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Problématique du crédit au secteur privé face au défis de la croissance économique en Centrafrique

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par André BONDA
Université de Bangui - Maitrise en science économique 2009
  

Disponible en mode multipage

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    INTRODUCTION GENERALE

    Dans toute l'économie moderne, le système financier occupe une place importante. Par exemple au Canada en 2006, le secteur des services financiers génèrent directement plus de 5% du Produit Intérieur Brut (PIB) et emploie plus de 550 000 personnes et l'on estime qu'un nombre équivalent d'emploi est crée de façon indirecte1. Aussi, en 2001, la capitalisation du marché financier chilien représentait 74,6% de son PIB contre un pourcentage de près de 100% aux Etats-Unis. En Afrique centrale, le système financier des Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) a connu une crise au milieu des années 80, qui de par son ampleur a compromis le processus d'intermédiation financière et handicap le financement interne des investissements2. A partir de ces exemples nous pouvons nous faire une idée de l'importance du secteur financier dans les activités économiques d'un pays.

    Pays enclavé de la CEMAC, la RCA est confrontée à de longues années d'instabilités politiques et de conflits internes qui se sont traduits par la fragilisation des institutions politiques, la destruction des infrastructures économiques et des services sociaux de base, et la forte contraction du PIB et des revenus des populations. L'économie centrafricaine est agricole; elle repose principalement sur les cultures vivrières et l'élevage qui contribuent pour 41% à la formation du PIB.

    Des événements politico-militaires que la RCA a connu entre octobre 2002 et mars 2003, ont sérieusement affecté l'activité économique nationale. Le pays est coupé en deux, et l'activité des principales entreprises du secteur privé reste concentrée sur Bangui, et l'arrière pays reste très insécurisé. Le secteur bancaire est fragilisé par une situation de liquidité tendue due à l'accumulation d'impayé de la part de l'Etat et des entreprises publiques. Pendant la crise 2003, les banques ont été sollicitées afin de contribuer à alléger les difficultés de trésorerie du secteur public en mettant en place des crédits relais. Les crédits bruts à la clientèle, qui ont représentés 69 milliards au 31 décembre 2006, sont ressortis en hausse de 11,7% par rapport à 2005. Cette évolution tient essentiellement à l'augmentation des engagements du secteur bancaire sur l'Etat. Les crédits au secteur privé n'ont augmenté que de 3,5% alors que les encours de crédits au publique diminuaient de 8,2%. Les résultats montrent que l'indice du risque et la part des actions détenues par le secteur privé sont significatifs dans la détermination de la profitabilité des banques. Plus le capital social détenu par les secteurs privés augmentent plus les banques sont rentables. Cette insuffisance de croissance à laquelle nous faisons face doit être perçue d'abord dans le contexte économique et financier centrafricain sans pour autant minimiser les effets politico-historiques. Nous devrions à ce moment, évaluer l'impact de tous les facteurs susceptibles d'influencer la croissance économique tels que les finances publiques, les investissements étrangers, le secteur touristique ou le système financier dominé par le système bancaire.

    Le système financier pris pour cible dans notre analyse et, de manière particulière, l'apport de crédit au secteur privé vont constituer la toile de fond de notre analyse, pour voir si le système bancaire pris à part, comme étant un canal du

    1 Banque du Canada « Revue du système financier », le système financier (2006). p. 3.

    2 ELANDI, M. « Politique monétaire et croissance des investissements privés : cas de la CEMAC » 2002.

    2

    système financier a offert une contribution substantielle à travers le temps dans la constitution du PIB en Centrafrique ? Et alternativement, quels sont les problèmes du crédit au secteur privé face à l'évolution du PIB en Centrafrique ? Ces questions ainsi donnent lieu à des réponses provisoires formulées dans nos hypothèses.

    Nous avons été conduit à formuler les hypothèses suivantes :

    - l'évolution du crédit au secteur privé n'influence pas la croissance du PIB en Centrafrique ;

    - le développement des marchés financiers a un impact positif sur la croissance économique en Centrafrique.

    L'objectif de cette étude nous permet d'évaluer l'ampleur du crédit au secteur privé, son évolution et sa corrélation avec les activités économiques en Centrafrique, de présenter les problèmes du crédit au secteur privé sur la croissance économique et d'étudier l'impact du crédit au secteur privé sur les activités économiques en Centrafrique.

    Comme tout travail scientifique de tel niveau, il recourt à des techniques comme un moyen ou cheminement pour assurer certains résultats. Ainsi pour atteindre notre objectif, nous avons adopté la méthodologie qui consiste en :

    - des ouvrages et articles ainsi que des recherches l'Internet dans le but de construire notre cadre théorique ;

    - des rapports et des études en provenances des institutions financières centrafricaines, de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), du FMI et de la Banque Mondiale (BM) ;

    - des entretiens avec des personnes ressources afin de recueillir les informations et les données nécessaires à notre travail ;

    - l'analyse des données recueillies sera faite à l'aide des outils statistiques et économétriques comme les tableaux, les graphiques, les calculs de pourcentages, etc.

    Suite à la disponibilité des données, nous nous sommes proposé de considérer la période allant de 2000 à 2009 et de prendre le cas de la RCA. Le Produit Intérieur Brut (PIB) et le crédit au secteur privé constituent les variables de bases de notre travail.

    Ce travail de recherche est réparti en trois chapitres. Dans le premier chapitres, nous présentons l'analyse du contexte macroéconomique et financier ; dans le deuxième chapitre nous dressons un cadre économique et financier centrafricain et le troisième chapitre sera consacré à l'importance du financement dans l'économie centrafricaine.

    3

    CHAPITRE I : ANALYSE DU CONTEXTE MACROECONOMIQUE ET

    FINANCIER.

    Le solidité du système financier exige essentiellement un contexte macroéconomique stable, un cadre juridique favorable permettant une bonne administration interne des institutions financières et une discipline externe exercée par le marché, ainsi qu'une réglementation et un cadre rigoureux. Il est presque évident que la stabilité macroéconomique est importante pour la solidité du système bancaire et financier. La mise en place et le maintien d'un système bancaire solide ne sont possibles que si les prix et d'autres variables nominales de l'économie évoluent de manière relativement stable et si l'activité économique progresse à un rythme raisonnable.

    SECTION 1 : LA SITUATION MACROECONOMIQUE ET

    FINANCIERE

    L'accélération de la croissance économique requiert en complément à la mise en oeuvre de réformes et politiques de qualité, un accroissement des investissements productifs. Ce constat largement partagé pose toutefois la question fondamentale de la disponibilité du financement. Il ressort des expériences en Amérique latine, en Asie et dans les pays développés que les banques jouent un rôle déterminant dans le financement du secteur privé moteur de la croissance économique3.

    Pour aborder à bien cette section, nous allons d'une manière générale, étudier la situation du crédit au secteur privé et la croissance économique dans le monde, dans les pays en développement et dans les pays d'Afrique.

    1.1 La Situation du crédit au secteur privé et la croissance

    économique dans le monde

    La période qui a précédé la crise financière internationale 2008 a été marquée par une surabondance de liquidé dans le monde et une expansion rapide de crédit, surtout en faveur du secteur privé. A la suite de crise, les banques soucieuses d'assainir leurs bilans mis a mal par la chute des prix d'actifs, d'absorber un nombre croissance des créances improductives et, plus généralement, de réduire leurs risques en désendettant, ont diminué leurs prêts au secteur privé4. La croissance du crédit bancaire a ainsi fortement chuté en valeur réelle et va sans doute rester atone dans la plupart des principales économies et groupes de pays.

    Les pays avancés ont cherché à contrer la récession et à consolider les bilans des banques par une injection massive de fonds publics et des mesures visant à desserrer le crédit, mais les prêts au secteur privé n'ont pas augmenté.

    3 FOUGERE J.P, VOISIN C « Le système financier et monétaire international : crise et mutation » 1990.

    4 www.pcf.fr « Crise financière : l'analyse de Denis Durant » avril 2008.

    4

    Graphique n° 1 : Le crédit bancaire réel au secteur privé, en pourcentage, en glissement annuel.

    Source : Nous même à partir des données du Fond Monétaire International, International Financial Statistics.

    Après avoir été d'environ 7% par an en moyenne jusqu'à la mi-2008, la croissance du crédit bancaire a ralenti sur le marchés établis, puis elle est devenue négative à la fin 2009. C'est au Royaume-Uni que le recul été le plus marqué en 2009 (environ 20%). Aux Etats-Unis, le crédit était en repli de près de 10% en glissement annuel au début de 2010. La zone Euro a suivi une tendance comparable.

    L'amélioration des conditions financières n'a pas relancé le crédit au secteur privé pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la dégradation de la situation économique a entraîné une baisse de la demande de crédit, dans les entreprises en vue de réduire leur productions et dans les ménages leur consommation. Ensuite, face au regain d'incertitude, la détérioration de leur situation financière et la hausse des pertes sur prêts, les banques ont durci leurs conditions de prêt et leurs bilans sont encore fragiles. Se repliant sur la qualité, elles préfèrent investir dans des obligations publiques plutôt que de prêter au secteur privé. Enfin, il se peut que les incertitudes qui entourent la future réglementation les dissuadent d'accorder des prêts.

    5

    Graphique n°2 : Le crédit au secteur privé au sein du groupe des pays émergents et en développement.

    Source : Nous même à partir des données du Fond Monétaire International, International Financial Statistics.

    Au sein du groupe des pays émergents et en développement, c'est l'Europe orientale qui a subi le ralentissement le plus prononcé de la croissance du crédit, après avoir bénéficié d'un afflux considérable de capitaux étrangers et de prêts transnationaux avant la crise. Lorsque celle-ci a éclaté, la croissance du crédit s'est effondré et n'a toujours pas commencé à se relever, en raison notamment de l'arrêt de financements étrangers au secteur bancaire. En Amérique latine, en Afrique subsaharienne, au Moyen Orient et en Afrique du Nord, la croissance du crédit a suivi plus ou moins la même évolution, avec des taux compris entre 0% et 5% à la fin 2009.

    Dans les pays émergents et en développement d'Asie, en revanche, le crédit au secteur privé ne semble pas avoir souffert de la crise financière. La croissance du crédit bancaire s'y est même accentuée durant la crise et n'a commencé à fléchir que récemment. Il faut toutefois préciser que cette évolution a été fortement influencée par la Chine, ou le crédit bancaire est en hausse régulière depuis 2005 et a atteint une croissance de 35% fin 2009, grâce aux solides perspectives de croissance économique du pays et à l'appréciation des actifs.

    L'influence indéniable du crédit et notamment du crédit bancaire, sur l'activité économique a amené les économistes à rechercher dans l'action des banques la cause principale des fluctuations de la conjoncture et des crises économiques. Toute

    6

    crise serait provoquée d'après ces derniers par une rupture d'équilibre entre la capacité d'absorption des consommateurs exprimés en termes de monnaie et la production, amplifiée par une distribution excessive de crédit5.

    Il s'agit d'une façon élégante de dire que la situation du système financier d'une économie reflète et détermine celle de l'économie réelle. Ce qui a fait du crédit une activité cruciale dans le processus de création de richesse ou de croissance économique d'une économie donnée. Sa distribution détermine dans une certaine mesure la situation économique globale. Des fonds stériles entre les mains de leur propriétaire appelés «agents non-financiers excédentaires » deviennent grâce aux intermédiaires financiers productifs entre les mains des entrepreneurs par un processus d'intermédiation dont l'essence est le crédit6. D'ou l'importance des intermédiaires financiers dans le processus de croissance économique dont la vocation première serait d'assurer et de faciliter cette intermédiation.

    1.2 La Situation macroéconomique du crédit au secteur privé dans les
    pays en développement.

    Le nouveau lien qui se resserre entre les marchés de capitaux émergents ou développés se manifeste par un essor spectaculaire des entrées de capitaux dans les pays en développement ou en transition. Dans les années 70 et 80, l'apport net total à ces pays n'était que de 10 à 20 milliards de dollars en moyenne par an soit environ 1% de leur PIB combiné. Or, rien qu'en 1991 cet apport s'est chiffré à 120 milliards, puis il a progressé constamment, atteignant 280 milliards en 1997 (plus de 4% du PIB), avant de tomber à 234 milliards en 1998 au lendemain des crises financières qu'ont connus plusieurs marchés émergents. Cette mondialisation financière grandissante et la progression des flux financiers internationaux qui la caractérise pourraient, à terme, rendre l'allocation mondiale de l'épargne intérieure dans la plupart des pays. Toutefois, les 2 dernières décennies, les marchés de capitaux internationaux sont sujets à des revirements imprévisibles, à des crises coûteuses et à la contagion. La mondialisation des capitaux présente aussi de très grands risques, car l'instabilité peut désormais se propager de façon quasi instantanée d'un pays à d'autres.

    La stabilité du secteur réel est particulièrement importante dans les pays en développement, où les structures de production sont souvent très sensibles à des chocs intérieurs et extérieurs. C'est pour cette raison que l'instabilité du secteur réel a toujours entraîné celle des systèmes financiers dans les pays en développement et que la stabilité macroéconomique a été considérée comme une condition préalable clé de la restructuration des banques dans les pays du tiers monde. Un environnement macroéconomique sain et la croissance économique sont également indispensables au développement du système bancaire viable, qui ne pourrait être sain et stable s'il n'a pas de projets bancables à financier. Les banques doivent pouvoir financer un secteur privé dynamique fonctionnant dans un cadre juridique, comprenant notamment un statut de la propriété, transparent et propice à l'exécution des contrats financiers, au recouvrement des créances et à la mobilisation des garanties.

    5 www.imf.org « Perspectives de l'économie mondiale 2010 ».

    6 ODONNAL Evan « Lien entre demande de crédit et croissance économique le cas des crédits aux sociétés en France sur la période récente » 1997. p. 139.

    7

    Les banques demeurent la pierre angulaire du système financier des pays en développement. De fait comme l'indique la banque Européenne pour la reconstruction et le développement7, les banques des pays en développement jouent un rôle encore plus grand dans le financement de l'activité économique intérieure que celle de bien des pays en développement. Elles empruntent en assurant aux épargnants que leurs dépôts sont liquides et en sécurité, et elles transforment une partie considérable de ces dépôts en prêtant à des emprunteurs qui, pour une raison ou en autre, sont incapables d'émettre des titres négociables sur des marchés actifs. En déterminant la solvabilité d'un emprunteur, les banques analysent la rentabilité sous-jacente du projet à financer au moyen d'information différente de celle dont dispose l'emprunteur. L'efficacité avec laquelle les banques jouent le rôle dépend aussi de la concurrence dans le système bancaire et de la situation macroéconomique. Si les banques de nombreux pays en développement manquent autant de compétitivité, c'est principalement en raison des ingérences de l'Etat.

    Les nombreux chocs macroéconomiques que connaissent les pays en développement peuvent également affaiblir leur système financier. Les problèmes de crédit sont beaucoup plus susceptibles de toucher l'ensemble du système bancaire quand ils découlent d'une évolution négative imprévue des termes de l'échange qui affecte un grand produit d'exportation. En phase macroéconomique descendante, il y a moins de projets d'investissements rentables à financer, et les emprunteurs confrontés à une baisse de revenus ont du mal à assurer le service de leur dette8. Ces effets ont été intensifiés dans certains pays en proie à la crise financière. La fragilité du système bancaire à tendance à apparaître brusquement, surtout dans les pays en développement. Si le remboursement des prêts bancaire est incertain, les déposants peuvent perdre confiance en la capacité des banques à respecter leur obligation, ce qui pourrait causer une panique financière. Cette possibilité conjuguée au fait que les banques dépendent beaucoup de l'effet de levier, rend le système bancaire particulièrement vulnérable à de brusques accès d'instabilité.

    Les problèmes financiers contraignent les banques des pays en développement à liquider les garanties des prêts dont le remboursement était demandé, d'ou une forte baisse des actifs, principalement immobiliers, financés sur les prêts bancaire.

    1.3 La Situation macroéconomique du crédit au secteur privé en Afrique subsaharienne

    Le retard de développement des systèmes financiers d'Afrique sub-saharienne par rapport à ceux de la plupart des pays émergents est un phénomène sur lequel la littérature économique s'accorde largement. Seuls quelques rares pays, comme l'Afrique du Sud et l'Ile Maurice, font figure d'exception9. Des progrès importants ont été accomplis au cours des 10 dernières années et ceci a contribué à stimuler la croissance économique dans les pays d'Afrique sub-saharienne. Depuis 2000, la majorité de ces pays ont vu leurs crédits accordés au secteur privé croître plus rapidement que le PIB. Cette tendance encourageante est soutenue par une inflation en baisse dans la plupart des pays africains, ainsi qu'une dynamique de libération

    7 «Régulation de systèmes financiers et croissance » (OCDE),2006.

    8 La dette est ce que doit le débiteur à son créancier.

    9 www.imf.org « perspectives de l'économie d'Afrique subsaharienne »

    8

    des taux d'intérêts et des marchés de devises qui a donné aux banques plus de flexibilité pour mobiliser et allouer des financements aux emprunteurs solvable.

    Malgré ces résultats pourtant encourageants, le ratio crédit au secteur privé sur le PIB demeure relativement bas en Afrique sub-saharienne.

    Tableau n° 1: Le crédit accordés par les banques au secteur privé par rapport au PIB en pourcentage.

    Pays

    2000

    2007

    Pays

    2000

    2007

    Angola

    1,2

    7,9

    Guinée

    3,5

    6,2

    Bénin

    10,9

    17,6

    Guinée biseau

    7,2

    4,9

    Botswana

    12,5

    17,9

    Kenya

    25,2

    25,3

    Burkina Faso

    10,9

    16,8

    Lesotho

    13,9

    9

    Burundi

    17,2

    20,1

    Madagascar

    8,1

    9

    Cameroun

    7,8

    8,9

    Malawi

    4,6

    6,2

    Cap vert

    38,1

    44,5

    Mali

    15

    17,2

    Centrafrique République

    4,3

    6,4

    Maurice

    56,7

    76,7

    Tchad

    3,5

    2,7

    Mozambique

    1,5

    1,2

    Comores

    8,4

    5,7

    Namibie

    42,3

    55,6

    Congo République

    Démocratique

    0,7

    2,8

    Niger

    4,6

    8,8

    Congo République du

    5,8

    2,4

    Rwanda

    9,5

    10,2

    Cote d'ivoire

    15

    14,7

    Nigeria

    109

    18,3

    Guinée Equatoriale

    2,7

    2,5

    Sao tomé & principe

    4,2

    27,1

    Erythrée

    26,5

    24,6

    Sénégal

    16,5

    21,8

    Ethiopie

    17,9

    17,3

    Seychelles

    15,4

    314

    Gabon

    8,3

    10,2

    Afrique du sud

    64,5

    75,3

    Gambie

    11,5

    14,9

    Tanzanie

    3,9

    12,4

    Ghana

    1,2

    16,8

    Togo

    16

    18,8

    Source : Fonds Monétaire International (FMI).

    Dans la majorité des pays y compris ceux ayant connu une forte croissance sur la dernière décennie, la part des crédits accordés par les banques au secteur privé n'a pas dépassé 20% du PIB en 2007. En outre, la plupart des pays qui n'appartiennent pas à cette catégorie, restent en général proches de ce ratio puisque cette part y atteint au maximum 25 %. Seuls les Seychelles (35 %), le Cap Vert et la Namibie (environ 50 %), ainsi que l'île Maurice et l'Afrique du sud (plus de 75 %) affichent des ratios comparables à ceux des pays en développement. Dans les pays d'Amérique latine et d'Asie, le Brésil, le Costa Rica, la Colombie, le Mexique, l'Inde et Sri Lanka, les ratios ont progressé très rapidement pour atteindre le seuil des 40 %

    9

    (en 2007) dans la majorité des cas. Les pays d'Europe centrale et orientale où ce ratio était également faible au début de la décennie ont connu une explosion de crédits qui ont ainsi généralement dépassé les 40 % du PIB. Ainsi, même si l'on observe une amélioration de l'intermédiation en Afrique, force est de constater que les avancées dans le domaine ont été beaucoup plus rapides que dans le reste du monde. Les analyses sur les moyens de développer l'intermédiation financière en Afrique, afin d'améliorer l'accès au crédit, notamment pour les Petite et moyenne entreprises (PME), ne manquent pas.

    Au cours des 10 dernières années, les pays africains ont mis en oeuvre d'importantes réformes visant à améliorer l'environnement juridique, administratif et judiciaire dans ces domaines. Mais les progrès ont été inégaux. Les normes comptables se sont améliorées dans de nombreux pays, renforçant ainsi la transparence financière. La création d'un marché obligataire régional dans les pays de l'Union Economique et Monétaire d'Afrique de l'Ouest (UEMOA) et la naissance d'un marché similaire dans les pays de la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC) ont également aidé à mobiliser des financements à long terme. Dans la mesure où les marchés obligataires sont limités, les banques de développement régional telles que BOAD au sein de l'UEMOA, la BDEAC dans la région CEMAC, ainsi que certaines banques de développement publiques locales, jouent un rôle majeur dans l'octroi de financement à long terme. Néanmoins, certains facteurs non économiques peuvent malheureusement parfois influencer l'allocation de crédit par ces institutions, ce qui limite leur impact. Les principes de la micro finance, selon lesquelles les groupes d'emprunteurs sont coresponsables du remboursement des prêts de chacun, peuvent favoriser l'accès au crédit au système ou les contrats sont rarement respectés. Le faible montant du crédit constitue la principale limite de la micro finance. Pourtant, dans un certain nombre de pays le Sénégal et le Bénin, les principaux réseaux de la micro finance sont parvenus à ce refinancer auprès des banques et ont ainsi pu augmenter le montant de leurs prêts.

    En conclusion l'amélioration de l'accès au crédit en Afrique sub-saharienne demeure un processus long et difficile, mais les expériences traversées par d'autres régions du monde montrent que les obstacles peuvent être surmontés, à condition de mettre en oeuvre les reformes indispensables pour faire évaluer l'environnement de crédit. Il s'agit notamment d'améliorer la circulation de l'information, de mettre en place des normes comptables appropriées, de diversifier les produits de crédits, de perfectionner les mécanismes de recouvrement de créances d'exercer des sûretés et de renforcer les incitations au respect des contrats.

    SECTION 2 : LA REVUE DE LA LITTERATURE

    Cette section nous permet de voir les littératures théoriques et empiriques entre le développement financier et la croissance économique.

    2.1 La Revue de la littérature théorique

    2.1.1 Les Premières contributions

    Les relations entre le développement et la croissance économique ont reçu beaucoup d'attention à travers l'histoire moderne de l'économie. Leurs racines se

    10

    retrouvent dans les travaux de Bagehot (1873), et de Schumpeter (1912)10. En effet un des premiers économistes qui ont lié la finance à la croissance est Walter Bagehot. Bagehot affirme que la caractéristique distinctive du marché financier était la facilité dans la motivation des épargnes vers le financement des différents projets d'investissements à long terme. Cet accès facile de l'entrepreneur au financement externe était d'une importance cruciale dans l'implémentation de nouvelles technologies dans le Royaume-Uni. Cependant, la plus importante contribution sur le développement financier et économique vient de Schumpeter (1912). Schumpeter a utilisé la relation entre le banquier et l'industrialiste pour illustrer l'importance du système financier dans le choix de l'adoption des nouvelles technologies. Il a affirmé que les services financiers sont primordiaux dans la promotion de la croissance économique. Selon lui, la production nécessite du crédit pour se matérialiser et quelqu'un peut devenir entrepreneur s'il a précédemment été un débiteur. Le crédit c'est ce que l'entrepreneur veut le plus. Il est le débiteur typique dans la société capitaliste; le banquier est donc l'agent clé dans le processus.

    Plus tard, Gurley et Shaw (1955)11 ont aussi souligné l'importance de l'intermédiation financière dans le processus dans le processus de développement à travers la mobilisation de l'épargne bancaire et l'octroi de crédit. D'autres auteurs comme Patrick (1966) ont repris les idées de Gurley et Shaw pour montrer que la présence d'un système financier efficace permet d'augmenter les épargnes mobilisées et conduit à une meilleure allocation des ressources vers les projets d'investissements. Au début des années 70, le concept de libération financière est apparu avec les travaux de Mc Kinnon et Shaw (1973)12 dont l'analyse visait à montrer que dans le cadre d'une économie dans laquelle il y a une répression financière13, la fixation du taux d'intérêt au-dessous de leur valeur d'équilibre réduit l'épargne, fixe l'investissement au-dessous de son optimal et détériore la qualité de ce dernier.

    2.1.2 Le Développement financier et la croissance économique

    Depuis une quinzaine d'année une littérature importante se développe sur l'étude du lien entre le développement financier et la croissance économique. Les auteurs s'accordent du moins sur le plan théorique qu'un bon fonctionnement du système financier exerce un effet favorable sur la croissance économique. Mais avant d'étudier la relation entre le développement financier et la croissance économique, il y a un préalable qui est de savoir ce qui détermine le développement financier.

    2.1.2.1 Les Déterminants du système financier

    L'hypothèse de la double causalité entre le développement du système financier et la croissance économique a été largement discutée dans la littérature

    10 Voir Romona Jimboréan, « La croissance économique et le développement financier : le cas des pays d'Europe centrale et orientale».

    11 Voir Sodokin Koffi, « Epargne système de financement et développement économique en Afrique: une alternative post-keynésienne».

    12 Voir Romona Jimborean.

    13 La répression financière peut être définie comme étant les différentes interventions de l'Etat sur le secteur privé (une réserve obligatoire élevée ou une fixation du taux d'intérêt).

    11

    théorique. Le développement stimule la croissance économique et celle-ci en retour accroît l'activité des intermédiaires financiers14. La croissance économique n'est évidemment pas le seul déterminant du développement financier ; la littérature économique identifie plusieurs autres facteurs que nous allons classer en 2 catégories principales :

    - Les institutions légales et économiques;

    - Les facteurs politiques, économiques et structurels.

    Rechercher les facteurs déterminant du système financier relève d'une importance capitale, en ce sens que cela peut aider les décideurs économiques à mettre en place des réformes pour promouvoir un système financier porteur de croissance économique.

    2.1.2.1.1 Les Institutions légales et économiques

    Selon North (1990)15, les institutions comprennent toute forme de contrainte que les êtres humains conçoivent pour encadrer les interactions humaines. Ces contraintes incluent ce qui est interdit de faire (aux individus) et, parfois, dans quelles conditions quels individus sont autorisés à entreprendre certaines activités. En d'autre terme, elles sont le cadre dans lequel les interactions humaines ont lieu. Les institutions sont généralement classées en quatre catégories:

    - les institutions légales qui déterminent le type de système légal, la définition et l'application des règles de loi, en particulier les droits de propriété ;

    - les institutions économiques qui définissent l'ensemble des règles qui gouverne le processus de production, d'allocation et de distribution des biens et services, y compris les règles de régulation de marchés ;

    - les institutions politiques qui se rapportent au type de système politique et aux règles électorales ;

    - les institutions sociales qui couvrent habituellement les règles ayant trait à l'accès à l'éducation, à la santé et au système de sécurité social.

    Les institutions légales et les institutions économiques sont celles qui déterminent l'activité financière. De façon spécifique, ce sont d'une part les règles de droit et l'effectivité de l'application de la loi (institution légale), et d'autre part le système de supervision et de régulation bancaire (institution économique).

    14 Les intermédiaires financiers apparaissent dans une approche macroéconomique comme des agents qui adaptent la capacité de financement l'économie à son besoin de financement.

    15 J.C. Barthélemy et A. Varoudakis « Politique de développement financier et croissance ». p. 52.

    12

    2.1.2.1.2 Les Facteurs politiques, économiques et structurels

    Dans la littérature de l'économie politique, les auteurs ne s'intéressent pas aux facteurs exogènes qui déterminent les institutions mais aussi aux facteurs endogènes qui déterminent les changements dans les institutions ou la mise en place de réformes. Ainsi la théorie de groupe de pressions (Rajan et Zingalas, 2003)16 considère que la mise en place des réformes visant à promouvoir le système financier dépend du rapport de force entre les perdants et les gagnants des réformes. Si les perdants ont plus d'appuis politique que les gagnants, il n'y aura pas de réformes ce qui sera défavorable au développement financier. En outre parmi les facteurs politiques pouvant influencer le niveau du développement financier, il y a aussi la stabilité politique (ou l'absence d'instabilité politique majeure comme les conflits armés) qui est nécessaire au bon fonctionnement du système financier. Il y a également d'autres facteurs non politiques peuvent déterminer le niveau du développement financier. Nous avons identifié 2 groupes qui sont les facteurs économiques à savoir la croissance économique et l'inflation et les facteurs structurels relatifs à la nature du détenteur de capital des plus grandes banques du système financier (l'Etat et les banques étrangères).

    2.1.2.2 La Régulation bancaire17

    L'efficacité de la régulation prudentielle et de la supervision des banques est essentiellement pour réduire les risques d'instabilité financière, et assurer un bon fonctionnement de l'économie dans son ensemble parce que le système bancaire joue un rôle prépondérant dans le système de payement ainsi que dans la mobilisation et l'allocation de l'épargne. La tâche du régulateur est de faire en sorte que les banques conduisent leur activité de manière saine et sure que leurs fonds propres et réserves soient suffisants pour faire face au risque qu'elles encourent. Un contrôle bancaire ferme et efficace fournit un bien public que le marché peut ne pas être en mesure d'offrir complètement, et qui, parallèlement à une politique macroéconomique efficace, contribue de façon déterminante à la stabilité financière.

    Les faiblesses du système bancaire constituent non seulement une menace pour la stabilité financière du pays, mais également pour celle des autres pays à cause des phénomènes de contagion. Par conséquent, les moyens à mettre en oeuvre pour renforcer la solidité des systèmes financiers ont fait l'objet d'une attention particulière sur le plan international. C'est le comité Bale crée en 197418, regroupe les banques Centrales et les organismes de réglementation et de surveillance bancaire des principaux pays industrialisés dont les représentants se rencontrent à la banque de Règlements internationaux (BRI) à Bale pour discuter des enjeux liés à la surveillance prudentielle des activités bancaires. Les organes prudentiels nationaux devraient appliquer les principes dans l'exercice du contrôle de l'ensemble des organisations bancaires placées sous leur juridiction. Ces principes constituent les exigences minimales qui, dans de nombreux cas, peuvent avoir à être complétées par d'autres dispositions destinées à prendre en compte des situations et risques propres au système financier de chaque pays.

    16 Revue économique de l'OCDE (2006) « La réglementation des système financier et croissance économique dans les pays de l'OCDE ». p. 76.

    17 www.banducanada.ca revue du système financier « Le système financier».

    18 Revue économique de OCDE 2006 « La régulation des systèmes financiers et la croissance économique».

    13

    2.1.3 L'Activité des intermédiaires financiers et la croissance économique

    Nous allons exposer la manière dont les intermédiaires financiers, en assurant leurs différentes fonctions, stimulent la croissance économique par l'intermédiaire de l'accroissement des échanges, l'accumulation de capital et l'augmentation de la productivité des facteurs.

    2.1.3.1 Structure du système financier et la croissance économique

    Le lien entre la structure financier et la croissance économique fait l'objet d'un débat qui date depuis des années. Cette polémique est principalement basée sur la comparaison entre l'expérience de développement des pays qui ont développés en priorité les marchés des titres (Angleterre et Etats-Unis) et de ceux se sont appuyés en priorité sur le système bancaire (Allemagne et Japon).

    De manière générale, 4 courants19 s'affrontent dans la quête de la croissance économique à partir d'une approche structurelle particulière.

    Pour les tenants du premier point de vue, les systèmes qui reposent sur les intermédiaires financiers sont plus favorables à la croissance économique. Selon eux, les institutions financières peuvent exploiter l'économie d'échelle dans le traitement de l'information et améliorer le hasard moral par l'intermédiation d'un contrôle efficace.

    Le 2nd courant soutient que les systèmes financiers qui reposent sur le marché financier stimulent davantage la croissance économique. Les marchés financiers offrent ainsi aux entreprises la manière la plus efficace pour profiter de la liquidité disponible et facilitent le lien entre la compensation managériale et la performance de l'entreprise.

    La 3rd approche met l'accent sur les services financiers. Une conception qui priorise un environnement favorable, où les institutions financières et le marchés financiers sont en mesure de fournir des services financiers solides et fiables.

    Le dernier courant de pensée insiste sur le cadre légal. Il soutient que les aspects juridiques et réglementaires jouent un rôle de 1er plan dans la mise en place de services financiers dans la perspective de la croissance économique. Les droits légaux et les mécanismes d'application favorisent l'allocation efficiente du marché et facilitent les opérations financières.

    Une étude récente de l'OCDE (2006)20 a abondé dans le même sens, en mettant l'accent sur la qualité de la régulation du système financier comme un facteur de progrès économique.

    19 www.banducanada.ca revue du système financier « Le système financier »

    20 Revue économique de OCDE 2006 «La régulation des systèmes financiers et la croissance économique».

    14

    2.1.3.2 La Structure du système financier a-t-elle un impact sur la croissance économique

    La relation entre la structure du système financier et l'efficacité avec laquelle l'épargne est investie dans l'économie, a été au coeur d'un débat intense sur les avantages et les inconvénients du système financier dominé par les banques. Le 1er système s'apparente à une économie de marchés et le 2nd à une économie d'endettement.

    Dans les années 80, où les performances de l'économie américaines étaient faibles en comparaison de celles du japon, la structure du système financier dominé par les banques apparaît comme l'élément déterminant de ses performances économiques. Selon le point de vue de Thurow (1992)21 l'organisation du système financier américaine est l'opposé du système financier Allemand et Japonais. Les entreprises japonaises peuvent investir dans des projets à long terme grâce à leur actionnariat durable, alors que les entreprises américaines ne peuvent pas se le permettre à cause de la volatilité de leur actionnariat. Mais, les faibles performances de l'économie japonaise dans les années 90, ont apporté un bémol à ce point de vue. En particulier, il est apparu que la dépendance à long terme d'une entreprise au financement d'une banque peut accroître son coût de financement à cause du comportement rentier de la banque.

    Dans la théorie économique, on ne peut pas juger de la supériorité d'un système par rapport à un autre. En revanche dans les études empiriques les résultats sont assez clairs.

    2.1.3.3 L'Impact du développement financier sur l'accumulation du capital, la productivité des facteurs et l'intensité des échanges commerciaux

    Déjà en 191222, Schumpeter avait mis l'accent sur le rôle primordial des banquiers, qui par leur ciblage et financement des entrepreneurs, encouragent l'innovation technologique, l'accumulation de capital et stimulent ainsi la croissance économique. Ainsi le développement financier stimule la croissance économique à travers l'accroissement du taux d'investissement, l'allocation du capitale aux projets les plus productifs et l'intensification des échanges commerciaux.

    Pour arriver à cette fin, les intermédiaires financiers assurent 5 fonctions principales recensées par Levine (2004)23 :

    - acquérir des informations sur le projet et favoriser l'allocation optimale des ressources;

    - faciliter des transactions financières et commerciales, la gestion des risques et la diversification des actifs;

    - assurer la surveillance des investissements, exercer un contrôle sur la gestion des entreprises après le financement des projets;

    21 J.C. Barthélemy et A. Varoudakis « politique de développement financier et croissance ».

    22 Voir Ramona Jimborean « la croissance économique et le développement financier : cas des pays d'Europe orientale » p. 6.

    23 Voir Pierre Jacquet, J. P. Pullin «Le système financier et croissance économique».

    15

    - assurer la mobilisation de l'épargne;

    - faciliter l'échange des biens et services.

    Les intermédiaires financiers grâce à leur fonction de recherche d'information sur le projet, de facilitation des transactions, de gestion de risques, de contrôle des entrepreneurs, de mobilisation de l'épargne et de facilité les échanges des biens et services, stimulent la croissance principalement à travers le taux d'investissement, la productivité du capital et les échanges commerciaux. Alors que tous les systèmes financiers remplissent ces fonctions, il existe de grand différence dans la façon dans chacun les assure. C'est ce qui détermine l'impact du développement financier sur la croissance économique.

    2.1.3.4 Le Dualisme financier et la croissance économique

    Dans la plupart des pays en développement, le système financier est caractérisé par la coexistence de 2 secteurs financiers, l'un formel et l'autre informel; situation désignée par le terme «dualisme financier»24. En général, le secteur formel est un secteur organisé, institutionnalisé, axé sur les zones urbaines tandis que le secteur informel inorganisé et non institutionnaliser, se retrouve en grande partie en milieu rural. Ce dualisme financier peut affecter la croissance économique à travers ses effets sur la répartition de crédit. En effet, selon Gremidis, Kessler, et Meghir (1991)25, le dualisme financier introduit des distorsions régionales et sectorielles entre la collecte de l'épargne et son affectation. Il entraîne donc un développement inégal des diverses activités, selon l'accès qu'elles ont aux différentes sources de crédit. Entre autre le secteur informel est considéré par les tenants de la libération financière comme un signe de répression financière et nuisible à la croissance économique. Par conséquent suite à la libération financière, le secteur financier informel devrait faire face à la concurrence accrue du secteur financier organisé et la concurrence de ce dernier conduirait à la disparition du premier. Néanmoins, selon l'école néo-structuraliste, le secteur informel est un secteur de croissance économique au lieu d'être un handicap. En effet selon cette école, le secteur financier informel est plus efficace que les banques dans l'allocation des ressources puisque ces derniers doivent détenir des réserves obligatoires. Dans ce cas, des politiques financières visant à développer le système financier formel peuvent réduire la croissance car le fonds disponible sur le secteur productif diminue, étant donné qu'une partie de l'accroissement de dépôt va venir alimenter les réserves obligatoires. Ce point de vue des néo-structuralistes est discutable puisque le système financier ne se limite pas au secteur bancaire.

    2.1.3.5 La Micro finance et la croissance économique

    La banque mondiale a estimé qu'environ un milliard de personne à travers le monde vivent dans la pauvreté mais plusieurs d'entre eux seraient capables de

    24 Venet Batiste « théorie de la libéralisation financière et dualisme financier » 1996.

    25 Dimitri Germinis, Dénis Kessler, Rachel Meghir «Système financier et développement : quels rôles pour les secteurs financiers formel et informel»

    16

    développer des entreprises s'ils pouvaient accéder à des services financiers26. En effet les programmes de micro crédit ont permis aux pauvres de se créer des emplois en développant de petits projets et de s'entraider mutuellement pour sortir de l'état de pauvreté. En outre, les autres services accompagnant ces programmes ont eu des effets importants sur la vie socio-économique des populations desservies: mobilisation de l'épargne, formation dispensée aux pauvres, etc.

    L'expérience a montré que les micro-entrepreneurs n'ont pas besoin de subvention, mais d'un accès rapide et moins contraignant à des services adaptés à leur besoin et au contexte local. Le micro-crédit constitue donc un instrument puissant de lutte contre la pauvreté puisqu'il permet aux pauvres d'augmenter leurs revenus et d'améliorer leurs conditions de vie, d'accroître leur productivité et leur efficacité, de développer des micro-entreprises, de réduire les risques auxquels ils sont confrontés27. Donc les succès obtenu en matière d'offre de services financiers aux pauvres ont donné une lueur d'espoir aux organismes de développement, gouvernements, bailleurs de fonds et aux bénéficiaires28. Cependant le micro-crédit doit trouver un compromis entre la viabilité de l'institution et l'accessibilité à un plus grand nombre de pauvres. Bref, l'impact de la micro finance sur la croissance passe donc par la lutte contre la pauvreté afin que les personnes défavorisées puissent survivre et entreprendre de petites activités économiques.

    2.1.4 La Libération financière et croissance économique

    A l'échelle internationale, le secteur qui est allé le plus loin dans l'internationalisation a été celui du service financier. En effet la dérégulation survenue à des degrés divers dans tous les pays industrialisés et en partie dont les pays émergents et en développement, ainsi que la révolution des télécommunications ont permis la mise en place d'un vaste marché financier de dimension mondiale fonctionnant 24h/24. Le phénomène d'ouverture des frontières à l'échelle multilatérale et régionale bouleverse la stratégie spatiale des facteurs de services financiers et les obligent à adopter de nouvelles formes organisationnelles pour mieux s'insérer dans ce nouveau contexte. En effet, les services financiers constituent un secteur important et en expansion dans presque toute l'économie qu'elles soient développées ou en développement. Leur croissance est particulière forte dans les économies en développement de modernisation rapide. En plus le secteur des services financiers est beaucoup plus important que ne laisse supposer sa part directe dans l'économie et constitue en fait l'épine dorsale de l'économie moderne.

    2.1.5. De la répression financière à la libération financière

    S'inscrivant dans la filiation de Gurley et Shaw (1960), Mc Kinnon et Shaw (1973)29 développèrent un cadre d'analyse dont la répression financière constitue la toile de fond. Selon ces 2 auteurs, l'intervention du pouvoir public dans le financement du marché financier conduit à un découragement de l'épargne, un

    26 Une étude récente effectuée par Robinson (1996) montre que dans les pays en développement, 20% seulement des ménages ont accès à des services financiers (excluant la majorité des pauvres).

    27 Hartmut Schneider : «La micro-finance pour les pauvres»

    28 www.imf.org «Lutter contre la pauvreté dans les pays en développement».

    29 Cité par Duc Khuang Nguyen : «Libération financière et marchés émergents».

    17

    rationnement de crédit et l'affectation non optimale de ressources. Si l'Etat fixe arbitrairement les taux d'intérêts réels (à travers la fixation des taux d'intérêts nominaux) au-dessous de leur valeurs d'équilibre de marché, il réduira la croissance dans la mesure ou :

    - cela réduit la quantité de fonds disponible pour l'investissement via les dépôts bancaires ;

    - cela affecte la qualité de l'investissement la modification du comportement des intermédiaires financiers.

    L'analyse de Mac Kinnon et Shaw vise donc à montrer que dans le cadre d'une économie réprimant financièrement la fixation du taux d'intérêt au-dessous de leur valeur d'équilibre :

    - réduire l'épargne (baisse des dépôts bancaire) au profit de la consommation courante ;

    - fixer l'investissement au dessous de son niveau optimal ;

    - dévorer la qualité de l'investissement dans la mesure où les banques sont forcées par le gouvernement de financer des projets à faible rendement.

    L'approche de Mac Kinnon et Shaw conclut donc, invariablement à souligner le caractère néfaste de la répression financière. La mise en place du taux nominal administré ou de réserves obligatoires et la poursuite de politique monétaire trop laxiste génératrices d'inflation affecteraient négativement la croissance économique30. A contrario, la libération financière parce qu'elle permettrait le développement financier, serait à même d'accélérer le développement économique.

    2.1.6 Le Développement financier et croissance endogène

    Le développement de la théorie de croissance endogène au cours des années

    80 a relancé l'intérêt des études dans le domaine financier et a permis de montrer que le facteur financier peut avoir des effets non seulement sur le niveau de la productivité, mais aussi sur les taux de croissance. S'inspirant du modèle de Romer, Pagano (1993)31 a présenté un modèle simple de croissance endogène permettant de synthétiser l'ensemble des effets importants que l'on puisse observer entre la croissance économique et le développement financier. Pour analyser l'impact financier sur la croissance économique, ils considèrent une économie dans laquelle les firmes produisent un bien unique pouvant être consommé ou investi et utilisent une technologie à rendement constant. La relation montre que le développement financier peut affecter la croissance économique en empruntant 3 canaux : augmenter d'abord la proportion des épargnants investis, améliorer ensuite la productivité marginale du capital et augmenter enfin le taux d'épargne.

    30 Revue OCDE (2006) « La régulation des systèmes financier » p.10.

    31 Gavip turunçe « le développement du secteur financier et croissance économique : le cas des pays émergents méditerranéens ». p.92.

    18

    2.2 La Revue de la littérature empirique

    Les principales études économétriques cherchant à étudier l'impact des systèmes financiers sur la croissance économique proviennent des travaux précurseurs de Goldsmith (1969), Mac Kinnon et Shaw (1973)32. Leur problématique cherchait à mesurer les conséquences en termes de croissance politique de répressions financières mise en place après les différents conflits mondiaux et la crise des années 30. Les secteurs financiers accèdent la croissance économique et améliorent les performances d'une économie en facilitant le développement de capitaux vers les secteurs les plus productifs. Pour Mac Kinnon, l'essor des marchés financiers et l'approfondissement de l'intermédiation aident le développement économique, en opposition à la situation où les investisseurs sont contraints de s'autofinancer intégralement. Une bonne politique économique constituerait donc à favoriser l'approfondissement financier et certainement pas à contraindre le développement des activités de l'intermédiation.

    2.2.1 L'Approfondissement financier et croissance économique

    Les liens entre l'approfondissement financier et croissance économique ont fait l'objet de nombreux travaux empiriques dans les années récentes ; tout investisseur est principalement confronté à 2 types de risques : un risque de liquidité et un risque individuel. Le 1er est lié à l'incertitude concernant la conversion d'un actif financier en moyen d'échange. Cette transformation est plus difficile lorsqu'il existe des asymétries d'information ou des coûts de transaction. L'existence d'un marché financier peut réduire l'importance de ces imperfections de marché, réduire le risque de liquidité et favoriser ainsi le développement de la sphère réelle. En effet les projets dans les rendements les plus élevés nécessitent souvent une immobilisation longue du capital. Or ceci n'est pas compatible avec les intérêts de l'épargnant. En l'absence de système financier, les risques de liquidité peuvent inciter les agents à financer les projets moins rentables mais qui requièrent une immobilisation courte des fonds. En revanche la présence d'une banque qui transforme les ressources courtes (dépôts) en emploi long (crédit) ou des instruments financiers en investissements longs ou illiquides favorisait la réduction du risque de liquidité.

    L'idée selon laquelle l'approfondissement financier a un impact sur la croissance du fait d'une meilleure mobilisation de l'épargne à la foi domestique et externe se retrouve souvent dans la littérature. En l'absence du système financier, les agents en seront réduits à s'autofinancer leurs projets d'investissements. Ainsi comme l'épargne constitue un préalable à tout investissement et que l'accumulation du capital est l'origine de la croissance, il est nécessaire que le développement des structures financières destinées à faciliter la constitution de l'épargne financière. Pour Mac Kinnon, comme pour Shaw, le développement de la sphère financière constitue donc une condition nécessaire au développement économique33. On peut compléter cette information en ajoutant que la collectent de l'épargne sur une grand échelle induit des coûts de transaction difficilement supportables par un seul individu. Dans

    32 Voir Ramona Jimborean «La croissance économique et le développement financier : cas des pays d'Europe orientale ».p.68.

    33 J.C Barthélemy et A. Varoudakis : « Politique de développement financier et croissance économique » p.32.

    19

    ces conditions la mobilisation de l'épargne est facilitée par la mise en place du système financier.

    Certaines études étudient directement la corrélation entre approfondissement financier et croissance économique ; lorsqu'on se borne à une analyse de ce type, le lien mis en évidence est souvent très fort. Spears (1992)34 obtient une corrélation proche de 1 entre l'approfondissement financier et croissance dans 9 des 10 pays africains qui composent son échantillon. Malheureusement l'absence de la prise en compte d'autres variables peut laisser un problème d'identification et donne une surévaluation de l'impact du développement financier sur la croissance de la sphère réelle. C'est pourquoi la plupart des études postérieures intègrent d'autres variables inspirées des modèles traditionnels de croissance ou des théories de la croissance endogène, de manière à contrôler la relation entre l'approfondissement financier et la croissance et utilisent des panels (plusieurs pays sur plusieurs périodes). Les résultats sont alors beaucoup plus mitigés. Lorsqu'on traite de grands échantillons comprenant les pays en développement de divers continents un impact des variables d'approfondissement financier est généralement obtenu. King et Lévine (1995)35 mettent ainsi en évidence un impact du ratio « actifs liquide du secteur financier/PIB » significatif au seuil de 5 %.

    Ces auteurs ont validés par une analyse de panel l'idée suivent laquelle l'impact de l'approfondissement financier sur la croissance ne se manifeste qu'à partir d'un certain seuil (M2/PIB au moins égal à 36,5 %). Or la plupart des pays africains ont des ratios M2/PIB inférieurs à ce seuil. Mais la recherche empirique a mis parallèlement en oeuvre une démarche très différente, fondée sur l'analyse statistique de causalité.

    Un des premiers travaux utilisant l'analyse de causalité est l'article de Jung (1986), effectué sur 56 pays, industrialisés ou en développement. En ce qui concerne les pays en développement, l'analyse de la causalité unidirectionnelle montre que 24 pays présentent une causalité allant du financier au réel contre 14 en sens inverse. L'analyse de Patrick semble donc globalement validée, mais de façon non systématique. Les variables utilisées sont d'une part la croissance économique (PIB réel/habitants) et d'autre part diverses variables d'approfondissement financier :

    - ratio M2 / PIB ;

    - ratio quasi-monnaie/M2, variable destiné à rendre compte des progrès de l'intermédiation financière dans la mesure où c'est au travers de la croissance des dépôts à terme et l'épargne ;

    - l'encours nominal de crédits au secteur privé ; - l'encours réel de crédit par habitants.

    34 Kangni Kpodar « Développement financier, instabilité financière et croissance économique : implication pour la réduction de la pauvreté ». p : 54.

    35 Voir Ramona Jimborean « La croissance économique et le développement financier : cas des pays d'Europe orientale ».p.34.

    20

    2.2.2 Une Revue des travaux appliqué sur le lien entre développement et

    Croissance

    Les études empiriques du lien entre développement financier et croissance économique, à partir de données transversales ou en panel sont maintenant nombreuses. Leurs conclusions sont relativement concordantes quand à l'impact positif du développement financier sur les taux d'investissement et sur la productivité du capital et partant sur la croissance.

    Cependant, certains auteurs ont commencé à émettre certains doutes quant à la solidité du lien empirique entre le développement financier et la croissance. Ram (1999)36 montre que lorsqu'on utilises des données annuelles dans une majorité des pays en développement, il n'existe pas de relation positive entre l'indicateur du développement financier (actif liquide du PIB) et le taux de croissance du produit par tête mise en lumière ne se vérifie plus lorsque l'on restreint leur échantillon aux seuls pays d'Afrique du Sud du Sahara et d'Amérique latine. Enfin comme le soulignent encore Andresen et Tarp (2003) les études sur les données temporelles pour un pays donné ne mettent pas clairement en lumière une causalité allant du développement financier à la croissance. Il est possible que dans les études sur les données temporelles l'effet négatif de l'instabilité financière cadre avec l'effet positif du développement financier à long terme.

    2.2.2.1 Les Indicateurs du niveau de développement financier

    Plusieurs indicateurs sont utilisés pour capter le niveau du développement financier. On distingue 2 catégories : d'une part les indicateurs relatifs à la taille et à l'efficacité de l'activité de l'intermédiaire financier, d'autre part, les indicateurs de fonctionnement des marchés boursiers. La 1ere catégorie d'indicateurs est plus pertinente pour les économies en développement (ou les économies d'endettement en général) où les banques commerciales assurent une grande partie de financement externe. Par ailleurs les indicateurs de taille sont les plus « populaires » dans des études empiriques car ils ont l'avantage d'être disponibles pour un large échantillon de pays et sur une longue période contrairement aux indicateurs d'efficacité.

    En résumé, on dispose de 3 indicateurs de mesure de taille de l'activité des intermédiaires financiers37 :

    - M3/PIB ou actifs liquides/PIB ;

    - actifs des banques commerciales/(actifs des banques commerciales + actifs de la Banque Centrale) ou actifs des banques commerciales/ PIB ;

    - crédits au secteur privé / PIB.

    36 Wajih Khollouli et Slim Tounsi «libéralisation des services financiers et croissance économique : évidence empirique».p.15.

    37 Voir Ramona Jimborean « La croissance économique et le développement financier : cas des pays d'Europe orientale ».p.87.

    1-

    21

    Les actifs liquides du système financier (monnaie fiduciaire + dette financière des banques et autres institutions financières) en proportion du PIB (mesure par le ratio M3/PIB), il s'agit d'une mesure de la taille globale du secteur financier.

    2- le rapport des actifs des banques commerciales sur la somme de leurs actifs et de ceux de la banque centrale indique la part relative des banques commerciales dans l'allocation de l'épargne (ou le ratio des actifs des banques commerciales sur le PIB).

    3- les crédits au secteur privé (par les banques et institutions non bancaires) par rapport au PIB mesurent l'activité des intermédiaires financiers sous l'aspect de l'une de leurs principales fonctions : canaliser l'épargne vers les investisseurs.

    2.2.2.2 Les études ayant trouvé une relation positive entre le développement financier et la croissance économique

    On constate historiquement une relation entre le développement des actifs financiers et le développement de l'économie. L'un des travaux précurseurs est celui de Goldsmith (1969)38 qui a étudié l'évolution financière en longue période (18611963) de 35 économies principalement industrialisées. L'auteur a montré que le développement de ces économies s'est accompagné d'une hausse tendancielle du rapport des actifs financiers au capital réel et en termes de flux, du rapport des émissions d'actifs financiers au PIB. King et Levine (1993) ont surmonté certaines des limites de l'étude de Goldsmith (1969). Les 2 auteurs examinent en coupe transversale le lien entre le développement financier et la croissance sur un échantillon de 77 pays en développement sur la période 1960-1989, en mettant en lumière les canaux de l'accumulation du capital et la productivité des facteurs. Quatre indicateurs de développement financier ont été utilises : l'agrégat monétaire M2 rapporté au PIB, les actifs des banques commerciales divisés par le total des actifs des banques commerciales et de la Banque Centrale, la part des crédits au secteur privé dans le total des crédits intérieurs et la part des crédits au secteur privé dans le PIB. L'hypothèse sous-jacente à ces différents indicateurs est que la taille du système financier est corrélée positivement à la fourniture et à la qualité des services financiers. Les auteurs utilisent également 4 indicateurs de performance économique : le taux de croissance du PIB par tête réel, le taux de croissance du stock de capital, le taux de croissance de la productivité globale des facteurs (calculé en supposant l'élasticité du capital par rapport au produit égal à 0,3) et le taux d'investissement. King et Levine montre que chaque indicateur de développement financier est corrélé positivement à chacun des indicateurs de performance économique à un seuil de significativité de 1 %.

    2.2.2.3 La Controverse du sens de la causalité de la relation entre développement financier et croissance

    Sur le plan théorique, il existe une controverse dans la littérature économique dans le sens de la causalité de la relation entre le développement financier et la croissance. S'il est admis que le développement financier stimule la croissance (c'est le point de vue de Schumpeter 1912), la croissance économique peut également

    38 Citer par Duc Khuang Nguyen : « Libération financière et marchés émergents».

    provoquer le développement financier. En effet, les marchés financier et les institutions adéquats peuvent apparaître lorsque le processus de croissance, une demande croissance des services financiers qui induit l'expansion du secteur financier. Patrick (1966)39 propose une autre position selon laquelle la causalité dépendrait du niveau de développement. Selon cette hypothèse, le développement cause la croissance économique dans les 1ers stades de développement, mais cet effet diminue graduellement au cours du processus de développement jusqu'à s'inverser. Dès lors, c'est la demande des services financiers de la part du secteur réel qui provoque le développement financier. Il existe cependant des modèles théoriques qui offrent le compromis de la causalité à double sens de la relation entre le développement financier et la croissance.

    2.2.2.4 Le Développement du système bancaire et la croissance économique

    Du point de vue empirique, Goldsmith (1969) est l'un des premiers économistes à montrer l'interrelation entre le développement financier et la croissance économique en utilisant les données de 35 pays (développés ou en développement) pour la période de 1960-1963. En mesurant le développement financier par le ratio actif financier total/PIB, il a montré que ce ratio est positivement corrélé avec la croissance économique. Cependant, l'étude n'a pas tenu compte des autres facteurs pouvant affecter la croissance économique. De plus l'étude de King et Levine (1993) portant sur un échantillon de 80 pays (développés et en développement) pour la période 1960-1989 a montré que l'analyse bivariée révèle une forte corrélation positive entre le développement financier et la croissance.

    Dans ce chapitre, nous avons tenté de dégager les points pouvant nous permettre de comprendre notre sujet d'une part et de passer en revue théorique et empirique la relation entre le système financier et la croissance économique d'autre part.

    Dans notre analyse, nous avons précisé que l'intermédiation financière assure la mobilisation de l'épargne et son affectation aux projets les plus productifs, favorise la gestion des risques et la diversification des actifs, et aussi encourage l'innovation technologique. Ce faisant leur activité stimule la croissance économique à travers l'accumulation de capital, l'augmentation de la productivité global des facteurs et l'intensification des échanges. Cependant le sens de la causalité de la relation demeure incertaine aussi bien sur le plan théorique qu'empirique.

    22

    39 Bertrand Jacquellat «Innovation financière et croissance économique ».p.26.

    23

    CHAPITRE II : LA SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE DE LA RCA

    Après une reprise progressive de la croissance économique à l'issue des conflits civils en 2004, la RCA a subi une série de chocs internes et externes qui ont bouleversé ses perspectives de croissance. En dépit de ces chocs qui ont freiné la croissance, accentué des tensions inflationnistes et détérioré le compte courant, la RCA a maintenue une gestion macroéconomique stable obtenant des résultats satisfaisants au regard du programme de réforme soutenu par la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) conclu avec le FMI pour la période 2007-2009. Cette politique macroéconomique a contribué à asseoir les bases d'une reprise progressive de l'activité économique à moyen terme.

    En effet l'économie centrafricaine semble aborder un nouveau tournant et affiche déjà des signes de reprise pour 2010. Pour aborder à bien ce chapitre, nous allons dans la première section présenter le système financier centrafricain : sa structure et son évolution ; ensuite dans la deuxième section présentons l'évolution du PIB et dans la dernière section nous analysons la distribution du crédit au secteur privé.

    SECTION 1 : PRESENTATION DU SYSTEME FINANCIER CENTRAFRICAIN : STRUCTURE ET EVOLUTION

    Le système financier est l'ensemble des marchés et intermédiaires qui sont utilisés par les ménages, les entreprises et l'Etat pour mener à bien leur décision financière. Le système financier permet de transférer des fonds depuis des agents économiques qui épargnent, car leurs dépenses sont inférieures à leurs revenus, vers les agents économiques qui souhaitent emprunter, c'est-à-dire dépenser plus que leurs revenus.

    Le système financier centrafricain est constitué d'une part par des institutions financières bancaires et d'autre part par des institutions financières non bancaires.

    1.1 Les Institutions financières bancaires

    Le système bancaire centrafricain est composé d'une banque d'émission la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) et quatre banques commerciales à savoir l'ECOBANK, la Commercial Bank of Centrafrique (CBCA), la Banque Populaire Morrocco Centrafricaine (BPMC) et la Banque Sahelo-saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC).

    1.1.1 La Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC)

    L'institution d'émission en Afrique centrale a évolué dans le sillage de l'organisation monétaire de la France. Cette organisation au départ, s'était faite par groupe de pays selon les critères de rapprochement géographique. Elle a évolué dans le temps pour permettre la mise en place d'une vaste zone monétaire : la zone franc.

    L'appellation de la Banque Centrale a connu de nombreux changement. De la Caisse Centrale de la France d'Outre Mer (CCFOM) créée en 1944, elle deviendra en 1955 l'Institut d'Emission de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (IEAEC), puis

    24

    en 1960 la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAEC). Douze (12) ans plus tard, lors d'une réunion tenue le 22 et 23 novembre à Brazzaville, les cinq Etats de la BCEAEC dans le cadre de la poursuite de leur coopération, monétaire ont décidé d'ériger la BCEAEC en Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC)40. Le 1er janvier 1985 la Guinée Equatoriale y fait son entrée, ce qui porte le nombre des membres à six (6) à savoir :

    - le Cameroun ;

    - la RCA ;

    - le Congo ;

    - le Gabon ;

    - la Guinée Equatoriale ;

    - le Tchad.

    La BEAC a pour mission :

    - d'émettre la monnaie et en garantir la stabilité ;

    - de définir et de conduire les la politique monétaire applicable dans les pays

    membre de l'union ;

    - de conduire les opération de change ;

    - de définir et de gérer les réserves de changes des pays membres ;

    - de promouvoir le bon fonctionnement du système de paiement dans la

    communauté.

    1.1.2 Les Banques commerciales

    1.1.2.1 L'ECOBANK

    L'ECOBANK est un groupe d'établissements bancaires privés né dans les années 80 en Afrique de l'ouest. Il a occupé un bon nombre de pays d'Afrique et a instauré une filiale en RCA depuis 2007. Cette filiale exerce à titre de profession habituelle des activités bancaires en RCA.

    L'ECOBANK par la constitution de son capital est une Société Anonyme (SA) au capital de 3 milliards de FCFA qui jouit d'une gestion autonome réglementée par la légalisation régissant les SA en RCA. ECOBANK Centrafrique compte onze (11) agences, huit (8) agences à Bangui et quatre (4) en provinces, son siège social se trouve à Bangui. ECOBANK Centrafrique est immatriculé en chambre de commerce sous le numéro 1079/B41. Son capital est réparti comme suit :

    40 Rapport du gouverneur de la BEAC, Bata 14 mars 2006.

    41 Rapport ECOBANK Centrafrique 2007.

    25

    Tableau n° 2 : Répartition du capital de l'ECOBANK Centrafrique

     

    Part de chaque actionnaire en

    FCFA

    Part de chaque actionnaire en pourcentage

    ETI

    2 250 000 000

    75

    Privés Centrafricains

    600 000 000

    20

    Etat Centrafricaine

    150 000 000

    5

    Total

    3 000 000 000

    100

    Source : Rapport ECOBANK 2008

    Au cours des dernières années d'exploitation, l'institution a enregistré d'excellents résultats en terme de conquête de part de marché. Le nombre des clients a connu une croissance de 75 % (40 527 clients en 2008 contre 23 140 clients en 2007), grâce notamment à la stratégie de diversification de la base clientèle et une offre de services mieux adaptés.

    ECOBANK Centrafrique a également lancé la commercialisation de nombreux produis innovants, à savoir :

    V' la banque par SMS ;

    V' la banque par Internet ;

    V' les guichets automatiques et la carte bancaire régionale ;

    V' la centralisation des données de la clientèle ;

    V' Western union.

    Elle offre tous les produits permettant à la clientèle d'accéder à distance et en temps réel aux informations sur leur compte, d'effectuer leurs opérations dans toutes les agences et d'avoir accès à leurs ressources financières dans le réseau ECOBANK 24h/24.

    1.1.2.2 La Commercial Bank of Centrafrique (CBCA)

    La CBCA est née de la privatisation en 2000, de l'Union Bancaire en Afrique Centrale (UBAC). Cette dernière, créée en 1962 était l'une des banques détenues par l'Etat centrafricain. La société générale et le crédit lyonnais étaient les autres actionnaires. Après le retrait de ces banques en 1994, l'Etat centrafricain reste le seul actionnaire de l'UBAC.

    Le souci de désengagement de l'Etat des secteurs productifs a poussé les institutions de Bretton Woods à exiger la privatisation de l'UBAC dans le cadre de la restructuration du secteur bancaire.

    26

    Tableau n°3 : La Répartition de l'actionnariat de CBCA.

    Actionnariat

    Montant

     

    En %

    Etat centrafricain

    150

    000

    000

    10 %

    Groupe Fotso

    799

    500

    000

    53,3%

    Groupe Kamach

    375

    000

    000

    25 %

    CBC (Cameroun)

    75

    000

    000

    5 %

    Serge PSIMHS

    60

    000

    000

    4 %

    Litoral

    18

    000

    000

    1,2 %

    Autres Privés Centrafricains

    22

    500

    000

    1,5 %

    Total

    1500

    000

    000

    100 %

    Source : CBCA.

    L'Etat a ainsi réduit sa participation à 10% de nouveaux actionnaires dont le groupe FOTSO (51%) et divers privés centrafricains (39%) font alors leur entrée dans le capital de la CBCA, capital qui s'élevait alors à 1 milliards de FCFA. La banque est une S.A coiffée par un conseil d'administration. C'est ce conseil d'administration qui a en 2002, décidé de la recapitalisation de la banque. Le capital social est alors augmenté de moitié et s'établit à 1,5 milliards de FCFA42.

    La CBCA dispose de deux (2) produits bancaire :

    ? le Gold cheque (cheque de voyage) ;

    ? le Gogoro (produit d'épargne et de crédit ;

    Elle a également créée un guichet Western Union à Bangui.

    1.1.2.3 La Banque Populaire MAROCCO Centrafricaine (BPMC)

    La convention signée en 1989, par le gouvernement centrafricain et le Royaume du Maroc a entraîné la naissance de la BPMC. A l'issue de cette convention la mission principale assignée à la BPMC est la bancarisation du pays et la contribution à la participation au développement des Petites et Moyennes entreprises (PME). La BPMC dispose d'une agence au centre ville et d'un guichet au KM5 à Bangui.

    Tableau n° 4 : Répartition du capital de la BPMC.

     

    Part de chaque
    actionnaire en FCFA

    Part de chaque
    actionnaire en
    pourcentage

    Banque Commerciale Populaire

    1 250 000 000

    62,5

    Etat centrafricain

    750 000 000

    38,5

    Total

    2 000 000 000

    100

    Source : BPMC.

    42 Rapport du conseil national de crédit 2002-2003.

    27

    1.1.2.4 La Banque Sahelo-Saharienne pour l'investissement et commerce (BSIC)

    La BSIC a officiellement démarré ses activités le 28 novembre 2008 à Bangui. Elle est créée à partir de la conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement de la Communauté des Etats Sahelo-saharienne (SEN-SAD).

    Dotée d'un capital de 2 milliards de F CFA, la BSIC à pour mission de contribuer au développement économique et social des pays membres de la SEN-SAD, grâce à la mobilisation des ressources financières internes et externes pour la promotion de l'investissement et du commerce, moteur du développement économique.

    1.2 Les Institutions financières non bancaires

    1.2.1 Les Sociétés d'assurances43

    Le secteur de l'assurance est couvert en RCA par cinq (5) sociétés subdivisé en 2 parties : les sociétés de droit de droit national et les sociétés de droit intermédiaires en assurance.

    1.2.1.1 Les sociétés de droit national

    On distingue les sociétés comme :

    - Union des Assurances de Centrafrique (UAC) ;

    - Union d'Assurance et de Réassurance (UCAR).

    1.2.1.2 Les sociétés intermédiaires en assurance

    Les sociétés intermédiaires en assurance sont composés de :

    ? La société centrafricaine de réassurance (SOREAS) ;

    ? Mutuelle scolaire centrafricaine (MASCA). 1.2.2 Les Institutions de la micro finance

    La micro finance est née du besoin d'offrir aux pauvres des produits financiers leur permettant d'améliorer leurs conditions de vie. Elle constitue un outil adéquat pour améliorer les conditions des personnes qui ont des activités génératrices de revenu, mais qui ne sont pas en mesure de saisir les opportunités financières. Les établissements de micro finance sont regroupés en catégories différentes selon leur financement, d'après la réglementation Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC).

    On distingue 5 établissements de micro finance implantés en RCA, il s'agit de :

    43 Annuaire des banques et des établissements financiers 2005-2006 (zone BEAC).

    o

    28

    crédit Mutuel Centrafrique (CMCA) ;

    o caisse Mutuelle des Cifadiennes de Centrafrique (CMCC) ;

    o caisse d'Epargne et de Crédit (CEC) de Bozoum

    o la Société Financière Africaine de Crédit (SOFIA CREDIT) ;

    o l'Express Union.

    1.2.2.1 Le Crédit Mutuel de Centrafrique (CMCA)

    Le projet tripartite regroupant l'Etat centrafricain, le centre International de crédit mutuel et la caisse Française de Développement a consacré la naissance du CMCA en 1992. Le principe de fonctionnement du CMCA repose sur la solidité permettant à la population l'accès du plus grand nombre aux services bancaires. Le CMCA n'a démarré ses activités qu'en 1994, avec l'ouverture des caisses à Bégoua et Boeing, dans la périphérie de Bangui. Elle dispose d'un capital social de 57 millions de FCFA. Après les événements politico-militaires de 2005 les caisses des provinces ont été fermés et ne se limite qu'à Bangui.

    Le CMCA gère les dépôts des clients dont l'encours s'élève à 2 237 millions de FCFA, les crédits distribués se chiffrent à 491 millions de FCFA au courant de la période 2003.

    Le CMCA est un établissement mutualiste de proximité qui donne la possibilité aux populations de sécuriser leur épargne et d'accéder au crédit. Sa création est établie par des femmes, des hommes, des personnes morales qui acceptent de devenir sociétaires pour faire jouer l'entraide et la solidarité. Dans chaque caisse une assemblée générale des sociétaires du CMCA élit annuellement un conseil d'administration sous le principe de l'égalité.

    Le taux pratiqué est variable selon les structures. Pour le CMCA, le taux de rémunération des dépôts varie entre 3,5 % à 5 % l'an. Les taux plus élevés peuvent s'expliquer par le volume du dépôt et le terme du dépôt. Pour certains établissement ces taux peuvent atteindre 5 % l'an. La CMCA propose des services de proximité comme :

    - le livret d'épargne a vue ;

    - le compte d'épargne à terme pour rentabiliser l'épargne des clients ; - une gamme adaptée de crédit pour réaliser de projets ;

    - quelques opérations.

    1.2 .2 .2 L'Union Centrafricaine des Caisses d'Epargnes et de Crédit

    (UCACEC)

    L'UCACEC était le deuxième réseau après le CMCA. L'UCACEC traverse une grande crise de gouvernance qui l'a obligé à cesser ses activités à Bangui et dans certaines localités rurales. Seule, huit agences sont encore opérationnelles à Boali, Boyali 2, Bossembelé, Ladoumie, Yaloké, Baoro, Doaka et dans le septième arrondissement de Bangui.

    29

    1.2.2.3 La Caisse Mutuelle des Cifadiennes de Centrafrique (CMCC)

    La CMCC est nouvellement implantée à Bangui ; c'est un groupement de personnes morales sans but lucratif et à capital variable, fondée sur les principes d'union des solidarités et d'entraides mutuelles. La CMCC a lancé ses activités en mars 2009. Mais la collecte de l'épargne et l'octroi de crédits demeurent faibles au niveau de la caisse.

    1.2.2.4 La Caisse d'Epargne et de Crédit (CEC) de Bozoum

    Créée en juillet 2008 c'est une initiative communautaire promue et soutenue par la Caritas du diocèse de Bouar afin de favoriser l'accès des populations de Bozoum et des environs aux services financiers de proximité. La CEC de Bozoum est en cours de formalisation par l'obtention de l'agrément COBAC avec l'appui du programme d'appui à l'émergence du secteur financier.

    1.2.2.5 La Société Financière Africaine de Crédit (SOFIA CREDIT)

    La SOFIA CREDIT a démarré ses activités en mars 2009, son siège se trouve à Bangui avec 3 agences implantées en province. La SOFIA CREDIT est un établissement de micro finance de deuxième catégorie, elle a la forme juridique des S.A. Cet établissement mène des actions de collecte de l'épargne et accorde de crédit aux tiers.

    A cet effet le capital est imposé à 50 millions de FCFA. De plus SOFIA CREDIT a lancé ses activités avec 25 millions de fonds propres, ce qui explique qu'elle est financièrement solide et présente des garanties pour son évolution économique et financière. Ses activités ont commencé en mars 2009. Quatre mois après, elle totalise un encours de 63 367 222 de FCFA de dépôt et 496 clients actifs au 31 juin 2009.

    1.2.2.6 L'Express Union

    L'express union a également débuté ses activités en mars 2009. C'est un établissement de micro finance de deuxième catégorie comme SOFIA CREDIT. Elle est spécialisée dans les transferts d'argent. Par ailleurs, la collecte de l'épargne et l'octroi de crédit demeurent faibles au niveau de ses caisses. L'établissement totalise un encours de l'épargne de 4 231 350 de FCFA en fin 2009. Express union à deux (2) agences à Bangui, une agence à Carnot et un autre à Berberati.

    1.2.3 L'Evolution du secteur de la micro finance

    Notons que sur les cinq (5) établissements de la micro finance agrées au compte de la RCA, trois sont de la première catégorie dont deux (2) en réseaux et deux de la deuxième catégorie. Les établissements de la première catégorie comptent respectivement 12 caisses ou agences pour CMCA, 8 caisses pour UCACEC et une caisse pour CMCC. SOFIA CEDIT et Express Union (S.A) qui son des EMF de deuxième catégories ont respectivement 4 agences pour SOFIA CREDIT et 5 agences pour Express union. La CEC de Bozoum est établissement en cours de formalisation pour l'agrément COBAC. Elle dispose d'une seule agence. Ainsi, le pays compte au total 31 agences et caisses de branches professionnelles par les 5 EMF.

    SECTION 2 : L'EVOLUTION DU PIB ET LES PERFORMANCES DE L'ECONOMIE CENTRAFRICAINE

    Nous savons que la croissance économique est une augmentation soutenue pendant une longue période de la quantité des biens et services produit dans une économie44. Le Produit Intérieur Brut (PIB) est l'indicateur le plus retenu pour évaluer la production des biens et services d'un pays pendant une année. Il illustre l'importance de l'activité économique d'un pays ou encore la grandeur de sa richesse générée. Dans cette section nous allons voir l'évolution tendancielle des principaux secteurs d'activité sur le PIB.

    2.1 L'Evolution du PIB

    La croissance du PIB qui reflète des activités économiques en RCA a connu une période d'instabilité de 2000 à 2003. Après une phase de croissance assez significative de 1,3 % en 2000, 2,7 % en 2001, le PIB a entamé une période de récession de 2002 (0,3 %) avant de se transformer en véritable dépression en 2003 (- 4,6 %).

    Tableau n° 5 : l'évolution du PIB nominal, PIB réel, PIB par tête et l'évolution de la population de 2000 à 2009.

     

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    2009

    PIB nominal (en milliards de FCFA)

    667,7

    704,7

    709,5

    678,2

    688,2

    750,0

    816,8

    860,2

    945,9

    991,9

    PIB réel en pourcentage

    1,3

    2,7

    0,3

    - 4,6

    3,5

    3,0

    4,3

    3,6

    2,8

    2,2

    Population (en millions de FCFA)

    3,6

    3,7

    3,8

    3,9

    4,0

    4,1

    4,2

    4,3

    4,4

    4,5

    PIB par tête (en dollars américain)

    260,1

    259,4

    268,2

    300,1

    327,0

    348,0

    372,9

    317,5

    481,8

    467,1

    Source : FMI, BEAC, administration centrafricaine

    A partir de 2003, l'économie centrafricaine a repris timidement sa marche pour afficher une forte croissance de 3,5% en 2004. Toutefois une faible reprise s'était amorcée en 2005 pour un taux de croissance de 3%. La graphique ci-dessous décrit l'évolution du PIB.

    30

    44 www.universalis.fr «La croissance économique».

    31

    Graphique n°3 : Evolution du PIB en RCA.

    Source : Nous à partir des données du FMI

    Plusieurs facteurs peuvent être à la base de ce déficit de croissance économique. Il faut reconnaître que durant ces périodes, il y a toujours une persistance de la crise politique qui par ses effets négatifs sur la bonne marche des affaires ne peut que faire augmenter les incertitudes des opérateurs économiques.

    En 2008, le taux de croissance du PIB de la RCA s'est établit en volume à 2 %, contre 3,6 % en 2007. La demande intérieure et tout particulièrement la consommation privée a soutenu l'activité économique et compensé la diminution des exportations de biens.

    Tableau n° 6 : Evolution de la demande intérieur de 2005 à 2008 (en milliards de FCFA courants).

     

    2005

    2006

    2007

    2008

    PIB nominal

    750,0

    816,8

    860,2

    945,9

    Importation des biens

    147,8

    168,8

    190,2

    208,2

    Exportations des biens

    90,7

    109,4

    114,9

    96,6

    Consommation finale

    735,2

    804,2

    865,7

    964,2

    Consommation publique

    61,4

    52,4

    50,7

    58,9

    Consommation privée

    673,8

    751,8

    815,0

    905,3

    Source : BEAC, étude statistique 2009.

    32

    2.2 Les Performances de secteurs réels dans le PIB

    La mesure des performances des secteurs réels de l'économie se fera à partir de deux (2) critères : le poids de la valeur ajoutée dans le PIB et la contribution à la croissance du PIB.

    2.2.1 Part du secteur réel dans le PIB

    Sur les 10 dernières années écoulés, le secteur des activités primaires a été non seulement prédominant mais il a même progressé entre 1990 et 1999 tandis que les deux (2) autres secteurs ont progressé respectivement de 18,7 % à 16,9 % et de 31,1 % à 26,6 %.

    Tableau n° 7: Poids des secteurs réels dans le PIB (prix courants) 1990 à 1999 en %.

     

    1990

    1991

    1992

    1993

    1994

    1995

    1996

    1997

    1998

    1999

    Secteur primaire

    45,3

    43,0

    43,9

    43,8

    42,8

    44,1

    48,8

    49,6

    48,2

    48,4

    Secteur secondaire

    18,7

    19,9

    19,7

    20,7

    21,0

    20,1

    18,3

    17,2

    16,7

    16,9

    Secteur tertiaire

    31,1

    32,7

    31,6

    31,5

    31,5

    39,5

    28,3

    27,3

    27,1

    26,2

    Source : BEAC, FMI, administrations centrafricaines.

    On peut en conclure que la transformation de la structure de l'économie centrafricaine, qui est l'un des objectifs assignés aux programmes de réforme macroéconomique, ne s'est pas réalisée en Centrafrique.

    Il s'agira d'apprécier le degré de contribution de l'agriculture, de l'industrie et des services privés à la formation du PIB.

    2.2.1.1 Le Secteur primaire

    Après près de 29 % en moyenne sur la période 1990-1999, la contribution de l'agriculture à la formation du PIB a été la plus importante. Il est intéressant de souligner le poids de la production vivrière qui à, elle seule, représenté en moyenne 27,1% contre moins de 2% aux cultures d'exportation qui par ailleurs bénéficient de 80 % des investissements en faveur de l'agriculture.

    En 2008, l'apport de l'agriculture vivrière à la croissance s'est élevé à 0,7 point, contre 1,7 points un an auparavant, du fait d'un ralentissement de la progression de la production (+2 % contre +5,1 % en 2007). L'élevage a contribué à la croissance à hauteur de 0,2 point (contre 0,4 point en 2007), avec un cheptel estimé à 14,6 millions de têtes fin 2008. Après une forte progression de la production de café en 2007, une baisse de 74 % a été enregistrée en 2008, en raison d'un pluviomètre trop abondant. La production de coton graine a, en revanche, connu une très bonne année, avec une croissance de 140 % en 2008 (après une baisse de la production de 38 % en 2007). Ces deux productions restent toutefois marginales.

    33

    Tableau n° 8: Principales productions et prix d'achats aux producteurs.

     

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    Bois

    - Productions de grumes et
    sciages (en milliers de m3).

    524,5

    584,9

    530,0

    710,0

    630,9

    630,6

    - Exportations (grumes, sciages et dérivés en milliers de m3).

    276,2

    239,4

    197,3

    263,5

    270,7

    224,6

    - Prix à l'exportation (milliers de

    125,2

    120,1

    130,3

    151,0

    155,0

    155,4

    FCFA/m3.

     
     
     
     
     
     

    Diamants bruts

     
     
     
     
     
     

    -Exportation (milliers de carats).

    332,7

    354,2

    383,3

    415,5

    417,7

    377,2

    - Prix à l'exportation (en milliers de

    85,9

    78,4

    85,6

    78,6

    71,2

    58,8

    FCFA/carat).

     
     
     
     
     
     

    Café (en milliers de tonnes)

     
     
     
     
     
     

    - Exportations (en milliers de

    tonnes).

    2,1

    3,8

    2,5

    1,6

    7,4

    1,8

    - prix à l'exportation (en FCFA/kg).

    359,0

    271,3

    369,8

    491,7

    563,0

    631,9

    Coton graine (en millier de tonne).

    14,0

    6,8

    5,5

    3,7

     
     

    Prix d'achats aux producteurs

    coton blanc/coton jaune

    165/110

    150/110

    150/110

    152/110

    152/110

    152/110

    (FCFA/kg).

     
     
     
     
     
     

    Coton fibre

     
     
     
     
     
     

    - Exportation en tonne (en milliers de tonnes).

    0,9

    2,9

    2,3

    1,4

    1,0

    1,8

    -Prix à l'exportation (FCFA/kg).

    622,3

    612,3

    473,9

    542,3

    548,0

    520,7

    - Manioc (en millier de tonnes).

    564,3

    565,6

    566,9

    572,0

    595,0

    601,8

    - Mil/sorgho (milliers de tonnes).

    53,1

    55,0

    56,9

    59,0

    59,2

    59,8

    - Mais (milliers de tonnes).

    119,0

    125,0

    131,0

    131,0

    141,1

    146,7

    - Arachides (milliers de tonnes).

    133,6

    139,5

    145,4

    146,1

    157,9

    164,1

    Source : Administration centrafricaine, BEAC.

    En 2006, l'apport de l'agriculture vivrière à la croissance s'est élevé à 0,4 point du fait des conditions météorologique favorables et d'un report d'activité des cotonculteurs et des caféiculteurs au profit des cultures de subsistance. Les productions de coton et de café ont ainsi continué à décliner, la baisse s'élevant respectivement à 32,7 % et 28,6 %. La filière cotonnière souffre, en effet, de la faiblesse des cours mondiaux, notamment par rapport à la période 1997-1998, et des difficultés récurrentes de paiement des producteurs. Le secteur de la sylviculture a enregistré des performances remarquables, contribuant à hauteur de 1,8 points à la croissance grâce à la forte augmentation et aux investissements importants réalisés dans le domaine de la transformation.

    34

    En 2008, le secteur de la sylviculture, devient le premier employeur privé du secteur formel, à de nouveau pesé sur la croissance économique, avec un contribution nette négative de -1,0 contre -0,8 point en 2007. Sur l'exercice, la production de bois est restée constante mais les exportations ont diminués de 17 % en volume, du fait de la baisse de la demande mondiale, l'ajustement se faisant par les stocks. La société d'exploitation forestière en Centrafrique (SEFCA), qui concentre plus de 37 % de la production et des ventes de la filière, a vu son carnet de commandes revenu de 6 mois de production en octobre 2007 à seulement réduire l'abattage, mais à fermer des scieries et à licencier une partie de leur personnel.

    La contributions des industries extractives à la croissance a été négative en 2008 (-0,2 %). la production de diamants bruts a, notamment, reculé de 9,6 % par rapport à 2007. la société GEM Diamant Centrafrique S.A, issue d'un partenariat signé en 2007 avec la RCA a toutefois enregistré de bonnes performances en 2008 sur le site de Mambéré. Le secteur aurifère reste de taille très modeste, avec une production estimée à 19,4 kg. Aurafrique, filiale de l'anglo-canadien Axmi, disposant de 5 permis d'exportation en Centrafrique, prévoit d'investir près de 80 milliards de FCFA dans un projet d'extraction d'or. Par ailleurs en août 2008, le groupe AREVA a signé un contrat portant sur l'exploitation du gisement d'uranium de Bakouma et qui se traduira par un versement de 40 millions de dollars américains sur 5 ans.

    2.2.1.2 Le Secteur secondaire

    La contribution des industries manufacturières à la croissance s'est établie à 0.5 point. L'accroissement de la production sucrière, permise par l'installation d'une nouvelle ligne de démoulage et la réhabilitation des plantations de canne à sucre, a permis de soutenir l'activité du secteur manufacturière. Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, d'importants retards dans la mise en oeuvre des projets d'infrastructures ont été enregistrés. L'apport désiroire de l'industrie manufacturière dans le PIB (9,4 %) traduit bien le faible degré d'industrialisation de la RCA. Plus grave, on a assisté durant les années 90, à un recul des activités industrielles : la part de l'industrie manufacturière dans le PIB qui était de 10,7 % en 1990 est tombée à 7,8 % en 1999. L'apport des secteurs de l'électricité et de l'eau est demeuré nul, en raison notamment de la panne de la centrale hydroélectrique de Boali qui a engendré une baisse de la production électrique totale en 2008 de 8 %.

    En 2009, à l'exception de la branche des industries manufacturières (BTP) qui est restée dynamique, avec une progression de 6 % du chiffre d'affaire à 2 257 millions de FCFA, accompagné de la reprise de la production de l'huile de palme et du redressement de la production de l'électricité de 8,2 % à 136 619 mwh, les performances du secteur minier et des industries manufacturières ont été sombres. La production du diamants brut a reculé de 17,7 %, s'établissant à 310 468 carats; la production du sucre a régressé de 28,5 % à 13 775 tonnes et l'offre de l'eau potable brute s'est légèrement contracté de 1 % s'inscrivant à 9,5 millions de m3.

    2.2.1.3 Le Secteur tertiaire

    Le secteur tertiaire représente 28,5% du PIB en 2003; il comprend les administrations et les institutions publiques sans but lucratif. Au regard de l'étroitesse du marché de l'emploi, ce sont les administrations qui absorbent une partie

    35

    importante de la main-d'oeuvre qualifiée. En 2006, le secteur tertiaire n'a que faiblement contribué à la croissance. Dans le commerce l'activité est restée atone, tandis que l'activité de transport a été soutenue par le dynamisme du secteur sylvicole et le développement de travaux d'explorations dans le secteur minier. L'activité des télécommunications a bénéficié de l'extension du réseau de la téléphonie mobile, mais la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages et la mauvaise qualité des infrastructures électriques limitent ses perspectives d'expansion45.

    En 2008, les activités commerciales, des transports et des télécommunications ont contribué pour 0,7 point à la croissance. Ce dynamisme résulte de l'augmentation des chiffres d'affaires des entreprises de télécommunications et principalement de l'activité mobile, avec notamment, l'installation, en fin 2007, de la société Orange Centrafrique, qui a acquis la quatrième licence.

    2.2.2. Contribution des secteurs réels dans le PIB

    Tableau n° 9 : La production intérieure de 1995 à 2005 des principaux secteurs d'activités (en milliard de FCFA, aux prix courants).

     

    1995

    2000

    2003

    2004

    2005

    Secteur primaire

    246

    341

    387

    402

    423

    - Culture vivrière

    154

    174

    214

    220

    230

    - Elevage, chasse

    50

    71

    84

    88

    91

    - Pêche

    24

    34

    40

    42

    43

    - Sylviculture, foret

    18

    62

    49

    52

    59

    Secteur secondaire

    112

    102

    79

    82

    104

    - Mines

    23

    25

    17

    19

    29

    - Industries manufacturières

    55

    45

    40

    42

    45

    - Energie et eau

    4

    5

    5

    5

    5

    - construction

    30

    27

    17

    16

    25

    Secteur tertiaire

    164

    204

    203

    202

    227

    - Commerce, transports et

    80

    94

    105

    107

    114

    télécommunications

    25

    35

    36

    36

    40

    - Autres services marchands

    59

    75

    62

    59

    73

    - Services administrations

     
     
     
     
     

    - PIB aux coûts des facteurs

    522

    647

    669

    686

    754

    - Impôts+taxes-subventions

    35

    40

    31

    35

    42

    PIB aux prix du marché

    557

    687

    700

    721

    796

    Source : Ministère du plan.

    45 Rapport national sur le développement humain PNUD 2008.

    36

    Le recul du secteur primaire, au profit du secteur tertiaire, observé ces dernières années, s'est poursuivi en 2009. Malgré cette tendance, l'économie centrafricaine reste dominée par le secteur primaire qui a représenté 50,2% du PIB en 2009. Les principales activité du secteur primaire sont : l'agriculture vivrière (28,3% du PIB) et l'élevage (12,7% du PIB). Le secteur tertiaire (31,17% du PIB) comporte pour l'essentiel le commerce (12,2% du PIB), alors que les industries manufacturières et la construction forment l'essentiel du secteur.

    Graphique n° 4: Evolution des différents secteurs en 2009.

    Agriculture

    Construction Industriel M Services G Energie et E

    Transport et T Autres S Agriculture

    Construction

    Autres Services

    Industriel

    Manufacturière

    Télécommunication

    Services

    Gouvernementaux

    Energie et Eau

    Source : Nous même à partir des données du Ministère du Plan (ICASEES).

    Transport et

    En 2009, la croissance économique (2 %) a été essentiellement soutenue par la consolidation de la production vivrière, le dynamisme des industries manufacturières et la construction, et des services marchands commerce et télécommunication notamment. Ces trois sous-secteurs ont contribué à la croissance du PIB réel à hauteur de 2,5 points. Les cultures d'exportation (café et coton) ont connu une importante progression en 2009 (13,5 %), mais leur contribution à la croissance reste marginale à cause de leur faible poids dans le PIB. En revanche, la forte contraction de la sylviculture (-33,3 %) et de l'extraction minière (-24,9 %) a occasionné une perte de 2,1 points de croissance, même si ces deux sous secteurs représentent moins de 5 % du PIB. Le recul des industries manufacturières (-3 %) a également eu un impact négatif sur la croissance.

    Au cours de la campagne agricole 2009/2010, les productions vivrières ont atteint 1 124 600 tonnes, soit une hausse de 3 % par rapport à la compagne 2010/2011, elles devraient encore progresser de 2,5 %. Les principales cultures vivrières sont : le manioc (l'aliment de base) avec 55,1 % du total 2009/2010, l'arachide (15,1 %) et le maïs (13,4 %). Les meilleures performances des cultures

    37

    vivrières et de l'élevage en 2009 sont dues à une bonne pluviosité au rétablissement de la sécurité publique dans certaines zones de production et à la fourniture adéquate de semences et d'autres intrants aux producteurs.

    Les deux principales cultures d'exploitation, le coton et le café, ont connu une évolution similaire caractérisée par une augmentation des volumes de production et d'exploitation, un maintien des prix aux producteurs et une baisse des prix à l'exportation. Ainsi, la production de coton graine a augmenté de 20 % durant la campagne 2008/2009. Le volume des exportations de coton fibre a augmenté de 28,4 % tandis que le prix à l'exportation a baissé de 10,8% en 2009, ce qui a entraîné au final une augmentation de la valeur des exportations de 14,5 %.

    Le secteur forestier et minier a souffert de la persistance de la crise qui affecte le marché international de bois et des diamants depuis 2008. La production de grumes a chuté de 30 %, tout comme la production des sciages et contreplaqués qui a baissé de 26 %. La production de diamants a également baissé avec la suspension de la société GEM Diamant, qui devait commencer à produire en 2009 et le retrait des agréments officiels de huit (8) bureaux d'achats de diamant sur onze (11) et de certains collecteurs.

    La contribution des industries manufacturières et de construction à la croissance s'est renforcée en 2009, en deçà toutefois des prévisions initiales en raison de la révision à la baisse des investissements publics et privés, notamment du report de la construction de l'usine d'Areva et des travaux de la route Bouar-Garoua-Boulai, qui devraient finalement démarrer en 2010. Les industries manufacturières en recul en 2009 ont légèrement obéré la croissance du PIB réel tandis que le secteur énergétique y contribuait à la marge.

    Nous allons voir maintenant la distribution du crédit au secteur privé.

    SECTION 3 : ANALYSE DE LA DISTRIBUTION DU CREDIT AU SECTEUR

    PRIVE

    Le crédit, contrairement au dépôt est un acte par le quel une personne physique ou morale met à la disposition d'une autre une somme d'argent ou des moyens de paiement contre promesse de remboursement dans un délai plus ou moins long fixé à l'avance46. Bien que les dépôts soient préalables à toute activité bancaire, un adage en économie dit que « les prêts font les dépôts ». Le dépôt par contre est défini comme étant des liquidités confiées par une banque à une personne physique ou morale. Il est à la base même de la création monétaire par les banques de second rang par le biais de crédits.

    Pour cette section nous allons voir l'évolution du crédit bancaire

    46 MAZIDO Abel «Cours d'analyse financière et technique de financement» 4ème année des Sciences Economique UB 2004-2005.

    38

    3.1 La Situation simplifiée du système bancaire centrafricain.

    Tableau n° 10: Situation simplifiée du système bancaire centrafricain (en milliard de FCFA).

    Actif

    2006

    2007

    2008

    Passif

    2006

    2007

    2008

    Trésorerie et divers

    16,2

    37,3

    33

    Trésorerie et divers

    9,2

    15,2

    18,4

    Crédits à l'Etat

    12,9

    15,5

    21

    Dépôt de l'Etat

    4,8

    7,9

    6,0

     
     
     
     

    Dépôt du secteur

     
     
     

    Crédits à l'économie

    33,7

    36,6

    47

    privé

    44,9

    59,1

    68,1

    Créances en souffrances nettes

    5,5

    3,8

    3,2

    Fonds propres

    13,2

    16,0

    19,0

    Valeurs immobilisées

    3,8

    5

    7,8

     
     
     
     

    Total

    72,1

    98,2

    112

    Total

    72,2

    98,2

    112

    Source : Rapport COBAC, 2007.

    Le secteur bancaire est fragilisé par une forte concentration de ses engagements sur l'Etat centrafricain. Malgré les efforts engagés par les autorités pour rembourser progressivement les arriérés accumulés auprès du secteur au cours de la crise politique de 2003, les crédits consentis à l'Etat ont encore progressés de 31 % au cours de l'année 2008 et représentent désormais 21 milliards de FCFA.

    En 2008, le secteur bancaire centrafricain a connu une croissance de son activité moindre qu'en 2007, le total des bilans bancaires progressant de seulement 14,2 % contre 36 % en 2007. Les dépôts collectés se sont élevés à 74,1 milliards de FCFA au 31 décembre 2008, soit 2/3 total de bilan. Ils se sont accrus de près de 10,6 % en un an, en raison d'une forte progression des dépôts privés (+15,2 %).

    Les crédits bruts à la clientèle s'élevaient à 87 milliards au 31 décembre 2008, en hausse de 16 % par rapport à 2007. Les crédits à l'économie ont, quant à eux, augmenté de 28 % en 2008.

    La qualité du portefeuille de crédit, très dégradée, s'est néanmoins améliorée, les créances en souffrance représentant 21,3 % des crédits bruts contre 30,4 % un an auparavant. L'excédent global de trésorerie a connu une baisse importante (-36 %), passant de 24 milliards de FCFA en 2007 à 15 milliards de FCFA en 2008 ; il représente toutefois encore 16 % du bilan. Le produit net bancaire a augmenté de 14 % en 2008, après une hausse de 30 % en 2007, en raison notamment de l'accroissement des marges dégagées sur les opérations diverses (+26,3 %) alors que la marge sur les opérations avec la clientèle ne s'est accrue que de 4,5 %. Au total, le résultat net s'élève à 2,5 milliards de FCFA, soit une baisse de 26,1 % par rapport à l'exercice 2007.

    Le secteur de la micro finance reste de taille relativement modeste en Centrafrique. D'après les estimations, le montant des dépôts gérés, à fin septembre 2007, s'établiraient à 3,8 milliards de FCFA, les encours de crédit octroyés par ce secteur représentant 1,5 milliards de FCFA. Plus de 40 000 personnes bénéficieraient directement de ce mode de financement, sur un total de 1,4 millions de clients en CEMAC.

    39

    3.2 Evolution des dépôts bancaires

    3.2.1 Les dépôts de la clientèle dans la CEMAC

    Graphique n° 5 : Evolution des dépôts de la clientèle par pays

    Source : Nous même à partir des données de la COBAC.

    Les dépôts se sont élevés dans la CEMAC à 4 418 milliards de FCFA (87,8 % du total du bilan de la zone) en 2007 contre 3 400 milliards de FCFA en 2006 (78,89 % du total du bilan) ; ils se sont accrus de 29,9 % par rapport à 2006. Les dépôts du secteur privé sont prépondérants. Ils sont passés de 2 550 milliards en 2006 (9,88 % du total des dépôts) à 2873 milliards en 2007 (65,1 %du total des dépôts). Les dépôts publics ont rebondis de 426 milliards de FCFA en 2006 (9,88 % du total des dépôts) à 1020 milliards en 2007 (23,09 % du total des dépôts). Les dépôts des entreprises publiques sont demeurés quasiment stables. Ils représentent en moyenne, 4,4 % du total des dépôts en 2006 et 2007.

    Enfin, les dépôts des non-résidents et les dépôts non ventilés se sont accrus et représentent 4 % du total des ressources clientèle en 200747.

    3.2.2 Les dépôts bancaires en Centrafrique

    La première caractéristique du système bancaire centrafricain est son étroitesse, elle-même liée non seulement à la faible culture bancaire des populations, mais aussi à l'anémie de la vie économique du pays.

    En dehors de la faiblesse de l'épargne intérieure en RCA, l'autre principale caractéristique du marché bancaire centrafricain est qu'il est essentiellement court terme. A l'exception de quelque projet immobiliers il n'existe pas de ressources à long et moyen terme : 60 % de dépôts sont à moins de 3 mois et ne dépassent jamais 6 mois.

    47 Rapport annuel COBAC 2007.

    40

    Les dépôts à vue sont beaucoup plus nombreux. Le fait que la monnaie fiduciaire représentait 72,92 % de la masse monétaire en décembre 2003 (29 % en moyenne dans la zone CEMAC) reflète bien la faiblesse de la bancarisation du pays et le fort niveau de circulation de la monnaie hors du système bancaire, surtout hors de Bangui, où les banques sont très peu présentes. La concurrence n'est pas très rude sur le marché des dépôts. En effet, sur des ressources globales estimées à 35 milliards de FCFA en 2001, la CBCA avait la 2e part derrière ECOBANK (42 %) avec 33,3 % des dépôts. Le reste revenant à la BPMC.

    Les retraits des fonds ont été importants après les événements de mai 2001 et les banques ont vu globalement leur chiffre d'affaires diminuer de 30 %. L'évolution des dépôts collectés par les banques secondaires est regroupée dans le tableau suivant :

    Tableau n° 11: Evolution des dépôts collectés par les banques secondaires en RCA de 2000 à 2004 (en millions de FCFA).

    Échéance

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    Dépôt a vue

    13206

    16584

    17306

    15061

    16376

    Dépôt à terme et d'épargne

    9083

    10539

    10191

    11079

    12512

    Dépôt de l'Etat

    10439

    5819

    6855

    4930

    5408

    Total

    32728

    32942

    34352

    31070

    34296

    Source : COBAC, rapport annuel 2007.

    Le système bancaire centrafricain a enregistré une évolution positive de ses ressources émanant de la clientèle. La hausse la plus significative, en valeur relative, a été relevée au courant de l'année 2000 à 2004 (+5). Les dépôts à vue ont atteint 16 376 millions en 2004. Les dépôts à vue représentent 40,35% du total des ressources issues de la clientèle au décembre 2004. Les dépôts à terme et d'épargne n'ont représenté que de 36,48 % et s'établissent à 12 512 millions en 2004. Alors que les dépôts de l'Etat représentent 15,76 % du total des ressources s'élèvent à 5 408. Cette faiblesse des dépôts de l'Etat dans les ressources du système bancaire traduit la dynamique du secteur privé et une économie moins dépendante de la situation de l'Etat.

    3.3 Evolution des crédits bancaires

    3.3.1 L'Encours de crédits nets à la clientèle dans la CEMAC

    Les crédits nets ont progressé de 12,8 % en 2007. Ils se sont fixés à 2 068 milliards de FCFA en 2007 contre 1 833 milliards en 2006. L'encours des crédits nets rapportés au total de la situation des banques de la zone a progressé de 10,2 points pour s'établir à 36,5 % en 2007 contre 46,7 % en 2006.

    41

    Graphique n° 6: Evolution des crédits nets par pays de 2005 à 2007.

    Source : Nous même à partir des données de la COBAC.

    L'encours des crédits nets s'est contracté au niveau du Tchad. En effet, il est passé de 144 milliards en 2006 à 138 milliards en 2007. Dans les autres pays, l'encours des crédits nets s'est inscrit en hausse. Cette évolution a cependant été moins importante que celle enregistrée l'année écoulée en RCA (14,3 % en 2006 contre 7,69 % en 2007), au Congo (15,18 % en 2006 contre 11,88 % en 2007) et en Guinée Equatoriale (31,65 % en 2006 contre 7,69 % en 2007). Le taux de croissance des crédits nets est demeuré quasiment identique pour le Gabon (20,6 % en 2006 et 21,39 % en 2007). Enfin, la progression de l'encours des crédits nets s'est davantage consolidée au Cameroun (3,19 % en 2006 contre 7,04 % en 2007).

    3.3.2 L'encours de crédits en Centrafrique

    Nous savons que l'une des principales missions du système bancaire est le financement de l'économie par l'octroi de crédit48. Or, en Centrafrique, le crédit bancaire n'a pas toujours connu une croissance linéaire. En effet, au cours de la période allant de 2000 à 2005, le crédit accordé au secteur privé a connu une évolution considérable.

    La ventilation des crédits à l'économie selon leur durée initiale nous est résumée dans le tableau ci-après.

    48 Rapport général de l'audit des caisses d'épargnes et de crédits PUND 2004.

    Tableau n° 12: Répartition des crédits à l'économie selon la durée initiale (en millions de FCFA) de 2000 à 2005.

    Echéance

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    Court terme

    35193

    38304

    45472

    46756

    50907

    49125

    Moyen terme

    3410

    3696

    3591

    2430

    3957

    4512

    Long terme

    302

    470

    320

    231

    298

    444

    Total

    38905

    42470

    49383

    49417

    55162

    54108

    Source : COBAC.

    Ce tableau confirme la hausse constante des engagements de l'économie à l'égard des établissements de crédit dans l'économie centrafricaine durant la période 2000-2005. Mais quand on observe l'évolution des crédits distribués par le système bancaire centrafricain sous l'angle de la répartition selon la durée initiale, il apparaît de très fortes distorsions. Tandis que les engagements à court terme progressent de 40 %. Ceux à moyen terme s'amplifient de 32 %. Les crédits à long terme quant à eux progressent de 47 % en volume. La progression des crédits à court terme est due pour l'essentiel au remboursement des crédits de campagne et la stabilité politique amorcée après les élections de 2003. Les banques réagissent en augmentant les crédits en faveur des autres secteurs de l'économie. Ce qui augmente encore plus les crédits de longue et moyenne période. Notons tout de même que le financement des campagnes cotonnières, des sociétés forestières, sucrières, de commerce et de services occupe une grande place dans les financements accordés à l'économie centrafricaine.

    Voyons donc plus amplement les rapports entre l'évolution du crédit au secteur privé et celui du PIB de 2000 à 2009.

    Graphique n° 7: Evolution du crédit au secteur privé (en % de croissance).

    42

    Source : Nous même à partir des données du FMI.

    43

    Malgré le développement du système bancaire à partir de 2008 en Centrafrique, on a constaté une évolution à la baisse du crédit au secteur privé. A première vue, nous pouvons expliquer une telle évolution par la tendance baissière du taux d'intermédiation financière qui traduit la faible part des agents ayant une capacité de financement à financer ceux qui ont un besoin de financement. L'augmentation graduelle des taux d'intérêt sur les prêts peut aussi expliquer une certaine faiblesse du crédit pendant cette période.

    Pour sa part, l'évolution à la hausse du taux d'intérêts sur les prêts semble découler principalement du financement accru du déficit budgétaire qui a eu pour conséquence d'évincer le crédit au secteur privé.

    En effet le financement budgétaire des administrations publiques a toujours constitué une contrainte à la distribution du crédit au secteur privé en Centrafrique. Puisque théoriquement la demande de crédit est une fonction décroissante du taux d'intérêt, un besoin de financement de l'Etat réduira la fraction des fonds prêtables destinés préalablement au financement du secteur privé.

    Il en résulte une augmentation du taux d'intérêt réel, défavorable à l'investissement donc à la croissance économique. L'évolution du crédit au secteur public et celle du secteur privé ont suivi des cours relativement opposés, en d'autres termes, une augmentation du crédit au secteur public s'était presque toujours accompagnée d'une baisse du crédit au secteur privé.

    3.4 Crédit privé et croissance en Centrafrique

    La majorité des théories économiques sont unanimes à reconnaître les incidences positives du crédit au secteur privé sur les activités économiques, comme l'on si bien montré les tenants de l'école du « canal du crédit » qui ont soutenu l'idée d'une augmentation des revenus stimulants ainsi la croissance économique. Donc on va essayer de voir comment l'évolution du crédit au secteur privé a influencé la croissance pendant la période 2000 à 2009.

    En observant le tableau ci-dessous, nous comprenons qu'il n'y pas de lien de cause à effet entre le crédit bancaire au secteur privé et la croissance économique dans le cas de l'économie centrafricaine.

    Tableau n° 13: Evolution du taux de croissance du PIB et taux de croissance du crédit au secteur privé.

    Année

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    2009

    Taux de croissance du PIB

    2 ,3

    0,26

    - 0,58

    - 7,6

    1

    2,4

    3,8

    3,7

    2,2

    2,4

    Taux de croissance du crédit privé

    4,52

    4,87

    5,69

    6,1

    7,4

    6,81

    6,64

    6,69

    6,97

    6,95

    Source : Base de donnée de la BM en 2010.

    En somme, cette étude sur l'évolution du crédit au secteur privé et de son rôle vis-à-vis de la croissance économique, nous a permis de voir que la distribution du crédit au secteur privé de 2000 à 2009 n'a pas été régulière pour diverses raisons

    44

    tant économiques que politiques. Aussi, cela peut dépendre de la politique monétaire adoptée et appliquée dans les situations particulières.

    3.5 La problématique du crédit

    Le crédit bancaire reste rare, coûteux, et extrêmement volatile. Le problème du crédit devrait être ainsi abordé sous quatre angles différents : l'insuffisance, le coût, l'exclusivité et la qualité.

    3.5.1 L'insuffisance du crédit

    Selon les données de la BEAC, le crédit au secteur privé est passé de 30, 903 milliards à 65,860 milliards de francs CFA de 2000 à 2009 et le ratio M2/PIB de 0,8 en 2000 à 2,19 % en 2009. Ceci démontre que les disponibilités de l'octroi des crédits sont en progressions. Tandis que, le ratio crédit privé/PIB n'a pas pu atteindre la barre de 5 % avant 2006 avec une moyenne de 2 % de 2000 à 2009. Ce rationnement de crédit en Centrafrique, n'est pas forcement imputable à la faiblesse de disponibilités bancaires.

    3.5.2 Le coût du crédit

    Nous savons qu'un produit rare est généralement coûteux. Mais il y a une autre considération à faire. En Centrafrique, on remarque mis à part le problème d'insuffisance de fonds prêtables, que les institutions de crédits ont tendance à imposer des conditions draconiennes face à la demande des agents qui ont besoin du crédit, un ensemble d'exigences qui protège les banques certes, mais entrave l'activité de crédit.

    Nous reconnaissons certes, le niveau élevé de risques qui entourent les investissements économiques par rapport à la fragilité du pays ; mais reste à savoir si les mesures préventives en terme d'octroi de crédit au secteur privé correspondent toujours à la réalité du marché. Voyons le tableau qui suit :

    Tableau n ° 14: Evolution du taux d'intérêt et taux des prêts bancaires.

    Année

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    Taux d'intérêt réel

    18,27

    16,52

    14,57

    19,59

    17,65

    13,49

    10,39

    12,23

    Taux d'intérêt des prêts bancaires

    22

    20,67

    18

    18

    18

    17,67

    15,33

    15

    Source : Base de donnée de la BM 2010.

    Cet écart de taux qui est généralement inélastique par rapport aux variations des taux directeur de la BEAC nuit considérablement à la demande de crédit. D'une part, les potentiels épargnants pourraient être réticents à faire des dépôts ; d'autre part, ceux qui ont besoin du crédit seraient de plus en plus désintéressés à formuler une demande.

    45

    3.5.3 L'exclusivité du crédit

    Cela sous entend que le crédit est parfois discriminatoire dans le sens qu'il n'est pas ouvert à tout le monde ou en d'autre terme, qu'une minorité de personnes est privilégiée au dépend d'une certaine majorité sur la base de l'apparentée. Selon les chiffres de la BEAC, environ 10 % des emprunteurs du système bancaire centrafricain ont bénéficié approximativement de 80 % du portefeuille de crédit total en 2005. C'est une expression de la concentration de l'offre des services financiers notamment les prêts bancaires.

    3.5.4 La qualité du crédit

    Il ne suffit donc pas d'accorder des prêts aux clients, mais les prêts doivent être de qualité. La qualité du crédit renvoie notamment à sa productivité. Les chiffres sont inquiétants car les prêts improductifs sont élevés, ce qui démontre la mauvaise qualité de l'actif et la faiblesse de l'assise financière du système bancaire.

    Tous ces obstacles empêchent non seulement au crédit au secteur privé d'évoluer normalement, mais aussi d'avoir des incidences positives sur la création de richesse et de l'emploi.

    Nous allons voir à la suite de notre analyse l'importance du financement dans l'économie centrafricaine en mettant davantage l'accent sur l'analyse économétrique de la relation entre le crédit au secteur privé et la croissance économique.

    46

    CHAPITRE III : L'IMPORTANCE DU FINANCEMENT DANS L'ECONOMIE CENTRAFRICAINE.

    Pour la plupart des pays en voie de développement (PED) où l'épargne est faible comme en RCA, les financements privés internes et externes constituent un élément vital pour les sortir de leur situation de pauvreté.

    Notons que le financement de l'économie par les ressources publiques est insuffisant à cause de la dette et de la baisse de l'aide publique au développement.

    Pour beaucoup d'économistes, l'investissement est le moteur de la croissance; partant de ce fait, nul ne peut nier l'importance du rôle des banques étant donné qu'elles sont considérées comme les canaux quasi uniques du drainage de l'épargne vers l'investissement. Elles contribuent donc de par leur action sur l'investissement à déclencher le cercle vertueux de la croissance économique. Le développement de l'intermédiation financière constitue donc un moyen essentiel pour favoriser l'accumulation du capital; de même, la mise en place d'un système financier plus efficace conduit à accroître le bien-être de l'économie.

    La question est de savoir quel est le rôle des banques dans l'économie centrafricaine ? C'est-à-dire de savoir comment les banques contribuent à la croissance économique centrafricaine.

    Le présent chapitre analyse dans la première section le financement par les investissements privés; la deuxième section sera consacrée à l'analyse économétrique de la relation entre le crédit au secteur privé et la croissance économique et la troisième section sera sur les perspectives et les recommandations.

    SECTION 1 : LE FINANCEMENT PAR LES INVESTISSEMENTS PRIVES

    L'investissement privé caractérise le placement de fonds qui ne dépend pas de l'Etat. En d'autre terme c'est l'emploi des capitaux par des individu, ou des entreprises à caractère individuel ou privé49. Il présente l'acquisition de machines et de moyens de production par les particuliers nécessaires aux activités productives. On distingue l'investissement privé interne et l'investissement privé externe.

    1.1 Les investissements privés internes

    1.1.1 Le poids de secteur privé

    Le secteur est en régression constatée depuis les années 1990, conséquence des difficultés énormes de tous genres. Son poids diminue progressivement au profit du secteur informel. Certains entrepreneurs accusent l'Etat d'être le principal responsable de la situation actuelle. En effet, les procédures de création des entreprises, les lourdeurs administratives, le poids de la fiscalité sont autant d'entraves au système privé moderne.

    49 GUERRIEN Bernard « Dictionnaire d'analyse économique » 2002.

    47

    Par ailleurs, les chefs d'entreprises dénoncent l'absence d'une politique volontariste de promotion du secteur privé et le climat d'insécurité et d'incertitude née des troubles politico-militaires qui se font sentir sur tous les cieux découragent l'initiative privée et les investisseurs. En effet, les évènements politico-militaires qui ont jalonnés la vie du pays depuis 1990 l'ont considérablement affaiblie. En 1996, la RCA a vécu plusieurs crises socioéconomiques dont les conséquences sur le secteur privé n'ont pas été prises en compte.

    Le rôle du secteur privé dans la création des richesses et de l'emploi par les

    investissements, n'a pas suffisamment été intégré dans les différents programmes d'ajustement dont l'essentiel était l'assainissement des financements publics.

    1.1.2 Evolution de la demande globale et des investissements privés 1996 à 2009

    Notons que depuis les dernières crises qu'a connu le pays de 1996 à 2002, le

    tissu économique s'est détérioré et a régressé. Certaines entreprises ont connu des difficultés de tous genres.

    Au cours du premier semestre 2005, l'évolution de la demande globale a été caractérisée par une progression de la demande intérieure endossée à l'augmentation des consommations publiques et privées et à la poursuite, bien que faible, des investissements privés. En revanche, la demande extérieure nette a eu un apport négatif sur l'évolution de la richesse nationale.

    Tableau n° 15: Evolution de la demande intérieure brute et investissement (en % du PIB) de 1996 à 2009.

     

    96

    97

    98

    99

    00

    01

    02

    03

    04

    05

    06

    07

    08

    09

    Demandes intérieures brutes

    - 5,0

    4,4

    8,2

    4,3

    -1,9

    2,3

    - 2,4

    -4,2

    5,2

    6,1

    -0,4

    5,1

    3,1

    1,8

    Consommation

    -0,4

    1,8

    6,5

    3,8

    -1,4

    3,0

    -3,0

    -2,6

    4,6

    3,7

    1,3

    5,3

    2,0

    0,7

    Publique

    - 0,9

    1,2

    - 0,6

    0,5

    0,2

    0,1

    0,9

    - 0,2

    1,1

    0,5

    -1,9

    -0,3

    0,4

    0,1

    Privée

    0,5

    0,6

    7,1

    3,3

    -1,6

    2,6

    -3,9

    - 44

    3,6

    3,3

    3,2

    5,6

    1,6

    0,5

    Investissements Bruts

    - 4,6

    2,5

    1,8

    0,5

    -0,5

    -0,7

    0,6

    -1,7

    0,5

    2,4

    -1,8

    -0,2

    1,1

    1,2

    Publics

    -2,7

    3,2

    0,4

    0,1

    - 44

    -1,2

    0,9

    -1,6

    -0,1

    1,5

    -0,8

    -0,5

    0,3

    0,2

    Privés

    -1,9

    0,3

    0,6

    0,3

    1,5

    0,2

    0,4

    -0,2

    -0,4

    0,9

    -1,0

    0,2

    0,8

    1,0

    Source : BEAC.

    48

    Les investissements bruts ont eu un impact important positif sur la relance de l'activité économique soutenue par un investissement sécuritaire nationale. Les investissements privés ont repris mais à un rythme moins soutenu.

    En 2006, la demande globale continuerait d'être soutenue par la demande intérieure en liaison avec le dynamisme de la consommation et des investissements privés à la croissance économique a été de l'ordre de 0,5 point contre 0,2 point en 2005, soutenu par l'acquisition de production par les entreprises forestières, agro-industrielles, minières et de services ainsi que par l'extension des activités de la téléphonie mobile.

    En 2008, la demande intérieure resterait toujours le principal moteur de cette croissance moins vigoureuse, avec une contribution de 8 points contre 3,5 points plus tôt. Cette tendance serait imputable au raffermissement de la consommation et au dynamisme des investissements privés.

    La croissance économique projetée pour 2008 est essentiellement imputable aux investissements de l'ordre de 2,0 points contre 0,2 point en 2007. Cette vigueur des dépenses d'épuisement du secteur privé serait attribuable à la construction d'une agence de la SOCACIG à Bambari, à la poursuite des travaux des stations de services par les sociétés pétrolières et à l'extension des réseaux de téléphonie mobile en provinces. De même la société forestière, SEFCA MBAERE a installé une 3ème scierie. En ce qui concerne les transports, il a été enregistré la création de 3 nouvelles sociétés de transports urbain et international (TODA Africain Express, Centrafrique Logistique S.A et Société Nationale de Transport Urbain (SONATU).

    1.1.2.1 Evolution de l'épargne nationale

    Le consensus de Monterrey, établi lors de la conférence internationale sur le financement du développement tenu à Monterrey au Mexique en mars 200250, donne les orientations sur la manière d'aborder les questions de mobilisation des ressources. Ce consensus se fonde sur la nécessité de mettre à contribution toutes les sources de financements possibles, mais en partant du principe que les pays en développement doivent donner la primeur aux internes.

    La source de financement interne découle principalement de l'épargne car dans la théorie macroéconomique l'épargne est en fonction du taux d'intérêt et de revenu et en équilibre l'épargne est égale à l'investissement (E = I)51.

    50 AHO Gilbert « Pour une stratégie de croissance pro-pauvre au service du développement humain : contrainte et défis pour la RCA ». PUND 2006.

    51 NGARASSO Evariste «Cours de macroéconomie » 2e année des Sciences Economiques UB 2007.

    49

    Tableau n° 16: Epargne nationale 1997-2000 (en F CFA et en %).

     

    97

    98

    99

    00

    01

    02

    03

    04

    Epargne Nationale Totale (F

    CFA).

    38,8

    46,5

    75,1

    68,0

    50,2

    45,7

    25,0

    10,3

    Secteur Public (FCFA)

    31,5

    72,1

    72,1

    47,1

    28,2

    32,7

    - 2,2

    17,3

    Secteur Privé (FCFA)

    7,3

    -25,6

    3,0

    20,9

    22,0

    13,0

    27,0

    - 7,0

    Epargne Nationale Totale (%)

    7,0

    7,6

    11,7

    9,9

    7,0

    6,4

    3,6

    1,5

    Secteur Public (%)

    5,7

    11,9

    11,3

    6,9

    3,9

    4,6

    - 0,3

    2,5

    Secteur Privé (%)

    1,3

    - 4,2

    0,5

    3,0

    3,0

    1,8

    3,9

    - 1,0

    Source : BEAC.

    Mobiliser les ressources internes suppose donc des efforts considérables, d'une part, pour stimuler la formation d'une épargne conséquente et, d'autre part, pour que se mette en place une intermédiation financière efficace, capable de canaliser l'épargne vers le système financier. D'une manière générale, l'épargne dans un pays est déterminée par le revenu disponible, monétisation de l'économie et les paramètres d'intensification financière dont les plus importants sont le flux de crédit intérieur et le flux de crédit par rapport au revenu disponible.

    De façon générale, la capacité du secteur privé à dégager une épargne volontaire dépend essentiellement du niveau et de l'accroissement de leur revenu disponibles. Une croissance élevée et soutenue, à travers laquelle le secteur privé anticipe un accroissement de revenu, accroît la propension à épargner. La propension à épargner peut également être stimulé par la fiscalité. Toutefois, les ménages qui ont une capacité de financement peuvent très bien choisir de détenir leur épargne sous forme non monétaire. La motivation à détenir l'épargne sous forme monétaire dans le système bancaire dépend de la crédibilité des institutions financières et de la convivialité du système financier52.

    Le tableau nous montre l'insuffisance des investissements privés (épargne privée) dans l'économie centrafricaine. En 1997, l'épargne nationale totale en F CFA était de 38,8 F dont 31,5 F pour le secteur public contre 7,3 F CFA pour le secteur privé et l'épargne nationale en % du PIB de cette année était de 7,0 % dont 5,7 % au secteur public et 1,3 % du secteur privé. C'était en 2003 que dans les 2 cas, le secteur privé a augmenté à cause de la crise militaro-politique et que nous avons remarqué une baisse du taux d'épargne nationale (en F CFA et en % du PIB).

    1.1.2.2 Les déterminants de l'épargne en Centrafrique

    En valeur absolue, l'épargne nationale est constituée d'environ 45 milliards de F CFA dont 34,4 milliards de F CFA pour le secteur public contre 7,6 milliards pour le secteur privé depuis le milieu des années 90, avec une tendance à la baisse depuis la fin des années 90. Elle est passée de 75 milliards de F CFA soit 72,1 milliards de F CFA pour le secteur public contre 3 milliards pour le secteur privé en 99, à 10,3 milliards de F CFA soit 17,3 milliards pour le secteur public contre - 7 milliards pour le secteur privé en 2004.

    52 Rapport sur les investissements dans le monde CNUCED 2004.

    50

    Même en valeur relative c'est-à-dire rapporté au revenu, le niveau de l'épargne est encore très faible en RCA. L'épargne ne représente que 7 % du PIB dont 5,8 % pour le secteur public et 1,1 % pour le secteur privé en moyenne par année depuis le milieu des années 90, pire, le taux d'épargne est en pleine dégringolade après le pic de l'année 99, passant de 11,7 % du PIB, soit 11,3 % pour le secteur public et 0,5 % pour le secteur privé, cette année là à 1,5 % du PIB en 2004. Sur la période 90-03, l'épargne centrafricaine atteignait 8 % du PIB, ce qui est de loin inférieur à la moyenne africaine, qui ont atteint respectivement 12 % et 17 % du PIB.

    Ce faible niveau d'épargne explique les faibles capacités d'investissement dans l'économie nationale. Les taux d'investissements bruts les plus élevés ont été atteints en 1986,1987 et 1995, grâce aux investissements publics eux-mêmes, poussés par l'aide publique au développement (APD) favorables. Par contre, les niveaux d'investissement les plus bas ont été atteints pendant les années de crises militaro-politiques (96, 97,02 et 03) où leur valeur correspond à peine à la moitié de la moyenne de la période 1986-2004.

    1.2 Les investissements privés externes

    1.2.1 La situation de l'APD en RCA

    L'aide publique au développement (APD) est une source de financement du développement indispensable pour l'ensemble des pays en développement. L'aide peut souligner les contraintes de financement intérieur dans les pays dont le revenu moyen est faible et où les niveaux de pauvreté sont élevés, en procurant au gouvernement des nouvelles ressources d'investissement pour les infrastructures de base telles que l'eau, l'électricité et les communications. En particulier dans les pays pauvres sortant d'une longue période de crise comme la RCA, le financement de l'aide peut créer les conditions pour la paix et le développement humain.

    A l'instar de l'évolution de l'APD au niveau mondial, le flux de l'APD en RCA montre une évolution erratique avec une tendance nette à diminuer à partir du début 98, pour devenir négatif en 2003 et 2004 (-2 millions de F CFA et - 10 millions de F CFA, respectivement sur ces 2 années).

    Lorsque les leaders mondiaux ont adopté la déclaration du millénaire en septembre 2002, le niveau de l'APD était au plus bas, en % du revenu intérieur brut des pays des donateurs, plus précisément 0,3 %. Cette gestion de l'ADP reçu par la RCA, est considérée en dehors des autres facteurs propres au contexte intérieur du pays. Par ailleurs, dans le cas de la RCA, l'irrégularité de l'aide est un fait. Le flux d'ADP durant les 20 dernières années sera de 44 milliards de F CFA a -10 milliards de F CFA, chiffres atteints respectivement en 1994 et en 2004.

    L'écart type de la variation de flux d'APD sur les 20 dernières années est près de 18 %, soit 2/3 de la valeur moyenne sur la période.

    51

    Tableau n° 17: Volatilité de l'APD et des recettes fiscales.

     

    Moyenne

    (1985-2004) étendu

    Etendu type

    APD

    26,1

    54

    37,9

    Recette fiscale

    41,7

    39,5

    9,8

    Source : Rapport sur l'investissement dans le monde, BEAC et calcul PNUD.

    En outre, les recettes fiscales sont également très valorisées en RCA, ont varié entre 26,5 milliards de F CFA et près de 65 milliards de F CFA, valeurs minimales et maximales atteintes respectivement en 1993 et 2002.

    L'écart-type est d'environ 9, soit 4 fois moins que la valeur moyenne de 41,7. En d'autres termes, les flux d'APD a varié 2 fois plus que les recettes fiscales qui sont déjà volatile en RCA. Ce fort flux de l'aide pour le problème de l'imprévisibilité de cette source de financement.

    1.2.2 Les flux de l'investissement direct étrangers (IDE)

    La RCA est une destination très marginale pour les IDE avec les flux annuels net en cours des 5 dernières années oscillant dans une fourchette de 1 à 5 millions de dollars américains (4 millions en 2004) soit environ 3 % de la formation brut du capital fixe (FBCF). Les stocks d'IDE sont chiffrés à 75 millions de dollars $ US en 2003, les flux de l'IDE sont donc très faibles et faible leur niveau d'investissement privé, ce qui freine la croissance et accroît la pauvreté.

    En 2000, la RCA a reçu les flux d'IDE vers l'Afrique, la RCA ne représente que 0,05 % d'IDE de l'ensemble des pays africains. Concernant la répartition sectorielle entrant en RCA, elle s'est orienté dans l'exportation forestière et le traitement de bois, le transport fluvial et le secteur cotonnier au cours de 20 dernières années, le flux entrant annuel d'IDE n'a guère dépassé 6 millions de dollars en RCA, chiffre atteint en 2002; le Lesotho, un petit pays enclavé comme la RCA, a reçu en moyenne environ 30 millions de dollars US pour la même période. De même, le Swaziland a reçu 65 millions de dollars $ US, en moyenne par année en cours de la même période.

    52

    Tableau n° 18: flux et stocks d'IDE (en millions de dollars US).

     

    85, 95,99

    00

    01

    02

    03

    04

    Flux d'IDE

    - 3

    4

    -1

    5

    5

    4

    Stocks d'IDE

    20

    37

    42

    70

    72

    75

    Source : Rapport sur l'investissement dans le monde, BEAC et calcul PNUD.

    Les déterminants de l'IDE sont bien connus. Les décisions des investisseurs étrangers se fondent sur la qualité de cadre politique et réglementaire et l'investissement privé étranger, les paramètres économiques selon le motif de recherche de nouvelles affaires. Si, pour l'heure la RCA est littéralement bondée par les investisseurs privés étrangers ; c'est qu'elle est en défaut par rapport aux différents paramètres d'appréciations considérés par ces derniers dans leurs prises de décisions.

    Tableau n° 19: Flux IDE et accord d'investissement.

     

    Flux d'IDE (en millions de

    dollars moyens annuels 96 - 03)

    Nombres d'accords

    d'investissements bilatéraux

    RCA

    3

    0

    BOTSWANA

    105

    8

    KENYA

    39

    5

    EGYPTE

    1025

    88

    SWAZILAND

    64

    3

    OUGANDA

    220

    11

    Source : World Investissement report 2004.

    53

    Ce tableau montre bien l'insuffisance des investissements privés dans l'économie nationale par rapport aux flux d'IDE et aux nombres d'accords d'investissements bilatéraux.

    La RCA pourrait, à ce sujet s'inspirer de l'exemple des pays qui se sont engagés sur cette voie. Le Swaziland qui est un petit pays enclavé comme la RCA et qui a reçu 64 millions de dollars de l'IDE en moyenne par année sur la période 9603, a conclu 3 accords d'investissements bilatéraux précisément avec l'Ile Maurice, Taiwan et le Royaume-Uni. Le Botswana, également un petit pays enclavé, qui a reçu 105 millions de $ en moyenne par année sur la même période, à 8 accords d'investissement à son actif. Le Kenya a reçu environ 39 millions de $ d'IDE en moyenne par année sur la période 1996-2003, ce qui est très proche de la moyenne de l'ensemble des pays en voie de développement (41 millions de $ d'IDE en moyenne par année sur la même période 5 accords d'investissement). L'Ouganda, qui a drainé 220 millions de $ d'IDE a conclu onze accords d'investissement. L'Egypte, une des destinations de l'IDE parmi les pays en développement en a conclu 88.

    A coté des accords bilatéraux d'investissement, les garanties multilatérales comme celles apportées par l'agence multilatérale garantie de l'investissement (AGI), sont une option à considérer pour la RCA afin d'attirer les investissements internationaux potentiels de flux d'IDE dans le pays.

    1.3 Financement du secteur privé moteur de l'économie centrafricaine

    1.3.1 Les contraintes et obstacles au financement du secteur privé de l'économie centrafricaine.

    Les entreprises centrafricaines éprouvent d'énormes difficultés dans leur environnement et dans leur gestion quotidienne. Par rapport à ce qui est observé dans les pays africains où le niveau de développement est comparable, les difficultés sont exacerbées par le climat de tension et d'insécurité qui ont prévalu depuis le déclenchement de la crise politique de 1996. La guerre a eu des effets sur l'appareil productif. Elle a affecté la structure de consommation et les échanges, la mobilisation des capitaux et des marchandises. La baisse généralisée des activités a affecté le niveau de production et d'échange. Le coût économique de la guerre est important dans la mesure où elle a permis l'orientation des dépenses budgétaires vers les secteurs jugés plus stratégique. Elle a influencé négativement la compétitivité du secteur productif.

    En terme général, la compétitivité décrit la capacité pour un individu, une entreprise ou une nation à faire face aux besoins des consommateurs et aux initiatives de ses concurrents sur le marché.

    Au plan national, la conception de la compétitivité se base sur la théorie des avantages comparatifs. Ceux-ci découlent de 3 composantes majeures permettant aux entreprises d'une nation donnée de relancer la concurrence sur le terrain de leur choix. Les entreprises centrafricaines opèrent dans un environnement qui n'est pas toujours favorable aux affaires. Elles sont confrontées à des difficultés diverses.

    54

    Le manque de financement et l'insuffisance de l'investissement global sont les principales contraintes pour près du quart des entrepreneurs53. Certaines entreprises ont des difficultés à travers des crédits pour financer leur investissement productif. Cette situation se justifierait par le peu d'intérêt affiché par les banques commerciales principalement à l'endroit des PME. Pour les nombreux entrepreneurs, les banques ne font pas confiance aux dirigeants des PME, notamment les centrafricains et ont une attitude inverse à l'égard des étrangers à qui elles octroient plus de crédit. D'autres soutiennent que les banques exigent des garanties, hors des portées des PME. La couverture des risques dotée par des banques est très souvent supérieure au montant du crédit souhaité.

    S'agissant de l'investissement global de l'économie, la situation sociopolitique contraignante et la limitation drastique des concours financiers attendus des organismes de financement a engendré un taux d'investissement public et privé faible. Cette évolution contraste fortement avec les taux d'investissement des économies performantes d'Asie de l'Est, où l'investissement total a été en moyenne de 30 % du PIB durant les années 80, avec un taux d'investissement privé moyen de 18 %, soit 60 % de l'investissement total.

    L'étroitesse du marché centrafricain est le second handicap en importance pour la promotion et le développement de l'entreprise. Elle s'apprécie par rapport à la faiblesse de l'accès de la population aux marchés.

    La perception et la vision que les pouvoirs publics se font des entreprises sont telles que le secteur privé endogène n'est pas considéré par l'Etat comme un partenaire. Mais on note ces derniers temps une évolution dans l'attitude des autorités publiques qui rappellent sans cesse que le secteur est le moteur de la croissance.

    Un autre aspect de l'investissement des affaires se réfère aux problèmes fiscaux. La plupart des entreprises estiment que le régime fiscal, le régime douanier et leur fonctionnement constitue des problèmes majeurs qu'elles rencontrent, entre autres les taux d'impositions jugés élevés ; les administrations fiscales et douanières gèrent les activités économiques et sont parfois incapables de répondre avec compétence aux demandes du secteur privé. L'impôt affecte gravement le revenu et le fruit du travail humain décourage toute initiative privée dynamique et tout esprit d'entreprise.

    1.3.2 Le financement dans l'économie centrafricaine

    Dans toute l'économie, le financement est un moteur par excellence de développement des activités économiques. Il devient aussi une nécessité pour les intermédiaires financiers centrafricains de mobiliser l'épargne afin de subvenir aux besoins de crédit des différents agents économiques. Les principaux secteurs économiques du pays à savoir le commerce, les services et l'agriculture connaissent des déficits de financements énormes qui s'explicitent par la faiblesse des investissements et de production qu'ils enregistrent. Leurs activités sont donc restées marginales et irrégulières, laissent un bon nombre d'agents économiques

    53 VERNIMMEN Pierre « Finance d'entreprise ».2000.

    55

    indifférent par rapport à de potentielles activités économiques tandis que d'autres sont obligés de recourir à l'usure pour les taux d'intérêt très élevés. Ce manquement conduit les tenants de ces activités non financées à une situation et un rendement de subsistance.

    Le financement se révèle donc comme un outil incontournable dans la perspective d'augmentation de l'investissement domestique et dans la quête d'une relance économique. Ce besoin de capitaux doit être satisfait notamment pour combler le vide produit par la faiblesse des investissements étrangers dans le pays. D'où toute l'importance du financement de l'économie centrafricaine.

    Ainsi, le système financier centrafricain, dominé d'ailleurs par le système bancaire dans ses fonctions financières doit allouer suffisamment de ressources, faciliter les transactions et surtout mobiliser de l'épargne dans la perspective du développement maximal de crédit. Certes, parler de crédit à l'économie sous tendent le crédit au secteur privé et le crédit au secteur public. Cependant dans le cadre de notre travail, l'accent est mis sur le crédit au secteur privé, estimant que cette part pourrait avoir d'avantage d'incidence positive sur la croissance économique.

    Analysons maintenant le crédit au secteur privé et la croissance économique.

    SECTION 2 : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA RELATION ENTRE LE CREDIT AU SECTEUR PRIVE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE.

    L'économétrie est la branche de la science économique qui recourt à la théorie économique, à la statistique et aux mathématiques pour évaluer les relations économiques et leurs implications en ce qui concerne les comportements économiques54.

    Pour modéliser les relations entre le crédit au secteur privé et la croissance économique, nous utilisons une régression linéaire multiple. L'analyse par la régression multiple permet de tester les hypothèses portant sur la relation entre une variable dépendante et au moins deux variables indépendantes. Elle permet également d'effectuer des prévisions.

    2.1 Les différentes variables à étudier

    Le modèle est constitué d'une variable endogène LPIB qui représente le logarithme du Produit Intérieur Brut et de 2 variables exogènes, LCREPRIV indiquant le logarithme du crédit au secteur privé et LM2 désignant le logarithme de la masse monétaire.

    Nous avons préféré prendre le logarithme des variables pour avoir une meilleure tendance et pour rendre les séries plus stationnaires. Car les séries en niveau ne nous ont pas donné des résultats statistiquement significatifs. Nous avons utilisé des données annuelles partant de 2000 à 2009 à partir du Moindre Carré

    54 MBETID-BESSANE Emmanuel « Cours d'économétrie » 3e année des Sciences Economiques UB 2005.

    56

    Ordinaire (MCO) pour estimer notre modèle et, pour la plupart des cas, on a pris le résultat de fin de période.

    2.2 Spécification du modèle

    2.2.1 Spécification mathématique du modèle

    L'équation générale du modèle prend la forme suivante : LPIB = âo + â1LM2 + â2 LCREPRIV + åt

    Cette forme d'équation ne s'identifie pas typiquement à un modèle déjà construit, néanmoins, elle réfère particulièrement au modèle théorique de Schumpeter (1912) qui a fait du crédit privé le mobile de détermination de la production industrielle et de l'innovation technologique. Toutefois, le crédit privé n'est pas pris en compte dans son modèle de base.

    2.2.2 Spécification économique du modèle

    On utilisons les donner en millions de F CFA (voir annexe) le calcul de logarithme nous donne dans le tableau suivant.

    Tableau n° 20 : Logarithme du PIB, masse monétaire et crédit privé de 2000 à 2009.

    Année

    2000

    2001

    2002

    2003

    2004

    2005

    2006

    2007

    2008

    2009

    LPIB

    11,83

    11,84

    11,83

    11,79

    11,80

    11,81

    11,83

    11,84

    11,85

    11,87

    LM2

    9,96

    10,02

    10, 1

    10,04

    10,09

    10,17

    10,24

    10,33

    10,39

    10,39

    LCREPRIV

    10,49

    10,54

    10,62

    10,61

    10,68

    10,69

    10,72

    10,74

    10,79

    10,82

    Source : Nous même.

    Nous savons que d'après la spécification mathématique du modèle : LPIB = âo + â1 LM2 + â2 LCREPRIV + åt

    âo, â1 et â2 représentent les paramètres estimés ; åt désigne un terme stochastique, terme d'erreur ou perturbation aléatoire.

    L'estimation â1, mesure la variation du LPIB pour une variation unitaire de LM2

    lorsque LCREPRIV reste constant. L'estimateur â2 est défini de manière analogue. Ces estimations peuvent être appelées coefficients partiels de régression.

    2.2.2.1 Test de signification pour les paramètres estimés

    Dans une régression à plusieurs variables, il faut déterminer les variances des

    estimateurs si l'on veut évaluer la signification statistique des estimateurs de paramètres.

    57

    2.2.2.2 Test de stationnarité des variables

    La notion de stationnarité est importante dans la modélisation de séries temporelles. Dans le cas où les variables ne sont pas stationnaires mais intégrées de même ordre, un concept très proche, celui de cointégration, permet de déterminer le type de modèle à utiliser55. La stationnarité joue également un rôle important dans la prédiction de séries temporelles.

    2.3 Les résultats et interprétations de l'estimation.

    2.3.1 Les résultats de l'estimation

    Après avoir estimé par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO), on a eu la forme particulière suivante :

    LPIB = 12,196 + 0, 2491LM2 - 0,262 LCREPRIV

    S (0, 20) (0, 30)

    R2 = 85, 82 % F2, 7 = 21, 18 n = 10

    Appliquant la distribution de student t :

    t1 = 3,19 t2 = 2,87 á = 5 %

    2.3.2 L'interprétation des résultats de l'estimation

    Pour tester la significativité de chacune des variables, le test de student a donné des résultats satisfaisants. Dans toutes les trois variables considérés dans le modèle ils sont statistiquement significatifs.

    Globalement nous avons eu une probabilité associée à Fisher atteignant 21,18, ce qui est largement significatif toujours sous le seuil de 5 %. Egalement, nous avons enregistré un coefficient de détermination multiple (R2) suffisamment élevé 85,82 % et l'erreur est très faible 14,18 % ce sont des signaux positifs de la significativité et de l'acceptabilité du modèle.

    2.3.3 Aspect technique du modèle

    Techniquement, en analysant les signes des coefficients des différentes variables exogènes, nous devons comprendre que la variable endogène LCREPRIV entretient des relations négatives avec la variable endogène (LPIB). En terme économique d'après ce modèle, toute augmentation de 1 % du crédit au secteur privé doit faire baisser le PIB respectivement de 0,262 %. Parallèlement, la masse monétaire M2 influence positivement le PIB, ainsi selon cette équation, une hausse de 1 % de M2 fera progresser le PIB de 0,2391 %.

    55 BOURDONNAIS Régis «Econométrie : manuel et exercice corrigés».2005.

    58

    2.3.4 Aspect théorique du modèle

    Théoriquement, beaucoup de thèses soutiennent une relation négative entre le crédit au secteur public et la croissance économique dont celle de Varoukadis (1996)56 dans le sens que les crédits au secteur public tendent à évincer le crédit au secteur privé et donc réduit l'investissement domestique ; ce qui s'accorde parfaitement avec les résultats de notre estimation. Toutefois, dans la majorité des cas, les auteurs défendent une relation positive entre le crédit au secteur privé et la croissance du PIB (c'est le cas de Schumpeter). Car, pensent-ils, le crédit au secteur privé peut mobiliser suffisamment de capitaux à l'investissement et à la création de richesse pouvant stimuler l'activité économique. En ce qui concerne la relation entre la masse monétaire M2 et la croissance du PIB, elle répond aux avancées théoriques qui soutiennent l'idée qu'une plus grande disponibilité monétaire, soit en terme de monnaie en circulation ou dans les comptes d'épargne constitue un terrain propice à l'investissement et par la suite à la bonne marche des activités économiques.

    2.4 L'impact du modèle sur l'économie centrafricaine

    Dans le cas centrafricain, plusieurs choses peuvent expliquer cette inadéquation entre le crédit au secteur et la croissance du PIB. D'abord, on considère le point de vue politique.

    L'étude part de 2000, et nous savons que 2000 dans l'histoire politique, sociale et économique nationale a été un point déclencheur. Du coup d'Etat manqué en mai 2001 en passant par une rébellion en 2002 et 2003 pour aboutir au renversement de Ange Félix Patassé en mars 2003, suivie d'une élections démocratique en 2005. Après des élections démocratiques en 2005 des rébellions se sont formées dans le nord et le nord-est du pays de 2008 à nos jours. Les terrains politiques de toutes sortes ont assombri le climat d'investissement au détriment de la croissance économique et de l'emploi.

    Mais à partir des crises politiques répétées, nous assistons à une grande période d'ouverture économique. Dans ce contexte, les entreprises nationales qui bénéficient du crédit ne pouvaient pas produire efficacement et de manière optimale, car talonnées par la forte concurrence des produits étrangers. Et parallèlement, les compagnies étrangères s'adonnaient presque entièrement à la commercialisation au lieu de venir investir en Centrafrique dans des oeuvres à haute intensité d'emploi et de création de richesse.

    Donc, il serait difficile de croire que dans une situation aussi particulière, le faible niveau de crédit accordé au secteur privé particulièrement par les banques aurait pu avoir des impacts positifs sur la croissance du PIB.

    Un autre problème qui a été soulevé plus haut c'est la trop forte concentration du crédit. Donc par le fait que le crédit n'est pas suffisamment ouvert et distribué dans les différents secteurs et régions du pays, il va inciter de moins en moins de concurrence ; alors une augmentation relative de son volume n'arrivera pas à inciter

    56 VAROUDAKIS Aristomène, « Développement financier, reformes financières et croissance : une approche en donnée de pannel ».1998.

    59

    une croissance économique soutenue, menacée partout d'autres facteurs économiques et politiques.

    Comment s'attendre à des retombées positives du crédit si les banques commerciales centrafricaines offrent pour la majeure partie du temps des prêts à court terme. Ces dernières n'auront pas suffisamment de temps pour donner le rendement souhaité.

    SECTION 3 : PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS

    3.1 Les perspectives

    En fait, le système financier centrafricain en dépit de la performance du secteur bancaire n'arrive pas jusqu'à présent à être un moteur pour la croissance économique. D'ailleurs, on a enregistré des rapports négatifs entre la contribution du crédit au secteur privé et la croissance du PIB. Pour des raisons politiques macroéconomiques ou qui sont liées directement au système bancaire, le crédit au secteur privé a été d'une part insuffisant. Et d'autre part, vu les problèmes de transmission du crédit privé et de son allocation, ce dernier n'a pas su être un facteur réel pour le développement des investissements et de l'emploi en Centrafrique. Donc, face à ce déficit de croissance et du constat de la non influence positive du crédit au secteur privé sur le PIB, il faudrait penser à des perspectives.

    3.1.1 Mise en oeuvre des politiques économiques cohérentes et

    adéquates

    Pour accroître les capacités de financement interne, la RCA a besoin d'une croissance forte et soutenue afin de pouvoir dégager une épargne plus importante ; cela dépend avant tout de la capacité du pays à mettre en place une politique adéquate. A cet égard par exemple la RCA étant un pays enclavé, la mise en place d'une politique de transport et de communication devrait faire partie des priorités. Ces politiques doivent soutenir la stratégie de croissance du pays à partir d'une analyse approfondie des principaux déterminants de la croissance.

    Dans le cas de la RCA, c'est l'extrême faiblesse de l'investissement privé qui explique, en 1er lieu, les mauvaises performances en matière de croissance. De ce fait, une stratégie de croissance pour la RCA devra à priori mettre essentiellement l'accent sur l'amélioration de l'environnement de l'investissement privé et sur l'innovation technologique. Le processus participatif associant le secteur privé et la société civile doit être à la base de la formulation des politiques et stratégies de développement pour permettre de débattre des stratégies sur une base de développement suffisamment large et pour renforcer l'appropriation de ces stratégies.

    Une des principales causes de la pauvreté et de l'échec des politiques de développement mise en oeuvre dans la plupart des pays africains, en particulier la RCA, et qui entrave la mobilisation des ressources est la mauvaise gouvernance et la corruption. Il importe que la RCA intensifie ses efforts dans le domaine à travers le développement de processus de prise de décision participative qui inclut la société civile et le secteur privé de même que les communautés locales. Pour plus de 85 %

    60

    des entreprises opérant à Bangui, la forte prévalence de la corruption dans le secteur public limite de manière importante l'expansion des activités du secteur privé. Un peu plus de 60 % des dirigeants des entreprises ont admis avoir versé des pots de vin pour obtenir un service de l'administration.

    Il est urgent de créer des organes indépendants de lutte contre la pauvreté, capables et outillés, d'une part, pour mener des investigations sur les cas de corruption et d'autre part pour recommander des mesures préventives et formuler des mesures pour renforcer l'éthique et l'intégrité dans le secteur public.

    3.1.2 Renforcer le système financier national

    Le système financier a besoin d'une restructuration profonde pour jouer un rôle efficace d'intermédiation financière afin de répondre efficacement aux besoins du financement du développement.

    Sur le plan institutionnel, l'amélioration du système judiciaire est un impératif pour assainir l'environnement du système financier. En outre pour l'heure, il n'existe que peu d'instruments financiers en RCA pour collecter l'épargne. La diversification de ces instruments est un impératif pour stimuler la formation de l'épargne privée et la mobiliser en tant que ressource essentielle du financement du développement. De ce point de vue, en complément à la recapitalisation des banques primaires, la RCA pourrait commencer par la mise en place d'un cadre légal permettant aux banques commerciales de vulgariser les produits simples comme les dépôts à terme, l'épargne-logement, la retraite, l'épargne salariale.

    A plus long terme, il sera nécessaire d'élargir la gamme des produits d'épargne par des placements, en particulier les bons du trésor de court, moyen et long terme, le développement des fonds de pension et de produits d'assurance, notamment l'assurance vieillesse et l'assurance vie.

    En ce qui concerne les marchés financiers et les marchés de capitaux, la RCA étant un pays enclavé, il pourrait être plus indiqué de développer une coopération financière avec les Etats voisins à travers les structures d'intégration régionale comme la CEMAC pour faciliter l'accès des institutions financières centrafricaines aux marchés financiers et marchés des capitaux de ces pays.

    3.1.3 Le renforcement de l'assise financière du système bancaire

    centrafricain

    Le secteur bancaire est fragile et surexposé vis-à-vis de l'Etat. La réduction prévue de la dépendance de l'Etat à l'égard du crédit bancaire peut avoir pour effet de diminuer la rentabilité des banques commerciales mais cela devrait leur permettre de respecter les plafonds d'exposition au risque de crédit envers un client. Cela pourrait aussi les inciter à accroître les prêts au secteur privé. Suite à la décision de l'autorité de régulation (la COBAC) de porter le capital minimum requis de toutes les banques opérant dans la zone CEMAC à 10 millions de F CFA (1 % du PIB), les autorités doivent se prononcer sur une participation à l'augmentation du capital des banques (l'Etat détenait une participation minoritaire dans 3 des 4 banques commerciales de la place). Les autorités ont souscrit à la recommandation des

    61

    services du FMI visant à ce qu'elles prennent part à la recapitalisation des banques, à condition qu'il y ait un partenaire stratégique de 1er ordre et, le cas échéant, une stratégie de restructuration approuvée par la COBAC. La COBAC a récemment nommé un administrateur provisoire à la tête de l'une des banques pour élaborer un plan de restructuration dans les meilleurs délais.

    Tout en convenant de la nécessité de renforcer l'assise financière des banques, les autorités ont souligné que le nouveau seuil de fonds propres réglementaire de la COBAC est élevé pour le secteur financier relativement petit de la RCA et qu'il devrait être appliqué avec souplesse parce que les banques éprouveront des difficultés à s'y confronter à brève échéance.

    3.1.4 Améliorer le financement des PME par les établissements de micro

    finance.

    La RCA dispose d'une stratégie sectorielle sur le commerce et le secteur privé. Au plan politique, le Ministère de la Promotion de Petites et Moyennes Entreprises, du Secteur Informel et du Guichet Unique a pour mission l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en matière de promotion des PME, du secteur informel et du guichet unique dans toutes les régions de la RCA.

    De façon générale, les PME ont des difficultés pour accéder au crédit bancaire parce que insuffisamment formées sur le montage des dossiers, évoluant dans l'informel et disposant du peu de garantie sécurisante (difficultés d'accès au titre foncier notamment. De plus, la plupart des banques sont des banques commerciales et non des banques d'affaires (seule la BSIC est une banque d'affaire). Les besoins exprimés sont des crédits de trésorerie pour financer les besoins de fonds de roulement, des crédits pour financer les investissements nécessaires au démarrage et les investissements liés à la croissance. Le développement de l'articulation entre banque et EMF devait permettre d'améliorer le financement des PME. Pour le moment les EMF financent très peu de PME à cause des montants élevés demandés, de l'insuffisance de ressource longue pour financer des crédits à moyen terme. De même, le développement de certaines filières (sésame, palmier, café, arachide, riz, maïs) engendrera des besoins spécifiques de financement pour le monde rural pour financer les intrants, la production et la commercialisation de ces produits.

    3.1.5 Améliorer l'accès au financement bancaire du secteur privé

    Le système bancaire et l'accès du secteur privé au financement bancaire doivent être renforcés. L'intermédiation financière en RCA est parmi les plus faible au monde. Le crédit au secteur privé ne représente que 6,5 % du PIB, même s'ils doivent connaître une légère expansion en 2010, les banques réorientent leurs activités du financement de l'Etat à celui du secteur privé. Partant de l'expérience positive du versement de salaires via le système bancaire, les autorités s'emploieront à substituer progressivement les opérations par virement bancaire aux paiements en espèces ou par chèque, ce qui devrait aussi privilégier l'expression de l'économie formelle.

    62

    3.1.6 Favoriser le développement des institutions financières

    L'absence d'institution financière adéquate constitue une entrave majeure au développement du secteur privé en RCA.

    - L'intermédiation financière est peu profonde. Le bilan consolidé des

    banques équivaut au total à 12,5 % du PIB tandis que les dépôts bancaires ne représentent que 8,5 % du PIB. Le crédit bancaire au secteur privé représente 42 % de la masse monétaire au sens large, contre 75,9 % pour l'ensemble de l'Afrique.

    - L'activité des prêts des banques est entravée par des lacunes dans le

    cadre légal et réglementaire ainsi que par la structure à court terme des dépôts. Le crédit bancaire est essentiellement destiné à des opérations à court terme et est rarement offert à des PME.

    -

    Les portefeuilles de prêts des banques sont de piètre qualité. Les prêts improductifs représentent 30 % seulement sont provisionnées. Ceci réduit la rentabilité des banques et rend les conditions de crédit draconiennes.

    - Les opérations de financement massif du déficit ont évincé l'emprunt

    du secteur privé.

    3.2 Les recommandations

    Dans l'optique d'améliorer la situation socioéconomique de la RCA, nous projetons d'engager un certain nombre de recommandations pouvant permettre d'inciter la croissance économique de la RCA.

    3.2.1 Redynamiser le système financier centrafricain

    Puisque selon la conception moderne du système financier, les marchés financiers devraient être le fer de lance d'un processus de croissance économique, nous voulons proposer le développement des marchés financiers avec toutes leurs composantes et dans la fonction intégrale comme complément des instruments financiers et monétaires existants dans le pays dans la quête de la croissance économique. Contrairement aux autres institutions financières, les marchés n'auraient pas comme principe de base la maximisation des activités, mais ils seraient un lieu d'échange entre les offreurs et demandeurs de fonds pour leur satisfaction commune. Ceci devrait interpeller tous les concernés principalement les grandes entreprises privées centrafricaines. Nous admettons que le système financier centrafricain est basé essentiellement sur les institutions financières notamment les établissements bancaires. Or, la plupart des économies modernes exploitent le service complémentaire des marchés financiers, car ces derniers tendent à jouer de plus en plus un rôle prépondérant dans la recherche de la croissance.

    En règle générale, les institutions financières et les marchés sont deux entités qui sont appelées à se compléter pour financer adéquatement les activités

    63

    économiques. En Centrafrique, seul le système bancaire fonctionne. Et ce dernier malgré certains progrès relatifs, tarde encore à avoir suffisamment d'impact sur l'économie. Les marchés financiers donneraient un coup de pouce à l'innovation financière et le développement des nouveaux produits financiers, combien importants. Nous n'entendons pas plaider pour un marché ouvert, approfondi et sécurisé, avec des produits financiers diversifiés. Un marché financier à deux niveaux : primaire (marché de l'émission des titres qui permettront aux principaux demandeurs de financement tels que l'Etat, les entreprises publiques et privées d'émettre des titres notamment les actions, les obligations, les produits dérivés et les produits optimaux) ; et secondaire (marché boursier). A partir des marchés financiers, on obtient des financements moins coûteux que ceux fournis par l'intermédiation bancaire ; ils développent une allocation plus efficace des fonds prêtables.

    Toutefois, la mise en place des marchés financiers a des implications assez considérables. Cela suppose entre autre des réformes préalables notamment pour la sécurisation des marchés financiers, ce qui devrait favoriser le développement de la confiance des investisseurs, qu'ils soient domestiques ou internationaux. Ce faisant, le pays devrait mettre en place des politiques économiques plus crédibles et améliorer la gestion de son économie. Pour cela, il faut :

    -

    une politique budgétaire et fiscale contrôlée et rationnelle (réduction du déficit et fiscalité moderne et raisonnable) ;

    - un environnement légal et réglementaire ajusté avec des lois très

    adaptées sur la société centrafricaine surtout en terme de protection des créanciers et de recouvrement des collatéraux d'où la création de tribunaux de commerce ;

    - un système de règlement moderne pouvant faciliter davantage les

    échanges entre les institutions et les différents agents économiques et financiers ;

    - l'introduction du marché centrafricain dans le processus de

    globalisation financière qui devrait d'abord passer par une étape d'intégration régionale ;

    - la transparence dans les comptes et la gouvernance d'entreprise

    vers une gestion transparente des sociétés. Ainsi, l'information financière est nécessaire pour améliorer l'évaluation et la gestion des risques.

    Il est certain que le pays n'est pas bondé de grandes sociétés riches en capitaux comme aux Etats-Unis, mais on peut quand même avoir des marchés financiers avec les moyennes et petites sociétés qui évoluent sur le terrain. Au Canada, c'étaient des PME qui ont lancé les marchés financiers et qui ont donné tout cet essor à l'économie durant la fin des années 80.

    3.2.2 Assurer une forte participation de l'Etat dans le système financier

    L'action des autorités est cruciale pour réduire la vulnérabilité du système bancaire. La clarification des relations de l'Etat avec les banques commerciales est

    64

    opportune. Les autorités doivent accélérer le remboursement des prêts bancaires onéreux. Ils suivent de près l'évolution du système bancaire intérieur et étudient attentivement comment s'acquitter de leur rôle d'actionnaire et d'octroi d'agrément bancaire lorsque l'Etat est confronté à des besoins de recapitalisation des banques.

    3.2.3 Favoriser un plus grand accès des pauvres aux services financiers

    Compte tenu des besoins importants exprimés par les populations centrafricaines en matière de crédit et de mobilisation de l'épargne et des très faibles possibilités que leur offre le système financier actuel, d'énormes défis devront être relevés par les pouvoirs publics et leurs partenaires au développement en vue d'élargir l'accès aux services financiers en fonction de la population.

    3.2.3.1 Actions à mener par les autorités politiques

    - Elargir et mettre en oeuvre des stratégies et des politiques pour

    relancer le secteur financier qui intègre celui de la micro finance.

    - Redynamiser le cadre institutionnel en charge de la micro finance.

    - Assurer un environnement sociopolitique stable et sécurisé et

    promouvoir les infrastructures socioéconomiques de base.

    3.2.3.2 Actions à entreprendre par les secteurs des banques, assurances et le secteur privé

    Les banques et les acteurs du secteur privé pourraient promouvoir et faciliter la création de partenariats stratégiques avec les EMF en vue de desservir les populations là où, pour des raisons de rentabilité, elles ne sont pas motivées à s'installer. Les banques pourraient élargir leur partenariat en vue de :

    - offrir un appui en termes d'assistance technique aux EMF ;

    - concevoir la mise en place de nouveaux produits ou facilités

    financières : fonds de garantie, émission de chèques, transfert d'argent, ligne de crédit à taux préférentiel, micro assurance ;

    - promouvoir les relations avec les gouvernements, les associations

    d'entraide (les tontines) qui mobilisent l'épargne en se basant sur des rapports de confiance et de solidarité.

    3.2.3.3 Actions à mener par les bailleurs de fonds partenaires au développement

    En fonction de leur mandat et de leurs missions respectives, les différents partenaires au développement de la RCA pourraient appuyer la consolidation du secteur de la micro finance.

    - L'appui à la redynamisation du cadre institutionnel et à la mise en

    oeuvre de la stratégie nationale de micro finance.

    65

    - Le renforcement des capacités des opérateurs du secteur.

    - La promotion d'activités d'information et de sensibilisation auprès de

    la population à la base sur l'épargne, le crédit et le fonctionnement du secteur financier à l'échelle nationale.

    - L'appui à la réalisation des études et analyses permettant de mieux

    connaître les besoins des populations, identifier des nouveaux produits financiers, des nouvelles synergies entre acteurs, etc.

    - L'appui à la mise en place de nouveaux EMF dans les zones à fort

    potentiel économique.

    - Encourager le secteur bancaire à crée des guichets dans les

    principales villes du pays.

    66

    CONCLUSION GENERALE

    La RCA occupe la dernière place des 183 pays classés dans l'édition 2010 du rapport de la banque mondiale sur le climat des affaires. Le classement traduit l'ampleur des contraintes sur les investissements et le développement du secteur privé, notamment :

    ? la faiblesse du cadre réglementaire et de la transparence de l'environnement des affaires ;

    ? la faiblesse des capacités des PME en termes de gestion et d'accès au marché et au crédit ;

    ? le poids de la dette publique vis-à-vis des entreprises privés ;

    ? les incompréhensions entre les autorités et les entrepreneurs ;

    ? l'insuffisance de l'offre de l'électricité qui obère les coûts de production.

    Il faut un guichet unique de formalité des entreprises ainsi qu'un cadre permanent de concertation (CPC) entre les pouvoirs publics et le secteur privé, crée pour améliorer l'environnement des affaires, mais ils ne fonctionnent pas de manière efficace et les relations entre Etat et le secteur privé demeurent souvent tendues. Le bureau de la société financière inter (SFI) à Bangui, en collaboration avec les autorités, doit mettre en place un plan d'action en vue d'améliorer le fonctionnement du guichet unique et le climat des affaires en 2010.

    Le manque d'institution financière adéquat constitue un obstacle majeur au développement du secteur privé en RCA. L'intermédiation financière est très faible ; l'encours des crédits bancaires s'élèves à 12,5 % du PIB, tandis que le dépôt représente 8,5 % du PIB. Le marché obligataire envisagé au niveau de la CEMAC n'est pas encore mis en place. En vue de promouvoir le développement du secteur financier, les autorités règlent désormais par virement bancaire les salaires de tous les fonctionnaires, et elles doivent remplacer progressivement les règlements en espèce ou chèques par des transactions bancaires.

    La stabilité du secteur financier est confortée par l'appartenance à la zone franc, ainsi que par la surveillance prudentielle de la COBAC sur les établissements financiers. Le système financier n'a pas été directement affecté par la crise financière 2008, et la stabilité du secteur bancaire a été maintenu. En revanche, la qualité du portefeuille des banques n'est pas satisfaisante avec des créances douteuses qui représentent 30 % de l'encours des crédits et qui ne sont provisionnées qu'à hauteur de 52 %.

    L'accès aux services financiers est très limité, avec seulement 1 % de la population disposant d'un compte bancaire, 0,5 % aux institutions de micro finances. L'Etat constitue le principal emprunteur auprès des banques commerciales, ce qui contribue à l'augmentation de l'exposition au risque souverain et l'effet d'éviction du secteur privé. Les crédits aux secteurs privés représentent 42 % de la masse monétaire en RCA comparé à près de 75 % en moyenne en Afrique subsaharienne. Le développement du crédit bancaire est limité par la faiblesse du cadre légal et

    67

    réglementaire et par la nature des dépôts, pour la plupart à court terme. Les banques appliquent des conditions de financements très sévères avec des taux d'intérêts très élevés (15 % en moyenne).

    Toutefois, nous pouvons admettre que le crédit au secteur privé n'influence pas la croissance économique en Centrafrique. Peut-on dire que le crédit au secteur public a un impact positif sur la croissance économique en Centrafrique ?

    68

    BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

    1- Ouvrages

    - AHO Gilbert, «Pour une stratégie de croissance pro-pauvre et au service du développement humain : contraintes et défis pour la RCA », PNUD 2006.

    - BOURBONNAIS Régis, «Econométrie : manuel et exercices »,5ème édition 2005 DUNOD Paris.

    - DUC KHUONG NGUYEN, « Libération financière et marchés émergents », édition 2008 HARMATHAN.

    - FERRAN DIER Robert et KOEN Vincent, «Marché de capitaux et techniques financières », 5ème édition 2000 ECONOMICA.

    - FOUGERE J.P, VOISIN C., « Système financier et monétaire international : crises et mutations », édition 1990 NATHAN.

    - GUERRIEN Bernard, «Dictionnaire d'analyse économique », 3ème édition LA DECOUVERTE 2002.

    - MAZIDO Abel, « Cours d'analyse financière et technique de financement »,4ème Année de Sciences Economiques, 2004-2005.

    - MBETID-BESSANE Emmanuel, « Cours d'économétrie », version 1, 3ème Année de Sciences Economiques, UB 2005.

    - NGARASSO Evariste, « Cours de macro économie », 2ème Année de Sciences Economiques, UB 2008.

    - VENET Batiste, « Théorie de la libération financière et dualisme financier », thèse doctorat, Université Paris IX Dauphine, 1996.

    - VERNIMMEN Pierre, « finance d'entreprise », 5ème édition 2000 DALLOZ.

    2- Articles et rapports

    - BERNARD Eric, « Développement financier, politique monétaire et croissance économique : validation empirique en donnée de panel », Revue Economique, février 2000.

    - BARTHELEMY J.C et Aristomène VAROUDAKIS, « Politique de développement financier et croissance », OCDE, édition 1996.

    - ELANDI M., « Politique monétaire et croissance des investissements privés : cas de la CEMAC », Revue Economique, édition 2002.

    - GERMIDIS Denis, KESSLER Denis, MEGHIR Robert, « Système financier et développement économique : quel rôle pour le secteur financier formel et informel », Revue Economique.

    - HARTMUT Schneider, « Microfinance pour les pauvres », OCDE, édition 1997.

    69

    - KPODAR Kongni, « Développement financier, instabilité financière et croissance économique : implication pour la réduction de la pauvreté », Revue Economique, édition 2006.

    - ODONNAL Evan, « Lien entre demande de crédit et croissance économique le cas des crédits aux sociétés en France », n°46, Octobre 1997, pp. 137-143.

    - JACQUET Pierre, PULLIN Jean Paul, « système financier et croissance économique », Revue Economique, édition : 2008.

    - OCDE, « Régulation des systèmes financiers et croissance », réformes économiques, 2006.

    - Rapport sur les investissements dans le monde, CNUCED, 2004.

    - Rapport Général de l'audit des caisses d'épargnes et de crédits, PNUD 2004.

    - Rapport National sur le développement humain, PNUD 2008.

    - Rapport du gouverneur de la BEAC, Bata, 14 mars 2006.

    - Rapport annuel de la COBAC 2007, 2008.

    - RAMONA Jimborean, « Croissance économique et le développement financier : le cas des pays d'Europe Centrale et Orientale », Revue Economique, édition 2004.

    - SODOKIN Koffi, « Epargne, système de financement et développement économique en Afrique : une alternative post keynésienne », laboratoire d'économie et de gestion, Université de Bourgogne, France 2004.

    - VAROUDAKIS A., « Développement financier, et reforme financière et croissance : une approche en donnée de panel », revue économique, volume 49, n°1, pp. 196-206, 1998.

    - Annuaire des banques et des établissements financiers, 2005-2006. 3- Webographie

    - www.pcf.fr « Crise financière : l'analyse économique de Denis DURANT », avril 2008.

    - www.banqueducanada.ca « Le système financier ». - www.universalis.fr « Croissance économique ».

    - www.imf.org « Lutter contre la pauvreté dans les pays en développement » ; « Perspectives économiques dans le monde ».

    - www.banquemondiale.org « Base de données ». - www.beac.int « Statistiques ».

    70

    ANNEXES

    71

    TABLE DES MATIERES

    Introduction Générale 1

    Chapitre 1 : Analyse du contexte macroéconomique et financier 3

    Section 1 : La situation macroéconomique et financière 3

    1.1. La situation du crédit au secteur privé et la croissance économique

    dans le monde 3

    1.2. La situation macroéconomique du crédit au secteur privé dans les

    pays en développement 6

    1.3. La situation macroéconomique du crédit au secteur privé en Afrique

    subsaharienne : 7

    Section 2 : La revue de la littérature 9

    2.1. La revue de la littérature théorique 9

    2.1.1. Les premières contributions 9

    2.1.2. Le développement financier et la croissance économique 10

    2.1.2.1. Les déterminants du système financier 10

    2.1.2.1.1. Les institutions comme déterminant du système financier 11

    2.1.2.1.2. Les facteurs politiques, économiques et structurels 11

    2.1.2.2. La régulation bancaire 12

    2.1.3. L'activité des intermédiaires financiers et la croissance économique 13

    2.1.3.1. La structure du secteur financier et la croissance économique 13

    2.1.3.2. La structure du système financier a-t-elle un impact sur la

    croissance économique ? 14

    2.1.3.3. L'impact du développement financier sur l'accumulation du capital,

    la productivité des facteurs, et l'intensité des échanges commerciaux 14

    2.1.3.4. Le dualisme financier et la croissance 15

    2.1.3.5. La micro finance et la croissance économique 15

    2.1.4. La libération financière et la croissance économique 16

    2.1.5. De la répression financière à la libération financière 16

    72

    2.1.6. Le développement financier et croissance endogène 17

    2.2. La revue de la littérature empirique 18

    2.2.1. L'approfondissement financier et la croissance économique 18

    2.2.2 Une revue des travaux appliqués sur le lien entre le développement

    financier et croissance 20

    2.2.2.1. Les indicateurs du niveau de développement financier 20

    2.2.2.2. Les études ayant trouvée une relation positive entre le

    développement financier et la croissance 21

    2.2.2.3. La controverse du sens de la causalité de la relation

    entre le développement financier et la croissance 21

    2.2.2.4. Développement du système bancaire et croissance 22

    Chapitre 2 : La situation économique et financière de la RCA 23

    Section 1 : Présentation du système financier centrafricain : structure et

    évolution 23

    1.1. Les institutions financières et bancaires 23

    1.1.1. La BEAC 23

    1.1.2. Les banques commerciales 24

    1.1.2.1. L'ECOBANK 24

    1.1.2.2. La CBCA 25

    1.1.2.3. La BPMC 26

    1.1.2.4. La BSIC 27

    1.2. Les institutions financières non bancaires 27

    1.2.1. Les sociétés d'assurances 27

    1.2.1.1. Les sociétés de droit national 27

    1.2.1.2. Les sociétés intermédiaires en assurance 27

    1.2.2. Les institutions de la micro finance 27

    1.2.2.1. Le CMCA 28

    73

    1.2.2.2. L'UCACEC 28

    1.2.2.3. CMCC 29

    1.2.2.4. CEC 29

    1.2.2.5. SOFIA Crédit 29

    1.2.2.6. L'express Union 29

    1.2.3. Evolution du secteur de la micro finance 29

    Section 2 : L'évolution du PIB et les performances du secteur de

    l'économie Centrafricaine 30

    2.1. L'évolution du PIB 30

    2.2. Les performances du secteur réel dans le PIB 32

    2.2.1. Part des secteurs réels dans le PIB 32

    2.2.1.1. Le secteur primaire 32

    2.2.1.2. Le secteur secondaire 34

    2.2.1.3. Le secteur tertiaire 34

    2.2.2. Contribution des secteurs réels dans le PIB 35

    Section 3 : Analyse de la distribution du crédit au secteur privé 37

    3.1. Situation simplifiée du secteur bancaire en Centrafrique 38

    3.2. Evolution des dépôts bancaires 39

    3.2.1. Les dépôts de la clientèle dans la CEMAC 39

    3.2.2. Les dépôts bancaires en Centrafrique 39

    3.3. Evolution des crédits bancaires 40

    3.3.1. L'encours de crédit à la clientèle dans la zone CEMAC 40

    3.3.2. L'encours de crédit en Centrafrique 41

    3.4. Crédit privé et croissance en Centrafrique 43

    3.5. La Problématique du crédit 44

    3.5.1. L'insuffisance du crédit 44

    74

    3.5.2. Le coût du crédit 44

    3.5.3. L'exclusivité du crédit 45

    3.5.4. La qualité du crédit 45

    Chapitre 3 : L'importance du financement dans l'économie Centrafricaine 46

    Section 1 : Le financement par les investissements privés 46

    1.1. Les investissements privés internes 46

    1.1.1. Le poids du secteur privé 46

    1.1.2. Evolution de la demande globale et des investissements privés

    de 1996 à 2009 47

    1.1.2.1. Evolution de l'épargne nationale 48

    1.1.2.2. Les déterminants de l'épargne en Centrafrique 49

    1.2. Les investissements privés externes 50

    1.2.1. La situation de l'APD en RCA 50

    1.2.2. Les flux de l'IDE 51

    1.3. Le financement du secteur privé moteur de l'économie

    Centrafricaine 53

    1.3.1. Les contraintes et obstacles au financement du secteur

    de l'économie Centrafricaine 53

    1.3.2. Le financement dans l'économie Centrafricaine 54

    Section 2 : Analyse économétrique de la relation entre le crédit au secteur

    privé et la croissance économique 55

    2.1. Les différentes variables a étudiés 55

    2.2. Spécification du modèle 56

    2.2.1 Spécification mathématique du modèle 56

    2.2.2. Spécification économétrique du modèle 56

    2.2.2.1. Test de signification pour les paramètres estimés 57

    2.2.2.2. Test de stationnarité des variables 57

    2.3. Les résultats et interprétations de l'estimation 57

    2.3.1. Les résultats de l'estimation 57

    2.3.2. L'interprétation de l'estimation 57

    2.3.3. Aspects techniques du modèle 57

    75

    2.3.4. Aspects théoriques du modèle 58

    2.4. L'impact du modèle sur l'économie Centrafricaine 58

    Section 3 : Perspectives et recommandations 59

    3.1. Perspectives 59

    3.1.1. Mise en oeuvre des politiques économiques cohérentes et adéquates ...59

    3.1.2. Renforcer le système financier national 60

    3.1.3. Renforcer l'assise financière du système bancaire Centrafricain 60

    3.1.4. Améliorer le financement des PME par les établissements de

    microfinance 61

    3.1.5. Améliorer l'accès au financement bancaire du secteur privé 61

    3.1.6. Favoriser le développement des institutions financières 62

    3.2. Les recommandations 62

    3.2.1. Redynamiser le système financier centrafricain 62

    3.2.2. Une forte participation de l'Etat dans le système financier 63

    3.2.3. Favoriser un plus grand accès des pauvres aux services financiers 64

    3.2.3.1. Actions à menée par les autorités politiques 64

    3.2.3.2. Actions à entreprendre par le secteur des banques et assurances

    et le secteur privé 64

    3.2.3.3. Actions à menée par les bailleurs de fonds partenaires

    au développement 64

    Conclusion Générale 66

    Bibliographie 68

    Annexe 70

    Tableau des Matières 71






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery