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Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina-Faso)

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par Steve Dimitri PARE
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2013
  

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Résumé

Dida est une forêt de 75 000 hectares située dans la Région des Cascades au Burkina-Faso. Elle a été classée par décision n°1744/FOR du 13 juin 1955. Ces dernières années, à la faveur de la crise ivoirienne de 1999 et compte tenue de la fertilité relative de ses sols, Dida a progressivement connu l'implantation illégale d'agriculteurs et d'éleveurs, faisant de cette forêt l'une des plus anthropisée du pays. On estime de nos jours à 18 villages et hameaux de cultures installés à l'intérieur de cette forêt contigüe au Parc National de la Comoé en Côte d'ivoire, avec une population de 8150 habitants. Toutes les tentatives de son apurement entamées depuis 2003 se sont soldées par des échecs. A partir du focus group, et des entretiens réalisés avec aussi bien les personnes ressources que les exploitants de la forêt, il ressort que les revenus substantiels tirés à partir des plantations d'anacardes et des cultures vivrières pour les agriculteurs, et du pâturage pour les éleveurs, sont les principales raisons du refus des populations de libérer cette forêt. Aussi, cet espace est source de conflits ouverts et latents entre acteurs dans une compétition pour l'appropriation des ressources, posant un réel problème de gouvernance environnementale. L'étude révèle que dans une perspective de gestion durable de cette forêt, il s'avère nécessaire de procéder à une matérialisation claire de ses limites, actuellement source de nombreuses contestations.

L'apurement de Dida passera indispensablement par un processus de glissement volontaire des populations installées à l'intérieur de la forêt et la mise en place d'un processus de gestion communautaire impliquant tous les acteurs. Ce n'est que dans cette logique que l'on pourra concilier les intérêts des populations et la préservation de la forêt de Dida, dans une perspective de développement durable.

Key words: classified forest, community management, socio-economic stake, space of competition, Burkina-Faso.

Abstract

Dida is a forest of 75 000 hectares located in the Cascade Region of Burkina Faso. It was classified by decision n°1744/FOR on 13 June 1955. These last years, due to the crisis in Ivory coast of 1999 and because of the fertility of its soils, Dida has increasingly been subject to the illegal settlement of farmers and pastoralists making this forest the most affected human settlement of the country. It is estimated that 18 farming villages and hamlets settled for a population estimated at 8150 inhabitants in this forest which adjoins the National Park of Comoé. All attempts of its discharge since 2003 failed. From focus group discussions and semi structured interviews as well with resource persons and settlers, our findings show that substantial incomes drawn from uncontrolled planting and livelihood for farmers and pasture for pastoralists are the main reasons for the population's refusal for relocation. Thus, this forest brings about open and latent conflict among stakeholders in a competition of resources ownership resulting in a real environmental governance problem. The research shows that for a sustainable management of this forest, it is urgent to proceed to a clear realization of its limits, currently bringing about numerous challenges.

The discharge of Dida will pass indispensably by a process of voluntary shifting of the settled population inside the forest and the implementation of a process of community management involving all stakeholders. It is thus that we will be able to reconcile the interests of the populations and the preservation of Dida forest in sustainable development perspective.

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CHAPITRE I : INTRODUCTION

1.1. Contexte

Le Burkina-Faso est un pays sahélien de deux cent soixante quatorze mille deux cents (274 200) km2. Selon l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (2008), sa population, essentiellement jeune (59,1 % a moins de 20 ans), est estimée à quatorze millions dix sept mille deux cent soixante deux (14 017 262) habitants selon les résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2006, pour une densité de 51,1 habitants/km2. De par sa position géographique, le pays est contraint à une lutte quotidienne pour améliorer les conditions de vie de sa population. Son enclavement, les aléas climatiques, la non disponibilité de ressources naturelles, le faible développement des ressources humaines sont les contraintes majeures à la portée des actions de lutte contre la pauvreté.

En effet, classé au 183ème rang (sur 187) avec un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,343 (PNUD, 2013), le Burkina-Faso est l'un des pays les plus pauvres au monde. Avec un Produit National Brut (PNB) par habitant estimé à environ trois cent quatre vingt seize (396) dollars US en 2005, un des plus faibles au monde, le pays reste confronté à un défi majeur qui est l'éradication de la pauvreté. Environ 43,9 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue, estimé en 2009 à 108.454 FCFA par an et par adulte soit moins d'un dollar US par jour (MEF, 2009).

Selon l'INSD (2003), l'économie du pays est essentiellement basée sur une agriculture dite de subsistance. Environ 84 % de la population vit essentiellement d'agriculture et d'élevage Aussi, le pays est confronté à la problématique de développement dans une situation de compétition foncière, d'insuffisance alimentaire et de dégradation de ses ressources naturelles. Cela, du fait de sa forte croissance démographique (3,1 % par an), mais aussi des effets persistants de cycles successifs de sécheresse depuis les années 1970. Pour le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), en Afrique occidentale et centrale, la conjugaison de l'accroissement rapide de la population, de mauvaises pratiques agricoles, tels que les cultures itinérantes et la suppression de la jachère, la variabilité des conditions météorologiques, la persistance de la sécheresse et le surpâturage sont les principales causes de la dégradation des sols.

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Comme dans l'ensemble des pays à faibles revenus, le Burkina-Faso est, ces dernières années, confronté à la problématique de gestion de ses formations forestières, en proie à une pression anthropique sans précédent. Le recul des superficies forestières résulte principalement des défrichements liés à l'extension des terres de culture causée essentiellement par la pratique de l'agriculture itinérante. Une analyse diachronique des superficies des formations forestières de 1980 à 1992, a permis de déduire qu'elles ont régressé de 1,26 millions d'hectares, passant de 15,42 millions d'hectares en 1980 à 15,18 millions d'hectares en 1983, puis à 14,16 millions d'hectares en 1992, soit une régression estimée à cent cinq mille (105 000) hectares par an (MECV, 2004). Ces changements survenus dans les formations de types forêts ont concerné 83% des forêts galeries et 17 % des autres formations forestières, les Régions les plus touchées étant les Cascades, les Hauts Bassins et le Sud-ouest. Dans ces Régions, près de 60% de l'augmentation des superficies des terres agricoles sur les savanes et steppes s'y sont concentrées (PNGT2, 2006). Il est possible de lier ce phénomène à la dynamique migratoire des populations des zones arides vers les zones relativement plus arrosées, en quête de terres cultivables et de pâturages, mais aussi aux stratégies d'extensification des exploitations agricoles. Dans cette quête permanente, les Forêts Classées (FC) constituent une cible privilégiée, de plus en plus en proie à la pression des populations. C'est ainsi que bon nombre de FC, dont la Forêt Classée de Dida, ont vu les superficies agricoles s'accroitre de façon vertigineuse.

C'est dans ce contexte que se pose la question de la FC de Dida, qui contraste la nécessité pour un pays sahélien comme le Burkina-Faso de conserver les dernières reliques forestières et l'impérieuse exigence de garantir aux communautés locales, fortement dépendantes de ces massifs aux fortes potentialités agricoles et pastorales, une viabilité de leur système de production.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand