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L'avenir du réseau Al- Qaà¯da après la mort de Ben Laden

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par Fidèle ETOYI
Université de Lubumbashi RDC - Licence en relations internationales 2012
  

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SECTION III. LE TERRORISME ET LES RELATIONS INTERNATIONALES

Cette section va s'articuler, va s'articuler sur la guerre au terrorisme, les conventions internationales portant sur le terrorisme et l'évènement du 11 septembre.

§1. La guerre au terrorisme : guerre longue, guerre sans fin

A première vue, il peut sembler qu'on est dans une impasse : comment venir à bout des kamikazes - qui est plus libre et imperméable à toute influence ou toute menace que celui qui a admis de sacrifier sa vie ? Ben Laden, réfugié dans un sanctuaire à l'abri de toutes les opérations militaires, vivant une vie spartiate, mais toujours susceptible de communiquer et orientant encore l'action de la nébuleuse, du réseau Al-Qaïda, paraît aussi hors d'atteinte. De plus, à supposer qu'on parvienne à l'abattre, comme ce fut le cas d'Al Zarkaoui, on sait bien qu'il sera inéluctablement remplacé et que les actions terroristes se poursuivront : en Iraq, la mort d'Al Zarkaoui n'a pas réduit le terrorisme.

Partant de là, la prévision pour l'avenir est bien celle d'une guerre longue, voire d'une guerre sans fin ou d'une mission impossible, puisqu'il semble n'y avoir pas d'autre issue que de débusquer et d'abattre tous les terroristes, un par un. 36(*)

Pour apercevoir un horizon moins sombre, il faut s'intéresser à l'autonomie et à la dépendance de la relation terroriste : l'autonomie rend tout effort à des fins thérapeutiques difficile, la dépendance est en revanche un moyen de peser sur la relation terroriste. Cela conduit inévitablement à songer aux «causes» du terrorisme. Ce traitement est classique. Il y a longtemps qu'il est préconisé et il s'agit indubitablement d'une approche efficace - on a pu le constater pour le terrorisme lié aux situations coloniales ou pour le terrorisme sponsorisé par l'URSS, le premier ayant fini avec la décolonisation, le second avec la fin de l'URSS. Cependant, si traiter les causes est relativement facile dans le cas d'une situation coloniale ou d'une revendication sécessionniste, la tâche est beaucoup plus difficile face au terrorisme du 11 septembre, qui oppose à l'Occident un contre modèle. Il y a pourtant un point où manifestement l'effort devrait être appliqué, il s'agit du conflit israélo-palestinien. Trois raisons au moins poussent à le désigner comme point d'application d'un effort nécessaire : il fait partie de la revendication d'Al Qaïda; on a pu constater que, pendant que se déroulait le Processus de Madrid et d'Oslo, le terrorisme avait cessé - il n'a repris qu'au début des années 2000, après le refus par le gouvernement Sharon de reprendre les négociations au point atteint en janvier 2001; quoique les autorités israéliennes s'acharnent à affirmer qu'il n'y a aucun lien entre la question israélo-palestinienne et le terrorisme du 11 septembre, il ne fait aucun doute que, dans l'esprit des Palestiniens comme des masses arabes et musulmanes, une solution à ce problème est un test pour la restauration de la crédibilité des Occidentaux. Le conflit israélo-palestinien est vraisemblablement l'une des clefs d'un retournement de la guerre à la paix. Il y a, en tout cas, assez d'indices en ce sens pour qu'un effort sérieux soit entrepris.37(*)

Selon l'expression utilisée pour le titre de son livre, publié au Seuil en 2004, par Bruno Tertrais, qui introduit une comparaison avec la guerre de Trente Ans, Jean-François guilhaudis L'avenir de la relation terroriste dépend encore, évidemment, de ce qu'on peut appeler la mouvance islamiste, de ce vivier où le terrorisme recrute et se renouvelle, c'est-à-dire aussi des pays arabes et musulmans et de l'évolution de l'Islam en général. Cette remarque renvoie à des considérations telles que la démocratisation des pays arabes et la modernisation de l'Islam. Il dépend enfin, beaucoup d'analystes en sont convaincus, du développement de la misère et de l'oppression qui frappe de nombreux peuples et minorités ou de leur résorption, de ce qu'on appelle le «terreau» dans lequel vit et se fortifie la plante terroriste. 38(*)

Le fait que la relation terroriste de type 11 septembre soit une coproduction n'est pas non plus indifférent du point de vue des solutions permettant de sortir de la guerre. Cela signifie qu'une bonne partie de l'effort à cette fin peut être accomplie par les Occidentaux : il s'agit d'arrêter d'alimenter, enrichir, instrumentaliser ou coproduire la relation terroriste.

Un observateur suggérait récemment aux Etats-Unis de déclarer la «victoire contre le terrorisme». Ce conseil est sans doute difficile à suivre dans la période actuelle, mais certainement judicieux, parce qu'il conduirait aussitôt à renoncer aux ambitions démesurées et au messianisme et à réduire la part du traitement militaire du terrorisme. A supposer que les Etats-Unis, même affaiblis, refusent cette évolution et décident d'en rester au langage de la guerre, il y a une place ici pour des initiatives européennes : il existe certainement un créneau pour un leadership européen sur la voie conduisant à la sortie de la relation terroriste du 11 septembre, de la zone de la guerre.39(*)

Il y a donc encore place pour un certain optimisme, le chaos n'est pas inéluctable. L'absence d'autonomie désigne des relations susceptibles de jouer dans les deux sens. Les facteurs auxquels sont liés le terrorisme et la relation terroriste sont autant de points sur lesquels on peut tenter d'agir pour infléchir l'évolution. On peut ainsi rêver d'une politique américaine moins hégémonique, d'une moindre instrumentalisation du terrorisme, d'une guerre plus mesurée, de politiques d'intégration plus efficaces dans les pays qui accueillent de fortes communautés musulmanes immigrées, d'un effort réel pour imposer une paix juste aux Israéliens et aux Palestiniens, d'une lutte contre la pauvreté plus déterminée. Beaucoup de ces mesures interpellent les Européens et sonnent pour eux comme un défi : ils doivent notamment s'interroger sur leur modèle de société. Cette proposition a été faite par James Fallows, dont l'article paru dans The Atlantic Monthly, a été en partie reproduit dans Le Courrier international, n° 827, 2006. Londres comme Paris ont pu en faire l'expérience douloureuse en 2005. Cf. sur ce point les réflexions très pertinentes de Jean-Marie Colombani («Vivre avec le terrorisme», Le Monde, 27 janv. 2005) émises avant les événements. Sur le problème du multiculturalisme, cf. l'article, très intéressant, de Gilles Kepel, «Fin du Londonistan, fin du communautarisme», Le Monde, 23 août 2005. terrorisme et relations internationales après le 11 septembre 65 Tahar Ben Jelloun, dans «Contre le terrorisme, le sens de la justice», pose que «l'Occident doit changer radicalement sa vision du monde arabe et musulman» et appelle de ses voeux la venue d'un grand homme d'Etat, visionnaire, exceptionnel . Si, dans les efforts pour déconstruire la relation terroriste, la part de travail à accomplir par les Occidentaux est essentielle, il faut aussi que, du côté arabe et musulman, on sorte d'un confortable «c'est la faute à la colonisation, à l'impérialisme américain, etc.» et d'un repli identitaire sur le passé et la religion, qui est une impasse. Peut être le monde arabe et musulman doit-il aussi changer la vision qu'il a de lui-même et des autres. Ce n'est pas en ressassant les malheurs du passé, en désignant sans cesse des coupables ailleurs ou en cherchant à obtenir des gestes de repentance qu'on construit l'avenir.

Par ailleurs, la communauté internationale n'est pas restée taciturne face à ce fléau. Le cas échéant différentes conventions ont été signées sur la question du terrorisme. Dans le paragraphe suivant nous tacherons de nous appesantir là dessus. 40(*)

* 36 BACONNET, A., art.cit ,consulté le 03/04/2012

* 37 Idem

* 38 Alexis BACONNET, art.cit

* 39 « L'asymétrie » in http://www.upjf.org consulté le 05/05/2012.

* 40 « La guerre internationale » in www.icty.org consulté le 02/04/2012

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