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Les nouvelles hégémonies de la région Septentrionale. Le Royaume Tem du Tchaoudjo (1880- 1914 )

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par Akimou TCHAGNAOU
Université de Lomé Togo - Maà®trise 2007
  

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INTRODUCTION GENERALE

S'il est vrai comme le dit le journaliste Alain Foka que « Nul n'a le droit d'effacer une page de l'histoire d'un peuple car un peuple sans histoire est un monde sans âme »1, il est aussi nécessaire voire indispensable que chaque peuple prenne conscience qu'il faut reconstituer sa propre histoire.

En effet, Eugène Pittard paraphrasant Hegel n'écrivait-il pas en 1953 que : « Les races africaines proprement dites (celle de l'Egypte et d'une partie de l'Afrique Mineure mise à part), n'ont guère participé à l'histoire telle que l'entendent les historiens...Je ne me refuse pas à accepter que nous avons dans les veines quelques gouttes d'un sang africain (d'Africain à peau vraisemblablement jaune) mais nous devons avouer que ce qu'il en peut subsister est bien difficile à retrouver. Donc deux races humaines habitant l'Afrique ont seules joué un rôle efficient dans l'histoire universelle : en premier lieu et d'une façon considérable les Egyptiens puis les peuples du nord de l'Afrique »2

C'est dans le but de briser les élucubrations de ces penseurs occidentaux qui dénient toute histoire à l'Afrique que Patrice Lumumba3 écrit : « l'histoire dira un jour son mot...L'Afrique écrira sa propre histoire ».

Ainsi, c'est dans le souci de faire la lumière sur l'histoire du royaume tem du Tchaoudjo dont certains des aspects ont déjà fait l'objet d'étude par nos prédécesseurs, que nous avons choisi notre thème que voici : « LES NOUVELLES HEGEMONIES DE LA REGION SEPTENTRIONALE. LE ROYAUME TEM DU TCHAOUDJO (18801914) ».

1 -Alain Foka, journaliste de RFI dans son émission hebdomadaire de vendredi « Archives d'Afrique ».

2 - Ki-Zerbo, 1978, p10.

3 - Cité par Ki-Zerbo, 1978, p9.

2

Etant donné que l'histoire n'est jamais écrite une fois pour toute et qu'elle se renouvelle au rythme de l'évolution des sources documentaires et surtout du questionnement, nous avons voulu traiter certains aspects restés encore sous silence et apporter quelques précisions sur d'autres.

En effet pour traiter ce thème, nous avons choisi un cadre spatial et chronologique très réduit. Par ailleurs, le choix de notre thème n'est pas le fait du hasard. Il s'explique par la motivation que nous avons pour les études monographiques. De même, l'intérêt scientifique que nous trouvons en de telles études, c'est celui de contribuer à reconstituer l'histoire globale du Togo en général et celle du pays1 tem en particulier.

Pour dégager le sens de notre travail, nous dirons que les dates qui délimitent notre thème de recherche sont significatives. En effet, 1880 est la date à laquelle le royaume a pris véritablement son essor pendant le règne de Ouro-Djobo Boukari dit « sémôh » de Kparatao2. C'est aussi la date à laquelle il aurait pris le pouvoir suite à la guerre qui l'aurait opposé à Yélivo3.

19144 est la date à laquelle les Allemands quittent le Togo après leur défaite de la « Grande guerre » cédant la place aux Français.

Après cet exposé, une série de questions se posent :

Comment se fit le peuplement du royaume et quelle évolution connurent ses peuples de 1880 à 1914 ?

Dans quelles conditions voit-il le jour ? Quelle évolution connaît-il ? Comment s'explique la sédentarisation du pouvoir royal du Tchaoudjo à Kparatao ?

Qui furent les principaux acteurs de sa formation ? Quels rôles jouèrent les sémassi dans le trafic esclavagiste ?

1 -Signifie dans notre contexte toute la région de peuplement tem.

2 -Gayibor N L (ss la dir), 1997, p346.

3 -Entretien avec Ouro-Akpo Kassim, chef de Yélivo, du 16-08-06.

4 -Avec la Grande guerre de 1914-1918, les Allemands vaincus au Togo dès Août 1914 ont évacué cédant la place aux Français.

3

Quels furent les changements provoqués au sein du royaume au contact des Allemands ? Quel rôle joue-t-il dans le nouveau contexte ? En effet, l'histoire du Togo a fait l'objet de plusieurs recherches tant par les chercheurs étrangers que par les chercheurs nationaux et les étudiants de l'Université de Lomé. Tous ces travaux, dans leur ensemble ont permis d'avoir un éclairage nouveau sur l'histoire des différents peuples du Togo. Mais, si l'histoire de la plupart des populations du sud-Togo telle que celle des Guin, des Mina et des Ewé est connue, cela n'est pas pour autant le cas en ce qui concerne l'histoire des peuples de l'hinterland (tels que les Kabiyè, les Losso, les Tem etc.). Ceci s'explique d'une part, par le fait que ces peuples du sud ont eu un contact précoce avec l'homme blanc et d'autre part, par l'abondance de la littérature historique dont ils disposent sur leur passé.

Afin de réussir ce travail, nous avons parcouru la plupart des travaux qui ont déjà abordé notre thème. De ce fait, nous avons pu recenser les documents qui ont traité de l'histoire générale de l'Afrique, du Togo et ceux qui ont traité spécifiquement de l'histoire des Tem.

En dépit de notre documentation très variée, nous nous sommes confronté à des lacunes d'informations précises sur notre thème.

Les obstacles rencontrés sont liés à l'état très précaire et de délabrement des documents écrits (surtout les archives), à la rareté des sources documentaires relatives aux populations du Nord-Togo, au manque de moyens financiers et matériels.

Quant aux enquêtes sur le terrain, la tâche n'a pas été du tout facile. Les obstacles rencontrés sont liés au manque de personnes ressources car la plupart de nos informateurs se contentent de répéter les versions transmises par les ancêtres ou carrément tentent de forger leur propre version des faits.

Nous étions également confronté aux problèmes de réticence de nos informateurs qui refusent de nous livrer les informations car ils croyaient que nous étions mus par des mobiles politiques.

En dépit de cette situation, nous avons fait de la tradition orale notre cheval de bataille avec tout ce qu'elle comporte comme inconvénients. Nous n'avons pas la chance de rencontrer les personnes « idéales »1 puisque la plupart de nos informateurs n'ont pas vécu la période qui correspond à notre étude (1880-1914). Ils tiennent leurs informations de leurs parents. C'est donc avec une grande prudence que nous utilisons les témoignages oraux.

Néanmoins, nous avons pu recueillir suffisamment d'informations qui nous permettront de faire la lumière sur l'histoire du royaume tem du Tchaoudjo.

En définitive, soulignons que toutes ces difficultés citées plus haut ont exigé de nous une attention particulière, mieux une analyse très approfondie et un sens critique.

Dans ces conditions, nous nous sommes efforcé de combiner aussi harmonieusement que possible les différentes informations recueillies sur les Tem pour pouvoir rendre intelligible notre travail. C'est grâce à cette méthode que nous sommes parvenu aux résultats réunis dans ce mémoire que nous présentons en deux grandes parties :

La première partie intitulée origine et cadre de la constitution du royaume comprend trois chapitres: d'abord, la présentation générale du pays tem et histoire du peuplement, ensuite la constitution du royaume et enfin, l'organisation politique et économique du royaume. La seconde partie intitulée la militarisation du royaume comprend deux chapitres notamment : la militarisation et les différents conflits du royaume et le Tchaoudjo sous domination allemande.

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1 -C'est-à-dire des témoins oculaires qui ont vécu les faits qu'ils nous rapportent.

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Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, il nous paraît important pour la compréhension de notre travail d'expliquer l'utilisation d'un certain nombre de concepts.

Ainsi, le choix du concept « royaume » au détriment des concepts « chefferies » et «confédération » est significatif.

Selon le Petit Robert1, la confédération se définit comme l'« union de plusieurs Etats qui s'associent tout en conservant leur souveraineté ». Quand on se réfère à l'histoire de l'Europe, on note l'exemple de la Confédération helvétique, de la Confédération de Délos pour la crise antique.

Or, pour ce qui concerne notre étude, les sept villages constitutifs correspondent plus à une « union » plutôt qu'à une quelconque « souveraineté » puisqu'ils dépendaient tous du village à qui revenait le pouvoir royal. Ce qui prouve donc que les sept villages ne sont pas indépendants les uns des autres comme on a pu le croire.

Pour ce qui est de la chefferie, le Petit Robert, la définit comme une « unité territoriale sur laquelle s'exerce l'autorité d'un chef de tribu ». Cette définition nous paraît insuffisante pour expliciter le cas du Tchaoudjo.

Cependant, selon Larousse2, le royaume est un « Etat gouverné par un roi ». Cette définition semble répondre à notre sujet d'autant plus que

l' « Etat » dans notre contexte peut englober plusieurs entités qui correspondent mieux aux sept villages constitutifs du royaume et le « roi » qui correspond au souverain ou à ouro-esso.

Kotokoli ou Cotocoli : c'est une variation graphique. Les Allemands utilisaient la première forme et les Français la seconde. Ce terme désigne l'ethnie du pays tem. Pour raison de notre contexte historique, nous avons fait usage de la forme adoptée par les Allemands : Kotokoli.

1 -Dictionnaire Le Petit Robert, 1986, p298.

2 -Dictionnaire Larousse, 1977, p341.

Pays : ce mot perd un peu de son sens premier dans notre contexte. Pour nous, il représente toute la région de peuplement tem.

Tem : nous l'avons utilisé à la fois comme nom : Les Tem sont des Kotokoli, à la fois comme adjectif : Les Kotokoli sont de culture tem. Pays tem : le territoire sur lequel vit une population dont les membres se reconnaissent traditionnellement comme les « Temba » c'est-à-dire des gens qui parlent la même langue tem.

Royaume tem du Tchaoudjo : qui fait l'objet de notre étude ne comprend que les sept villages constitutifs du royaume où seuls les Mola peuvent postuler au pouvoir royal.

Kotokoli et Tem : La nuance entre les deux noms ne devrait pas poser des problèmes.

Le Tem de l'avis de nos informateurs est l'habitant autochtone connu comme étant un agriculteur, un éleveur, un chasseur, un forgeron, un animiste, enraciné dans son milieu par ses occupations et sa culture. A propos des deux noms, Gayibor1 écrit : « Quoi qu'il en soit,

l'ethnonyme kotokoli est le plus usité de nos jours. Il semble s'identifier plus aux éléments du groupe qui sont urbanisés et islamisés alors que

le tem désignerait plutôt le monde rural et païen, le fonds ancien du peuplement. Ainsi donc cette appellation cotocoli ou kotokoli qui, à l'origine, ne semble avoir revêtu qu'une signification culturelle, s'est-elle imposée au détriment de tem ou temba, le véritable ethnonyme » C'est ce qui explique cette transmutation du tem en Kotokoli.

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1 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p350

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