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Enjeux énergétiques et insécurité dans le golfe de Guinée: contribution à  l'étude des menaces liées à  la ruée vers le pétrole au Nigéria.

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par Fabrice NOAH NOAH
Université de Yaoundé II- Soa - Diplôme d'études appliquées en géostratégie 2011
  

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B- La violence comme solution aux problèmes des populations des régions pétro-

lières :

Dans les années 1990, Ken SARO WIWA, fils de chef traditionnel et écrivain émérite, et d'autres ressortissants du peuple Ogoni fondent le MOSOP (Mouvement Pour la Survie du Peuple Ogoni). Cette organisation militante a pour principal objectif d'attirer l'attention de la communauté internationale sur les violations des droits humains, et la dégradation de l'environnement que subit le peuple Ogoni.288 Des causes telles que l'autonomisation financière de ce peuple, un juste partage des revenus du pétrole et la réparation des dommages environnementaux causés aux territoires Ogoni, constituent l'essentiel des revendications portées par le MOSOP. Les principales actions de revendications du Mouvement Pour la Survie du Peuple Ogoni seront dirigées contre la multinationale Shell. En 1993, une marche de protestation contre les activités de la compagnie pétrolière, organisée par l'association, réunie près de 300 000 personnes.289 Quelques jours plus tard, l'armée occupe la région. En effet, à cause de l'hostilité des populations envers ses activités, Shell a fait appel à l'armée pour sécuriser ses travaux de construction d'un oléoduc. Elle lui fourni un appui logistique et financier.290 Les exactions de l'armée dans la région sont alors nombreuses. En 1994, Ken SARO WIWA est inculpé avec d'autres militants puis emprisonné pour avoir organisé une manifestation au cours de laquelle 4 chefs Ogo-ni ont été tués.291 Ils sont jugés par un tribunal d'exception composé de trois personnes, puis condamnés à la peine capitale sans possibilité d'appel. Le 10 novembre 1995, soit 4 jours après leur condamnation, ils meurent pendus.292

D'autres évènements témoignent de la brutalité avec laquelle les autorités fédérales sont prêtes à régler la contestation dans le Delta du Niger. Le 04 févier 2005, des personnes originaires d'Ugborodo, une communauté Itsékiri installée près du terminal pétrolier de Chevron à Escravos sur la côte ouest du Delta du Niger, décident de manifester. Leurs griefs : Le non respect des promesses de la compagnie pétrolière en matière d'emploi de la jeunesse locale et le manque de réalisation de projets de développement. L'armée présente sur les lieux, tire dans la foule. Bilan : un mort et une trentaine de blessés.293 Les autorités arguent, pour justifier l'usage de balles réelles, que les manifestants étaient armés. Cependant, aucune enquête ne confirme la présence d'armes chez les manifestants. Quinze jours plus tard, soit le 19 février, un raid de l'armée s'abat sur la communauté Ijaw d'Idioma, dans l'Etat de Bayelsa. Cette opération, qui a pour but de mettre la main sur des membres d'un groupe d'autodéfense financé par un sous-traitant d'une filiale de Shell au Nigéria soupçonnés d'avoir tué une douzaine de personnes (dont quatre conseillers munici-

288 - Voir La brève du golfe de Guinée, oct. Nov. Déc. 2010

289 -Idem.

290 -Ibid.

291 -Ibid.

292 -Ibid.

293 -Voir EFAI, Nigéria, pétrole, pauvreté et violence, Les éditions francophones d'Amnesty international-Efai, aout 2006.

Noah Noah Fabrice, Science po 5, Université de Yaoundé II-Soa. Page 65

Enjeux énergétiques et insécurité dans le golfe de Guinée : contribution à l'étude des menaces liées a la ruée vers le pétrole au Nigéria.

paux), fait de nombreuses victimes collatérales :17 morts dont des personnes brûlées vives et d'autres abattues, ainsi que 80% des maisons détruites.294

La violence a, très souvent, été préconisée par l'Etat fédéral dans la résolution de la question du Delta du Niger. Qu'on observe le régime dictatorial de Sani ABA-CHA, qui mit fin aux jours du militant Ken SARO WIWA, ou la présidence d'OLOSEGUN OBASANJO, au moment du retour à la démocratie, on est saisi par la promptitude avec laquelle l'Etat use de la violence pour faire taire des revendications sociales. Pour ORONTO Douglas, c'est cette réponse violente à une demande pacifique qui provoque le « chaos » actuellement observable dans les régions pétro-lières.295 L'Etat se plait à manier, à la fois, la carotte et le bâton, puisqu'il engage des réformes démocratiques tout en privilégiant, la plupart du temps, la solution militaire en cas de conflit. La violence semble d'ailleurs incontournable pour les autorités politiques, dans la gestion de la question du delta du Niger, comme le démontrent les évènements qui ont eu lieu à partir du 13 mai 2009.296En effet, des opérations des forces armées ont été menées à partir de cette date, dans le delta du Niger, dans le but de porter un coup fatal au MEND. Des bombardements aériens intensifs, ainsi que des opérations terrestres contre des bases de l'organisation militante ont obligé les militants à se réfugier dans la mangrove d'où ils ont pu orchestrer des attaques ciblées contre des pipelines. Après plusieurs jours d'affrontement, l'Etat proclame une amnistie à l'endroit de tous les combattants qui acceptent de déposer les armes et libère un des leaders présumés du mouvement Henry OKAH, détenu depuis 2007. Malgré cette main tendue de l'Etat, les affrontements et les actes de piraterie n'ont pas vraiment cessé dans le Delta du Niger.

L'Etat est un des grands artisans de la violence dans le Delta du Niger. Par son recours excessif à la solution militaire,297 il évite de régler la crise sociale qui y prévaut. Il participe ainsi à la radicalisation dans le Delta du Niger, et fragilise encore un peu plus la stabilité du pays. Or, la question du Delta du Niger ne pourrait être résolue par l'action militaire. Encore moins par des manoeuvres politiciennes.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams