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Croissance démographique et développement en Afrique subsaharienne

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par Yannick ZAMBO ZAMBO
Université Paris Dauphine - Master2 Assurance 2012
  

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I.2.1.1- La demande d'enfants

Le nombre moyen d'enfants désirés par les ménages dépasse généralement 4 enfants par femme, bien qu'il existe aussi d'importantes disparités entre les pays de ce sous-continent ou même de la même sous-région. Pour l'Afrique Centrale par exemple, la demande d'enfants au Tchad était estimée à plus de six enfants en 2004 alors que celle du Gabon était déjà d'environ 3,5 en 2000.

Les déterminants de cette demande dans le cas de l'Afrique subsaharienne sont historiques, culturelles et socio-économiques.

Graphique7 : nombre d'enfants désiré en Afrique au sud du Sahara (en millier)

Source : L'Afrique face à ses défis démographiques, sous la direction de Benoit Ferry, éd. AFD, CEPED, Karthala, 2007

a) Les causes historiques d'une demande d'enfants forte : la traite négrière

Il s'agit principalement des conséquences entrainées par la traite négrière sur la population subsaharienne. Les personnes ciblées étaient parmi les hommes et femmes les plus vigoureux, capables de travailler durement dans les champs ou de faire des travaux domestiques. Il demeure que ce phénomène qui a commencé au 16e siècle pour finir trois siècles plus tard, a ponctionné l'Afrique d'environ 11 millions de personnes stricto sensu, d'après une étude récente de l'historien  françaisOlivier Pétré-Grenouilleau26(*). Largo sensu, d'autres sources (le théoricien panafricaniste W.E.B Dubois) indiquent que si l'on compte les victimes collatérales (personnes tuées pour refus de devenir esclave, enfants ou autre personnes mortes car un parent a été vendu, etc), les pertes humaines pour l'Afrique seraient le quadruple de toute estimation stricte soit environ 44 millions de personnes. Ce chiffre est très élevé pour la population africaine à l'époque, sachant que ce n'est qu'au début des années 1900 que l'Afrique franchit le cap des 100 millions d'habitants. La traite négrière explique donc en grande partie le dépeuplement qu'a connu l'Afrique pendant longtemps, continent dont la population est passée de 17% à 7% de la population mondiale entre les années 1500 et 1900.

Arguant de cette situation, certains discours estiment que l'Afrique a un retard démographique qu'il faut combler. De tels arguments sont propices à l'encouragement de comportements natalistes auprès des populations pour des besoins de compensation.

b) Les causes culturelles

Elles concernent l'organisation familiale en Afrique subsaharienne. Celle-ci a longtemps été dominée par le concept de la famille élargie et le statut réservé à ceux ayant déjà procréé.

La famille élargie repose sur le fait que les enfants n'appartiennent pas seulement aux parents, mais à une lignée lointaine qu'il faut pérenniser. Cela fait que les enfants qui en sont issus appartiennent aussi à tous les multiples parents vivants, membres de la lignée. Or plus une lignée est lointaine, plus les potentiels tuteurs sont nombreux. En conséquence, les charges liées à l'éducation des enfants sont communes. En effet, la fierté ressentie par tous les membres de la lignée lors de la réussite d'un des leurs fait que le financement des besoins des enfants ait une tendance au communautarisme. Dans un contexte qui, au regard des chiffres présentés plus haut, a longtemps été pro nataliste, les influences des membres de la famille ne faisant pas partie du couple sont évidentes, avec une importance reconnue aux patriarches qui ne peuvent que voir d'un bon oeil l'élargissement du clan. Dans ce type d'organisation et contrairement à certaines théories présentées précédemment sur le sujet, le nombre d'enfants du couple n'obéit à des contraintes économiquesdudit couple que de manière presque marginale. Un exemple illustratif est la forte mobilité familiale qui a longtemps caractérisé le parcours des enfants d'Afrique, qui pouvaient être accueillis dans les villes ou les campagnes par un membre du clan pour les études ou pour toute autre activité.

Un autre corollaire de cette vision de la famille est la place de choix que vont donc occuper ceux des membres qui pérennisent le clan. Ils jouissent d'un statut privilégié qui renforce ou crée le désir d'un nombre d'enfants élevé.

Cette culture a longtemps été l'un des socles de comportements pro natalistes en Afrique subsaharienne. Mais la forte urbanisation que connait le sous-continent a eu pour conséquence la limitation des moyens pour les habitants des villes, « la modernisation des pensées » qui tend à être antinatalistes et l'éloignement des citadins par rapport aux campagnes où les gardiens des traditions vivent généralement. Les comportements changent donc progressivement. Ceci expliquerait en partie la chute progressive des taux de fécondité en Afrique subsaharienne qui même s'ils restent relativement élevés, sont passé de plus de 7 avant 1960 à 4,9 aujourd'hui avec des pays qui sont déjà passés sous la barre de 3 enfants par femme (cf. Carte N°2 ci-dessus).

c) Les causes socio-économiques

Elles concernent l'environnement socio-économique qui caractérise la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne. Ces derniers sont marqués par un taux de chômageélevésurtout chez les jeunes et en milieu urbain. Parmi les causes, on peut citer la structure des économies qui sont pour la plupart rentières, et l'afflux massif des demandeurs d'emplois compte tenu de la structure par âge de la population qui est constituée en grande partie de potentiels demandeurs d'emplois (plus de 16 ans au sens du B.I.T).

Graphique 8 : Structures par âge de l'Afrique subsaharienne et de l'Europe

Afrique subsaharienne

Europe

Europe

Source : United States Census Bureau

Au demeurant, en Afrique subsaharienne, aucun pays ne dispose pour le moment d'une couverture sociale universelle. Dans la plupart des cas, seuls les fonctionnaires et les travailleurs de sociétés privées d'une certaine envergure disposent d'une couverture sociale avec quelque fois une extension aux membres de leurs familles.

Le chômage combiné à l'absence de la couverture sociale universelle renforce un sentiment général de précarité, d'incertitude et d'insécurité sociale. Dans cet environnement, les concernés se replient vers des communautés affinitaires auprès desquels ils pourront trouver un réconfort affectif ou matériel en cas de sinistre. La famille étant le regroupement affinitaire de base et celui auquel l'on est naturellement plus proche, avoir un nombre d'enfants non négligeable est un gage de sécurité affective et plus tard de sécurité matérielle quand ceux-ci commencent à participer aux dépenses de la famille. Plus loin encore et par anticipation pour certains, les enfants représentent une certaine assurance vieillesse en l'absence de sécurité sociale universelle.

En d'autres termes, la réduction du nombre d'enfants ne peut se faire si les couples n'y trouvent aucun intérêt, bien au contraire. J. Coale estimait à ce sujet que « Réduire sa fécondité doit être avantageux. Les circonstances sociales et économiques doivent conduire les couples à juger profitable la réduction de la fécondité »27(*).

* 26 (Les traites négrières, Essai d'histoire globale, 2004)

* 27 (J.Coale cité dans le livre L'Afrique face à ses défis démographiques, page 198)

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