miniers dans la zone est d'abord interne aux pays africains à travers le phénomène les conflits entre Etats d'Afrique centrale à l'instar de la Guinée Equatoriale et du Gabon. L'on peut ainsi noter la stratification de la zone Golfe de Guinée en deux zones d'influence traditionnelle que sont la zone britannique pour Shell-BP et française pour ELF-Total. La zone française, dévolue au Gabon du fait de son passé colonial est le fief réputé du groupe pétrolier ELF absorbé par TOTAL et devenu TOTAL FINA, tandis que la deuxième zone est d'obédience britannique ralliée à la Guinée Equatoriale en relation avec son passé colonial.

    II - LES MOTIVATIONS PROFONDES DES ACTEURS

    Les enjeux du Golfe de Guinée participent de la nature même de son constituant premier qu'est la mer. Il est indéniable que les espaces maritimes nature revêtent de l'importance actuelle dans la vie des Etats, et, de fait des enjeux locaux dans la structuration des rapports entre les riverains. Car, les fonctions positives font de la mer un espace nourricier, une aire de circulation et un réservoir de richesses.

    En effet, les différends qui se posent et nourrissent la conflictualité dans ladite région sont tous liés à l'appropriation du sol marin, mieux, au contrôle des richesses du sous-sol du Golfe de Guinée, véritable réservoir d'hydrocarbures. Après le plateau continental, lieu d'exploitation du pétrole dans le Golfe de Guinée aux premières décennies de l'ère, c'est au-delà du talus continental, donc à plus de 1.000 m, en eau profonde que s'effectuent aujourd'hui, les opérations de pompage.

    Tous ces éléments réunis vont pour ainsi dire motiver les comportements des différents protagonistes au différend frontalier ici traité.

    A - LA POSITON DU GABON

    Le souhait majeur de chaque Etat est dicté par le désir d'accroitre et de conserver des espaces maritimes considérés son « espace maritime ». Aussi pour le Gabon, la principale motivation semble être le recadrage de son étendu territorial aux fins de mieux exploiter les ressources naturelles présentes dans la zone de Mbanié, zone dite d'exploitation off-shore d'hydrocarbures. En effet, pour le Gabon, la possession de ces trois îlots permet également un recadrage de son étendu maritime.

    Dans cette optique, le Gabon considère que la frontière maritime passe le long d'une ligne équidistante entre l'île de Corisco et l'îlot de Mbanié. La seule portion de frontière admise par les deux pays traverse l'estuaire du Río Muni en son milieu18(*). Il n'en demeure pas moins que l'économie gabonaise essentiellement est très dépendante de ses revenus pétroliers. La baisse de sa production pétrolière enregistrée depuis le début des années 2000 pourrait également être prise en compte dans la défense de l'ilot de Mbanié qu'elle occupe depuis 1972. Il s'agit en fait pour le Gabon, confronté à un déclin progressif de sa production qui pèse lourdement sur ces finances publiques de conserver le statut quo.

    A cet effet, le Président Omar BONGO ONDIMBA a indiqué à plusieurs reprises qu'il était disposé à adopter une attitude conciliante, suggérant à son homologue équato-guinéen une exploitation commune des ressources de la région contestée. Ceci explique que l'extension par les deux Etats de leurs eaux territoriales, au-delà des 12 milles nautiques, entraîne des chevauchements réciproques de leur territoire maritime, ce qui a crée le litige maritime qui prévaut depuis. Dans cet esprit, chaque pays entreprend, de délivrer des concessions de prospection pétrolière à des sociétés occidentales, dans une partie du territoire maritime de son voisin.

    B - LES AMBITIONS DE LA GUINEE EQUATORIALE

    La Guinée Equatoriale connaît un boom pétrolier fulgurant depuis la fin des années 1990. Les calculs pétroliers sont, évidemment, une des dimensions de cette rivalité qui rentre dans les problèmes juridiques, politiques et stratégiques de démarcation entre les eaux maritimes de la Guinée équatoriale et du Gabon, une raison justifiée pour conserver Mbanié.

    La position du chef d'Etat équato-guinéen semble plus nuancée car s'il se déclare prêt, lui aussi, à envisager, à titre transitoire, une solution négociée, il n'exclut pas de faire reconnaître, le moment venu, la légitimité de sa revendication par une instance juridictionnelle internationale. Par contre, la Guinée équatoriale persiste à inclure les trois îlots contestés dans son territoire maritime.

    Il faille toutefois prendre en compte les actions en sous main des compagnies pétrolières, lesquelles sont intéressées par la mise en production du potentiel considérable dont recèlent les gisements off-shore d'Afrique centrale. Plus attirées par l'appât du gain, ces compagnies et leur implantation commandée par le succès croissant d'entreprises multinationales pionnières comme Shell, Elf et Chevron ont favorisé l'incitation de nombreux autres opérateurs également concernés par les champs off-shore de cette région en Angola, au Congo ou au Gabon.

    L'objectif de ces dernières est de se tailler une bonne part des réserves de pétrole africain, tel en Guinée équatoriale, la super major pétrolière Exxon Mobil est l'opérateur chargé de la mise en production du champ off-shore de Jade-Zafiro dont les réserves récupérables sont évaluées à hauteur de 300 millions de barils.

    Misant sur la richesse, la puissance, le savoir et la maîtrise technologique qui les favorisent par rapport aux gouvernements des Etats-hôtes, les multinationales pétrolières s'y taillent de véritables empires, pour ne pas dire, qu'elles s'installent en véritables forces et participent ainsi à la modification des grands équilibres régionaux.

    CHAPITRE II - MBANIE : UN ESPACE-ENJEU

    Les enjeux pétroliers, à la charnière entre le XXe et les XXIe siècles, activés en sous-main par les grandes compagnies pétrolières internationales et les sociétés juridiques spécialisées dans le droit international contribuent à accélérer la territorialisation des étendues maritimes par les pays riverains donnant ainsi lieu aux conflits maritimes connus dans le Golfe de Guinée. Ces conflits sont tous liés à l'appropriation du sol marin, mieux, au contrôle des richesses du sous-sol de l'îlot de Mbanié circonscrit dans le Golfe de Guinée, véritable réservoir d'hydrocarbures.

    L'espace géopolitique d'Afrique centrale qui borde le Golfe de Guinée est donc devenu un carrefour stratégique et explique la rivalité entre Libreville et Malabo. C'est une rivalité vieille d'une trentaine d'années et relancée par la course aux hydrocarbures dans la sous-région, l'îlot de Mbanié étant justement situé dans une zone potentiellement riche en or noir. Lors d'une rencontre en mai 2003, les deux pays avaient envisagé un moment d'exploiter conjointement les ressources de cet îlot. Mais cette proposition n'est plus du tout à l'ordre du jour.

    I - UN ESPACE EN JEU 

    L'ilot de Mbanié objet de querelles entre deux Etats riverains depuis près de trente ans se révèle un point stratégique et névralgique dans les relations inter étatiques des Etats membres du Golfe de Guinée. Cet îlot va ainsi cristalliser, susciter les appétits des compagnies pétrolières présentes dans la région et raviver les antagonismes et les tensions frontalières entre les deux pays en dispute.

    C'est en effet à la suite de l'exploration et de la découverte d'énormes ressources minières trouvées dans cette zone que les considérations portées par les deux Etats et l'ensemble des exploitants pétroliers dans la région du Golfe et spécifiquement autour de l'îlot de Mbanié vont être reconsidérées.

    A - PRESENTATION GEOGRAPHIQUE

    D'un point de vue géographique, l'îlot de Mbanié est une terre minuscule d'environ 30 hectares située dans la Baie de Corisco face au Gabon, plus précisément à une trentaine de kilomètres des côtes gabonaises. Constitué d'une bande de sable très blanc peuplé de crabes et de quelques pécheurs qui s'y installent momentanément, le temps de charger leur cargaison, Mbanié est compris entre la Gabon et la Guinée Equatoriale.

    Cependant, les eaux autour de l'île Mbanié seraient susceptibles de renfermer des gisements pétroliers à l'image de la presqu'île de Bakassi, objet d'un différend réglé par la Cour Internationale de Justice entre le Nigeria et la Cameroun. L'île Corisco est distante de 3 km de l'île Mbanié, et Conga est juste à coté. Mais l'objet de la discorde est que l'on soupçonnerait Mbanié de regorger de réserves pétrolières. La problématique de l'ilot de Mbanié est à circonscrire dans la problématique du Golfe de Guinée.

    B - LA VOLONTE D'ACQUISITION ET DE CONTROLE DE L'ILOT ET LE JEU DES ACTEURS PRECITES

    1 - VOLONTE D'ACQUISITION ET DE CONTROLE

    DES ILOTS

    Tous les pays producteurs de pétrole soucieux d'élargir leur mer territoriale le font de manière unilatérale de 12 milles nautiques et leur zone contiguë de 24 milles. Cette situation conduit au chevauchement des Zones Economiques Exclusives des Etats riverains à l'instar du Gabon face à la Guinée équatoriale. Cette course à l'appropriation des espaces stratégiques traduit au mieux la volonté manifeste des uns et des autres du désir d'acquisition et de l'espace disputé entre les deux acteurs principaux.

    Pour les autorités gabonaises, cette île ne saurait faire l'objet d'une quelconque négociation. Le Gabon, situé en bordure de l'océan Atlantique a une superficie totale de 267 670 km2, dont plus de 85% est constituée par la forêt équatoriale. L'agriculture occupe environ 60% de la population active mais ne représente que 6,3% du PIB. L'économie est en effet dominée par le pétrole qui constitue 47% du PIB, 60% des recettes budgétaires et 80% des exportations.

    La Guinée Equatoriale connait une croissance économique rapide supérieure à celle du Gabon. Depuis peu, les courbes pétrolières de ces 2 pays s'inversent. Il y a plusieurs mois déjà, le président équato-guinéen Teodoro OBIANG NGUEMA avait réaffirmé l'intégrité des frontières de son pays et estimé que l'occupation de l'île Mbanié par le Gabon était illégale. « Nous maintenons l'intégrité du tracé des frontières de notre pays avec les pays qui partagent des frontières avec nous, en respectant les limites traditionnelles laissées par les ex-puissances coloniales et en accord avec le droit international », avait déclaré le président OBIANG NGUEMA19(*).

    Au niveau des multinationales, cette volonté se manifeste à travers les appétits expansionnistes entretenus par les convoitises et les rivalités de nombreux consortiums impliqués dans la gestion pétrolifère des deux pays d'autant qu'ils se situent dans une zone à haute valeur géopolitique et stratégique qu'est le Golfe de Guinée.

    En effet, la prédominance des compagnies pétrolières dont la taille économique dépasse très souvent celle des pays où elles opèrent fait assurément transparaître le désir de maitrise et de contrôle des zones stratégiques, en l'occurrence l'îlot de Mbanié. Celles-ci, usant de puissance, de savoir et de maitrise technologique s'imposent de façon indéniable et influencent dans des querelles où le pétrole en est le centre focal, avec des répercussions sur la vie politique, économique et sociale de ces pays.

    2 - LE JEU DES ACTEURS 

    Il sied de relever ici que la place du Golfe de Guinée dans la dynamique mondiale de la production pétrolière a largement influencé les rapports entre les différents acteurs présents dans le Golfe de Guinée.

    En effet, cette dynamique a suivi une évolution faite tantôt de continuité, tantôt de rupture des relations entre les Etats producteurs, les Etats consommateurs et les multinationales pétrolières. A cela, il faut ajouter le fait l'intérêt majeur de cette dynamique manifesté dans la nature des rapports de dépendance réciproque caractérisés par le refus des producteurs, des consommateurs et des compagnies d'assumer leur interdépendance. Ainsi, des alliances multiformes prennent corps au sein du Golfe, entre Etats, se créent des rapprochements, des affinités, bien sûr guidés par l'intérêt comme l'a précisé le Général Charles De Gaulle, les Etats n'ont pas d'amis, rien que des intérêts. Assurément que le soutien de la Guinée Equatoriale au Nigéria dans l'affaire Bakassi comme témoin relève plus d'une alliance stratégique destinée à produire des effets de retour de soutien du Nigéria à la Guinée Equatoriale dans le contentieux du genre avec le Gabon.

    Le Gabon, proche allié du Congo Brazzaville depuis les temps saurait également compter sur son soutien dans le même contentieux. On pourrait tout au moins penser à une proposition congolaise de gestion commune des ressources minières frontalières comme solution de rechange. Ce fut le cas entre le Congo et l'Angola au Cabinda.

    Au niveau des firmes multinationales, bien évidemment, l'exploitation des gisements miniers et pétroliers se réalise de plus en plus en consortiums pétroliers. Ces derniers sont des alliances stratégiques momentanées associant des concurrents aux portefeuilles d'activités diversifiées.20(*)

    Par ailleurs, si l'Espagne, ancienne puissance coloniale a soutenu Malabo dans ses revendications, depuis peu, les relations entre Malabo et l'Espagne se sont crispées car la Guinée Equatoriale l'accuse de ne pas afficher sa position de manière claire. Du coté du Gabon, il ya également quelques frictions dans ses relations avec la France. La France, très présente sur le marché l'important marché équato-guinéen demeure désormais très prudente face à la question de Mbanié et évite ainsi de compromettre la signature de nouveaux contrats. C'est la raison pour laquelle la France se désolidarise du Gabon pour préserver ses intérêts Guinée Equatoriale.

    II - LES ENJEUX ENERGETIQUES ET MARITIMES

    La découverte, puis la mise en exploitation, à partir des années 1990, d'importants champs d'hydrocarbures dans les espaces maritimes des États insulo-continentaux (Guinée équatoriale), des États-archipels (São Tomé et Príncipe), provoquent une course à l'appropriation des mers dans le centre du Golfe de Guinée.

    A - LES ENJEUX ENERGETIQUES

    Le pétrole est d'un enjeu vital âprement disputé entre les pays aux économies faibles et où s'immiscent volontiers des Etats tiers. En conséquence, les rivalités maritimes entre les nations s'articulent désormais autour de deux enjeux majeurs, les flux et les ressources. Les gisements pétroliers d'Afrique centrale suscitent des luttes d'exploration et d'exploitation qui mettent en interaction les stratégies et politiques maritimes, les stratégies sécuritaires et économiques du pétrole.

    Ces ressources dernières se présentent comme le plus petit diviseur commun dans le Golfe de Guinée. La qualité du pétrole trouvé ainsi que les coûts d'exploitation et de mise en production de l'off-shore profond moins onéreux que l'exploitation home shore y ont favorisé la propagation des plates-formes de forage dans cette sous-région, raison pour laquelle l'off-shore occupe une place importante sur la scène pétrolière d'Afrique centrale. Ces réserves sont devenues un enjeu stratégique important, dans l'après-11 septembre 2001, suite aux crises politiques et militaires apparues au Moyen-Orient, espace traditionnel d'approvisionnement des Américains et des Européens.

    Le pétrole par son importance dans la sécurité économique et militaire demeure un vecteur d'enjeux à la fois économiques, financiers et géostratégiques, ainsi qu'un facteur puissant des convoitises. Le pétrole est une donnée largement prise en compte par les stratèges géopolitiques. La dépendance des pays envers ce produit est telle qu'une difficulté d'approvisionnement peut en soi justifier un conflit.

    B - LES ENJEUX MARITIMES

    Les enjeux maritimes peuvent être perçus sous deux angles : d'abord le volet environnemental avec l'intérêt international actuel porté sur les écosystèmes marins du Golfe de Guinée, ensuite le volet des ressources énergétiques au regard de l'importance du pétrole.

    Abordant le premier volet, il sied de signaler que la question de la souveraineté dans les îlots disputés est relancée par l'intérêt croissant que la communauté internationale porte sur les écosystèmes et la conservation des écosystèmes forestiers d'Afrique Centrale et des écosystèmes marins du Golfe de Guinée. Cependant, le deuxième volet évoqué, c'est-à-dire les calculs pétroliers sont évidemment une des dimensions de la rivalité qui intervient dans les problèmes juridiques, politiques et stratégiques de démarcation entre les eaux maritimes de la Guinée équatoriale et du Gabon, bref du Golfe de Guinée. La délimitation des zones pétrolières en Afrique, suscite une vive rivalité entre les Etats, particulièrement en ce qui concerne les gisements marins, qui donnent lieu à de vives luttes d'appropriation, preuve de l'interaction stratégique entre géopolitique des mers et géopolitique du pétrole dans les conflits entre les pays de la sous-région incorporés dans l'espace du Golfe de Guinée. Or, la majeure partie des pays de la région du Golfe de Guinée dispose des gisements off-shore presque localisés dans la zone continentale et la situation maritime de l'ensemble de ces Etats fait apparaître une importante majorité d'Etats côtiers que la convention de Montego Bay classifie dans le troisième groupe c'est-à-dire, celui des Etats les moins pourvus, car leur domaine maritime n'atteint pas 25 000 miles nautiques carrés.

    Par ailleurs, tout à l'intérieur du Golfe, c'est-à-dire, de la baie de Bonny à la baie du Gabon, la configuration du Golfe est telle que les côtes des Etats se font face : Nigeria/Guinée Equatoriale, Cameroun/Guinée Equatoriale, Guinée Equatoriale/Sao Tome, et Sao Tome et Principe/Gabon. A cet effet, la convention de Montego Bay en son article 15, précise le principe d'équidistance.

    Cependant, la Cour internationale de justice de La Haye peut avoir recours au principe de proportionnalité lorsque la règle de l'équidistance pénalise la mise en place des eaux territoriales par des États voisins.

    Ce principe de proportionnalité s'appuie sur le calcul d'un rapport entre la superficie du plateau continental relevant de l'État riverain et la longueur de son littoral. Mais alors que les droits relatifs au plateau continental sont indépendants de toute revendication, ceux liés à la ZEE n'existent que si l'Etat côtier a explicitement crée celle-ci dans le respect du droit de la mer et des droits des autres Etats côtiers.

    Aussi, si chaque Etat peut décider de créer ou non une ZEE, il peut en fixer arbitrairement la largeur, sans pour autant que la ZEE ne s'étendre au-delà de 200 milles comptés à partir de la ligne de base. La plupart des Etats du Golfe de Guinée ont opté pour une limite extérieure fixée à 200 milles. Toutes ces données permettent d'apprécier l'application du principe d'équidistance par les deux Etats.

    Pour le Gabon, la frontière maritime passe le long d'une ligne équidistante entre l'île de Corrisco et l'îlot de Mbanié. La seule portion de frontière admise par les deux pays traverse l'estuaire du Río Muni en son milieu. La côte gabonaise est la plus étendue de toute la sous-région du Bassin du Congo, soit 885 km de long, et l'une des plus importantes Zones Economiques Exclusives (ZEE) qui est quasiment équivalente à la superficie du pays (265 000 km²).

    Or, la convention de Montego Bay précise que si les lignes des eaux des Etats sont distantes de moins de 400 milles, la limite séparant leurs ZEE doit être fixée d'un commun accord (délimitation maritime) ou par décision d'un tribunal international ou un tribunal international du droit de la mer. Le principe de l'équidistance, largement appliqué par la Guinée équatoriale dans la délimitation de ses frontières maritimes, se fonde sur l'article 15 de la conférence de Montego Bay.

    L'extrême éparpillement spatial de sa composante insulaire entraîne un débordement de « l'espace maritime approprié » avec une ZEE d'environ 312 000 km2, sur les territoires marins des États voisins : Nigeria, Cameroun, Gabon, São Tomé et Príncipe. Justement, la constitution physique territoriale de la Guinée équatoriale divisée en un domaine insulaire et un bloc continental  de 26 017 km2, le Río Muni rend difficile le tracé des frontières maritimes entre les deux pays à cause de l'éclatement du territoire21(*).

    Un tel panorama donne une idée de l'étendue du potentiel belligène et polémiste du Golfe de Guinée. Le moins qu'on puisse dire, le régionalisme conflictuel atteint son paroxysme avec la banalisation des frontières et l'exploitation des opportunités.

    DEUXIEME PARTIE - CRISE ET STRATEGIES DE SORTIE

    DE CRISE

    Le continent africain est constitué de cinquante-six Etats dont les tracés frontaliers sont hérités de la colonisation. En général et dans une large majorité de cas, ces découpages frontaliers font l'objet de contestations et de revendications entre les Etats limitrophes.

    Lorsque le 15 novembre 1884, les puissances européennes réunies à la Conférence de Berlin se partageaient l'Afrique, dessinant leurs nouveaux territoires sans tenir compte des spécificités de chacune de leurs « possessions ». Cent vingt ans plus tard, les limites des empires coloniaux font toujours office de frontières et nourrissent bien des contentieux. Il s'agit de l'important contentieux maritime opposant la Guinée équatoriale au Gabon dans l'embouchure du Río Muni.

    En effet, les deux pays ont des revendications contradictoires sur la délimitation des frontières tant terrestre et la souveraineté sur les îles de Mbanié, Conga et Cocotier, situés en face des côtes continentales gabonaises dans la baie dite de Corrisco.

    Dans cette deuxième partie, nous nous attèlerons à présenter la crise telle qu'elle s'est révélée dans ses différentes phases, ensuite nous procéderons à l'évaluation des stratégies de sortie de crise dans une perspective de relance de nouvelles hypothèses de solutions.

    CHAPITRE I - PRESENTATION DE LA CRISE ET SES CONSEQUENCES SUR LES DYNAMIQUES D'INTEGRATION REGIONALE

    La crise frontalière qui oppose le Gabon à la Guinée Equatoriale n'est pas un cas unique au sein du continent africain. Des contestations similaires existent bel et bien entre la Guinée Equatoriale et Sao Tomé, entre Sao Tomé et le Nigéria. La raison la plus plausible qui puisse justifier cette situation est d'abord le fait que les frontières héritées de la colonisation n'ont pas été assez clairement définies. Dans la plupart des cas, les puissances coloniales se contentaient juste d'exploiter les richesses des colonies en évitant de se heurter sur des zones non démarquées. Mais alors, elles passaient des consentements tacites d'exploitation commune sans se soucier des retombées d'une telle pratique sur des territoires appelés à s'autogérer.

    La rivalité entre les deux pays existant sur le plan économique date de plusieurs années. La Guinée Equatoriale considérée à l'époque comme le pays le plus pauvre dans la sous-région, regagne de la confiance et de l'orgueil depuis la découverte du pétrole dans ses eaux territoriales. Ses importants gisements l'ont placée au 3ème rang des pays producteurs de pétrole au sud du Sahara, et ce, devant le Gabon dont les réserves s'amenuisent.

    I - LES MANIFESTATIONS DE LA CRISE

    La crise frontalière Gabon-Guinée Equatoriale concernant la souveraineté sur l'îlot de Mbanié et deux minuscules îlots voisins : Conga et Cocotiers perdure depuis lors. D'après les documents historiques, la dévolution de cet îlot n'a pas été très clairement précisée dans la convention signée en 1900 entre la France et l'Espagne, anciennes puissances coloniales respectives. Depuis lors, un accord bilatéral conclu entre les deux pays en septembre 1974 aurait attribué Mbanié au Gabon, mais les autorités équato-guinéennes contestent aujourd'hui l'opposabilité de ce document qui n'aurait pas été valablement ratifié ; du coup, elles accusent Libreville d'occuper sans titre un territoire leur appartenant.

    A - A L'ECHELLE BILATERALE

    La crise équato-guinéenne-gabonaise se déroule en deux phases. La toute première phase intervient à la suite de l'accession de la Guinée Equatoriale à l'indépendance en 1968 et plus précisément en août 1972 par l'occupation de l'armée gabonaise des îlots de Mbanié, Conga et Cocotier situés dans la baie dite de Corrisco. Depuis 1972, le Gabon occupe les trois îlots : Mbanié, Cocotier, Conga situés à environ 30 kilomètres de ses côtes, au sud de l'archipel équato-guinéen de Corrisco et des îles Elobeys.

    La deuxième phase de la crise survient le 26 février 2003 avec la visite du Ministre de l'Intérieur gabonais sur l'îlot et fils du président gabonais,  avait ravivé une vieille querelle de plus de 30 ans. Depuis, la situation entre les deux Etats pétroliers reste tendue. La dispute sur Mbanié a connu un début d'escalade à partir de février 2003, avec les déclarations polémiques respectives d'autorités politiques et administratives représentant les Etats gabonais et Equato-guinéen.

    Du point de vue historique, lorsque la crise survient en 1972, le Gabon est dirigé par le Président ONDIMBA OMAR BONGO et la Guinée Equatoriale par l'ex Président Francisco Macias NGUEMA BIYOGO.

    Certaines dispositions juridiques prises entre les deux présidents relatives à l'affaire Mbanié en 1974 seront réfutées par le nouveau Président de la Guinée Equatoriale, Téodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO dès son accession à la présidence de ce pays en 1979.

    B - A L'ECHELLE MULTILATERALE

    Plusieurs compromis politiques ont été élaborés pour la résolution du conflit maritime Gabon-Guinée Equatoriale. Il s'agit notamment des compromis politiques convenus entre les deux présidents et bien d'autres sous l'égide de l'Organisation de l'Unité Africaine.

    Au niveau régional, plusieurs initiatives ont été prises pour la résolution du conflit précité en vue de sauvegarder l'équilibre sous régional et régional. De plus, tous ces pays, membres de l'Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale (UDEAC) et du fait de leur appartenance à une même zone monétaire étaient contraints de collaborer pour la bonne marche de cette institution sous régionale.

    A cet effet, l'institution régionale qu'est l'Organisation de l'Unité Africaine s'est impliquée de manière pertinente dans la résolution de cette crise. C'est ainsi qu'en 1974, avec l'initiative du Président en exercice de l'OUA, Son Excellence le Roi HASSAN II du Maroc, une commission ad hoc constituée des experts et autres techniciens a été mise en place en vue de revoir et retracer les limites tant terrestres que maritimes entre les deux pays en dispute. Pour cela, les gouvernements français et espagnol étaient invités à préciser l'interprétation qu'ils donnaient aux articles 1 et 2 de la convention franco-espagnole du 23 juin 1900.

    En marge des travaux de cette commission, ad hoc de l'OUA, les chefs d'Etat des deux pays ont poursuivi à l'échelle bilatérale d'intenses échanges, de consultations marquées par de nombreuses rencontres à Libreville, Oyem et Bata. Cette activité diplomatique aboutit à l'échelle régionale et bilatérale à la signature le septembre 1974 à Bata, à la Convention délimitant les frontières terrestres et maritimes entre le Gabon et la Guinée Equatoriale.

    De fait, la frontière maritime est fixée au parallèle des coordonnées 1°01'18'' ; la frontière terrestre est déterminée avec la localité de Medouneu qui appartient au Gabon tandis que la localité d'Ebebeyin est attribuée à la Guinée Equatoriale. Cette démarcation nouvelle ne tient pas compte de celle relevant de la convention franco-espagnole de 1900. En ce qui concerne la souveraineté sur les îles de Mbanié, Conga et Cocotier, la convention de Bata énonce clairement que les trois îles appartiennent au Gabon.

    II - LES CONSEQUENCES SUR LES DYNAMIQUES POLITIQUES D'INTEGRATION REGIONALE

    Le Golfe de Guinée est une sous-région dotée d'abondantes réserves pétrolières offshore. Malgré ces indéniables potentialités, et loin de contribuer au décollage socio-économique, le pétrole se positionne plutôt comme un facteur de rivalité entre grandes puissances et de tensions géopolitiques interétatiques et intra-étatiques dans le Golfe de Guinée. Cette situation découle du rôle essentiel et exclusif des Etats africains : celui de pourvoyeurs de matières premières.

    La résultante d'une telle situation de rivalité et de tensions ne peut qu'aboutir à des conséquences on ne peut dire négatives sur les Etats ainsi que dans leurs relations tant internes qu'au niveau des motivations sous régionales.

    A - LES CONSEQUENCES SUR LE PROCESSUS D'INTEGRATION REGIONALE

    Il va s'en dire que le processus d'intégration sous régionale enclenchée depuis quelques années va pâtir des querelles intestines et rivalités entre les Etats membres de l'institution en charge de l'intégration sous-régionale. Il s'agit bien sûr de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale : CEMAC. Elle s'est substituée à l'UDEAC en 1994, et marque un renforcement de l'intégration communautaire entre les six pays membres.

    Placée sous le signe de cadre de référence de l'intégration de la région, la CEMAC devrait permettre une réelle dynamique impulsive des économies des pays membres. Cependant, la question de rivalité et leadership entre Etats membres de la CEMAC mine la bonne marche de cette structure. Certains Etats, à l'exemple du Gabon, préfèrent la coopération régionale à l'intégration régionale et entravent ainsi aux initiatives communautaires comme le passeport CEMAC, la libre circulation des personnes dans l'espace CEMAC...etc.

    La dynamique d'intégration de l'Afrique Centrale nécessite des efforts de collaboration et d'harmonisation afin d'éviter des chevauchements, des double-emplois et des incompatibilités.

    B- CONSESQUENCES DIVERSES

    Sur divers plans, le différend frontalier Gabon-Guinée Equatoriale aura eu un impact dans la sous région.

    Au plan diplomatique les deux Etats sont en froid depuis le début des frictions en 1972. L'on peut toutefois noter que cette instabilité n'est pas seulement signifiante dans les relations entre le Gabon et la Guinée Equatoriale, mais influe autant que possible sur les relations avec certains pays limitrophes comme le Cameroun.

    En effet, si les relations Gabon-Guinéen Equatoriennes ne jouissent guère d'une stabilité fiable, il n'en demeure pas moins qu'avec le Cameroun pays limitrophe, la Guinée Equatoriale entretient des relations mitigées et souvent entachées d'expulsion des ressortissants des pays voisins avec fermeture des frontières.

    CHAPITRE II - STRATEGIES DE SORTIE DE CRISE 

    L'existence des conflits est un phénomène social tout à fait normal car les êtres humains poursuivent des buts distincts qui sont parfois incompatibles. Il semble donc impossible d'enrayer totalement les conflits entre les hommes. Par contre, comme l'indique le professeur Bercovitch dans un article traitant de la médiation internationale et du règlement des disputes, il existe plusieurs méthodes pour gérer ces conflits à savoir : « la violence, les négociations bilatérales ou l'implication d'une tierce partie agissant comme arbitre entre les acteurs impliqués ».

    Dans le même élan, le professeur Jean Sébastien Rioux de l'Université de Laval, Expert en analyse des conflits souligne d'ailleurs dans son article « Gestion des Conflits en Afrique 22(*)», qu'en terme d'impact, la méthode de gestion importe plus que le conflit en tant que tel. La gestion des conflits devra indubitablement se pencher sur les facteurs régionaux tels que la réduction de la pauvreté et le développement économique comme facteurs qui favorisent la gestion des conflits. En effet, ces facteurs régionaux sont très importants à saisir dans la problématique du présent conflit.

    I - APPROCHE JURIDICTIONNELLE ET EVALUATION

    DES SOLUTIONS PROPOSEES

    A - APPROCHE JURIDICTIONNELLE 

    Soumis aux calculs stratégiques et économiques des grandes puissances étatiques et de compagnies multinationales diverses, les pays producteurs de pétrole d'Afrique Centrale situés dans le pourtour du Golfe de Guinée sont tenus de mettre en place des cadres de coopération régionale. C'est ainsi qu'il convient de souligner la participation de ces pays à la nouvelle initiative diplomatique et stratégique par la création de la Commission du Golfe de Guinée à Libreville en 1999.

    1 - LES STRUCTURES REGIONALES ET SOUS REGIONALES

    Aux plans régional et sous-régional, l'Organisation Maritime pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre (O.M.A.O.C.) va se préoccuper de l'harmonisation des politiques maritimes pour les pays de la ligne maritime atlantique centre et orientale. Tous les Etats de l'Afrique inclus dans cette ligne maritime en sont membres, au moins depuis 1975.

    La Commission du Golfe de Guinée regroupe huit pays adhérents à savoir : le Nigéria, le Cameroun, la Guinée Equatoriale, le Gabon, Sao Tomé et Principe, le Congo, la République Démocratique du Congo et l'Angola. A quelques exceptions près, tous ces Etats ont oeuvré, dès 1972 à Yaoundé au Cameroun, à la mise au point de la vision africaine du droit de la mer signataires de l'acte final de la Convention de Montego Bay, ils ont, depuis 1983, presque tous ratifié ladite Convention entrée en vigueur en novembre 1994.

    La Commission du Golfe de Guinée s'est voulue être un cadre de concertation pour la coopération et le développement, ainsi que la prévention, la gestion et le règlement des conflits régionaux liés à l'exploitation économique et commerciale des richesses naturelles situées aux limites territoriales et dans les Zones Economiques Exclusives des Etats membres.

    Il n'est donc pas indifférent que l'un des chantiers premiers de cette institution ait été de délimiter les frontières maritimes des Etats, parce que l'essentiel de leurs réserves pétrolières sont off-shore et font l'objet de revendications concurrentes entre ces nations. L'on pourra noter, en effet, les progrès réalisés dans le cadre de ce nouveau mécanisme mis à contribution pour la résolution des conflits frontaliers entre le Congo et l'Angola ou encore entre Sao Tomé et Principe et le Nigéria.

    2 - MEDIATION ONUSIENNE ET SAISINE DE LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE

    Les données à la fois juridiques et géographiques du contentieux Gabon-Guinée Equatoriale sont très complexes, mais le fond du problème réside avant tout dans la présence possible d'importants gisements pétroliers dans les alentours de Mbanié. Sollicitée depuis 2004 pour arbitrer ce différend au sujet de l'île de Mbanié, l'ONU avait initié le 11 juin 2008 à New York une réunion de médiation entre les deux pays, laquelle avait débouché sur la décision consensuelle de soumettre l'affaire à la CIJ.

    A cet effet, dans un communiqué conjoint diffusé le 22 juillet 2008 au terme des assises de Genève, les représentants des deux pays voisins ont déclaré avoir travaillé sur des documents clés pour une éventuelle soumission conjointe du dossier à la CIJ. De commun accord, les deux Etats en conflit ont décidé de porter le différend devant la haute institution de la CIJ. C'est à l'issue des assises de Genève que le 22 juillet 2008, les représentants des deux pays dans un communiqué conjoint ont déclaré avoir travaillé sur les documents clés pour une éventuelle soumission conjointe du dossier à la CIJ.

    Depuis décembre 2008, les deux parties ont engagé la procédure de soumission à la CIJ. Cependant, le mode de saisine de ladite cour est l'objet du désaccord entre les deux parties et constitue une entrave au traitement du dossier. Or le compromis comme mode saisine oblige les parties au différend de s'entendre sur le mobile de la saisie, il est donc question que les deux parties s'accordent sur le mobile de la saisine. En effet, pour la partie gabonaise, il ne s'agit pas seulement de traiter du litige de souveraineté sur l'îlot de Mbanié, mais également de préciser aux fins de délimitation, toutes les frontières tant maritimes que terrestres.

    Pour la partie équato-guinéenne, il s'agit de régler un litige bien précis, celui de l'îlot de Mbanié. Depuis décembre 2008, la procédure semble s'être engrenée sur ce manque d'entente sur le mobile.

    B - EVALUATION DES SOLUTIONS PROPOSEES

    Il s'agit ici d'évaluer les différents mécanismes juridiques et autres mis en oeuvre dans la résolution des conflits dans le Golfe de Guinée.

    1- AU PLAN INTERNATIONAL

    la tentative de médiation de l'ONU, n'a pas abouti amorcé depuis 2004 n'a pas abouti au résultat escompté. Quatre ans plus tard, force est de constater que ce contentieux, loin d'avoir évolué dans le bons sens, semble au contraire avoir pris un tour politique et plus conflictuel qu'en 2003. L'ONU s'est vu remettre lesdits documents par l'Espagne en 200423(*).

    Pourtant, l'on était en mesure d'espérer une solution définitive au litige selon la déclaration du Ministre espagnol Miguel Angel MORATINOS. Devant l'intransigeance des deux parties, l'ONU n'a pu proposer de solutions tant les implications politiques du litige devenaient si complexes. Le 14 avril 2008 dernier, le Secrétaire Général de l'ONU, Monsieur Ban Ki Moon avait dépêché une délégation sur le terrain pour recueillir des éléments complémentaires, conduite par Monsieur Nicolas Michel, Secrétaire Général Adjoint chargé des questions juridiques. Il s'était fait accompagner sur le terrain par le directeur de la division Afrique au département des Affaires politiques, Sammy Kum Buo, et du conseiller chargé des affaires juridiques, Markus Pallek. Cette médiation internationale sous les auspices des Nations Unies a été peu porteuse d'une solution espérée de tous24(*).

    Depuis décembre 2008, la CIJ n'a pu transcender l'entrave constituée par le manque d'entente des deux parties sur son mode de saisine et pour cela, traine à rendre son verdict. Les implications des tiers au différend rendent pour ainsi dire la solution à cette crise complexe. De plus, les documents de référence, c'est-à-dire les documents historiques détenus par les puissances colonisatrices n'ont pu être remis aux deux Etats intéressés, documents qui porteraient les preuves de la souveraineté de l'un ou l'autre Etat sur les trois îlots disputés. La persistance de la situation de crise alarmante pourrait se détériorer à n'importe quel moment. Ceci ne fait que conforter la thèse selon laquelle, les firmes multinationales sont les principales instigatrices du conflit maritime dans le Golfe de Guinée et en occurrence du conflit latent entre le Gabon et la Guinée Equatoriale.

    2- EVALUATION DES MECANISMES REGIONAUX

    Les défis liés à l'insécurité juridique et institutionnelle dans le Golfe de Guinée laissent entrevoir un panorama crisogène de cette sous-région d'Afrique. En effet, la question de l'insécurité juridique demeure la plus difficile à gérer car elle est source de revendications et de tensions politiques entre les différents pays. Le présent litige illustre la nécessité d'un système juridique solide au niveau du Golfe de Guinée. Les outils juridiques de gestion de ce type de conflit sont pour l'heure mal maitrisés par les Etats concernés, d'où le recours à l'arbitrage de la CIJ.

    L'arbitrage mené par l'Organisation de l'Unité Africaine s'est révélée infructueuse faute de suivi et par manque de mesures coercitives. D'abord la convention de Bata signée entre les deux pays en 1974 sous la médiation de l'Union Africaine est restée lettre morte, alors qu'elle reprécisait les limites tant terrestres que maritimes entre les deux pays, ainsi que la question de la souveraineté des trois îlots disputés.

    En 1979, l'acte premier de négociations entre le Gabon et la Guinée Equatoriale sur les questions de frontières se solde par la signature d'un accord de coopération pétrolière. Cet accord schématisant une zone d'exploitation commune des hydrocarbures entre les deux pays n'a été suivi d'effets. Une autre illustration de la faiblesse des décisions de l'Union Africaine est matérialisée par le protocole signé par les deux pays en litige, en 2004, en marge d'un sommet de l'Union Africaine dans lequel ils promettaient de négocier un accord sur les zones frontalières disputées. Mais ce document est resté lettre morte faute de suivi par l'OUA.

    Par ailleurs, certains mécanismes institutionnels à l'instar de la CGG ont accusé des défaillances dans leur fonctionnement. L'on peut à cet effet relever les défaillances ou insuffisances de la Commission du Golfe de Guinée devant le litige Gabon-Guinée Equatoriale, quoique quelques progrès notoires aient été réalisés dans le cadre de ce nouveau mécanisme dans d'autres cas de figure. Il y a tout de même une espèce de léthargie découlant des contradictions internes au sein de ses membres, lesquels sont en même temps les Etats en conflit. Pour cela, force est de noter que la CGG a accusé des défaillances dans sa mission de préserver la concertation pour la coopération et le développement, ainsi que la prévention, la gestion et le règlement des conflits régionaux liés à l'exploitation économique et commerciale des richesses naturelles situées aux limites territoriales et dans les Zones Economiques Exclusives des Etats membres. Les quelques progrès enregistrés à l'instar de sa mise à contribution pour la résolution de conflits frontaliers entre le Congo et l'Angola ou encore entre São Tomé et Principe contre le Nigeria ne sauraient couvrir les manquements relevés.

    II - SOLUTIONS POSSIBLES

    Des solutions de sortie de crise sont à envisager sur deux plans : au plan international et au plan régional.

    A - AU NIVEAU INTERNATIONAL

    Les pistes de médiation à ce niveau peuvent être examinées à travers l'action de l'ONU. A cet effet, des pourparlers sous l'égide de l'ONU ont permis aux deux protagonistes depuis 2006. Certes, les discussions et autres formes de négociations qui y ont été menées se sont retrouvés dans l'impasse. Qu'à cela ne tienne, l'ONU demeure le cadre fiable de concertation des acteurs internationaux bien que son fonctionnement léthargique en appelle à la réforme de ses institutions.

    A ce niveau, la structure onusienne devrait examiner avec plus d'attention la situation du Golfe de Guinée notamment dans le volet juridique et institutionnel afin de redéfinir un nouveau cadre juridique qui puisse sécuriser la région et éviter un endiguement voir enlisement de la région du Golfe de Guinée. La nécessité de solutions urgentes est à entreprendre dans le Golfe de Guinée, face à la recrudescence des revendications frontalières entre les Etats riverains du fait des enjeux géostratégiques.

    Au plan juridique, une redéfinition du cadre juridique et institutionnel s'impose dans cette zone conflictuelle afin d'éviter la répétition des revendications frontalières. La résolution du conflit Bakassi. En effet, le modèle du règlement du conflit Bakassi opposant le Cameroun au Nigéria sur cette région dite riche en pétrole par l'effort conjugué du droit international et de la diplomatie est un exemple dont on peut s'inspirer pour régler le différend frontalier Gabon-Guinée Equatoriale. Il demeure par ailleurs un prototype de règlement de droit international lequel peut aussi inspirer dans des règlements du tracé des frontières maritimes entre Sao Tomé et Principe et le Nigéria ainsi que dans le conflit frontalier latent Sao Tomé et Principe-Guinée Equatoriale qui perdure malgré le règlement du tracé des frontières maritimes de 1999.

    Les outils juridiques de gestion de ce type de conflits sont à l'heure actuelle mal maîtrisés par les Etats concernés, d'où le recours à la Cour Internationale de Justice de la Haye ou à l'arbitrage de l'ONU ainsi qu'à l'évaluation géopolitique et géostratégique de ces conflits.

    B - AUX NIVEAUX REGIONAL ET SOUS REGIONAL

    1 - AU NIVEAU REGIONAL

    L'action de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) crée le 25 mai 1963 à Addis Abéba a été remarquable dans le passé en ce qui concerne la résolution des conflits frontaliers entre Etats africains. Les frontières ont été stabilisées à la suite d'une Conférence de l'OUA de 1964, et l'OUA dès les débuts des indépendances, craignant l'implosion du continent, a réaffirmé l'intangibilité des frontières. A la suite, il a été mis en place du bureau de la Conférence des chefs d'Etats, lequel s'appuie sur la diplomatie préventive et le déploiement des missions civiles et militaires d'observation. Cependant, force est de relever que le mécanisme de suivi d'application des décisions arrêtées est entaché de la faiblesse même dû au manque du caractère exécutoire desdites décisions.

    C'est dans cet esprit que la nouvelle organisation rebaptisée Union Africaine en 2000 a mis en place un mécanisme collectif de sécurité et d'alerte appelée conseil de Paix et de Sécurité (CPS) visant à faciliter les interventions rapides et efficaces en cas de conflit et de situation de crises. L'organisation accuse des faiblesses dans son fonctionnement au point où on peut y relever le manque de suivi des décisions arrêtées à l'instar de l'accord de 2004 Equatoriale entre le Gabon et la Guinée sur l'affaire Mbanié lequel est resté sans effet suite au laxisme observé au sein des instances de l'Union Africaine. C'est ainsi qu'il faille repenser à une nouvelle structuration de ces instances pour plus d'effectivité de l'UA. La Commission africaine de l'énergie créée par l'OUA/Union africaine au sommet de Lusaka en 2001 pourrait aussi être mise à contribution dans la quête de solutions au Litige frontalier Gabon - Guinée Equatoriale.

    2 - AU NIVEAU SOUS REGIONAL

    Les pays riverains du Golfe de Guinée se sont déjà dotés d'un instrument de coopération régionale pour défendre leurs intérêts communs et surmonter les conflits éventuels sur la délimitation de leurs eaux territoriales. Tout en relevant de la souveraineté des Etats, la délicate question des attributions et des compétences des institutions en charge des questions du tracé maritimes et de l'environnement dans le Golfe de Guinée nécessite une réelle révision sous la supervision de la CGG.

    La nécessité impérieuse de redynamiser et recadrer les structures existantes semblent incontournables à l'exemple de la Commission du Golfe de Guinée (CGG). C'est un mécanisme qui nécessite une nouvelle impulsion, un réaménagement, car il est léthargique du fait du manque de cohésion entre ses membres adhérents. Cependant, sous l'impulsion de la CGG, un accord de délimitation des frontières maritimes a été signé en 2000 entre le Nigéria et la Guinée Equatoriale, suivi de la mise en place de Zone d'Exploitation Conjointe (ZEC) en 2002. Cette procédure a eu pour effet d'apaiser les tensions existantes entre les deux Etats. Par ailleurs, le Nigéria et Sao Tome et Principe ont convenu de la création d'une ZEC concernant les ressources halieutiques et l'extraction des hydrocarbures avec respectivement : 60% des ressources revenant au Nigéria en raison de son expérience en pétrole et 40% pour Sao Tome et Principe.

    La délimitation et la démarcation des frontières nécessitent une diplomatie agissante. Pour s'en convaincre, on partira volontiers du contentieux frontalier Cameroun - Nigeria qui a le mérite d'avoir suscité un regain d'attention des autorités nationales sur les questions frontalières. Aussi, après plusieurs années d'impasse, la démarche pacifique prônée et adoptée par les Présidents Paul Biya du Cameroun et OLUSEGUN OBASANJO du Nigeria, a porté des fruits reconnaissance de la souveraineté du Cameroun sur la presqu'île de Bakassi, délimitation intégrale de la frontière maritime, démarcation des ¾ de la frontière terrestre, rétrocession de Bakassi au Cameroun.

    Aussi, les négociations diplomatiques pour la délimitation de la frontière maritime entre les deux pays le Gabon et la Guinée équatoriale devraient se poursuivre. Par ailleurs, l'exigence d'une franche coopération entre ces deux Etats pourrait faciliter une co-exploitation future des ressources pétrolières situées à cheval sur leurs frontières communes pour éviter les conflits qui naîtraient d'une exploitation unilatérale desdites ressources. Reste à concrétiser ces démarches et à étendre l'exemple de la frontière Cameroun - Nigeria sur l'ensemble du réseau frontalier sous régional.

    Tout compte fait, pour remédier aux conflits, il faille procéder à l'élaboration de stratégies et de politiques transectorielles sous l'égide de la CGG. Malheureusement, il faut reconnaitre qu'il sévit une mauvaise gestion et circulation de l'information et de la connaissance sur l'environnement côtier de la CGG. Dès lors, ces stratégies ne sont pas à même d'être utilisées pour documenter et rendre plus rationnelles les opérations de planification et de suivi environnemental de la zone côtière.

    Bien que la question soit du ressort des Etats libres et souverains, la délicate question des attributions et des compétences des institutions gérant l'environnement dans le Golfe de Guinée mérite de s'inspirer des modèles prévalant dans le monde qui ont eu des résultats favorables en totalité ou en partie au développement économique et social. Après avoir mis en place cette structure de coopération régionale intégrée, peut-être les Etats qui en sont membres pourraient trouver intérêt à construire un véritable bloc pétrolier régional capable de renforcer leurs intérêts ainsi que leur force de représentation et de mobilisation face aux puissants intérêts stratégiques des grands Etats occidentaux ou aux appétits commerciaux, industriels et financiers d'influents compagnies multinationales pétrolières. Par ailleurs, les pistes de médiation à l'échelle sous-régionale ne sauraient être laissées pour compte.

    En effet, l'implication des mécanismes sous-régionaux comme la Communauté des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) et la Communauté Monétaire de l'Afrique Centrale gardent leur importance tant les forums inter étatiques peuvent être des lieux par excellence de concertation et d'échanges porteurs d'espoir. Les moyens diplomatiques et militaires déployés dans ces mécanismes demeurent des cadres de concertation et de coopération destinés à renforcer la cohésion entre les nations africaines de la sous-région.

    Il est évident que la disparition tragique du Président EL Hadj OMAR BONGO ONDIMBA aura un impact indéniable sur le processus de règlement international entamé. Il faut craindre un rebondissement de la situation avec des positions radicales que peuvent adopter les nouveaux locataires de la présidence gabonaise sur l'affaire Mbanié.

    Car si le Président BONGO a révélé ses talents de sage et patriarche dans la gestion dudit dossier, il reste à prévoir la réaction de l'opposition avec sa tête de file, Pierre MABOUNDOU président de l'Union du Peuple Gabonais, UPG. Ce dernier, a accusé le gouvernement de laxisme sur ce dossier et a même porté plainte contre trois ministres gabonais soupçonnés par la presse gabonaise d'avoir proposé au Président BONGO de vendre l'îlot de Mbanié. Il demeure tranchant sur la question et estime qu'il n'y a pas de négociation à propos, car les trois îlots disputés sont gabonais.

    CONCLUSION GENERALE 

    Le litige frontalier Gabon-Guinée Equatoriale renvoie à la problématique de la conflictualité dans le Golfe de Guinée. Notre analyse qui a pour référentiel les deux pays en litige ne peut être envisagée sans la prise en compte de l'ensemble des facteurs crisogènes évoqués dans notre développement, lesquels sont source de tension dans le Golfe de Guinée

    Le perspectif triptyque sécuritaire envisagé dans la sous-région du Golfe de Guinée est un impératif lequel selon les analyses demeure un champ favorable à la conflictualité, faute d'une juridiction maritime appropriée. Il s'agit d'envisager des mesures sécuritaires urgentes aux plans juridique, écologique ou environnemental, économique et politique et sociale afin que le Golfe de Guinée ne soit pas transformé en poudrière à l'image du Moyen-Orient.

    En effet, les facteurs évoqués constituent un frein à l'épanouissement politique, économique et social de la sous-région. Dans cette optique, la détention des ressources énergétiques est qualifiée de fragilisation des pays détenteurs du fait de la course à l'appropriation en ressources pétrolières off-shore des grandes puissances. La portée belligène de tout ce qui précède s'illustre en temps de guerre, période pendant laquelle les approvisionnements en pétrole peuvent être rompus et en cela forcer l'implication des puissances extérieures et donc modifier l'équilibre régional. D'où la nécessité d'envisager des solutions pacifistes durables.

    Aujourd'hui, sans le Président BONGO s'ouvre un nouveau cycle de négociations non sans susciter beaucoup d'interrogations. Toutefois, il est plausible que les deux pays en dispute penchent pour une résolution à l'amiable de la question Mbanié et de plus en plus, l'hypothèse d'une gestion commune apparait comme l'unique voie de sortie pour le contentement de tous. Il revient donc aux deux Etats de retourner à la table de négociation pour lever l'impasse et régler définitivement le problème non seulement par la délimitation de leurs espaces maritimes mais aussi par une franche coopération à l'image de la résolution du différent de Bakassi.

    BIBLIOGRAPHIE

    I- OUVRAGES

    1 - Etanislas NGODI : « Pétrole et géopolitique en Afrique Centrale » L'Harmattan, 2006, pages 217-218

    II - REVUES/PERIODIQUES

    1- Philippe COPINSCHI et Pierre NOËL : « L'Afrique dans la géopolitique mondiale du pétrole »

    2 - COPISCHI, Ph. et J-P. FAVENNEC, (2003), «Les nouveaux enjeux pétroliers en Afrique», Politique africaine, n° 89, p. 127-148.

    3 M. Jean-Pierre CANTEGRIT, Président du groupe d'amitié France-Afrique centrale d'amitié n° 71 (2006-2007), 16 mai 2007 : Afrique Centrale : Une forte demande de présence Française,  Compte rendu du déplacement d'une délégation du groupe interparlementaire FRANCE-AFRIQUE CENTRALE au Gabon, en Guinée équatoriale et en République centrafricain du 26 février au 5 mars 2007, consulté le 20 mai 2009.

    III - REFERENCES ELECTRONIQUES

    3 - Albert Didier OGOULAT Roboti- Les richesses maritimes du golfe de Guinée : ressources d'un espace stratégique et polémogène. Enjeux n° 12, Bulletin trimestriel d'Analyses Géopolitiques pour l'Afrique centrale, Yaoundé, juillet-septembre 2002, p. 26-28.URL : http://www.fpae.net/IMG/pdf/enjeuxN°12

    4 - Jean Rieucau, « Bioko (Guinée équatoriale) : un espace insulaire stratégique au centre du golfe de Guinée », Les Cahiers d'Outre-Mer, 226-227 | Avril-Septembre 2004, [En ligne], mis en ligne le 13 février 2008. URL : http://com.revues.org/index548.html. Consulté le 09 février 2009.

    5 - Etanislas NGODI et Mathias Eric OWONA NGUINI : le pétrole off-shore comme ressource stratégique en Afrique centrale : une richesse au coeur des tensions frontalières et des appétits. Enjeux N°26 Bulletin trimestriel d'Analyses Géopolitiques pour l'Afrique centrale, Yaoundé Janvier-mars 2005, site internet :

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    6- Fwedey DIANGITUKWA : La surveillance des cotes d'Afrique centrale par des équipes de gardes cotes, Dossier N°20, ENJEUX N°26, janvier-mars 2006, Revue trimestrielle de Géopolitique - Fondation ANGO ELA, Yaoundé 2006

    URL: http://fpae.net.net/img/pdf/enjeux n°26- consulté le dimanche 26 avril 2009

    7- Tidiani COUMA : Gabon/Guinée Equatoriale : Reprise de négociation sur la délimitation de la frontière - Sentinelle, Page hebdomadaire d'informations internationales : Société Française pour le droit international, 05 mars 2006. Consulté le 14 mai 2009, page 31

    Site: http://www.sfdi.org/actualités/a2006/sentinelle56.htm.

    8- Géostratégique.net : Le Forum de la géopolitique et de la géostratégie : relation Gabon-guinée équatoriale,  site http://www.-géostratégique.net/index.php?

    9 - Alfred Mba ASSEKO: Gabon, l'UPG démontre que l'île de Mbanié est gabonaise. Consulté le 30 avril 2009 écrit le Vendredi, 17 Avril 2009, 18:28. URL: www.upg-gabon.org/index.php?,

    10 - Serge LOUNGOU : Les iles de l'embouchure du rio muni : un contentieux équato-guinéen-gabonais, page 10

    URL : http://com.revues.org/document2310.html#ftn43 , consulté le 10 avril 2009 

    11 - Publication de la Fondation Paul ANGO ELA de Géopolitique en Afrique Centrale, Bulletin trimestriel B.P. : 164 Yaoundé - CAMEROUN

    - AWOUMOU Côme Damien Georges : « Le Golfe de Guinée face aux convoitises », Enjeux n°22, janvier-mars 2005

    - Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le Golfe de Guinée » Enjeux N°26-janvier-mars 2006.

    URL : http://fpae.net.net/img/pdf/enjeux n°22/enjeux n°26

    12 - Halmilton Brus Oil company CO et Loungou S., Extrait de : Biodiversité et Ecotourisme dans les pays du centre du golfe de Guinée du 31/08/1990 (archives du service de frontières, Libreville) 1998 - p. 126, avec modifications. Cahiers d'Outre-Mer, 226-227, Afriques, 2004.

    13- Albert Didier OGOULAT : Les enjeux convergents de L'Afrique Centrale face aux enjeux du Golfe de Guinée : La diplomatie et la stratégie entre terre et mer, Revue stratégique N°80, 4ème trimestre 2000

    * 1 _ -Alfred Mba ASSEKO: Gabon, l'UPG démontre que l'île de Mbanié est gabonaise. URL: www.upg-gabon.org/index.php? écrit le Vendredi, 17 Avril 2009 18:28. Consulté le 30 avril 2009

    * 2 _ - Alfred Mba ASSEKO, Alfred Mba ASSEKO: Gabon, l'UPG démontre que l'île de Mbanié est gabonaise. URL: www.upg-gabon.org/index.php?, écrit le Vendredi, 17 Avril 2009 18:28. Consulté le 30 avril 2009

    3- Alfred Mba ASSEKO, op. cit.

    * 3 4- Lucchini L. et Voelckel M. : Le Golfe de Guinée, espace maritime disputé, l'instabilité géopolitique du Golfe de Guinée 1980-2000. Les cahiers d'Outre Mer, revue de géographie de Bordeaux, 1996

    URL : http://com.revues.org/document2310.html#ftn38,

    * 4 _ - source : Géostratégique.net : Le Forum de la géopolitique et de la géostratégie : relation Gabon-guinée équatoriale,  site http://www.-géostratégique.net/index.php?

    * 5 _ Revue conjoncture, Politique africaine N°81, mars 2001, Politique africaine, n° 89, p. 127-148 Fondation Paul Ango Ela   

    * 6 _ Enjeux N°22- janvier-mars 2005 Yaoundé, septembre 2005, Revue de géopolitique trimestrielle, publication de la Fondation Paul Ango Ela   

    * 7 _ Enjeux N°26- janvier-mars 2006, Revue de géopolitique trimestrielle, publication de la Fondation Paul Ango Ela   

    * 8 _ Thèse de doctorat on line, université de Nantes, juillet 2007, France.

    * 9 _ Rapport de stage diplomatique, IRIC, 1991

    * 10 _ Rapport de stage diplomatique, IRIC, 2008.

    * 11 _ - Fwedey DIANGITUKWA : La surveillance des cotes d'Afrique centrale par des équipes de gardes cotes, Dossier N°20, ENJEUX N°26, janvier-mars 2006, Revue trimestrielle de Géopolitique - Fondation ANGO ELA, Yaoundé 2006

    URL: http://fpae.net.net/img/pdf/enjeux N°26- consulté le dimanche 26 avril 2009

    * 12 _ - Lewis COSER : LES FONCTIONS SOCIALES DES CONFLITS , Paris, Presses Universitaires Françaises, 1982

    * 13 _ - Ministère des Affaires Etrangères et Européennes de la République Française : Quelques détails sur le Gabon, adresse électronique: www.diplomatie.gouv.fr     

    * 14 _-Gabon Eco : Présentation générale du Gabon, URL: http://gaboneco.com/éditcomment.php? article=1629 : Publié le 25 juin 2007, consulté le 15 mai 2009

    * 15 _ Serge LOUNGOU : Les iles de l'embouchure du rio muni : un contentieux équato-guinéen-gabonais,

    URL : http://com.revues.org/document2310.html#ftn43, page 10 consulté le 10 avril 2009

    * 16 _ Serge LOUNGOU : Les iles de l'embouchure du rio muni : un contentieux équato-guinéen-gabonais,

    URL : http://com.revues.org/document2310.html#ftn43, page 12 consulté le 10 avril 2009

    * 17 _ Etanislas NGODI et Mathias Eric OWONA NGUINI : Le pétrole off-shore comme ressource stratégique en Afrique centrale : une richesse au coeur des tensions frontalières et des appétits, Enjeux N°26 Bulletin trimestriel, Janvier-mars 2005, URL :http://www.fpae.net/IMG/pdf/enjeuxN°26 consulté dimanche 26 avril 2009

    * 18 _ - Serge LOUNGOU : Les iles de l'embouchure du rio muni : un contentieux équato-guinéen-gabonais, Les cahiers d'Outre Mer, revue de géographie de Bordeaux N°226-227 | Avril-Septembre 2004, [En ligne], mis en ligne le 13 février 2008.

    Url : http://com.revues.org/document2310.html#ftn43, page 11, consulté le 10 avril 2009

    * 19 _ - Tidiani COUMA : GABON/GUINEE EQUATORIALE : REPRISE DE NEGOCIATION SUR LA DELIMITATION DE LA FRONTIERE

    Sentinelle, Page hebdomadaire d'informations internationales : Société Française pour le droit international, 05 mars 2006. Site : http://www.sfdi.org/actualités/a2006/sentinelle56.htm, consulté le 14 mai 2009, page 31

    * 20 _ - Etanislas NGODI : PETROLE ET GEOPOLITIQUE EN AFRIQUE CENTRALE, L'Harmattan, page 217, 2007

    * 21 _ Jean Rieucau,  Bioko (Guinée équatoriale) : un espace insulaire stratégique au centre du golfe de Guinée », Les Cahiers d'Outre-Mer, Revue de géographie de Bordeaux N°226-227 | Avril-Septembre 2004, [En ligne], mis en ligne le 13 février 2008. URL : http://com.revues.org/index548.html , Consulté le 09 février 2009.

    * 22 _ Jean Sébastien RIOUX, Gestion des conflits en Afrique, Université de Laval, Canada, URL :

    * 23 _ - source Ge-Infonet : http.//www.guineequatoriale-info.net/hemero/mbagne.htm, consulté le 03 octobre 2008

    * 24 _ - source:Gabon ECO du 19 SEPTEMBRE 2008, URL: http://gaboneco.com/éditcomment.php? Consulté le 30/05/2009






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