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L'avenir du réseau Al- Qaà¯da après la mort de Ben Laden

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par Fidèle ETOYI
Université de Lubumbashi RDC - Licence en relations internationales 2012
  

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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives

Département des Relations internationales

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du titre de licencié en Relations internationales

Par ETOYI ESELA Fidèle

Juillet 2012

EPIGRAPHE

« Une action violente est dénommée terroriste, lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportion avec ses résultats purement physiques.»

Raymond Aron

IN MEMORIAM

A toutes les victimes du 11 septembre et ceux qui sont tombés sous le coup du djihad radical d'Al-Qaïda urbi et orbi

Fidèle ETOYI

DEDICACE

A l'Eternel Dieu tout puissant qui a été pour nous un rempart durant cet itinéraire quinquennal caillouteux ;

A Papa Daniel ESELA et Maman ANNE AKAMAHOVO dont nous ne savons mesurer la minceur de notre gratitude à la grandeur de leur amour et leur soutient pareil aux béquilles durant notre trajectoire estudiantine.

A Paul AKAYA, Claudine OKAPENGE, Richard DENDE, Joël ESELA, DIOMBA RENE qui ne cessent d'émettre des pensées positives à notre égard ;

Fidèle ETOYI

AVANT PROPOS

Afin de se conformer à notre l'alma mater et respectant la coutume académique et universitaire, nous sommes tenu de nous apparier en confectionnant un travail scientifique témoignant ainsi le sens apocalyptique de la trajectoire quinquennale réalisée à l'université de Lubumbashi.

Le cas échéant, nous disons merci à Elohim pour son incommensurable Amour et pour s'être manifesté de manière idoine comme une pierre angulaire dans nos études.

En effet, méconnaitre l'apport tonique et tonitruant des Professeurs de la Faculté des Sciences Sociales Politiques et Administratives en général et ceux des Relations internationales singulièrement, que nous considérons comme des oiseaux de minerve, serait de notre part un témoignage ingrat. De ce fait, pour avoir distillé la science en nous qui désormais nous sert de sautoir dans notre cursus professionnel, nous leur disons simplement merci.

Sur cette même lancée, nous remercions particulièrement le professeur ordinaire KADONY NGUWAY KPALAINGU qui a accepté d'être le gouvernail de cet opus scientifique et surtout pour ses conseils savants lors de la rédaction de ce dernier. Nous ne saurons oublier de saluer la magnanimité du codirecteur Chef de Travaux KAKEZ KAYEB Dieudonné qui s'est inlassablement dévoué à nous adresser des remontrances idoines.

Nous remercions de façon titanesque tous les membres familiaux qui ont formé une synergie afin de nous soutenir financièrement, matériellement et spirituellement. Nous citons Maman DEMBO HELENE, maman PHILO MONDJA et papa MOTE, papa Adolph ONAMBOYA et maman MADE, papa Paul DJONDO et maman Sandrine DEKO, maman mamie et papa Jean bosco ESAMBO, Maman Nathalie JUHE. A cette grande famille s'ajoute aussi Dr fabien LOKOLE, Maitre Jean Paul TSHEKO, Cathy WANINA, Papa Albert LUSUMBE.

Nos remerciements s'avèrent infinitésimaux face au grandiose apport qu'ont réalisé ces personnes pendant notre parcours qui d'ailleurs a été teinté d'embuches et fatalités. Nous citons PAPA ESAI LWAMBA, JOSEPH NDALA, Passy Patience TSHIBANDA, PAPY BANZALA, OLIVIER WEZELE, Deborah Claudine EMONGO, AIMEKA KABWE, junior MUPOPO, Cathy KITETE.

Aux amis et combattants de lutte dont les joins d'amicalité, de collégialité et de fraternité ne devinent aucune fissure, ni moins aucune fente d'altercation, nous vous savons sincèrement gré. Il s'agit d'Héritier EKOTO, Freddy NDJOLO, honorable MAZAMBA Gaby, KOMICHELO KABEDI, Patrick MUKENDI, Thomas ENDUKA, Albert KOLO, Eric RUSUNGU Laurent OKITAKATSHI, Roger ESONGO, Good NDJATE, Jean Paul KANGOWALE, SHAKO DANGA, Marron LOIKONDJO, MUGITETE Augustin, Thésy NGALULA NTUMBA, Louise EKANGA.

Fidèle ETOYI

INTRODUCTION

1. Problématique et hypothèse

a. Problématique

Après la période clausewitzienne où la guerre pouvait opposer les Etats entre eux dans le concert des nations, le monde s'est vu submergé dans un moment teinté d'un climat de non guerre indissociable à la dissuasion nucléaire, appelé autrement un moment de ni paix ni guerre ; C'est La Guerre Froide. Celle-ci fut une période d'affrontement stratégique et politique qui se développa après la Deuxième Guerre Mondiale entre les États-Unis et ses alliés de l'Europe de l'Ouest sur un côté et l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques et les pays communistes de l'autre.

En effet, à l'aube de la dernière décennie, notamment celle des années 90 où l'idéologie et la géopolitique soviétique avaient été vaincues, une nouvelle donne vient défigurer la nature des relations internationales. C'est le tournant historique, celui des Attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par le réseau Al-Qaïda qui laisse et traîne dernière elle, la brutalité doublée d'incertitude et d'ambiguïté.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui ont basculé les USA dans le chaos et l'horreur, Al-Qaïda et son dirigeant emblématique, Oussama Ben Laden, deviennent l'ennemi N°1 des Etats-Unis d'Amérique et sont au centre des préoccupations de la communauté internationale, garante de la sécurité dans le monde. La nébuleuse terroriste prône l'unité de l'islam, sorte d'universalisme musulman, le djihad contre les "judéo croisés" et la restauration du califat. Pourtant, Al-Qaïda, dans sa genèse et sa structure, son idéologie et sa stratégie, son financement et ses techniques de recrutement, reste une organisation transnationale méconnue.

La guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis a détruit les bases d'Al-Qaïda en Afghanistan depuis la chute des talibans, régime hôte de ces "nouveaux martyrs d'Allah". Mais, délogée de ses anciens fiefs, l'organisation reste opérationnelle à l'échelle planétaire et a commandité plusieurs actes terroristes. Bien qu'affaiblie, Al-Qaïda reste une menace pour la paix dans le monde, notamment dans les pays occidentaux contre lesquels Ben Laden a lancé la guerre sainte mais aussi contre la présence occidentale dans certains pays. Les attentats de Madrid, le 11 mars 2004, faisant 191 morts et près de 2 000 blessés, et ceux de Londres, le 7 juillet 2005, avec plus de 50 morts et des centaines de blessés, montrent qu'Al-Qaïda peut frapper au coeur de l'Europe occidentale et qu'une réponse coordonnée des Etats européens est nécessaire.1(*)

En effet, après une décennie de lutte sans merci contre le terrorisme d'Al-Qaeda menée par les USA, le leader du réseau sera finalement tué la nuit du 2  mai  2011 vers 1 h 30, heure locale dans la ville d'Abbottâbâd au Pakistan dans une coûteuse résidence fortifiée (compound), construite en 2005 et surveillée par les services de renseignement américains depuis août 2010.

Soulignons en effet que la question des réseaux terroristes imprime une nouvelle réalité en Relations internationales, celle de la guerre asymétrique. Si même certains arrivent à se poser la question de savoir si cette forme de guerre est devenue une norme, c'est en raison de ce que les historiens et les pomologues appellent la transformation de la guerre. Jusqu'en 1945 régnait à la surface de la planète la guerre entre les Etats, fruit du monde multipolaire des empires européens. A partir de 1989 l'effondrement de l'URSS met fin à la bipolarité et consacre l'avènement de l'uni polarité, dernière l'hyper puissance américaine. Le monde est alors dominé par une Amérique sans rivale, régnant sur un système international lui-même contrôlé par les Etats nations. Face à une telle concentration de la puissance, il n'existe que deux moyens de contester la répartition mondiale du pouvoir  il faut soit tenter de se doter des attributs de puissance (nucléaire militaire capacité de projection militaire, indépendance énergétique par diversification des approvisionnements, poids dans les instances internationales...), soit renoncer à cette quête classique en tentant de brûler les étapes par le contournement des cadres politiques, juridiques et stratégiques courants. Au regard de la faiblesse de certaines entités politiques et que la quête de la puissance st longue, fastidieuse et incertaines, que les méthodes des guerres asymétriques, les guérillas, le terrorisme séduisent et pullulent la surface du globe.2(*)

Par ailleurs, nous n'avons aucune prétention d'affirmer qu'on est premier à mener des réflexions profondes sur cette question car bien d'autres chercheurs nous ont précédés. Pour ce faire, après une lecture profonde de plusieurs travaux qui ont tablé sur la question, quelques uns ont retenu notre attention : Jean Pierre DUPUY parle de la désacralisation de la victime ou de la preuve de Ben Laden.

Dans son énoncé, Jean Pierre DUPUY fait le lien entre l'affirmation d'un anthropologue américain et les propos de Ben Laden et les débats théoriques sur l'échange de biens qui est au centre de la réflexion anthropologique depuis Marcel Mauss et Claude Levi-Strauss. Eric, professeur à Los Angeles a écrit dans un texte qui a connu un écho aux Etats-Unis que le 11 septembre a mis fin au « ressentiment victimaire qui a inauguré pour reprendre son expression après guerre en raison de l'holocauste ». Le 11 septembre y aurait mis fin en attribuant au terroriste le statut de victime, c'est là dire en faisant en sorte que l'acteur terroriste s'approprie le statut de la victime à la place de ceux qui ont été victimes effectives de l'attentat.

Depuis le discours antiaméricain de Ben Laden on a semblé banaliser cette idée du 11/septembre et pourtant ces attentats traduisent la réponse des victimes de l'empire américain à leur oppresseur. Quant à ben Laden, il improvise par une cassette interposé, une réflexion sur la réciprocité.3(*)

IBONGA DEKUDE, émet une cogitation sur l'Etat en faillite et le terrorisme en Relations internationales contemporaines, cas de l'Afghanistan. Dans son mémoire, IBONGA observe que les siècles qui ont suivis, le terrorisme existait mais il n'a jamais été aussi dévastateur qu'aujourd'hui. Il trouve que le terrorisme vise les non combattants et recoure à la violence pour choquer les esprits : « faire naître la peur en faisant plus de victimes et des dégâts. » en abordant largement cette question, il trouve qu'il aya quelques années encore, suite à la faillite de l'Etat et par manque de mesure de sécurité à la frontière et dans d'autres endroits, le terrorisme en fait trop de victime. Cette faillite s'explique par le fait que l'Etat a produit une logique du pouvoir qui n'est pas sensé à résoudre les problèmes de la société et le pouvoir est cherché pour un simple profit des dirigeants.

IBONGA n'a manqué de parler en substance l'Al-Qaïda en épinglant sa naissance, son organisation et son organisation stratégique.4(*)

En abordant la question du terrorisme et les Relations internationales, Jean François GUILHAUDIS note : En frappant New York, en s'attaquant d'une manière aussi formidablement agressive à l'hyperpuissante et à l'Occident, Al-Qaïda entendait se placer d'emblée au centre des relations internationales.5(*) En choisissant de lui répondre par la «guerre au terrorisme», Washington et ses alliés ont accrédité cette ambition et commencé à co-construire la relation terroriste. La relation terroriste de type 11 septembre réunit maintenant les conditions nécessaires pour qu'on puisse dire qu'elle est au centre des relations internationales, sous la forme de la guerre. Qu'il en soit ainsi pose évidemment la question de savoir comment sortir de la guerre du terrorisme.

Il ajoute en affirmant que Le terrorisme peut être constamment présent, voire omniprésent, cela ne signifie pas qu'il soit, au sens vrai du terme, au centre des relations internationales.

La centralité désigne une position particulière, stratégique : le terrorisme ne peut être considéré comme étant au centre des relations internationales que s'il touche à la structure, au système international, à l'ordre international, aux grands équilibres ou, au moins, est susceptible de le faire. Il semble que la centralité peut être évaluée, à partir de deux variables : le point sur lequel s'exerce une influence significative et l`étendue de cette influence. Ces observations sont plus facilement perceptibles quand on considère rapidement la place de la relation terroriste dans les relations internationales, de la Seconde Guerre mondiale aux années 2000.6(*)

Dans un article portant intitulé `'Al-Qaïda, un réseau terroriste planétaire'' les rédacteurs étale de façon claire et détaillée la genèse d'Al-Qaïda, son organisation, le principe de la nébuleuse, son financement, ses stratégies, son recrutement et ses objectifs.7(*)

En effet, au regard de ce qui précède, nous ferons remarquer que ce qui nous démarque de nos prédécesseurs est le fait que leurs réflexions portaient sur Al-Qaïda pendant que son leader charismatique était en vie. Mais nous tournons nos cogitations sur Al-Qaïda post ben Laden.

Il sied en tant qu'investigateur scientifique de lever un interrogatoire qui naturellement constituera notre point de repère durant toutes nos investigations scientifiques.

Sur cette même lancée, notre étude gravitera autour de la question suivante : la disparition de Ben Laden nous oriente-t-elle vers un renforcement du terrorisme d'Al-Qaïda ou bien au contraire vers son déclin ? 

b. hypothèse du travail

L'hypothèse étant comme une conséquence de nos postulats théoriques est donc une affirmation que nous soutenons de leur exactitude.8(*) Elle est en fait une réponse anticipée aux questions soulevées par le chercheur qui se pose au début de son projet. Bien formulée, l'hypothèse oriente l'ensemble de l'édifice et facilite le choix du dispositif méthodologique.9(*)

De ce fait, après avoir posé une question qui semble être le contenu de notre travail, il nous est impérieux d'apporter quelques éléments précurseurs. Il est vrai que la mort de ben Laden a constitué comme un coup de massue dans le camp arabo musulman et pour cette raison, il est normal qu'ils ils se livrent à court terme dans des actes attentatoires témoignant ainsi leur vengeance et cela grâce à la foultitude de ses branches.

En revanche, sur le moyen et le long terme, il est clair que c'est le début de la fin de la mouvance Al-Qaïda. Pour deux raisons. D'abord parce qu'elle a perdu sa tête, et ensuite parce que sur le fond, elle a perdu la bataille idéologique, en ce sens que Ben Laden et tous ses lieutenants dans le monde avaient toujours appelé à la violence et à la terreur pour abattre les régimes en place. Or, on constate que c'est l'action populaire et pacifique qui a eu raison de ces régimes

D'ailleurs, l'organisation ne sait plus comment se positionner par rapport à ces mouvements populaires. Ce qui fait que sur le long terme, et à moins d'une adaptation idéologique profonde, je pense qu'Al-Qaïda a signé le début de sa fin.

2. Choix et Intérêt du sujet

A. Choix du sujet

Le choix de ce sujet n'est pas un acte aléatoire d'autant plus qu'il est tributaire de la pertinence que le sujet porte sur le monde qui subit des soubresauts des actes terroristes du réseau Al-Qaïda et vit dans une mouvance des guerres asymétriques. Notons que depuis une décennie, cette question devient de plus en plus préoccupante suite à l'ampleur des actes terroristes à travers le monde et également suite à la perte d'un leader emblématique du réseau Al-Qaïda.

B. Intérêt du sujet

· Intérêt scientifique

Notre sujet imprime un caractère scientifique dans la mesure où il nous permet de comprendre les nouvelles réalités des relations internationales dont l'importance croissante des acteurs non étatiques à l'instar des organisations internationales, les réseaux etc.

La scientificité de notre sujet se dégage également lorsque nous l'identifions à la théorie libérale ou transnationaliste où l'Etat n'est plus qu'un acteur parmi tant d'autres à coté des organisations diverses, au sein desquelles les individus (du touriste au terroriste) sont susceptibles d'engager des actons collectives en vue de voire leurs besoins et intérêts satisfaits.10(*)

· Intérêt académique

Conformément aux us et coutumes de l'université de Lubumbashi, UNILU en abrégé, il est vivement recommandé à tout étudiant ayant réalisé un itinéraire quinquennal de faire une production scientifique sanctionnant de ce fait la fin de ce cycle de licence.

Au regard de cet état de chose, il nous est important de rédiger un travail scientifique à partir duquel nous serons évalué.

· Intérêt social ou pratique

L'intérêt que revêt notre sujet n'est pas à prendre avec banalité d'autant plus que l'insécurité qui sévit la communauté internationale est inquiétante car bien de personnes innocentes perdent leur vie.

Au regard de ce qui précède, il s'avère nécessaire de cogiter sur l'avenir du réseau Al-Qaïda après la perte d'une figure de taille, auteur de plusieurs actes terroristes de grande envergure.

Notons également que ce travail constituera une référence ou un horizon aux futurs chercheurs.

3. Object d'étude

Notre objectif est de cerner l'avenir l'Al-Qaïda après la perte d'un leader charismatique, Oussama Ben Laden.

4. Méthodes et techniques

a) Méthode de travail

Afin que notre travail puisse revêtir un caractère métrologique lui garantissant une évolution minutieuse et un aboutissement fiable, il nous importe d'utiliser une méthode.

Ainsi Sans pour autant revenir sur les brillantes définitions de la méthode développées par différents auteurs, nous allons sous appesantir sur celle de PINTO ET GRAWITZ qui la considère un ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie.11(*)

A la lumière de ce qui précède, nous usons dans le cadre de nos investigations la méthode analytique qui a la spécificité de présenter ou de décrire notamment dans une perspective critique les faits ou les réalisations d'un Etat, d'une organisation internationale gouvernementale, d'une ONG, d'une société multinationale ou de tout autre acteur.12(*) Pour ce faire, nous aurons à analyser scrupuleusement ce que deviendra Al-Qaïda après une perte énorme d'un homme si charismatique qui fut parmi l'un des fondateurs de ce réseau.

B) Technique de recherche

Les techniques sont des mis à la disposition de la recherche et organisées par la méthode dans ce but.13(*)

Pour ce faire, nous recourons à la technique documentaire qui nous permet de réaliser des investigations minutieuses et une collecte massive des données à travers les sources documentaires diverses (Internet, ouvrages, journaux...).

5. Délimitation spatio temporelle

a) délimitation spatiale

Un chercheur qui mènerait une étude sans borne n'est pas différend d'un navigateur sans itinéraire ou sans timing.

Ce faisant, notre étude qui porte sur l'avenir du réseau Al-Qaïda après la mort de ben Laden gravite autours du réseau Al-Qaïda, car c'est ce dernier qui est au coeur de nos recherches.

b) Délimitation temporelle

Dans le cadre de ce travail, nos recherches s'étendront dans une durée commençant de 2001 où Al-Qaïda sous l'égide de son leader emblématique en la personne de ben Laden a perpétré un attentat terroriste spectaculaire aux Etats unis d'Amérique jusqu'à 2011 date à laquelle la traque de ben Laden a sonné le glas.

6. Subdivision du travail

Nos recherches scientifiques que nous menons sur un sujet qui porte sur « l'avenir du réseau Al-Qaïda après la mort de ben Laden » graviteront autours de quatre chapitres.

Le premier chapitre qui porte sur les considérations générales procédera à une circoncision de certains concepts ayant trait avec notre sujet. Le deuxième chapitre qui s'intitule : le réseau Al-Qaïda : une nouvelle donne en relations internationales nous permet d'étaler la scientificité notre sujet en l'identifiant par rapport une des théories des relations internationales. Le troisième chapitre pour sa part parle des Etats Unies d'Amérique dans la lutte contre le terrorisme d'Al-Qaïda où nous évaluons l'administration Bush et Obama sur cette lutte.

Le quatrième chapitre in fine dégage les réflexions sur la mort de ben Laden et l'Al-Qaïda post ben Laden.

CHAPITRE I : LE TERRORISME INTERNATIONAL

Dans ce chapitre qui porte sur le terrorisme international nous tacherons de mener une étude se basant sur des approches définitionnelles, approches typologiques, sur les causes du terrorisme. Il sera également question de relever les corrélations entre le terrorisme et la guerre asymétrique, terrorisme et relations internationales.

SECTION I : LE TERRORISME

Nous allons tout au long de cette séquence nous allons émettre une étude en menant une approche définitionnelle, typologique et ressortir les causes du terrorisme.

§1. Approches définitionnelles

1.1. Historique

Le terrorisme est un phénomène historiquement récurent, commun à toutes les sociétés et à toutes les cultures. Il existe depuis que l'homme a décidé de tuer son frère l'homme, en le poignardant dans le dos, dans le but de changer les données d'une situation ou pour des raisons de vengeance14(*). Aussi vieux que l'humanité, le terrorisme appartient à tous les temps, tous les continents et toutes les confessions les oubliettes de l'histoire renferment des périodes ou terrorisme et angoisse se confondirent. Ainsi le 24 juin 1984, un immigré italien anarchiste Caserio, tue le président français Sadi Canot et cet attentat marque l'apogée d'une série perpétrée, en France15(*).

1.1.1. Le terrorisme sous sa forme moderne.

· Le terrorisme jusqu'au début du XXe siècle 

C'est avec la propagation des idéologies séculières et du nationalisme, après la Révolution française, que le terrorisme dans sa forme moderne, s'est considérablement développé. Partisans et adversaires des valeurs révolutionnaires s'engagent, en effet, dans le terrorisme au lendemain des guerres napoléoniennes.

Au Japon, le nationalisme pro-impérial qui conduit à la restauration de Meiji en 1868, s'accompagne de nombreuses attaques terroristes contre le Shogunat Tokugawa.

Dans le sud des Etats-Unis, le Ku Klux klan se constitue après la défaite des Etats confédérés pendant la guerre de sécession (1861-1865), dans le but de terroriser les anciens esclaves, ainsi que les représentants des administrations responsables de la reconstruction imposée par le gouvernement fédéral.

En Europe, à la fin du XIXe siècle, les partisans de l'anarchisme lancent des attaques terroristes contre de hauts fonctionnaires ou contre de simple citoyens, (dont la victime la plus célèbre reste l'impératrice : Elisabeth, épouse de François-Joseph 1er en 1998). Avant la première guerre mondiale, le mouvement révolutionnaire russe a aussi une forte connotation terroriste.

· Le terrorisme jusqu'à la seconde guerre mondiale

Au XXe siècle, des groupes tels que l'organisation révolutionnaire macédonienne, les oustachis croates, et l'Armée républicaine (Irish Republican Army, IRA) ont, souvent, exporté leurs activités terroristes en dehors des frontières nationales16(*).

Par ailleurs, fascisme et communisme ont l'un et l'autre fait du terrorisme le principal instrument de leur politique.

Dans les années vingt et trente, l'instabilité politique fait une large place à l'activité terroriste. Mais dans l'ensemble, ce phénomène a fini par disparaître dans le conflit de plus grande ampleur qu'a été la seconde guerre mondiale.

1.1.2. Le terrorisme d'après-guerre.

Au milieu des années soixante se développe la plus spectaculaire manifestation du terrorisme. Elle est portée par les progrès de la technologie, la diffusion d'armes légères et efficaces, ainsi que par la publicité qui vient désormais accompagner tout acte terroriste.

Par ailleurs, plusieurs zones ont été frappé par le terrorisme : le Proche-Orient, l'Allemagne, l'Italie, le japon, l'Irlande, l'Espagne, la France. Et bien sûr les Etats-Unis d'Amérique, dont l'épisode terroriste le plus célèbre et le plus meurtrier est la série d'attentas du 11 septembre 2001. Dès lors, la lutte contre le terrorisme est devenue un principe majeur du droit international !17(*)

Notons en effet que dans les phrases qui vont suivre, nous tacherons de faire une approche typologique.

§2. Approches typologiques

Nous pensons que c'est à travers les actions, les objectifs et les idéologiques que la classification ou la typologie à été rendue possible.

2.1. Le terrorisme d'Etat

Il se développe pendant la guerre froide. Essentiellement mis en oeuvre dans les pays latino américains alors soumis à des dictatures mais aussi à des pays comme la Grèce de 1967 à 1974, ou encore l'Indonésie et la Corée du sud, le terrorisme d'Etat constitue l'un de plus important car il consiste en une mobilisation générale de la société dans une guerre contre l'ennemi intérieur, la sécurité nationale qui constitue l'ossature idéologique du terrorisme d'Etat, trouve son origine dans des doctrines comme celle de Maroc ou de Truman.

Cela débouche une politique de contre insurrection, dont les mouvements les plus forts sont des coups d'Etats fomentés avec l'aide d'autres Etats puissants. En guise d'exemple, nous pouvons parler de l'intervention américaine contre les régimes progressistes d'Arvenz ou Guatemala (1954), et de Isaac Goulart au Brésil (1964), de Salvador Allende au Chili (1973 et contre les régimes instables d'Uruguay (1973) avec guérilla des Tupa Maros) et d'Argentine (1976). 18(*)

Le terrorisme d'Etat, consistant en l'anéantissement des opposants par des méthodes et des groupes apparemment distincts de l'Etat, mais en réalité manipulé par lui.19(*)

2.2. Le terrorisme religieux

Nouvellement apparu dans l'actualité de cette fin de siècle, le terrorisme d'inspiration religieuse est en fait l'une de plus anciennes manifestations du terrorisme. Entre 66 et 77 avant Jésus Christ, en Palestine, les étoiles combattirent l'occupation romaine avec des méthodes relevant du terrorisme en employant du poison pour empoisonner les puits, assassinat et massacrant la population. 

Selon les terroristes religieux, la violence est d'abord avant tout un acte ou un impératif religieux ou théologique. Ici, le terrorisme comporte une dimension transcendantale, et c'est pourquoi ses auteurs ne sont pas affectés par des contraintes politiques, morales qui peuvent atténuer l'aspect aveugle de leur action. 20(*)

La caractéristique du terrorisme religieux est qu'il s'inscrit dans une référence non temporelle. Ses objectifs ne se situent pas au niveau de la société mais plutôt au niveau des idées, de la morale ou de la spiritualité.

Le terrorisme religieux évolue dans un système complexe des valeurs d'ordre moral ou spirituel, face auquel la vie humaine n'a qu'un poids limité. C'est une sorte de croisade contre l'infidèle qui se veut porteur d'un message religieux, il se rapproche du terrorisme politique mais n'en distingue par l'intensité des actes.

2.3. Le terrorisme politique

Il se situe dans un processus révolutionnaire mais juste en amant d'un conflit ouvert. Il constitue l'outil armé des partis politiques extrémistes, dont ils exploitent le soutient populaire pour se légitimer. C'est le cas de l'Irish République Army (IRA).

Le terrorisme nord irlandais en dépit de la violence entre les communautés catholiques et protestantes n'est pas un terrorisme d'inspiration religieuse il est le moyen choisi pour changer une situation politique et sociale issue d'une époque ou appartenant à l'une ou l'autre communauté.

Le terrorisme politique, même s'il est meurtrier, fait souvent preuve de retenue car il a pour objectif le plus souvent de démontrer la capacité à tuer, une capacité de conserver l'initiative et est ainsi d'avantages une manifestation de la puissance. 21(*)

2.4. Le terrorisme de droit commun

C'est l'image de la terreur promouvoir une activité criminelle lucrative. Le terrorisme de droit commun ne s'intègre pas dans un processus révolutionnaire et cherche à mettre la pression sur l'Etat afin de garantir sa liberté d'action face au pouvoir politique, son soutient populaire peut être relativement important au niveau local et c'est le genre de soutien Accordé aux narcoterroristes qui, de facto, assurent une certaine prospérité à la région.

2.5. Le terrorisme anarchique ou de contestation

Le terrorisme anarchique institue la terreur en visant d'objectif d'affaiblissement de l'ordre socio politique ou socioéconomique sans repère idéologique précis et dont le potentiel de violence se reconstitue à partir des phénomènes d'expulsion, de marginalisation ou de pauvreté excessive que l'on retrouve dans le milieu d'extrême gauche ou d'extrême droite.

On peut citer en occurrence les brigades rouges en Italie, la France, armée rouge en Allemagne.

2.6. Le terrorisme nationaliste

Il est largement utilisé durant toute la période de décolonisation depuis 1945, notamment en Algérie, les rébellions Siklis et Tamoules au faite une armée redoutable ainsi que les barques, les Palestiniens...

2.7. Le terrorisme bactériologique, chimique et nucléaire

C'est l'utilisation ou la mémoire d'utilisation d'un virus bactéries, champignon, toxines ou micro-organismes dans le but de provoquer une maladie ou le décès d'être humains, d'animaux ou des plantes. 22(*)

Il semble qu'aux yeux des terroristes, les armes biologiques présentent de l'intérêt pour un certains nombre des raisons : la toxité la puissance létale des agents biologiques, les quantités nécessaires sont moindres et donc possible de réduire le coût et la complexité de leur production ou de leur acquisition par d'autres moyens ce qui revient à dire qu'il n'est pas nécessaire de disposer d'une importante infrastructure de personnel et d'installations et cela est avantageux du point de vue de la sécurité et permet aux terroristes de ne pas être repérer facilement. 23(*)

En général, les agents chimiques et biologiques sont considérés comme moins chers et plus faciles à produire où à obtenir que les termes nucléaires. Néanmoins, nous constatons la vente des matières fissibles spéciales sur le marché noir au cours des dernières années puisqu'en quantité insuffisantes suffit pour qu'il soit possible de construire un dispositif nucléaire explosif, a conféré une nouvelle crédibilité à la menace que le terrorisme nucléaire pourrait lui aussi représenter.

Le plus grand sujet de préoccupation en cette matière est sans doute la sécurité des matières fissibles pouvant être utilisée à des fins militaires qui sont conservées dans les instituts de recherche. Ainsi, les matières radioactives qui pourraient utilisé à des fins terroristes se trouvent dans une vaste gamme d'installation relativement peu sûre comme les hôpitaux, laboratoires de recherche, les universités... 24(*)

2.8. Le terrorisme informatique

La criminalité informatique est un vaste domaine, dont les frontières ne sont pas faciles à définir et chaque pays a une législation différente à ce sujet, le terrorisme informatique est le fait de détruire ou de corrompre de systèmes informatiques, dans le but de déstabiliser un pays ou de faire pression sur un gouvernement. Mais, il est vrai que les attentats informatiques restent limités car la majorité des activités reflètent l'occidentalisation de leur pays et par conséquent, la technologie avec elle.

2.10. Le terrorisme et les médias

Dans le monde où l'informatique et la communication jouent un rôle clé, les terroristes cherchent à utiliser l'impact médiatique qui peut avoir une action terroriste. Les medias étant le milieu vecteur de communication auprès de l'opinion publique, il est aujourd'hui facile de se faire entendre que le cause défendue soit juste ou non.

Ainsi, la rapidité des moyens de transmission (réseaux satellites, câbles, Internet), les choix en terme d'information (CNN, Al J'azurai, BBC...) offrent une couverture unique et presque illimitée aux terroristes.

Les détournements d'avoir notamment ceux perpétrés par les organisations palestiniennes sont connu un formidable impact médiatique au niveau mondial de même que les images assez irréelles passant en direct où des avions de ligne s'écrasent sur les tours jumelles du World Trade Center. Nous estimons que les medias ne doivent plus être utilisés comme relais pour le terrorisme mais plutôt comme instrument de lutte antiterroriste.

Après une étude typologique, nous allons par la suite ressortir les faits générateurs du terrorisme.

§3. Les causes du terrorisme

Selon qu'il existe plusieurs catégories du terrorisme, nous pouvons assurer qu'il existe aussi des causes multiples de ce fléau.

3.1. Les causes religieuses

Les fondamentalistes et intégristes religieux sont motivés par des idéologies religieuses et cherchent à infliger ou imposer leurs convictions et croyances religieuses par des actes de violence contre les non croyances religieuses par des actes de violence contre les non croyants. 25(*)

3.2. Les causes économiques et sociales

Ce sont les anarchistes qui instituent la terreur pour affaiblir l'ordre socio économique établi, leur violence trouve la justification dans les phénomènes d'exclusion, de marginalisation ou de pauvreté excessive que l'on retrouve chez les femmes pauvres désoeuvrées et chômeurs, proies des filés terroristes.

3.3. Les causes politiques

Le sentiment d'autodétermination des groupes identitaires ou minoritaires contre l'hégémonie d'une puissance territoriale, le totalitarisme politique et les motivations politiques telles que la création d'un parti ou la recherche de la justice face à une oppression perçue de la part de l'Etat cible qui opprime et anéanti tous les opposants.

3.4. Les causes culturelles

La revendication d'identité culturelle : un repère du renouveau islamique (territorial, autonomiste et indépendant) par exemple, les systèmes des valeurs occidentales fondées sur la morale judéo chrétienne dont les Arabes contestent ce modèle en répondant à leur propre système basé sur l'islam, le coran, disent ils est le système politique idéal et nous constatons qu'il met l'accent sur des causes civilisationnelles. 26(*)

En effet, après une profonde étude sur les notions liées au terrorisme international, nous pourront par la suite relever accointances qui existent entre le terrorisme et la guerre asymétrique.

SECTION II : LE TERRORISME ET LA GUERRE ASYMETRIQUE

Afin de bien relever les corrélations existant entre la guerre asymétrique et le terrorisme, cette section va primo définir la guerre asymétrique, secundo présenter le fonctionnement de la guerre asymétrique et tertio exhiber les enjeux actuels de la guerre asymétrique dans le système international.

§1. La guerre asymétrique quid ?

1. définition

Une guerre asymétrique est une guerre qui oppose la force armée d'un État à des combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points faibles de l'adversaire pour parvenir à leur but souvent politique ou religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le terrorisme ou la guérilla et se distinguent des guerres entre États.

Soldats estoniens de la coalition internationale en Irak en train d'effectuer une patrouille dans les rues de Bagdad ( février 2005). Le conflit asymétrique ayant émergé de l' occupation de l'Irak les confronte à une opposition difficile à débusquer puisque mêlée à la population la plupart du temps.27(*)

Le concept de guerre asymétrique fut analysé et détaillé par Sun Zi au Ve siècle av. J.-C., dans son célèbre ouvrage L'Art de la guerre.

Le concept fut ensuite répandu par Wesley Clark, général américain lors de l'intervention de l' OTAN au Kosovo, dans un article traitant de la seconde Intifada, écrit pour Time Magazine.

D'une façon générale, une guerre asymétrique est une guerre du faible au fort, avec une cible collatérale faible et sans défense, comme le fils pour le père ou la population et l'administration civile pour une autorité contestée avec ses forces policières et militaires. Ce qui la différencie d'une guerre dissymétrique, du fort au faible, avec des cibles militaires dans des opérations militaires.

La guerre asymétrique est mieux représentée par le couple terrorisme et propagande.

Ce sont soit les institutions gouvernementales et leurs représentants qui sont visés (comme la Résistance en France durant l'occupation allemande ou encore l' indépendantisme basque), soit dans certains cas, la population civile visant le pays en position de supériorité militaire (comme les Palestiniens en Israël).

Les guerres asymétriques ne sont pas forcément délimitées à la surface d'un État, mais peuvent englober le monde entier, partout où le pays visé est représenté.28(*)

Le but fondamental consiste à trouver le moyen d'éviter la supériorité militaire de la partie adverse. L'asymétrie rend souvent les confrontations armées d'aujourd'hui plus brutale et il semble qu'elle laisse peu d'espace à la règle de droit.29(*)

Après toutes les considérations développées précédemment, nous notons dans les lignes qui suivent comment fonctionne la guerre asymétrique.

§2. Fonctionnement de la guerre asymétrique

Tous les efforts de théorisations partent d'un même constat : la présence d'un différentiel de puissance. De ce constat est tiré un enseignement : la nécessité de transformer les faiblesses de l'ennemi en forces. Pour l'entité faible, il s'agit de jouer sur la lourdeur de l'appareil militaire ennemi, d'agir psychologiquement sur les troupes adverses ainsi que sur l'opinion publique de l'entité affrontée, en portant la morale dans la guerre et la guerre dans les esprits, en développant chez l'ennemi un sentiment d'ubiquité de la menace, en ne l'affrontant que sporadiquement, en s'abritant au sein des populations civiles...

Le faible essaye à contourner la puissance du fort. Il attaque par surprise, refuse le combat direct, se cache parmi les civils, recourt à des engins explosifs improvisés... Occupant un métier ou une fonction civile le jour, il guerroie la nuit et harcèle le fort. Enfin, le faible bénéficie d'un sanctuaire (Etat frontalier, zone géographique escarpée, populations civiles) pour se replier et se ravitailler. Son but est d'obtenir la victoire par usure et découragement.

Pour l'entité puissante, cela consiste à synthétiser les méthodes de la guérilla et de la guerre révolutionnaire, à en isoler les failles, et à en retourner les outils. Il faut dès lors gagner le soutien des populations civiles (soins médicaux, instruction, lutte contre la corruption...), couper la guérilla du substrat socio-économique sur lequel elle se greffe, quadriller le théâtre des opérations, recueillir et exploiter le renseignement... L'enjeu est de parvenir à gagner le soutien de la population tout en menant des actions militaires.

La lutte contre cette forme de guerre procède sur le terrain militaire par encerclement de l'insurrection, étouffement des approvisionnements, division des factions combattantes, destructions ciblées des têtes de l'organisation ennemie et action socio-économique sur les populations civiles afin qu'elles stoppent tout soutien aux insurgés.

En effet, soulignons par ailleurs qu'après le fonctionnement de la guerre asymétrique, les lignes qui suivent tourneront sur les enjeux de la guerre asymétrique.

§3. Enjeux actuels de la guerre asymétrique

Si cette forme de guerre est aujourd'hui devenue la norme (jusqu'à quand ?), c'est en raison de ce que les historiens et les polémologues appellent la transformation de la guerre. Jusqu'en 1945, régnait à la surface de la planète la guerre entre Etats, fruit du monde multipolaire des empires européens.30(*)

De 1945 à 1989, la conjonction de facteurs tels qu'un monde divisé entre Est et Ouest, la crainte d'une Troisième guerre mondiale puis d'un holocauste nucléaire, ainsi que la décolonisation, ont produit une multiplication des guerres asymétriques. La peur mutuelle des deux supergrands américains et soviétiques, détenteurs du feu nucléaire, leur interdisait de s'affronter directement, a fortiori après la violence de la Guerre de la Corée. Ceux-ci se sont alors affrontés par le truchement de guérillas nationales et régionales, permettant ainsi de leur éviter toute mise en cause directe.31(*)

A partir de 1989, l'effondrement de l'URSS met fin à la bipolarité et consacre l'avènement de l'unipolarité, derrière l'hyper puissance américaine. Le monde est alors dominé par une Amérique sans rivale, régnant sur un système international lui même contrôlé par les Etats nations. Face à une telle concentration de la puissance, il n'existe que deux moyens de contester la répartition mondiale du pouvoir. Soit tenter de se doter des attributs de la puissance (nucléaire militaire, capacités de projection militaire, indépendance énergétique par diversification des approvisionnements, poids dans les instances internationales...), soit renoncer à cette quête classique en tentant de brûler les étapes par contournement des cadres politiques, juridiques et stratégiques courants. C'est parce qu'il existe de nombreuses entités politiques faibles, et que la quête classique de la puissance est longue, fastidieuse et incertaine, que les méthodes de guerres asymétriques, qu'il s'agisse de guérillas ou de terrorismes séduisent et pullulent à la surface du globe. Tel est le défi contemporain des Etats détenteurs de la puissance. Mais le retour de la multipolarité, avec l'érosion de la puissance américaine, le retour de la Russie, la montée de la Chine, de l'Inde, du Brésil, de l'Iran... sonne peut être le glas des guerres asymétriques comme norme et le retour des guerres interétatiques.32(*)

A ces bouleversements du système international s'ajoute le poids de la transition démographique. Il s'agit du phénomène par lequel une société, passe de taux de natalité et mortalité élevés, à des taux de natalité et de mortalité faibles. Une telle transition, à l'issue de laquelle les cellules familiales font moins d'enfants et les sociétés humaines sont moins confrontées à la mort - qu'il s'agisse des enfants morts en couche, des épidémies, des guerres... - modifie radicalement le rapport des hommes à la mort, et par voie de conséquence à la guerre. 33(*)Relativement acceptable avant la transition démographique, la mort et la guerre deviennent inacceptables au sein des sociétés modernes et pacifiées ayant effectué cette transition. Pour les Occidentaux, la prise de conscience du changement de rapport à la mort, intervient par sauts successifs. Alors que la Seconde Guerre mondiale avait été gagnée au prix (entre autres) de la mort d'environ 400 000 soldats américains et 200 000 soldats français, la France perd l'Algérie avec 24 000 morts, les Etats-Unis perdent le Vietnam avec 58 000 morts, les paras français et les marines américains se retirent du Liban avec 301 morts lors des attentats du Drakkar et de l'aéroport de Beyrouth, les Etats-Unis quittent la Somalie avec 18 morts... Actuellement, l'ISAF déplore 1147 morts en Afghanistan et la coalition 4612 morts en Irak.

En Irak, c'est par la lecture répétée des ouvrages des militaires Français David Galula et Roger Trinquier, que le général David Petraeus est parvenu à réduire la violence et a éviter la guerre civile. La stratégie de Petraeus a consisté à accroître les troupes, à obliger les GI's à vivre au sein de la population, à acheter les différentes tribus sunnites pour les retourner contre Al-Qaïda ainsi qu'à réaliser une campagne d'assassinats ciblés contre les têtes de l'insurrection, tout en tentant de contrôler strictement l'information, du champ de bataille à l'opinion publique américaine, voire occidentale. Sur le terrain, de telles méthodes semblent avoir payé.

Mais c'est aussi sur le « théâtre » des opinions publiques des Etats puissants, en l'occurrence et actuellement, les démocraties occidentales, que doivent se gagner de nombreuses batailles des guerres asymétriques. Dans le cas américain, le contrôle de l'information en provenance du champ de bataille irakien n'a pas suffit. Des contre-feux se sont allumés très tôt dans l'opinion, souvent en lien avec d'autres opinions publiques en Occident, permettant ainsi de retranscrire, en plus des faux motifs de guerre, la réalité des combats, la violence, la peur ressentie par les troupes, les dommages collatéraux, les exactions...34(*)

Si les variables technologiques et matérielles peuvent être plus ou moins aisément contrôlées, il en est autrement des variables humaines. A l'heure de l'Occident démocratique et pacifié, bénéficiant de l'Etat de droit, l'enjeu principal des guerres asymétriques réside dans le rapport à la mort de ses sociétés, qui de plus en plus, s'avèrent difficilement capables de subir la violence comme de l'exercer.35(*)

Par ailleurs, soulignons que les lignes qui suivent pourront nous éclairer sur le rapport les rapports existant entre le terrorisme et les Relations internationales.

SECTION III. LE TERRORISME ET LES RELATIONS INTERNATIONALES

Cette section va s'articuler, va s'articuler sur la guerre au terrorisme, les conventions internationales portant sur le terrorisme et l'évènement du 11 septembre.

§1. La guerre au terrorisme : guerre longue, guerre sans fin

A première vue, il peut sembler qu'on est dans une impasse : comment venir à bout des kamikazes - qui est plus libre et imperméable à toute influence ou toute menace que celui qui a admis de sacrifier sa vie ? Ben Laden, réfugié dans un sanctuaire à l'abri de toutes les opérations militaires, vivant une vie spartiate, mais toujours susceptible de communiquer et orientant encore l'action de la nébuleuse, du réseau Al-Qaïda, paraît aussi hors d'atteinte. De plus, à supposer qu'on parvienne à l'abattre, comme ce fut le cas d'Al Zarkaoui, on sait bien qu'il sera inéluctablement remplacé et que les actions terroristes se poursuivront : en Iraq, la mort d'Al Zarkaoui n'a pas réduit le terrorisme.

Partant de là, la prévision pour l'avenir est bien celle d'une guerre longue, voire d'une guerre sans fin ou d'une mission impossible, puisqu'il semble n'y avoir pas d'autre issue que de débusquer et d'abattre tous les terroristes, un par un. 36(*)

Pour apercevoir un horizon moins sombre, il faut s'intéresser à l'autonomie et à la dépendance de la relation terroriste : l'autonomie rend tout effort à des fins thérapeutiques difficile, la dépendance est en revanche un moyen de peser sur la relation terroriste. Cela conduit inévitablement à songer aux «causes» du terrorisme. Ce traitement est classique. Il y a longtemps qu'il est préconisé et il s'agit indubitablement d'une approche efficace - on a pu le constater pour le terrorisme lié aux situations coloniales ou pour le terrorisme sponsorisé par l'URSS, le premier ayant fini avec la décolonisation, le second avec la fin de l'URSS. Cependant, si traiter les causes est relativement facile dans le cas d'une situation coloniale ou d'une revendication sécessionniste, la tâche est beaucoup plus difficile face au terrorisme du 11 septembre, qui oppose à l'Occident un contre modèle. Il y a pourtant un point où manifestement l'effort devrait être appliqué, il s'agit du conflit israélo-palestinien. Trois raisons au moins poussent à le désigner comme point d'application d'un effort nécessaire : il fait partie de la revendication d'Al Qaïda; on a pu constater que, pendant que se déroulait le Processus de Madrid et d'Oslo, le terrorisme avait cessé - il n'a repris qu'au début des années 2000, après le refus par le gouvernement Sharon de reprendre les négociations au point atteint en janvier 2001; quoique les autorités israéliennes s'acharnent à affirmer qu'il n'y a aucun lien entre la question israélo-palestinienne et le terrorisme du 11 septembre, il ne fait aucun doute que, dans l'esprit des Palestiniens comme des masses arabes et musulmanes, une solution à ce problème est un test pour la restauration de la crédibilité des Occidentaux. Le conflit israélo-palestinien est vraisemblablement l'une des clefs d'un retournement de la guerre à la paix. Il y a, en tout cas, assez d'indices en ce sens pour qu'un effort sérieux soit entrepris.37(*)

Selon l'expression utilisée pour le titre de son livre, publié au Seuil en 2004, par Bruno Tertrais, qui introduit une comparaison avec la guerre de Trente Ans, Jean-François guilhaudis L'avenir de la relation terroriste dépend encore, évidemment, de ce qu'on peut appeler la mouvance islamiste, de ce vivier où le terrorisme recrute et se renouvelle, c'est-à-dire aussi des pays arabes et musulmans et de l'évolution de l'Islam en général. Cette remarque renvoie à des considérations telles que la démocratisation des pays arabes et la modernisation de l'Islam. Il dépend enfin, beaucoup d'analystes en sont convaincus, du développement de la misère et de l'oppression qui frappe de nombreux peuples et minorités ou de leur résorption, de ce qu'on appelle le «terreau» dans lequel vit et se fortifie la plante terroriste. 38(*)

Le fait que la relation terroriste de type 11 septembre soit une coproduction n'est pas non plus indifférent du point de vue des solutions permettant de sortir de la guerre. Cela signifie qu'une bonne partie de l'effort à cette fin peut être accomplie par les Occidentaux : il s'agit d'arrêter d'alimenter, enrichir, instrumentaliser ou coproduire la relation terroriste.

Un observateur suggérait récemment aux Etats-Unis de déclarer la «victoire contre le terrorisme». Ce conseil est sans doute difficile à suivre dans la période actuelle, mais certainement judicieux, parce qu'il conduirait aussitôt à renoncer aux ambitions démesurées et au messianisme et à réduire la part du traitement militaire du terrorisme. A supposer que les Etats-Unis, même affaiblis, refusent cette évolution et décident d'en rester au langage de la guerre, il y a une place ici pour des initiatives européennes : il existe certainement un créneau pour un leadership européen sur la voie conduisant à la sortie de la relation terroriste du 11 septembre, de la zone de la guerre.39(*)

Il y a donc encore place pour un certain optimisme, le chaos n'est pas inéluctable. L'absence d'autonomie désigne des relations susceptibles de jouer dans les deux sens. Les facteurs auxquels sont liés le terrorisme et la relation terroriste sont autant de points sur lesquels on peut tenter d'agir pour infléchir l'évolution. On peut ainsi rêver d'une politique américaine moins hégémonique, d'une moindre instrumentalisation du terrorisme, d'une guerre plus mesurée, de politiques d'intégration plus efficaces dans les pays qui accueillent de fortes communautés musulmanes immigrées, d'un effort réel pour imposer une paix juste aux Israéliens et aux Palestiniens, d'une lutte contre la pauvreté plus déterminée. Beaucoup de ces mesures interpellent les Européens et sonnent pour eux comme un défi : ils doivent notamment s'interroger sur leur modèle de société. Cette proposition a été faite par James Fallows, dont l'article paru dans The Atlantic Monthly, a été en partie reproduit dans Le Courrier international, n° 827, 2006. Londres comme Paris ont pu en faire l'expérience douloureuse en 2005. Cf. sur ce point les réflexions très pertinentes de Jean-Marie Colombani («Vivre avec le terrorisme», Le Monde, 27 janv. 2005) émises avant les événements. Sur le problème du multiculturalisme, cf. l'article, très intéressant, de Gilles Kepel, «Fin du Londonistan, fin du communautarisme», Le Monde, 23 août 2005. terrorisme et relations internationales après le 11 septembre 65 Tahar Ben Jelloun, dans «Contre le terrorisme, le sens de la justice», pose que «l'Occident doit changer radicalement sa vision du monde arabe et musulman» et appelle de ses voeux la venue d'un grand homme d'Etat, visionnaire, exceptionnel . Si, dans les efforts pour déconstruire la relation terroriste, la part de travail à accomplir par les Occidentaux est essentielle, il faut aussi que, du côté arabe et musulman, on sorte d'un confortable «c'est la faute à la colonisation, à l'impérialisme américain, etc.» et d'un repli identitaire sur le passé et la religion, qui est une impasse. Peut être le monde arabe et musulman doit-il aussi changer la vision qu'il a de lui-même et des autres. Ce n'est pas en ressassant les malheurs du passé, en désignant sans cesse des coupables ailleurs ou en cherchant à obtenir des gestes de repentance qu'on construit l'avenir.

Par ailleurs, la communauté internationale n'est pas restée taciturne face à ce fléau. Le cas échéant différentes conventions ont été signées sur la question du terrorisme. Dans le paragraphe suivant nous tacherons de nous appesantir là dessus. 40(*)

§2. Les conventions relatives au terrorisme

· CONVENTION INTERNATIONALE CONTRE LA PRISE D `OTAGES.

Adoptée par l'assemblée générale le 17 décembre 1979. Cette convention regroupe 39 Etats signataires et 103 Etats parties. La Convention s'applique à l'infraction de prise d'otages que commet quiconque s'empare d ` une personne ou la détient et menace de la tuer, de la blesser ou de continuer à la détenir afin de contraindre un Etat, une organisation internationale intergouvernementale, une personne physique ou morale a accomplir un acte quelconque ou a s'en abstenir en tant que condition explicite ou implicite de la libération de l'otage.41(*)

· CONVENTION INTERNATIONALE POUR LA REPRESSION DU FINANCEMENT DU TERRORISME.

Adoptée par l'assemblée générale le 9 décembre 1999. Cette Convention s'applique à 132 Etats signataires et a 18 Etats partis. La convention s'applique à l'infraction commise par toute personne qui, directement ou indirectement, illicitement et délibérément, fournit ou réunit des fonds dans l'intention de les voir utilises ou en sachant qu'ils seront utilises, en tout ou partie, en vue de commettre un des actes de terrorisme.

· RESOLUTION 1373 DU CONSEIL DE SECURITE 

Adoptée le 28 septembre 2001. La résolution 1373,fait suite aux attentats du 11 septembre et exprime sa détermination a prévenir tout acte terroriste.

Elle considère que les Etats se doivent de compléter la coopération internationale, en matière d'enquête criminelle, en matière d'échange d'information sur les réseaux et mouvement terroriste. Par ailleurs tous les Etats doivent prévenir et réprimer le financement de tels actes.

La résolution rappelle les liens étroits entre le terrorisme et la criminalité transnationale (drogue, blanchiment d'argent...).Enfin la résolution crée un comite du conseil de sécurité charge de suivre l'application e la résolution.42(*)

En effet, le paragraphe suivant, pourra de façon laconique développer les considérations sur les attentats du 11 septembre.

· CONVENTION DE L'OUA SUR LA PREVENTION ET LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

Convaincus que le terrorisme constitue une violation grave des droits de l'homme, en particulier des droits à l'intégrité physique, à la vie, à la liberté et à la sécurité, et qu'il entrave le développement socio-économique en déstabilisant les États, les Etats membres de l'OUA, ont résolus à éliminer le terrorisme dans toutes ses formes et manifestations. Pour l'OUA Est « Acte terroriste » tout acte ou menace d'acte en violation des lois pénales de l'État

Partie susceptible de mettre en danger la vie, l'intégrité physique, les libertés d'une personne ou d'un groupe de personnes, qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens privés ou publics, aux ressources naturelles, à l'environnement ou au patrimoine culturel, et commis dans l'intention.43(*)

· CONVENTION ARABE RELATIVE A LA REPRESSION DU TERRORISME

Cette convention a été signée au Caire le 22 Avril 1998, en vigueur depuis 7 mai 1999. Cette convention a été adoptée par tous les Etats de la ligue Arabe qui émettent le voeu de promouvoir leur coopération mutuelle aux fins de la répression des infractions terroristes, qui menacent la sécurité et la stabilité de la nation arabe et mettent en péril ses intérêts vitaux.

Les Etats de la ligue arable considère que "Terrorisme" s'entend de tout acte ou menace de violence, quels qu'en soient les motifs ou les buts, qui serait l'instrument d'un projet criminel individuel ou collectif, et viserait à semer la terreur dans la population, à lui inspirer de la peur, en lui portant préjudice ou en mettant sa vie, sa liberté ou son indépendance en péril, à causer des dommages à l'environnement, ou à une installation ou un bien, tant public que privé, à occuper ces installations ou ces bien ou à s'en emparer, ou à mettre en danger une ressource nationale.

. En effet, "Infraction terroriste" s'entend de toute infraction ou tentative d'infraction commise à des fins terroristes dans un Etat contractant, ou contre les ressortissants, les biens ou les intérêts de cet Etat, et qui est punissable par son droit interne. Sont également considérées comme infractions terroristes les infractions visées dans les conventions ci-après, sauf si ces dernières n'ont pas été ratifiées par les Etats contractants, ou si lesdites infractions sont exclues de la loi interne de ces Etats. De ce qui précède, Les Etats contractants s'engagent à ne pas organiser, ni financer ou perpétrer des actes de terrorisme, ni en être complice de quelque façon que ce soit. Fermement résolus à prévenir et à réprimer les infractions terroristes, dans le respect de leurs lois et procédures internes, ils entreprendront.44(*) 

Soulignons par ailleurs que le paragraphe suivant va essayer de démonter comment l'action terroriste de ben Laden réalisée le 11 septembre a remis en cause l'unipolarité.

§3. Le 11 septembre 2001 : La remise en cause de l'uni polarité

A la fin des années 90, la stabilité du monde paraît assurée par la puissance des Etats-Unis mais cette domination provoque sa contestation par des mouvements islamistes, en particulier Al-Qaïda, qui vont utiliser l'arme du terrorisme contre les Américains. Ces derniers vont réagir à la remise en cause de leur puissance.

Depuis la fin de la guerre froide, il était convenu qu'il ne restait qu'une seule puissance, les Etats-Unis. L'aptitude de l'Europe des Quinze, de la Chine ou de la Fédération de Russie à concurrencer la puissance américaine et à mettre fin à cette hégémonie reste discutée. Avec les attentats du 11 septembre, la menace contre la puissance nous amène à relativiser cette hégémonie, même si les discours politiques internationaux n'en ont pas fait état. Cette menace qui a frappé le puissant n'épargne personne : c'est une puissance diffuse qui choisit ses cibles selon une logique qui n'est pas perceptible et rationalisable.

La globalité de la menace a inspiré l'ambassadeur français aux Nations Unies dans la riposte institutionnelle qu'il a organisé. En effet, c'était le tour de présidence de la France en septembre dernier. C'est donc le diplomate en charge de la mission française qui a pris l'initiative de la Résolution 1368 [S/RES/1368 (2001)] adoptée à l'unanimité par les membres du Conseil de sécurité. 45(*)Cette réponse institutionnelle s'inscrit dans une réaction humaine et instinctive, sans conséquence fondamentale sur le droit, contrairement à ce que les tenants mêmes ont pu affirmer. Ainsi l'ambassadeur Levitte a pu affirmer selon le correspondant du Monde aux Nations Unies (New York) : « Nous avons estimé, à l'unanimité, que 6.000 personnes - chiffre avancé le 12 septembre - par des avions civils devenus des missiles n'est plus un acte de terrorisme mais une véritable agression armée » ajoutant que le paragraphe 3 de la Résolution 1368 « représente une véritable avancée juridique permettant au Conseil de sécurité d'étendre la lutte contre l'acte du terrorisme au-delà des terroristes, à ceux qui les aident ou les financent ; c'est ce paragraphe qui a autorisé les Etats-Unis à riposter contre l'Afghanistan, ou plutôt contre les talibans ».46(*)

· CONVENTION DU CONSEIL DE L'EUROPE POUR LA PREVENTION DU TERRORISME

Conscients de la situation précaire à laquelle se trouvent confrontées les personnes du fait du terrorisme et réaffirmant, dans ce contexte, leur profonde solidarité avec les victimes du terrorisme et avec leurs familles, le conseil de l'Europe par la présente Convention cherche à améliorer les efforts des Parties dans la prévention du terrorisme et de ses effets négatifs sur la pleine jouissance des droits de l'homme et notamment du droit à la vie, à la fois par des mesures à prendre au niveau national et dans le cadre de la coopération internationale, en tenant compte des traités ou des accords bilatéraux et multilatéraux existants, applicables entre les Parties. Cette convention fut adoptée en 2005 à Varsovie.47(*)

1. La montée en puissance de l'islamisme.

L'islam est une religion pratiquée par un milliard de fidèles, dont 200 millions d'Arabes. L'islamisme est l'utilisation politique de l'islam. Il est né au XIXe siècle, en réaction à la colonisation européenne, pour « réveiller » la civilisation musulmane. Il peut prendre des formes très diverses : certains veulent moderniser l'islam, d'autres voient au contraire dans la tradition une alternative à la modernité occidentale. En 1979, l'Afghanistan est envahi par l'armée soviétique. Des islamistes viennent aider la résistance afghane : c'est la naissance du jihadisme et la création d'Al-Qaïda par le milliardaire saoudien Ben Laden en 1987. Jusqu'en 1989, l'islamisme est utilisé contre l'URSS par les Etats-Unis et leurs alliés : l'Arabie Saoudite et le Pakistan. La guerre du Golfe bouleverse la donne. De nombreux islamistes sont sensibles aux discours de Saddam Hussein contre « les infidèles qui souillent les lieux saints de l'islam ». Ben Laden rompt alors avec l'Arabie Saoudite. Il s'en prend aux Etats-Unis, restés la seule superpuissance après la disparition de l'URSS et accusés de mener une « croisade » contre l'islam. Dans cette lutte, il s'appuie sur Al-Qaïda, un réseau fortement structuré. L'hégémonie américaine provoque l'opposition de mouvements islamistes qui vont chercher à remettre en cause cette domination en recourant au terrorisme.48(*)

2. L'arme du terrorisme.

Les anciens d'Afghanistan portent le jihad dans d'autres pays. Al-Qaïda devient un réseau terroriste, basé au Soudan, puis en Afghanistan après l'arrivée au pouvoir des talibans en 1996. Le premier attentat important qui lui est attribué touche, le 7 août 1998, les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie (229 morts). Mais, dès 1993, un attentat islamiste avait été commis contre le World Trade Center provoquant la mort de six personnes et 1 042 blessés. Les Etats-Unis s'estiment alors en guerre contre le terrorisme. Mais, ce sont surtout les attentats du 11 septembre 2001 qui marquent le début de cette guerre. Ce jour-là, deux avions percutent les tours du World Trade Center à New York. Un troisième avion s'écrase sur le Pentagone, le ministère de la Défense, près de Washington. Enfin, un quatrième avion, qui visait peut-être la Maison-Blanche, s'écrase en Pennsylvanie. Ces attentats tuent 2 995 personnes dont les 19 terroristes. Diffusé en direct par les télévisions du monde entier, l'attentat de New York crée la stupeur. Les Etats-Unis se révèlent vulnérables sur leur propre sol. Les terroristes ont démontré leur capacité de nuisance technologique et médiatique. L'ampleur et la méthodicité de la préparation font parler d'« hyper terrorisme ». Les guerres classiques entre Etats ne sont plus la menace majeure. D'autant que certains redoutent de voir des armes non conventionnelles tombées aux mains des terroristes. Des mouvements islamistes vont utiliser l'arme du terrorisme pour remettre en cause la domination américaine mais la gravité des attentats du 11 septembre va avoir d'importantes conséquences sur la politique des Etats-Unis.49(*)

3. Les conséquences du 11 septembre.

L'ONU appelle immédiatement à intensifier la lutte internationale contre le terrorisme. Le président américain, George W. Bush, lance dès octobre 2001 une opération militaire en Afghanistan, avec l'aval de l'ONU et le soutien de l'OTAN.

C'est, en effet, dans ce pays que s'est établi Al-Qaïda et son chef Ben Laden. Le régime des talibans est renversé. Des centaines des jihadistes sont transférés dans la base américaine de Guantanamo (Cuba). Ils y sont détenus dans des conditions contestées avec le statut de « combattants illégaux » défini par l'USA Patriot Act. L'Irak est envahi en mars 2003, George W. Bush affirmant sans preuves claires que Saddam Hussein est lié à Al-Qaïda et qu'il détient des armes non conventionnelles. Cette opération, menée sans l'accord de l'ONU et malgré l'opposition de certains alliés comme la France, alimente les critiques contre les Etats-Unis. Elle nourrit donc le terrorisme, qui est loin d'avoir disparu comme le montrent les attentats commis à Madrid en 2004 (191 morts) ou à Londres en 2005 (56 morts). A près les attentats du 11 septembre, la vision américaine des relations internationales a durablement changé. George W. Bush a rapidement invoqué la légitimité d'une guerre préventive contre le terrorisme et contre l'« Axe du mal », c'est à- dire les Etats soupçonnés d'aider les organisations terroristes. Les attentats ont accentué la tendance unilatérale américaine de la fin des années 90. 50(*)La politique américaine mêle ainsi défense de la démocratie, défense de la sécurité et des intérêts américains et le droit d'ingérence préventif. La lutte entre le terrorisme islamique et les Etats-Unis fait rentrer les relations internationales dans une nouvelle dynamique où ce ne sont plus des Etats qui s'affrontent entre eux mais des mouvements informels à des Etats. L'étude successive de la guerre du Golfe, du siège de Sarajevo et des attentats du 11 septembre montre une évolution dans le fonctionnement des relations internationales depuis la chute du communisme jusqu'à aujourd'hui.51(*)

Conclusion

Retenons grosso modo que le terrorisme est une question à résonnance planétaire d'autant plus que ses effets se rependent dans tous les confins du monde. Devenant ainsi comme un fléau du siècle, la communauté internationale s'est lancée dans une lutte sans merci et tous azimutes afin de l'éradiquer. Nous retenons aussi que le terrorisme est un recours illégitime à la violence visant à instaurer un climat de peur et d'insécurité à des fins politiques. Soulignons mêmement que Le terrorisme n'est pas synonyme de "guérilla" même s'il y a des regroupements dans les objectifs et dans les méthodes. La guérilla est une stratégie militaire qui se rapproche des principes de la guerre régulière. Au contraire, les terroristes toujours clandestins maintiennent leur caractère de petit groupe secret.

Nous tenons aussi à préciser que le chapitre suivant va nous présenter de façon large la nébuleuse Al-Qaïda.

CHAPITRE II : LE RESEAU AL-QAÏDA

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, Al-Qaïda et son dirigeant emblématique, Oussama Ben Laden, sont au centre des préoccupations de la communauté internationale, garante de la sécurité dans le monde. La nébuleuse terroriste prône l'unité de l'islam, sorte d'universalisme musulman, le djihad contre les "judéo-croisés" et la restauration du califat. Pourtant, Al-Qaïda, dans sa genèse et sa structure, son idéologie et sa stratégie, son financement et ses techniques de recrutement, reste une organisation transnationale méconnue.

La guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis a détruit les bases d'Al-Qaïda en Afghanistan depuis la chute des talibans, régime hôte de ces "nouveaux martyrs d'Allah". Mais, délogée de ses anciens fiefs, l'organisation reste opérationnelle à l'échelle planétaire et a commandité plusieurs actes terroristes. Bien qu'affaiblie, Al-Qaïda reste une menace pour la paix dans le monde, notamment dans les pays occidentaux contre lesquels Ben Laden a lancé la guerre sainte mais aussi contre la présence occidentale dans certains pays. Les attentats de Madrid, le 11 mars 2004, faisant 191 morts et près de 2 000 blessés, et ceux de Londres, le 7 juillet 2005, avec plus de 50 morts et des centaines de blessés, montrent qu'Al-Qaïda peut frapper au coeur de l'Europe occidentale et qu'une réponse coordonnée des Etats européens est nécessaire.52(*)

SECTION I : GENESE DU RESEAU

Pour une chronologie étapiste de l'histoire du réseau Al-Qaïda, cette section tachera de parler de la guerre contre l'armée rouge, de la guerre de l'Arabie Saoudite et de l'Islam contre la décadence des judéo croisés.

§1. De la guerre contre l'armée rouge à la guerre civile

Dans les années 1970, des groupes d'intellectuels de tendance islamiste - salafistes, wahhabites et Frères musulmans - émergent en Afghanistan et déclarent le djihad contre les "impies" communistes à la tête du pays. En décembre 1979, pour écraser la menace islamiste, le régime communiste de Babrak Karmal appelle l'armée rouge à la rescousse. Les troupes soviétiques se heurtent aux moudjahidins et aux Etats-Unis. Parmi les moudjahiddins, Oussama Ben Laden, équipé par la CIA, s'allie au Pachtoune Gulbuddin Hekmatyar et se distingue lors de la bataille dite de la "tanière du lion", où il résiste pendant sept jours aux forces ennemies, en novembre 1987. C'est l'acte de naissance d'Al-Qaïda. En 1989, au moment du retrait soviétique, Al-Qaïda soutient les islamistes regroupés sous l'égide de Gulbuddin Hekmatyar, qui renverse le régime du président Najibullah en 1992.

Les deux tendances islamistes au pouvoir - les radicaux du premier ministre, Gulbuddin Hekmatyar, et les modérés de Massoud - s'affrontent. Pour mettre un terme à la guerre civile, Al-Qaïda s'appuie sur les talibans, qui émergent en 1994. D'origine pachtoune et issus des écoles coraniques, ces fondamentalistes prennent Kaboul en 1996. Al-Qaïda est assurée de leur soutien idéologique et matériel. Oussama Ben Laden se rapproche de leur chef, le mollah Omar, qui refuse de l'extrader comme le demandent les Etats-Unis.

De cette guerre, Al-Qaïda s'est également livré à la lutte sans merci contre les envahisseurs de l'Arabie Saoudite. Le cas échéant, le paragraphe suivant tachera de nous montrer comment Ben Laden s'est opposé au président saoudien qui a fait venir les américains afin de chasser les envahisseurs.53(*)

§2. La lutte contre les envahisseurs de l'Arabie Saoudite

Pendant la guerre menée par l'URSS en Afghanistan, Oussama Ben Laden et les Etats Unis ont en commun de vouloir chasser les Soviétiques du pays : l'un veut lutter contre les envahisseurs, les autres sont motivés par la guerre froide. Cette entente objective prend fin au début des années 1990, lors de l'invasion du Koweït par l'Irak. En Arabie saoudite, Oussama Ben Laden tente de convaincre le roi Fahd de ne pas faire appel aux soldats occidentaux et propose de mettre à disposition ses propres légions. La proposition se heurte au pacte de Quincy de 1945 sur la coopération entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis : l'Arabie saoudite assure aux Etats-Unis un quasi-monopole du pétrole contre une protection militaire. En vertu de ce même pacte, dix mille militaires américains se rendent sur le sol arabe et y stationnent après la guerre du Golfe. Oussama Ben Laden accuse alors l'Arabie saoudite d'avoir accepté sur son territoire ceux qu'il considère comme des envahisseurs. 54(*)En 1995, il est soupçonné d'être le responsable des attentats de Riyad dirigés contre des ressortissants américains. En 1996, il déclare la guerre "aux Américains qui occupent les deux lieux saints", leur reprochant d'avoir brisé l'inviolabilité de la péninsule Arabique, d'intervenir dans la vie politique de l'Arabie saoudite et surtout dans le mode de vie saoudien. En 1998, il élargit cette fatwa à tous les Américains, laquelle se traduit bientôt par des attentats perpétrés dans le monde entier.

Après cette lutte, les judéo croisés ont connu une décadence à outrance et les lignes qui suivent vont le démonter.

§3. L'islam contre la décadence des judéo-croisés

Al-Qaïda joue sur deux tableaux, celui de la guerre et celui de la prédication. Lorsque l'organisation traque les Américains, elle dénonce les valeurs de l'Occident et y oppose les principes fondamentaux de l'islam. Son objectif est de recréer la communauté religieuse des origines de l'islam, l'oumma. Al-Qaïda souhaite une application à la lettre du Coran, et donc le respect de moeurs extrêmement strictes, telles que les cinq prières quotidiennes, l'interdiction absolue de consommer de l'alcool, de s'adonner aux chansons, aux jeux, au théâtre. Elle impose le port obligatoire de la barbe et de la robe traditionnelle pour l'homme et celui du voile pour la femme, qui doit demeurer à la maison.

Elle s'oppose aux "judéo-croisés" (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Israël), en référence à l'époque où les chrétiens occupaient Jérusalem. Elle rejette tout compromis avec ces non-musulmans et refuse tout emprunt à leur civilisation. 55(*)La démocratie et les droits de l'homme pervertissent les moeurs ; Occident rime avec décadence. Oussama Ben Laden utilise ce rejet global de la civilisation occidentale comme dénominateur commun de l'unité du monde arabe. Cette conception manichéenne du monde est la base de son panislamisme, qui s'était autrefois illustré sous Abdul Hamid II, sultan de l'Empire ottoman, peu avant la première guerre mondiale.56(*)

En effet, il va sans dire que la prochaine section gravitera à fond sur l'organisation du réseau Al-Qaïda.

SECTION II : ORGANISATION

Dans la présentation de l'organisation du réseau Al-Qaïda, cette section parlera sur le modus operandi dans le recrutement, des principes de la nébuleuse et son financement.

§1.Recrutement organisé

· Des écoles coraniques au service d'Al-Qaïda

Le premier foyer de recrutement d'Al-Qaïda se fait par l'intermédiaire de madrasas, écoles coraniques qui prêchent un islam radical. Historiquement et stratégiquement, l'université d'Islamabad au Pakistan est, pour Al-Qaïda, le plus important de ces établissements. Elle a été fondée par le prince saoudien Turki Ibn Fayçal l'année de l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques. Cette école forme un grand nombre d'islamistes et servirait de paravent pour faire venir des combattants arabes. Dès son ouverture, l'université a employé Abdallah Azzam, maître à penser de Ben Laden et instigateur de la légion islamique composée de volontaires venus de tout le Proche-Orient. L'hébergement et la canalisation des militants formés dans les autres madrasas se fait par l'intermédiaire du "Bureau des services" (Maktab Al Khedamat) fondé par Abdallah Azzam à Peshawar, puis repris par Ben Laden à partir de 1989. Le système est calqué sur le schéma que suivaient traditionnellement les talibans, anciens étudiants des réseaux de madrasas situées sur la frontière afghane-pakistanaise. Al-Qaïda se sert également de l'ensemble des écoles coraniques disséminées à travers le monde pour recruter ses nouvelles générations de militants dont les "cadres", ceux qui dirigeront les attentats en Occident, sont sélectionnés à l'issue de contacts individuels dans des mosquées européennes, comme ce fut le cas pour Zacarias Moussaoui.

· à la sortie des mosquées occidentales

Dans son recrutement, Al-Qaïda puise dans un milieu de jeunes souvent très occidentalisés mais qui ont trouvé dans l'islam la théorisation d'une contestation de l'ordre établi et la réponse à une mondialisation impulsée par les Etats-Unis. En Europe, ce recrutement touche le plus souvent les jeunes désoeuvrés des quartiers difficiles : il se fait par l'intermédiaire de mouvements salafistes dont l'essor inquiète les pouvoirs publics. Certains groupes, comme le Groupe salafiste de prédication et de combat (GSPC), implanté en Algérie, et le Takfir, originaire d'Egypte, critiquent les gouvernements et prêchent la révolte et la désobéissance civile. Une organisation de ce type existerait à Sartrouville (France). Mais les plus radicaux partent à Londres, pour rejoindre le cheikh Abou Hamza.

En France, le salafisme est devenu véritablement visible en 1995. Aujourd'hui, il est présent dans toute l'agglomération parisienne et en province. Les plus extrêmes se réclament du Takfir. Sa branche européenne a adhéré en 1999 à la mouvance internationale d'Oussama Ben Laden.57(*)

Les salafistes ne gèrent pas de mosquées, à quelques exceptions près comme celles de La Duchère et des Mureaux (Yvelines). Le plus souvent, ils jettent leur dévolu sur un lieu de culte et abordent les jeunes à la sortie de la mosquée.

Quelques filières du djihad vers l'Irak, la Tchétchénie ou d'autres terres de la guerre sainte ont été démantelées en France ou ailleurs dans le monde, notamment dans les pays occidentaux.

· La formation aux techniques militaires

Les recrues d'Al-Qaïda reçoivent un même type de formation basée sur l'apprentissage de techniques militaires. Tous transitent par le Pakistan pour gagner des camps d'entraînement afghans. Abou Zoubeyda, qui appartient à l'état-major opérationnel d'Al-Qaida, est chargé de la réception des volontaires. Il accepte ou rejette les candidatures, s'occupe des dépenses dans les camps ainsi que des arrivées et des départs. Les élus - 50 à 100 par camp - sont classés en trois catégories : ceux qui combattent en Afghanistan, ceux qui sont renvoyés en Occident pour y monter des réseaux terroristes, et ceux qui dirigeront les attentats.

Le séjour en Afghanistan dure de cinq à six mois. Les recrues subissent à la fois un conditionnement intellectuel et religieux, un entraînement physique puis un apprentissage de techniques militaires : maniement d'armes, gestion des explosifs et des moyens de communication. L'enseignement porte principalement sur les méthodes de la guérilla urbaine et le sabotage. Ceux qui reviennent en Occident se retrouvent souvent dans de petites cellules avec des combattants aussi expérimentés qu'eux. D'où la naissance d'un fort sentiment de solidarité.

Depuis la guerre en Irak, de nouveaux foyers d'Al-Qaida ont été créés un peu partout sur le territoire irakien. Le chef d'orchestre de ce réseau irakien d'Al-Qaïda a longtemps été Abou Moussab Al-Zarkaoui, un jordanien, abattu le 8 juin 2006 par les forces américaines.58(*)

· Mutation permanente au sommet

Recherchée par tous les services de renseignement américains et européens, la direction d'Al-Qaïda est amenée à se déplacer, à évoluer et à s'adapter en fonction de contextes mouvants. De nombreux membres du réseau terroriste agissent dans l'ombre des chefs jusqu'à ce qu'ils prennent la relève. Morts, blessés ou en fuite, Ben Laden et ses lieutenants sont "apparemment" dans l'incapacité de diriger les opérations. De plus, le second de Ben Laden, Ayman Al-Zawahiri, est vivement contesté en interne depuis que les islamistes ont été mis en échec en Afghanistan par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.

Selon le Washington Post, la relève du directoire serait assurée par un groupe de six hommes dispersés dans différentes régions du monde arabe : deux Egyptiens, dont un ancien des forces spéciales de l'armée égyptienne, Saif Al-Adeletun, et un financier, Abdullah Ahmed Abdullah ; un Indonésien, Riduan Islam Uddin, chargé de toute la région du Sud-Est asiatique et qui pourrait être impliqué dans l'attentat de Bali ; un Jordanien, Abou Moussab Zarquaoui, chargé de la planification des attentats ; un Saoudien ou Yéménite, Taoufik Ben Atash, également planificateur d'attentats, et Rahim Al-Nashri, coordinateur opérationnel. La force de l'organisation : les membres peuvent sans cesse se renouveler, indépendamment d'un état-major central.59(*)

En dehors du recrutement qui s'effectue de manière organisée, le réseau est guidé par un principe que nous présentons dans les lignes qui suivent.

§2. Le principe de la nébuleuse

Contrairement aux mouvements terroristes des années 1970 et 1980, Al-Qaïda n'est pas organisée en cellules ou en structures pyramidales. Littéralement, Al-Qaïda signifie "la base". Ce terme désigne en fait un camp dans les environs de Jalalabad, en Afghanistan, dans lequel étaient entraînés des volontaires issus de la mouvance islamiste en guerre contre les Soviétiques.60(*)

Al-Qaïda est devenue une organisation structurée en 2000-2001. Elle a à sa tête un chef, Oussama Ben Laden, à qui ne revient pas forcément tout le pouvoir décisionnaire. Il s'appuierait sur d'autres membres influents. Dépendant de ce chef, un conseil consultatif religieux (majlis al-shura) se compose des responsables chargés de débattre et éventuellement d'approuver les actions politiques d'Al-Qaïda, comme les attentats, au regard des préceptes stricts du Coran.

A un troisième niveau, se trouveraient quatre comités soumis au majlis al-shura : le comité militaire (recrutement, entraînement), le comité financier (développement de structures matérielles et financières), le comité juridique et religieux (qui théorise et justifie les prises de décision et les actions) et le comité d'information (relations publiques et diffusions internes). Cette hiérarchisation décisionnaire est probablement plus complexe et soumise à des luttes internes.

· Des membres présents dans une cinquantaine de pays

Le réseau d'Al-Qaïda est présent dans environ cinquante Etats. L'Afghanistan, la Grande Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne ou le Danemark servent de bases arrière, alors que les Etats-Unis, l'Inde, la France sont plutôt des pays cibles, qui abritent souvent des cellules dormantes. Al-Qaïda est aussi reliée à la chaîne mondiale d'organisations islamistes et dispose d'une réserve de combattants importante, tous préparés à l'action terroriste. Dans l'espace arabo-musulman, les organisations islamistes du réseau Al-Qaïda sont parfois abritées par des Etats ou zones en guerre (voir carte). Elles mènent aussi d'autres combats dont Al-Qaïda n'est pas l'instigateur.

En Europe, la Grande-Bretagne est considérée comme la plaque tournante de l'islamisme radical. La France abrite deux organisations fortement soupçonnées d'être liées à Al-Qaïda : le Talaa Al-Fath et le groupe de Roubaix. Leur action, différente de celle des organisations du Proche-Orient, procéderait plus du réseau de propagande que de l'entraînement militaire, technique plus adaptée aux mouvements implantés au Proche-Orient et en Asie. En 2001, 2 700 membres présumés d'Al-Qaïda ont été arrêtés avec l'aide de quelque 90 pays.61(*)

· Les organisations islamistes du réseau AL-Qaida dans l'espace arabo musulman

62(*)

Soulignons en effet que la suite nous expliquera comment Al-Qaida trouve les brèches de financement.

§3. Financement

· Un réseau largement financé par les ONG islamiques

Dans le monde arabe, de nombreuses organisations à but humanitaire et social financent le réseau Al-Qaïda. Leur rôle officiel est de construire des mosquées et de soutenir des projets d'infrastructure ou de développement. La plupart sont implantées en Arabie saoudite. La plus importante est la Ligue islamique mondiale, créée à La Mecque en 1962, et chargée de défendre les minorités islamistes contre l'Occident. La fondation Al-Haramein est basée à Riyad et son objectif premier est de lutter contre l'invasion des non-musulmans.

Deux banques privées, la Maison de l'argent islamique et la banque musulmane Dallah Al-Baraka, ont permis la création d'une vingtaine d'ONG installées au Pakistan. Deux d'entre elles sont particulièrement mises en cause aujourd'hui. La première, l'IIRO (International Islamic Relief Organization) est une filiale de la Ligue islamique, qui aide les musulmans touchés par des guerres ou des catastrophes naturelles. Elle est financée par les dons des familles saoudiennes et par la zakat, un impôt dicté par le Coran, inséparable de la prière, censé soutenir les progrès de la foi. La seconde est l'ISRA (Islamic Relief Agency). Toutes ces ONG ont des bureaux en Europe et aux Etats-Unis, et sont donc difficilement contrôlables. Elles détourneraient l'argent destiné à l'islam afin de financer le terrorisme d'Al-Qaïda.63(*)

· Fortune personnelle et sociétés internationales

Le financement d'Al-Qaïda provient de la fortune personnelle d'Oussama Ben Laden, évaluée à 30 millions de dollars, selon l'ONU. Elle est issue en partie de l'héritage de son père, mort en 1967, un entrepreneur d'origine yéménite travaillant pour la famille royale saoudienne et qui aurait laissé à son fils 11 milliards de dollars. Oussama Ben Laden a également bénéficié de l'aide des familles fortunées d'Arabie saoudite mais aussi du Pakistan, sans oublier les Etats-Unis, qui l'ont financé lors de la guerre menée par les Soviétiques en Afghanistan.

L'ONU chiffre également ses investissements immobiliers, notamment en Europe, à des centaines de millions de dollars. Ben Laden est aussi à la tête de nombreuses sociétés du bâtiment et de travaux publics. A travers son association Beit Al-Ansar ("la maison des compagnons"), il fait construire des infrastructures en Afghanistan dans les années 1980, puis il investit dès 1991 dans l'agriculture et dans le réseau routier du Soudan, où il implante Akik, une société de BTP. Il y crée aussi une banque, la banque Al-Chamal. Ben Laden se trouve ainsi à la tête d'une nébuleuse financière aux ramifications internationales, qui sert à financer ses activités terroristes et alimente la révolution islamiste dans le monde entier. Ben Laden est aussi le bailleur de fonds du Groupe islamique armé (GIA) en Algérie, du Djihad islamique en Egypte et des organisations islamistes en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande et aux Philippines.64(*)

· Transferts d'or et trafic de drogue

Al-Qaïda utilise le système de l'hawala ("transfert" en arabe), qui consiste à faire des transactions d'un pays à un autre sans passer par les banques. Les fonds sont fournis dans un pays et remboursés dans un autre. L'achat et le stockage d'or sont également prisés par l'organisation, car ces transactions ne sont pas repérables par les banques. Un autre réseau souterrain est celui de la drogue.

En 1982, lors de son séjour en Afghanistan, Oussama Ben Laden rencontre Gulbuddin Hekmatyar, un Pachtoune, à la tête de la culture du pavot dans la province de Helmand.

Oussama Ben Laden développe un trafic d'opium destiné aux pays occidentaux, ainsi qu'un trafic d'héroïne que reprennent ensuite les talibans. Ils autorisent toutefois l'organisation à prélever des taxes sur la production d'opium. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la priorité des Etats-Unis était de lutter contre cet argent sale. 65(*)L'ONU a établi une liste de personnes et de groupes suspects : la "quête verte" (Green Quest) impose à toute personne quittant le territoire américain avec plus de 10 000 dollars de les déclarer à la douane. Après un an de traque, le Trésor américain a annoncé que 112 millions de dollars avaient été gelés. Mais selon un rapport de l'ONU daté de septembre 2002, la fortune du réseau Al-Qaïda reste importante - et vague : entre 30 et 300 milliards de dollars. L'organisation recevrait encore aujourd'hui environ 16 millions de dollars de dons par an.66(*)

De ce qui précède, remarquons que le réseau Al-Qaida regorge une organisation si étonnante confectionnant des stratégies de guerre que nous verrons dans les lignes suivantes. 67(*)

SECTION III : STRATEGIE DE LA TERREUR

Cette section qui parle sur la stratégie de la terreur présente les stratégies utilisées par la nébuleuse, ses objectifs et le fondamentalisme.

§1. Les stratégies

· La légitimation de la violence

Le djihad est l'équivalent musulman du concept de guerre sainte. Il comprend deux acceptations. Le grand djihad désigne l'effort individuel fourni contre ses propres pulsions et tentations. Le petit djihad s'inscrit dans la défense et l'expansion de l'islam, seul recours légitime à l'action armée dans la religion musulmane. A l'origine, il s'agissait d'obtenir la conversion à l'islam ou la soumission à l'autorité musulmane. Hassan Al-Tourabi, une figure importante de l'islamisme, considère comme légitime un tel recours à la violence contre tout pouvoir politique incompétent, dans le respect de la religion et "en évitant que les débordements intervenus sous l'influence de la colère affectent les étrangers et les innocents". 68(*)Ce type d'action est principalement dirigé contre les régimes des pays musulmans. Oussama Ben Laden, qui prône une lutte offensive, considère que ce djihad doit, en outre, être mené contre les pays occidentaux. L'incitation au djihad a été utilisée à différents moments de l'histoire des peuples musulmans, comme lors de la décolonisation, dans les années 1950-1960, ou encore en réponse à la présence des troupes américaines sur le territoire saoudien depuis les années 1990. C'est dans ce contexte que s'inscrit la fatwa rédigée le 23 février 1998, qui appelle au djihad pour la libération des lieux saints musulmans.69(*)

· Privilégier les coups d'éclat très meurtriers

L'action d'Al-Qaïda ne se démarque pas à proprement parler des autres formes de terrorisme : comme de nombreux groupes extrémistes, l'organisation a adopté l'attentat à l'explosif, le détournement d'avion ou les actes suicidaires. Elle en améliore plutôt les techniques et se distingue par le caractère spectaculaire des résultats. Il semble toutefois qu'avec les attentats du 11 septembre 2001, Al-Qaïda se soit engagée vers de nouvelles méthodes, celle des "avions-suicides".

Chaque attentat est en fait le résultat d'un plan d'action défini longtemps à l'avance. Depuis quelques années, Al-Qaïda aurait déterminé environ 150 cibles à travers le monde et les prochaines vagues d'attentats seraient déjà théoriquement élaborées.

La mise en route d'un attentat relève d'une véritable division du travail. A l'origine, l'ordre est donné par un décideur en Afghanistan. Les opérations sont ensuite structurées localement de manière autonome, mais dirigées par un cadre passé par l'Afghanistan. Cette phase de préparation est relativement longue, ce qui explique en partie le faible nombre d'attentats. Le but est de marquer les esprits : le coup d'éclat est préféré à une quantité de petites actions. Dans la même optique, Al-Qaïda privilégie les pertes humaines aux dégâts matériels : le nombre de victimes des attentats du 11 septembre 2001 (près de 3 000 morts) en est un exemple flagrant. Enfin, l'organisation ne revendique pas systématiquement ses actions.70(*)

· Maîtrise de la communication

Al-Qaïda a eu recours aux chaînes de télévision pour diffuser des vidéos circulant par ailleurs au sein des mosquées. La chaîne de télévision qatarie Al-Jazira a joué un rôle-clé en diffusant au compte-gouttes ces messages du mollah Omar ou d'Oussama Ben Laden, fournis par la société Mouassate Essihab ("les nuages"), véritable "cellule vidéo" d'Al-Qaida.

Quelques années auparavant, le cheikh Youssef Al-Qardhawi, auteur d'une émission consacrée à la prédication sunnite sur Al-Jazira, confiait que l'action armée "n'aplus de sens aujourd'hui où l'on dispose d'Internet et de la télévision par satellite, la propagation et l'expansion de l'islam, le prosélytisme pouvant s'y dérouler sans violence". Al-Qaïda sait se servir des médias, vitrines du djihad, et le réseau utilise l'information comme un moyen de propagande et de terreur. Al-Jazira, qui entretiendrait des liens privilégiés avec Al-Qaïda, a bénéficié de l'exclusivité de ses révélations et profité de sa situation privilégiée, à Kaboul, sous les raids américains. Les vidéos peuvent également contenir des messages codés destinés au lancement d'actes terroristes à travers le monde. Internet permet par ailleurs aux extrémistes musulmans de diffuser leur idéologie, par des messages camouflés dans des photos, des morceaux de musique ou des vidéos.

En dehors de l'organisation qui parait fracassante et une organisation remarquable, Al-Qaïda fonctionne partant d'un principe qui est le fondamentalisme. 71(*)

§2. Le fondamentalisme

· Les deux piliers de l'islamisme d'Al-Qaïda

Fondé par Mohammed Ibn Abd Al-Wahhab (1703-1792) au XVIIIe siècle, le wahhabisme prône un retour à la pureté originelle de l'islam et s'impose en Arabie saoudite grâce à l'alliance des descendants d'Ibn Abd Al-Wahhab et de ceux d'Ibn Séoud, fondateur du premier royaume saoudien. L'islam wahhabite est codifié et part d'une lecture très littérale du Coran où la loi (la charia) est interprétée dans toute sa rigueur. Il condamne le culte des saints, prohibe l'alcool et le tabac, et maintient des châtiments comme la lapidation des femmes adultères. 72(*)Cette lecture stricte exclut toute interprétation ou évolution culturelle ultérieure même venue du monde musulman. C'est ce refus catégorique en vertu duquel Al-Qaïda appelle au djihad (guerre sainte). Emanation du sunnisme, le salafisme se forge au milieu du XIXe siècle. Ce courant de pensée, porté entre autres par Jamal Addin Al-Afghani (1838-1897), se réfère aux premiers siècles de l'islam, véritable âge d'or de la religion musulmane. Il analyse le déclin du monde musulman et cherche les voies d'une modernité arabo-musulmane. Cette vision salafiste sera réinterprétée par certains vétérans de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan pour lesquels le djihad doit combattre l'ensemble des "infidèles", au sens le plus vaste. Le "salafisme djihadiste" dérive dans le terrorisme d'Al-Qaïda.

· La reconstitution de l'oumma universelle

L'idéologie radicale d'Al-Qaïda est fondamentalement transnationale. Cette forme d'islamisme rejette le concept d'Etat-nation, considéré comme une hérésie, et prône celui de l'oumma, c'est-à-dire d'une communauté rassemblant les fidèles du monde entier, comme au temps des prophètes. Une communauté qui, pour beaucoup de musulmans, est une manière de désigner universellement ceux qui partagent leur religion mais existe de façon abstraite. Les actions d'Al-Qaïda se réalisent, elles, au nom de la véritable restauration ou réalisation de cette grande nation musulmane.

Pour Al-Qaïda, le retour à cet islamisme premier passe par une purification de tous les apports humains qui l'ont détourné de sa voie initiale. Dans cette optique, le renversement de la culture dominante - l'occidentalisme sous sa forme américaine - est nécessaire à la reconstitution de l'oumma universelle.73(*)

A l'heure de la mondialisation, ce néo-fondamentalisme s'est compliqué en se fondant également sur les contestations anti-impérialistes traditionnellement laïques et tiers-mondistes. La portée globale de ces deux idéologies permet à Al-Qaïda de s'adresser, au-delà des frontières, aux musulmans qui ne se reconnaissent ni dans un territoire ni dans un Etat donné. Tout se passe comme si Al-Qaïda avait islamisé et radicalisé la mondialisation en la considérant comme le premier acte de la restauration de l'oumma universelle.

· L'islam réduit à un code

L'idéologie néo-fondamentaliste dont se réclame Al-Qaïda encourage un véritable phénomène de déculturation. Elle refuse tout compromis religieux mais aussi culturel, de sorte que l'art, la musique, la littérature, la philosophie ainsi que tous les emprunts aux autres cultures sont bannis. Selon l'organisation traditionnelle de l'islam, l'interprétation de la loi et l'enseignement sont confiés aux oulémas. Lorsque l'ouléma est d'obédience wahhabite, ou que l'enseignement est "wahhabisé", le savoir se réduit à une version littérale et rigoriste des textes sacrés. Les grandes cultures du monde musulman sont marginalisées au profit d'un contenu pédagogique restreint aux codes de comportement et à la dévotion. Avec cet endoctrinement, l'islam se réduit à un code, complété par des fatwas, des ordonnances sur ce qui est licite ou illicite. Certaines fatwas sont même injonctives et Al-Qaïda a parfaitement su les utiliser.

Ce radicalisme islamique "prêt à l'emploi" est aisément diffusable sur Internet, et peut être inculqué par de jeunes oulémas. Un processus facilite les méthodes de recrutement d'Al-Qaïda. Progressivement coupé de toute structure sociale ou étatique, le futur terroriste n'a d'autres références que celle de l'obéissance stricte à la charia, renchérie de fatwas qui sont autant d'appel au djihad. La place de l'oumma universelle conduit à terme à la restauration du califat.

Il est important de souligner que lutte mener par le réseau n'est pas aléatoire, nonobstant, elle se fait suivant des objectifs qui nous seront éclairer dans les phrases suivantes.74(*)

§3. Objectifs

· Le grand califat, un mythe fédérateur

Al-Qaïda reprend le mythe du grand califat pour développer ses réseaux à un niveau international. Le temps des quatre califes qui succédèrent au Prophète, entre 632 et 661, avait vu le message de l'islam se répandre rapidement à travers le Proche-Orient et le Maghreb, par la conquête et la conversion. Depuis, cette période est renversée par de nombreux mouvements islamistes comme le seul moment de l'histoire islamique où une véritable société musulmane a existé.75(*)

Dans ses dernières déclarations, Ben Laden appelle à la restauration de cette période mythique pour redonner vie à la notion d'oumma, la communauté des croyants. Le but est de toucher l'ensemble du monde musulman. L'autre objectif est de mobiliser cet ensemble contre les Etats-Unis, sans tomber dans le piège du nationalisme comme l'Iran l'a fait durant les années 1980 en instaurant l'islamisme dans un seul pays. Cette position confirme une évolution certaine des chefs d'Al-Qaïda du wahhabisme vers le salafisme. Ben Laden a tourné le dos à sa période "saoudienne" au début des années 1990 et le concept du califat, refusé au XVIIIe siècle par Mohammed Ibn Abdel-Wahhab, occupe une place importante dans le discours salafiste.76(*)

Si Al-Qaïda est une mouvance clairement internationaliste, elle ne développe aucun programme sur ce que serait une société entièrement islamique

· Libérer les lieux saints

L'antiaméricanisme d'Al-Qaïda voit le jour au début des années 1990. Ben Laden reproche à ses anciens protecteurs saoudiens d'avoir permis aux Américains de fouler le sol sacré de l'Arabie saoudite et d'y faire stationner leurs troupes depuis la guerre du Golfe (1990-1991). Le leader d'Al-Qaïda, jusque-là hostile à Saddam Hussein et à sa politique laïque et hégémonique, change d'attitude à l'égard du chef d'Etat irakien et mène campagne contre le Satan américain.77(*)

Le 23 août 1996, Ben Laden, hôte des talibans, lance depuis l'Afghanistan une "Déclaration de guerre aux Américains qui occupent les deux lieux saints [La Mecque et Médine]".

Dans une fatwa du 23 février 1998, Al-Qaïda élargit le domaine de la lutte en appelant à "tuer les Américains partout dans le monde". Rédigée par le Front islamique mondial pour le Djihad contre les juifs et les croisés, et signée par Ben Laden et Al-Zawahri (l'idéologue d'Al-Qaïda), la fatwa est publiée quelques mois avant les deux attentats contre les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya en août 1998. Al-Qaïda a ensuite systématiquement visé des cibles américaines (le destroyer USS Cole en 2000, le World Trade Center en 2001), avant de s'en prendre aux ressortissants des pays proches des Américains : l'attentat de Djerba, le 11 avril 2002, visait des touristes allemands en Tunisie, celui de Karachi, le 14 juin 2002, des Français et celui de Bali, le 12 octobre 2002, des touristes australiens notamment.

Les revendications de Ben Laden portent aussi sur la libération de Jérusalem et sur l'élargissement du cheikh Omar Abdel Rahman, emprisonné aux Etats-Unis pour le premier attentat contre le World Trade Center en 1993.78(*)

· La fabrication de bombes "sales" et le contrôle des pipe-lines

L'un des objectifs d'Al-Qaïda est l'acquisition d'armes dissuasives telles que l'arme nucléaire. De sérieuses sources avancent qu'Al-Qaïda aurait tenté, ces dix dernières années, de se procurer des bombes "perdues" ou "égarées" lors de la chute de l'empire soviétique. Toutefois, le scénario le plus redouté par les Occidentaux n'est pas la possession ou la fabrication de telles armes : ce travail réclame des moyens financiers considérables et nécessite des compétences, des équipes et des infrastructures qu'Al-Qaïda n'a pas.

En revanche, Al-Qaïda est soupçonnée de vouloir mettre au points des bombes "sales", engins classiques remplis de déchets radioactifs qu'elle se procurerait au Pakistan ou en Afrique du Sud. En 2002, de l'uranium aurait même été découvert dans une ancienne base d'Al-Qaïda en Afghanistan : la quantité était suffisante pour fabriquer une bombe "sale". 79(*)L'autre priorité d'Al-Qaïda est la maîtrise des ressources énergétiques comme le contrôle des pipe-lines et gazoducs en Afghanistan, passage obligé de la distribution des ressources d'Asie centrale. Elle étend également ses réseaux à l'intérieur d'Etats

Producteurs de pétrole en Afrique (Soudan), au Proche-Orient (Iran, Irak, Arabie saoudite...), dans le Caucase (Tchétchénie, Azerbaïdjan) et en Asie centrale. Le fossé grandissant entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite sert très exactement ce dessein, le gisement saoudien étant l'un des plus riches du monde.80(*)

Conclusion

Sommairement nous retiendrons que la nébuleuse exaltant ainsi le djihadisme radical se fait impressionner par son organisation et son déterminisme basé sur le fondamentalisme. Ses actions sur la scène internationale viennent de plus en plus renforcer la notion de la guerre asymétrique et l'importance que revêt un acteur non étatique sur la scène internationale. Partant d'une bonne organisation Al-Qaïda sait planifier des actions attentatoires menaçant la paix et la sécurité internationale.

Par ailleurs, notons que le chapitre suivant tiendra à circonscrire de manière détaillée la mort de Ben Laden.

CHAPITRE III : LA MORT DE BEN LADEN

Ce chapitre va essentiellement gravité autour de la mort de ben Laden qui survient à l'âge de 54 ans, à Bilal dans la périphérie d'Abbottâbâd au Pakistan le 2  mai  2011 2. Lors d'un raid de 40 minutes, les forces spéciales des États-Unis d'Amérique tuent le leader d' Al-Qaïda, recherché par le département d'État et le FBI pour son implication dans plusieurs attentats, notamment ceux du 11 septembre 2001.

SECTION I: OUSSAMA BEN LADEN

Cette section qui mène une profonde étude sur la personne de ben Laden s'articulera sur sa biographie, ses motivations et son patrimoine.

§1. Biographie

1. Jeunesse

Issu d'une riche famille saoudienne originaire du Yémen, son père fonde le Bin Laden Construction group, entreprise de bâtiment et travaux publics détentrice de nombreux contrats d'exclusivité avec le gouvernement saoudien. La fortune de la famille est estimée à 5 milliards de dollars US. Oussama ben Laden aurait hérité entre 25 et 30 millions de dollars US. La proximité avec la famille royale d'Arabie Saoudite participe à la fortune de l'entreprise qui, devenue une des premières entreprises de construction au monde, se diversifie et devient le Sadi Binladen Group, aux nombreuses ramifications. Parmi elles, la Bin Laden Télécommunications, devenue depuis 1999 la Baud Telecom Compagnie (BTC Networks.

Oussama ben Laden a 53 demi-frères et demi-soeurs, son père polygame s'étant marié avec 22 femmes différentes. Lui-même a une vingtaine d'enfants dont Omar marié à une Britannique, Jane Félix-Brown, devenue Zaina Karkar ben Laden.81(*)

Le jeune homme fait des études commerciales et techniques à l' université du roi Abdelaziz de Djeddah de 1974 à 1978, puis intègre le groupe familial vers le milieu des années 1970.

Il étudie à cette période les textes principaux du salafisme, principale école de droit musulman en Arabie saoudite, comme le font la plupart des étudiants saoudiens.82(*)

a) 1979-1989, la guerre contre les soviétiques

En 1979, alors que des membres de sa famille sont impliqués dans la prise de la Grande Mosquée de la Mecque, il est approché par le prince Turki Al Fayçal, alors chef des services secrets de l'Arabie saoudite (de 1977 à 2001), ambassadeur d' Arabie saoudite à Londres, et fils de l'ancien roi saoudien Fayçal ben Abdelaziz Al Saoudo (de 1964 à 1975). À l'époque, le régime du shah d'Iran vient d'être renversé par une révolution qui porte à sa tête l'ayatollah Khomeiny, tandis que l' URSS envahit l'Afghanistan quelques mois plus tard. L' islamisme commence à devenir une force géopolitique importante, remplaçant peu à peu le marxisme et le panarabisme comme principale idéologie populaire au Moyen-Orient. De nombreux moudjahid viennent combattre en Afghanistan contre l'URSS, soutenus par l' Arabie saoudite qui y voit une possibilité de diffusion du wahhabisme, le Pakistan via son Interservices Intelligence qui se verrait à terme à la tête d'une future internationale islamique.

Officiellement, la CIA a commencé à soutenir les moudjahid en 1980, mais selon Robert Gates, les services secrets américains ont commencé à les aider 6 mois plus tôt. Selon Zbigniew Brzeziñski, le président Carter aurait signé la première directive sur leur assistance clandestine le 3 juillet 1979, sans avoir pour but d'entraîner une intervention militaire des Soviétiques mais en sachant que cette aide la rendait plus probable. Le 24 décembre 1979, l'armée soviétique a envahi l'Afghanistan.83(*)

Le prince saoudien Turki demande à Ben Laden d'organiser le départ des volontaires pour l'Afghanistan et leur installation à la frontière pakistanaise. En arrivant sur place, le jeune homme découvre des militants motivés, mais très peu organisés. L'amateurisme règne. Ben Laden aurait coordonné l'arrivée des militants à Peshawar via une organisation appelée « Bureau des services ». Il aurait mis en place une véritable organisation et assuré la formation militaire et idéologique des combattants (camps d'entraînement, mosquées, écoles, etc.) ainsi que l'approvisionnement en armes. Peu à peu, il aurait pris en charge les familles. Il se serait occupé de veuves et de l'éducation religieuse d'enfants. D'après Noami Chomsky, les moudjahids aurait en fait été entraînés, armés et organisés par la CIA, les services de renseignement français, l'Égypte, le Pakistan, etc. pour livrer une guerre sainte aux Soviétiques.

C'est ainsi que le jeune homme timide prend de l'assurance, tandis que son prestige grandit. On dit que sa rencontre avec un ressortissant indien extrémiste au pseudonyme de M. Fantôme aurait été en partie déterminante dans l'évolution de sa personnalité et de sa détermination. Il aurait lui-même participé à quelques combats. En 1989, son mentor et ami, le Palestinien Abdallah Yousef Azzam, est assassiné. Oussama ben Laden se retrouve alors à la tête de l'organisation. Elle est la base d' Al-Qaida, qui se transforme bientôt en logistique du djihadisme international, certains vétérans d'Afghanistan partant ensuite combattre sur d'autres fronts (en Tchétchénie, en Yougoslavie, etc.) Durant toute cette décennie, Ben Laden rend régulièrement compte au prince Turki, effectuant de nombreux voyages en Arabie saoudite.84(*)

L'organisation de Ben Laden ne reste néanmoins, à l'époque, que l'une des nombreuses factions existant en Afghanistan, pays obéissant davantage à des logiques tribales qu'idéologiques. Alors que dans beaucoup de régions afghanes, une version modérée de l'islam est respectée, beaucoup de moudjahidines se méfient de la venue d'étrangers véhiculant le salafisme. Le commandant Massoud, notamment, refuse toute alliance. Oussama ben Laden se rapproche alors de Gulbuddin Hekmatyar, un chef fondamentaliste local et « principal bénéficiaire, selon Noam Chomsky, des 3,3 milliards de dollars d'aide (officielle) des États-Unis aux rebelles afghans (un montant à peu près équivalent étant, dit-on, fourni par l' Arabie saoudite) » 23. Hekmatyar est aussi, à l'époque, soutenu par le Pakistan qui voudrait le voir à la tête du pays après le départ des Soviétiques.

En février 1989 les Soviétiques annoncent leur retrait d'Afghanistan. Les djihadistes veulent poursuivre le combat jusqu'à la prise du pouvoir à Kaboul. Cependant, les États-Unis qui ont atteint leur objectif, et l'Arabie saoudite, stoppent le financement et le soutien logistique massif en 1990.85(*)

b) 1989-1993, la rupture avec l'Arabie saoudite

Oussama ben Laden retourne en Arabie saoudite, il est considéré comme un héros. Il organise des conférences dans les mosquées, dans les écoles, à l'université sur son « djihad » contre l' armée soviétique.

Lors de la guerre du Golfe (1990-1991), Oussama ben Laden propose au roi Fahd d'utiliser sa milice pour défendre le pays contre une éventuelle invasion des troupes irakiennes. Ce dernier refuse et préfère ouvrir son territoire à l' armée américaine, prêtant ainsi le flanc à l'accusation selon laquelle il aurait autorisé les «  infidèles » à « souiller le sol sacré » de l'Arabie saoudite. Ben Laden se fait alors de plus en plus critique vis-à-vis de la famille royale, et va jusqu'à accuser les princes de corruption.

Il choisit de s'allier à des opposants au régime wahabite installés en Iran et en Syrie. Riyad lui attribua notamment la responsabilité d'un attentat contre son ambassadeur au Pakistan ainsi qu'une tentative avortée de détournement d'un avion saoudien effectuant la liaison Karachi-Djeddah. Au début d'avril 1994, l'Arabie Saoudite le prive de sa nationalité.

Interdit de séjour en Arabie saoudite, il vit alors à Khartoum, au Soudan, de 1992 à 1996. Il y est accueilli par Hassan al-Tourabi, qui dirige le Front national islamique soudanais (FNI). Il s'installe dans le pays, y investit et fait quelques affaires (routes, exportations agricoles, acquisitions foncières, activités bancaires en accord avec les principes de la banque islamique).

Il reste cependant en relations discrètes avec certains membres du régime saoudien (la famille royale est en effet peu unie).86(*)

c) 1993-février 1996, les années troubles

Entre 1992 et 1995, Ben Laden finance et arme les moudjahid bosniaques, notamment via l'organisation « humanitaire » autrichienne Third World Relief Agency (TWRA). Il aurait alors rencontré Alija Izetbegoviæ et reçu un passeport bosnien en 1993 ce que nie le gouvernement de Bosnie-Herzégovine.

Ben Laden suit et finance les moudjahidine islamistes les plus radicaux revenus après la guerre d'Afghanistan dans leur pays d'origine (ils y sont surnommés « les Afghans »). Il finance également des camps d'entraînement. Dès décembre 1992 un groupe financé par Ben Laden est responsable d'un attentat au Yémen contre les soldats américains en route pour l'opération Restore Hope en Somalie.

La même année, un attentat touche le World Trade Center, et fait 6 morts. Un groupe lié à Oussama ben Laden est soupçonné.

Oussama ben Laden profite en effet de la politique d'une partie de l'administration Clinton, soutenue par le lobby pétrolier. Celle-ci a plusieurs objectifs : le soutien à des régimes stables en Asie centrale afin de permettre l'acheminement du pétrole, la lutte contre l'influence russe dans la région et une politique résolument engagée contre l' Iran chiite. La poursuite de ce dernier objectif passe par un soutien à l' islamisme sunnite notamment présent au Pakistan et en Arabie saoudite. C'est pourquoi Oussama ben Laden n'est pas perçu uniquement comme une menace. Cette stratégie est cependant infléchie dans les derniers temps du mandat de Bill Clinton.87(*)

Suite à la campagne d'attentats du Groupe islamique armé en France en 1995, la police belge découvre des documents de ce groupe dédicacé à Ben Laden.

Le 26 mai 1995, Al-Qaida est soupçonné d'avoir participé à une tentative d'assassinat contre le président égyptien Mohammed Hosni Moubarak.

En février 1996, Oussama ben Laden lance un appel à attaquer les intérêts américains partout dans le monde. Il devient dès lors un ennemi officiel des États-Unis, qui obtiennent son expulsion du Soudan. Il se réfugie alors en Afghanistan, passé sous contrôle des talibans depuis 1996.

d) 1996-mai 2011, le terrorisme de masse, traque et communication

Image satellite du camp d'entraînement de Zhawar Kili visé par les frappes américaines de 1998

Le premier mandat d'arrêt international lancé sur sa personne date de mi-avril 1998 ; il émane d' Interpol à la demande du gouvernement de la Jamahiriya arabe libyenne, suite à l'assassinat en 1994 sur le sol libyen d'un couple de citoyens allemands, les Becker, des agents secrets de l' Office fédéral de protection de la constitution (Bundesamt für Verfassungsschutz/BfV). Depuis lors, l' Espagne et les États-Unis ont également demandé des notices rouges sur lui à Interpol.88(*)

e) Ben Laden en 2010.

Les États-Unis le tiennent pour responsable des attentats à la bombe dirigés contre les ambassades américaines de Nairobi au Kenya (213 morts dont huit Américains) et de Dar es Salam en Tanzanie (onze morts, tous Tanzaniens) le 7 août 1998. Suite à ceux-ci, le gouvernement américain met sa tête à prix pour 5 millions de dollars en octobre 1998.

Une preuve tangible de la forte présence de l' ISI en Afghanistan a été donnée par la protestation officielle pakistanaise lors du bombardement américain de représailles par missiles de croisière contre les camps dirigés par Ben Laden le 12 août 1998 qui tua cinq officiers de ce service.

En 1999, deux colonels de l' armée chinoise le citent abondamment dans leur livre La Guerre hors limites où il est désigné comme un grave péril futur 32. Il est placé en juin de la même année sur la liste des Dix fugitifs les plus recherchés du FBI.

En août 2001, le Groupe islamique combattant marocain fait allégeance à Oussama ben Laden, en particulier via des gens présents en Afghanistan, et qui vont par la suite vivre en Belgique.

En août 2001, le prince Turki est limogé par le régime saoudien.

Épaulés par le Pakistan, les États-Unis négocient avec les talibans, qui tergiversent. Les attentats du 11 septembre 2001 stoppent brutalement cette négociation.89(*)

Oussama ben Laden est considéré comme le principal responsable des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone. Il a lui-même reconnu une implication dans les attentats contre le World Trade Center du 11 septembre 2001, en avouant en être l'instigateur (« Je vous le dis, Allah sait qu'il ne nous était pas venu à l'esprit de frapper les tours. Mais après qu'il fut devenu insupportable de voir l'oppression et la tyrannie de la coalition américano-israélienne contre notre peuple de Palestine et du Liban, j'ai alors eu cette idée ») et s'est félicité de leur tenue.

Après les attentats du 11 septembre 2001, le président des États-Unis George W. Bush déclenche une guerre en Afghanistan dans le but déclaré d'anéantir Al-Qaida.

Le 13 décembre 2001, le gouvernement américain porte 25 millions de dollars son offre pour toute information conduisant directement à sa capture, et une prime additionnelle de deux millions de dollars est offerte conjointement par la «  Air Line Pilots Association » et la « Air Transport Association ». À chaque agression, Ben Laden se réjouit des attentats, mais ne les revendique pas. À partir de ce moment, les États-Unis veulent officiellement Ben Laden « mort ou vif ».

Malgré des recherches qui ont continué jusqu'en janvier 2002, Ben Laden n'a pas été retrouvé lors de la bataille de Tora Bora. Des chefs de guerre afghans, comme Zaman Ghamsharik, sont soupçonné de l'avoir laissé s'enfuir.

Des mesures diplomatiques pour le contrer sont prises depuis la fin des années 1990, notamment la création d'un Comité des sanctions contre Al-Qaida et les Taliban (créé par la résolution 1267 en 1999, appelé aussi Comité 1267), les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies 1377 du 12 novembre 2001 et 1390 du 16 janvier 2002 reliées à la position de l' Union européenne.

La chaîne qatarie Al Jazeera publie le 12  novembre  2002 un message sonore reconnu par les autorités des États-Unis comme provenant d'Oussama ben Laden. Celui-ci met en garde et menace plusieurs pays occidentaux de nouveaux attentats s'ils continuent à soutenir « le gang des bouchers de la Maison-Blanche ».90(*)

Le 30  octobre  2004, une vidéo diffusée par la chaîne d'information en arabe Al-Jezira quatre jours avant les élections présidentielles aux États-Unis tendrait à montrer qu'Oussama ben Laden est toujours en vie au moment de l'enregistrement malgré les rumeurs persistantes de décès dans les montagnes à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan. Ce dernier renvoie dos à dos les deux candidats et annonce de futurs attentats. Il affirme que contrairement à la thèse de dirigeants américains, son but n'est pas de lutter contre la liberté, auquel cas il se serait attaqué à des États nordiques. Il estime que les attaques contre le World Trade Center sont une mesure de rétorsion contre les « tueries » organisées par les militaires américains.

Le 27  décembre  2004, la chaîne de télévision Al Jazeera a diffusé un enregistrement audio, attribué à Oussama ben Laden, désignant le Jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui comme son adjoint en Irak et appelant à un boycott des élections prévues le 30  janvier  2005.91(*)

Le 19  janvier  2006, après un an de silence, Al-Jezira diffuse un nouvel enregistrement audio où Oussama ben Laden annonce la préparation de nouvelles opérations terroristes et propose une « trêve » en échange d'un retrait des troupes américaines en Iraq et en Afghanistan : « Nous n'avons pas d'objection à vous offrir une trêve (hudna) de longue durée dans des conditions justes que nous respecterons, parce que nous sommes une nation à laquelle Dieu interdit la traîtrise et le mensonge ». Une trêve aussitôt refusée par la Maison-Blanche. L'absence d'images alimente de nouvelles spéculations selon lesquelles Oussama ben Laden serait malade ou blessé et peut-être même mort.92(*)

Dans un autre enregistrement audio diffusé le 23 avril, Oussama ben Laden évoque pour la première fois la situation au Soudan en appelant ses partisans à « se préparer à une guerre de longue durée au Darfour ».

Deux nouveaux enregistrements audio attribués à Oussama ben Laden sont diffusés le 23 mai et le 30 juin : le premier disculpe Zacarias Moussaoui après sa condamnation à perpétuité dans le cadre des attentats du 11 septembre 2001 et le second rend hommage à Abou Moussab Al-Zarqaoui tué dans un raid américain à Bakouba le 7  juin  2006.

Le 7  septembre  2007, la chaîne Al Jazeera diffuse, quelques jours avant le sixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, des extraits d'une vidéo d'Oussama ben Laden, la première depuis près de trois ans. Le chef d'Al-Qaida, dont la voix a été officiellement identifiée par les services de renseignements américains, s'adresse aux États-Unis et évoque la situation actuelle en Irak. Ben Laden y mentionne les noms du président français Nicolas Sarkozy, élu en mai 2007, ainsi que du Premier ministre anglais Gordon Brown qui a succédé à Tony Blair en juin de la même année.93(*)

Le 30  novembre  2009, le Comité des affaires étrangères du Sénat des États-Unis rend public un rapport révélant qu'Oussama Ben Laden aurait pu être capturé ou tué alors qu'il séjournait dans la région montagneuse de Tora Bora aux alentours du 16  décembre  2001 si l'armée américaine avait mobilisé massivement plusieurs milliers d'hommes dans la région au lieu d'opter pour une approche commando appuyés par les miliciens afghans et des frappes aériennes.

Le 6  décembre  2009, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates déclare que les autorités militaires américaines n'ont pas eu, depuis des années, le moindre indice sur la localisation de Ben Laden 45.

Oussama ben Laden regarde la télévision dans son complexe d' Abbottabad au Pakistan.94(*)

En 2010, il échappe toujours à ses poursuivants. La CIA pense qu'il se cache dans les régions tribales du Waziristan, au nord-ouest du Pakistan. En fait, selon la sénatrice américaine Dianne Feinstein, présidente de la commission des Renseignements au Sénat, Ben Laden avait quitté ces montagnes depuis 2005 ou 2006 pour rejoindre un complexe fortifié à Abbottabad pour plusieurs raisons : souffrant d'une grave infection amibienne intestinale, il pouvait être plus facilement soigné en ville ; devant l'efficacité des drones américains, Ayman al-Zawahiri, n°2 d' Al-Qaida, estimait que sa sécurité rapprochée n'était plus assurée dans ces zones reculées ; il pouvait y rencontrer facilement de nouveaux responsables d'Al-Qaida, notamment Ilyas Kashmiri  (en), son protégé et dont il voulait en faire le fer de lance de son mouvement.

Le 24  janvier  2010, dans un nouvel enregistrement audio, Ben Laden revendique la responsabilité de la tentative d'attentat du 25  décembre  2009 sur un vol Northwest Airlines reliant Amsterdam à Détroit, et menace les États-Unis de nouvelles attaques.95(*)

2. Mort

La nuit du 2  mai  2011 vers 1 h 30, heure locale, Oussama ben Laden a été tué dans la ville d' Abbottabad au Pakistan dans une coûteuse résidence fortifiée (compound), construite en 2005 et surveillée par les services de renseignement américains depuis août 2010, à environ 50 kilomètres d' Islamabad et à moins de 140 kilomètres des régions tribales, lors d'une opération militaire au sol ordonnée par le président américain Barack Obama et menée par une vingtaine de SEAL (commandos de l' US Navy). Au moins quatre autres personnes, des membres de sa famille (un de ses fils et des collaborateurs, -- deux messagers), auraient été tués lors de l'affrontement. Son corps a été récupéré par les forces spéciales américaines qui l'auraient ramené en Afghanistan, avant d' immerger sa dépouille en haute mer. Le président des États-Unis a commenté la mort du terroriste lors d'une allocution le soir même, à 5 h 36 heure française, déclarant que « justice est faite ». Il a également salué la coopération des autorités pakistanaises à cette opération.

L'annonce a provoqué plusieurs manifestations patriotiques spontanées à travers le pays, notamment au coeur de New York, près de Ground Zero et à Times Square, et au centre de Washington DC, sur la Place Lafayette, près de la Maison-Blanche. L'ancien président américain George W. Bush, est sorti du silence qu'il observe depuis son départ de la présidence pour saluer une « grande victoire pour les États-Unis »96(*).

Trois jours avant l'élimination de Ben Laden, le président Obama a annoncé un remaniement de son équipe de renseignement et de défense, entraînant notamment le départ de Robert Gates, Secrétaire de la Défense des États-Unis nommé par George W. Bush, et son remplacement par Leon Panetta, directeur de la CIA depuis le 5 janvier 2009, date de l'accession de Barack Obama à la Présidence des États-Unis.97(*)

Leon Panetta a admis que la torture par l'eau (waterboarding) autorisée par George W. Bush et appliquée en particulier à Khalid Cheikh Mohammed, à 183 reprises pendant le mois de mars 2003, a permis de récupérer des informations qui ont conduit à la cache de Ben Laden 55, en particulier le nom d' Abu Ahmed al-Kuwaiti.

La haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme,navi pilar souligne que les opérations antiterroristes devaient respecter le droit international mais considère que Ben Laden avait assumé la pleine responsabilité pour ses actes, incluant des massacres de civils pouvant être qualifiées de crime contre l'humanité.98(*)

Le 5 mai 2011, le président Obama a rendu à Ground Zero un hommage solennel aux victimes des attentats du 11 septembre. Il avait invité son prédécesseur George W. Bush à se joindre à lui, mais ce dernier a décliné l'invitation.

Al-Qaida a confirmé, le vendredi 6 mai 2011, la mort d'Oussama ben Laden dans un communiqué diffusé sur les sites islamistes. Le Tehrik-e-Taliban Pakistan avait promis dès le 2 mai de venger la mort du dirigeant d'Al-Qaida. Le mouvement revendique l' attentat du 13 mai 2011 à Shabqadar au nord-ouest du Pakistan qui tue plus de 91 personnes, surtout de jeunes recrues d'un groupe paramilitaire de police, et précise que l'attaque constitue une vengeance pour la mort de ben Laden.

Suite à son décès, la justice fédérale des États-Unis a formellement mis fin aux poursuites engagés contre lui le vendredi 17 juin 2011.

2.1. Légalité de l'opération

Oussama Ben Laden était officiellement recherché par le Département d'État des États-Unis et le FBI suite aux attentats du 11 septembre 2001 perpétrés contre le World Trade Center et le Pentagone, ainsi que ceux perpétrés à la bombe le 7 août 1998 contre les ambassades des États-Unis à Dar es Salaam, en Tanzanie et à Nairobi, au Kenya 4. Pour certains son élimination est légalement justifiée alors que pour d'autres sa mort s'apparente à un assassinat perpétré au mépris du droit. Cette diversité des points de vue vient des interprétations différentes de la mort de Ben Laden en terme juridique (qualification d'« exécution extrajudiciaire » difficile car il n'y a pas en l'occurrence de juridiction commune, jurisprudences variées sur l' assassinat ciblé  (en)) et des régimes juridiques auxquels elle s'applique : droit international des droits de l'homme et droit de la guerre (dont le droit international humanitaire applicable dans les conflits armés internationaux et celui dans les conflits armés internes). Cette diversité émane aussi de la notion de doctrine de la guerre juste.

· Selon le droit américain

Suite aux attaques du 11 septembre 2001, le Congrès des États-Unis a voté une loi intitulée Autorisation de l'usage de la force militaire contre les terroristes autorisant le président des États-Unis à recourir à « la force nécessaire et appropriée contre les nations, les organisations ou les personnes » qu'il détermine comme étant impliquées dans l'attentat du 11 septembre, ou qui pourraient mener des attaques à venir contre les États-Unis. Cette disposition justifie un tel usage de la force, considéré comme légitime défense « pour prévenir tout acte futur de terrorisme international » contre les États-Unis.

John Bellinger III  (en) qui était chargé des questions juridiques au Département d'État pendant le second mandat de George Bush en tant que président, considère l'opération comme légitime.

« Le fait de tuer n'est pas interdit par l'interdiction d'assassinat politique formulée de longue date par l' ordre exécutif 12333  (en) [signé en 1981], parce que l'action était une action militaire dans le conflit armé en cours des États-Unis contre Al-Qaida, et qu'il n'est pas interdit de tuer tel ou tel chef d'une force ennemie. L'interdiction d'assassinat politique ne s'applique pas non plus au fait de tuer en situation de légitime défense. »99(*)

David Scheffer, directeur du Centre pour les droits humains internationaux à la Northwestern University School of Law  (en), déclare que le fait que Oussama ben Laden ait été inculpé par la District Court de Manhattan  (en) en 1998 pour conspiration en vue d'attaquer les installations de défense américaines rendait la situation plus complexe : « Normalement, lorsqu'un individu est inculpé, le but est de capturer cette personne pour l'amener devant la justice pour le juger... Le but n'est pas de procéder à une exécution sommaire s'il est inculpé. »

Selon Steven Ratner, professeur de droit à l' université du Michigan :

« Beaucoup de choses dépendent de savoir si l'on pense qu'Oussama ben Laden était un combattant dans une guerre ou un suspect de meurtres de masse. Selon la théorie selon laquelle le gouvernement [des États-Unis] était en guerre contre Al-Qaida - ce qui est la position retenue par l'administration Obama - alors on peut soutenir que le meurtre de ben Laden était légal. Qu'il ait alors été armé ou non n'a en réalité pas d'importance, car on a le droit de tuer des combattants en toute légalité. »

Deux experts s'accordent à dire que, selon la législation américaine, il est important de déterminer si la mission était de capturer ben Laden ou simplement de le tuer. Si les SEALS de la Marine avaient pour instruction de tuer ben Laden sans chercher tout d'abord à le capturer, ceci pourrait alors constituer une « violation des idéaux américains, à défaut du droit international ».

· Selon le droit international

La légalité de l'opération américaine a pu être mise en cause pour avoir agi unilatéralement, sans le Pakistan. Le ministère des Affaires étrangères du Pakistan exprime ainsi une « grave préoccupation » devant cette « action unilatérale non autorisée ». L'ancien chancelier de l' Allemagne de l'Ouest Helmut Schmidt déclare de son côté à la télévision allemande qu'« il s'agit très clairement d'une violation de la loi internationale ».

L'ancien président du Pakistan Pervez Musharraf déclare que l'opération a été « une violation de la souveraineté du pays »100(*).

Cependant, selon Scott Silliman, professeur de l'école de droit de l' université Duke, la loi internationale sur les conflits armés permet à un gouvernement étranger d'accomplir une opération militaire sur le sol d'un pays d'accueil lorsque celui-ci n'a ni la volonté ni les moyens de traiter lui-même le problème.

La résolution 1368 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le lendemain des attentats du 11 septembre, appelait (alinéa 3) « tous les États à travailler ensemble de toute urgence pour traduire en justice les auteurs, organisateurs et commanditaires de ces attaques terroristes. » Si l'opération du 2 mai avait pour objectif de le capturer vivant ben Laden afin de le traduire en justice, elle pourrait être considérée comme légale au regard de la résolution 1368, si elle visait l'assassinat, elle est illégale au regard de la résolution.

Selon John Bellinger, l'exécutif peut « soutenir que l'action était permise d'après la loi internationale, aussi bien en tant qu'usage de la force autorisé dans le conflit armé opposant les États-Unis à Al-Qaida qu'en tant qu'acte de légitime défense, étant donné que ben Laden planifiait évidemment de nouvelles attaques. » Selon Eric Holder, l'actuel procureur général des États-Unis (U.S. Attorney General), le raid américain est légal « en tant qu'acte de légitime défense de la nation », et que ben Laden « était le chef d'Al-Quaida, l'organisation responsable des attaques du 11 septembre. Il est légal de cibler un commandant ennemi sur le terrain101(*). »

Selon Geoffrey Robertson, un juriste britannique né en Australie, la mort de ben Laden risquait de saper le droit, écrivant dans The Independent :

« Le Conseil de sécurité aurait pu mettre sur pied un tribunal ad hoc à La Haye, avec des juges internationaux (y compris des juristes musulmans), pour mener un procès équitable et un verdict circonstancié. Ç'aurait été la meilleure manière de démythifier cet homme, en dégonflant sa cause, et en remédiant au lavage de cerveau de ses sectateurs. » 102(*)

Pour Louise Doswald-Beck, une ancienne responsable juridique de la Croix-Rouge, ben Laden n'était clairement pas un combattant ennemi : « Il était essentiellement le chef d'un réseau terroriste criminel, ce qui veut dire que la législation applicable n'est pas celle des conflits armés, mais d'une action visant à tuer un dangereux criminel. » Human Rights Watch déclare de son côté que les principes régissant la mise en oeuvre de la loi (law enforcement principles) auraient dû s'appliquer.

Nous tenons a signaler par ailleurs que le prochain paragraphe tiendra à préciser les motivations du djihadisme radical de Ben Laden.

§2. Motivations

Ben Laden condamne l'évolution de la civilisation islamique depuis la disparition du califat (le dernier calife était le sultan ottoman jusqu'en 1924) 66. Cet objectif passe par un renversement des gouvernements arabes «  laïcs » et «  impies » protégés par les États-Unis qu'il considère comme les «  croisés occidentaux ». Lors de son interview 67 par le journaliste Robert Fisk en 1996, il avait notamment déclaré :

« Le peuple comprend maintenant les discours des oulémas dans les mosquées, selon lesquels notre pays est devenu une colonie de l' empire américain. Il agit avec détermination pour chasser les Américains d' Arabie saoudite. La solution à cette crise est le retrait des troupes américaines. Leur présence militaire est une insulte au peuple saoudien. »103(*)

Pour Oussama ben Laden, les bases militaires présentes en Arabie saoudite et au Moyen-Orient considérés comme des territoires sacrés (avec les lieux saints Médine et La Mecque) représentent un sacrilège car ces bases américaines devaient être provisoires, le temps de remporter la guerre contre Saddam Hussein. Lors de la dernière guerre en Irak. Selon Leonide Chebarchine, ancien directeur adjoint du KGB, Al-Qaida serait une création des États-Unis et Oussama Ben Laden n'aurait jamais cessé d'être un agent de la CIA.

En effet, il sied de faire remarquer que l'étape suivante nous faira part du patrimoine financier de Ben Laden.

§3. Patrimoine financier

Ben Laden aurait une fortune de 300 millions de dollars. Ce chiffre avait été cité en 1996 par un chargé de recherches du département d'État, qui a d'abord divisé les actifs globaux du Groupe Ben Laden, qu'il évaluait à 5 milliards de dollars, par le nombre des fils de la famille, qu'il estimait à vingt. Il aboutissait ainsi à 250 millions de dollars, arrondis ensuite à 300 millions 81. Ce chiffre a été démenti par la publication en avril 2004 du Rapport final de la commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis. Plusieurs chercheurs spécialisés dans le Moyen-Orient ( Ibrahim Warde, professeur associé à l' université Tufts, ou Alain Gresh) jugent cette estimation fantaisiste.

Selon Seymour Hersh, journaliste du The New Yorker et qui avait déjà fait éclater le scandale de la prison d'Abou Ghraib, dans une conférence au Caire émet l'opinion que Dick Cheney, Elliott Abrams et le prince saoudien Bandar Ben Saoud continuent de financer des membres du réseau Al-Qaïda, dans des opérations secrètes au Liban et en Iran (deux pays à majorité chiite, le sunnisme n'est pas reconnu comme minorité religieuse en Iran), visant à déstabiliser ces deux pays en poussant à des luttes interconfessionnelles. Ils pousseraient également l'Iran à une manoeuvre qui donnerait une raison à son attaque par les États-Unis.104(*)

Par ailleurs comme tout être vivant Ben Laden naquit, grandit et maintenant il est mort après un itinéraire riche en couleur. C'est ainsi que la section suivante traitera spécialement de sa mort.

SECTION II : LA MORT DE BEN LADEN

Au cours de cette section, il sera question de dégager les circonstances de la mort, de retracer les réactions internationales après la mort de ben Laden et les conséquences stratégiques après la mort de ben Laden.

§1. Les circonstances de la mort de Ben Laden

Les circonstances de la mort de ben Laden se sont précisées au cours de la journée, lundi 2 mai 2011. On sait désormais que le chef d'al-Qaïda a été tué d'une balle dans la tête par des forces spéciales de la marine américaine alors qu'il se trouvait dans une villa fortifiée, à 80 km au nord-ouest de la capitale pakistanaise. Son corps aurait ensuite été immergé en mer, selon des responsables américains.

Ce sont des troupes d'élite américaines, les Navy Seals (acronyme de sea, air, land soit mer, terre, air), qui ont tué d'une balle dans la tête Oussama ben Laden. Ces hommes sont employés pour des missions antiterroristes de reconnaissance ou de guerre non conventionnelle et peuvent être mis au service de la CIA comme cela a été le cas dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 mai pour supprimer le chef terroriste d'al-Qaïda.

« La responsabilité de l'opération revenait à Leon Panetta (le directeur de l'Agence de renseignement, NDLR) et elle a été exécutée par des Navy Seals », a indiqué à l'AFP un responsable américain. Lors de cette intervention armée, les Etats-Unis semblent avoir fait cavalier seul. Ils n'ont prévenu aucun pays ni même les autorités pakistanaises, ou du moins au dernier moment, justifiant la violation de la souveraineté nationale par « l'obligation légale et morale d'agir », selon les termes d'un haut responsable de l'administration Obama.

Le raid, qui se voulait « chirurgical », a duré 40 minutes. Il s'est déroulé dans la villa où se cachait ben Laden, à la périphérie d'Abbottabad, ville touristique abritant une académie militaire, à 80 kilomètres au nord-ouest d'Islamabad.

Occupant un terrain huit fois plus grand que les autres maisons, la résidence était surprotégée par des murs hauts de 5,5 m et des barbelés. Le seul accès possible se faisait par « deux portails sécurisés ». Ben Laden et sa famille vivaient là sans internet ni téléphone. Avant de déclencher toute intervention, les vérifications et les recoupements ont duré neuf mois.

Pour assurer l'assaut, deux à trois hélicoptères ont été envoyés sur place, transportant une « petite équipe ». Mais l'un des appareils a été perdu dans des circonstances encore non élucidées. En appui, des troupes au sol ont été également déployées.105(*)

Une fusillade a ensuite éclaté. Cinq personnes ont été tuées « peu après minuit », a précisé le ministre pakistanais des Affaires étrangères : Oussama ben Laden, l'un de ses fils, une femme et deux frères présentées comme étant les messagers que pistait la CIA. Deux femmes ont été aussi blessées.

Retransmise en direct au siège de la CIA à Langley en Virginie, l'opération s'est avérée « particulièrement dangereuse », selon des responsables américains mais aucun membre du commando n'a été touché.107(*)

Soulignons en passant que la dépouille de ben Laden a été immergée en mer dans un lieu non précisé, selon un des responsables américains, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Et une cérémonie funéraire aurait eu lieu sur le pont du porte-avion américain Carl-Vinson, en mer d'Oman. Le corps du chef d'Al-Qaïda a été lavé puis placé dans un linceul blanc, lui-même déposé dans un sac lesté, a encore précisé ce responsable américain. Après la lecture d'un texte religieux lu par un officier et traduit par un interprète en arabe, le corps a été basculé dans l'océan.

Dans l'après-midi, les Etats-Unis ont annoncé qu'une analyse ADN confirmait bien la mort d'Oussama ben Laden. L'échantillon, prélevé sur le corps qui avait été récupéré par les forces spéciales, a été analysé et comparé aux échantillons génétiques dont les Etats-Unis disposaient depuis longtemps. Résultats formels, indique-t-on dans l'entourage du président Obama.

Après la mort de ben Laden plusieurs réactions ont été enregistrées et le paragraphe suivant pourra nous donner la substance.

§2. Les réactions internationales après la mort de ben Laden

George W. Bush, qui avait proclamé chercher Oussama ben Laden mort ou vif après les attentats du 11 septembre 2001, a qualifié de "réussite capitale" dimanche le décès du chef d' Al-Qaïda. "La lutte contre le terrorisme continue, mais ce soir, l'Amérique a envoyé un message évident: quel que soit le temps que cela prend, la justice finit par être rendue", a déclaré l'ancien président américain dans un communiqué.

La Russie loue le "succès" de Washington
"Le Kremlin salue le succès important obtenu par les Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme international", a déclaré le Kremlin cité par les agences russes. "La Russie est l'un des premiers pays à avoir fait face à la menace posée par le terrorisme global", ajoute la présidence russe en référence aux attentats qui ont touché le pays en 1999. "Un événement majeur" pour l'Elysée
"L'annonce (...) de la mort d'Oussama ben Laden à la suite d'une remarquable opération de commando américaine au Pakistan, est un événement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme", a commenté la présidence de la République dans un communiqué. "La France salue la ténacité des Etats-Unis qui le recherchaient depuis 10 ans".108(*)

Pour le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, la mort d'Oussama ben Laden est "une victoire de toutes les démocraties qui se battent conte ce fléau abominable qu'est le terrorisme". Son collègue de la Défense, Gérard Longuet, a estimé pour sa part sur RTL que la mort du chef d'Al-Qaïda pouvait jouer "positivement" sur le sort des journalistes français otages en Afghanistan. Quant à la ministre de l'Economie Christine Lagarde, elle a estimé que cette mort allait permettre aux Etats-Unis de "cicatriser" la blessure du 11 septembre 2001.

David Cameron : "un grand soulagement" pour le monde
"La nouvelle de la mort d'Oussama ben Laden est un grand soulagement pour les peuples dans le monde. Oussama Ben Laden était responsable des pires atrocités terroristes dans le monde : le 11 septembre (2001) et tant d'autres attentats, qui ont coûté des milliers de vies, dont de nombreuses Britanniques", a déclaré le Premier ministre britannique, cité dans un communiqué de ses services. 109(*)

Une  "grande victoire" selon le Premier ministre pakistanais
"Nous sommes contre le terrorisme, nous ne laisserons personne utiliser notre sol pour des actes terroristes contre un quelconque autre pays et, par conséquent, j'estime qu'il s'agit d'une grande victoire", a  déclaré le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani. "Je ne connais pas le détail de l'opération", a-t-il admis, mais "c'est un succès et je félicite (les Etats-Unis) pour ce succès".

Le Vatican évoque la "responsabilité" de ben Laden
Pour le Vatican, ben Laden a eu "une très grave responsabilité" dans la diffusion de "la division et de la haine entre les peuples". 110(*)

§3. Les conséquences stratégiques de la mort de ben Laden

L'élimination de Ben Laden, dans la nuit du 1er mai, par les services américains modifie le paysage stratégique. Il ne le révolutionne pas.

La mort de Ben Laden est un événement important mais il ne change pas fondamentalement les structures de l'ordre international.

C'est incontestablement une victoire dans la lutte contre le terrorisme. Ce n'est pas la fin du terrorisme. Celui-ci risque même, par un effet de rémission, de frapper de nouveau très fortement, à la fois pour venger la mort de la figure emblématique de Ben Laden et pour montrer que la mouvance Al-Qaida peut encore frapper.

Al-Qaida était déjà affaiblie depuis quelques temps, et la disparition de son leader va accentuer cet affaiblissement. Mais elle n'est pas morte. Elle sera particulièrement affaiblie dans la zone Afghanistan-Pakistan mais reste vivace au Yémen, dans la zone Irak et au Maghreb, sans préjuger de l'avenir de la Libye.

Barack Obama sort manifestement renforcé par la disparition de Ben Laden. Il a réussi là où George W. Bush avait échoué. II a eu par ailleurs l'intelligence d'associer son prédécesseur à cette victoire, en ne tirant pas la couverture à lui. 111(*)Il a élargi sa victoire politique. Accusé de faiblesse dans le domaine sécuritaire comme tous les présidents démocrates, Barack Obama a eu la fermeté de lancer un « executive order» permettant l'élimination de Ben Laden. Il est cependant trop tôt pour dire qu'il a d'ores et déjà gagné l'élection de 2012. Nous sommes trop loin de l'échéance pour avoir des certitudes. Mais il saura rappeler ce succès lors de la campagne électorale.

Les conditions de l'élimination de Ben Laden vont renforcer la théorie du complot. Il ne fallait pas s'attendre à ce que celui-ci se laisse passer les menottes aux poings ou sorte de sa maison en agitant un drapeau blanc. L'assaut mené contre lui ne pouvait probablement que conduire à sa mort. Washington n'avait sans doute pas envie d'un long procès qui aurait offert une tribune mondiale à Ben Laden. L'immersion de son corps a empêché qu'il y ait un lieu où des nostalgiques puissent honorer sa mémoire. Mais parallèlement, les partisans de la théorie du complot, qui vont déclarer qu'il n'est pas mort ou que les États-Unis l'ont éliminé parce qu'ils étaient complices, vont pouvoir diffuser plus facilement leur idéologie.

Coïncidant avec le « printemps arabe », ce décès devrait réduire le champ politique du terrorisme. La mort de Ben Laden et le «printemps arabe» sont des coïncidences de calendrier mais les deux vont dans le même sens. Ils réduisent l'espace politique du terrorisme. Le schéma que proposait Ben Laden, la violence aveugle pour renverser des régimes, a échoué. La pression populaire et démocratique a réussi en Egypte et en Tunisie. Ailleurs, elle est réprimée mais gagne du terrain. Et, surtout, les forces politiques islamistes ont la perspective d'être intégrées dans le jeu politique, notamment en Egypte et en Tunisie. Cela permet de briser l'amalgame entre terroristes et islamistes, qui souvent s'élargissaient à un amalgame entre islamistes et musulmans. L'intégration des partis islamistes par les urnes est préférable à celle de la répression par les armes, et plus efficace.112(*)

Les talibans sont renforcés. Il sera désormais plus facile médiatiquement et politiquement de négocier avec eux en mettant en avant des talibans «modérés». La mort de Ben Laden ne rend pas Hamid Karzaï plus crédible, mais elle permet aux Occidentaux de se retirer d'Afghanistan sans perdre la face.

Le monde se porte mieux, il ne va pas encore très bien. Il faut travailler pour éliminer non seulement les chefs terroristes, mais aussi les causes du terrorisme : conflits non réglés, injustices sociales, corruptions, etc. Et dans ce domaine, la tâche n'est pas finie par une quelconque organisation occulte. La rapidité de la propagation de l'embrasement est due, très simplement, à la mondialisation, à la pratique du téléphone portable et à la banalisation d'Internet. L'information et les appels à la révolte ont eu d'autant plus de succès que les motifs et les sujets de révolte étaient communs à l'ensemble du monde arabo-musulman est en question la gouvernance de tous ces pays. Tous sont dirigés par des dictatures de fait. La corruption, la prévarication et le népotisme règnent en maître à tous les échelons de l'administration gouvernementale, du chef de l'État jusqu'au préposé municipal derrière son guichet. Rien ne peut se faire sans bakchich, sans pot-de-vin. Tout est réalisable, y compris dans le domaine illégal, à condition de payer en proportion. Les richesses naturelles, minérales ou fossiles du pays, ainsi que celles du tourisme, disparaissent au profit des gouvernants et au détriment d'une population qui reste désespérément misérable. La marmite du diable bouillait depuis longtemps. L'explosion avait besoin de n'importe quelle étincelle : ce fut l'immolation par le feu de Tarek Bouazizi, à cause de la saisie d'une charrette de légumes.113(*)

En effet, après avoir circonscrit tout ce qui a trait à la mort de ben Laden, nous voulons voire dans la section suivante comment l'administration Obama a-t-elle gérer le trépas de ben Laden

SECTION III : L'ADMINISTRATION OBAMA ET LA MORT DE BEN LADEN

Cette section décrit primo l'assaut américain dans la villa de ben Laden, secundo, elle montre comment la mort de Ben Laden constitue un succès diplomatique pour OBAMA et tertio elle explique l'implication pakistanaise dans la mort de ben Laden.

Nous voulons dans les phrases qui suivent connaitre effectivement comment l'opération a été réalisée jusqu'à son aboutissement.

§1. Le raid américain contre Ben Laden

L'opération contre le complexe sécurisé où vivait le chef d'Al-Qaïda a duré moins de 40 minutes et a été menée par les forces spéciales de l'US Navy. Au cours de celle-ci, Ben Laden se serait servi d'une de ses épouses comme bouclier humain.

Abbottâbâd, nord du Pakistan, 01h15 du matin heure locale dans la nuit de dimanche à lundi. Des hélicoptères survolent un complexe sécurisé de 3000 m², tandis que des troupes commandos s'approchent du bâtiment. L'assaut final pour capturer Oussama Ben Laden a commencé.

«Un grand nombre de commandos a encerclé le complexe (...) Tout à coup, des tirs ont éclaté en provenance du sol et en direction des hélicoptères. Il y a eu des échanges de tirs intenses», raconte un habitant. Au sol, des membres des Navy Seals, l'unité d'élite de la Marine américaine. Dans le ciel, quatre hélicoptères. L'un des appareils aurait eu une panne technique, forçant tous les membres du commando à prendre place dans l'autre appareil utilisé pour cette opération. Officiellement, il n'y aurait eu aucun blessé dans les rangs américains. Un habitant a vu un appareil «chuter».

L'opération était coordonnée par la CIA, depuis le siège de l'organisation à Langley, en Virginie. Léon Panetta, directeur de l'organisme, a suivi l'attaque en temps réel.

Moins de 40 minutes plus tard, Oussama Ben Laden est mort. Après un échange de feu nourri, auquel le chef d'Al-Qaïda a lui-même participé, ce dernier est mort atteint d'une balle en pleine tête. Dans la bataille, quatre autres personnes trouvent la mort : l'un des fils de Ben Laden, deux hommes - probablement des messagers -, et une femme.114(*)

Selon John Brennan, principal conseillé de Barack Obama pour l'antiterrorisme, il s'agirait de l'une des épouses de Ben Laden que ce dernier aurait lui-même utilisé comme bouclier humain. «Lorsque Ben Laden a été en position d'être atteint, elle était placée d'une façon qui indique qu'elle a été utilisée comme un bouclier», a poursuivi Brennan, qui ne pouvait préciser si elle avait été ainsi placée par Ben Laden, son fils, ou si elle l'a fait elle-même. Deux autres femmes ont été blessées dans l'opération.

Le corps du commanditaire des attentats du 11 septembre 2001, tué à la fin du raid, est emmené par le commando américain. Les détenus ont été livrés aux autorités pakistanaises. Des prélèvements ADN ont été effectués afin de permettre une identification formelle. La dépouille mortelle a ensuite été immergée en haute mer selon les télévisions américaines.

Les services de renseignement américains étaient sur une piste sérieuse quant à la localisation du chef d'Al-Qaïda depuis août 2010. «Il a fallu plusieurs mois pour remonter ce fil», a expliqué le président Barack Obama lors de son allocution à la télévision américaine. C'est le 14 mars dernier qu'Obama a tenu la première d'une série de cinq réunions avec ses conseillers, où les plans d'action ont été passés en revue et approuvés. «Et finalement, la semaine dernière, j'ai déterminé que nous avions suffisamment de renseignements pour agir, et ai autorisé une opération destinée à capturer Oussama Ben Laden et à le présenter devant la justice.» Selon un haut responsable américain, le feu vert a été donné vendredi dernier à 8h20 du matin par le président des Etats-Unis, lors d'une réunion à la Maison-Blanche avec son conseiller pour la sécurité nationale, Thomas Donilon, et son conseiller antiterroriste, John Brennan.

Les forces américaines avaient fait le lien entre Ben Laden et un de ses messagers il y a six ans, selon un haut responsable américain. Ben Laden semblait lui faire une entière confiance. Son pseudonyme avait été révélé par des prisonniers de Guantanamo. Il faudra quatre ans aux services de renseignement américains avant de trouver son vrai patronyme, et encore deux ans pour savoir qu'il opérait au Pakistan. En août 2010, les services secrets américains finissent par trouver le complexe d'Abbottabad, où le messager et des frères d'armes vivaient.

«Lorsque nous avons vu ce complexe, nous avons été plus que surpris - ce complexe est réellement unique», a expliqué le haut responsable américain. Avec ses murs de 5 mètres de haut surmontés de barbelés, le complexe disposait de deux accès sécurisés. Le bâtiment principal, composé de trois étages, avait peu de fenêtres donnant vers l'extérieur, et une terrasse protégée des regards indiscrets grâce à un mur de deux mètres. Autre fait intriguant, le complexe ne disposait ni du téléphone, ni d'Internet. En outre, les habitants brûlaient eux-mêmes leurs déchets. La propriété est estimée à près d'un million de dollars, et se situe dans une ville militaire abritant trois régiments de l'armée pakistanaise. Une académie militaire se situe à 700 mètres du complexe.

Pour les services de renseignement américains, il ne fait plus guère de doute que le complexe cache quelqu'un de très important. Plusieurs mois d'investigation seront encore nécessaires avant que les autorités américaines n'aient la certitude qu'il s'agit d'Oussama Ben Laden.

L'information restera confidentielle jusqu'au début de l'opération. Aucun pays étranger n'a été mis dans la confidence. Au sein du gouvernement américain, seul un petit groupe était au courant de l'opération à venir.115(*)

Ben Laden poursuivi par les américains depuis l'administration Bush, vient de tomber sous le coup de l'administration Obama et les lignes qui suivent tacherons d'expliquer comment la mort de Ben Laden est le succès diplomatique d'Obama.

§2. La mort de Ben Laden : un succès diplomatique de Barack Obama

Le succès de la politique de la main tendue de Barack Obama vis-à-vis du "monde musulman a été développé lors du discours du Caire.

La smart diplomacy initiée par Barack Obama dès janvier 2009 est effectivement en partie à l'origine d'un succès comme celui-ci, même s'il ne faut pas négliger le travail des services de renseignement, qui se sont d'une certaine manière rachetés de leur déroute à l'occasion des attentats du 11 septembre 2001, et dans la décennie de déconvenues dans la plus grande chasse à l'homme de l'histoire qui suivit.

La smart diplomacy stipule une plus grande coopération entre les Etats-Unis et ses partenaires, et surtout une plus grande responsabilité de la part des uns et des autres. Washington ne veut plus ainsi se contenter d'imposer ses vues, mais cherche à s'imposer en ravivant le soft power très présent dans les années 1990.

Le contexte international ayant depuis évolué, il était impossible pour l'administration Obama de revenir en arrière sans tenir compte de la nécessité de maintenir une main ferme sur certains dossiers, et c'est ainsi que cet équilibre entre hard et soft power fut trouvé.

En d'autres termes, les Etats-Unis s'efforcent désormais d'attaquer le mal à la racine, plutôt que de renforcer leur impopularité sur le terrain en agissant de manière trop brutale.116(*)

Dans le même temps, cette plus grande souplesse ne doit pas être assimilée à une faiblesse, et c'est pourquoi elle s'accompagne de mesures de fermeté. C'est grâce à cette redéfinition de la politique étrangère américaine que les Etats-Unis sont parvenus à reprendre pied au Pakistan, et nous pouvons considérer que c'est grâce à cet effort de coopération qu'un succès comme la mort de Ben Laden fut rendu possible.

Le discours du Caire d'Obama, appelant à un regain de dialogue avec le monde musulman, est symbolique de cette volonté de tendre la main, et de ne plus apparaître comme une puissance hégémonique qui cherche à imposer ses vues. Sans cette redéfinition de la relation de Washington avec ses alliés, il est possible que Ben Laden ait encore longtemps bénéficié du soutien de responsables politiques pakistanais.118(*)

§3. L'implication pakistanaise dans la mort de Ben Laden

Soulignons en fait que les Etats-Unis ne pouvaient pas repérer Ben Laden sans la collaboration des services pakistanais. C'est un élément fondamental. Au Pakistan, rien d'important ne se produit sans qu'ils ne soient au courant. Barack Obama a d'ailleurs lui-même déclaré dans son discours qu'il n'aurait pu arriver à ce résultat sans leur aide.

Il faut savoir que les services de renseignements pakistanais sont très puissants, c'est un Etat dans l'Etat. Il regrouperait près d'un million d'agents. Alors il peut parfois y avoir des collaborations avec certaines personnes de ce service, qui possèdent des contacts avec les talibans ou avec certains éléments d'Al-Qaïda. C'est une réalité. On peut donc donner crédit à ses deux ou trois versions qui ne sont pas du tout contradictoires.

Le Pakistan est pourtant un allié des Etats-Unis. Les relations entre le Pakistan et les USA sont extrêmement compliquées. On parle souvent de double-jeu. Le Pakistan est le pays où l'anti-américanisme est le plus fort: environ 80% de l'opinion pakistanaise est en effet anti-américaine. Mais d'un côté, les Etats-Unis ont besoin du Pakistan dans la lutte contre le terrorisme. Depuis maintenant deux ou trois ans, il y a par exemple des attaques de drones dans les zones tribales contre des éléments d'Al-Qaïda. A chaque fois qu'il y a une telle opération, le Pakistan proteste. Mais tout le monde sait que les Américains coordonnent ces attaques avec les Pakistanais. Les autorités essaient de jouer ce double jeu pour ne pas donner d'argument aux extrémistes pakistanais, et surtout au mouvement taliban, pour lancer des attentats-suicides contre le Pakistan.119(*)

L'intérêt qu'a le Pakistan de son coté est que depuis deux ans, les USA et l'Otan essaient de provoquer des négociations politiques entre Kaboul et les talibans, excluant jusqu'à présent le Pakistan des discussions. Mais depuis peu, on assiste à une certaine amélioration des relations entre l'Afghanistan et le Pakistan. Les deux gouvernements ont mis en place une commission commune, avec des pouvoirs énormes, qui a pour mission de mener à bien les négociations entre les talibans et le gouvernement de Kaboul. Le Pakistan est admis dans ce jeu. Le Pakistan défend ainsi ses intérêts : éviter un gouvernement hostile en Afghanistan et créer un partenariat avec les Etats-Unis, qui ont jusque là choisi l'Inde comme partenaire stratégique dans la région.120(*)

Maintenant, on peut effectivement discuter sur la planification ou la présentation de cette action aux autorités pakistanaises.

Toutefois, vu que 80% de l'opinion pakistanaise est anti-américaine Washington n'aurait pas parlé de l'opération aux Pakistanais de peur qu'ils alertent Ben Laden. Cela aurait été possible.

Notons par ailleurs, la gestion du corps de Ben Laden a été à la base des tumultes dans le monde musulman et le paragraphe suivant va nous donner beaucoup d'éclaircissements.

§4. L'administration Obama dans la gestion du corps de Ben Laden et la diffusion des images de sa dépouille mortelle

La dépouille de Ben Laden embarquée sur le porte-avions USS Carl Vinson, placé à l'intérieur d'un sac lesté, a été immergée en mer d'Arabie le 2 mai à 2 h ( Heure de l'Est, soit 6 h UTC) après une préparation de 50 minutes, au large des côtes pakistanaises, environ 9 heures et 30 minutes après sa mort, la tradition islamique exigeant un délai court entre le décès et l'enterrement.121(*)

Le corps a été placé sur une planche qui fut ensuite inclinée afin que celui-ci glisse dans la mer. Une inhumation en mer permet de ne laisser aucune trace de la localisation précise du corps, évitant ainsi que la sépulture puisse devenir un sanctuaire, objet d'une vénération. En outre, selon l'US Navy, aucun pays n'aurait accepté de recevoir la sépulture.122(*)

Toutefois, d'après la Grande Mosquée de Paris, la pratique de l'immersion « serait totalement contraire aux règles sacro-saintes de l'islam ». Celle-ci rappelle que, selon la religion musulmane, « le corps d'un défunt doit d'abord être lavé avec de l'eau savonneuse, puis de l'eau claire et enfin avec de l'eau mêlée de camphre, avant d'être entouré de trois pièces d'étoffe ». « L'inhumation se fait en terre, sans cercueil. La dépouille doit être placée parallèlement à la Mecque, la tête du défunt légèrement tournée vers la droite pour que son visage soit tourné vers la Kaaba, le sanctuaire sacré de la Mecque ». La sépulture en mer n'est permise uniquement que lorsque le décès est survenu à bord d'un bateau.123(*)

Le 4 mai 2011, Barack Obama affirme qu'il renonce à publier les photos de Ben Laden mort, de peur de choquer le public

Conclusion

De ce qui précède, retenons que le responsable des attentats du 11 septembre contre le World Trade Center et pentagone, Ben Laden a été traqué comme ennemi n°1 par les Etats Unies d'Amérique. Durant toute une décennie, Ben Laden était introuvable et ne cessait de menacer d'occasionner une autre action attentatoire contre les américains.

En effet, l'avènement de Barack Obama à la tête des USA vient changer la donne en montant une unité spéciale des commandos qui réussi à tuer Ben in situ la nuit du 02 mai 2011. Soulignons que cette mort a fait couler beaucoup d'encre et salive car beaucoup de réactions ont été enregistrées.

Sur cette même lancée, le chapitre suivant mènera une analyse perspective sur la vie de la nébuleuse Al-Qaïda post Ben Laden.

CHAPITRE IV : L'AVENIR D'Al-Qaïda POST BEN LADEN

L'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden suscite nombre d'hypothèses sur l'avenir de la mouvance terroriste. Géo stratèges, journalistes, chercheurs, et spécialistes du renseignement s'interrogent sur les conséquences de cet évènement. De ce fait ce chapitre tachera de soulever certaines matières conduisant à la compréhension d'un Al-Qaïda post ben Laden.

SECTION I : LA POLITIQUE AMERICAINE AU MOYEN ORIENT APRES LA MORT DE BEN LADEN

Cette section gravitera sur la diplomatie américaine à l'égard du monde musulman après ben Laden, de la projection militaire post ben Laden au moyen orient et des relations américano pakistanaises post ben Laden.

§1. La diplomatie américaine à l'égard du monde musulman après Ben Laden

Le printemps arabe est plus lourd de conséquences sur la politique américaine au Moyen-Orient que la mort de Ben Laden. Ce personnage était en effet rejeté par une grande partie de la population de ces pays, et accusé d'incarner le terrorisme transnational et de donner une image négative de l'Islam. Sa mort ne modifie pas cette situation, à l'exception d'un nombre limité - mais actif - de sympathisants qui pourraient en représailles s'attaquer aux autorités politiques des pays du Moyen-Orient.

Mais dans leur majorité, les musulmans avaient tout intérêt à prendre leurs distances avec le chef d'Al-Qaïda afin de ne pas être assimilés à son radicalisme. Sa mort dans un isolement visiblement marqué - et malgré les soutiens dont il bénéficiait nécessairement - est symptomatique de la difficulté du fondateur d'Al-Qaïda à se positionner comme un véritable chef de guerre. Il n'était devenu rien d'autre qu'un fugitif, et ce depuis sans doute le début de l'opération militaire en Afghanistan.

Sur le théâtre d'opérations en Afghanistan, la mort de Ben Laden peut avoir deux effets sur le court et moyen terme.

D'un côté, les insurgés talibans peuvent être démoralisés par la disparition de celui en qui ils voyaient une sorte de guide, même si leur lien avec Ben Laden reste incertain.

De l'autre, par vengeance, il est possible que la mort de Ben Laden entraîne un regain de violence, un peu à la manière de ce qui s'est produit en Irak après l'exécution de Saddam Hussein.

En tout état de cause, la mort de Ben Laden ne marque pas la sécurisation totale de l'Afghanistan, et ne doit pas changer la nature de l'engagement militaire. Il sera simplement indispensable pour les alliés engagés de rappeler que la présence n'était pas uniquement justifiée par la traque d'un homme, mais aussi - et surtout - par la nécessité de reconstruire une société meurtrie par des années de guerre civile et le régime absurde des talibans, sans quoi les opinions publiques pourraient exiger un retrait rapide, et sans avoir préparé l'après.124(*)

Il va sans dire que les américains ont une autre vision par rapport à la projection militaire au moyen orient.

§2. La projection militaire post Ben Laden au moyen orient

La mort d'Oussama Ben Laden le 1er mai vient renforcer au Congrès les partisans d'une réduction de l'engagement et des dépenses américaines en Afghanistan. A la Maison-Blanche aussi, la disparition du chef terroriste conforte ceux qui prônent un retrait rapide d'une partie des forces américaines. Plusieurs membres du gouvernement ont toujours préféré une approche s'appuyant davantage sur l'élimination ciblée de chefs insurgés, plutôt que la stratégie de lutte anti-insurrectionnelle, gourmande en effectifs, que le président Barack Obama avait fini par approuver. Dans les débats qui s'annoncent, la fin du numéro un d'Al-Qaïda sera sans doute citée comme preuve que le contre-terrorisme est une tactique plus efficace et plus rentable pour la prochaine phase d'une guerre qui dure depuis près de dix ans.125(*)

Déjà, avant la mort de Ben Laden, certains affirmaient - compte tenu du lourd endettement du pays, de la perspective de la présidentielle de 2012 et des développements sur le terrain -  que les projets américains de reconstruction de l'Afghanistan allaient bien au-delà d'une mission consistant à garantir la sécurité des Etats-Unis. Les dépenses actuelles, de l'ordre de 10 milliards de dollars par mois, sont «fondamentalement intenables» et il est urgent que le gouvernement définisse clairement quels sont ses objectifs, et son plan pour sortir de l'Afghanistan, a déclaré le sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry. Un haut responsable américain impliqué dans la politique afghane des Etats-Unis soutient cependant qu'il «n'est pas question de revenir» sur la stratégie qui a amené le déploiement de 30 000 soldats et des centaines de diplomates supplémentaires dans la zone de guerre depuis le début de l'an dernier. «Nous nous sommes engagés dans une voie clairement définie par le président,» a-t-il dit. Mais il a reconnu que la mort de Ben Laden «pourrait avoir un impact significatif sur la mise en place d'objectifs et le rythme» du retrait des troupes américaines, qui devrait commencer en juillet et se terminer à la fin de 2014.

Des membres de l'équipe gouvernementale soulignent sous couvert d'anonymat qu'Obama et ses conseillers à la sécurité nationale n'ont pas encore abordé la question du retrait, pas plus que les militaires n'ont formulé de suggestions. Mardi 10 mai, lors d'une audition devant la Commission du Sénat sur les Affaires étrangères qu'il préside, John Kerry a précisé qu'il ne défendait pas un «retrait unilatéral et précipité» des forces américaines. Mais «je pense que nous devrions nous efforcer de réduire au maximum notre présence», a-t-il indiqué.126(*)

John Kerry est un ami de longue date et un ancien collègue au Sénat du vice-président Joe Biden, chef de file de la faction qui, au sein du gouvernement, estime que le contre-terrorisme est une tactique plus fiable et moins coûteuse contre Al-Qaida. Les interventions du sénateur du Massachusetts sont souvent un bon indicateur des réflexions en cours à la Maison-Blanche. La secrétaire d'Etat Hillary Rodham Clinton et le secrétaire à la Défense Robert M. Gates dont les ministères sont chargés de mener la stratégie anti-insurrectionnelle -- étaient cependant tous les deux en faveur de la décision annoncée en décembre 2009 par Obama d'envoyer de troupes supplémentaires en Afghanistan.

A la Maison-Blanche, un haut responsable signale que rien ne dit que le décès de Ben Laden creusera un fossé entre les talibans et Al-Qaida. «Mais sa mort rend ce scénario plus probable, ce qui pourrait faciliter les efforts de réconciliation entre les talibans et le gouvernement afghan.» 127(*)L'impatience n'en est pas moins grandissante dans les rangs des parlementaires. Dans les dix jours qui se sont écoulés depuis la mort de Ben Laden, de nombreux législateurs ont demandé une accélération du retrait d'Afghanistan, en commençant par les troupes qu'Obama a prévu de rapatrier cet été, sans en spécifier le nombre. Tant à la Maison-Blanche qu'au Capitole, on considère presque unanimement que  des succès militaires substantiels ont été remportés cette année contre les talibans. Mais les autres facettes de la stratégie comme l'amélioration de la situation économique et politique  font l'objet d'évaluations moins positives.

Beaucoup remettent en question la faisabilité de plans qui prévoient le recrutement et la formation de près de 400 000 Afghans dans les forces de sécurité, chargées de remplacer les unités étrangères après leur départ. On estime que l'entretien des forces afghanes coûte chaque année jusqu'à 10 milliards de dollars, alors que les revenus fiscaux perçus par Kaboul se limitent à environ 2 milliards. «Donc, qui va payer la facture si l'on ne veut pas que ces soldats et ces policiers soient les moteurs de la prochaine insurrection ?», demande John Kerry. Obama attend les recommandations du général David Petraeus, commandant en chef des forces de la coalition, au sujet d'un retrait en juillet. De source militaire, on affirme : «Du point de vue de l'armée, il n'est pas question de relancer le débat sur la stratégie. On nous a confié une mission. Pour nous, c'est une stratégie qui fonctionne et qui est délimitée dans le temps.»

La hiérarchie militaire américaine en Afghanistan appelle au maintien d'opérations agressives contre les talibans, et à un retrait plus modeste à court terme. «La menace d'Al-Qaida est maintenant amoindrie. Or, c'était le principal argument du gouvernement en faveur de la présence en Afghanistan, constate un diplomate occidental en poste à Kaboul. Ce qui ne peut que pencher en faveur de l'idée qu'il est temps d'entamer le retrait.128(*)»

Par ailleurs, soulignons qu'après l'opération menée par les commandos américains qui a conduit à trépas le coryphée d'Al-Qaïda, les relations américano pakistanaises semblent se détériorer.

§3. Les relations américano pakistanaise après la mort de Ben Laden

Le Pakistan a dénoncé mardi 3 mai le raid américain engagé sur son sol pour éliminer Oussama Ben Laden, deux jours après la mort du chef d' Al-Qaïda, tandis que les Etats-Unis avouaient avoir tenu leur allié à l'écart de l'opération par crainte qu'il ne donne l'alerte.

"Le Pakistan exprime sa vive préoccupation et ses réserves sur la manière dont le gouvernement américain a mené à bien cette opération sans information ni autorisation préalables du gouvernement pakistanais", a fait savoir le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Des relations déjà difficiles d'autant plus que une telles "actions unilatérales non autorisées" ne doivent pas devenir la règle", y compris pour les Etats-Unis, a martelé la diplomatie pakistanaise, estimant que de tels raids "minent la coopération et représentent parfois aussi une menace pour la paix et la sécurité internationales".

L'élimination du chef d'Al-Qaïda tend des relations déjà difficiles entre les deux alliés.

Les Etats-Unis n'ont pas informé le Pakistan de l'opération contre Ben Laden car ce pays "aurait pu alerter" le chef d'Al-Qaïda de l'imminence du raid, a déclaré le directeur de la CIA, Leon Panetta, dans un entretien au magazine Time.129(*)

Par ailleurs, dans les lignes qui suivent, nous allons présenter la nouvelle stratégie américaine dans la lutte anti terroriste.

SECTION II : LA NOUVELLE STRATEGIE AMERICAINE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME APRES LA MORT DE BEN LADEN

Cette section nous présente la vision nouvelle des Etats Unies d'Amérique dans la lutte anti terroriste après la mort de ben Laden. De ce fait elle tournera autour de la lutte de propagande sur internet et de la politique des drones prônée par l'administration OBAMA

§1. Une Lutte de propagande sur Internet

En plein coeur de l'été et de la crise économique, 9 ans et onze mois après le 11 septembre 2001, la Maison Blanche a publié jeudi 4 août un document intitulé «  Renforcer le pouvoir des partenaires locaux pour lutter les violences extrémistes aux Etats-Unis ».La nouvelle stratégie de l'administration Obama s'appuie donc sur les communautés locales pour contrer la stratégie de propagande des organisations extrémistes qui sévissent sur le sol américain ou depuis l'étranger.

Avec au premier rang, Al-Qaïda qui, selon le document, cherche activement à recruter et à influencer des musulmans Américains pour mener des attaques « depuis l'intérieur ». Et la Maison Blanche souhaite la création d'un réseau fédéral des communautés locales unies et mobilisées contre les menaces de violence extrémiste.130(*)

Le document de la Maison Blanche évoque également la cyber guerre idéologique avec Al-Qaïda et les autres mouvements islamistes. Le document souligne la prolifération des discours de propagande terroristes en langue anglaise sur internet, qui se répandent notamment via les forums et les réseaux sociaux. « Nous devons activement et agressivement contrer ces idéologies extrémistes violentes qui visent à recruter des individus », indique la Maison Blanche qui parle d'une lutte des « narratives » ou comment le « story telling », l'art de raconter des histoires et de les répandre, devient un enjeu stratégique majeur de la lutte contre le terrorisme. Dix ans après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis mènent sur internet un nouveau front de guerre contre la radicalisation violente et le terrorisme. Avec le soutien et l'appui des grandes entreprises de la Silicon Valley.

· De la diplomatie traditionnelle à la diplomatie digitale

D'ailleurs, cette année est marquée par un rapprochement certain entre les géants de l'innovation californiens et le département d'Etat. Google, Twitter, Facebook sont désormais étroitement associés à la diplomatie américaine. Sous Hillary Clinton, le département d'Etat a adopté la théorie dite du « savoir-faire du 21ème siècle » qui consiste en un usage subtil de l'innovation technologique au service de la politique étrangère américaine. Les américains appellent cela la diplomatie digitale. 131(*)

Et « la défense de la liberté d'internet » est désormais placée au coeur de cette diplomatie et de sa stratégie de lutte contre al-Qaïda notamment. «Les Etats-Unis ne laisseront pas internet et les territoires digitaux aux mains des terroristes ou de régimes autoritaires qui censurent le réseau», avertit Alec Ross, conseiller à l'innovation d'Hillary Clinton et l'un des architectes de cette diplomatie digitale.

· Google et la lutte contre le terrorisme

Signe de ce rapprochement entre Washington et la Silicon Valley, le géant Google a créé en septembre dernier une nouvelle unité de recherche, un laboratoire à idées. Son nom : Google Ideas. Ce think tank est dirigé par Jared Cohen, 29 ans, qui a quitté en septembre 2010 son poste de diplomate digital au département d'Etat pour prendre la tête de Google Ideas.

Spécialiste de contre-terrorisme, ce jeune diplomate iconoclaste a organisé, fin juin à Dublin, le premier sommet de Google Ideas qui a rassemblé une cinquantaine de terroristes repentis et d'activistes ultra-violents du Hezbollah, d'al-Qaïda, des Farc colombiens, des chefs de gang de Los Angeles, d'anciens néo-nazis scandinaves...

En tout, 80 ex-terroristes ont été invités en Ecosse par Jared Cohen pour conter leurs expériences et réfléchir sur les processus de recrutement et de radicalisation devant un parterre composé notamment de chef d'Etat et de fonctionnaires du département d'Etat. Une approche privatisée du contre terrorisme ou quand Google s'attaque à la résolution d'une problématique jusque là réservée aux agences d'Etat et devient un élément de la diplomatie américaine.

Cette expérience de Google Ideas a largement inspiré et nourri le rapport que vient de publier la Maison Blanche. Et dans la continuité du discours du Caire de 2009, la Maison Blanche a pour objectif, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme islamiste « de contrer la propagande d'al-Qaïda pour qui les Etats-Unis sont en guerre contre l'Islam »132(*)

§2. Les drones d'Obama

Les drones ou la «doctrine Obama» Il y a un an, Ben Laden était tué au Pakistan. Des milliers de documents révèlent sa vision du monde. Ce succès a renforcé le président américain dans sa conviction d'utiliser des drones.

Profitant de la commémoration du premier anniversaire de la mort d'Oussama ben Laden tué par les forces spéciales de la Marine américaine, les Navy Seals, le 2 mai 2011 dans son repaire d'Abbottabad au Pakistan, beaucoup s'interrogent sur la stratégie de la Maison-Blanche dans la lutte contre le terrorisme. Dépeint par les républicains comme un commandant en chef des armées pacifiste, prêt à prôner l'apaisement avec l'Iran, sans expérience militaire, Barack Obama véhicule une image trompeuse.133(*)

Dans une tribune libre parue dimanche dans le New York Times, le spécialiste de la sécurité nationale Peter Bergen est le premier à contester cette réputation. Le président est un «guerrier en chef». Il a dépassé le «syndrome du Vietnam» qui a pourtant marqué plusieurs générations de démocrates devenus très anti-guerre, même s'il a ordonné le retrait d'Irak et qu'il prévoit de sortir les troupes américaines d'Afghanistan en 2014. En 2011, l'Amérique d'Obama était impliquée dans six conflits se déroulant dans six pays musulmans différents: Irak, Afghanistan, Pakistan, Somalie, Yémen et Libye. Pour Peter Bergen, le président noir ressemble davantage à Teddy Roosevelt qu'à Jimmy Carter. En comparaison, Bill Clinton n'avait pas voulu intervenir au Rwanda après la débâcle somalienne de 1993. Il n'était intervenu en Bosnie qu'en derniers recours. Il n'aura en revanche fallu que quelques semaines à Barack Obama pour s'engager, avec l'OTAN, à renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.134(*)

En entrant à la Maison-Blanche, le président démocrate avait pourtant vite annoncé la couleur: finie la rhétorique belliqueuse qui a charpenté la politique néoconservatrice des premières années Bush. Finie aussi la lutte tous azimuts contre la terreur et retour au multilatéralisme (ONU) ainsi qu'à la transparence. L'administration américaine a désormais un ennemi prioritaire: Al-Qaida et ses affiliés. Ce n'est qu'une facette incomplète de la réalité. L'autre facette, c'est ce que les experts appellent la «doctrine Obama». Vice-conseiller à la sécurité nationale, Ben Rhodes définit le concept dans le magazine Foreign Policy: la doctrine Obama sur l'usage de la force consiste à embrasser le multilatéralisme quand cela s'avère nécessaire, mener des frappes à l'aide de drones, maintenir une présence légère sur le terrain comme en Libye, au Pakistan et au Yémen. C'est aussi prendre en compte les coupes budgétaires dans la Défense et mettre sur pied des unités militaires plus souples et plus mobiles et les déployer en Asie, dans le Pacifique et au Moyen-Orient.135(*)

L'utilisation massive de drones dans les zones tribales du Pakistan, au Yémen ou en Somalie constitue l'élément le plus controversé de la doctrine, même si l'un d'eux, le RQ-170 Sentinel a permis de localiser Ben Laden à Abbottabad. Le Pentagone n'en avait que 50 voici dix ans. Il en possède maintenant plus de 7500. Ces avions sans pilote servent à mener des «frappes ciblées» pour éliminer des dirigeants d'Al-Qaïda et de mouvements terroristes affiliés. Depuis 2009, plus de 2000 personnes sont tombées sous leurs missiles. Mais leur utilisation est restée jusqu'ici très secrète. Au Pakistan, c'est la CIA qui se charge d'opérer les avions sans pilote et l'administration américaine lui accorde une latitude sans précédent pour le faire.136(*)

Si les drones permettent des attaques beaucoup plus précises et impliquent moins de moyens, ils posent plusieurs problèmes. Au début, ils étaient employés pour cibler un dirigeant d'une organisation terroriste. Désormais, la CIA n'hésite pas à mener des frappes sur des groupes suspects. Une manière de «tuer au lieu de capturer» et de ne pas s'embarrasser des questions de détention restées ouvertes après l'incapacité du président Obama de fermer la prison de Guantanamo. Les bavures ont coûté la vie à des centaines de civils au Pakistan ou au Yémen. L'agence de renseignement, dont les effectifs pakistanais ont été fortement renforcés, reste très opaque. Human Rights Watch met en garde. La CIA, qui semble évoluer dans une zone grise, doit agir en conformité avec le droit international. L'usage massif de drones par l'agence de renseignements pose un autre problème, démocratique celui-là: le président américain ne juge pas nécessaire de passer par le Congrès pour obtenir le feu vert pour des frappes au moyen de drones.

La multiplication des frappes par le biais d'avions sans pilote a aussi causé un fort ressentiment dans les populations du Pakistan et du Yémen. Dans ce dernier pays, on estime que le nombre de combattants d'Al-Qaïda dans la péninsule Arabique est passé de 300 en 2009 à 1000 aujourd'hui en raison des frappes. Au Pakistan, 97% des Pakistanais sondés par le Pew Research Center en 2011 estimaient que l'usage massif de drones dans leur pays était une mauvaise chose.137(*)

La doctrine Obama peut-elle être la base d'une politique à long terme? Des militaires à la retraite cités par Foreign Policy en doutent. Les drones ont certes permis d'affaiblir sensiblement Al-Qaïda. Mais dans le même temps, ils ont causé une haine contre l'Amérique qui se traduit notamment par un renforcement des talibans. Ils ne remplacent pas, selon eux, la nécessité de soutenir les autorités locales dans leurs efforts de marginaliser les terroristes. Ils ne contribuent pas non plus à renforcer l'économie, à combattre la corruption et à améliorer les institutions.
Barack Obama est arrivé hier soir à Kaboul pour une visite surprise au cours de laquelle il devait signer un accord de partenariat stratégique avec son homologue afghan Hamid Karzaï. (AFP)138(*)

En effet, après avoir compris la nouvelle stratégie confectionnée par l'administration Obama dans la lutte anti terroriste, nous menons des cogitations approfondies sur les problèmes et perspective du réseau Al-Qaïda.

SECTION III : LE RESEAU AL-QUAIDA : PROBLEMES ET PERSPECTIVES

Cette section qui porte sur les différents problèmes que rencontre le réseau après le coup de massue qu'il a reçu et surtout son devenir post ben Laden. Le cas échéant cette section gravitera sur l'arrivée de Zawiri et l'avenir du réseau Al-Qaïda, Le rejet d'Al-Qaïda par les musulmans et l'avenir d'Al-Qaïda post ben Laden.

§1. L'arrivée de Zawiri et l'avenir du réseau Al-Qaïda

Al-Qaïda a un nouveau chef. L'Égyptien Ayman al-Zawahiri, 60 ans, succède à Oussama Ben Laden, tué début mai par un commando américain au Pakistan, selon la chaine de télévision Al-Arabiya qui a reçu un communiqué de l'organisation terroriste.

Dans ce communiqué, Al-Qaïda s'est engagé à poursuivre, sous la direction de son nouveau chef, «le jihad contre les apostats qui agressent la terre d'islam, et à leur tête l'Amérique croisée et son acolyte Israël».

Le nouveau patron d'Al-Qaïda n'a pas le charisme d'Oussama Ben Laden. Sombre intellectuel à grosses lunettes, Ayman al-Zawahiri semble traîner le poids de sa faute. Arrêté après l'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate en 1982, condamné à trois ans de prison, il a subi la torture et l'humiliation dans les geôles de Hosni Moubarak. Et il a parlé. Il a dénoncé son mentor et ami Issam el-Qamari, qui sera arrêté.

Al-Zawahiri est alors l'un des dirigeants du Djihad égyptien, fusion de plusieurs groupes, dont le sien. Ce fils de notable cultivé était d'abord passé par les Frères musulmans avant de s'engager dans une idéologie plus radicale. Lors du procès de l'assassinat de Sadate, il s'affirme comme un leader. Son discours véhément, clamé du box, reste dans les mémoires : «Nous sommes le vrai front islamique contre le sionisme, le communisme et l'impérialisme ! Nous avons subi des traitements inhumains ! Nous n'oublierons jamais !» 139(*)

Dès sa libération, il quitte définitivement son pays pour se rendre au Pakistan, où il rejoint un jeune et riche Saoudien, Oussama Ben Laden, qui a fondé un «bureau» d'aide aux combattants afghans antisoviétiques, précurseur d'Al-Qaïda. Ayman al-Zawahiri place ses hommes dans l'entourage de Ben Laden. Il va probablement jusqu'à éliminer le précédent mentor du chef islamiste, le Jordanien Abdallah Azzam, tué dans un attentat à la voiture piégée. Un attentat raté contre Hosni Moubarak en 1995. C'est surtout l'argent de Ben Laden qui intéresse al-Zawahiri. À l'époque, il cherche un financement pour poursuivre la lutte contre le pouvoir égyptien, qui reste son principal objectif. Ben Laden ne l'entend pas ainsi. Il prêche un djihad mondial centré sur les États-Unis. Mais c'est toujours l'Égypte qui préoccupe al-Zawahiri quand il suit Ben Laden au Soudan, en 1992. De Khartoum, il organise des attentats contre le pouvoir égyptien, dont celui, raté, contre Moubarak lors d'une visite en Éthiopie en 1995, ourdi en collaboration avec le Groupe islamique égyptien. Il quitte le Soudan en 1996 avec Ben Laden, mais ne le suit pas en Afghanistan. Toujours obsédé par le projet d'un régime islamique en Égypte, al-Zawahiri parcourt le monde, de l'Europe à l'Indonésie, pour lever des fonds supplémentaires. Il échoue et rejoint alors Ben Laden en Afghanistan. Où il opère un changement radical. Il se rallie à la guerre sainte mondiale du Saoudien. Il signe avec lui, le 26 février 1998, le manifeste d'Al-Qaïda, annonçant la création du «Front islamique mondial contre les Juifs et les Croisés». Ayman al-Zawahiri devient alors l'idéologue d'Al-Qaïda et l'un des principaux organisateurs de ses attentats.

Il publie en 2001 un livre programme, Cavaliers sous l'étendard du Prophète, où il prône la violence et s'en prend aux islamistes réformistes, principalement les Frères musulmans. Il affirme que le pouvoir n'appartient qu'à Dieu. Ayman al-Zawahiri devient alors le double plus terne mais plus présent d'Oussama Ben Laden. C'est lui qui menace la France, traite Obama de «nègre domestique» ou dénonce l'action de l'Otan en Libye. On ne sait pas très bien où il se trouvait ces derniers mois ni s'il pourra garder la même influence que Ben Laden sur les «franchisés» d'Al-Qaïda, au Maghreb, en Irak ou dans la péninsule arabique.140(*)

Un ancien d'Al-Qaïda lui avait prédit début mai un avenir à la tête de la nébuleuse islamiste. En Jordanie, Houthayfa Azzam a annoncé qu'al-Zawahiri allait «mener des opérations de vengeance.» Selon lui, c'est al-Zawahiri qui était devenu le véritable patron depuis plusieurs années. «Al-Qaïda était tombée dans la main de fer d'Ayman al-Zawahiri», a-t-il déclaré ; ces propos, il est vrai, doivent être pris avec précaution. Houthayfa Azzam n'est autre que le fils d'Abdallah Azzam, le premier maître à penser d'Oussama Ben Laden. L'homme qu'Ayman al-Zawahiri avait dénoncé comme un «agent de la CIA» avant la mort d'Azzam dans un mystérieux attentat.141(*)

§2. Le rejet d'Al-Qaïda par les musulmans

Outre les problématiques structurelles et organisationnelles actuelles, Al-Qaïda rencontre aussi opposition de taille dans son propre camp, ce qui ne contribue qu'à enclaver un peu plus l'organisation dans l'impasse que nous lui connaissons.
Les principales, les plus nombreuses et les premières victimes du mouvement restent les musulmans. Que le groupe islamiste soit parmi les organisations terroristes les plus traquées, diabolisées et rejetées par l'occident, cela peut se comprendre. Mais là où Al-Qaïda diffère d'autres groupuscules islamistes (Hamas ou Hezbollah), c'est qu'elle est aujourd'hui en grande partie rejetée par les populations musulmanes du Moyen-Orient et du Maghreb. Non pas que le Hamas ou Hezbollah soient plus intégrés dans l'esprit des musulmans (le nombre de victimes musulmanes est tout aussi patent), mais ces derniers proposent une dimension nationaliste. Thème fondamental dans une région en perpétuelle mutation qui séduit un plus large panel de volontaires.

Pour Jean-Pierre Filiu, l'hermétisme des sociétés musulmanes face à ce qu'elles perçoivent comme un détournement de l'Islam et de ses valeurs a acculé Al-Qaïda dans son impasse stratégique actuelle. La vision sélective, et donc mensongère, de l'Islam vu par l'organisation, et sa lecture sélective du texte sacrée, font que le groupe, déjà en guerre contre l'occident, est aussi en guerre contre l'Islam réel tel est pratiqué par 1.5 milliards de personnes. Une fatwa contre le terrorisme et les attentats suicides est même sur le point d'être publié à Londres par le Dr Tahir Al-Qadri, érudit soufiste et influant spécialiste de la loi islamique. Son avis juridique de 600 pages rappel que l'Islam interdit le massacre de citoyens innocents et les attentats suicides, tout en discréditant l'idéologie violente du groupe Al-Qaïda.

Ainsi l'organisation terroriste a renforcé son ennemi beaucoup plus qu'il n'a aidé la cause du peuple musulman, en offrant la vitrine d'un Islam radicalisé justifiant le bienfondé de toute intervention armée étrangère. Cet ennemi, ancien allié tant que le groupe islamiste s'occupait de la lutte utile contre le communisme, lui a d'ailleurs bien rendu en l'hypertrophiant, le sacralisant. L'erreur, ou la prouesse, ultime de l'occident en lutte contre Al-Qaïda, fut d'associer le chiite religieux Ben Laden au sunnite laïque Saddam Hussein. Le tout associé à quelques armes imaginaires permit à la coalition américaine de retourner se dégourdir en Irak creusant l'incompréhension entre les deux.142(*)

§3. L'avenir d'Al-Qaïda

Le 29 Janvier 2009 lors d'un entretien au Sénat, Alain Chouet, ancien directeur du service de sécurité de la DGSE affirmait qu'Al-Qaïda était « morte sur le plan opérationnel ». Sur les 400 membres actifs en 2001, moins d'une cinquantaine ont réussi à s'échapper dans des zones reculées, avec des conditions de vies précaires et des moyens de communication incertains. Cela offre un dispositif insuffisant pour coordonner à l'échelle planétaire un réseau de violence politique. Aucun des terroristes post 11 septembre qui ont agit dans les attentats de Madrid, Londres et autres, n'auraient eu de contact avec le noyau de l'organisation. Quand aux revendications de Ben Laden ou Zawahiri elles n'impliquent aucunes liaisons fonctionnelles et opérationnelles entre ces terroristes et les « vestiges » de l'organisation.

Toutefois, à force de l'invoquer en permanence, le mouvement qui ne serait pourtant plus qu'un cadavre s'est vu sacralisé. C'est dans cette ligne de pensée que nous l'avons qualifié d'organisation « hyper » terroriste, non pas en rapport avec sa puissance mais parce quelle s'est attaquée à l'hyper puissance américaine.
Cette obstination à invoquer l'organisation mythique Al-Qaïda aura eu au moins deux effets pervers:    Premièrement, tout contestataire violent dans le monde musulman, quel que soit ses motivations, a rapidement compris qu'il devait se réclamer d'Al-Qaïda s'il voulait être pris au sérieux, entourer son action d'une légitimité reconnue par les autres et ainsi lui donner un retentissement international.

Deuxièmement, tout les régimes du monde musulman, vertueux ou non, ont compris que leur intérêt était de faire passer leurs opposants pour des membres d'Al-Qaïda s'ils voulaient pouvoir les réprimer en toute tranquillité, si possible avec l'assistance des occidentaux. D'où une prolifération d'Al-Qaïda soit disant auto proclamé (au Pakistan, au Yémen, en Somalie, au Maghreb...)143(*)

Le résultat de cette dialectique est évidement le renforcement du mythe d'une organisation omniprésente, tapie derrière chaque musulman, prête à l'instrumentaliser pour frapper l'occident en général, et les États-Unis en particulier. Vision qui génère, en autre, des ripostes totalement inadaptées.
En désignant Al-Qaïda comme l'ennemi permanent contre lequel il faut mener une croisade militaire et sécuritaire totalement inadaptée à sa forme réelle, les dégâts collatéraux sont non seulement patents comme on peut le constater au quotidien en Irak, Afghanistan, Somalie, mais l'efficacité laisse aussi à désirer. Sans oublier que ce cycle de violence indéfini a alimenté le vivier des volontaires malgré une base opérationnellement affaiblie, d'où la mutation d'une organisation centralisée à une organisation de réseaux.

D'après Monsieur Chouet, Al-Qaïda serait morte entre 2002 et 2004. Mais avant de mourir elle a été engrossée par les erreurs stratégiques de l'occident et les calculs de certains pays Islamistes. La question est désormais de savoir si nous referons les mêmes erreurs avec ces nouveaux groupuscules en alimentant un cycle indéfini de violence ou si, comme laisse à le suggérer les thèses de M. Filiu, nous laisserons ces reliquats se désintégrer seuls.144(*)

Alors que depuis neuf ans, l'occident frappe sans grand discernement en Irak, en Afghanistan, dans les zones tribales du Pakistan, en Somalie, et bien sûr en Palestine; nous nous proposons maintenant d'intervenir au Yémen et pourquoi pas en Iran. Pourtant, aux yeux des musulmans, comme des occidentaux, Ben Laden court toujours au nez de la plus puissante armée du monde tandis que le régime Islamiste d'Arabie saoudite reste sous la protection absolue de l'Amérique. Les erreurs stratégiques de la coalition occidentale ont de plus alimentées depuis des années un vivier de volontaires qui, additionné à l'affaiblissement progressif de ses dirigeants, a engendré une mutation structurelle du groupe terroriste. L'Al-Qaïda centrale - Al-Qaïda al Oum - que nous connaissions n'est aujourd'hui plus qu'un vestige. Elle a toute fois su influencer des groupes plus jeunes et plus violent comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique (proclamé en 2007) qui s'étend désormais à la région du Sahel.

L'affaiblissement indéniable de la Base semble marquer l'avènement d'un djihadistes sans leader.

Ayman al-Zawahiri, le nouveau chef d'Al-Qaïda depuis la mort d'Oussama ben Laden, a hérité d'une organisation assaillie de toutes parts. Lui et les autres dirigeants du réseau doivent redouter de connaître le même sort que Ben Laden. Pire encore, ses excès valent à Al-Qaïda d'être condamnée dans les cercles islamistes, et elle risque d'être mise sur la touche dans le contexte du Printemps arabe. Pourtant, Al-Qaïda est aussi le groupe terroriste le plus célèbre du monde, et ses membres restent forts. Quelles sont ses perspectives d'avenir?

Le défi le plus immédiat que Zawahiri doit relever est interne. S'il est depuis longtemps reconnu comme le poulain de Ben Laden et qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) s'est engagée à lui être loyal, unifier la très fissipare communauté djihadiste est une tâche ardue. Zawahiri n'a pas le charisme de Ben Laden, et c'est une personnalité qui divise l'opinion.

Il est particulièrement difficile d'atteindre unité et coopération quand une pluie de missiles de drones américains complique tout rassemblement ou même communication entre dirigeants terroristes.

Zawahiri doit aussi affronter les séismes politiques qui secouent le Moyen-Orient. Les événements en Tunisie, en Égypte, au Yémen, en Libye et dans d'autres pays mettent en question le message d'Al-Qaïda selon lequel seule la violence anti-américaine peut apporter le changement à la région.145(*)

Par ailleurs, par rapport aux questions financières Ben Laden ne finançait plus Al-Qaïda depuis 2002. Tous ses avoirs ont été gelés, toutes les transactions financières de tout son clan et de tous les gens proches de lui ont été scrutés. Donc on peut dire que le coup dur aux finances d'Al-Qaïda a déjà été porté il y a huit ans, ce n'est pas nouveau.146(*)

Conclusion

Après les différentes considérations développées durant ce chapitre, nous avons pu découvrir les corolaires stratégiques qu'on a eu à observer après le trépas de ben Laden, la politique américaine vis-à-vis du moyen post Ben Laden. Nous avons eu à monter comment le raid américain sur le sol pakistanais mina quelque peu la coopération-américano pakistanaise post Ben Laden.

En effet, suite à l'avancée sécuritaire réalisée par OBAMA en tuant le chef Al-Qaïda, nous avons remarqué une politique nouvelle confectionnée par l'administration OBAMA fondée sur une politique digitale et une option des drones.

CONCLUSION

De manière abrégée, nous retiendrons que l'avenir du réseau Al-Qaïda post ben Laden a été la toile de fond de nos cogitations durant nos investigations scientifiques.

En effet, après maintes recherches, nous avons pu considérer qu'Al-Qaïda est face à un avenir incertain. Les soubresauts insurrectionnels dans le monde arabe et la mort d'Oussama Ben Laden laissent présager un nouvel affaiblissement de l'organisme terroriste. Beaucoup dépend cependant du déroulement ultérieur des révoltes et révolutions en Afrique du Nord et au Proche-Orient.

Soulignons en effet, que nous avons fragmenté ces argumentaires en quatre chapitres. Le premier a servi d'un cadre nous permettant d'éplucher les contours du terrorisme international, le deuxième pour sa part nous a permis de faire l'esquisse des considérations internes et externe touchant au réseau Al-Qaïda, le troisième chapitre nous a pareillement permis d'épiloguer sur la mort de l'emblématique leader d'Al-Qaïda, dans le quatrième chapitre enfin, nous avons soulevé une perspective sur l'avenir du réseau après le trépas de ben Laden sans oublier les différents problèmes qui l'assaillent.

De ce fait, remarquons que l'assassinat de Ben Laden par une unité spéciale américaine le 2 mai 2011 ne doit pas non plus forcément se solder par un affaiblissement décisif d'Al-Qaïda comme on largue de temps à autre. Il n'y a certes aucun doute que sa mort représente un coup dur pour Al-Qaïda. Ben Laden a été pendant plus de deux décennies le chef incontesté de l'organisme, qu'il avait créé lui-même en 1988. Il a défini les objectifs stratégiques d'Al-Qaïda, garanti la justification religieuse de sa tactique violente, fait en sorte qu'elle puisse continuer à se développer et a dirigé en personne quelques-uns de ses attentats les plus dévastateurs. Même pendant les dernières années, Ben Laden semble avoir été beaucoup plus impliqué dans la planification des opérations du réseau central que ne le soupçonnaient beaucoup d'experts en terrorisme.

L'avenir d'Al-Qaïda est également incertain parce que les querelles intestines et les luttes entre les différents courants au sein de l'organisme pourraient s'intensifier après la mort de Ben Laden. Sans l'autorité et le charisme de Ben Laden, Al-Qaïda sera considérablement plus difficile à diriger à l'avenir. A cela vient s'ajouter l'évidence démoralisante pour les membres d'Al-Qaïda que les Etats-Unis continuent à ne reculer devant aucune dépense pour combattre l'organisme et ses cadres. L'administration Obama a en effet annoncé fin juin 2011 vouloir démanteler l'ensemble de la direction d'Al-Qaïda dans les années à venir.

Il ne faut cependant pas surestimer l'importance de Ben Laden pour l'Al-Qaïda actuelle. Comme elle l'a elle-même souligné dans sa prise de position par rapport à la mort de ce dernier, «le cheik Oussama n'a pas construit une organisation qui puisse disparaître avec lui ». D'autres figures dirigeantes importantes d'Al-Qaïda et de ses alliés, comme Az-Zawahiri, Abu Yahya Al-Libi, Nasier Al-Wihayschi et Anwar Al-Awlaqi, continueront de répandre le message de Ben Laden et l'idéologie d'Al-Qaïda. En nommant rapidement son nouveau chef, Az-Zawahiri, Al-Qaïda a prouvé sa capacité d'agir. S'ajoute à cela le fait que les alliés régionaux d'Al-Qaïda au Yémen, en Irak, en Afrique du Nord et en Somalie ont déjà, ces dernières années, agi dans une large mesure indépendamment du réseau central. Ils planifieront aussi des attentats terroristes sans Ben Laden.

BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages

1. BAD, J. et Lorin, C., La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur, Edition du Rocher, 2003 ;

2. BAENDE E J.G. Les normes de la rédaction scientifique, KINSHASA Ed. CEDI, 2006 ;

3. BAUD J., La Guerre Asymétrique ou la Défaite du Vainqueur, éditions du Rocher, 2003 ;

4. DASQUIE G., Al-Qaida vaincra, Éditeur Éditions Privé, 2005

5. GUILHAUDIS J.F, Le terrorisme et les Relations internationales, Paris, Libération, 2005.

6. HUYGHE F.B., Terrorismes Violence et propagande', Gallimard, collection Découvertes, 2011

7. JANATI IDRISSI et ZEROUALI, Le droit international, à l'aube du terrorisme millénaire. Paris, Harmattan, 2004;

8. KALULAMBI, P. M., et TRISTAN L., Terrorisme international et marchés de violence, Québec Presses Université Laval, 2005

9. MAHDI El MANDJRA, L'humiliation à l'ère du méga impérialisme, Dakar, éd. Najah El Jadida.2004

10. PINTO R. et GRAWITZ M., Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1971,

11. RODIER A., Al-Qaïda : les connexions mondiales du terrorisme, Ellipses, 2006,

12. SELLTIZ C., Les méthodes de recherche en sciences sociales, Montréal, Ed. HRW, 1977 ;

II. NOTES DE COURS

1. NDABEREYE P. Droit international humanitaire, sciences sociales, Relations internationales, UNILU, Sciences sociales, année 2008,

2. NSABUA T., Séminaire de méthodologie de recherche scientifique en relations internationales, UNILU, Sciences sociales, 2010-2011 ;

III. mémoire

1. MAHMOUD EL KHADIR, Le terrorisme, les causes et les remèdes, Université Mohamed I, Faculté de Droit, Année 2005 inédit;

2. IBONGA DEKUDE A. M., Etat en faillite et terrorisme en Relations internationales contemporaines, cas de l'Afghanistan, faculté des sciences sociales, Relations internationales, 2009, Inédit.

IV. ARTICLES et revues

1. Alexis B. « qu'es-ce qu'est la guerre asymétrique »

2. Ben Laden claims responsibility for 9/11, CBC News Network, 19 octobre 2004

3. BROOKES, A., « US forces kill Osama Bin Laden in Pakistan », BBC News, 2 mai 2011.

4. BUNEL, P.H. « Proche-Orient, Une guerre mondiale », éditions Carnot, 2004

5. Capitaine Alan. H et Sergent Chef Adan R. « sur les traces d'Al-Qaïda », témoignage des forces, Londres, Alban Edition.

6. Farr, M., «  Julia Gillard says Australian troops in Afghanistan won't withdraw after Osama bin Laden death »

7. Georges Malbrunot, «  La 5ème épouse de Ben Laden était la fille du mollah Omar » in www.wikipedia.com Le Figaro, 7 juillet 2011. Consulté le 8 juillet 2011

8. HECKER M.,   De Marighella à Ben Laden - passerelles stratégiques entre guérilleros et djihadistes in , « Politique étrangère », 2006

9. Les relations internationales, « documentation française », Paris, 2006,

10. NAFEEZ MOSADDEQ A., « La Guerre contre la vérité », éditions Demi-lune, 2006,

11. Nations Unies, « Guide législatif sur les conventions et protocoles mondiaux contre le terrorisme », New York, 2004,

12. NDABAREYE P., « Concept de la guerre et de la paix en Relations internationales », Labossa, 2012,

13. ROY,O., « Al Qaida, label ou organisation ? » , dans Le Monde diplomatique, septembre 2004,

14. YOUSSEF Al QUARADAWI, « La guerre américaine contre le monde Islamique », Dakar, édition Alwan Maghribia. 2002.

15. WARDE, I., Contes et légendes de l'argent du terrorisme, in «  Le Monde diplomatique », septembre 2007 (extrait de Propagande impériale & guerre financière contre le terrorisme).

V. WEBOGRAPHIE

1. Killing Was Legal Under U.S. and International Law, Many Experts Say - WSJ.com Online.wsj.com.

2. http://lci.tf1.fr/monde/amerique/mort-de-ben-laden-les-reaction

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_asym%C3%A9trique

4. http://www.regardcritique.ulaval.ca

5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Oussama_ben_Laden

6. www.monde-diplomatique.fr

7. http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/

8. www.ménacestratégique.fr

9. http://www.lefigaro.fr/

10. http://tempsreel.nouvelobs.com

11. http://www.la-croix.com/

12. Nouvelobs.com - AFP

13. www.lejournal.fr

14. www.terrorismemonde.fr

15. http://www.slate.fr/

16. http://www.revuepolitique.fr

17. www.lemonde.fr/.../

18. www.wikipedia.fr

16. www.lemonde.fr

17. news.com.au.

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE......................................................................................................................................................I

IN MEMORIAM................................................................................................................................................II

DEDICACE.......................................................................................................................................................III

AVANT PROPOS..........................................................................................................................................IV

INTRODUCTION 1

1. Problématique et hypothèse 1

a. Problématique 1

b. hypothèse du travail 5

2. Choix et Internet du sujet 6

a. Choix du sujet 6

b. Intérêt du sujet 6

3. Object d'étude 7

4. Méthodes et techniques 7

5. Délimitation spatio temporelle 8

a) délimitation spatiale 8

b) Délimitation temporelle 8

6. Subdivision du travail 9

CHAPITRE I : LE TERRORISME INTERNATIONAL 10

SECTION I : LE TERRORISME 10

§1. Approches définitionnelles 10

1.1.1. Le terrorisme sous sa forme moderne. 10

1.1.2. Le terrorisme d'après-guerre. 11

§2. Approches typologiques 12

§3. Les causes du terrorisme 16

SECTION II : LE TERRORISME ET LA GUERRE ASYMETRIQUE 18

§1. La guerre asymétrique quid ? 18

§2. Fonctionnement de la guerre asymétrique 19

§3. Enjeux actuels de la guerre asymétrique 20

SECTION III. LE TERRORISME ET LES RELATIONS INTERNATIONALES 23

§1. La guerre au terrorisme : guerre longue, guerre sans fin 23

§2. Les conventions relatives au terrorisme 26

§3. Le 11 septembre 2001 : La remise en cause de l'uni polarité 29

Conclusion 33

CHAPITRE II : LE RESEAU AL-QAÏDA 34

SECTION I : GENESE DU RESEAU 34

§1. De la guerre contre l'armée rouge à la guerre civile 34

§2. La lutte contre les envahisseurs de l'Arabie Saoudite 35

§3. L'islam contre la décadence des judéo-croisés 36

SECTION II : ORGANISATION 37

§1.Recrutement organisé 37

SECTION III : STRATEGIE DE LA TERREUR 45

§1. Les stratégies 45

§2. Le fondamentalisme 47

§3. Objectifs 50

Conclusion 52

CHAPITRE III : LA MORT DE BEN LADEN 53

SECTION I: OUSSAMA BEN LADEN 53

§1. Biographie 53

§2. Motivations 68

§3. Patrimoine financier 68

SECTION II : LA MORT DE BEN LADEN 69

§1. Les circonstances de la mort de Ben Laden 69

§2. Les réactions internationales après la mort de ben Laden 71

§3. Les conséquences stratégiques de la mort de ben Laden 73

SECTION III : L'ADMINISTRATION OBAMA ET LA MORT DE BEN LADEN 75

§1. Le raid américain contre Ben Laden 76

§2. La mort de Ben Laden : un succès diplomatique de Barack Obama 78

§3. L'implication pakistanaise dans la mort de Ben Laden 79

§4. L'administration Obama dans la gestion du corps de Ben Laden et la diffusion des images de sa dépouille mortelle 81

Conclusion 82

CHAPITRE IV : L'AVENIR D'Al-Qaïda POST BEN LADEN 83

SECTION I : LA POLITIQUE AMERICAINE AU MOYEN ORIENT APRES LA MORT DE BEN LADEN 83

§1. La diplomatie américaine à l'égard du monde musulman après Ben Laden 83

§2. La projection militaire post Ben Laden au moyen orient 84

§3. Les relations américano pakistanaise après la mort de Ben Laden 87

SECTION II : LA NOUVELLE STRATEGIE AMERICAINE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME APRES LA MORT DE BEN LADEN 88

§1. Une Lutte de propagande sur Internet 88

§2. Les drones d'Obama 90

SECTION III : LE RESEAU AL-QUAIDA : PROBLEMES ET PERSPECTIVES 93

§1. L'arrivée de Zawiri et l'avenir du réseau Al-Qaïda 93

§2. Le rejet d'Al-Qaïda par les musulmans 95

§3. L'avenir d'Al-Qaïda 97

Conclusion 100

CONCLUSION 101

BIBLIOGRAPHIE 103

TABLE DES MATIERES 106

* 1 « Al-Qaïda, un réseau terroriste planétaire » in www.lemonde.fr consulté le 15/01/2012

* 2 BAD J., et Christine LORIN de Gardmaison, la guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur, Paris, Ed. du Rocher, 2003, P.15.

* 3 DUPUY, J.P., Les Relations internationales in « le 11 septembre »Ouvrage collectif, SD, Paris, 2006 PP.77-80

* 4 IBONGA DEKUDE A. M., Etat en faillite et terrorisme en Relations internationales contemporaines, cas de l'Afghanistan, Mémoire de licence, faculté des sciences sociales, Relations internationales, 2008-2009.

* 5 GUILHAUDIS J.F, « Le terrorisme et les Relations internationales », Libération, 10 août 2005. P.18, 19

* 6 GUILHAUDIS J.F, op.cit., P.20

* 7«  Al-Qaïda, un réseau terroriste planétaire »,art.cit.

* 8 SELLTIZ, C., Les méthodes de recherche en sciences sociales, Montréal, Ed. HRW, 1977, P.7

* 9 BAENDE, J.G. Les normes de la rédaction scientifique, KINSHASA Ed. CEDI, 2006, P6

* 10 Les relations internationales , « documentation française », Paris, 2006, PP.14-15

* 11 PINTO, R. et GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, Paris, Ed. Dalloz, 1971, P.289

* 12 NSABUA T.., Séminaire de méthodologie de recherche scientifique en relations internationales, UNILU, Sciences sociales, 2010-2011, P.34

* 13 PINTO, R. et GRAWITZ, M., Ibidem

* 14 Voir le coran, surates : Alma-ida, versets : 27- 31

* 15 Coolsac R., «  Au temps du terrorisme anarchique », in www.monde-diplomatique.fr ,consulté le 08/03/2012.

* 16 Mahmoud EL KHADIR, Le terrorisme, les causes et les remèdes, Mémoire de licence, Université Mohamed I, Faculté de Droit, Année 2004-2005, P.in www.memoireonline.com, consulté le 12/01/2012.

* 17 JANATI IDRISSI et ZEROUALI, Le droit international, à l'aube du terrorisme millénaire., Tunis, Ed. Abdou Tchad, 2004. p.106

* 18 YOUSSEF Al QUARADAWI, La guerre américaine contre le monde Islamique Tunis, Ed. Alwan Maghribia, 2002. p.21

* 19 NDABAREYE, N.P., « Concept de la guerre et de paix en Relations internationales » Lubumbashi, Ed. Labossa, 2012, P.13

* 20 ROCHE J.L., «  Les avatars du terrorisme », Ed. du pavé, avril 2011 P.45 in www. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Bernard_Huyghe, consulté le 30/02/2012

* 21 HUYGHE F.B., «  Terrorismes Violence et propagande », Gallimard, collection Découvertes, 2011, P8 in www. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Bernard_Huyghe, consulté le 30/02/2012

* 22 Huyghe J.B., Op.cit. P.10.

* 23 Idem

* 24 JANATI IDRISSI et ZEROUALI, op.cit. P13.

* 25 Mahdi El Mandjra , L'humiliation à l'ère du méga impérialisme-. 6ème édition : Najah El Jadida.2004. p.38 in www. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Bernard_Huyghe, consulté le 30/02/2012.

* 26 KALULAMBI PONGO M., Tristan Landry, Terrorisme international et marchés de violence, Québec, Ed. Presses Université Laval, 2005, P. 14, cité par Mahmoud EL KHADIR dans terrorisme, causes, remèdes et solutions, mémoire de licence en droit public international, Université Mohammed I, année 2004-2005.

* 27 « La guerre asymétrique » in www.guerre.com, consulté sur le 12/04/2012

* 28 « Guerre asymétrique » disponible sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_asym%C3%A9trique, consulté le 02/04/2012.

* 29 NDABEREYE NZITA P. Notes de cours Droit international humanitaire, sciences sociales, Première licence Relations internationales, UNILU, année 2010-2011, P.105.

* 30 « Guerre asymétrique » art.cit.

* 31 Jacques Baud, La Guerre Asymétrique ou la Défaite du Vainqueur, Ed. du Rocher, 2003.P.9 in www.wikipedia.r consulté le 20/01/2012.

* 32 « Guerre asymétrique » in http//www.olavodecarvalho.org/english, consulté 12/06/2012.

* 33 « Guerre asymétrique » art.cit

* 34 « L'asymétrie » in www.lemonde.fr, consulté le 14/04/2012

* 35 BACONNET, A., « Qu'es-ce qu'est la guerre asymétrique » in www.multipol.org ,consulté le 02/04/2012

* 36 BACONNET, A., art.cit ,consulté le 03/04/2012

* 37 Idem

* 38 Alexis BACONNET, art.cit

* 39 « L'asymétrie » in http://www.upjf.org consulté le 05/05/2012.

* 40 « La guerre internationale » in www.icty.org consulté le 02/04/2012

* 41 Nations Unies, Guide législatif sur les conventions et protocoles mondiaux contre le terrorisme, New York, 2004, P22.

* 42 Nations Unies, art.cit

* 43 Convention de l'OUA, in www.lemondediplomatique.fr, consulté le 22/06/2012.

* 44 1988 Convention arabe relative à la répression du terrorisme in www.lemondearabe.org consulté sur le 17/06/2012.

* 45 Chaliant, G, et Blin, A., «  Histoire du terrorisme. De l'antiquité à Al-Qaeda », Paris, Ed. Bayard, 2004.P.46.

* 46 AFSANE BASSIR « Ce n'est pas un acte de terrorisme, c'est une agression armée », Le Monde des 18 et 19 novembre 2001, p.14.

* 47 Convention du Conseil de l'Europe pour la prévention du terrorisme, Série des Traités du Conseil de l'Europe - n 196 Varsovie, 16.V.2005.

* 48 « Le terrorisme » in http://www.regardcritique.ulaval.ca, consulté le 15/04/2012.

* 49 GUILLAUME DASQUIE et BRISARD J.C, Ben Laden - La vérité interdite, Paris, Éd. Denoël, 2001, p.7 in www. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Bernard_Huyghe ,consulté le 30/02/2012.

* 50 Chaliant, G, et Blin, A., op.cit. P.52

* 51 « Le terrorisme »art.cit

* 52 « Le réseau Al-Qaeda dans le monde » in www.lemonde.fr, consulté le 12 Février 2012.

* 53 ROY O. ,  Al Qaida, label ou organisation, dans Le Monde diplomatique, septembre 2004, pp. 24-25 in http://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Qa%C3%AFda consulté le 02/07/2012

* 54 « Le réseau Al-Qaeda dans le monde » art.cit

* 55 ROY O, op.cit., P.14

* 56 « Le réseau Al-Qaeda dans le monde » art.cit

* 57 « Le réseau Al-Qaeda dans le monde » art.cit

* 58 GUIDERE, M., focus stratégique « la tentation internationale d'Al-Qaïda au Maghreb » Bruxelles, ifri ,2008, P.6

* 59 RODIER, A., Al-Qaïda : les connexions mondiales du terrorisme, Ellipses, 2006, P.3

* 60 « Le réseau Al-Qaeda dans le monde » art.cit

* 61 GUIDERE, M., op.cit. , P.8

* 62 « Le terrorisme » in www. leraiDide.fr , consulté le 12 février 2012

* 63 GUIDERE, M., op.cit. , P.8

* 64 RODIER A., op.cit., P.15

* 65 Idem

* 66 « Le terrorisme » art.cit

* 67 Idem

* 68 Ibidem

* 69 LABEVIERE,R. Les coulisses de la terreur, SL, Grasset, 2003, P.25

* 70 « Le terrorisme » art.cit

* 71 « Le réseau Al-Qaeda dans le monde » art.cit

* 72 Idem

* 73 NAFEEZ MOSADDEQ A., « La Guerre contre la vérité », Ed. Demi-lune, 2006, p. 48-78

* 74 NAFEEZ MOSADDEQ A., artcit, p. 78

* 75 LABEVIERE,R. op.cit., P25

* 76 RODIER,A., op.cit. P.27

* 77 « Al-Qaïda » in www.lemondediplomatic.fr, consulté  le 30/06/2012

* 78 DASQUIE,G., « Al-Qaida vaincra », Paris, Éd. Privé, 2005, P.20

* 79 DASQUIE,G., art.cit,P.21

* 80 PIERRE-HENRI, B., , « Proche-Orient, Une guerre mondiale », Ed. Carnot, 2004 P.25,

* 81 « Oussama Ben Laden » in www.wikipedia.fr, consulté le 14/05/2012

* 82 MALBRUNOT G., «  La 5ème épouse de Ben Laden était la fille du mollah Omar » in www.wikipedia.com. Consulté le 8 juillet 2011

* 83Idem

* 84 « Ben Laden : l'enquête-choc sur un « terroriste planétaire », Rue 89, 5 novembre 2008, in http://fr.wikipedia.org/wiki/Oussama_ben_Laden, consulté le 30/05/012.

* 85 MALBRUNOT , G, artcit

* 86 BROOKES A., « US forces kill Osama Bin Laden in Pakistan », BBC News, 2 mai 2011.

* 87 Idem

* 88 BROOKES, A., artcit

* 89 Capitaine Alan. H et Sergent Chef Adan R. « sur les traces d'Al-Qaida, témoignage des forces », Londres, Alban Edition, P.5

* 90 BROOKES,A., artcit

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984