WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le " retour forcé " des roumains en Roumanie, depuis 2007

( Télécharger le fichier original )
par Audrey Guitton
Université de Poitiers - Master migrations internationales 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C) Des aides à la réinsertion improductives ?

Comme nous venons de la voir, sans les aides à la réinsertion, les programmes d'aide au retour ne peuvent pas être humanitaires. Ce sont des associations locales, qui sont chargées par l'ANAEM d'effectuer un suivi social des personnes, puis de réaliser une étude de faisabilité du projet de réinsertion économique du migrant. Ce suivi social semble très difficile à obtenir en

94 Annexe 1 : extraits d'entretiens.

95 Annexe 1 : extraits d'entretiens.

96 Costa-Lascoux J., « Quels étrangers la France accueille-t-elle ? », Hommes et migrations, n°1261, juin 2006, p. 1013.

97 L'OFII ne publie pas ses statistiques concernant les aides à la réinsertion.

41

Roumanie.

De retour en Roumanie, nombreux sont ceux qui espèrent recevoir cette aide. En effet, D. m'a confié que les personnes reconduites n'avaient pas été informées du fait qu'il fallait monter un projet pour recevoir les aides à la réinsertion. Selon l'Atlas des migrants en Europe98, moins de 1 % des 8 470 Roumains retournés avec l'ANAEM en 2008 ont bénéficié d'une aide à la réinstallation. L'OFII ne publie pas ses statistiques concernant les aides à la réinsertion. Les ONG locales conventionnées par l'OFII pour redistribuer les aides à la réinsertion ne connaissent que leurs propres statistiques et n'ont aucun moyen d'avoir une vision plus globale de la situation. D. m'a expliqué avoir tenté d'en savoir plus sur ce programme.

D. - «I found out that for all the people that were sent back the year before, only 10 or 15 actually got the money.»99

Les chiffres que D. a obtenus ne sont que des estimations mais ils démontrent la très faible diffusion des aides à la réinsertion. M.P., présidente de Generatie Tanara, ONG directement conventionnée par l'OFII, est restée très vague lorsque je lui ai demandé combien de personnes avaient, effectivement, reçu cette aide.

M.P. -[Long silence.] « Je peux dire que les personnes qui arrivent et qui sont repérées chez nous, ils ne repartent pas parce que nous sommes très attentifs avec le programme médical, avec le programme de scolarisation, avec le programme social de réinsertion, avec le programme culturel que nous pouvons faire... de septembre 2000 à aujourd'hui je pense qu'il y a les trois-quarts qui sont repartis. [...] Quand je peux aider une personne à rentrer dans son pays d'origine, et avoir un parcours de vie très normal dans son pays d'origine... c'est déjà quelque chose d'exceptionnel pour la Roumanie, parce que je suis ONG, je suis une association non-gouvernementale. [...] [Les migrants], ils ne sont pas toujours tous sérieux, dommage. »100

Le premier constat concernant l'aide à la réinsertion est qu'elle est très peu diffusée. Deuxièmement, cette faible diffusion paraît volontaire. Une fois sur place, les migrants et les opérateurs locaux doivent entrer en contact, sans l'intermédiaire de l'OFII101.

M.P. - « Nous nous chargeons de faire les recherches dans les

98 Migreurop, op. cit., p. 93.

99 Annexe 1 : extraits d'entretiens.

100Ibid.

101Biro J.,Ba A., Charles, C. Mission CCFD-GISTI en Roumanie. mai 2008.

42

communautés, nous sommes en contact avec le maire, nous avons une convention avec la ville de Timisoara et nous parlons avec les autorités locales et les autorités locales nous disent qu'il y a telle situation, et après je cherche à l'ANAEM et je discute avec eux de la possibilité de faire un projet. Nous allons voir les autorités locales et ensuite les familles, parce que les autorités locales aussi peuvent avoir leur vision et leur intérêt. Nous rencontrons les familles après avoir une très bonne connaissance de leur situation. [...] De nombreuses fois nous avons été en mesure de faire un projet pour les personnes en tant qu'association. Je peux te prouver que nous avons envoyé les cadeaux, les boites avec les vêtements et les différentes choses nécessaires pour les personnes. »102

Nous pouvons voir, grâce à ce témoignage, que pour Generatie Tanara, les termes « suivi social » et « aide à la réinsertion » correspondent à de l'aide d'urgence. De plus, l'OFII, qui est pourtant le seul organisme en Roumanie sachant exactement combien de personnes sont revenues et d'où elles venaient, n'intervient que dans la dernière étape du processus. Les ONG doivent donc, rentrer en contact, avec les communautés roms de leur localité. Les ONG roms sont celles qui communiquent le plus aisément avec ces communautés. Or, l'OFII n'en conventionne aucune.

D. - «They contracted an NGO in Baia Mare to do the social reintegration of the people in Timisoara and Timis county. They don't know anything about Timis county, about the local communities and how we run things here. Also, the romanian NGOs, they don't know anything about Roma.»103

Baia Mare est à plus de 400 km de Timisoara et il faut plus de 7 heures de bus et plus de 13 heures de train pour aller d'une ville à l'autre. Rappelons que cette aide à la réinsertion est l'un des cinq axes du programme 301 « développement solidaire et migration » du ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire. En d'autres termes la réinsertion des migrants doit profiter au développement local des régions. Le fait que l'OFII ait contracté une ONG de Baia Mare pour prendre en charge la réinsertion des migrants de Timisoara, nous montre, que rien n'est fait pour qu'une réelle réinsertion locale ait lieu.

Les projets doivent être d'ordre individuel. Une commission est chargée d'évaluer les dossiers et de les sélectionner. Qui est membre de cette commission ? Est-elle en France où en Roumanie ? Quels sont les critères retenus ? J'ai tenté de trouver des réponses à ces questions sur le

102Annexe 1 : extraits d'entretiens. 103Ibid.

43

terrain.

M.P. - « [Les critères à respecter pour les projets de réinsertion sont] dans une convention qu'il nous faut respecter. Les conventions sont confidentielles, parce que nous travaillons pour les personnes, non ? [...] Elle a été rédigée en collaboration avec la Suisse, avec le secrétariat général [du SSI]. »104

Des critères existent mais M.P. n'a pas souhaité me les communiquer. D., s'occupait de l'étude de faisabilité des projets de réinsertion, au sein de Parudimos. L'ONG de Baia Mare, conventionnée par l'OFII, leur avait, en effet, sous-traité cette tache, pour les migrants originaires de Timisoara. D. n'a pas eu la chance de prendre connaissance de ces critères.

D. - «We had sent the business plan to be checked and they told us : « it's missing this, it's missing that». [...] I asked : «what are the rules ? You have

some guild line or some specific criteria to be used when you right down the business plans ?» - «No, no.» Any, they don't have any rules, nothing.»105

Ainsi, les aides à la réinsertion ne sont que très peu diffusées et que cette faible diffusion est volontaire.

Nous savons que les ARH ne sont pas humanitaires s'il n'y a pas de réelle réinsertion des migrants en Roumanie. Une réelle réinsertion des migrants entraînerait un développement local et stabiliserait, peut-être les populations. Une chose est sûre, sans réinsertion, il n'y a ni retour humanitaire, ni expulsion. Au contraire, les ARH, sans aide à la réinsertion, ne font que favoriser la circulation migratoire des roms roumains.

D.- «Maybe if they re-discuss the program and they put on the table all the factors, all the institutions involved in that... it will be better. Right now, it's just a joke. The French government tries to show to the French population that : «we send them back».»106

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire