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La coopération décentralisée dans les communes des départements du Mono et du Couffo au Bénin; atouts, limites et perspectives

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par Ghislain SOHOUNKO
Ecole nationale d'administration et de magistrature du Bénin - Diplome de technicien supérieur 2012
  

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B- Contribution au renforcement de la prise en compte de l'intercommunalité dans les actions de coopération

décentralisée

Le problème à résoudre ici est la faible prise en compte de l'intercommunalité dans la coopération décentralisée. Les causes à prendre en compte sont l'individualisme et la concurrence des élus locaux dans leurs efforts de développement, d'une part, et, d'autre part, la mauvaise organisation des élus locaux, leur mauvaise volonté politique à se mettre ensemble et à participer aux projets communs et leur ignorance des intérêts liés à la mutualisation des moyens.

? L'engagement d'une lutte concertée contre le sous-développement au niveau intercommunal

Les communes qui ont des problèmes identiques ont intérêt à se mettre ensemble pour combattre les difficultés auxquelles elles sont confrontées dans la satisfaction des besoins d'intérêt général. Les communes de Klouékanmey, de Lalo et de Toviklin qui ne disposent pas de voies bitumées, en s'unissant, pourraient tout au moins solliciter l'appui des PTF pour paver les axes qui les lient (ce qui suppose qu'elles aient, elles-mêmes, réussi à mobiliser des

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ressources propres pour le faire, lesquelles ressources seraient insuffisantes et à compléter). Cette union, si les objectifs sont bien définis, peut les amener à satisfaire, dans beaucoup d'autres domaines de la vie sociale, d'autres besoins pertinents de leurs populations respectives.

Ainsi, seront-elles amenées à la mécanisation de l'agriculture pour contribuer à l'autosuffisance alimentaire. Dans le même sens, des sites touristiques seront créés. Chacune des communes a une histoire et sûrement des vestiges qui retracent son passé. Un projet créé par la concertation des trois communes peut consister à rechercher et à rassembler ces instruments archéologiques pour en constituer un musée. À des moments donnés de l'année, la ville de Jérusalem accueille des milliers de touristes par jour parce qu'elle a su conserver les traces de cet illustre personnage biblique du nom de Jésus. Les palais royaux d'Abomey font partie du patrimoine de l'UNESCO parce que leurs ruines ont été soigneusement conservées à travers les âges. Mais, que dire des communes d'Aplahoué, de Lalo, de Dogbo, de Toviklin et autres, par rapport à leurs valeurs historiques, leurs valeurs culturelles ? Est-il possible de trouver à Comé un endroit où reposent les reliques de Togbé, la fondatrice de la ville, une représentation des Zankpéto de Guézin, symbole et valeur culturels des habitants de cette ville vécus à travers les âges ? Comment la postérité reconnaîtra-t-elle ses origines ? Voilà autant de questionnements qui peuvent rassembler culturellement les villes de Grand-Popo et de Comé qui vivent pratiquement de la même façon. Et, faut-il le souligner, répondre à ces questionnements signifie aussi répondre aux préoccupations culturelles, identitaires, touristiques et de ressources économiques à certains égards. Faire des projets du genre et les mettre sur Internet pourrait intéresser des investisseurs ou des villes étrangers qui n'hésiteraient pas à contribuer à leur concrétisation.

Cette idée de valorisation des ressources culturo-historiques vaut pour toutes les communes. Les communes d'Athiémé et de Grand-Popo ont des ruines coloniales. Ces ruines qui disparaissent sous l'effet de la dégradation causée par les aléas climatiques sont des richesses touristiques qui doivent être entretenues. Bien vrai, les bâtiments menaçant ruine doivent être détruits pour assurer la sécurité sociale. Mais, les vieux bâtiments, s'ils sont entretenus, ne pourront pas menacer ruine et constituer un danger pour la population. Au contraire, ils serviront à la conservation du patrimoine culturel. Par exemple, à Ouidah, les bâtiments de Chacha, commerçant-esclavagiste de son temps, ont été rénovés et conservés pour la mémoire de l'histoire du peuple noir. Pourquoi ne pas en faire autant pour ces ruines coloniales ? Les villes d'Athiémé et de Grand-Popo, en se réunissant autour de cette question, créent une intercommunalité qui s'impliquera dans la coopération décentralisée. Les occidentaux, en contribuant à de tels projets, seront fiers de conserver la puissance de leurs aïeux sur les peuples d'Afrique et les africains seront heureux de conserver les anciennes pratiques dont faisaient preuve les occidentaux dans le passé.

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Il en est de même pour les communes voisines qui savent qu'elles ont de potentiels générateurs de richesses identiques.

Le GI-Mono peut penser à comment créer une grande entreprise économique. Il peut s'agir d'une entreprise de production agricole ou d'une entreprise de production industrielle. La question préalable est l'établissement d'un répertoire des entreprises existantes pour en déduire celles qui manquent et qui restent à créer. Il y a déjà des industries de textiles81 à Lokossa par exemple. À côté desdites industries, un projet de mise en place d'une huilerie (huile de palme) à Comé, Houéyogbé ou Bopa serait opportun. Une usine de transformation du vin de palme répondant aux normes internationales pour être exporté et consommé à l'extérieur donnera, non seulement des ressources économiques à ces villes, mais aussi, une bonne image de l'État béninois à l'étranger.

De tels projets de production économique durable intéresseraient sans doute les partenaires étrangers qui auront de l'engouement à en être actionnaires.

Ces idées de création de ressources économiques durables sont valables pour la CCC ou pour toute autre intercommunalité qui naîtra, à condition que les conditions énumérées à la page 4 soient respectées. Les projets de cette envergure à créer dans l'une ou l'autre des communes du Couffo ne manqueront pas de soutien. Non seulement ce sont des projets qui créent de l'emploi et contribuent en même temps à résorber le problème du chômage, mais ils participent aussi de la création de valeur ajoutée pour le pays et d'un souci d'aménagement du territoire équilibré dans la mesure où les pôles de concentration économique ne se limiteront plus uniquement à Cotonou mais également s'étendront vers les nouvelles villes industrielles créées par le couplage de l'intercommunalité et de la coopération décentralisée.

Les mêmes logiques peuvent guider les communes qui sont souvent sujettes à l'inondation. Le débordement du fleuve Mono a des conséquences sur la commune d'Athiémé en entier et sur certaines localités de la commune de Lokossa (par exemple Atikpéta et Ouédèmè). Résoudre le problème à Lokossa, souvent moins touchée par rapport à Athiémé, ne le fait pas disparaître pour autant dans la commune d'Athiémé. Il y a également des localités de la commune de Dogbo qui ressentent le même problème. Ces trois communes, en se donnant la main, trouveront des solutions originales de protection civile. Il peut s'agir, entre autres, de prendre des mesures interdisant l'habitation ou l'exploitation des zones souvent inondables.

Dans la perspective de la lutte contre la pollution et dans l'objectif d'une gestion durable des déchets solides ménagers, au lieu que chaque commune crée individuellement son site de transit des déchets, deux à trois communes pourraient se regrouper pour le faire. Par exemple, la commune de Djakotomey se situant entre celles d'Aplahoué et de Dogbo, le site peut être créé à Djakotomey. Cette création commune permettra de donner une grande

81 En l'occurrence la Compagnie Béninoise de Textile (CBT) et la Société des Industries de Textile (Sitex)

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envergure au projet et de créer par la même occasion de l'emploi et d'attirer le financement des organismes spécialisés dans les questions environnementales.

? La mutualisation des moyens pour intéresser des partenaires

La mutualisation est la synergie des moyens. Dans une optique de coopération décentralisée, l'intercommunalité favorise le regroupement et la mutualisation des moyens ainsi que la recherche de cohérences et de synergies indispensables. Cette mutualisation s'avère indispensable surtout en ce moment où les pays et agglomérations du Nord impliquent dans ce mouvement les acteurs socioprofessionnels et associatifs aux côtés des responsables politiques, en vue d'oeuvrer pour le développement local. En effet, la société s'internationalise et multiplie les accords de coopération décentralisée et les partenariats transfrontaliers82. L'ouverture internationale des territoires doit être motivée par un désir de solidarité ; car, elle s'avère une nécessité pour le développement local durable de chaque territoire, ainsi qu'un projet porteur d'avenir dans le contexte d'une compétition croissante des territoires à l'échelle mondiale83. Les élus locaux ne doivent pas craindre de s'engager, car l'environnement est favorable dans une ambiance où la coopération décentralisée est à la croisée des chemins de la mondialisation et de la décentralisation84. Pour s'affirmer dans cette conjoncture en vue de la recherche croissante de l'efficacité, les acteurs locaux ont la nécessité de se regrouper en réseaux et de mettre leurs forces en commun au niveau local (développement de l'intercommunalité) et au niveau transnational (prise en compte de l'intercommunalité dans la coopération décentralisée).

L'intercommunalité s'avère une réponse aux difficultés financières des communes. En effet, les partenariats qui mettent en évidence l'intérêt de ces communes peuvent permettre de trouver des solutions innovantes aux problèmes de financement des collectivités locales. Le développement d'un appui à la coopération décentralisée au niveau intercommunal permet un partage des coûts afférents aux opérations menées. La question de financement des opérations constitue une difficulté pour les communes, surtout celles qui disposent de faibles ressources comme la plupart des communes du Mono et du Couffo. Afin de permettre le développement de projets ambitieux, le cadre communal s'avère souvent trop insuffisant. Ainsi, les établissements publics de

82 Certains auteurs distinguent la coopération décentralisée de la coopération transfrontalière. D'autres estiment que la dernière fait partie de la première. Seulement, il convient de retenir que les deux font appel à des collectivités locales de statuts juridiques différents (différentes nationalités) et que la coopération transfrontalière est une coopération de proximité. Parler de coopération de proximité, c'est parler de coopération qui prend en compte des populations qui sont séparées par une frontière délimitant deux pays voisins. La coopération décentralisée est celle qui se pratique dans les collectivités qui n'ont aucune limite géographique de commun.

Au Bénin, le carcan juridique n'a, à ce jour, nulle part fait mention de la coopération transfrontalière. Les spécialistes du domaine consultés estiment que la coopération transfrontalière est celle qui fait intervenir les Etats frontaliers qui ont des ressources communes à gérer. Sur le plan national, la gestion du Parc W relevant des prérogatives du Bénin, du Burkina-Faso et du Niger et impliquant des autorités étatiques comme les ministres est le plus souvent évoquée comme un exemple de coopération transfrontalière. Par contre, les relations entre collectivités frontalières de deux ou plusieurs pays frontaliers sont perçues comme de la pure coopération décentralisée, parce que ne faisant pas intervenir des autorités étatiques.

83 Les collectivités du Nord sont en concurrence pour porter leur image sur l'échiquier international tandis que celles du Sud compétissent pour la recherche de moyens.

84 Cf. « Vade-mecum, Coopération décentralisée et intercommunalité », Ministère des affaires étrangères (France) disponible sur http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/Intercommunalites.pdf

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coopération intercommunale peuvent prendre le relais des actions de coopération décentralisée dans le cadre de leurs compétences propres mais aussi, appuyer l'action des communes membres. Le besoin de regroupement pour l'ouverture à l'international s'impose dans un milieu où la recherche de partenaires pose problème et où la coopération décentralisée est une question de facteurs humains/relationnels avant d'être politique85. La synergie des forces ou des actions permet de s'appuyer sur les autres pour répondre à ses besoins individuels dans un regroupement intercommunal où chacun, avant d'être bénéficiaire, est actionnaire.

La mise en synergie des efforts permet de se créer des moyens pour porter haut un projet plus ou moins ambitieux qui dépasse ses propres capacités. Les collectivités locales du Nord ont compris que cette synergie permet de faire de grandes réalisations à l'endroit de leurs homologues du Sud avec peu de moyens. C'est pour cette raison qu'elles forment des agglomérations pour pouvoir porter leur image sur le plan international avec la synergie des moyens. Les collectivités du Sud, les collectivités béninoises en général et celles concernées par la présente étude en particulier, doivent savoir que cette nouvelle manière de concevoir la coopération décentralisée leur permet de se faire une image dans les pays qui sont en avance sur elles et leur favorise un développement extensif dans un minimum d'espace temporel.

Dans ce contexte de pauvreté extrême pour la plupart des communes où, même pour leurs charges de fonctionnements, elles ne peuvent que solliciter des aides, il leur est difficile de se prendre en charge quand viendra le temps de commémorer les vingt ans de coopération décentralisée au Bénin, si elles ne réfléchissent autrement leur vision de développement. Encore dix ans, encore vingt ans, les partenaires du Nord se lasseront de toujours expatrier leurs avoirs dans des dons à des peuples qui sont toujours prêts à recevoir et jamais à grandir. De ce fait, revoir, repenser cette politique consiste à commencer par créer des moyens, par investir dès aujourd'hui pour pouvoir avoir une économie vraiment autonome quand les aides seront coupées. Or, aucune commune ne dispose d'industries, aucune ne dispose d'une politique économique durable et n'est capable d'en créer. La raison est simple et toute faite : les moyens de base font défaut. Alors il faudrait profiter des circonstances surtout que les facteurs sont favorables. Il faudrait se mettre ensemble pour créer une politique économique durable en intégrant les regroupements des communes et leurs oeuvres dans la coopération décentralisée.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984