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L'avenir du réseau Al- Qaà¯da après la mort de Ben Laden

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par Fidèle ETOYI
Université de Lubumbashi RDC - Licence en relations internationales 2012
  

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§2. Le rejet d'Al-Qaïda par les musulmans

Outre les problématiques structurelles et organisationnelles actuelles, Al-Qaïda rencontre aussi opposition de taille dans son propre camp, ce qui ne contribue qu'à enclaver un peu plus l'organisation dans l'impasse que nous lui connaissons.
Les principales, les plus nombreuses et les premières victimes du mouvement restent les musulmans. Que le groupe islamiste soit parmi les organisations terroristes les plus traquées, diabolisées et rejetées par l'occident, cela peut se comprendre. Mais là où Al-Qaïda diffère d'autres groupuscules islamistes (Hamas ou Hezbollah), c'est qu'elle est aujourd'hui en grande partie rejetée par les populations musulmanes du Moyen-Orient et du Maghreb. Non pas que le Hamas ou Hezbollah soient plus intégrés dans l'esprit des musulmans (le nombre de victimes musulmanes est tout aussi patent), mais ces derniers proposent une dimension nationaliste. Thème fondamental dans une région en perpétuelle mutation qui séduit un plus large panel de volontaires.

Pour Jean-Pierre Filiu, l'hermétisme des sociétés musulmanes face à ce qu'elles perçoivent comme un détournement de l'Islam et de ses valeurs a acculé Al-Qaïda dans son impasse stratégique actuelle. La vision sélective, et donc mensongère, de l'Islam vu par l'organisation, et sa lecture sélective du texte sacrée, font que le groupe, déjà en guerre contre l'occident, est aussi en guerre contre l'Islam réel tel est pratiqué par 1.5 milliards de personnes. Une fatwa contre le terrorisme et les attentats suicides est même sur le point d'être publié à Londres par le Dr Tahir Al-Qadri, érudit soufiste et influant spécialiste de la loi islamique. Son avis juridique de 600 pages rappel que l'Islam interdit le massacre de citoyens innocents et les attentats suicides, tout en discréditant l'idéologie violente du groupe Al-Qaïda.

Ainsi l'organisation terroriste a renforcé son ennemi beaucoup plus qu'il n'a aidé la cause du peuple musulman, en offrant la vitrine d'un Islam radicalisé justifiant le bienfondé de toute intervention armée étrangère. Cet ennemi, ancien allié tant que le groupe islamiste s'occupait de la lutte utile contre le communisme, lui a d'ailleurs bien rendu en l'hypertrophiant, le sacralisant. L'erreur, ou la prouesse, ultime de l'occident en lutte contre Al-Qaïda, fut d'associer le chiite religieux Ben Laden au sunnite laïque Saddam Hussein. Le tout associé à quelques armes imaginaires permit à la coalition américaine de retourner se dégourdir en Irak creusant l'incompréhension entre les deux.142(*)

§3. L'avenir d'Al-Qaïda

Le 29 Janvier 2009 lors d'un entretien au Sénat, Alain Chouet, ancien directeur du service de sécurité de la DGSE affirmait qu'Al-Qaïda était « morte sur le plan opérationnel ». Sur les 400 membres actifs en 2001, moins d'une cinquantaine ont réussi à s'échapper dans des zones reculées, avec des conditions de vies précaires et des moyens de communication incertains. Cela offre un dispositif insuffisant pour coordonner à l'échelle planétaire un réseau de violence politique. Aucun des terroristes post 11 septembre qui ont agit dans les attentats de Madrid, Londres et autres, n'auraient eu de contact avec le noyau de l'organisation. Quand aux revendications de Ben Laden ou Zawahiri elles n'impliquent aucunes liaisons fonctionnelles et opérationnelles entre ces terroristes et les « vestiges » de l'organisation.

Toutefois, à force de l'invoquer en permanence, le mouvement qui ne serait pourtant plus qu'un cadavre s'est vu sacralisé. C'est dans cette ligne de pensée que nous l'avons qualifié d'organisation « hyper » terroriste, non pas en rapport avec sa puissance mais parce quelle s'est attaquée à l'hyper puissance américaine.
Cette obstination à invoquer l'organisation mythique Al-Qaïda aura eu au moins deux effets pervers:    Premièrement, tout contestataire violent dans le monde musulman, quel que soit ses motivations, a rapidement compris qu'il devait se réclamer d'Al-Qaïda s'il voulait être pris au sérieux, entourer son action d'une légitimité reconnue par les autres et ainsi lui donner un retentissement international.

Deuxièmement, tout les régimes du monde musulman, vertueux ou non, ont compris que leur intérêt était de faire passer leurs opposants pour des membres d'Al-Qaïda s'ils voulaient pouvoir les réprimer en toute tranquillité, si possible avec l'assistance des occidentaux. D'où une prolifération d'Al-Qaïda soit disant auto proclamé (au Pakistan, au Yémen, en Somalie, au Maghreb...)143(*)

Le résultat de cette dialectique est évidement le renforcement du mythe d'une organisation omniprésente, tapie derrière chaque musulman, prête à l'instrumentaliser pour frapper l'occident en général, et les États-Unis en particulier. Vision qui génère, en autre, des ripostes totalement inadaptées.
En désignant Al-Qaïda comme l'ennemi permanent contre lequel il faut mener une croisade militaire et sécuritaire totalement inadaptée à sa forme réelle, les dégâts collatéraux sont non seulement patents comme on peut le constater au quotidien en Irak, Afghanistan, Somalie, mais l'efficacité laisse aussi à désirer. Sans oublier que ce cycle de violence indéfini a alimenté le vivier des volontaires malgré une base opérationnellement affaiblie, d'où la mutation d'une organisation centralisée à une organisation de réseaux.

D'après Monsieur Chouet, Al-Qaïda serait morte entre 2002 et 2004. Mais avant de mourir elle a été engrossée par les erreurs stratégiques de l'occident et les calculs de certains pays Islamistes. La question est désormais de savoir si nous referons les mêmes erreurs avec ces nouveaux groupuscules en alimentant un cycle indéfini de violence ou si, comme laisse à le suggérer les thèses de M. Filiu, nous laisserons ces reliquats se désintégrer seuls.144(*)

Alors que depuis neuf ans, l'occident frappe sans grand discernement en Irak, en Afghanistan, dans les zones tribales du Pakistan, en Somalie, et bien sûr en Palestine; nous nous proposons maintenant d'intervenir au Yémen et pourquoi pas en Iran. Pourtant, aux yeux des musulmans, comme des occidentaux, Ben Laden court toujours au nez de la plus puissante armée du monde tandis que le régime Islamiste d'Arabie saoudite reste sous la protection absolue de l'Amérique. Les erreurs stratégiques de la coalition occidentale ont de plus alimentées depuis des années un vivier de volontaires qui, additionné à l'affaiblissement progressif de ses dirigeants, a engendré une mutation structurelle du groupe terroriste. L'Al-Qaïda centrale - Al-Qaïda al Oum - que nous connaissions n'est aujourd'hui plus qu'un vestige. Elle a toute fois su influencer des groupes plus jeunes et plus violent comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique (proclamé en 2007) qui s'étend désormais à la région du Sahel.

L'affaiblissement indéniable de la Base semble marquer l'avènement d'un djihadistes sans leader.

Ayman al-Zawahiri, le nouveau chef d'Al-Qaïda depuis la mort d'Oussama ben Laden, a hérité d'une organisation assaillie de toutes parts. Lui et les autres dirigeants du réseau doivent redouter de connaître le même sort que Ben Laden. Pire encore, ses excès valent à Al-Qaïda d'être condamnée dans les cercles islamistes, et elle risque d'être mise sur la touche dans le contexte du Printemps arabe. Pourtant, Al-Qaïda est aussi le groupe terroriste le plus célèbre du monde, et ses membres restent forts. Quelles sont ses perspectives d'avenir?

Le défi le plus immédiat que Zawahiri doit relever est interne. S'il est depuis longtemps reconnu comme le poulain de Ben Laden et qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) s'est engagée à lui être loyal, unifier la très fissipare communauté djihadiste est une tâche ardue. Zawahiri n'a pas le charisme de Ben Laden, et c'est une personnalité qui divise l'opinion.

Il est particulièrement difficile d'atteindre unité et coopération quand une pluie de missiles de drones américains complique tout rassemblement ou même communication entre dirigeants terroristes.

Zawahiri doit aussi affronter les séismes politiques qui secouent le Moyen-Orient. Les événements en Tunisie, en Égypte, au Yémen, en Libye et dans d'autres pays mettent en question le message d'Al-Qaïda selon lequel seule la violence anti-américaine peut apporter le changement à la région.145(*)

Par ailleurs, par rapport aux questions financières Ben Laden ne finançait plus Al-Qaïda depuis 2002. Tous ses avoirs ont été gelés, toutes les transactions financières de tout son clan et de tous les gens proches de lui ont été scrutés. Donc on peut dire que le coup dur aux finances d'Al-Qaïda a déjà été porté il y a huit ans, ce n'est pas nouveau.146(*)

* 142 « Neuf ans après le 11 septembre », in www.wikipedia.fr, consulté le 30/05/2012

* 143 « Neuf ans après le 11 septembre », in htt// www.wikipedia.fr consulté le 30/05/2012

* 144 « Après Ben Laden » in http://www.revuepolitique.fr/blog/lislamisme-apres-la-mort-doussama-ben-laden/ consulté 30/06/2012

* 145 « La mort de Ben Laden », in http://www.revuepolitique.fr/blog/lislamisme-apres-la-mort-doussama-ben-laden/ consulté 30/06/2012

* 146«  Après la mort de Ben Laden, quelles conséquences sur la menace » disponible sur www.lemonde.fr/.../ consulté le 15 Mai 2012

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand