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Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina-Faso)

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par Steve Dimitri PARE
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2013
  

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ECOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D'AMÉNAGEMENT ET
DE GESTION INTEGRÉS DES FORÊTS ET TERRITOIRES

TROPICAUX

-ERAIFT-

Mémoire

Présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Aménagement et Gestion intégrés des Forêts et Territoires tropicaux

ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES ET CONSERVATION
DES RESSOURCES NATURELLES : DYNAMIQUE DES

Par

POPULATIONS ET PERSPECTIVES DE GESTION
DURABLE DE LA FORET CLASSEE DE DIDA
(BURKINA FASO)

Par

PARE Stève Dimitri

Sociologue, option Education et Développement

Promoteur : Pr. Theodore TREFON

(Musée Royal de l'Afrique Centrale/ Belgique)

Encadreur : Pr. Alkassoum MAIGA

(Université de Ouagadougou/ Burkina-Faso)

Année académique 2012-2013

Université de Kinshasa, Commune de Lemba, - B.P. 15.373 - Kinshasa, République Démocratique du Congo ?: +243(0)815125507/+243(0)999914967/+243(0)814661188- E-mail: eraift@yahoo.fr; Site : www.eraift-rdc.cd

ECOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D'AMÉNAGEMENT ET
DE GESTION INTEGRÉS DES FORÊTS ET TERRITOIRES

TROPICAUX

-ERAIFT-

Mémoire

Présenté en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en
Aménagement et Gestion intégrés des Forêts et Territoires tropicaux

ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES ET CONSERVATION
DES RESSOURCES NATURELLES : DYNAMIQUE DES
POPULATIONS ET PERSPECTIVES DE GESTION

Par

DURABLE DE LA FORET CLASSEE DE DIDA
(BURKINA FASO)

Par

PARE Stève Dimitri

Sociologue, option Education et Développement

Promoteur : Pr. Theodore TREFON (Musée Royal de l'Afrique Centrale/ Belgique) Encadreur : Pr. Alkassoum MAIGA (Université de Ouagadougou/ Burkina-Faso) Membres du Jury

Pr. Isaac Roger TCHOUAMO (Président, Univ. Dschang)

Pr. Roger Ntoto M'vubu (Secrétaire, UNIKIN)

Pr. Bruno Lapika DIMOMFU (Membre, UNIKIN)

Année académique 2012-2013

Université de Kinshasa, Commune de Lemba, - B.P. 15.373 - Kinshasa, République Démocratique du Congo ?: +243(0)815125507/+243(0)999914967/+243(0)814661188- E-mail: eraift@yahoo.fr; Site : www.eraift-rdc.cd

Puisse les membres de la grande famille PARE et des familles alliées, Fabrice, Nicole, Gisèle, Magloire, Bertrand, Barthelemy, Paul, Christian, Gauthier, Charles, Léandre, Adiaratou

Remerciements

L'aboutissement de tout projet humain n'est que la juste conjugaison d'efforts consentis par plusieurs acteurs. Il nous plait, dans le cadre de ce travail de recherche, de traduire en quelques mots, toute la reconnaissance que nous avons à l'endroit de tous ces « acteurs de l'ombre » qui ont contribué à faire de ce travail une réalité.

Nous exprimons toute notre gratitude à notre promoteur, le Professeur Théodore TREFON et à notre encadreur, le Professeur Alkassoum MAIGA pour cet encadrement dont l'aboutissement est l'élaboration du présent document.

Nous avons une pensée positive à l'endroit du Professeur, Michel BAUDOUIN, Directeur de l'ERAIFT, et à l'ensemble de son staff technique, eux qui ont oeuvré pour rendre cette formation possible et dans des conditions optimales.

Nous traduisons cette même reconnaissance à l'endroit du corps professoral de cette Ecole pour la qualité des enseignements reçus.

Nos sincères remerciements à l'AGEREF/CL, particulièrement à son Secrétaire Exécutif, Monsieur Mamadou KARAMA, qui nous a été d'un appui constant et soutenu et qui a bien accepté nous accorder un stage au sein de la structure dont il a la gestion technique. Nous remercions aussi l'ensemble de ses collaborateurs, Issouf SOMBIE, Antoine OUATTARA Yaya OUATTARA, Foussen TOU, Ismaël TOU, Issa TARNAGDA, Aminata KONE, Eloi KAMBOU, la stagiaire Stéphanie KORGO, Brahim SOULAMA et Djiloma SOMA.

Grand merci à toutes les autorités administratives de la Région des Cascades, notamment à Monsieur le Gouverneur et à Monsieur le Directeur Régional de l'Environnement et du Développement Durable qui nous ont permis de mener cette recherche sur la forêt de Dida

Nous remercions particulièrement le petit frère Armel BAKAYOKO, dont l'apport a été inestimable dans l'élaboration des cartes.

A nos parents, Michel PARE et Véronique YODA, soutiens indéfectibles de tout ce que nous entreprenons, nous saluons cet engagement constant auprès de leur fils.

BAKOUAN, Kadi et Aida BILA, Saly, trouver en ce travail la récompense de leurs soutiens multiples et multiformes.

A nos amis, Rodrigue SORGHO, Narcisse SOMDA, Zakaria SORE, Tasseré OUEDRAOGO, Eric KI, Malik GARANE, Omar KABORE, Arsène TRABOULGA, Fernand KI, Abdoulaye KI, nous les remercions pour les nombreuses marques d'amitié témoignées à plusieurs reprises, surtout dans les moments les plus difficiles.

A ces collègues de l'ERAIFT, ceux-là même avec qui nous avons passé des moments de joie et de tristesse et qui, à travers le forum, ont contribué davantage à nous éclairer sur certains points, nous leur en sommes reconnaissants.

Aux agents du SDEDD de Mangodara, particulièrement au Lieutenant Pierre Mesmer BAYALA, ainsi qu'à ses collèges de services, avec qui nous avons pu avoir une collaboration franche, nous disons grand merci.

Ces mêmes remerciements vont à l'endroit des autorités communales de Ouo, Mangodara et Djigouè, pour leur disponibilité.

Nous tenons à traduire toute notre gratitude aux populations et aux villages qui ont accepté de nous recevoir et nous permettre de mener les enquêtes de terrain dans les meilleures conditions possibles, en ces temps d'angoisse et de peur. En même temps que nous leur témoignons toute notre amitié, nous osons espérer que cette recherche pourra contribuer à une meilleure prise de décision en ce qui les concerne.

Enfin, à tous ceux qui n'ont pu être cités, nous disons merci pour leurs soutiens qui fussent indispensable pour nous dans le cadre de cette recherche.

Sommaire

Remerciements i

Sigles et Abréviations vi

Résumé vii

Abstract viii

CHAPITRE I : INTRODUCTION 1

1.1. Contexte 1

1.2. Problématique 2

1.3. Revue de littérature 4

1.4. Question de recherche et hypothèses 11

1.4.1. Question de recherche 11

1.4.2. Hypothèses de recherche 11

1.5. Objectifs de la recherche 12

1.6. Pertinence en rapport avec l'approche systémique 12

1.7. Définition des concepts 13

CHAPITRE 2 : MILIEU, MATERIELS ET METHODES 17

2.1. Zone d'étude 17

2.1.1. Localisation 17

2.1.2. Relief 18

2.1.3. Sols 18

2.1.4. Climat 20

2.1.5. Végétation et hydrographie 22

2.1.5. Ressources fauniques et halieutiques 23

2.1.6. Milieu humain 24

2.2. Matériels 26

2.3. Méthodes 26

2.3.1. Population cible 26

2.3.2. Echantillonnage 26

2.3.3. Collecte des données 28

2.3.4. Techniques de traitement et d'analyse des données 29

2.4. Difficultés rencontrées et limites de l'étude 29

CHAPITRE 3 : RESULTATS 31

3.1. Caractéristiques des enquêtés 31

3.1.1. Age des chefs de ménage 31

3.1.2. Niveau d'instruction des chefs de ménage 32

3.1.3. Ethnie des ménages et zones de provenance 33

3.1.4. Structure des ménages. 34

3.1.5. Principaux biens et valeurs des ménages 36

3.2. Problèmes inhérents à la FC de Dida 41

3.2.1. Appartenance administrative 41

3.2.2. Limites de la forêt 42

3.2.3. Infrastructures 45

3.3. Enjeux économiques liés à la gestion des ressources de la forêt 46

3.3.1. Activités économiques réalisées dans la forêt 46

3.3.2. Moyens de production 47

3.3.3. Production des ménages 48

3.4. Enjeux de pouvoir liés à la gestion des ressources de la forêt 51

3.4.1. Modes d'accès à la terre 51

3.4.2. Conflits liés à l'appropriation des ressources 52

3.5. Perspectives de gestion durable de la Forêt Classée de Dida 54

3.5.1. Perceptions liées aux ressources de la forêt 55

3.5.2. Mode de gestion 57

3.5.3. Alternative souhaitée 59

3.5.4. Perspectives de gestion durable 63

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 71

Bibliographie 73

Annexes I

Liste des figures

Figure 1 : Localisation de la FC de Dida 18

Figure 2 : Types de sols de la FC de Dida 19

Figure 3 : Précipitations et nombre de jours de pluie de la commune de Mangodara de 1995 à

2012 21

Figure 4 : Végetation de la FC de Dida 22

Figure 5 : Villages et hameaux de culture à la péripherie et à l'interieur de la FC de Dida 25

Figure 6 : Répartition des enquêtés selon la tranche d'âge 32

Figure 7 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction 32

Figure 8 : Répartition des enquêtés selon l'ethnie 34

Figure 9 : Taille des ménages selon le village 35

Figure 10 : Proportion des enfants par ménage 36

Figure 11 : Superficies des exploitations des ménages 37

Figure 12 : Pourcentage des superficies des différentes spéculations produites dans la FC 39

Figure 13 : Limites de la FC de Dida, vues par les autorités et par les populations 42

Figure 14 : Degré d'utilisation des engrais et pesticides par les ménages 48

Figure 15 : Répartition des ménages à partir de la proportion de production autoconsommée51

Figure 16 : Perception de la fréquence des conflits par les enquêtés 53

Figure 17 : Activité ayant le plus d'impacts négatifs sur FC en fonction des acteurs 54

Figure 18 : Mode de gestion souhaité par les enquêtés 57

Figure 19 : Mode de gestion souhaité en fonction du statut de résidence 58

Figure 20 : Option voulue par les populations pour libérer la FC de Dida 61

Liste des tableaux

Tableau 1 : Echantillon des enquêtés 27

Tableau 2 : Superficies exploitées en fonction du statut de résidence 38

Tableau 3 : Superficies exploitées en fonction du nombre d'années de résidence dans la FC 38

Tableau 4 : Nombre de boeufs en fonction du nombre de moutons /chèvres des ménages 40

Tableau 5 : Nombre de boeufs en fonction du statut de résidence 40

Tableau 6 : Catégorie de producteur en fonction de la production d'anacarde et de maïs 49

Tableau 7 : Situation de verbalisation des ménages en fonction de l'activité menée 55

Tableau 8 : Situation de verbalisation en fonction du statut de résidence 56

Tableau 9 : Rélation entre le mode de gestion souhaité et l'occupation principale 58

Tableau 10 : Situation des populations et superficies exploitées dans la FC de Dida 60

Tableau 11 : Option d'apurement de la FC en fonction du statut de résidence 62

Liste des photos

Photo 1 : Focus group dans le hameau de culture de wonkoro 29

Photo 2 : Habitat traditionnel et habitat semi-moderne dans la FC 37

Photo 3 : Deux panneaux de matérialisation de l'entrée de la FC de Dida (la 1ere plantée au

point C par le Ministère, la 2eme au point B grâce au projet JICA) 43

Photo 4 : Limite selon les populations de Djarakorosso au point K plutôt que J 44

Photo 5 : Route des travaux forcés de A à E, limites selon les populations de Mado et

Wankoro 44

Photo 7 : Jour de marché a Goté, en plein coeur de la FC 45

Photo 6 : Forage de Kangodjan réalisé par le PADL/CLK 45

Photo 8 : Ecole de Sassamba à l'interieur de la FC de Dida dont les travaux ont été arrêtés en

2005 46

Photo 9 : CSPS de Sassamba à moins de 400 m de la FC de Dida 46

Sigles et Abréviations

ADP : Assemblée des Députés du Peuple

AGEREF/BK : Associations Inter villageoise de Gestion des Ressources Naturelles et de

la faune de la Comoé Léraba

AGEREF/CL : Associations Inter villageoise de Gestion des Ressources Naturelles et de

la faune de Boulon Koflandé

AOF : Afrique Occidentale Française

BAD : Banque Africaine de Développement

BF : Burkina-Faso

BM : Banque Mondiale

CFA : Communauté Financière Africaine,

CGCT : Code Général des Collectivités Territoriales

CNUED : Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement

CNUEH : Conférence des Nations Unies sur l`Environnement Humain

CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale

DEES : Direction de l'Environnement, de l'Economie et des Statistiques

DIFOR : Direction des Forêts

DREDD : Direction Régionale de l'Environnement et du Développement Durable

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FC : Forêt Classée

FCRPF/CL : Forêt Classée et Réserve Partielle de Faune de la Comoé Léraba

GPS : Global Positioning System

IDH : Indice de développement Humain

INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie

JICA : Agence Japonaise pour la Coopération Internationale

MECV : Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie

MEDD : Ministère de l'Environnement et du Développement Durable

OSC : Organisations de la Société Civile

PADL/CLK : Projet d'Appui au Développement Local des Provinces de la

Comoé/Leraba/ Kénédougou

PCD : Plan Communale de Développement

PFNL : Produits Forestiers Non Ligneux

PNB : Produit National Brut

PNC : Parc National de la Comoé

PNGT2 : Programme National de Gestion des Terroirs phase 2

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

RBL : Réserve de Biosphère de Luki

RCI/CI : République de Côte d'Ivoire;

REDD+ : Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des

Forêts, et incluant la conservation, la gestion forestière durable, et l'augmentation des stocks de carbone

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SDEDD : Service Départemental de l'Environnement et du Développement

Durable

Mots clés : Forêt classée, gestion communautaire, enjeux socio-économiques, espace de compétition, Burkina-Faso.

Résumé

Dida est une forêt de 75 000 hectares située dans la Région des Cascades au Burkina-Faso. Elle a été classée par décision n°1744/FOR du 13 juin 1955. Ces dernières années, à la faveur de la crise ivoirienne de 1999 et compte tenue de la fertilité relative de ses sols, Dida a progressivement connu l'implantation illégale d'agriculteurs et d'éleveurs, faisant de cette forêt l'une des plus anthropisée du pays. On estime de nos jours à 18 villages et hameaux de cultures installés à l'intérieur de cette forêt contigüe au Parc National de la Comoé en Côte d'ivoire, avec une population de 8150 habitants. Toutes les tentatives de son apurement entamées depuis 2003 se sont soldées par des échecs. A partir du focus group, et des entretiens réalisés avec aussi bien les personnes ressources que les exploitants de la forêt, il ressort que les revenus substantiels tirés à partir des plantations d'anacardes et des cultures vivrières pour les agriculteurs, et du pâturage pour les éleveurs, sont les principales raisons du refus des populations de libérer cette forêt. Aussi, cet espace est source de conflits ouverts et latents entre acteurs dans une compétition pour l'appropriation des ressources, posant un réel problème de gouvernance environnementale. L'étude révèle que dans une perspective de gestion durable de cette forêt, il s'avère nécessaire de procéder à une matérialisation claire de ses limites, actuellement source de nombreuses contestations.

L'apurement de Dida passera indispensablement par un processus de glissement volontaire des populations installées à l'intérieur de la forêt et la mise en place d'un processus de gestion communautaire impliquant tous les acteurs. Ce n'est que dans cette logique que l'on pourra concilier les intérêts des populations et la préservation de la forêt de Dida, dans une perspective de développement durable.

Key words: classified forest, community management, socio-economic stake, space of competition, Burkina-Faso.

Abstract

Dida is a forest of 75 000 hectares located in the Cascade Region of Burkina Faso. It was classified by decision n°1744/FOR on 13 June 1955. These last years, due to the crisis in Ivory coast of 1999 and because of the fertility of its soils, Dida has increasingly been subject to the illegal settlement of farmers and pastoralists making this forest the most affected human settlement of the country. It is estimated that 18 farming villages and hamlets settled for a population estimated at 8150 inhabitants in this forest which adjoins the National Park of Comoé. All attempts of its discharge since 2003 failed. From focus group discussions and semi structured interviews as well with resource persons and settlers, our findings show that substantial incomes drawn from uncontrolled planting and livelihood for farmers and pasture for pastoralists are the main reasons for the population's refusal for relocation. Thus, this forest brings about open and latent conflict among stakeholders in a competition of resources ownership resulting in a real environmental governance problem. The research shows that for a sustainable management of this forest, it is urgent to proceed to a clear realization of its limits, currently bringing about numerous challenges.

The discharge of Dida will pass indispensably by a process of voluntary shifting of the settled population inside the forest and the implementation of a process of community management involving all stakeholders. It is thus that we will be able to reconcile the interests of the populations and the preservation of Dida forest in sustainable development perspective.

1

CHAPITRE I : INTRODUCTION

1.1. Contexte

Le Burkina-Faso est un pays sahélien de deux cent soixante quatorze mille deux cents (274 200) km2. Selon l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (2008), sa population, essentiellement jeune (59,1 % a moins de 20 ans), est estimée à quatorze millions dix sept mille deux cent soixante deux (14 017 262) habitants selon les résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006, pour une densité de 51,1 habitants/km2. De par sa position géographique, le pays est contraint à une lutte quotidienne pour améliorer les conditions de vie de sa population. Son enclavement, les aléas climatiques, la non disponibilité de ressources naturelles, le faible développement des ressources humaines sont les contraintes majeures à la portée des actions de lutte contre la pauvreté.

En effet, classé au 183ème rang (sur 187) avec un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,343 (PNUD, 2013), le Burkina-Faso est l'un des pays les plus pauvres au monde. Avec un Produit National Brut (PNB) par habitant estimé à environ trois cent quatre vingt seize (396) dollars US en 2005, un des plus faibles au monde, le pays reste confronté à un défi majeur qui est l'éradication de la pauvreté. Environ 43,9 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue, estimé en 2009 à 108.454 FCFA par an et par adulte soit moins d'un dollar US par jour (MEF, 2009).

Selon l'INSD (2003), l'économie du pays est essentiellement basée sur une agriculture dite de subsistance. Environ 84 % de la population vit essentiellement d'agriculture et d'élevage Aussi, le pays est confronté à la problématique de développement dans une situation de compétition foncière, d'insuffisance alimentaire et de dégradation de ses ressources naturelles. Cela, du fait de sa forte croissance démographique (3,1 % par an), mais aussi des effets persistants de cycles successifs de sécheresse depuis les années 1970. Pour le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), en Afrique occidentale et centrale, la conjugaison de l'accroissement rapide de la population, de mauvaises pratiques agricoles, tels que les cultures itinérantes et la suppression de la jachère, la variabilité des conditions météorologiques, la persistance de la sécheresse et le surpâturage sont les principales causes de la dégradation des sols.

2

Comme dans l'ensemble des pays à faibles revenus, le Burkina-Faso est, ces dernières années, confronté à la problématique de gestion de ses formations forestières, en proie à une pression anthropique sans précédant. Le recul des superficies forestières résulte principalement des défrichements liés à l'extension des terres de culture causée essentiellement par la pratique de l'agriculture itinérante. Une analyse diachronique des superficies des formations forestières de 1980 à 1992, a permis de déduire qu'elles ont régressé de 1,26 millions d'hectares, passant de 15,42 millions d'hectares en 1980 à 15,18 millions d'hectares en 1983, puis à 14,16 millions d'hectares en 1992, soit une régression estimée à cent cinq mille (105 000) hectares par an (MECV, 2004). Ces changements survenus dans les formations de types forêts ont concerné 83% des forêts galeries et 17 % des autres formations forestières, les Régions les plus touchées étant les Cascades, les Hauts Bassins et le Sud-ouest. Dans ces Régions, près de 60% de l'augmentation des superficies des terres agricoles sur les savanes et steppes s'y sont concentrées (PNGT2, 2006). Il est possible de lier ce phénomène à la dynamique migratoire des populations des zones arides vers les zones relativement plus arrosées, en quête de terres cultivables et de pâturages, mais aussi aux stratégies d'extensification des exploitations agricoles. Dans cette quête permanente, les Forêts Classées (FC) constituent une cible privilégiée, de plus en plus en proie à la pression des populations. C'est ainsi que bon nombre de FC, dont la Forêt Classée de Dida, ont vu les superficies agricoles s'accroitre de façon vertigineuse.

C'est dans ce contexte que se pose la question de la FC de Dida, qui contraste la nécessité pour un pays sahélien comme le Burkina-Faso de conserver les dernières reliques forestières et l'impérieuse exigence de garantir aux communautés locales, fortement dépendantes de ces massifs aux fortes potentialités agricoles et pastorales, une viabilité de leur système de production.

1.2. Problématique

La dynamique de l'interaction entre l'Homme et son écosystème en zone tropicale a toujours été influencée dans le temps par l'explosion démographique qui elle-même influence les pratiques culturales. Pour MALDAGUE (2003), ce sont ces sols fertiles qui attirent les agriculteurs. L'accroissement démographique aidant, la pression sur les terres forestières s'accroît, et des conséquences défavorables apparaissent : modification des méthodes culturales traditionnelles, raréfaction relative des sols forestiers, envahissement des aires protégée. Cet état de fait a toujours conduit à un épuisement progressif des sols, un

3

accroissement de la pression sur les terres fertiles, mais aussi et surtout sur les ressources forestières (LESOURD, 2000). La forêt de Dida en est une parfaite illustration.

En effet, la forêt de Dida constitue l'une des plus grandes formations forestières du pays de par sa superficie. Elle a été classée en 1955, et placée sous le contrôle du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (MEDD). Or, durant la même période, la population autour et surtout dans cette forêt n'a cessé de croitre. Le MEDD estimait en 2010 à cinq mille (5000) le nombre d'habitants installés dans la forêt, et repartis entre onze (11) villages et hameaux de culture. Ces populations, par la pratique de l'agriculture extensive et du braconnage, représentent une grande menace sur l'écosystème. Le degré d'anthropisation est passé de 4,57 % en 1992 à 34,75 % en 2002 (PNGT2, 2006)

Face à cette situation qui constitue une menace pour cette aire classée, l'administration a entrepris le déguerpissement des populations en 2003. Toutes les initiatives se sont heurtées au refus des populations de quitter cette forêt. La dernière tentative en date, instruite en février 2012 par le gouverneur de la région des Cascades et conduite par le Directeur Régional de l'Environnement et du Développement Durable (DREDD), a occasionné alors une marche de protestation des populations sur le Gouvernorat pour exiger des autorités une reconsidération de la position des autorités étatiques et des mesures d'accompagnement pour l'apurement de la forêt.

Cette impasse traduit bien l'ampleur et la complexité des enjeux dans cette situation qui oppose les communautés locales dans la défense et la préservation de leurs intérêts sur les plans social et économique et, l'Etat dans le soucis de préserver les ressources de ses écosystèmes dans une optique de développement durable, indissociable avec leur utilisation rationnelle. Dans de telles conditions, il est indéniable que le système de gestion actuel n'est plus adapté face aux besoins d'une population en forte augmentation. Cela nous amène à poser un certain nombre de questions: dans ces conditions, la règle de droit environnemental peut-elle jouer son rôle majeur qui est de mettre fin à la dégradation de l'environnement et plus précisément celles des entités forestières classées? La gestion concertée (ou communautaire) de la forêt classée de Dida n'est-elle pas une solution envisageable pour résorber les problèmes liés aux pratiques illégales d'exploitation des ressources forestières?

4

1.3. Revue de littérature

L'Homme a toujours entretenu d'étroites relations avec son environnement de façon générale, et avec la forêt de façon particulière. Les écosystèmes forestiers sont par essence le lieu de production des différents biens et services vitaux à l'existence des sociétés humaines. L'accès à ces ressources est fonction du type d'organisation de chaque entité sociale qui prédéfinit les modes d'accès, mais aussi fortement tributaire de la stratégie de chaque acteur. Il apparait aussi que ces espaces sont le lieu où se confrontent les intérêts de chaque catégorie d'acteurs en termes d'enjeux socio-économiques et de pouvoir. C'est pourquoi cette partie sera consacrée à une analyse de ces interactions. Mais pour mieux comprendre cette dynamique, il convient d'abord d'établir la relation qui existe entre l'Homme et la forêt.

? Interactions populations-forêt

Les relations de l'Homme avec la forêt ont été variables selon les civilisations et les époques. Une typologie établie par VILLENEUVE (2012) va de l'âge des chasseurs-cueilleurs à celui de l'information avec une modification significative des interrelations. Pour l'auteur, à l'âge des chasseurs-cueilleurs, la relation entretenue par les populations avec la forêt était symbiotique et mutualiste où chacun des deux partenaires bénéficiait de la présence de l'autre. Cette harmonie était codifiée par des règles sociétales qui garantissaient aux espaces forestiers une gestion durable. Les forêts sacrées au Burkina-Faso ou au Benin participaient à un tel équilibre (HOUNGNIHIN et al., 2012). En effet, pour WARDELL et LUND (2004), les terres de réserve ne sont pas des espaces inertes. Elles sont saturées de symboles et de significations et constituent une mosaïque d'espaces traditionnels. Plus particulièrement, dans les forêts, étaient érigés des autels, qui étaient les lieux de communion entre le monde des vivants et le monde supranaturel. La forêt était alors tout un symbole imaginaire qui permettait aux humains de donner du sens au monde, à la vie, à leur vie en dehors ou au-delà de considérations liées à ce qu'elle est ou à ce qu'elle rapporte. Elle n'avait donc pas seulement une valeur économique ou matérielle. Autour de cet espace qualifié par LEVEE (2005) de « territoire sacré », existait une série de représentations, elles-mêmes fondées sur des systèmes de valeurs, qui, pour MUIR-LERESCHE (2012), sont des valeurs esthétiques, spirituels et existentialistes qui contribuaient au bien-être humain.

L'âge des agriculteurs va profondément bouleverser cet équilibre et établir une relation écologique de compétition pour les terres agricoles, dans laquelle la forêt va être dominée et,

5

entrer dans le domaine de la propriété privée. Elle est dorénavant entretenue pour ses services économiques VILLENEUVE (2012). A partir de l'âge industriel, poursuit l'auteur, la forêt va être considérée comme une ressource et, les corpus de connaissances et les pratiques transmis de génération en génération qui ont concouru à leur utilisation rationnelle vont régresser au contact des techniques (HOUNGNIHIN et al., 2012). L'homme va s'y comporter en prédateur. Ce sont les marchés qui désormais vont déterminer la valeur instantanée de ce qu'on peut y exploiter. A l'âge de l'information, la forêt devient une composante vivante de la planète que nous apprenons à connaître pour ses fonctions écologiques. La Conférence des Nations Unies sur l`Environnement Humain (CNUEH) de Stockholm en juin 1972 (premier sommet international de grande ampleur consacré à l'état de l'environnement) et la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED) de Rio 1992 ont beaucoup contribué à impulser cette nouvelle dynamique. Les services rendus à l'humanité par les écosystèmes, difficilement quantifiables, mais indispensables pour le maintien des équilibres planétaires et la satisfaction des besoins humains deviennent une préoccupation majeure. Il faut donc investir dans leur protection et assurer leur gestion raisonnée selon les principes du développement durable. Dans cette perspective, l'humain devient plus qu'un intendant. Il doit pouvoir satisfaire ses besoins dans la nature et laisser aux générations futures des écosystèmes pourvoyeurs de tout ce dont elles auront besoin.

? La forêt vue comme un espace économique et de compétition

En Afrique, où vivent des millions de pauvres en milieu rural qui tirent leur subsistance de l'agriculture, de l'élevage ou des ressources forestières, garantir un accès à des terres productives est essentielle préoccupant (BAMBA 2010, FIDA, 2008, LESOURD, 2000, SALMON, 2012). L'accroissement démographique, qui a conduit à une raréfaction des terres et à un approfondissement de la crise foncière, a modifié considérablement les modes d'accès à la ressource. En effet, pour certains auteurs, les ressources ont un prix sur le marché et leur importance est étroitement corrélée à leur valeur (LAMARA, 1999, LESOURD, 2000). De ce fait, la problématique majeure de la gestion des ressources est liée aux enjeux qu'elles représentent dans un environnement tributaire des intérêts des acteurs. Or, les sociétés ne sont pas homogènes en termes d'utilisation des ressources. La dynamique des acteurs en terme de mobilité, de pressions démographique et anthropique, d'alliance, etc. est fortement liée à leurs activités économiques. Et, dans cette divergence élevée dans l'utilisation des ressources naturelles, chaque acteur tente de s'approprier le maximum de terres donc de ressources

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naturelles possibles (LOMPO, 2010). Ce qui conduit à un resserrement de l'écart entre l'offre et la demande, source potentielle de tensions et de conflits entre les différentes catégories d'utilisateurs. Pour OUEDRAOGO (2004), cette situation a été souvent à la base de la remise en cause des arrangements locaux sur lesquels reposait jadis l'équilibre des rapports fonciers locaux. L'auteur distingue deux types d'arrangements: les arrangements de première génération et ceux de deuxième génération. Par arrangements de première génération, il entend ceux résultant des principes traditionnels d'hospitalité et mettant en oeuvre des mécanismes de compensations symboliques dans l'accès au foncier. Quant aux arrangements de seconde génération, ils correspondent davantage à l'évolution des relations foncières vers des rapports marchands. En lieu et place des dons de terres, ce sont de véritables ventes de terres qui sont opérées dans le respect des coûts du marché foncier rural informel. C'est dire pour OUEDRAOGO (2004) que le milieu rural s'insère davantage dans une économie marchande, préjudiciable à une gestion rationnelle des ressources et davantage source de conflits. Cela peut engendrer souvent des confrontations qui par moment peuvent être ouvertes ou latentes.

Cette situation conflictuelle concerne davantage de forêts classées partout en Afrique et particulièrement au BF. MAIGA (2006) soutient que « la gestion des ressources naturelles occupe une place centrale dans l'émergence de conflits en milieu rural (...) et se trouve même à la base de nombreux heurts ». Une typologie proposée par LOMPO (2010) les catégorise en trois types : les conflits fonciers, les conflits d'usage des ressources naturelles et les conflits liés aux politiques environnementales. La première catégorie, souvent de moindre importance, oppose les autochtones entre eux d'une part, et autochtones et migrants d'autre part. La deuxième, dans la majeure partie des cas, oppose les agriculteurs et les éleveurs. Ces conflits peuvent être ouverts ou latents avec une prédominance des conflits latents, qui pour MAIGA (2010), conservent tout de même leur caractère explosif capable d'entacher le climat social.

Le dernier type de conflit, quant à lui, se pose en termes d'inadéquation des politiques nationales en gouvernance foncière, basées sur l'application stricte des règles de gestion qui, aux yeux des populations, ont un caractère répressif et, de par leur aspect exclusif, n'engageront pas les populations à collaborer avec les services forestiers dans la gestion de ce patrimoine échappant désormais à leur autorité (BOUTINOT, 2001). La conséquence de cette approche écologique classique dans les aires protégées selon COLCHESTER (1996) est le renforcement des divisions existantes entre les populations locales et le gouvernement,

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aggravant l'aliénation et les conflits, au lieu d'y porter remède. Ainsi, la tension est aussi forte entre les services forestiers et les pasteurs, notamment en année à saison sèche sévère qui pousse des éleveurs à entrer dans les aires protégées (BOUTRAIS, 2008). Pour conclure, COLCHESTER (1996) en déduit que les conséquences d'une telle situation peuvent être lourdes pour l'environnement car l'opposition locale aux aires protégées imposées s'exprime par des séries d'incendies et par une utilisation sans mesure de ressources dont les populations locales se sentent dessaisies et ne méritant plus leur protection, pouvant conduire à la dégradation accélérée des ressources, sinon à la « tragédie des communs» de HARDIN (1966).

Dans cette situation, toute la question se pose alors de savoir quelle alternative trouver à l'exploitation abusive des ressources forestières par les populations locales dans un contexte de forte dépendance de ces ressources environnementales?

? Alternatives pour la gestion durable des forêts

Les accords de Durban (2005) ont enjoint les institutions de conservation et les Etats d'impliquer directement les communautés locales dans la création d'aires protégées (BOISSIERE et DOUMENGE, 2008). La protection pour être durable, passe nécessairement par l'implication des communautés riveraines dans la gestion des aires protégées et donc par la preuve que les parcs peuvent contribuer au développement local. YANGGEN (2010) prévient que les efforts de conservation ne seront efficaces à long terme que si les populations locales trouvent des alternatives viables aux modes actuels d'utilisation des ressources naturelles, qui dégradent l'environnement. Cette approche nécessite pour lui un équilibre entre une conservation par exclusion des personnes des aires protégées de grande biodiversité et une conservation par promotion de moyens de subsistance de remplacement qui permettront aux gens d'utiliser les ressources naturelles de façon plus durable, à condition que les activités de substitue représentent un réel coût d'opportunité pour les ménages ruraux. L'élevage de petits animaux comme les poulets, les chèvres et/ou les porcs pourrait être une alternative logique pour la chasse, l'amélioration de la gestion de la fertilité par les jachères avec des légumineuses, les amendements par engrais chimiques et/ou organiques du sol, l'utilisation des semences améliorées et les plantations d'arbres sont des alternatives pour l'agriculture sur brûlis. Cette question de mesures alternatives viables, souvent mal évaluée par les projets de développement est capitale et sa mauvaise évaluation a conduit dans bien des cas à des échecs.

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En effet, dans son étude sur les alternatives à l'exploitation des ressources de la forêt par les populations dans les environ de la Réserve de Biosphère de Luki (RBL), les résultats auxquels SALMON (2012) a aboutis montrent une situation un peu mitigée. Même si les alternatives à l'agriculture par l'amélioration des pratiques culturales et l'accès au micro-crédit, l'élevage ou même la compensation financière ont été reçus avec beaucoup d'enthousiasme, ils ne garantiront en rien l'abandon de l'exploitation des ressources de la forêt, notamment celle du bois qui, dans le cas de la République Démocratique du Congo, demeure la première source d'énergie. Une autre approche possible est celle de YANGGEN (2010) basée sur la contrepartie qui permette une plus grande flexibilité pour répondre aux priorités des communautés locales. En pratique, il préconise d'analyser toutes les catégories d'activités de subsistance alternative, et d'adopter l'approche ou la combinaison d'approches plus logiques et qui tiennent compte du contexte local. De façon plus précise, l'auteur propose qu'en plus des mesures alternatives, l'accent soit aussi mis sur les secteurs sociaux, avec la construction de points d'eau, d'écoles, de centre de santé, etc. Quant à YELKOUNI (2004), plusieurs formes de gestions sont possibles. Dans son étude sur la forêt de Tiogo au Burkina-Faso, au regard des coûts onéreux par une gestion par les structures étatiques ou pour le secteur privé, il préconise une redéfinition claire des droits de propriété sur la ressource et le choix d'une institution adaptée pour sa gestion. La piste la plus envisageable pour lui serait l'approche d'une gestion communautaire qui tienne compte des institutions traditionnelles. Il appartiendrait alors aux communautés de décider la manière dont la ressource sera gérée. Pour l'auteur, la surveillance de la ressource par les propriétaires ou les usagers peut réduire les comportements opportunistes si un système de sanction est effectif.

Ces approches, et particulièrement celle de YELKOUNI (2004), ont reçu de vives critiques de la part de MILOL et NDIKUMAGENGE (2010), pour qui, après plus d'une décennie à essayer d'établir un équilibre entre la gestion participative et la gestion durable, et aussi à vouloir atteindre un développement local tout en conservant les ressources, les mauvaises pratiques dans l'environnement n'ont pas cessé. Les populations locales n'ont pas encore adopté les méthodes de gestion participative qui leur ont été proposées. La pauvreté a très peu reculé dans les zones de conservation, la pression sur les ressources a augmenté dans bien des cas, influencée par des facteurs externes à la forêt et relevant généralement du marché. Ce point de vue est partagé par COLCHESTER (1996) qui relate un autre examen, mené par la Banque Mondiale (BM), et portant sur vingt trois (23) aires protégées dans lesquelles on s'est efforcé de concilier les objectifs de développement et de conservation. Des conclusions, il est

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ressorti que les projets n'ont pas atténué la pression sur les parcs ou réserves qu'ils visaient à protéger. Ces échecs se justifient selon LAVIGNE-DELVILLE (1998), cité par MILOL et NDIKUMAGENGE (2010), par les mutations sociales caractérisées par une détérioration des formes de contrôle communautaire sur la propriété privée, individuelle et familiale, et l'effritement de l'influence des autorités coutumières. Pour le cas de la décentralisation de la gestion forestière, elle a, pour MBAIRAMADJI (2009), facilité certes la mise en place des conditions de participation du public, mais pas pour autant contribuer réellement à une gestion durable des forêts. Bien au contraire, elle a contribué à la marginalisation des populations locales du système décisionnel et, à la déstabilisation des rapports de force du système d'action de gestion forestière. Comme autres effets pervers de cette décentralisation, on a noté le contrôle du pouvoir décisionnel des forêts communautaires et des redevances forestières par des acteurs locaux (maire), l'ingérence accrue des élites à la gestion forestière locale, la cooptation des membres des comités locaux et la monopolisation des retombées forestières par quelques acteurs. Par conséquent, l'auteur plaide pour un rééquilibrage des rapports de force qui établirait alors les bases d'une collaboration inclusive et égalitaire, indispensables pour renforcer le sentiment d'appartenance des populations et améliorer leur participation à la gestion forestière locale.

Qu'en est-il de la situation au Burkina-Faso en particulier? Quels ont été le fondement réel de la création des aires protégées?

? Fondements de la création des forêts classées et problématique de leur gestion au Burkina-Faso

Selon YELKOUNI (2004), le classement des forêts au Burkina-Faso fait suite à l'adoption du Décret du 4 juillet 1935, portant constitution d'un domaine forestier dans l'ex Afrique Occidentale Française (AOF) comprenant l'actuel territoire du Burkina-Faso. Les principaux objectifs visés à travers ces classements étaient : (i) la mise en place de barrières végétales climatiques destinées à atténuer les influences des vents desséchants venant du nord (l'harmattan) ; (ii) la protection des principaux cours d'eau; (iii) la constitution de réserves de bois destinées à la production de charbon de bois pour alimenter les trains à vapeur de la Régie Abidjan - Niger (RAN) et de la ligne ferroviaire prévue pour relier Bobo - Dioulasso à Ségou (République du Mali); (iv) la création de réserves de faune pour l'exercice de la chasse; (v) la production de bois d'oeuvre et de bois de service pour les besoins de développement de l'administration locale.

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Dans ce contexte, l'exercice d'un certain nombre de droits d'usage était reconnu aux populations riveraines dans les forêts classées. Malgré l'accession du pays à l'indépendance dans les années 1960, le contenu des textes n'avait pas subi de véritables modifications. Les dispositions coloniales ont été reprises dans la loi n° 006/97/ADP du 31 janvier 1997 portant Code Forestier au Burkina Faso, qui stipule que dans les forêts classées, les droits d'usage traditionnels reconnus au profit des populations riveraines portent sur le ramassage du bois mort, sur la cueillette et la pêche traditionnelle. Pour YELKOUNI (2004), la législation foncière n'a été qu' « une continuation des règles et principes juridiques introduits lors de la colonisation (...) quand bien même l'Etat n'avait pas les moyens de sa politique de répression et d'exclusion ». Ce mode de gestion des aires protégées hérité de la colonisation, avait une approche dirigiste et protectionniste basée sur l'érection d'un réseau de parcs et de réserves nationaux, adossés à un ensemble d'interdits et d'obligations codifiés dans des textes juridiques et réglementaires. Une telle gestion se pratiquait au mépris des droits, des intérêts légitimes, des moyens de subsistance et des approches traditionnelles de conservation des communautés locales qui étaient alors considérées comme des agents de dégradation (KARAMA, 2009). Du point de vue de HIEN et al. (1996), malgré cette soustraction aux défrichements agricoles et aux activités humaines des forêts classées, elles ont été les plus atteintes ces dernières années par la dégradation des sols dues à une myriade de pressions. Et, cette situation est loin d'être spécifique au Burkina-Faso. Dans une étude menée sur le domaine permanent de l'Etat en Côte d'Ivoire, YAO et al. (2005) ont constaté que les risques de déforestation constatés, en 1986, sur les lambeaux de forêts aux alentours de la forêt classée de Haut-Sassandra se sont traduits, en 2001, par des changements importants dans l'occupation du sol. En effet, malgré les interdictions des instances officielles, cet espace a été, en une quinzaine d'années, complètement défriché et mis en culture, notamment avec des cultures pérennes à but commercial.

Cette occupation des espaces forestiers en Afrique trouve sa raison dans le fait que, bien que qualifié d'illégal par les services forestiers et l'administration publique en général, l'usage des ressources forestières et des terres de réserve s'est poursuivi, en particulier par les communautés qui en avaient le véritable contrôle. Pour WARDELL et LUND (2004), au fil du temps et au gré des circonstances, nombre de ces usages ont été confisqués, négociés, tolérés, contestés, suspendus et niés. YELKOUNI (2004) en déduit que la législation ayant « délégitimé » et affaibli les disciplines et règles collectives de gestion des ressources naturelles en dehors des espaces cultivés par les familles, et l'Etat n'ayant pas su inciter les

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populations à une gestion nouvelle, les forêts sont devenues des propriétés de « non-exclusion » et de « rivalité » dans son usage par les agents économiques. C'est cette situation qui prévaut dans bon nombre de forêts classées au Burkina, et cette étude va s'appesantir sur le cas spécifique de la FC de Dida.

1.4. Question de recherche et hypothèses

Toute recherche se base sur une question de recherche de laquelle découle des hypothèses de travail.

1.4.1. Question de recherche

Dans quelle mesure est-il possible de gérer de façon durable la Forêt Classée de Dida ?

1.4.2. Hypothèses de recherche

Dans l'acceptation de QUIVY et CAMPENHOUDT (1995) l'hypothèse se définit comme une réponse provisoire à une question. BERTHIER (2006) parle alors de « prédiction des résultats ». Dans le cas de cette étude, nous avons émis une hypothèse principale et des hypothèses secondaires.

L'hypothèse principale que nous avons émise est la suivante: la Forêt Classée de Dida, en tant qu'espace de « non-exclusion » et de rivalité, pour être gérée de façon durable, doit avoir une approche systémique qui tienne compte des aspects institutionnels, politiques, et socio-économiques.

De notre hypothèse principale découlent trois (03) hypothèses secondaires:

- en l'absence de mesures alternatives viables, l'intensification et l'extensification des activités agricoles et pastorales par les populations locales dans la FC de Dida leur procurent des revenus substantiels;

- les enjeux de pouvoir que représente le contrôle des ressources de la Forêt Classée de Dida exacerbent les conflits entre acteurs impliqués dans l'exploitation des ressources;

- une gestion durable de la forêt classée de Dida passe nécessairement par une approche communautaire qui intègre une participation pleine et consciente de l'ensemble des acteurs.

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1.5. Objectifs de la recherche

Les objectifs de la recherche se composent d'un objectif général duquel découlent plusieurs objectifs spécifiques.

L'objectif général assigné à cette étude est de contribuer à une gestion durable de la Forêt Classée de Dida. Il ambitionne de mieux appréhender la problématique afin de proposer des pistes de solution pour cette gestion durable.

L'étude se propose d'atteindre les objectifs spécifiques suivants:

- comprendre la dynamique d'occupation et d'exploitation des ressources de la FC de Dida ;

- analyser les activités menées dans la FC et évaluer sommairement les bénéfices issus de ces activités;

- analyser la gouvernance environnementale de la forêt classée de Dida;

- apprécier les rapports entre les différentes catégories professionnelles d'une part, et entre ces groupes et l'administration en charge la gestion dans ce patrimoine de l'Etat d'autre part;

- proposer des solutions qui permettraient de garantir à long terme une gestion durable de la forêt.

1.6. Pertinence en rapport avec l'approche systémique

Fernand de Saussure définit le système « comme une totalité organisée, faite d'éléments solidaires ne pouvant être définis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totalité» Pour MALDAGUE (2003), ce qui caractérise le système, ce sont les notions d'interrelations et de totalité. C'est l'approche du réel dans sa globalité et sa complexité. Et, ce qui caractérise le système, c'est la multiplicité de ses composants (biophysique, humain, technique, infrastructurel, politique, etc.), sa complexité, sa totalité organisée, les interrelations entre les éléments, l'interaction, la dynamique et l'évolution. Il faudrait donc considérer le monde rural non pas comme un espace figé dans l'immobilisme mais dynamique et en évolution en fonction de facteurs internes et externes.

L'approche systémique se veut donc une approche novatrice, qui rompt avec les approches classiques sectorielles et fragmentaires. Elle se propose d'aborder les questions de

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développement en considérant les différents aspects comme un tout cohérent dans sa globalité. Dans le cadre de cette étude, la Forêt Classée de Dida est considérée comme un « système rural» complexe avec ses différentes composantes: l'écosystème, le système de production, les infrastructures, les conditions socio-économiques, les catalyseurs internes externes. Et pour mieux comprendre le « système Dida », il est indispensable d'analyser les interrelations et les interactions entre ces différentes composantes, et leurs dynamiques, en rapport avec l'Homme dans toute sa dimension sociale.

Et, en prenant en compte tous ces aspects cette étude intègre l'approche systémique dans l'analyse de la problématique liée à la l'occupation de la Forêt Classée de Dida.

1.7. Définition des concepts

Ménage: On pourrait entendre par ménage, un ensemble constitué des occupants d'une habitation privée (personnes qui vivent sous le même toit). Pour l'INSD (2003), « le ménage est l'unité socio-économique de base au sein de laquelle les différents membres, apparentés ou non, vivent dans la même maison ou concession, mettent en commun leurs ressources et satisfont en commun à l'essentiel de leurs besoins alimentaires et autres besoins vitaux, sous l'autorité de l'un d'entre eux appelé chef de ménage». C'est aussi la définition qu'en donne KOBIANE (2002) cité par PARE (2010). En milieu rural, cette notion de ménage a tendance à avoir la même connotation que la famille. En effet, la famille est définie comme étant l'unité sociale de base de la société traditionnelle. Le chef de concession ou de famille est le responsable de sa concession et est chargé de gérer sa famille ou sa concession en répondant aux besoins alimentaires, vestimentaires, sanitaires et d'équipements de celle-ci et, en s'assurant que la contribution de chacun des membres aux tâches quotidiennes de la famille ou de la concession est respectée. Ce statut de chef de concession ou de famille est généralement détenu par le plus vieux (Commune rurale de Mangodara, 2008).

Si pour les historiens le mariage est l'élément constitutif de la famille, les démographes, (PARE 2010), prennent pour élément fondamental la résidence. Ils ne distinguent pas une différence entre ménage et famille. D'un point de vue sociologique, la famille désigne généralement un ensemble de personnes liées par les liens de parenté et, qui entretiennent des échanges réguliers. S'appuyant sur les travaux de MENDRAS, qui s'apparentent à la réalité du Burkina, PARE (2010) retiendra trois (03) types de famille:

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? la famille nucléaire ou conjugale. ? la famille monoparentale.

? la famille souche ou grande famille.

Dans le cas de la présente étude, est considérée comme ménage ou famille, toute unité de production, de résidence et de consommation.

Forêt classée : pour mieux comprendre la notion de forêt classée, il convient de partir d'abord du concept même de forêt.

Pour l'INSD (2009), une forêt est un espace occupé par des formations végétales d'arbres et d'arbustes à l'exclusion de celles résultant d'activités agricoles. Cette définition peut être complétée par la définition qu'en donne l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), pour qui, une forêt est un massif forestier, une étendue boisée, relativement dense, constituée d'un ou de plusieurs peuplements d'arbres et d'espèces associées, correspond à un couvert arboré de plus de 10% sur au moins un demi-hectare. L'arbre étant défini comme une plante pérenne avec une seule tige (ou plusieurs si elle est recépée) atteignant au moins cinq mètres à maturité1. Partant de cette définition, la FAO distingue trois (03) types de forêts : les forêts denses humides, les forêts sèches et les mangroves. Les forêts sèches apparaissent avec une pluviométrie annuelle comprise entre 600 et 1200 mm/an avec moins de 8 mois secs/an. Leur structure est bistrate, avec une strate arborée décidue (hauteur 15-20 mètres) sous laquelle se développe une strate arbustive et graminéenne.

La loi n° 014/96/ADP portant réorganisation agraire et foncière au Burkina-Faso en son Article 84 stipule: « au sens de la présente loi, sont considérés comme forêts, les terrains occupés par des formations végétales d'arbres et d'arbustes, les terrains déboisés et les terrains nus destinés à être reboisés pour la production forestière ou à des fins de protection ».

Quant à la forêt classée, elle représente tout massif ayant fait l'objet de classement par l'Etat comme le stipule l'article 26 de la loi n°006/97/ADP du 31 janvier 1997, portant Code Forestier au Burkina Faso: « Le classement forestier permet en raison de l'importance qu'une forêt présente pour l'intérêt général, de soumettre celle-ci à un régime spécial restrictif concernant l'exercice des droits d'usage et les régimes d'exploitation ».

1 http://www.fao.org/docrep/003/x4130f/X4130f03.htm, consulté le 10 avril 2013

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Gestion communautaire: Comme son nom l'indique, la gestion communautaire des ressources naturelles désigne la gestion par des institutions collectives locales pour le bien des populations locales. Cette gestion prend de nombreuses formes selon l'endroit et le contexte sociopolitique et biophysique. Elle désigne les dispositions et les pratiques locales et collectives de gouvernance des ressources, et couvre donc une ample gamme de pratiques d'utilisation des ressources, étant donné la grande diversité des communautés humaines et des ressources (ROE et al., 2009). Elle renvoie à la notion de gouvernance locale qui est un ensemble d'institutions, de mécanismes et de processus qui permettent aux citoyens d'exprimer leurs intérêts et leurs besoins, de régler leurs différends et d'exercer leurs droits et obligations à l'échelon local. Souvent aussi perçue comme cogestion, la gestion communautaire renvoie surtout à l'idée d'approche participative qui va d'une simple information des populations jusqu'à une réelle implication de celles-ci dans les prises de décision. La gestion communautaire implique donc un régime de propriété commune. C'est-à-dire un ensemble de droits et devoirs qu'un groupe d'utilisateurs partage par rapport à une ressource donnée, ainsi que les institutions qui définissent les conditions d'accès, de contrôle, et les biens et services issus de cette ressource.

Gouvernance environnementale: le concept est très complexe, ambigu et polysémique. Il peut être défini comme la manière dont est structuré l'exercice du pouvoir, tel qu'il agit sur la nature et sur ses ressources. La gouvernance environnementale s'étend sur plusieurs échelles: du gouvernement central a la population locale. C'est aussi un ensemble de règles, de pratiques et d'institutions qui entourent la gestion de l'environnement dans ses différentes modalités (conservation, protection, exploitation des ressources naturelles).

Pour NGUINGUIRI (2003), la gouvernance est aujourd'hui une notion très floue. Dans la définition normative donnée à ce concept par la Banque Mondiale (BM) vers la fin des années 1980, la gouvernance correspond à une situation idéale de bonne administration. C'est la raison pour laquelle elle est assortie d'un adjectif qualificatif « bonne gouvernance ». Cette perception implique un changement de la "gouvernance" telle qu'elle est, vers la "gouvernance" telle qu'elle devrait être. Dans ce raisonnement, les aires protégées seraient aujourd'hui dans une situation soit "d'ingouvernabilité" soit de "sous administration" ne favorisant pas une gestion des ressources naturelles.

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Nous retiendrons donc de la gouvernance environnementale la structuration de l'exercice du pouvoir, dans le cadre des ressources naturelles en général, forestières en particulier.

Externalité : Pour YELKOUNI (2004), on parle d'externalité ou d'effet externe lorsque le bien-être d'un consommateur ou les possibilités de production d'une entreprise sont affectés directement par les actions d'un autre agent économique, sans que cette perte de bien-être soit compensée financièrement. L'externalité est dite positive lorsqu'elle améliore le bien-être de l'agent concerné ; il s'agit d'économie externe. Elle est négative si elle détériore le bien-être de l'agent en question. On parle dans ce cas de déséconomie externe.

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CHAPITRE 2 : MILIEU, MATERIELS ET METHODES

Ce chapitre est consacré à la zone d'étude, aux matériels et aux méthodes qui ont été utilisés pour collecter les données.

2.1. Zone d'étude

Plusieurs raisons ont motivé le choix même de la FC de Dida pour cette étude. Au-delà de son importance en termes de superficies (75 000 ha), de toutes les FC de pays, Dida reste l'une des plus anthropisées. De plus, la problématique de cette FC est d'actualité dans la mesure où toutes les initiatives entreprises ces dernières années par la Direction Régionale de l'Environnement et du Développement Durable (DREDD) se sont heurtées au refus catégorique des exploitants, engendrant depuis lui un « bras de fer» entre l'administration forestière et les populations.

La présentation de la zone d'étude englobe la localisation de la FC, le relief, les sols, le climat, la végétation et hydrographie, les ressources fauniques et halieutiques et le milieu humain.

2.1.1. Localisation

La FC de Dida se situe approximativement entre 09°46'48,85" et 10°06'28,3" de latitude Nord et entre 03°53'09,63" et 04°15' de longitude Ouest. Administrativement, elle relève de la commune de Ouo. Elle est limitée au Nord par cette commune, au Sud par la RCI, à l'Est par la commune de Djigouè (dans le Poni) et à l'Ouest par la commune de Mangodara comme le montre la figure 1.

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Figure 1: Localisation de la FC de Dida

La forêt de Dida a été classée par décision n°1744/FOR du 13 juin 1955. Sa superficie totale est estimée à soixante quinze mille (75 000) hectares. Selon le décret de classement, seuls, le ramassage du bois mort, la récolte de produits de cueillette et la pêche sont des activités autorisées à l'intérieur de la forêt.

2.1.2. Relief

-

Le contexte géologique de la FC de Dida est homologue à celui de sa commune d'appartenance (commune de Ouo). Le relief est basé sur un socle précambrien granito

gneissique appelé « le massif de Mangodara-Sidéradougou ». L'altitude atteind rarement 400m. Le relief se caractérise par sa planéité d'ensemble, rompue par endroits par des collines, des plateaux et des bas -fonds (Commune rurale de Ouo, 2009).

2.1.3. Sols

Les sols de la FC de Dida présentent globalement les mêmes caractéristiques que celles de la commune de Ouo et même de la Province de la Comoé. Quatre (04) types de sols dominent.

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Il s'agit des sols peu évolués d'érosion lithique, des lithosols sur cuirasse ferrugineuse et roches diverses, des sols ferrugineux tropicaux lessivés et des sols hydromorphes peu humifères à pseudogley de surface comme présenté dans la figure 2 ci-dessous:

Figure 2 : Types de sols de la FC de Dida

Les sols peu évolués d'érosion lithique : ils occupent des superficies assez réduites et représentent 3,1 % de la superficie de la FC. Ils ont une très faible profondeur (moins de 20 cm) et sont caillouteux. Ils subissent les phénomènes d'érosion et sont dénudés. Ils sont inaptes pour toutes les cultures. Ce sont des zones d'intérêt pastoral. L'exploitation agricole de ces sols nécessite des dispositifs anti-érosifs pour améliorer l'infiltration de l'eau.

Les lithosols sur cuirasse ferrugineuse et roches diverses : Ils représentent 2,6 % de la forêt. Ce sont des sols sableux et gravillonnaires, très peu profonds (inférieure à 30 cm). Ils occupent les sommets et les versants des collines cuirassées (latérite) et des collines rocheuses (schistes). Comme les sols peu évolués, les lithosols sont inaptes aux cultures pluviales. La difficulté de pénétration des racines dans ces sols, leur pauvreté chimique, la faiblesse de la réserve en eau utile et l'importance de leur charge graveleuse confèrent à ces sols une valeur agronomique nulle. Leur inaptitude est quasi permanente. Ils peuvent être marginalement

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retenus pour l'élevage extensif à caractère itinérant. Au plan sylvicultural, ils sont inaptes aux plantations d'arbres.

Les sols ferrugineux tropicaux lessivés (79,6 %) : Ils s'étendent sur l'ensemble de la forêt de Dida. Leur profondeur varie entre 40 et 100 cm. Ils sont tantôt indurés, tantôt à tâches et concrétions, tantôt associés à des sols peu évolués d'érosion, tantôt associés à des lithosols. Lorsqu'ils sont indurés, leur évapotranspiration est importante. Ils sont peu exigeants en matière d'eau. Alors, ils sont moyennement aptes pour le mil, marginalement aptes pour le coton, le maïs, le sorgho et l'arachide. Ils sont inaptes pour le riz et la maraîchéculture. Lorsque ces sols sont à tâches et concrétions, ils ont une hydromorphie importante. Leur texture est sableuse en surface et argileux en profondeur (et légèrement gravillonnaire). Dans ce cas, ils sont profonds, moyennement aptes pour la culture du mil, du sorgho, du maïs, du riz; et marginalement aptes pour le coton et l'arachide. Ils sont moyennement aptes pour l'élevage intensif et les plantations d'espèces (Acacia indica, Parkia biglobosa, Bombax costatum, Eucalyptus camaldulensis).

Les sols hydromorphes peu humifères à pseudogley de surface (14,7 %) : L'on les rencontre essentiellement dans les bas-fonds, le long de tous les cours d'eau de la forêt. Ce sont des sols profonds (plus de 100 cm). Leur texture est limono-argileuse en surface et argileuse en profondeur. Ces sols sont caractérisés par la présence d'eau et sont fortement engorgés. De potentialités chimiques moyennes, leurs propriétés physiques (compacité et imperméabilité) sont parfois défavorables. Ils sont moyennement aptes pour le riz, marginalement aptes pour le sorgho. Ils sont aptes à l'élevage extensif et, moyennement propices à la sylviculture (plantations de tecks et d'Anogeissus). Ils sont inaptes pour toutes les autres spéculations (mil, maïs, coton, arachide), à cause des inondations fréquentes.

2.1.4. Climat

La localité bénéficie d'un climat de type soudano-guinéen, marqué par l'alternance de deux saisons : une courte saison sèche de novembre à mars (5 mois), marquée par l'harmattan, vent frais et sec, et une saison humide plus longue d'avril à octobre, annoncée par la mousson, un vent chaud et humide. Deux principaux facteurs climatiques ont une influence prépondérante sur le développement des ressources naturelles, ce sont : les températures et les précipitations.

21

2.1.4.1. Températures

Dans la commune de Mangodara, les températures moyennes annuelles oscillent entre 17 et 36°C, soit une amplitude thermique de 19°C. Des disparités existent entre les moyennes minimales et les moyennes maximales au cours d'une même année, et d'une année à une autre. La période la plus fraiche de l'année va de décembre à février (18 à 27°), tandis que les mois de mars, avril, mai et juin sont les plus chauds de l'année (24 à 36°C).

2.1.4.2. Précipitations

Dans la zone d'étude, la saison des pluies s'installe généralement en mai et dure jusqu'au mois d'octobre. Les mois les plus pluvieux sont les mois de juillet, août et septembre, avec les quantités d'eau les plus abondantes en août. Les données statistiques recueillies au poste pluviométrique de Mangodara de 1995 à 2012 montrent une progression en dents de scies de la pluviométrie, comme nous l'indique la figure 3 :

1400

1200

1000

400

800

600

200

0

1995

1996

1997

1998

1999

Précipitations Nombre de jours de pluie

2000

2001

Mangodara

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

40

80

0

60

20

120

100

Figure 3 : Précipitations et nombre de jours de pluie de la commune de Mangodara de 1995 à 2012 (Source: Service Départementale de l'Agriculture de Mangodara, 2013)

Mangodara est une commune à pluviométrie abondante comparativement aux autres localités du Burkina-Faso. La moyenne pluviométrique annuelle calculée sur les dix huit (18) dernières années est de 1052,6 mm, pour soixante huit (68) jours de pluie. Cette moyenne cache des variations importantes d'une année à l'autre, mais également au cours d'une même année quant à la répartition des pluies dans le temps et dans l'espace. Les années à pluviométrie

22

abondante sont 2012, 1999 et 1997 , avec respectivement des quantités d'eau tombées de 1151,4 mm, 1295 mm et 1 237,3 mm. Pour les mêmes années considérées, le nombre de jours de pluie a été respectivement de soixante seize (76), cent un (101) et soixante dix sept (77) jours. La plus faible quantité d'eau tombée en une année a été enregistrée au cours de l'année 2005, avec 843,5 mm d'eau pour seulement quarante huit (48) jours de pluie.

Toutes les eaux de pluies qui tombent, soit s'infiltrent dans le sol pour alimenter la nappe phréatique, ou sont collectées dans des plans d'eau stagnante, ou encore ruissellent vers les rigoles, puis les rivières qui affluent vers le fleuve Comoé qui, à son tour, va se jeter dans la mer en RCI.

2.1.5. Végétation et hydrographie

La FC de Dida est dominée par des zones de savanes arbustives denses et claires, de savanes arborées claires et auxquelles s'ajoutent des zones de forêts galeries autour des rivières, comme le montre la figure 4 :

Figure 4 : Végétation de la FC de Dida

Les formations arbustives denses ou claires sont les plus importantes (32, 3 %). Elles se développent sur les pentes supérieures, moyennes et inférieures, ou dans les bas -fonds. Elles sont dominées par des arbres dont la hauteur est supérieure ou égale à sept mètres. Elles se caractérisent par la présence d'un potentiel ligneux très riche. Les espèces les plus fréquentes

23

sont: Vitellaria paradoxa, Detarium microcarpum, Daniellia oliveri, Prosopis africana, Terminalia laxiflora, Combrtetum crotonoides, etc. A cela, il faut ajouter les formations de savanes arborées claires (23,7 %). Elles se développent au bas des pentes avec des espèces fréquentes telles que Khaya senegalensis, Parkia Biglobosa, Isoberlinia doka, Pterocarpus erinaceus, Daniellia oliveri, Ceiba pantendra, Prosopis africana, Lannea microcarpa, Terminalia macroptera. L'on rencontre également Tamarindus indica, Diospyros mespiliformis.

La végétation herbacée (0,2 %) de ces zones de savanes est clairsemée en zones dénudées, denses sous savane arborée et arbustive. Les herbacées se développent également sur les bas-fonds. Elles comportent les principales espèces annuelles suivantes: Andropogon ascinodis, Andropogon pseudapricus, Loudetia togoensis, Andropogon gayanus, Pennisetum pedicellatum.

Les forêts-galeries ou formations rupicoles se situent aux abords des cours d'eau. Le principal cours d'eau de la FC est la rivière Dida, un affluent du fleuve Comoé. Les espèces couramment rencontrées sont: Ficus sycomorus, Cola cordiflora, Mitragyna inermis, Anogeissus leiocarpus, Vetiveria nigritana, Berlinia grandifolia, Nauclea pobenguinii, Lannea barterii. Avec l'occupation de la FC à des fins agricoles et pastorales, toutes ces formations ont connu une régression au profit des champs d'anacardes et des jachères.

Quant au réseau hydrographique de la FC de Dida, il est peu dense. Il est constitué principalement de la rivière Dida. Ce cours d'eau temporaire qui doit son nom à la FC est un affluent du fleuve Comoé. D'autres rivières de moindre importante comme la rivière Kéléworo, Dialoï et Babolo traversent la forêt. Certaines d'entre elles constituent des limites naturelles de la forêt. On note aussi la présence de quelques marigots qui constituent pour les éleveurs le lieu d'abreuvage des animaux.

2.1.5. Ressources fauniques et halieutiques

La biodiversité de la FC de Dida est mal connue. Cependant, dans la zone d'étude, la majeure partie des cours d'eau regorgent des espèces des poissons suivantes : les carpes (Tilapia zillii), les Nanani (Mormyrus rume), les sardines (Bricinus macrolepidotus), les poissons-chats (Clarias anguillaris), les capitaines (Latès niloticus), les poissons-docteurs (Garra rufa).

Quant à la faune de la forêt, autrefois riche, elle a, de nos jours, totalement disparue. Jadis, on y rencontrait des phacochères (Phacochoerus africanus), des hippotragues (Hippotragus

24

equinus), des bubales (Alcelaphus buselaphus), des buffles (Syncerus caffer), des céphalophes (Cephalophus Rifilatus), des cynocéphales (Papio hamadryas), etc. Aujourd'hui, il ne reste que des singes (Erythrocebus patas), des pintades sauvages (Agelastes niger), différentes espèces d'écureuils (dont le Xerus erythropus), de mangoustes (Herpestes ichneumon; Galerella sanguinera ; Atilax paludinosus) et des porcs-épics (Hystix cristata).

2.1.6. Milieu humain

Le milieu humain est composé de l'ensemble des villages et hameaux de cultures qui se retrouvent aussi bien à l'intérêt de la FC qu'aux alentours. La figure 5 montre la position géographique de ces villages et hameaux de cultures.

Commune de Sidéradougou

Commune de Ouo

Mousokantou


·

· Sirakaro

6urél

5

o

· Sassamha

Kom berge

· Pakarnboulo

1 Hilestra

Commune de Djigoué

Kpalan

Won haro


·

Lafia 1

1

Lenguemouwoukou

Korbo
· Diarakoross

· 5 horuso

· Sitou re

Tatatualél

Kong anion

Ka mbelokogedougou

Kure2

Ibihouré

numoutiéd ougou

Commune de Mangodara

République de Côte d'Ivoire

· njatakoro

Yiébata

Mourkoudougou


·

Ka rwéd o ugou


·

Karam ago djan

LEGENDE

Forêt Classée de Dida

Hameaux de cultures à l'intérieur de le forêt classe de Dida

Hameaux de cultures a la périphérie de le Forêt de Dida

Al/ Route régionale

-- / Limites communales

· Localité dans lacommune de Djigoué

· Localité dans la commune de Mangodara

Localité dans le commune de Ouo

A/ Piste ou sentier

Cours d'eau


·


·

Zona 8étudu

q n _

'rd engadara

25

Source: Baïf +Lan ds at Mare 2013 Armel Sâidou BAKAYOKD

Figure 5 : Villages et hameaux de culture à la périphérie et à l'intérieur de la FC de Dida

26

De sources officielles, on compterait dans la FC de Dida, dix huit (18) hameaux de culture provenant de dix (10) villages riverains souches pour une population totale estimée à huit mille cent soixante quatre (8164) soit 35 % de la population totale riveraine de la FC, estimée à vingt trois mille trois cent quarante (23 340) habitants (MEDD, 2013). Les groupes ethniques autochtones sont les Komono et de Dogossè qui sont des sociétés patrilinéaires et considérés comme les autochtones. Les différentes communes riveraines compte également d'autres groupes ethniques que sont: les Dioula, les Karaboro, les Mossé (ou Mossi), les Peulhs, les Lobi, les Toussian, les Bobo, les Bwaba, les Dagara (ou Dagari), les Dafing, les Samo, les Goin, les Samogo, les Senoufo et les Tiéfo, venues d'horizons très diverses, à la recherche de meilleures conditions de vie et de travail.

2.2. Matériels

Plusieurs matériels ont été utilisés dans le cadre de cette étude. Il s'agit tout d'abord du GPS Garmin 62, pour relever les points GPS au niveau des villages et de certaines infrastructures jugées d'une importance pour la recherche, telles que les forages. Un appareil photo numérique a permis de faire les photos. Pour les enquêtes proprement dites, un dictaphone a été utilisé pour les focus groups et les entretiens individuels avec les personnes ressources.

2.3. Méthodes

Le terme méthode dans une acceptation large désigne le dispositif global d'élucidation du réel social.

2.3.1. Population cible

La population cible a rassemblé l'ensemble des ménages installés dans la FC de Dida ou riverains à condition d'avoir une exploitation dans la FC ou d'y pratiquer le pâturage. A ce titre, tous les ménages ne remplissant pas l'un de ces critères ont été écartés de l'enquête. Par ailleurs, les personnes ressources ont été choisies sur la base des rapports professionnels avec cette localité ou parce que disposant d'informations utiles dans le cadre global de la recherche.

2.3.2. Echantillonnage

L'étude s'est voulue une combinaison des méthodes quantitatives et qualitatives. Toute la difficulté des méthodes dans la recherche en sciences sociales est la représentativité de

27

l'échantillon. Dans le cas de la FC de Dida, il s'agit de savoir quel nombre de ménage interroger pour espérer atteindre cette représentativité?

Deux (02) types de procédés existent dans le domaine des sciences sociales : les méthodes probabilistes où les éléments sont désignés par tirage au sort, et les techniques empiriques où les personnes à enquêter sont choisies en fonction de jugements sur les caractéristiques de la population ou bien en reconstituant le hasard (BERTHIER, 2006). Cependant, le même auteur rappelle que: « le sociologue est souvent amené à résoudre des contradictions entre impératifs différents : ceux du statisticien avec ses lois et méthodes établies et ceux du terrain avec des situations où il n'est pas toujours possible de recourir à des techniques classiques. Des méthodes d'échantillonnage beaucoup moins systématiques, dont rien ne permet de dire qu'elles assurent la représentativité de l'échantillon, s'imposent parfois ».

Dans le cas de cette étude, les réalités du terrain nous ont amené à revoir à la baisse nos prévisions en terme de nombre d'enquêtés. Certains villages et même certaines personnes ressources ont catégoriquement refusé que des enquêtes soient menées dans leur localité. C'est pourquoi nous avons été guidés vers les villages et hameaux de cultures les plus réceptifs. Les échantillons que nous avons pu atteindre sont présentés dans le tableau 1:

Tableau 1 : Echantillon des enquêtés

Méthode d'enquête utilisée

Nombre

Localités

Hommes

Femmes

Total

Focus group

6

Lafia

22

-

22

Wonkoro

35

-

35

Kpalan

11

-

11

Bougoudeni

19

8

27

Sassamba

47

6

53

Mado

15

-

15

Entretiens individuels

11

Noumoukiedougou,

Mouroukoudougou, Tiebata,

Mangodara, Ouo, Djigouè,
Diarakorosso, Banfora

11

-

11

Questionnaire

58

Lafia, Wonkoro, Kpalan,

Bougoudeni, Sassamba, Mado,
Kangodjan, Pelgo, Korbo

57

1

58

28

2.3.3. Collecte des données

La collecte des données a concerné deux (02) types de données : les données secondaires qui sont des rapports de missions, d'Assemblées Générales (AG), des archives, de communications, qui ont été trouvés à la Direction Régionale de l'Environnement et du Développement Durable (DREDD), au Service Départemental de l'Environnement et du Développement Durable (SDEDD), dans certains services comme le Service Départemental de l'Agriculture ou sur internet; et les données primaires qui ont été collectées par les outils de collecte de données.

Pour la collecte des données primaires, quatre (04) types d'outils ont été utilisés:

L'observation directe: QUIVY et CAMPENHOUDT (1995) entendent par observation directe « celle où le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations sans s'adresser au sujet concerné ». Pour BERTHIER (2006), l'observateur se rend sur le terrain pour étudier un groupe naturel. Il regarde ce qui se passe, interroge des informations et essaie de contrôler leurs dires par des vérifications. Elle a concerné les ressources exploitées dans la réserve qui peuvent être les terres emblavées, les modes de culture pratiqués, les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL), les différents usages faits des types de ressources disponibles dans la réserve et surtout l'ampleur de leur exploitation. Elle s'est aussi si les modes d'habitation, de vie, intégrant principalement la culture et les systèmes de valeur spécifiques à la zone d'étude.

Le questionnaire: nous a permis de collecter un ensemble de données surtout quantitatives sur les ménages. Le questionnaire était constitué de questions fermées et de questions ouvertes.

Le guide d'entretien: a permis de faire des échanges avec les personnes ressources et les autorités coutumières. Il était constitué de questions semi-directives c'est-à-dire qui donnent aux enquêtés une grande marge de manoeuvre dans la réponse aux questions posées.

Le focus group: est une méthode d'enquête qui permet de regrouper plus d'une catégorie d'acteurs pour des échanges directs, qui sont enregistrés à l'aide d'un dictaphone. L'avantage de cette méthode dans le cas échéant a été de permettre des causeries-débats qui permettront de ressortir les grandes problématiques dans la gestion de cette forêt.

29

Photo 1 : Focus group dans le hameau de culture de Wonkoro (PARE, 2013)

2.3.4. Techniques de traitement et d'analyse des données

La diversité des techniques utilisées a imposé une diversité des techniques d'analyse des données. Les résultats de l'observation directe ont été intégrés dans la présentation et l'analyse des résultats. Pour le guide d'entretien et le focus group (après transcription), nous avons procédé à une analyse du contenu des informations recueillies. Quant aux données recueillies à l'aide du questionnaire, elles ont été traitées à l'aide du tableur Excel, afin d'être présentées sous forme de graphiques et de tableaux.

2.4. Difficultés rencontrées et limites de l'étude

Cette étude ne s'est pas menée sans difficultés. En effet, la phase de collecte des données sur le terrain s'est déroulée du 10 février au 15 mars 2013, à une période où les populations étaient dans une angoisse de déguerpissement imminent annoncé par les autorités forestières. De plus, depuis la marche organisée le 14 mars 2012 sur le Gouvernorat, où des revendications ont été posées aux autorités administratives, de nombreuses enquêtes ont été menées dans la FC sans que les populations ne reçoivent le « feed-back ». Ce qui a créé une situation de suspicion et de méfiance envers toute personne étrangère à la FC de Dida, entravant durement la bonne tenue des enquêtes. Dans beaucoup de villages et de hameaux de cultures, nous avons été soupçonnés d'être un gendarme ou un forestier infiltré en quête d'informations sur les populations.

Aussi, le village de Sassamba est réputé pour son leadership dans la contestation populaire. Dans ce village, malgré les précautions prises à l'avance en contactant les leaders d'opinion,

30

les responsables politiques et coutumiers, les enquêtes individuelles n'ont pu se faire. Nous avons été confrontés au refus catégorique des populations, les leaders au premier rang. Dans cette atmosphère délétère où les villages communiquent entre eux, notre recherche a été victime de l' « effet Sassamba ». Dans tous les autres villages et hameaux de culture où nous nous sommes rendus par la suite, nous nous sommes vus simplement éconduire. C'est ainsi nous n'avons pu mener nos entretiens dans les hameaux de cultures de Goté, Moussokantou, Karweogo, Birré1 et Kambelekodougou comme initialement prévu. Aussi, avions nous constamment essayé d'adapter la méthodologie de notre enquête en fonction de toutes ces difficultés.

Malgré ces difficultés, la triangulation de certaines informations reçues ailleurs permet de comprendre davantage la situation de certaines localités où les enquêtes n'ont pu être menées. A ce titre, nous pensons que cette recherche présente assez fidèlement la physionomie générale de la situation de la FC de Dida. Nous admettons aussi, que la rétention d'informations a été assez importante dans la mesure où la crainte des populations est restée vivace tout au long de cette recherche. Il est fort probable que des spécificités propres à certaines zones n'aient pas été assez prises en compte.

CHAPITRE 3 : RESULTATS

Ce chapitre est essentiellement consacré à la présentation des résultats obtenus sur le terrain à partir des enquêtes menées auprès du groupe cible, des entretiens individuels menés avec les personnes ressources et des focus groups réalisés dans les villages et hameaux de cultures. Il aborde les caractéristiques des exploitants et/ou occupants de la FC de Dida, les enjeux économiques et de pouvoir liés à l'exploitation des ressources, mais aussi les perspectives pour une gestion durable de cette forêt classée.

3.1. Caractéristiques des enquêtés

Parler de caractéristiques des enquêtés revient à fournir des informations relatives à l'âge, au niveau d'instruction, à l'appartenance ethnique et à la structure des ménages qui ont fait l'objet des enquêtes de terrain.

3.1.1. Age des chefs de ménage

L'enquête ayant porté sur les ménages, seuls les chefs desdits ménages ont été soumis au questionnaire. Sur le total des cinquante huit (58) ménages, tous sont dirigés par des hommes, à l'exception d'un seul dans le hameau de culture de Bougoudeni dirigé par une veuve de quarante (40) ans. La moyenne d'âge2 des chefs de ménage est de quarante six (46) ans alors que l'âge médian3 est de quarante quatre (44) ans.

Le plus jeune chef de ménage a trente un (31) ans, tandis que le plus âgé en a quatre vingt (80). Les enquêtés ont été regroupés par tranche d'âge d'intervalle de dix et les résultats sont présentés dans la figure 6 suivante:

31

2 La moyenne d'âge des chefs de ménage représente la somme des âges sur le nombre total de ménage.

3 L'âge médian représente l'âge qui divise la distribution en deux parts égales

22%

10% 4%

Tranche d'âge

33%

31%

[30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70 et plus[

Figure 6 : Répartition des enquêtés selon la tranche d'âge

La majorité des chefs de ménage a entre quarante (40) et cinquante (50) ans. Elle représente 33% des enquêtés contre 31 % pour la tranche d'âge comprise entre trente (30) et quarante (40) ans, et seulement 4 % pour la tranche d'âge de plus de soixante dix (70) ans. En fréquences cumulées, ces deux tranches d'âges (30 à 50 ans) représentent plus de la moitié des exploitants de la FC de Dida (63,8 %).

3.1.2. Niveau d'instruction des chefs de ménage

Deux (02) niveaux d'instruction prédominent dans l'ensemble des villages et des hameaux de cultures. Il s'agit des personnes n'ayant aucun niveau d'instruction qui représentent 67 % des

24 % de la

enquêtés et , des chefs de ménage ayant fréquentés l'école coranique estimés à

population enquêtée, tel que présenté dan

s la figure 7:

24%

4% 3%

Niveau d'instruction

2%

67%

Alphabetisé Aucun niveau Coranique Primaire Secondaire

32

Figure 7 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction

33

En dehors du fait que les enquêtés majoritairement ont un faible niveau d'instruction, on constate aussi le manque ou l'éloignement des infrastructures scolaires de la zone.

En dehors des villages de Sassamba, Lafia et de Kpalan qui ont des écoles primaires à trois classes, les autres villages et hameaux de culture ne possèdent pas d'écoles. Mais, Mado et le hameau de culture Goté possédaient des écoles coraniques qui ont fermé suite aux opérations de déguerpissement de 2003. Les distances à parcourir pour les rares élèves qui partent à l'école sont longues. Ceux de Bougoudeni et Kangodian vont à Diarakorosso à environ une dizaine de kilomètres de leur village, tandis que les élèves de Wonkoro vont à Kpalan. L'ensemble des enfants des ménages ayant l'âge obligatoire d'aller à l'école (au moins sept ans et au plus douze ans) est de cent quatre vingt deux (182) enfants. Sur ce total, seulement 40,65% (soit 74 élèves) y vont. Ce taux brut de scolarisation4 est nettement en deçà de la moyenne de la Région des Cascades qui est de 53,4 % (LOYE et al., 2009).

3.1.3. Ethnie des ménages et zones de provenance

Les autochtones de la FC de Dida sont les Dogossè et les Komono. Selon les focus groups réalisés dans les villages et hameaux de cultures, d'autres groupes ethniques, des migrants, sont fortement représentés et majoritaires dans bon nombre de villages. Il s'agit principalement des Mossé, venus principalement du plateau central et installés depuis des années, ou de la Côte d'Ivoire à la faveur de la crise ivoirienne de 1999. On les retrouve majoritairement dans les villages de Lafia, Wonkoro, Sassamba, Pelgo et Goté, et concurrencent les Dogossè à Diaradougou5 et à Mado. Les Lobi, Toussian, Dagari, et Birifor venus de la commune voisine de Djigouè dans la Région du Sud-ouest se sont installés pour former les villages de Birré 1 et 2, de Moussokantou, de Karwedjan et de Kanbelekodougou. Avec ces principaux groupes ethniques, cohabitent les peulhs, les Bobo, les Bwaba, les Dafing, les Samo, les Goin, les Samogo, les Senoufo et les Tiéfo, etc.

La répartition des groupes ethniques enquêtés sur le terrain est présentée par la figure 8 :

4 Le taux brut de scolarisation au primaire est le rapport (en pourcentage) du nombre d'enfants (tout âge confondu) fréquentant l'école primaire au moment de l'enquête sur le nombre d'enfants âgés de 7 à 12 ans (INSD, 2003)

5 Le village de Diaradougou est composé des hameaux de culture de Bougoudeni et de Kangodjan

Effectifs

25

20

15

10

0

5

Ethnies

Ethnies

Série1

34

Figure 8 : Répartition des enquêtés selon l'ethnie

Les ethnies majoritaires rencontrées sont les mossis, au nombre de vingt deux (22) ménages, soit 37,9 % de notre échantillon. Viennent ensuite les Dogossè (25,9 %), les Peulhs et les Lobi (13,8 %). Les autres ethnies de l'échantillon sont minoritaires. Cette situation est assez représentative des peuples que l'on retrouve dans la FC de Dida.

Pour les localités de provenances, elles sont diverses. Beaucoup sont venus de la République de Côte d'Ivoire (RCI) à la faveur des évènements de Tabou en 199 9. Cette crise ivoirienne avait occasionné le retour de nombreux burkinabè. Le mot d'ordre des autorités gouvernementales à l'époque avait été d'aider à la réinsertion des rapatriés de la RCI. Bon nombre de ces refugiés se sont installés à Goté et dans beaucoup d'autres hameaux de cultures. Les mossis pour certains viennent du plateau central, des provinces du Passoré et du Yatenga. Les groupes ethniques minoritaires (Lobi, Dagari, Toussian) proviennent eux de la Région du Poni, contigüe à la FC. A Sassamb a particulièrement, la présence de déguerpis de la Forêt Classée de Comoé/Leraba et de celle de Boulon/Koflandé, concédées à des associations (AGEREF) ont été signalés. Cette diversité d'horizon des exploitants de la FC de Dida en fait aujourd'hui un lieu de brassage ethnique.

3.1.4. Structure des ménages.

La conception du ménage dans le cadre de cette étude en tant qu'unité de consommation, de production et de résidence a permis de regrouper les ménages selon leur taille par intervalle de dix (10). La plus petite unité de production et de consommation est composée de deux (02) personnes alors que la plus grande compte jusqu'à trente un (31) individus. La valeur

35

moyenne de nombre d'individus par unités de production et de consommation est de treize (13) personnes. Des situations différentes se présentent si l'on tient compte de l'entité village, comme le montre la figure 9 :

Effectifs

10

4

8

0

6

2

Taille des ménages

Villages ou hameaux de culture

]0-10[ [10-20[ [20-30[ [30 et +[

Figure 9 : Taille des ménages selon le village

Dans les villages ou hameaux de cultures de Mado et Kangodian, la tranche dominante est celle de ménages de moins de dix (10) personnes, et représente respectivement 88,9 % et 55,5% des ménages. Mado est l'un des tout premiers villages installés dans son emplacement actuel, des années avant que la zone ne devienne une forêt classée. C'est aussi l'un des villages les moins peuplés, comptant une cinquantaine de ménages. Comme Kangodian, ce village est majoritairement peuplé d'autochtones qui sont les Dogossè et les Karaboro.

A l'opposé, Wonkoro, Lafia et Pelgo sont majoritairement peuplés de Mossis, et la taille des ménages varie entre dix (10) et dix neuf (19) personnes, donc jugée beaucoup plus grande. Si l'on considère uniquement les ménages de grandes tailles c'est-à-dire de plus de neuf (09) personnes, on constate qu'ils représentent 87,5 % des ménages de Wonkoro, 78,6 % de ceux de Lafia, et 100% de ceux de Pelgo (Annexe 1).

Cependant, on note une forte propension d'enfants dans les ménages, comme le montre la figure 10:

Proportion des enfants par ménage

Effectifs

50 40 30 20 10 0

 

Moins de 50% des menages

Plus de 50% des ménages

Enfants de moins Enfants de moins

de 7ans de 18 ans
Tranche d'âge des enfants

36

Figure 10 : Proportion des enfants par ménage

Si l'on considère seulement les ménages où le nombre d'enfants de moins de sept (07) ans dépasse 50 % de l'effectif total du ménage, ils représentent 13,8 % des ménages. Par contre, si l'on tient compte des enfants de moins de dix huit (18) ans6, 63,8 % des ménages compte des jeunes n'ayant toujours pas atteint la majorité. Cependant, les enfants prennent une part active à la production des biens et services du ménage.

3.1.5. Principaux biens et valeurs des ménages

Les principaux biens et valeurs représentent les acquis des enquêtés en termes d'équipements, d'animaux ou de superficies exploitées.

3.1.5.1. Types d'habitats

La forme de l'habitat est bien souvent caractéristique de l'ethnie. Chez les peuples autochtones, l'habitat le plus répandu est de type traditionnel. Construit de briques adobes, la toiture est faite d'Andropogon gayanus , une herbe prélevée dans la forêt. Pour les peuples du sud-ouest (lobi, birifor , Toussian) , le même matériau est utilisé, à la différence que les maisons sont des cases rondes, tout comme chez les peulhs. L'option des tôles comme toiture est chez l'ensemble des occupants un signe extérieur d'une certaine assise économique.

6 Au Burkina-Faso, selon le code des personnes et de la famille, la majorité est fixée à 18 ans

Panneau de matérialisation de la FC de Dida

37

Photo 2 : Habitat traditionnel et habitat semi-moderne dans la FC

3.1.5.2. Superficies exploitées

l'ordre de

Les superficies exploitées par les populations dans la FC de Dida vont d'un hectare à soixante (60) hectares par ménage. Les occupants de la forêt ont estimé exploiter quarante deux mille deux cent quatre vingt douze (42 292) hectares. Ce qui représenterait 56, 4 % de la superficie totale de la FC. L'évaluation des superficies exploitées est faite de façon empirique sans instrument de mesure par les producteurs. Ce qui pose le problème de l'exactitude des chiffres avancés. Une expérience réalisée sur cinq (05) producteurs a consisté à leur demander la superficie de leur exploitation et à l'aide du GPS Garmin 62 à procéder à une mesure effective sur le terrain. On a abouti dans trois (03) cas à une surestimation des superficies de

150 % et dans deux (02) cas à une sous-estimation de l'ordre de 30 %. La tendance globale étant donc à la surestimation, les résultats sur les superficies ne présentent qu'une idée et non une situation exacte. Cette situation est présentée dans la figure 11:

Effectifs

30

20

10

0

Tranche de superficies

Superficies

Série1

Figure 11 : Superficies des exploitations des ménages

38

La majorité des exploitations familiales oscille entre dix (10) et vingt (20) hectares. Elle représente 41,4 % (24 ménages) contre 31,03% pour les exploitations de moins de dix (10) hectares (18 ménages). Ces deux modalités représentent cumulativement 72,4 % des exploitations. Une mise en corrélation des exploitations familiales avec le statut de résidence donne les résultats dans le tableau 2:

Tableau 2 : Superficies exploitées en fonction du statut de résidence

Superficies

Statut de résidence

[0-10ha [

[10-20ha [

[20-30ha [

[30-40ha [

[+ de 40ha [

Total

Allochtones

14

17

9

2

1

43

Autochtones

4

7

1

2

1

15

Total

18

24

10

4

2

58

En termes de superficies de moins de dix (10) ha, 32,6 % (soit 14 ménages sur 43) des allochtones répondent à cette modalité contre 26,66% (soit 4 ménages sur 15) pour les autochtones. Pour les superficies comprises entre 10 et 20 ha la distribution donne 39,5 % (soit 17 ménages sur 43) pour les allochtones contre 46,7 % (soit 7 ménages sur 15) pour les autochtones. Quant aux superficies de plus de 40 ha, 2,3 % des allochtones (soit un ménage sur 43) contre 6,7 % des autochtones (soit un ménage sur 15) les possèdent. Vraisemblablement, le statut de résidence n'est pas déterminant dans la superficie des exploitations familiales, tout comme ne l'est pas la taille du ménage. Des ménages de petites tailles possèdent de grandes superficies et vice versa. Qu'en est-il de l'ancienneté, c'est-à-dire le nombre d'années passées à pratiquer l'agriculture dans la FC ? Le tableau 3 nous donne les résultats suivants :

Tableau 3 : Superficies exploitées en fonction du nombre d'années de résidence dans la FC

Superficies Nombre d'années dans FC

[0-10ha [

[10-20ha

[

[20-30ha

[

[30-40ha

[

[+ de 40ha [

Total

- de 10 ans

6

2

 

-

 

-

 

-

8

10 à 20 ans

7

10

 

6

 

-

 

1

24

20 à 30 ans

1

4

 

1

 

2

 

-

8

+ de 30 ans

4

8

 

3

 

2

 

1

18

Total général

18

24

 

10

 

4

 

2

58

Selon les résultats du tableau 3, environ 75 % des ménages ayant moins de dix (10) ans

39

d'ancienneté ont moins de dix ( 10) hectares comme superficie. Aussi 70,8 % des résidents qui ont entre 10 et 20 ans d'ancienneté ont plus de 10 ha exploitées, de même que 87,5 % des résidents de 20 à 30 ans, 72,2 % des résidents de plus de trente (30) années. Plus on passe du temps dans la FC, plus les superficies s'accroissent. Ce qui parait bien normal si tant il est que la famille s'agrandit et le nombre de consommateurs et de producteurs suit la même tendance. D'ailleurs, la plupart des ménages à leur installation débute avec des superficies de deux (02) hectares la première année, avant de les augmenter au fil des années. Aussi, le mode de production pourrait jouer un rôle prépondérant dans la taille des superficies exploitées par les

ménages.

En effet, le ménage qui exploite une superficie donnée pour la culture des céréales y plante la même année des anacardiers (Anacardium occidentale). Au bout de trois (03) années, les anacardiers grandissants, ces superficies sont progressivement abandonnées pour un nouveau défrichage. Il n'est donc pas étonnant que la plupart des exploitations soit des champs d'anacardes comme le montre la figure 12:

23%

6%

8%

3% 5%

Speculations

55%

Anacarde Maïs Sorgho Sésame Arachide Haricot

Figure 12

: Pourcentage des superficies des différentes spéculations produites dans la FC

Plusieurs types de cultures sont pratiqués dans la FC. Les cinq (05) principales sont l'anacarde qui représente 55 % des superficies exploitées, 23 % pour le maïs et moins de 10% pour chacune des spéculations comme le sorgho (Sorghum bicolor), le sésame (Sesamum indicum), l'arachide (Arachis hypogaea) ou le niébé ( Vigna ungiculata). En plus de ces principales spéculations, le riz est produit dans certains bas-fonds. Il en est de même pour le

40

mil (Pennisetum Americanum) produit par certains producteurs, le coton, et l'igname dans les villages majoritairement lobi.

3.1.5.3. Cheptel des ménages

Au Burkina-Faso, agriculture et élevage vont de paire. Il est communément admis qu' « un bon cultivateur est un bon éleveur ». Les types d'animaux chez les enquêtés sont les poulets, les canards pour la volaille, les chèvres et les moutons pour les petits ruminants, et les boeufs pour les gros ruminants. Le ménage possédant le plus grand nombre de têtes de boeufs en a trois cents (300) et soixante dix (70) pour le ménage possédant le plus grand nombre de têtes de moutons/chèvres. Les ménages possédant des boeufs ont été regroupés en tranches de têtes de 50, tandis que pour les petits ruminants des tranches de têtes de 25 ont été considérées. Les résultats sont consignés dans le tableau 4 :

Tableau 4 : Nombre de boeufs en fonction du nombre de moutons /chèvres des ménages

Boeufs

Moutons/chèvres

Aucun

[- de 50[

[50-100[

[100-150[

[+ de150 [

Total général

Aucun

2

5

1

-

-

8

[- de 25[

10

21

5

1

1

38

[25-50[

-

6

2

1

1

10

[+ de 50[

-

1

-

1

-

2

Total général

12

33

8

3

2

58

Au regard du tableau, seulement deux (02) ménages ne possèdent ni boeufs, ni mouton, ni chèvres. La tranche la plus représentative est celle des ménages possédant à la fois moins de cinquante (50) têtes de boeufs et moins de vingt cinq (25) têtes de moutons/chèvres (21 ménages soit 36,2 %). En s'intéressant uniquement aux gros ruminants, en corrélation avec le statut de résidence, on aboutit aux résultats suivants présentés dans le tableau 5 :

Tableau 5 : Nombre de boeufs en fonction du statut de résidence

Nombre de

boeufs

Statut de résidence

Aucun

[- de 50[

[50-100[

[100-150[

[+ de 150[

Total général

Allochtone

7

25

7

2

2

43

Autochtone

5

8

1

1

-

15

Total général

12

33

8

3

2

58

41

Au regard du tableau, 16,27% des ménages (soit 7 sur 43) contre 33,33% (soit 5 sur 15) ne possèdent pas de boeufs. Pour les ménages possédant plus de cinquante (50) têtes, les allochtones représentent 25,58% contre 13,33% pour les autochtones. Contrairement aux superficies emblavées où autochtones et allochtones s'équivalent, la possession du bétail est dominée par les allochtones. La présence des peulhs, grands éleveurs, pourrait être en partie l'explication à cette situation. Des résultats il est ressorti que bien d'agriculteurs ont plus de boeufs que les éleveurs.

3.2. Problèmes inhérents à la FC de Dida

La FC de Dida revêt de nombreuses difficultés de gestion liées à de nombreuses ambigüités liées à son appartenance administrative et à ses limites.

3.2.1. Appartenance administrative

La forêt de Dida a été classée par décision n°1744/FOR du 13 juin 1955. Parmi les consignateurs de ce Procès Verbal (PV) de décision, figurent les chefs des villages de Noumoukiedougou, Diarakorosso, Mouroukoudougou, Farakorosso et de Tiebata, tous originaire de l'actuelle commune rurale de Mangodora. Quand on observe de près les Plans Communaux de Dévéloppement (PCD) des communes de Mangodara et de Ouo, cette forêt a été reprise pour le compte de la commune rurale de Ouo, sans tenir compte des faits historiques. Elle figure en bonne place dans les préoccupations de la commune avec en prévision l'élaboration d'un plan d'aménagement. Dans les faits, seulement deux (02) villages de la FC appartiennent à cette commune: Sassamba et Mado. Le village de Diaradougou et les hameaux de cultures de Pelgo, Wankoro, Komborgo, Dorpo et Lenguemouwoukou relèvent de Mangodara. Goté, Birré 1 et 2, Mossokantou, Kambelekodougou, Karwédougou, Ibibouré, Beredo et Karamogodjan relèvent de la commune de Djigouè. De façon schématique, Dida est une forêt concédée par les chefs de terre de la commune de Mangodara, qui relève aujourd'hui de la commune de Ouo et habitée par des populations majoritairement venues de la commune de Djigouè. Pour le maire de Mangodara, même si aujourd'hui dans les faits personne ne contexte à Mangodora l'appartenance de cette forêt, il reste nécessaire que la vérité soit rétablie pour éviter d'éventuels quiproquos futures.

A cette question d'appartenance administrative de la FC, se pose aussi celle de ses limites pour les populations.

42

3.2.2. Limites de la forêt

Parler de remise en cause des limites de la forêt classée de Dida pour les autorités forestières ou aux personnes ressources relève d'une «fuite en avant» des populations acculées par la hantise du déguerpissement. D'ailleurs pour le chef de SDEDD, cette question est une préoccupation bien nouvelle parce que l'arrêté de classement donne toutes les précisions.

La FC de Dida, officiellement, a une superficie de soixante quinze mille ( 75 000) hectares. La délimitation faite par le projet cartographique financé par l'Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA) en 2000 lui donne une superficie de 79 906,72 hectares. Pour une meilleure compréhension des problèmes de limites, les points allant de A à K ont été placés sur la figure 13 ci-dessous :

Figure 13 : Limites de la FC de Dida, vues par les autorités et par les populations

Pour le chef de SDEDD, initialement la forêt était de quatre vingt mille (80 000) hectares et commençait au point A, à Noumoukiedougou. Les véritables contestations ont commencé avec la pause des plaques de matérialisation de la FC. A plusieurs endroits, notamment à l'ouest les limites sont remises en cause par les populations :

Aux points B et C: l'une des premières plaque de matérialisation de la FC est situé au point C et marquée «entrée de la forêt classée de Dida », sur la route de Sidéradougou. Elle a été

43

installée depuis longtemps par le Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie (MECV), actuel MEDD. Avec le projet de l'Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA), une nouvelle plaque a été plantée au point B à trois (03) kilomètres de la première (voir photo des deux plaques ci dessous). Pour les populations de Lafia, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une modification (extension) des limites de la FC, de sorte qu'elle intègre dorénavant les superficies qu'elles exploitent entre les points B et C.

Photo 3 : Deux panneaux de matérialisation de l'entrée de FC Dida (la 1ère plantée au point C par le Ministère, la 2ème au point B grâce au projet JICA) (PARE, 2013)

Au point E : le village de Sassamba n'a jamais reconnu être dans la FC. Mais selon l'adjoint au maire de Ouo et le chef de SDEDD, ce village se serait d'abord installé de l'autre coté de la rivière Kéleworo qui constitue une limite naturelle de FC, avant de se déplacer dans la FC suite à un problème lié aux traditions qui a occasionné des décès. Après consultation des oracles, pour conjurer le mauvais sort, le village aurait quitté son ancien emplacement, pour se retrouver à son emplacement actuel.

Au point J : Pour le chef de terre de Diarakorosso, la matérialisation de la FC s'est faite sans participation des parties prenantes, de sorte que même le champ du chef de terre de Diarakorosso, co-signateur du PV de classement, se trouve aujourd'hui dans la FC. L'erreur pour lui est venue du repère au point J. Pour lui, « le repère comme indiqué dans le PV est la piste de Diarakorosso à Tiékéta. Or il existe deux pistes. La première qui existait bien avant 1980 au point K et la seconde créée après 1980 au point J ». Ces deux points sont distants de trois kilomètres. Pour le chef de terre de Diarakorosso, plutôt que le point J, le repère du PV est situé au point K, puisque c'est cette route qui existait au moment du classement de la forêt (photo 4).

44

Aux points A et E : pour les populations de Mado et Wankoro, la route régionale Mangodara-Sidéradougou n'existait pas au moment du classement (cette version est remise en cause par le chef de Noumoukiedougou). La route partait alors de Noumoukiedougou au point A en passant par Mado et Wonkoro pour aller vers Sassamba au point E (encore appelée « Fanga sara » ou « route des travaux forcés », aujourd'hui abandonnée comme le montre la photo n°5. Par conséquent, pour les populations de ces deux villages, Mado et Wonkoro ne figuraient pas dans la FC au moment de son classement, comme le laissent penser les agents du MEDD.

Photo 4 : Limite selon les populations Photo 5 : Route des travaux forcés de A à E,

de Djarakorosso au point K plutôt que J limites selon les populations de Mado et

(PARE, 2013) Wankoro (PARE, 2013)

Toute la question se pose en terme de savoir quel crédit accorder aux dires de ces populations ? « Aucun » à en croire la DREDD. Pour un responsable ayant participé à la levée topographique des limites de la FC, « ce sont les éternelles remises en cause des limites des forêts classées par les populations ». La carte de la FC élaborée en 1955 aurait permis de situer les limites d'alors. Mais cette archive importante de la FC n'a pu être trouvée, ni au MEDD, ni à la DREDD, encore moins à la Direction des Forêts (DIFOR), ou à la Direction de l'Environnement, de l'Economie et des Statistiques (DEES). De toute évidence, il reste que les limites de la FC ne sont pas claires pour bon nombre d'acteurs. D'ailleurs, la matérialisation de ces limites, financée par la JICA laisse le « goût» d'un travail inachevé. Entre le point E et le point G, en passant par le point F, il n'existe aucune pancarte. Pourtant, la loi n° 006197/ADP du 31 janvier 1997 portant code forestier au Burkina-Faso en son article 27 est sans ambiguïté: « Tout acte de classement donne lieu à des opérations matérielles de délimitation et de signalisation sur le terrain, dans les conditions précisées par les textes d'application du présent Code ».

45

3.2.3. Infrastructures

Pour une forêt classée, Dida semble bien fournie en infrastructures sociales et plus précisément en forages. Les villages de Mado, Sassamba, Goté, Lafia, Kangodian, Moussokantou et Birré1 possèdent tous des forages à l'intérieur de la forêt. Certains relèvent des initiatives des communes comme ceux de Birré1, Moussokantou qui ont été réalisés par la commune de Djigouè, ou celui de Mado réalisé par la commune de Ouo, et d'autres grâce à l'appui de projet comme ceux de Goté ou de Kangodjan réalisés par le Projet d'Appui au Développement Local des Provinces de la Comoé/Leraba/ Kénédougou (PADL/CLK) avec le financement de la Banque Africaine de Développement (BAD). Il existe aussi un marché à Goté, hameau de culture situé au coeur de la FC de Dida et, qui attire du monde venu des quatre coins de la forêt, et même au-delà, tous les cinq (05) jours (voir Photos 6 et 7).

Photo 7 : Forage de Kangodjan réalisé Photo 6 : Jour de marché à Goté, en

par le PADL/CLK (PARE, 2013) plein coeur de de la FC (PARE, 2013)

Comment de telles infrastructures ont-elles pu être réalisées dans une forêt classée au vu et au su de tous? Pour les maires de Djigouè, Mangodara et de Ouo, s'il est vrai que certaines de ces infrastructures ont été réalisées bien avant le processus de décentralisation entamé véritablement en 2006, c'est aussi la preuve d'un manque de coordination et de concertation dans les interventions des différents acteurs. Pour le chef du SDEDD, pendant longtemps, la forêt n'avait pas constitué une préoccupation majeure pour le service de l'environnement au point que certaines actions ont pu s'y mener avec la plus grande simplicité. Cela peut s'avérer d'autant vrai que l'école de Sassamba, dont les travaux ont été arrêtés en 2005 par le SDEDD, se situe à l'intérieur de la forêt, et son Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) se trouve à moins de quatre cent (400) mètres, comme le montre les photos n°8 et n°9 :

46

Photo 8 : Ecole de Sassamba dont les à Photo 9 : CSPS de Sassamba à moins de

l'intérieur de FC Dida dont les travaux ont 400 m de la FC de Dida

été arrêtés en 2005

Pour le cas du CSPS, le conseiller de Sassamba soutient: «Tenant compte du fait que les travaux de l'école ont été bloqués sous prétexte que c'est dans la forêt classée, nous avons fait appel au responsable du SDEDD de Quo, au Préfet et au Maire. Ce sont eux qui ont fait le choix du site ». Toutefois, il reste évident qu'aucune Etude d'Impact Environnemental et social (EIES) n'a été faite avant le début des travaux de cette infrastructure.

3.3. Enjeux économiques liés à la gestion des ressources de la forêt

Si la FC présente un enjeu économique pour un acteur donné, cela sous-entend qu'il y tire les moyens de subsistance en y menant un certain nombre d'activités économiques. Cette partie sera essentiellement consacrée à ces activités, aux moyens de production dont disposent les populations, mais aussi aux revenus que peuvent générer l'exercice de ces activités.

3.3.1. Activités économiques réalisées dans la forêt

L'occupation principale des occupants de la FC de Dida est l'agriculture. Elle est pratiquée par 82% des ménages, contre 18% pour l'élevage qui, pour l'ensemble des agriculteurs constitue une activité secondaire, et vice-versa. En dehors de l'agriculture, la FC de Dida procure aux ménages l'essentiel des biens et services indispensables à leur existence. Les femmes y collectent le bois de chauffe, les Produits forestiers Non Ligneux (PFNL), les hommes y trouvent le bois d'oeuvre pour les besoins de construction ou prélèvent les plantes médicinales. Le SDEDD parle de pratiques de carbonisation et de chasse, même si les populations n'ont pas reconnu ces faits.

47

Des focus groups, il ressort que la collecte de plantes médicinales, de bois d'oeuvre et du bois de chauffe se font toute l'année, selon les besoins du moment et, toutes les quantités prélevées sont autoconsommées. Rarement les quantités prélevées sont évaluées par les ménages. Mais pour le bois de chauffe, il est admis qu'un ménage d'une dizaine de personne consomme deux (02) à trois (03) charretées de bois de chauffe par mois pour la cuisson des aliments. Presque tous les ménages utilisent les foyers à trois pierres qui engendrent peu d'économie d'énergie. Le traitement des fleurs d'anacardiers débute le plus souvent dans le mois de janvier et s'achève avec la fin de la récolte des noix courant avril. Enfin, quant à l'agriculture, elle commence en mai par le défrichage pour se terminer en décembre avec les récoltes.

3.3.2. Moyens de production

Le premier moyen de production des ménages est la main d'oeuvre familiale composée des enfants et surtout des femmes. Pour la moitié des enquêtés, la main d'oeuvre des femmes représente la moitié de la force de production. En sus de cette force de production principale, les ménages utilisent la force bovine à l'aide des charrues pour le labour, le sarclage et le buttage. Cependant, environ 20,7 % des ménages ne possèdent pas de boeufs de trait. Cette catégorie fait recours à la location à raison de quinze mille (15 000) FCFA par hectare.

Le dynamisme de la production en milieu paysan est fonction du renforcement des capacités à travers les regroupements dans des mouvements associatifs. L'appartenance à un groupement de producteurs est peu développée dans la zone et, 79,3 % des ménages n'appartient à aucune association ou groupement. Il n'existe pratiquement pas de groupements de producteurs en dehors des groupements de riziculteurs, ou des Groupements de Producteurs de Coton (GPC) pour les quelques rares ménages qui pratiquent ces cultures. Il n'est pas étonnant que la plupart des ménages n'ait jamais reçu de formation dans un domaine quelconque. Les producteurs ont aussi peu accès au crédit. Ils sont 86,2 % à ne même pas posséder de compte. La Caisse Populaire de Mangodara est l'une des rares institutions de finance existante, mais éloignée des villages de la FC de Dida. A cela s'ajoute le fait que les rares chefs de ménages à posséder un compte ne prennent jamais de crédit, trouvant le taux d'intérêt de 20 % élevé.

Malgré la richesse relative des sols de la FC de Dida, comparativement à la majeure partie des sols au Burkina, on note une utilisation des engrais chimiques et des pesticides. Face à la pression foncière, le temps de jachère est une donne qui, au cours du temps, s'est beaucoup modifiée. Ils sont 77,6 % les ménages qui ne pratiquent plus de jachère. Même si on note une utilisation de la fumure organique (55,1 % des ménages), l'engrais reste un mode

48

d'accroissement de la productivité qui prend de l'ampleur. Ces engrais, Le NPK et l'urée, acquis aux coûts variant de seize mille (16 000) francs CFA à dix huit mille (18 000) francs CFA le sac de 50 kg , sont surtout utilisés pour le maïs, le sésame, rarement pour les autres spéculations. Les marchés des communes voisines sont les lieux d'approvisionnement, les quantités livrées par les services départementaux de l'agriculture étant limitées.

Quant aux produits phytosanitaires, les principaux utilisés sont Adwuma wura, Roundup, Gramoxe, Topstoxin, Gramaquat, Glyphader, au prix d'environ quatre mille (4000) francs CFA la boîte de 4kg . Ces produits venus de la RCI ou du Ghana voisin sont souvent de qualité douteuse. Ils sont utilisés aussi bien pour les céréales que pour le traitement des anacardiers. La figure 14 ci-dessous montre le degré d'utilisation de ces produits chimiques.

33%

Engrais

40%

27%

beaucoup pas du tout un peu

24%

43%

Pesticides

33%

beaucoup pas du tout un peu

Figure 14 : Degré d'utilisation des engrais et pesticides par les ménages

Les engrais ou les pesticides sont jugés utilisés beaucoup quand le producteur utilise les quantités requises par hectare. Ce sont 27 % des ménages pour les engrais (deux sacs de NPK et un sac d'urée par hectare) et 33 % pour les pesticides (quatre boîtes par hectare) qui atteignent les quantités requises, contre respectivement 33 % et 24 % qui ne les atteignent pas. Tout de même, 60 % des ménages utilisent les engrais, et 57 % les pesticides, sans aucun contrôle, avec les conséquences en termes de pollution des eaux et des sols de la FC de Dida.

Qu'est c e que la production dans la forêt procure aux ménages interrogation nécessite une évaluation des revenus générés.

3.3.3. Production des ménages

? Répondre à cette

La FC de Dida ne présente pas sur le plan économique le même intérêt pour l'ensemble des exploitants. En termes de capacité de production, on rencontre des producteurs de moins d'un sac d'anacarde par an, à des producteurs de mille deux cents (1200) sacs par an. Pour le maïs, les productions vont de moins d'un sac à des productions de deux cent soixante quinze (275)

49

sacs pour un ménage7. On peut classer les producteurs en trois (03) catégories. Les grands producteurs, les producteurs moyens et les petits producteurs. En considérant seulement les deux productions phares (anacarde et maïs), nous avons considéré comme un grand producteur d'anacardes, un ménage qui produit par an plus de cent (100) sacs d'anacardes, un producteur moyen entre vingt cinq (25) et cent (100) sacs et un petit producteur moins de vingt cinq (25) sacs. Est considéré comme un grand producteur de maïs, un ménage qui produit plus de cent (100) sacs de maïs par an, un producteur moyen un ménage qui récolte entre vingt cinq (25) et cent (100) sacs, un petit producteur moins de cinquante (50) sacs. La situation de production des ménages est présentée dans le tableau 6 :

Tableau 6 : Catégorie de producteur en fonction de la production d'anacarde et de maïs

Anacarde

Maïs

Grands producteurs

Producteurs moyens

Petits

producteurs

Total général

Grands producteurs

6

5

-

11

Producteurs moyens

2

10

3

15

Petits producteurs

1

11

20

32

Total général

9

26

23

58

Au regard des données du tableau 6, on peut dire que sur les 58 ménages, seulement 20 ménages sont de petits producteurs aussi bien d'anacardes que de maïs. Tous les dix (10) éleveurs de l'échantillon se retrouvent aussi dans cette catégorie, pour qui l'intérêt pour la FC s'évalue en termes de pâturage. C'est dire que de façon plus exacte, seulement 17,2 % des ménages (10 ménages) tire peu de profit de la FC, contre 51,7 % qui en tire un grand profit (cette catégorie regroupe l'ensemble des 10 éleveurs, des 11 grands producteurs de maïs et des 9 grands producteurs d'anacardes).

Un sac d'anacarde se négocie entre vingt cinq mille (25 000) et trente mille (30 000) francs CFA, celui du maïs autour de dix huit mille (18 000) francs CFA selon les producteurs. Au regard de ces prix, un grand producteur de maïs et d'anacardes, en vendant toute sa production, peut gagner au minimum quatre millions trois cent mille (4 300 000) francs CFA (équivalent de 100 sacs d'anacardes et 100 sacs de maïs), un producteur moyen entre un millions cinq cent vingt cinq (1 525 000) et quatre millions trois cent mille 4 300 000 francs CFA. C'est dire que les 51,7 % des ménages ont un revenu brut évaluable à plus de un millions cinq cent vingt cinq (1 525 000) francs CFA par an, ce qui montre l'intérêt

7 Un sac d'anacarde correspond à environ 85 kg de graines d'anacardes, tandis que le sac de maïs vaut 100 kg.

50

économique que présente cette FC pour ces populations locales. D'ailleurs les occupants de la FC à leur marche du 14 mars 2012 au Gouvernorat des Cascades n'avaient-ils pas soutenu: « Comme nous arrivons à nous réaliser par nos travaux, à nous acheter de grosses motos et à nous marier à deux ou trois femmes, l'Etat, pris de jalousie, nous demande de quitter ».8

Cependant, cette analyse de la situation présente de nombreuses limites, n'ayant pas intégré bien d'aspects :

Premièrement, il est peu évident que les producteurs aient véritablement fourni l'information réelle sur leurs productions. Il est fort probable que la réalité soit au delà des estimations fournies, en ce sens que ces types d'informations relèvent souvent d'une « chasse gardée» que l'on ne saurait porter à la connaissance du premier venu.

Deuxièmement, en ne tenant compte que des deux principaux types de production, le modèle sous-estime les autres productions comme le sésame, l'arachide, le sorgho, les PFNL, qui engendrent pourtant des revenus supplémentaires considérables pour les ménages. Cela est d'autant plus vrai que le sac de 100 kg de sésame se négocie entre soixante mille (60 000) et cent mille (100 000) francs CFA, le sac d'arachide autour de vingt sept (27 000) francs CFA, de même que le sac de niébé, et le sac d'amande de karité entre cinq mille (5000) et sept (7000) francs CFA.

Troisièmement, les coûts de production non pris en compte en termes d'engrais ne sont pas marginaux comme on pourrait avoir tendance à le penser. Toutefois, il est évident que la réalité soit au delà des montants avancés.

Aussi, tenant compte de la taille variable des ménages, la capacité de production d'un ménage en elle-même n'a de sens que si elle intègre la part autoconsommée par ledit ménage. Toute la production n'est pas destinée à la consommation directe des ménages. La totalité de la production de l'anacarde, du coton, du sésame et de l'arachide est vendue sur place à des commerçants, tandis qu'une partie du maïs, du haricot, et du sorgho est consommée par le ménage.

Quelle peut donc être la part autoconsommée de ces trois produits? La question a été posée aux producteurs et les résultats sont présentés dans la figure 15 :

8 http://www.lepays.bf/?FORET-CLASSEE-DE-DIDA, consulté le 08 avril 2013

35%

Pourcentage autoconsommé

19%

14%

32%

100%

autoconsommé

25% autoconsommé

50% autoconsommé

75% autoconsommé

51

Figure 15 : Répartition des ménages à partir de la proportion de production autoconsommée

On constate que 35 % des ménages consomme la quasi-totalité des produits issus de la terre. Or, l'agriculture n'est pas l'activité principale de tous les exploitants. Les éleveurs représentent 18 % de la population enquêtée. Ces éleveurs consomment la totalité des produits vivriers. En proportions réelles, ce sont seulement 17 % des agriculteurs qui consomment la totalité de leurs productions, contre près de la moitié (46 %) qui consomme à peine la moitié de la production annuelle, le reste étant destiné à la vente. Cette situation dénote de la rentabilité de la production pour les ménages et corrobore le fait que 51,7 % ont des intérêts économiques certains dans l'exploitation des ressources de la FC de Dida.

3.4. Enjeux de pouvoir liés à la gestion des ressources de la forêt

L'usage des ressources de la FC de Dida par différents agents économiques engendre des rivalités entre eux. Ces enjeux de pouvoir sont perceptibles au regard des modes d'accès aux ressources, et surtout dans l'analyse des externalités liées à l'appropriation de ces ressources.

3.4.1. Modes d'accès à la terre

Les autochtones sont les propriétaires terriens qui disposent du «droit éminent» sur les terres et ses ressources. Ils accordent les espaces agricoles aux migrants qui acquièrent alors le «droit d'usufruit ». L'accès à la terre est conditionné par le payement du droit traditionnel qui, généralement, est composé d'un poulet et d'une chèvre. Ce droit est perçu par les chefs de terre des villages de Noumoukiedougou, Mouroukoudougou, ou Diarakorosso. Mais, à ces premiers détendeurs de droits traditionnels s'est substituée une deuxième catégorie de propriétaires terriens, issus des premiers occupants des espaces agricoles. Ces nouveaux

52

propriétaires, composés d'autochtones et parfois de migrants, perçoivent en lieu et place des anciens propriétaires les droits traditionnels.

Il faut noter que la question foncière est de nos jours en mutation dans la zone d'étude. Même si les propriétaires terriens se refusent à admettre une monétarisation des droits traditionnels, on assiste de plus en plus à une vente des terres, à en croire les propos de certains enquêtés : « les propriétaires terriens vendent les terres (...) j'ai un ami qui a acquis ses terres au prix de quinze mille (15 000) francs CFA l'hectare dans la forêt classée ». Nous relate ce jeune de trente deux (32) ans.

Quant aux femmes, elles ont accès à la terre par le biais de leurs maris mais elles ne peuvent toutefois prétendre au statut de propriétaire terrien. Elles exploitent des lopins de terre qui leur sont accordés pour des cultures dites secondaires : légumes, arachide, voandzou, niébé, sésame. Ces lopins de terre sont généralement de superficies moyennes.

Les espaces forestiers sont aussi source de rivalité entre acteurs dans son usage. Ils opposent de plus en plus les agriculteurs et les éleveurs, dans la mesure où les zones de pâturage sont progressivement occupées par les champs et les espaces cultivés font l'objet de dégâts des animaux.

3.4.2. Conflits liés à l'appropriation des ressources

On distingue deux types de conflits dans l'appropriation des ressources de la FC de Dida. Le premier type oppose l'ensemble des exploitants aux services forestiers. Quant au deuxième type, il oppose exploitants entre eux, notamment les agriculteurs aux éleveurs.

En effet, l'appropriation des ressources est sources d'externalités positives et négatives pour les acteurs en compétition dans la mesure où la FC est un espace de « non-exclusion ». Dans le cas de la FC de Dida, les activités des agriculteurs présentent des externalités négatives et positives pour les éleveurs et vice-versa.

En effet, les éleveurs perçoivent la FC comme une zone de pâturage en régression qui se transforme de plus en plus en espaces agricoles et de plantation d'anacardiers. Comme externalité positives pour les éleveurs, les résidus agricoles des agriculteurs comme la paille, les feuilles (arachide, mil, sorgho et niébé) sont appétés par les animaux.

A l'opposé, les déchets des animaux contribuent à enrichir les champs des agriculteurs. A ce titre, certains propriétaires n'hésitent pas à retirer au bout d'une ou de deux années les aires de

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parcage des boeufs à des fins agricoles. Le reproche fait aux actions des troupeaux des éleveurs est la destruction des champs aussi biens de céréales que d'anacardes. De plus, l'encroûtement du sol dû au passage des animaux raréfie l'accès à l'Andropogon gayanus, herbe utilisée pour la toiture des habitations.

Tous les acteurs sont unanimes qu'il existe des conflits dans la gestion des ressources. Les points de vue n e divergent légèrement que quand il s'agit d'en déterminer l'ampleur. La figure 16 ci-dessous illustre bien cet état de fait.

48%

Fréquence de conflits

5%

47%

Rares Fréquents

Très fréquents

Figure 16 : Perception de la fréquence des conflits par les enquêtés

Ils représentent seulement 5% les ménages qui estiment que les cas de conflits entre agriculteurs et éleveurs sont rares, contre 47 % qui les estiment fréquents et 48 % très fréquents. Toute la problématique de la question des conflits réside dans leur mode de résolution. Les acteurs ne savent à quel «saint se vouer ». Quand les cas de conflits sont portés devant les préfectures, tribunaux départementaux, les acteurs se voient orientés vers les SDEDD. Là aussi, ils sont renvoyés dos à dos, les forestiers considérant agriculteurs et éleveurs en situation illégale, car s'adonnant à des activités illicites dans une FC. Et cette situation qui semble bénéficier aux éleveurs apparait aux yeux des agriculteurs comme une accointance entre éleveurs et forestiers, au détriment de leurs intérêts. A cela s'ajoutent les propos de certains éleveurs pour qui « ils ne peuvent payer la forêt et aussi payer les champs » , parce qu'ayant pris une autorisation de pâturage dans la FC, ils se disent alors être dans leurs droits. Par conséquent, à défaut de trouver une solution à l'amiable, à l'aide de machettes, les agriculteurs s'en prennent aux boeufs des éleveurs quand des cas de dégâts dans leurs champs sont constatés. Ces animaux blessés sont alors vendus le plus souvent au marché de Goté. Cette situation exacerbe les conflits entre éleveurs et agriculteurs et, les propos de

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certains agriculteurs ne présentent nullement de bons augures. «Ces éleveurs là, nous allons les chasser d'ici » a laissé entendre le chef du village de Mado.

On pourrait cependant se demander entre agriculteurs et éleveurs qui a le plus d'impacts négatifs sur la FC ?

Pour le SDEDD, il n'y a aucun doute que ce soit les espaces agricoles et notamment les

plantations d'anacardes et la culture d'igname

qui ont tendance à uniformiser le paysage de la FC. Pour le chef du SDEDD, « on a longtemps pris pour cible les éleveurs alors que ce sont les agriculteurs qui détruisent plus la forêt ». Quand le débat est porté devant les acteurs eux-mêmes, il donne les résultats suivants présentés par la figure 17:

2%

94%

Agriculteurs

4%

Agriculture Elevage Pareils

10%

Eleveurs

90%

Agriculture Elevage

Figure 17 : Activité ayant le plus d'impacts négatifs sur FC en fonction des acteurs

Pour 94 % des agriculteurs, c'est l'élevage qui a un impact négatif sur la forêt. Il en est de même pour 90 % des éleveurs qui estiment que ce sont les agriculteurs qui sont responsables de la destruction constatée. Il apparait clairement que les acteurs se rejettent mutuellement la responsabilité de la dégradation des ressources de la FC. Il n'est pas étonnant que comme solution à cette situation, la proposition de chaque catégorie d'acteurs aille dans le sens de la consolidation de ses acquis, tout en interdisant pour l'autre.

Dans cette situation de compétition, d'enjeux socio-économiques, quelles peuvent être les perspectives pour une gestion durable des ressources de la FC de Dida?

3.5. Perspectives de gestion durable de la Forêt Classée de Dida

Aucune perspective viable de gestion de la FC de Dida n'est possible si elle n'intègre pas un certain nombre de considérations liées essentiellement à la perception des ressources de la

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forêt de la part des acteurs en présence, de leurs rôles et aussi du mode de gestion souhaité par la majorité des parties prenantes.

3.5.1. Perceptions liées aux ressources de la forêt

Pour la SDEDD, la FC de Dida est un écosystème en danger, menacé de disparition par des occupants illégaux qui y mènent des activités proscrites dans une forêt classée. Le titre de l'article paru dans le Journal le Pays N°5333 du lundi 08 Janvier 2012 illustre bien cette vision: « SOS pour la forêt classée de Dida ». Pour les autorités communales et régionales, Dida est une « forêt à problèmes » et surtout une question sensible tant sur le plan politique que social. Pour les héritiers des responsables coutumiers d'alors ayant signés l'acte de classement de la forêt, Dida reste la terre de leurs ancêtres sur laquelle ils ont perdu aujourd'hui tout contrôle. A l'image du chef du village de Mado, la FC de Dida représente pour les autochtones la terre qui les a vus naitre et sur laquelle ils souhaitent vivre et mourir. Quant aux allochtones, Dida est leur terre d'accueil, à laquelle ils doivent tout. Ces perceptions diffèrent aussi avec l'activité. Pour les agriculteurs, la FC de Dida est une terre exploitable et riche où la production est optimale. C'est pour les éleveurs un espace de pâturage idéal pour le bétail. Au delà de ces représentations par rapport à eux-mêmes, les acteurs ont des représentations différentes dès qu'il s'agit faire cette représentation par rapport à un autre acteur. Pour les occupants de la forêt, Dida est une manne financière pour les services forestiers. Ils n'hésitent pas à parler de « Banque Mondiale » pour les agents des eaux et forêts eût égard aux nombreuses verbalisations dont ils sont tout le temps victimes.

En effet, 78 % des enquêtés ont déjà eu affaire au moins une fois aux services des eaux et forêts (voire annexe 2) et ont été verbalisés. Même si selon les Plans Communaux de Développement (PCD) de Ouo et de Mangodara la FC de Dida relève de Ouo, ce sont les agents de Mangodara qui interviennent le plus dans la forêt. Cependant, une mise en relation de l'activité menée et le fait d'avoir été verbalisé nous donne les résultats suivants consignés dans le tableau 7 :

Tableau 7 : Situation de verbalisation des ménages en fonction de l'activité menée

Déjà été verbalisé ?

ActivitéAgriculteurs

Elevage

Total général

Non

13

-

13

Oui

35

10

45

Total général

48

10

58

56

On constate que tous les éleveurs (100 %) enquêtés ont été au moins une fois verbalisés par les services forestiers contre 72,9 % des agriculteurs. Cette catégorie d'acteurs affirme avoir eu le plus de démêlés avec les services de l'environnement. Les amendes payées ont varié entre cinquante mille (50 000) francs CFA et cinq cent mille (500 000) francs CFA. Le reproche qui leur est fait est le pâturage sans autorisation en forêt classée ou la coupe de certaines espèces végétales (Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Afzelia africana) pour l'alimentation du bétail. La variation même du montant des infractions est jugée subjective par les populations. Pour le chef de poste du SDEDD, les amendes ont pourtant toujours été fixées en références au code forestier. En son article 259, ce code stipule: « sont punis d'une amende de cinquante mille francs à cinq cent mille francs (50.000F à 500.000F), et d'un emprisonnement de trois mois à deux ans ou de l'une de ces deux peines seulement, ceux qui procèdent à des défrichements non autorisés dans les forêts classées; ceux qui procèdent à la destruction d'essences forestières protégées ». L'article 260 du même code prévoit une amende de vingt mille francs à deux cent mille francs (20.000 F à 200.000 F) et d'un emprisonnement d'un mois à un an ou de l'une de ces deux peines seulement ceux qui laissent divaguer les animaux dans les forêts non ouvertes à leur pâturage. En ce qui concerne le pâturage, le SDEDD de Mangodara souligne qu'il est permis aux éleveurs sur une distance de 150 m à la périphérie des forêts classées sur autorisation.

Une corrélation semble établie entre le fait d'être autochtone ou allochtone et celui de se faire verbaliser par les forestiers, comme le montre le tableau 8 ci dessous.

Tableau 8 : Situation de verbalisation en fonction du statut de résidence

Déjà été verbalisé? Statut de résidence

Non

Oui

Total général

Allochtones

7

36

43

Autochtones

6

9

15

Total général

13

45

58

Il ressort du tableau 8 que 83,7 % (36 personnes sur 43) des allochtones ont déjà été verbalisé par les services forestiers contre 60 % des autochtones (9 personnes sur 13). En dehors du fait que les allochtones soient les plus nombreux dans la FC de Dida, il ya que ce sont eux qui disposent des grandes superficies exploitées.

57

3.5.2. Mode de gestion

A la question de savoir comment ils trouvent la gestion actuelle de la FC de Dida, la quasi totalité des acteurs trouve qu'elle est mauvaise. Ils sont aussi tous unanimes qu'à ce rythme, dans une dizaine voir une quinzaine d'années, la forêt aura complètement disparue. Quand on interroge chaque catégorie d'acteurs sur le rôle joué par les autres acteurs, la tendance est à la remise en cause du rôle des autres. La position de l'administration forestière est sans ambiguïté: «Si la forêt est mal gérée c'est la faute des populations, installées en toute illégalité dans une forêt classée, et particulièrement des agriculteurs qui font des défriches pour les champs de céréales, de tubercules et d'anacardes ». Les communautés, quant à elles, estiment que ce sont les forestiers qui ont manqué à leur devoir qui devrait être de les accompagner de sorte que leurs activités aient moins d'impacts sur la forêt plutôt que de les verbaliser. Pour les personnes ressources, c'est l'Etat qui a failli dans son devoir d'assurer une gestion durable de cette forêt.

Mais à la question de savoir quel devrait être le mode de gestion de cette forêt, les personnes

ressources penchent pour une gestion communautaire. C'est aussi le souhait rencontrées comme le montre la figure 18 ci-dessous :

des populations

24%

Mode de gestion

53%

14%

2%

7%

AAC AC Coutumiers EAAC

Etat

Figure 18 : Mode de gestion souhaité par les enquêtés

Cinq (05) modes de gestion au choix ont été proposés aux enquêtés. La gestion par l'Etat, la gestion par les coutumiers, la gestion associant les autochtones et les coutumiers (AC), celle associant autochtones allochtones et coutumiers (AAC) et enfin celle associant l'Etat, les coutumiers, les autochtones et les allochtones (EAAC). Plus de la moitié (53 %) s'est prononcé pour une gestion communautaire, contre 24 % pour une gestion par l'Etat et 14 % pour une gestion associant coutumiers, autochtones et allochtones. On peut en déduire que la

58

gestion actuelle, même décriée par l'ensemble des populations, est tout de même le mode de gestion souhaité par 24% d'entre eux. Une corrélation avec le statut de résidence permet de comprendre d'avantage ce choix, tel que présenté par la figure 19:

Mode de gestion en fonction du statut de
residence

Effectifs

50 40 30 20 10

0

 

Allochtone Autochtone

Etat C AC AAC EAAC total

Mode de gestion

Figure 19 : Mode de gestion souhaité en fonction du statut de résidence

Il ressort du graphique que les allochtones sont les plus favorables à une gestion communautaire ou une gestion par les services de l'Etat, c'est-à-dire les services de l'environnement. En termes de proportions, 60,46% des allochtones sont favorables à une gestion communautaire contre 33,33% des autochtones. De même, ce sont 27,9% des allochtones qui souhaitent une gestion par l'Etat, contre seulement 13,33% des autochtones. 26,66% des autochtones penchent pour une gestion par les coutumiers ou par les coutumiers et les autochtones seuls. Ce qui peut être tiré comme information de ces données, c'est une tendance à la consolidation des acquis en termes de monopole sur la gestion des ressources par les autochtones. Par contre, les migrants se plaisent plus dans des schémas les intégrant davantage dans la gestion des ressources, ou à défaut, que la gestion incombe aux structures étatiques, ce qui apparait pour eux comme le moindre mal. Qu'en est t-il de la corrélation entre l'occupation principale et le mode de gestion souhaité? Les résultats sont présentés dans le tableau 9 :

Tableau 9 : Relation entre le mode de gestion souhaité et occupation principale

Mode de gestion souhaitée Occupation principale

AAC

AC

Coutumiers

EAAC

Etat

Total

Agriculture

4

1

4

30

9

48

Elevage

4

 

-

1

5

10

Total

8

1

4

31

14

58

59

On constate que 62,5 % des agriculteurs est pour une gestion communautaire (soit 30 sur 48), contre seulement 10 % des éleveurs (soit 1 sur 10). La moitié des éleveurs (50 %) est pour une gestion par les services de l'Etat, contre 18,8 % des agriculteurs. Une corrélation semble bien établie entre le mode de gestion et l'occupation principale des exploitants de la FC de Dida. Il apparait clairement que les éleveurs se plaisent bien dans le schéma actuel de gestion régie par les services des eaux et forêts car leur permettant de trouver avec cette catégorie d'acteurs des situations de compromis.

Toutefois, quelque soit le mode de gestion souhaité par l'ensemble des acteurs, la gestion de la FC de Dida passe par l'épineuse question de son occupation pour laquelle il faudra bien trouver une alternative.

3.5.3. Alternative souhaitée

Plusieurs tentatives de déguerpissement des « occupants illégaux» de la FC de Dida ont été entreprises ces dix (10) dernières années et se sont tous soldées par des échecs. Les premières tentatives réelles ont débuté en 2003 quand les services de l'environnement ont tenté de déguerpir mani militari les occupants de la FC. Cette date du 03 mai 2003, le chef du village de Mado s'en souvient: « ils sont venus nous chasser sans même nous prévenir. Ils ont brulé sous mes yeux le toit de ma maison. Pendant des jours, nous étions obligés de dormir dehors (...) sous la pluie ». D'autres actions seront entreprises en 2007 et 2009. En 2013, des délais de déguerpissement pour le 31 janvier et le 28 février 2013 ont été annoncés et sont restés sans suite.

Pour mieux comprendre ce statu quo, il faut remonter à janvier et février 2012 où, les dernières missions de sensibilisation en vue d'inciter les occupants au départ volontaire ont été entreprises. Le 14 mars de la même année, environ trois cents (300) occupants prennent d'assaut le Gouvernorat des Cascades9. Ils sont reçus en entretien par le Gouverneur des Cascades qui leur demande de formuler leurs doléances à lui transmettre. Après une assemblée générale tenue à Goté le 25 mars, plusieurs doléances sont formulées par les occupants : (i) la détermination d'un site pour l'ensemble des occupants; (ii) l'indemnisation des population à concurrence de un million (1 000 000) de francs CFA par hectare d'anacardes, deux cent mille (200 000) francs CFA pour les maisons en tôles, cinquante mille

9 Journal Le Pays N°5073 du 19 mars 2012

60

(50 000) francs CFA pour les cases en chaume ou en paille; (iii) l'octroi d'un délai de trois (03) mois minimum à compter de la date du versement effectif de ces indemnités.

Par ailleurs, les occupants souhaitent l'arrêt et ce jusqu'à la décision définitive sur leur sort par l'état, des exactions, des spoliations, des brimades, de la terreur, des tortures et des emprisonnements abusifs infligés aux populations par les agents du SDEDD, sous peine de révolte populaire aux conséquences imprévisibles10. Dans le même rapport, les occupants estiment la population de seulement quatre villages (Wankoro, Goté, Sassamba et Mado) à vingt trois mille quatre vingt quatorze (23 094) habitants et les superficies exploitées dans la forêt à quarante deux mille deux cent quatre vingt douze (42 292) hectares, comme présenté dans le tableau 10 :

Tableau 10 : Situation des populations et superficies exploitées dans la FC de Dida

Village

Nombre d'habitants

Superficies exploitées (en ha)

Sassamba

2 023

22 745

Goté

19 405

17 569

Mado

511

511

Wankoro

1 115

1467

Total

23 094

42 292

Sources: Rapport AG du 25 mars 2012

Nonobstant l'inexactitude de l'effectif total du nombre d'habitants qui devrait être de 23054 (dû à certainement une erreur de calcul pour un travail fait à la hâte), et le fait que ces chiffres ne représentent que la situation dans seulement deux villages et deux hameaux de cultures, ils sont loin de refléter la réalité. D'abord, pour qui connait Goté et Sassamba, la simple observation permet d'en déduire que le second est bien plus peuplé que le premier. Or, dans cette évaluation telle que présenté, Goté fait près de dix fois le village de Sassamba. Paradoxalement, le ratio superficie exploitées par nombre d'habitant est de 11.24 à Sassamba, 0,90 à Goté, 1 à Mado, et 1,31 à Wankoro. Si l'on considère la moyenne du nombre de personnes par ménage au regard des données de terrain, chaque ménage de quatorze (14) personnes à Sassamba posséderait environ cent cinquante sept (157) ha toutes cultures confondues contre seulement 12 ha à Goté.

Lors de la rencontre avec le conseiller du village de Sassamba, ce dernier reconnaitra que cette évaluation a certes été faite à la hâte, mais, reste certain qu'elle peut être en deçà des réalités mais pas le contraire. A la DREDD, on estime que ces chiffres sont loin d'être une

10 Rapport AG du 25 mars 2012

61

réalité dans la mesure où la population de l'ensemble des habitants installés dans la FC de Dida est estimée à 8164 habitants11.

Pour le chef de poste du SDEDD, le laxisme de l'Etat et le manque de fermeté ont poussé les populations à durcir davantage leur position et à exiger des conditions, et ce depuis que toute action de la part des services forestiers sans autorisation préalable du Gouverneur des Cascades dans la FC de Dida leur a été formellement interdite.

A la question de savoir quelles seraient les conditions préalables à leur départ de la forêt classée, la position des occupants n'a pas vraiment varié. Ils estiment que dédommagement et délocalisation vont de paire à l'image de cette veuve de quarante (40) ans dans le village de Diaradougou: « même si on me montre un coin aujourd'hui pour aller, quels moyens j'ai pour pouvoir construire un autre logement en dehors de ce que mon mari défunt a laissé ? ». A défaut de pouvoir bénéficier des deux options, majoritairement les exploitants optent pour la délocalisation comme le montre la figure 20:

83%

Préalable à l'apurement de la FC

17%

Dédommagement Délocalisation

Figure 20 : Option voulue par les populations pour libérer la FC de Dida

Environ 83% des enquêtés optent pour la délocalisation, contre seulement 17% pour le dédommagement. Elle reflète une volonté de pouvoir trouver un endroit et continuer les activités. Cet agriculteur originaire de la Région du Yatenga (une zone sahélienne du Burkina) et installé dans la FC de Dida depuis 1983 explique: « même si on me donne aujourd'hui de l'argent et que je dois retourner chez moi, je ne pourrai pas produire parce que j'ai quitté à

11 Communication DR de janvier 2013

62

cause de la sécheresse. (...) si la situation là-bas ne s'est pas empirée depuis que j'ai quitté, je suis sûr que ca ne s'est pas non plus amélioré ».

Cependant, il reste aussi évident que le choix du dédommagement est une option choisie par d'autres occupants. Un examen du profil de ceux qui feraient cette option permet de comprendre davantage leur position comme le montre le tableau 11 :

Tableau 11 : Option d'apurement de la FC en fonction du statut de résidence

Option souhaitéeDédommagement Statut de résidence

 

Délocalisation

Total

Allochtone

4

39

43

Autochtone

6

9

15

Total

10

48

58

Ce tableau montre que le dédommagement est souhaité pour 40% des autochtones contre 9,3% seulement des allochtones. Cela implique la possibilité que certains occupants, notamment les autochtones, contrairement à ce qu'ils font croire, ont des possibilités de pouvoir se réinstaller dans leur villages d'origine. C'est du reste cet avis que partage le chef de service de la DDEDD pour qui « beaucoup d'occupants ont des champs et des résidences ailleurs ». Ceci pourrait être vrai pour certains autochtones comme cet homme de quarante deux (42) ans installé à Wankoro et disposant de terres cultivables mais non exploitées, pour dit-il « parer à toute éventualité ».

Quant aux allochtones, le tableau a montré que très peu sont favorables au dédommagement. Ceux qui le sont se sont avérés être tous des peulhs qui mènent comme activité principale l'élevage. Peuples nomades au Burkina et constamment en quête de pâturage pour leurs animaux, il est bien probable qu'une sédentarisation ne soit pas une bonne option pour eux. D'ailleurs, la plupart d'entre eux s'est installée dans la FC de Dida entre 2000 et 2010 en provenance de localités voisines comme Dissin, Banfora, Sidéradougou ou la Côte d'Ivoire. Cet éleveur installé dans le village de Mado depuis 2010 en provenance de Sidéradougou et disposant de vingt (20) boeufs n'a pas caché son intention de se retrouver en Côte d'Ivoire si le déguerpissement devrait être une réalité.

La difficulté liée à la délocalisation est de savoir où réinstaller les occupants de la FC de Dida. Pour la DREDD, cette question ne doit pas être d'actualité puisque « chacun est supposé avoir un lieu de provenance ». La situation est d'autant plus complexe qu'aucun enquêté ne s'est véritablement prononcé sur la question, considérant qu'il appartient à l'Etat de faire des

63

propositions, mais aussi attrayant que les terres fertiles de la FC de Dida. Les propriétaires terriens des villages de Diarakorosso, Noumoukiedoudou, Mourkoudougougou et Tiebata dans la commune de Mangodora ont unanimement émis de sérieuses réserves quant à leurs capacités d'accorder des espaces cultivables aux éventuels déguerpis. « Y a plus de terre. Où on va les mettre?»: se demande le chef de terre de Mourkoudougou. Dans la perspective du déguerpissement manqué de 2009, des concertations avaient été entreprises avec l'ensemble des villages riverains pour l'accueil des déplacés, avec échos favorables de la part des propriétaires terriens. Mais le manque de suivi, selon le chef du SDEDD, n'avait pas permis d'entériner cette alternative. Il est bien possible qu'avec le temps certains soient amenés à se rétracter si un véritable plaidoyer n'est pas entrepris auprès de ces garants de la tradition.

Du coté des mairies c'est le même scepticisme est parfois affiché. Le Maire de la commune de Mangodara, l'Adjoint au Maire de la commune de Ouo et le Maire de Djigouè se disent peu enclins à trouver des espaces pour les occupants de la FC de Dida, mais considèrent qu'il y'a nécessité d'aborder la question avec l'ensemble des acteurs pour en étudier la faisabilité. Or, la densité12 des communes de Mangodara, de Ouo et de Djigouè sont respectivement de 18,71 hbts/km2, 8,14 habitants/km2 et 20,97 habitants/km2 pour une moyenne nationale de 51,4 habitants/km2. C'est dire que de façon théorique, les possibilités sont grandes, surtout dans le département de Ouo qui est le moins dense.

Pour autant tous les problèmes de la FC de Dida ne seront pas résolus avec la délocalisation ou le déguerpissement. Il conviendrait de se pencher sur les perspectives d'une gestion à long terme de cette forêt.

3.5.4. Perspectives de gestion durable

La problématique de la gestion durable de la FC Dida va au-delà de la simple question de son apurement. Elle se pose en terme de savoir quelle stratégie mettre en place pour permettre une gestion durable de ce potentiel? Même si l'ensemble des acteurs s'est prononcé en majorité pour une gestion visant une implication de tous, plusieurs goulots d'étranglements doivent être pris en compte au regard de la complexité de la question.

En effet, la situation de Dida se présente comme suit: une forêt aux limites imprécises concédée par des propriétaires terriens de la commune de Mangodora, qui relève

12 Ces densités ont été obtenues sur la base des données du RGPH 2006, en divisant la population totale sur la superficie de la commune

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administrativement de la commune de Ouo, occupée par des populations majoritairement venant de la commune de Djigouè et contiguë au Parc National de la Comoé (PNC) en Côte d'Ivoire, lui aussi occupé par des populations. Cinq (05) paramètres dont il faut absolument tenir compte dans une perspective de gestion durable. C'est en cela qu'une approche systémique du problème est la seule option viable. De plus, les autorités ivoiriennes ont entrepris le déguerpissement mani militari des occupants (des burkinabè pour la plupart) du PNC, qui à la faveur du statu quo actuel dans la résolution de la question de Dida, pourraient trouver en cet espace un point de chute.

Quant à la gestion proprement dite, elle ne peut se faire que dans le respect des règles édictées par la loi forestière mais dans une perspective d'analyse des avantages comparatifs. Au Burkina-Faso, trois (03) formes de gestion existent aujourd'hui pour les aires classées : la gestion en régie par les services forestiers en concertation avec les populations, la mise en concession au profit d'opérateurs privés et la mise en concession au profit d'opérateurs communautaires (associations ou groupements) (MECV, 2004). Trois (03) scenarii peuvent donc être envisagés avec leurs avantages et leurs inconvénients.

Scenario 1 : gestion en régie par les services forestiers en concertation avec les populations.

Ce scenario part déjà avec le désavantage d'être le mode de gestion actuel de la FC de Dida tant décrié par l'ensemble des acteurs. Son avantage majeur serait d'assurer le droit régalien de l'Etat en matière de gestion des ressources forestières et d'engendrer des recettes pour le trésor public. Mais la possibilité pour l'Etat d'assurer cette gestion au regard de ses capacités est loin d'être une évidence. La surveillance et le contrôle des aires classées du pays requièrent des moyens humains et logistiques importants en raison de leur nombre relativement élevé. Le manque de moyens humains, financiers et matériels constitue un handicap sérieux. Pour preuves, le SDEDD pour la gestion n'a que six (06) agents, trois (03) motos et un véhicule hors d'usage, et seulement quatre (04) motos fonctionnels. Comme moyens financiers, il reçoit du trésor public par trimestre des bons de carburants d'une valeur de sept mille cinq cents (7500) francs CFA (pourtant le contrat d'objectif assigné à ce service est de dix (10) millions de francs CFA par an). En absence de tout financement, la surveillance, le contrôle de cette forêt sera difficile. Le SDEDD affirme être en phase d'élaboration d'un projet de près de deux cents (200) millions francs CFA à soumettre aux bailleurs de fonds. Il est peu probable que l'Etat puisse disposer de ressources pour financer

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un tel projet. Le « Projet d'ouverture de la limite péricentrale de la Forêt Classée de Dida située dans la province de la Comoé » d'un montant de six millions deux cent six mille quatre cent cinquante (6 206 450) francs CFA de 2011, celui de l' « apurement de la FC de Dida » d'un montant de cinquante trois millions huit cent dix neuf mille six cent quatre vingt douze (53 819 692) francs CFA élaboré en 2013 n'ont encore pas reçu d'écho favorable. Le contexte international est aussi peu favorable aux financements accordés aux institutions étatiques. C'est dire qu'une gestion par les services forestiers, quelque soient les garantis d'implication des communautés locales manquera de capacités de mobilisation des ressources financières pour une gestion de la FC de Dida.

Scenario 2 : mise en concession au profit d'opérateurs privés.

Les concessions privées abondent au Burkina-Faso. Elles sont, au sens du Décret 97-054/PRES/PM/MEF, des périmètres sylvicoles aménagés faisant l'objet d'un titre de propriété ou de jouissance au nom d'une personne physique ou morale de droits privé (MEDD, 2011). Elles ont vu le jour à la faveur de la politique de concession d'un certain nombre d'aires protégées aux acteurs du secteur privé et des Organisations de la Société Civile (OSC) en 1997. En effet, l'article 33 du code forestier stipule que « les personnes physiques ou morales de droit privé sont propriétaires des forêts qu'elles ont légalement acquises ou qu'elles ont légalement plantées. Les personnes physiques ou morales de droit privé ne peuvent être propriétaires des forêts que moyennant la détention d'un titre régulier de jouissance sur le sol ». L'ensemble de ces concessions privées sont d'intérêt cynégétique. On peut citer entre autres les concessions de chasse de Pama (275 474 ha), de Pangou-Tandougou (35 000 ha), de Singou (177 394 ha), de Konkoumbouri (65 000 ha), de Kondio (51 000 ha), etc. (voire carte en annexe 3). Dans ces concessions, se pratiquent la chasse et le tourisme de vision. Les espèces fauniques présentes sont les éléphants (Loxodonta africana), les hippotragues (Hippotragus equinus), les bubales (Alcelaphus buselaphus major), les cobs rudunca, les cobs défassa (Kobus ellipsiprymnus defassa), les céphalophes (Cephalophus rufilatus), les ourébis (Ourebia ourebi), les phacochères (Phacochoerus africanus) et les singes (UICN-PAPACO, 2012). Par conséquent, pour qu'un privé puisse s'intéresser à la FC de Dida, il faudrait prouver sa rentabilité, notamment sa richesse faunique. Or, dans le cas présent, aucune véritable étude n'a été menée dans ce sens. De plus, à l'état actuel d'anthropisation de cette forêt, et au regard des entretiens réalisés sur le terrain, tous les grands mammifères susceptibles d'intéresser le secteur privé ont totalement disparu. La reconstitution de cette

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biodiversité faunique nécessitera des années, avec un investissement colossal. La probabilité à l'heure actuelle que le secteur privé s'intéresse à la FC de Dida est très mince.

Scenario 3 : mise en concession au profit d'opérateurs communautaires

Le troisième scenario possible dans le cas de la FC de Dida est sa mise en concession au profit d'operateurs communautaires. C'est l'option souhaitée par la grande majorité des populations riveraines de la FC. Avec la loi n°055/2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT), le processus de décentralisation au Burkina-Faso est en marche. Cette option pourrait être envisageable dans le cas de la FC de Dida. En effet, pour le Secrétaire Exécutif de l'AGEREF/CL, « ce sont les communautés qui ont plus à gagner dans la conservation des ressources naturelles ». Par conséquent, plus elles seront intégrées dans la gestion des ressources, mieux elles pourront adhérer au processus. Aussi, cette option a l'avantage d'avoir l'onction d'éventuels bailleurs de fonds capable d'accompagner ces populations sur cette voie. La proximité d'expériences comme celles des Associations Inter villageoise de Gestion des Ressources Naturelles et de la faune de la Comoé Léraba (AGEREF/CL) et de Boulon/Koflandé (AGEREF/BK) peuvent être utiles.

En effet, la Forêt Classée et Réserve Partielle de Faune de la Comoé Léraba (FCRPF/CL), pour ne parler que de celle-là, d'une superficie de cent vingt cinq mille (125 000) hectares est, au Burkina-Faso, la première expérience de forêt concédée à une association inter villageoise par contrat de concession de gestion n°2001-01/737/MEE/SG/DGEF du 25 octobre 2001. Grâce à l'appui financier de partenaires nationaux et internationaux, l'AGEREF/CL reste de nos jours un modèle en matière de gestion communautaire des ressources naturelles. Cependant, ce modèle de gestion communautaire a pour faiblesse majeure la capacité technique des structures villageoises à assurer cette gestion. De plus, en tant qu'entités composites, il y'a bien à craindre que les acteurs en présence aient des intérêts divergents qui pourraient dangereusement compromettre ce mode de gestion.

Quelque soit le scenario adopté pour une gestion durable de la FC de Dida, il se doit de tenir compte de la situation frontalière de cette forêt. Des concertations doivent être entreprises avec la partie ivoirienne pour une synergie d'action. Mais de toute évidence, de tous les scenarii proposés, la gestion communautaire apparait comme la mieux adaptée aujourd'hui à la FC de Dida, à condition que le renforcement des capacités des acteurs locaux constitue un principe de base.

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CHAPITRE 4 : DISCUSSION

L'étude menée sur la FC de Dida met en relation des acteurs guidés par des motivations complexes et orientées surtout vers la protection de leurs intérêts et le renforcement de leur mainmise sur les ressources naturelles. La problématique de cette forêt pourrait s'articuler autour de trois thématiques : la pression sur les ressources comme source de revenus, la question du respect des lois et la gouvernance environnementale dans le contexte de la décentralisation.

? La pression sur la forêt comme source de revenus

Des résultats de cette étude, il ressort que l'existence des populations aussi bien installées dans la FC de Dida que riveraines dépend étroitement des ressources de la forêt, par la pratique surtout de l'agriculture itinérante et du pâturage. Ces populations sont attirées par les terres de la forêt classée comme l'a tantôt affirmé MALDAGUE (2003). Il est indéniable que les revenus tirés par ces populations locales de ces ressources sont substantiels. C'est cette rentabilité relative qui est à la base du degré actuel d'anthropisation de cette forêt, et des échecs répétitifs des tentatives de son apurement. Le mode de culture en lui même, associant cultures vivrières et cultures de rente (anacardes) tend à une sédentarisation des populations, préjudiciable à l'espace forestier, et engendrant une uniformisation de la biodiversité floristique. De plus, la dynamique des exploitants en termes de pression sur les ressources, combinant intensification à travers l'utilisation des engrais chimiques, et extensification par l'emblavement quasi annuel de nouvelles superficies, compromet dangereusement l'existence même de ce massif. Dans le cas d'un autre pays pauvre, la République Démocratique du Congo (RDC), BAMBA (2010) soutient que la forêt constitue un moyen de subsistance, une source de revenus financiers, une source d'activités économiques et d'investissements et un réservoir de terres arables pour l'agriculture itinérante. Dans cette situation, se pose le dualisme entre les enjeux économiques des populations et la conservation des ressources forestières. Cette vision corrobore celle de HUYBENS et TCHAMBA (2012) pour qui il est malheureusement à craindre que, dans le contexte actuel, l'aspiration légitime des peuples au développement économique et à l'amélioration de leurs conditions de vie aille à l'encontre de la préservation de nos dernières forêts, avec la disparition corollaire des services économiques et environnementaux qu'elles parviennent encore tant bien que mal à nous procurer. Il est aussi évident que les populations locales perçoivent peu la rentabilité de la sauvegarde des espaces forestiers, pourtant propice à l'agriculture. Cette forêt empiète, de leur point de vue,

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sur leurs activités agricoles. Elle « dérange ». D'où une remise en cause constante de ses limites. Elle dérange d'autant plus qu'elle est souvent perçue comme ayant une valeur moindre que celle que peut générée une conversion en terres agricoles. Il y a alors nécessité de trouver un juste milieu pour permettre à ces espaces forestiers de remplir leurs fonctions écologique, économique et social. C'est pourquoi KARSENTY (2008) estime que la gestion des espaces forestiers ne peut alors se faire indépendamment de celle des espaces agricoles car tous deux obéissent à la même logique et, doivent participer aux mêmes objectifs de développement durable.

? Le respect de règles de gestion en question

Dida pose aussi la question de l'établissement des règles et de leur respect par l'ensemble des acteurs. Le code de l'environnement est assez explicite en matière de gestion des forêts classées. Il stipule entre autre la matérialisation des forêts ayant fait l'objet de classement, l'élaboration d'un plan d'aménagement et la participation des populations dans la gestion. Dans notre cas, aucune de ces règles n'a véritablement été respectée par les structures étatiques. Pour KONE et al. (2012), (citant LAUGINIE, 2007) bien souvent, « les cadres législatifs sont solides et les causes de mauvaise gestion sont à rechercher au niveau de l'application des lois ». Elles seraient donc consécutives soit à la méconnaissance de ces lois, soit à leur violation délibérée par les individus. Les villages et hameaux de cultures illégalement installés dans la FC de Dida dépeignent cette situation.

Aussi, les questions liées à la concertation des acteurs contribuent aux difficultés de l'apurement de la forêt. Dans la FC de Dida, la réalisation des infrastructures hydrauliques (forages) et même des écoles est assez illustrative. Dans une étude en RCI menée par KONE et al. (2012), la même situation est constatée. Pour eux, alors que le ministère en charge de l'environnement s'évertuait à exfiltrer les populations installées dans certaines aires protégées, le ministère en charge de l'éducation nationale y soutenait la construction d'écoles et y affectait des fonctionnaires. Il importe donc d'élaborer et de mettre en oeuvre une bonne stratégie de communication et des stratégies d'action plus cohérentes qui fédèrent toutes les institutions concernées.

? La gouvernance environnementale dans le contexte de décentralisation

Dans une perspective de gestion durable de la FC de Dida, les personnes rencontrées sont unanimes sur la nécessité d'y impliquer l'ensemble des acteurs. Au regard aussi des différents

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scenarii présentés, cette option demeure l'une des meilleures pistes envisageables. Mais pour que cette cogestion soit efficace, elle se doit d'être basée sur une forme d'entente officielle, qui édicte clairement l'élaboration de politique, la planification, l'établissement de règles, l'investissement, la répartition des revenus, le suivi et l'exécution des règlements, l'arbitrage des conflits, et le suivi des mesures (RIZZOTTI, 2012). Cela implique que les responsabilités et les devoirs de chacun soient définis et validés par une structure étatique et officielle, afin de transférer la légitimité de la gestion aux communautés. C'est dans ce sens qu'il est impératif dans le cas échéant d'élaborer un plan d'aménagement pour la FC de Dida.

Les difficultés liées à la gestion de la FC de Dida interviennent aussi dans un contexte national de décentralisation. En reconnaissant aux collectivités territoriales le droit de s'administrer librement et de gérer les affaires locales en vue de leur développement, la loi a ouvert la voie à la gouvernance locale des ressources naturelles communes. Pour RDB (2008), Ce n'est qu'un juste retour des choses car les populations se sont toujours considérées comme les propriétaires légitimes de ces ressources. Même si dans le cas du Burkina le transfert des ressources naturelles aux collectivités territoriales n'est pas encore effectif, cette décentralisation pourrait vite se trouver à l'épreuve de la gouvernance environnementale. Un des handicaps majeurs des communes rurales en particulier est l'absence de compétences. Les collectivités territoriales manquent de ressources humaines dotées d'expertise suffisante pour la gestion des compétences transférées. Pour RDB (2008), si ce processus peut constituer une opportunité pour une bonne gestion, il pourrait, si on n'y prend garde, receler des obstacles et des pièges susceptibles d'hypothéquer la gestion durable des ressources renouvelables.

En effet, pense LEFEE (2005), en terme de gestion de ressources naturelles, l'enjeu de pouvoir se focalise principalement sur la question de savoir qui va contrôler les ressources. La mise en place d'une gestion locale dans le cadre de la décentralisation va redéfinir donc le système de pouvoir dans son ensemble, ce qui déclenchera de fait un processus de redistribution des modes d'autorités. Ce processus suscite d'autant plus d'intérêts qu'il a pour objet central les ressources forestières, leur gestion étant perçue comme une opportunité de contrôle. Cette situation pourrait alors conduire à la « tragédie des communs» de HARDIN (1968) cité par YELKOUNI (2005), pour qui, la conjugaison des propriétés de « non-exclusion» d'une ressource collective et de rivalité dans son usage par les agents économiques peut conduire à sa ruine. C'est pourquoi pour KOUAGIO (2012), la gouvernance décentralisée pose des défis et des opportunités pour le renforcement des

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capacités. Les communautés locales ont besoin de connaissances techniques et de compétences pour une gestion durable de leurs forêts. Quant à SEYNI (2012), s'appuyant sur des études d'ANDERSON et al. (2006), AGRAWAL ET OSTROM (2001), et AGRAWAL et RIBOT (1999), l'auteur en arrive à la conclusion que plusieurs études ont souligné les vertus de la décentralisation, considérée comme un moyen de donner aux populations locales plus de droits sur les ressources et aussi comme un processus de redistribution du pouvoir.

Cette vision optimiste des choses est cependant remise en cause par AUBERTIN et al. (2008). Pour ces auteurs, les attentes suscitées par la participation locale ont souvent été déçues, remettant en cause les approches communautaires. Une critique d'essence politique a montré que pour des raisons à la fois propres aux structures sociopolitiques locales, aux influences politiques nationales et aux réseaux économiques internationaux, la conservation basée sur l'intéressement local est souvent un échec. De ce fait, la présentation des milieux locaux comme meilleure organisation politique de gestion de la biodiversité s'apparente, pour AUBERTIN et al. (2008), « plus à une construction rhétorique qu'à une réalité de terrain ». Dans le cas spécifique de Dida, cette forêt, se situant à cheval entre plusieurs communes va nécessiter alors d'imaginer et de construire une gestion concertée de ses richesses par deux ou plusieurs collectivités territoriales, pour réduire les risques de conflits entre populations, collectivités territoriales ayant en partage lesdites ressources. C'est à juste titre qu'il faudra soutenir avec TREFON (2008) que des efforts significatifs en matière de prise de conscience, de communication, de renforcement des capacités et du renforcement de la société civile seront nécessaires si l'on veut véritablement espérer que tous les acteurs acceptent et mettent en pratique les principes énoncés dans le cadre d'une probable gestion participative.

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Le taux de déforestation dans la FC de Dida est passé de 4,57% en 1992 à 34,75% en 2002. De 2002 à nos jours, cette tendance semble s'être poursuivie et au regard de la disparition de la quasi-totale de la biodiversité faunique, sans risque de se tromper, on peut dire que cette unité de conservation de la faune, aujourd'hui, n'existe en réalité que de nom.

Premièrement, l'absence de propositions concrètes pour une délocalisation probable des populations au sein de cette forêt a contribué à renforcer l'intensification et surtout l'extensification des activités agricoles mais aussi pastorales. Ce sont désormais de grandes superficies qui sont mises en culture dans la forêt, ce qui corrobore notre première hypothèse de recherche. Deuxièmement, la situation conflictuelle est fortement présente et en dehors de cadres légaux de règlement des différends entre acteurs, chacun dorénavant se rend justice, contribuant à rendre malsain l'environnement social. Les conflits selon les acteurs eux-mêmes sont fréquents, et même très fréquents, une hypothèse que nous avons aussi émise en début de recherche. Enfin troisièmement, l'ensemble des parties prenantes trouve la nécessité d'avoir une approche communautaire dans une perspective de gestion durable de la forêt, comme nous le supposions.

Il y'a nécessité absolue aujourd'hui d'agir dans l'urgence, parce que Dida est un patrimoine en péril. La perspective de sa gestion durable ouvre la voie à des recommandations à l'endroit des autorités politico-administratives dont la mise en oeuvre doit être un processus qui passe par les étapes suivantes :

- la mise en place d'un cadre permanent de concertation impliquant l'ensemble des parties prenantes (chefs de terres, autorités des communes riveraines, autorités politico-administratives, coutumières et religieuses, conseillers et chefs des villages et hameaux de cultures, etc.) en vue de rétablir le dialogue et d'entreprendre des négociations pour une délocalisation des exploitants de la FC de Dida ;

- le recensement de l'ensemble des exploitants de la forêt pour avoir une réelle idée des effectifs des exploitants de la forêt;

- la désignation des sites potentiels d'accueil des occupants dans les communes de Mangodara, Ouo et Djigouè, en collaboration avec les occupants de la FC ;

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- la délimitation complète et participative des limites de la FC, comme souhaité par la plupart des enquêtés, et l'ouverture mécanique des pistes périmètrales ;

- le renforcement de l'accompagnement des producteurs dans l'appropriation de nouvelles techniques agricoles et leur accompagnement dans la mise en oeuvre d'activités génératrices de revenus;

- le renforcement de la sensibilisation et de l'éducation environnementale pour l'ensemble des populations des villages riverains de la FC et des populations déplacées;

- le renforcement de l'accompagnement des populations déplacées par la réalisation d'infrastructures socio-sanitaires (écoles, forages, CSPS) ;

- le renforcement des capacités humaines et matérielles des SDEDD des communes riveraines de la FC (communes de Ouo, Mangodara et de Djigouè) ;

- l'élaboration du plan d'aménagement pour la FC de Dida.

- dans une approche de gestion intégrée, redynamiser la concertation avec la partie ivoirienne et y intégrer les acteurs des forêts communautaires environnantes (AGEREF/CL et AGGEREF/BK). Cela aura pour avantage de favoriser les contacts institutionnels entre les responsables des aires protégées des deux pays, et fournira aussi un cadre juridique et politique qui peut déboucher sur des initiatives communes.

De toute évidence, la mise en oeuvre de toutes ces recommandations va nécessiter un investissement humain, matériel et financier. C'est pourquoi, il est du ressort de l'Etat de trouver les sources de financement pour permettre la mise en oeuvre effective du processus. La mise en oeuvre du processus REDD+ pourrait représenter une opportunité de financement intéressante pour ce massif forestier dont l'importance pour le Burkina-Faso n'est plus à démontrer.

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78

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« SOS pour la forêt classée de Dida ». http://www.lepays.bf/?ENVIRONNEMENT,3589

Annexes

II

Annexe 1 : Taille des ménages en fonction des villages

Taille du ménage

Village

[0-10[

[10-20[

[20-30[

[30 et + [

Total général

Bougoudeni

2

4

3

1

10

Kangodjan

5

3

1

-

9

Korbo

-

1

-

-

1

Kpalan

1

-

-

1

2

Lafia

1

5

2

-

8

Mado

8

1

-

-

9

Pelgo

-

4

1

-

5

Wonkoro

3

9

2

-

14

Total général

20

27

9

2

58

78%

Porportion ayant été verbalisée

22%

Non Oui

Annexe 2 : Proportion des enquêtés ayant déjà été verbalisée

Annexe 3 : Les aires de conservation du Burkina-Faso

Concession de chasse du Deli

Concession de chasse de Pama centre - nord

Concession de chasse de Ougarou

--anch de gibier

du Singou

Reserve Sylvo-pastorale et partielle du Sahel

Concession de chasse de Say Sourou

Foret classee des deux Bale

Foret classee de Pa

Reserve de la Biosphère
de la Mare aux hippopotame

Reserve de faune de Bontioli

Foret classee de la sissili

Concession de chasse de Pagou - Tandougou

Concession de chasse

de Tapoa-Djerma

arc National du W

Concession de chasse

de la Kourtiagou

Concession de

chasse de Koakrana

Foret classee
de boulon koflande

Reserve totale de faune d'Arli

Concession de chasse de Pama centre - sud

Concession de chasse de Pama sud

Foret classe et ranch de Nazinga

Parc National Kabore Tambi

Concession de chasse de Konkombouri

Foret classee de la Comoe Leraba

Foret classee du Kou bi

Source = IJIGN 2009

Armel Saidou 3AKAYOKO

Février 2013

LEGENDE

Localisation des aires fauniques

Plan d'eau

Limite administrative

III

Dida

IV

Questionnaire ménage

Ce questionnaire a été élaboré dans le cadre de la recherche intitulée « enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la Forêt Classée de Dida (FCD) »

Village : N° du Ménage

1. Caractéristiques sociodémographiques du ménage (en temps qu'unité de résidence et de consommation)

1.1. Nom et Prénom(s) du chef de ménage

1.2. Age (ou date de naissance)

1.3. Sexe : M F

1.4. Religion:

1.5. Ethnie:

1.5. Situation matrimoniale

Célibataire sans enfant Célibataire avec enfant

Marié Monogame Marié Polygame

Divorcé Veuf/Veuve

1.6. Niveau d'instruction

Aucun niveau Primaire Secondaire

Supérieur Coranique Alphabétisé

1.7. Principaux biens et valeurs du ménage

1. Habitats en dur

2. Habitats en tôle ou banco

Nombre

Nombre

3.

Champs

Superficie totale

4.

Bétail

Nombre

 

Boeufs .....Moutons

.Chèvres

5.

Radio

Nombre

6.

Télévision

Nombre

7.

Moyens de déplacement

Nombre

 

(Enumérez-les)

 

8.

Autres biens (énumérez-les)

 
 

V

1.8.Nombre de personnes dans le ménage (ne considérer que les résidents permanents)

Nombre total de personnes

Hommes adultes

Femmes adultes

Enfants de

plus de
7ans

Enfants de

moins de 7 ans

Enfants scolarisés

Enfants confiés

 
 
 
 
 
 
 

1.9. Statut de résidence

Autochtone allochtone

Si allochtone localité de provenance Date .

Raisons :

2. Forces et moyens de production du ménage

2.1. Activité principale : .

2.2. Activités secondaires
2.3. Comment accédez-vous aux terres

agricoles ? .

A quelle distance se trouvent vos champs?

2.4.Quelle sont les superficies agricoles emblavées ces cinq (05) dernières années

Année

2012

2011

2010

2009

2008

Superficie à l'intérieur de FCD

 
 
 
 
 

Superficie en dehors FCD

 
 
 
 
 

2.5. Cinq principales cultures

Culture

Superficie (en ha)

Rendement actuel

FO

(quantité /ha)

NPK

(quantité/ha)

Urée

(quantité/ha )

Pesticides (quantité/ha)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

VI

2.6.Pour chacune des cinq cultures quelle est la part autoconsommée ?

Culture

Rendement total (sac)

Pourcentage de la production

autoconsommé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2.7.Activités réalisées dans la forêt

Activités réalisées dans la forêt

Période

Quantité annuelle

produite

Quantité
consommée

Quantité
vendue

Agriculture

 
 
 
 

Collecte de bois de chauffe

 
 
 
 

Collecte de PFNL

 
 
 
 

Chasse

 
 
 
 

Collecte de plantes médicinales

 
 
 
 

Collecte de bois de carbonisation

 
 
 
 

Collecte de bois d'oeuvre

 
 
 
 

Orpaillage

 
 
 
 

Pâturage

 
 
 
 

Autres (à préciser)

 
 
 
 

2.8.Pour les produits vendus, où les rendez-vous ?

2.9. Utilisez-vous les forces de production suivante pour l'agriculture?

Asine coût par ha

Bovine : coût par ha

Tracteur : coût par ha

2.10. Utilisez-vous des feux comme moyens dans vos pratiques culturales?

Oui Non

2.11. Associez-vous l'agriculture avec la foresterie (agroforesterie) dans vos différents champs?

Oui Non

Si oui quelles sont les essences forestières que vous utilisez pour le reboisement?

VII

2.12. Quel est le temps de jachère de vos différents champs agricoles ?

2.13. Quelles sont les difficultés majeures auxquelles les exploitants agricoles sont confrontés?

2.14. Appartenez -vous à une association ou à un groupement? Si oui que fait l'association

ou le groupement ?

2.15. Avez-vous déjà reçu une formation dans n'importe quel domaine? Si oui quel type de

formation ?

2.16. Existe-t-il des projets ou des ONG qui vous appuient dans vos activités agricoles?

Oui Non

Si oui énumérez-les et décrivez le type d'appui :

Disposez-sous d'un compte dans une institution de micro-finance ?

Avez-vous accès au crédit agricole ?

Si oui quelles sont les conditions ?

3. Gestion durable de la forêt classée

3.1.Que représente la forêt classée pour vous ?

Qui est chargé de sa gestion actuelle ?

3.2. Quel rôle joue l'Etat ?

Comment appréciez-vous ses actions ?

3.4. Quel est le rôle que jouent les autorités coutumières ?

Comment appréciez-vous leurs actions ?

3.5. Quel est le rôle joué par la communauté ?

Comment appréciez-vous ses actions ?

VIII

3.6. Quel doit être selon vous le mode de gestion de cette forêt?

Etat seul

Coutumiers seuls

Autochtones + coutumiers

Autochtones + allochtones + coutumiers

Etat+ Autochtones + allochtones + coutumiers

3.7. Vos activités ont-elles des impacts négatifs sur les ressources naturelles de cette forêt?

Oui Non

Si oui lesquels? Et quelles sont les ressources qui sont le plus touchées par ces activités

3.8. Quelles solutions proposez-vous pour réduire les impacts négatifs des activités

anthropiques sur la forêt ?

3.9. Quel type de rapport entretenez-vous avec les forestiers ?

3.10. Que pensez-vous de la gestion des ressources de FCD?

3.11. Que doit-on faire pour améliorer cette gestion? Et par qui ?

3.12. Existe-t-il souvent des conflits liés à la gestion des ressources dans votre communauté?

Oui Non
Si oui quel est l'ampleur?

Rare fréquent très fréquent

Quels sont les catégories d'acteurs qui sont le plus souvent opposées ?

Comment sont-ils résolus ?

IX

4. Alternatives à l'exploitation des ressources de la forêt

4.1.Quelle catégorie d'acteurs a le plus d'impacts sur les ressources de la forêt?

Agriculteurs éleveurs

Exploitants forestiers autres (à préciser)

4.2.Pour une gestion durable des ressources, quels types d'activités faut-il interdire?

Activités

Interdiction
totale

Interdiction partielle

Autorisation

Agriculture

 
 
 

Collecte de bois de chauffe

 
 
 

Collecte de PFNL

 
 
 

Chasse

 
 
 

Collecte de plantes médicinales

 
 
 

Collecte de bois de carbonisation

 
 
 

Collecte de bois d'oeuvre

 
 
 

Orpaillage

 
 
 

Pâturage

 
 
 

Autres (à préciser)

 
 
 

4.3. Quelles alternatives devraient être mise en place pour les exploitants?

Dédommagement montant (pour votre ménage)

Délocalisation lieu

Autre (à préciser) :

4.4. Quelle action êtes-vous prêt à entreprendre pour restaurer la forêt?

Reboisement conditions :

Mise en défens conditions :

Comment voyez-vous le devenir de cette forêt ?

X

Guide d'entretien réservé aux autorités coutumières

Ce guide d'entretien a été élaboré dans le cadre de la recherche sur les « enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida »

Numéro d'ordre

1. Pouvez-vous nous retracer l'historique de votre village?

2. Dans votre village, quelles sont les infrastructures qui existent?

Ecoles : Centres de santé : Points d'eau : Associations ou groupements :

Autres :

3. Connaissez-vous l'historique de création de la FCD ? Si oui comment avez-vous été impliqués?

4. Quels sont les villages qui existaient avant et après le classement de cette forêt?

5. Comment obtenait-on les terres ici?

6. Comment les obtient-on de nos jours?

7. Quelles sont les espèces animales qui existaient dans la localité avant ? Quelles sont celles qui ont disparu? Quelles sont celles qu'on peut rencontrer aujourd'hui?

8.

XI

Quelles sont les espèces végétales les plus exploitées par votre village? Pourquoi?

9. Quelles sont, selon vous, les causes de la disparition de certaines ressources naturelles?

10. Quelles sont les activités socio-économiques exercées dans FC par votre village?

11. Ces activités ont-elle des impacts positifs ou négatifs sur cette forêt? Citer les activités qui ont des impacts négatifs et celles qui ont des activités positifs?

13. quels sont vos rapports avec l'administration forestière?

14. Quelles solutions envisagez-vous pour la restauration des zones dégradées?

15. Quels types d'activités souhaiteriez-vous être menées dans votre localité afin d'améliorer les conditions de vie des habitants du village?

16. Que suggérez-vous de la bonne gestion de cette forêt?

XII

Guide d'entretien réservé aux structures administratives, ONG ou Associations

Ce guide d'entretien a été élaboré dans le cadre de la recherche sur les « enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida »

Numéro d'ordre

1. Présentation de la structure

Nom de la structure

Date de création:

But Poursuivi

Nombre de membres

Objectif général

Objectifs spécifiques .

2. Quels sont les activités que vous menez?

3. Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur les ressources de FCD?

4. Quelles sont en sont les causes ? Qui en sont les principaux auteurs?

5.

XIII

Quelles sont les mesures (ou les initiatives) entreprises par votre structure pour pallier à ca? Avec quels acteurs ? Et quelles ont été les résultats obtenus?

6. Quelles sont, selon vous, les contraintes et les faiblesses actuelles du système de gestion de cette forêt? (du point de vue foncier, financier, de la participation, du développement local, de la sensibilisation, des mesures de conservation)

7. Faites-vous face à des cas de conflits? Quelles sont les ressources causes de litiges? Qui sont les protagonistes ? Comment ces conflits sont-ils résolus?

8. Comment les populations environnantes sont-elles impliquées dans la gestion de cette forêt?

9. Au regard de toutes les difficultés, donnez des actions à entreprendre pour la bonne gestion

de FCD ainsi que les acteurs clé : .

10. Comment et à quelle condition votre structure peut-elle participer à l'amélioration de la

gestion de cette forêt ?






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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci