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Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

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par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

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B. L'acculturation et la difficile intégration sociale

L'acculturation au sens que nous propose l'anthropologie culturelle désigne les phénomènes de contacts et d'interpénétration entre civilisations différentes, ici entre les migrants polynésiens et le monde moderne urbain de l'Occident auquel Nouméa est le reflet et aussi la capitale.

Le phénomène de « ghettoïsation » que l'on observe, c'est-à-dire la concentration d'une même ethnie dans un même lieu d'habitat a permis aux familles tout de même, de perpétuer un mode de vie faka Uvéa. Provenant de sociétés spécifiquement agricoles, la plupart des familles, même celles des quartiers populaires, vont perpétuer autant que faire ce peu, les cultures vivrières ancestrales, en plantant des bananiers, des taros, du manioc, du tabac. Ces cultures traditionnelles s'effectueront dans les terrains vagues302(*) aux abords des quartiers résidentiels, à l'endroit où se multiplieront surtout à partir des années quatre vingt le phénomène de «  squats ». Ces lieux de vie marginaux absorberont essentiellement les familles du nord de la Grande-Terre et des îles, à la recherche d'une vie meilleure, et aussi les Océaniens parmi les plus démunis n'ayant pas les moyens pour s'acquitter un loyer. Cultivés souvent par les premières générations d'immigrés, ces terrains ont permis d'une part de maintenir le mode culinaire traditionnel, et d'autre part de fournir un complément de nourriture aux familles aux salaires insuffisants et particulièrement faibles. Les projets immobiliers en plein expansion en Province sud ne permettent pas malheureusement à ces familles de garder de façon permanente les lopins de terre.

La première génération arrivée après la deuxième guerre mondiale, sera mobilisée essentiellement autour du travail de manoeuvre dans les mines ou dans le bâtiment. Ne sachant ni lire ni écrire en Français, la communication en a été entravée, d'autant que le contact avec les autres ethnies et populations était nouveau tant dans les entreprises qu'au sein de la vie civile. La solidarité « océanienne » a été un facteur déterminant à l'intégration au monde moderne. La génération suivante scolarisée en masse a bénéficié d'un accès à la formation diversifiée et donc a pu accéder à un niveau de vie plus élevée. Si la majorité de la jeunesse s'est investit comme leurs parents dans des métiers « prolétaires », d'autres ont accédé à des métiers de cadres moyens, d'artisans ou se sont engagés dans des carrières militaires, à l'extérieur du Territoire.

Les nouveaux migrants vont également maintenir une forte pratique religieuse par notamment une importante fréquentation dans les activités pastorales proposées par les missions catholiques : construction de chapelles, bénévolat, formation, infiltration dans les comités paroissiaux etc. Ce lien avec l'Eglise Catholique en Nouvelle Calédonie a permis à ces nouveaux immigrés océaniens de perpétuer les traditions calquées sur les cérémonies religieuses : la messe dominicale, le baptême, la communion, la confirmation, le mariage, le deuil sont des temps forts qui marquent la vie familiale au sein de la communauté. Chaque évènement est marqué par des rassemblements familiaux auxquels le « umu » et la levée du kava sont organisés habituellement. Cette imprégnation religieuse constitue en fait un signe identitaire des Wallisiens et des Futuniens, même si elle a tendance à s'amenuiser avec la nouvelle génération montante.

Monument représentant l'archange Gabriel à sortie de Païta nord, cet édifice faite par une association wallisienne est l'objet de polémique car on peut y lire une inscription en lettre gothique : Destin Commun ou Apocalypse. Les Kanak y voient une provocation.

Lieu de prière construite par une association wallisienne et futunienne du lotissement Julisa. On peut apercevoir ce genre d'édifice à l'entrée des quartiers à forte concentration wallisienne.

Par contre l'explosion démographique sera aussi due à un fort taux de natalité dans ces familles. Ce qui entrainera bien évidemment à plus ou moins long terme, des problèmes sociaux de toutes sortes à la génération polynésienne montante : promiscuité de l'habitat, pertes de repères, échec scolaire, délinquances, etc. Malgré tout, les Wallisiens et Futuniens, tout en voulant sauvegarder leurs traditions ancestrales polynésiennes, veulent notamment s'intégrer économiquement dans la société calédonienne en développement. La ghettoïsation des années 70 ou 80 semble s'atténuée avec le temps, les jeunes s'installent dans d'autres quartiers résidentiels selon leur moyen et abandonnent peu à peu la culture vivrière de leur parents. Ils fréquentent moins les églises et les cérémonies traditionnelles sont de plus en plus délaissées, la langue française se fait au détriment de leur langue maternelle. Il y a une véritable transformation de la communauté wallisienne en Nouvelle Calédonie.

* 302 Il s'agit de terrains appartenant au domaine territorial en général.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo