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Analyse socioéconomique de la commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou au Bénin

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par Oniankitan Grégoire AGAI
Université d'Abomey- Calavi, faculté des sciences agronomiques - Diplôme d'ingénieur agronome 2004
  

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    CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE

    1.1 INTRODUCTION

    La lutte contre la pauvreté et la malnutrition a toujours été une préoccupation de tous les Etats, surtout ceux des pays en voie de développement. Dans le souci de résoudre ce problème, la plupart de ces pays ont opté, vers les années 60, pour la promotion des produits agricoles, l'agriculture étant leur principale activité économique. Cette promotion des cultures agricoles s'est faite à travers de nombreuses politiques de valorisation des cultures vivrières et de rente.

    Mais force est de constater que les efforts tant consentis dans le domaine des cultures vivrières n'ont pas toujours abouti à cause non seulement des raisons socio- anthropologiques liées à ces cultures, mais aussi à cause d'une absence d'organisation. Ceci est aggravé par le fait que dans la plupart des pays africains, les gouvernements n'osent pas mettre en place une protection commerciale à la frontière pour les productions locales, de peur de provoquer une hausse des prix des produits de première nécessité dans les centres urbains et s'exposer ainsi aux explosions sociales (RONGEAD, 2004).

    Toutefois, dans le souci de trouver un palliatif aux problèmes de malnutrition et de pauvreté auxquels sont confrontés ces pays, de profondes réflexions ont été menées par divers organismes. Parmi les conclusions retenues, une idée force a émergé et mérite bien une attention particulière : « Pour lutter contre la pauvreté, le soutien au développement des cultures vivrières n'est pas la solution exclusive, ni même parfois la plus sure.» (RONGEAD, 2004)1(*). Dans un tel contexte, le soutien aux productions qui, en fin de compte, sont les mieux à même d'améliorer et de sécuriser, à moyen et à long terme, les revenus des paysans des zones difficiles semble répondre à ce problème.

    A ce titre, la noix de cajou s'est révélée au Bénin, depuis les années 90, comme une production capable de répondre à la fois à cet objectif, et aussi d'améliorer la protection de l'écosystème dans un pays menacé de déforestation ( Aïna, 1996 ; Gagnon, 1998 ; Grimaud, 1998 ; Dossche, 1999 ; RONGEAD, 2004). Et dans la mesure où cette production arboricole s'est révélée rentable (Aïna, 1996), on assiste dans tout le Bénin à une forte dynamique naturelle de plantation (Charre et Thomann, 1999).

    Le développement et l'organisation de cette filière qui, de tout point de vue, répond aux nouvelles orientations nationales de diversification des cultures de rente et d'exportation, doit passer par une meilleure connaissance du produit dans tous ces aspects parmi lesquels l'efficacité de son système de commercialisation.

    La présente thèse est le résultat des travaux que nous avons menés dans ce sens dans les Communes de Bantè et de Savalou en République du Bénin. Ces travaux entrent dans le cadre des recherches de fin d'étude devant sanctionner notre formation à la Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi.

    Dans le premier chapitre, nous avons posé d'une part le problème de la commercialisation des noix de cajou ainsi que la pertinence et l'intérêt de son étude actuelle, et d'autre part les objectifs que nous poursuivons. Nous avons présenté le cadre de notre étude ainsi que l'objet de l'étude qu'est la noix de cajou.

    Dans le deuxième chapitre, il a été question pour nous de présenter de façon succincte les différentes théories et les concepts qui ont été utilisés dans le domaine de la commercialisation et auxquels nous avons fait allusion dans la présente étude. Ce chapitre situe également le lecteur par rapport aux travaux déjà effectués dans le domaine ainsi que les grandes conclusions. Nous y avons tiré la particularité de notre étude. Par ailleurs, nous avons fait référence non seulement aux hypothèses, mais aussi et surtout à la démarche méthodologique que nous avons adoptée. Ce chapitre précise enfin le choix de nos unités d'observation ainsi que les différents outils utilisés tant pour la collecte des données que pour leur analyse.

    Le troisième chapitre donne une idée détaillée de la commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou ainsi que les différentes analyses et réflexions que nous avons menées à cet égard. En premier lieu, nous avons décrit le marché des noix de cajou en précisant les différentes catégories d'acteurs identifiées, les différentes activités menées par chaque acteur, les instruments de mesure utilisés ainsi que les sources d'information. Ceci nous a permis d'aborder les caractéristiques du marché des noix de cajou dans les deux communes. Ensuite, nous avons mis en exergue l'évolution des prix en relation avec les périodes de vente, les différentes stratégies adoptées par les uns et les autres pour s'adapter aux conditions actuelles du marché local. Nous avons déterminé dans ce sens les relations concurrentielles et parentales qui existent entre les divers acteurs ainsi que les incidences de ces différentes relations sur la conduite du marché. Nous avons pu aboutir alors, en précisant le type de concurrence, à caractériser le marché de façon un peu plus fine. Après cette étape, nous avons analysé les différents coûts supportés et les différentes marges obtenues par chaque acteur dans le système. Cette analyse des marges nous a permis de préciser le degré d'efficacité du système de commercialisation actuel des noix de cajou et de proposer des solutions pour résoudre les contraintes identifiées et qui entravent l'efficacité du marché. Nous avons étudié également à ce niveau la contribution des noix de cajou à l'amélioration des conditions de vie des producteurs.

    Le quatrième et dernier chapitre de notre étude présente une synthèse générale des résultats auxquels nous avons aboutit. Il abonde ensuite dans une approche de solution adressée à chaque intervenant dans la commercialisation des noix de cajou.

    1.2 PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION ET OBJECTIFS

    1.2.1 Problématique

    De nos jours, l'importance des produits de l'anacardier (Anacardium occidentale L.) dans le monde s'affirme de plus en plus croissante. Cette situation est due non seulement à la valeur alimentaire de la noix, mais aussi à l'intérêt industriel du baume (Grimaud, 1998). La demande en noix et en amende est en augmentation et le marché est largement dominé par l'Inde (en ce qui concerne l'offre), et pour la consommation par les Etats Unis d'Amérique (Gagnon, 1998). Toutefois, la participation de nombreux autres pays comme la Côte d'Ivoire, l'Indonésie, la Tanzanie, le Nigéria, le Bénin,... dans les processus de production et de commercialisation n'est pas négligeable.

    Au Bénin, cette commercialisation se fait généralement à deux niveaux : le niveau primaire où le paysan producteur livre son produit à des acheteurs privés, à des centres de collecte étatiques ou privés, à des coopératives... Au niveau secondaire, les structures de collecte, les acheteurs privés ou les gros exploitants approvisionnent des clients plus importants : exportateurs, usines locales de transformation...

    Mais au niveau de ce produit de rente et d'exportation, le paysan producteur reste souvent au début du circuit de commercialisation, là où les bénéfices sont les plus bas et la plus value la moins importante (INADES, 2002).

    Aujourd'hui, la libéralisation des échanges et de l'économie contraint de plus en plus les Etats africains à libéraliser les filières des produits agricoles et notamment le volet de la commercialisation (INADES, 2002). Ainsi, depuis plusieurs années, l'Etat béninois ne s'implique plus en tant que tel dans la commercialisation des noix de cajou. Dans un tel contexte, les paysans sont de plus en plus appelés à prendre en charge la commercialisation/exportation de leurs produits.

    C'est ainsi que dans le secteur anacarde au Bénin et dans les communes de Savalou et Bantè, les producteurs vendent leurs produits à des réseaux d'acheteurs privés. Le marché national s'est alors ouvert à la concurrence (parfois sauvage) et à la multiplication des intermédiaires commerciaux. Cette situation, qui au départ semblait favorable aux producteurs, est devenue source d'appauvrissement et d'exploitation de la part des acheteurs à cause de l'insertion dans le système d'un nombre assez important d'intermédiaires.

    Il se pose alors le problème de durabilité de la production due à l'efficacité de la commercialisation.

    De plus, selon Witcover et Vosti (1995) cités par Lamien et Traoré (2002), le développement du marché des produits forestiers non ligneux entraînera une meilleure valorisation des forêts tropicales et incitera à leur conservation.

    Il importe donc de procéder à une meilleure valorisation des noix de cajou au Bénin en mettant un accent sur le marché local. Mais, tout développement du marché doit passer par une connaissance des pratiques en cours sur ce marché.

    Il s'avère donc avant tout autre processus de faire au premier abord un bilan critique de la commercialisation des noix de cajou telle qu'elle a été pratiquée jusqu'alors au niveau local, d'où notre thème : Analyse socioéconomique de la commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou.

    1.2.2 Justification

    La République du Bénin appartient aux pays à faibles revenus (PIB inférieur à 750 dollars américains par habitant) dans lequel 33% des ménages ruraux vivent en dessous du seuil de pauvreté (Soudé, 2002).

    Cette situation économique actuelle n'est que l'aboutissement des profonds changements qu'a connus le pays au cours de la dernière décennie (Soudé, 2002).

    Par ailleurs, depuis 1993, le contexte économique a été marqué dans le secteur agricole par la forte production et exportation cotonnière. Et ce secteur agricole est essentiel dans l'économie du pays. En effet, l'agriculture contribue pour 37% au PIB, pour plus de 85% des recettes d'exportation d'origine intérieure avec environ 75% à l'emploi de la population agricole.

    La production est très variée et permet de subvenir aux besoins de la population en année normale (Soudé, 2002). Cependant, l'agriculture a de plus en plus de difficultés à jouer son rôle de secteur moteur de l'économie.

    Le principal frein réside aujourd'hui dans la capacité à produire et à diversifier la production pour le marché international.

    D'après Soudé (2002), en dehors du marché du coton, de nombreuses autres filières, parmi lesquelles l'anacarde, pourraient développer les exportations si elles étaient mieux structurées.

    De plus, la dernière crise de la filière coton nettement perceptible au Bénin depuis la campagne 1999-2000 a de nouveau mis à nu la fragilité d'une économie fondée sur un seul produit agricole d'exportation, le coton. Elle a également éprouvé une agriculture qui ne promeut véritablement que la seule culture cotonnière (ONS, 2001).

    Heureusement, depuis 1990, les populations du centre et du Nord se sont lancées dans le processus de vente des noix de cajou. Ainsi, l'exportation de l'anacarde au Bénin a connu un essor depuis les années 1990 comme le montre la figure 1.

    Source : A partir des données de Sofreco (2002)

    L'analyse de la figure 1 montre qu'en une décennie, les exportations des noix de cajou sont passées de 4373 à 36714 tonnes environ avec donc un rythme de croissance de 9%. Ceci est dû à l'entrée en production de nouvelles plantations et à la faible dem ande locale (JITAP, 2002a).

    La figure 2 montre le rythme d'évolution des exportations de l'anacarde du Bénin au niveau du marché international.

    Figure 2: Rythme d'évolution des exportations mondiales de noix de cajou brutes non décortiquées entre principaux acteurs sur la période 1998-2002

    Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les données statistiques de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture in Infocomm (2004).

    Avec l'évolution de 9% dans sa production, le Bénin participe au flux mondial pour 1% de tonnage (Gagnon, 1998) et il dispose d'un marché d'exportation croissant caractérisé par la multiplication des sociétés exportatrices (on en dénombre plus d'une dizaine) ravitaillées par des commerçants et des collecteurs très dynamiques qui animent le marché de la collecte des noix (JITAP, 2002a).

    L'analyse de la figure 3 qui compare l'évolution du prix au producteur des noix de cajou à celle de certains produits agricoles d'exportation montre que le prix des noix de cajou n'a cessé de monter depuis 1990, pendant que le prix du coton est devenu instable depuis 1995. Le prix de l'arachide, bien qu'ayant évolué sensiblement, est resté nettement inférieur au prix du coton et des noix de cajou. Quant aux prix du karité et du palmiste, ils n'ont pas augmenté de façon remarquable. Ainsi, seul le prix des noix de cajou concurrence le prix du coton au niveau des produits agricoles exportés au Bénin.

    Source: A partir des données de la DPQC (2004).

    Toutefois, les avantages et le soutien de l'Etat dont bénéficie le produit sont encore insignifiants. Ainsi, malgré l'engouement particulièrement marqué vers la fin des années 90 qui s'explique par une forte augmentation des prix payés aux producteurs, cette activité de production des noix de cajou, qui représente la deuxième culture d'exportation après le coton, reste encore très mal connue sur plusieurs plans (Sofreco, 2002).

    En effet, au Bénin, la totalité des noix de cajou est commercialisée par les réseaux privés. L'intervention de l'Etat dans l'approvisionnement des intrants aussi bien que dans la commercialisation est négligeable. L'Etat n'intervient dans le domaine que pour fixer le prix plancher au producteur.

    Cette situation fait que le marché des noix de cajou pourrait être sujet à de nombreux dysfonctionnements qui frappent généralement la plupart des marchés vivriers d'Afrique en général.

    Il s'agira de voir à travers cette étude si le système de commercialisation des noix de cajou est frappé par des problèmes et des distorsions et d'essayer dans la mesure du possible de proposer des solutions pour l'organisation et l'amélioration du système.

    Cette étude est donc une contribution à l'organisation et au développement de la filière anacarde au Bénin de façon générale, et dans les Communes de Bantè et de Savalou en particulier.

    1.2.3 Objectifs

    La préoccupation principale de notre étude est de faire une étude socioéconomique du système de commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou.

    Pour atteindre cette préoccupation centrale, il s'agira pour nous de façon spécifique :

    - d'analyser les principaux éléments de la structure du marché des noix de cajou dans les Communes de Bantè et de Savalou ;

    - d'analyser la conduite des principaux acteurs du système dans la zone d'étude;

    - d'analyser l'efficacité de la commercialisation des noix de cajou dans ladite zone ;

    1.3 PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

    Les Communes de Bantè et de Savalou appartiennent à la même zone agroécologique. La présentation de cette zone va constituer à décrire les caractéristiques communes aux deux localités et à faire ressortir si nécessaire les particularités de chacune d'elles.

    1.3.1 Situation géographique et administrative

    La Commune de Bantè est l'une des six communes de l'actuel Département des Collines. Elle est située à environ 280 km au nord de Cotonou. Elle est limitée au nord par la Commune de Bassila, au sud par la Commune de Savalou, à l'est par les Communes de Glazoué et de Ouèssè et à l'ouest par la République du Togo. Elle couvre une superficie de 2695 km2 environ et compte actuellement neuf arrondissements (voir carte 1).

    La Commune de Savalou est située au sud-ouest du Département des Collines. Elle est limitée au nord par la Commune de Bantè, au sud par la Commune de Djidja, à l'est par les Communes de Dassa et Glazoué et à l'ouest par la république du Togo avec laquelle elle partage une frontière sur 70 km (voir carte2). Elle couvre une superficie de 3000 km2 contre 2400 km2 de terres cultivables.

    1.3.2 Milieu physique

    1.3.2.1 Climat

    Le climat des deux communes est un climat de transition entre le climat subéquatorial de la côte et le climat soudano guinéen du Nord-Bénin. Ce climat de transition comporte :

    - une grande saison des pluies de mi-mars à fin juillet qui de plus en plus tarde à s'installer ;

    - une petite saison sèche en août dont l'intensité se fait de plus en plus marquée ;

    - une petite saison des pluies entre septembre et novembre ;

    - une grande saison sèche de novembre à mars.

    De décembre à février souffle l'harmattan, vent sec, froid et desséchant.

    La température annuelle moyenne est de 35°C pour les maxima et 20°C pour les minima.

    1.3.2.2 Relief et sol

    Le relief est formé de plateaux à socle granitique de 200 à 300 mètres d'altitude dominés par des collines.

    Les sols dans les communes de Bantè et de Savalou résultent directement du processus naturel de ferralisation et de ferrugination. Ce processus accompagné de trois types de remaniement (lessivage, appauvrissement, induration) permet de distinguer trois classes de sols :

    - les sols hydromorphes situés le long des cours d'eau et dans les zones basses de la pénéplaine ;

    - les sols ferrugineux tropicaux occupant la grande partie de la superficie ;

    - les sols ferralitiques répartis dans les parties hautes et moyenne des interfluves de la pénéplaine.

    A cause des hauteurs observées dans la région, les sols sont pour la plupart érodés par le ruissellement des cours d'eau. Le ravinement, présent partout, lézarde les voies de communication, déchausse les habitations et les ouvrages d'art, lessive les superficies agricoles déjà appauvries par les cultures.

    1.3.2.3 Végétation et Hydrographie

    Le paysage naturel des communes de Bantè et de Savalou a été presque dégradé par l'action anthropique. Les prélèvements des bois de chauffage, les défrichements répétés caractéristiques d'une agriculture extensive, les feux de brousse répétés et l'augmentation de la pression démographique ont fait disparaître la forêt originelle en faisant place progressivement à la savane boisée parsemée de quelques espèces végétales.

    La forêt classée d'Agoua, d'une superficie de 753 km2 environ, représente un peu moins du tiers de la superficie de la commune de Bantè.

    A Savalou, on rencontre quelques forêts classées et des forêts galeries le long des cours d'eau.

    On peut rencontrer dans ces forêts un grand nombre de bêtes sauvages : les cobs (Kobus kob et Kobus redunca), les phacochères (Phacochoerus aetiopicus), les chimpanzés, les aulacodes (Tryonomis swinderiaunus) etc.

    Sur le plan hydrographique, la commune de Savalou est arrosée par plusieurs cours d'eau dont les principaux sont : Zou, Couffo, Gbogui, Agbado, Klou, Amon et Ioukou.

    1.3.3 Milieu humain

    La commune de Bantè compte environ 60913 habitants dont 90% de Tcha suivis des Fons, Holli, Adja, Ditamari et Haoussa (10%) installés sur le territoire en quête de terre fertile. Le nombre d'exploitations agricoles est de 12726. La répartition des chefs de ménage par sexe est de 3523 (27,68%) pour les femmes contre 9203 (72,32%) pour les hommes. Les actifs agricoles constituent environ 50,77% de la population totale (Commune de Bantè, 2004).

    La population totale de la commune de Savalou est de 104642 habitants environ. Les Mahi et les Ifê (Fê) sont les deux ethnies dominantes. Viennent s'ajouter à celles-ci, les Fons, les Kabiais et les peuls transhumants. Le nombre d'exploitations agricoles est de 21173 avec 7068 chefs de ménages femmes (33,38%) et 14105 chefs de ménages hommes (66,62).

    1.3.4 Contexte économique

    L'économie de la commune de Bantè est essentiellement basée sur la production agricole, l'élevage constituant une activité secondaire. On note également la présence de quelques commerçants vendant des produits manufacturés et importés de première nécessité.

    Les principales richesses proviennent des produits vivriers, des noix de cajou et du bois d'oeuvre.

    La pêche est essentiellement rudimentaire et se pratique dans les divers cours d'eau existant mais qui tarissent complètement en saison sèche.

    Dans la commune de Savalou, l'économie s'articule autour cinq axes. L'agriculture est le secteur prédominant de l'économie. Elle concentre plus de 80% de la population. L'élevage est sédentaire et reste beaucoup plus la tâche des peuls. La transformation agroalimentaire occupe surtout les femmes surtout en ce qui concerne la transformation du manioc en gari et en tapioca.

    Le secteur industriel est représenté par quelques unités agro-industrielles de textiles et fibres, des décortiqueuses de riz et d'arachide, l'usine de fabrication d'alcool à base du manioc de Logozohè, et quelques unités de transformation des noix de cajou.

    Le commerce occupe un nombre important de femmes et d'hommes dans les arrondissements. Il est dominé par les femmes.

    La pêche, l'artisanat, le transport et le tourisme sont encore embryonnaires. Les roches des collines, les forêts et leurs gibiers, les cours d'eau et la terre restent des ressources naturelles encore disponibles.

    1.4 PRESENTATION DU MATERIEL VEGETAL

    1.4.1 Origine et distribution de l'anacardier

    L'anacardier (Anacardium occidentale L.), de la famille des Anacardiaceae au même titre que le manguier, est un arbre originaire du Brésil. C'est une espèce qui se rencontre dans les régions marquées par un climat chaud et humide, à saison sèche marquée avec une pluviométrie comprise entre 1000 et 2000 mm, depuis le niveau de la mer jusqu'à une altitude de 1000 m environ. C'est un arbre qui pousse dans les régions tropicales et qui peut atteindre une quinzaine de mètres à l'âge adulte. Bien que très exigeant du point de vue sol, l'anacardier peut se contenter des sols superficiels et préfère les sols sablonneux aux sols argileux. C'est ainsi qu'au Bénin, l'aire de production la plus favorable est située entre Gamia au Nord et Abomey au Sud.

    1.4.2 Description l'anacardier et des noix de cajou

    1.4.2.1 Description de l'anacardier

    L'anacardier est un arbre de taille moyenne, à feuillage persistant, atteignant selon les cultivars, 6 à 12 m de haut et 15 à 25 cm de diamètre.

    Relativement court, le port est souvent celui d'un arbuste. Il est surmonté d'une couronne large, profonde et puissante. L'écorce, gris clair ou brune, est lisse dans le jeune âge et se fissure légèrement chez les sujets âgés.

    Les feuilles alternes sont entières, épaisses, coriaces, non stipulées et de forme elliptique. Elles sont courtement pétiolées, de couleur verte bleu foncée. Elles mesurent entre 6 et 15 cm de long sur 2 à 7 cm de large.

    Les fleurs sont petites, à 5 pétales d'1 cm de diamètre, rosées, très odorantes et groupées en inflorescences paniculaires. On rencontre sur le même arbre des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites.

    1.4.2.2 Description des noix de cajou

    La noix de cajou est un fruit akène2(*) qui atteint son plein développement en un mois environ. D'une dimension de trois à cinq centimètres, de couleur gris brunâtre, elle est constituée d'un péricarpe dont la partie intérieure est très dure et la partie extérieure spongieuse. Entre ces deux structures, se découvre une partie plus molle en nid d'abeilles. Elle contient un liquide visqueux brun foncé qui, du fait de sa toxicité et de sa causticité, rend difficile l'extraction de la noix : il s'agit du baume de cajou mieux connu sous le terme CNSL (Cashew Nut Shell Liquid). C'est une résine phénolique aux propriétés particulières qui contient 90% d'acide anacardique et 10% de cardol.

    La noix est une graine oléagineuse qui renferme 47% d'une huile qui, après traitement, est assez proche de celle de l'amande douce.

    A l'intérieur de la noix se trouve le vrai fruit qui adhère fortement à la coque : il s'agit d'une amande réniforme dont la dimension varie entre deux et trois centimètres selon les catégories. Elle est blanchâtre et offre une saveur agréable.

    1.4.3 Importance et utilité de l'anacardier

    De nos jours, l'importance et l'utilité de l'anacardier ainsi que de ces produits n'est plus à démontrer. Plusieurs usages sont faits de cet arbre et plusieurs produits sont issus des éléments du fruit, de la coque, de l'amande et de la pomme.

    Généralement, le bois est utilisé comme combustible ou sert à la fabrication du bois. Il est aussi utilisé en construction navale (FAO, 1982).

    L'écorce exsude une gomme ressemblant à la gomme arabique et on tire de la sève de l'arbre une encre indélébile.

    Les fleurs du pommier cajou attirent les abeilles et sont mellifères.

    Les jeunes feuilles cuites à l'eau peuvent être consommées (FAO, 1982).

    Le baume de cajou contenu dans la coque, malgré son action corrosive est très recherché à cause de ses propriétés. Elle est utilisée dans la fabrication des éléments de friction dans l'industrie automobile pour les systèmes de freinage et d'embrayage. Elle est également utilisée dans la fabrication du caoutchouc et des revêtements spéciaux des isolants, des matières plastiques et comme enduit résistant aux termites en Chine.

    L'amande de la noix est comestible. Elle est surtout consommée sous forme grillée et est largement utilisée dans les industries alimentaires (biscuiterie, pâtisserie, chocolaterie, confiserie, etc.). Cette amande qui représente environ 20 à 25% du poids de la noix est riche en lipides (48 %), en protides (19.4%) et en glucides (26%). Elle présente donc une très haute valeur nutritionnelle comme le montre le tableau 1.

    Tableau 1: Composition des noix de cajou

    Composants

    Grammes*

    Minéraux

    Milligrammes*

    Vitamines

    Milligrammes*

    Glucides

    20.5

    Potassium

    668.000

    Vitamine B1 (thyamine)

    0.430

    Protides

    18.6

    Phosphore

    466.000

    Vitamine B2 (riboflavine)

    0.160

    Lipides

    49.3

    Calcium

    38.000

    Vitamine B3 ou PP (nicotinamide)

    1.800

    Eau

    4.0

    Magnésium

    252.000

    Vitamine B5 (acide pantothénique)

    1.600

    Fibres alimentaires

    3.5

    Sodium

    14.000

     
     
     
     

    Fer

    5.200

     
     
     
     

    Cuivre

    3.700

     
     
     
     

    Zinc

    2.100

     
     
     
     

    Manganèse

    0.800

     
     
     
     

    Nickel

    0.500

     
     
     
     

    Molybdène

    0.010

     
     
     
     

    Fluor

    0.140

     
     
     
     

    Iode

    0.010

     
     

    * Il s'agit d'une composition moyenne donnée à titre indicatif : les valeurs sont à considérer comme des ordres de grandeur susceptibles de varier selon les variétés, la saison, le degré de maturité, les conditions de cultures, etc.

    Source : aprifel.com in Infocomm (2004).

    Par ailleurs, cette amande contient une matière grasse. Il s'agit de l'huile de cajou à partir de laquelle on peut préparer du beurre d'amande utilisé en alimentation et en pharmacie.

    La pomme de cajou (qui est un faux fruit) représente environ 90% du poids du fruit entier et peut être consommée à l'état frais. Gorgée de substances nutritives comme l'indique le tableau 2, elle est juteuse, sucrée, légèrement parfumée et acide, très riche en vitamine C. Sa pulpe se prête à la fabrication du jus de fruit, de sirop, d'alcool et de confiture.

    Tableau 2: Tableau de composition moyenne pour 100 grammes de pomme de cajou fraîche.

    Composants

    Grammes

    Eau

    84.4-88.7g

    Protéines

    0.101-0.162g

    Matières

    0.05-0.5g

    Hydrates de carbone

    9.08-9.75g

    Fibre

    0.4-1g

    Cendre

    0.19-0.34g

    Calcium

    0.9-5.4 mg

    Phosphore

    6.1-2.1 mg

    Fer

    0.19-0.71 mg

    Carotène

    0.03-0.742 mg

    Thiamine

    0.023-0.03 mg

    Riboflavine

    0.13-0.4 mg

    Niacine

    0.13-0.539 mg

    Acide ascorbique

    146.6-372mg

    Source : Davis, 1999 in infocomm (2004).

    Sur le plan environnemental, l'anacardier joue deux rôles principaux : une fonction antiérosive grâce à sa canopée, et la restauration de la fertilité du sol.

    Enfin, par sa culture, l'anacardier participe au reboisement des espaces ouverts et à la lutte contre la désertification et la sahélisation.

    A travers ces différents avantages, l'anacardier se présente comme un arbre à buts multiples dont la culture et la promotion peuvent participer à l'établissement de nombreux équilibres.

    CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE, HYPOTHESES ET METHODOLOGIE

    2.1 REVUE DE LITTERATURE

    2.1.1 Approches théoriques

    Dans cette partie, il s'agit de présenter les différentes approches théoriques utilisées dans le domaine de la commercialisation, les différentes analyses qui ont été faites autour d'elles ainsi que les leçons qu'on en a tirées afin de les adapter à notre étude sur le marché des noix de cajou.

    Nous distinguons préférentiellement six approches :

    2.1.1.1 Approche néoclassique

    L'approche néoclassique est fondée sur la notion de concurrence pure et parfaite. Il s'agit, selon Gould et Ferguson (1991), d'un concept qui est à la base du modèle le plus important du fonctionnement des affaires. Selon cette théorie, on ne peut parler de concurrence pure et parfaite que lorsque certaines conditions sont remplies (Gould et Ferguson, 1991 ; Lecaillon, 1993) :

    - atomicité de l'offre et de la demande : Les vendeurs et les acheteurs sont suffisamment nombreux de telle sorte que chaque agent économique devient très petit par rapport à l'ensemble du marché. Il ne peut donc exercer aucune influence perceptible sur les prix. Dans ce cas, chaque agent économique agit comme si les prix étaient des données ;

    - homogénéité du produit : Le produit d'un vendeur quelconque est identique au produit de tout autre vendeur. Les produits présents sur le marché sont donc interchangeables ;

    - parfaite mobilité des ressources : Elle est caractérisée d'une part par l'absence de barrières d'entrée sur le marché, et d'autre part par la mobilité des facteurs de production. Dans ce cas, les qualifications sont simples, peu nombreuses à apprentissage aisé. De plus, les facteurs utilisés ne sont pas monopolisés par un propriétaire ou producteur, et de nouvelles entreprises peuvent pénétrer dans une nouvelle branche industrielle et la quitter sans grande difficulté ;

    - transparence du marché : Elle est caractérisée par l'absence d'asymétrie informationnelle. Elle exige donc une parfaite connaissance du futur comme du présent ;

    - rationalité des agents : Le vendeur cherche le maximum de profit tandis que l'acheteur vise le maximum d'utilité ;

    D'après Guyer (1987), cette approche privilégie l'efficacité des marchés et le degré d'intervention de l'Etat pour l'amélioration de leur performance. Elle suppose également que les entreprises les moins performantes seront progressivement remplacées par les plus compétitives, entraînant ainsi un fonctionnement efficace du système de commercialisation sous la seule action des forces du marché.

    Malgré cela, cette théorie reste sujette à de nombreuses critiques. En effet,

    - même sur les marchés des produits agricoles de base où les trois premières conditions sont remplies, la quatrième est altérée par la variation des conditions climatiques (Gould et Ferguson, 1991) ;

    - la notion de concurrence parfaite est irréaliste ou du moins inadaptée à l'analyse des marchés vivriers africains ;

    - les données des prix sur lesquelles reposent les analyses sont sujettes de controverses car elles donnent lieu à diverses interprétations (Harris, 1979);

    - les phénomènes socio-historiques et politico- institutionnels ne sont pas intégrés à l'analyse (Guyer, 1987) ;

    - le principe qui gouverne l'organisation de la vie commerciale est loin de refléter les hypothèses des économistes néoclassiques (Geertz, 1978).

    Toutefois, la concurrence parfaite se présente fréquemment comme un modèle théorique des mécanismes économiques. Et l'argument le plus convaincant qui permet de confronter cette affirmation est qu'en dépit de la prolifération des modèles « sophistiqués » du comportement économique, les économistes utilisent plus aujourd'hui que jamais, le modèle de la concurrence parfaite pour leur recherche (Gould et Ferguson, 1991).

    2.1.1.2 Approche des marchés contestables

    La notion de marché contestable est due à Baumol, Panzar et Willing (1982). Un marché contestable est un marché dont l'accès est parfaitement libre et la sortie sans coût (Lecaillon, 1993; Lutz, 1994). Les entreprises peuvent aller et venir sans difficulté car dans ces types de marché, les nouvelles entreprises supportent les mêmes coûts de structure que celles déjà présentes et les nouveaux acteurs n'ont pas à supporter d'éventuelles charges résultant de leur arrivée. Dans ce type de marché, la concurrence potentielle est plus importante que la concurrence réelle.

    Les caractéristiques des marchés parfaitement contestables sont les suivantes :

    - les nouveaux acteurs peuvent répondre à la demande du marché et utiliser les mêmes méthodes de commercialisation que les premiers;

    - les nouveaux acteurs évaluent la profitabilité associée à l'entrée dans le but de satisfaire la demande du marché;

    - les acteurs sont flexibles et les forces de compétition concourent au respect des prix et aux taux de rentabilité normaux.

    De ces faits, nous pouvons dire à l'instar de Lecaillon (1993) que les marchés de concurrence parfaite ou monopolistiques sont donc par définition des marchés contestables.

    Les marchés contestables se comportent comme des marchés concurrentiels, en ce sens que les rentes de monopole tendent vers zéro. Toutefois, dans la réalité, les marchés ne sont jamais parfaitement contestables, étant donné que l'entrée comme la sortie n'est ni sans obstacles, ni sans coûts.

    2.1.1.3 Approche de la nouvelle économie institutionnelle

    La grande partie des pensées récentes sur les institutions est connue actuellement sous le vocable de nouvelles économies institutionnelles (New Institutional Economics) (Tripp, 2001). L'émergence de cette théorie est due aux problèmes soulevés par l'approche néoclassique qui suppose que les marchés fonctionnent dans un environnement d'information parfaite.

    La nouvelle économie institutionnelle met l'accent sur la manière dont la qualité, la complexité et l'adéquation de l'information déterminent la façon dont les marchés fonctionnent, les affaires sont gérées et les institutions développées (Tripp, 2001). En effet, en reprenant North, Tripp (2001) affirme: «Institutions are the rules of the game in a society or, more formally are the humanly devised constraints that shap human interaction. In consequence they structure incentives in human exchange, wether political, social, or economic».

    Les institutions contribuent donc à la gestion efficace des informations. Or, dans n'importe quelle transaction de marché, l'information sur les prix et sur les caractéristiques techniques des biens et services en présence est absolument importante.

    Une approche comparative montre que la théorie néoclassique s'intéresse à la minimisation des coûts et à l'efficience dans un cadre institutionnel donné alors que la théorie néo institutionnaliste s'attache à la façon dont les changements institutionnels peuvent conduire à l'efficience économique et à la minimisation des coûts. La performance du marché se mesure donc à ce niveau par l'aptitude des agents à remplir leur fonction à moindre coût.

    Partant du fait que les mécanismes du marché sont insuffisants pour atteindre cette efficacité, les institutionnalistes proposent des systèmes de commercialisation à intégration verticale dont la coordination sera assurée par une administration.

    Mais Lutz (1994) constate que l'établissement d'un tel système conduit à l'établissement du monopole de l'Etat dont les coûts de transaction sont très élevés.

    Par ailleurs, du fait que l'acquisition et l'interprétation de l'information engendrent de considérables coûts, le concept de coût de transaction devient un élément central pour les nouvelles économies institutionnelles. En effet, selon Williamson (1985 :19) «les coûts de transaction sont l'équivalence économique de la friction». Ces coûts sont retrouvés à toutes les étapes de n'importe quel inter échange économique et peuvent être divisés en coût de recherche et d'information, coût de décision, de marchandage, coût de politique et de renforcement (Dahlman, 1979).

    Ces coûts sont la résistance « perverse » qui fait que l'échange et le commerce dévient la trajectoire idéale prédite par les néoclassiques. Nous en parlerons en détail dans la suite du travail.

    Les nouvelles économies institutionnelles présentent un certain nombre d'insuffisances qu'il importe de soulever :

    - les pays en développement, contrairement aux pays industrialisés, possèdent peu d'institutions pour améliorer les problèmes informationnels ; et les institutions dont ils disposent sont plus inefficaces que les « institutions homologues » des pays industrialisés (World Bank, 1998)

    - le second problème de l'analyse institutionnelle est la subjectivité de plusieurs de ses concepts. Par exemple, il est souvent impossible de quantifier les coûts de transaction. De plus, l'identification de ce qui constitue un coût de transaction est parfois confuse et, le terme est imparfaitement appliqué à n'importe quelle situation où existe l'incertitude ;

    On doit dès lors faire très attention en définissant précisément ce qui constitue un coût de transaction dans une situation particulière.

    2.1.1.4 Approche des marchés agricoles

    La théorie des marchés agricoles s'explique par les caractères spécifiques de la production agricole :

    - la récolte est aléatoire et par là- même, les quantités de produits ne peuvent être maîtrisées de manière précise ; la quantité est par ailleurs souvent liée aux facteurs climatiques ;

    - la production est fréquemment saisonnière (Bourret-Landier, 1980) ;

    Cette théorie est soutenue par trois postulats de base. D'après Bourret-Landier (1980), la demande alimentaire globale est fonction à la fois :

    - du nombre de personnes à nourrir ;

    - du revenu par habitant ;

    - du prix des produits alimentaires.

    Cet auteur ajoute, dans une certaine mesure, le prix des autres biens de consommation.

    La présente étude sur la commercialisation des noix de cajou tiendra compte de chacune de ces théories. Mais du fait du caractère particulier de ce produit qui est actuellement plus une culture de rente et d'exportation qu'une culture de consommation locale, les approches des marchés contestables et la théorie de la nouvelle économie institutionnelle serviront de fil conducteur à nos analyses.

    2.1.2 Définition des concepts

    Dans cette partie, nous présentons les différents concepts utilisés dans le domaine de la commercialisation et qui permettent non seulement une meilleure connaissance des théories, mais aussi pour une compréhension aisée du processus de commercialisation proprement dit.

    2.1.2.1 Marché

    Les définitions du concept marché sont nombreuses et varient selon les disciplines (Adanguidi, 2000) et les courants de pensée.

    Dans le contexte africain, les produits agricoles sont normalement commercialisés sur la place du marché : il s'agit d'un espace ouvert ou se vendent et s'achètent les produits de base (Débrah et Anteneh, 1992).

    Selon Bialès et al. (1999), le marché peut être considéré comme le lieu plus ou moins concret de la confrontation et de la conciliation de l'offre et de la demande d'un bien. A ce lieu se déterminent les quantités échangées et le prix de la cession. Le concept de marché s'applique alors tant au lieu physique où s'effectuent les ventes, qu'aux vendeurs, aux acheteurs et aux transactions elles-mêmes (Débrah et Anteneh, 1992). Il s'agit là de la définition néoclassique du terme.

    Les néo institutionnalistes considèrent le marché comme un ensemble d'institutions. Dans ce sens, il se révèle être un ensemble de relations sociales autour de l'échange, structuré par des classes et des institutions. Ce sont ces institutions qui fixent et arbitrent les règles d'échange.

    Les socio anthropologues définissent le marché comme un ensemble de relations autour de l'échange.

    Pour les géographes, le marché se trouve être un facteur de structuration de l'espace au même titre qu'une ville.

    Dans tous les cas, les notions de marché recouvrent deux aspects qui, quoique liés, sont fondamentalement différents (Bialès et al., 1999) :

    - le marché en tant que modèle : Il s'agit dans ce cas d'une fiction théorique de l'équilibre concurrentiel. C'est un modèle normatif du processus idéal d'allocation des ressources ;

    - le marché en tant que réalité : Il s'agit d'un lieu de négociation des contrats et de réalisation des transactions. C'est donc un modèle d'analyse positive du processus concret d'ajustement et de fixation de prix. Dans un tel contexte, les mécanismes des prix et des lois de l'offre et de la demande sont largement utilisés.

    Dans le cadre de notre étude, nous considérons la vision des néoclassiques et des néo institutionnalistes.

    2.1.2.2 Réseau commercial

    Selon Weiligman (1999), le réseau peut se définir comme la structure des liens entre les acteurs d'un système.

    Ainsi, la notion de réseau social fait référence à des individus ayant entre eux des relations.

    L'élément le plus important dans un réseau est moins les attributions de ses membres que les caractéristiques des liens qu'il y a entre les uns et les autres et qui déterminent les comportement des membres du réseau (Mitchell, 1969 cité par Adanguidi, 2000). Le contenu des liens peut être l'assistance économique, l'obligation religieuse ou familiale ou simplement l'amitié.

    La relation entre les individus peut être une relation réciproque. Elle peut être également une relation asymétrique et polarisée du genre employeur- employé ou patron- client.

    Le réseau commercial ou réseau marchand est donc une forme de réseau social.

    Le réseau commercial met en relation des acteurs qui interviennent de près ou de loin dans une ou des activités commerciales.

    Dans le commerce continental, les réseaux représentent une forme d'organisation du marché par laquelle un groupe de commerçants dispose d'agents localisés aux différents points d'achat et de vente des marchandises complémentaires.

    Selon Sindzingre (1998), les réseaux marchands sont associés à la notion d'économie d'échelle, c'est-à-dire à des rendements croissants, donc à la possibilité de pratiquer des prix inférieurs. En tant que tels, les réseaux marchands favorisent les positions de monopole ou d'oligopole.

    Par ailleurs, selon Soulé (1995), la force des réseaux marchands qui animent les échanges régionaux et même locaux ne découle pas seulement des fondements sociologiques sur lesquels sont bâtis leurs stratégies. Elle découle également des relations étroites que ces réseaux entretiennent avec les institutions officielles. L'ensemble de ces affinités assurent la minimisation des coûts d'investissement et permettent de faire face aux incertitudes du marché qui est un paramètre essentiel de l'efficacité du système.

    Deux remarques importantes émanent de ce concept :

    - la référentiation ethnique comme soubassement du réseau est encore plus délicate en Afrique subsaharienne où l'allochtonie est diluée par de fortes tendances assimilationnistes, et où les groupes sociaux présentent des organisations sociales aux références et aux capacités d'action collectives très variables, liées à des histoires différentes (Sindzingre, 1998) ;

    - la région d'appartenance peut également constituer de base de formation du réseau commercial même dans le cas où elle ne correspond pas à la même communauté linguistique ou religieuse (Adanguidi, 2000).

    Dans le cadre du présent travail, nous considérerons comme réseau, tout groupe d'agents commerciaux dont les intérêts, bien qu'individuels, concourent à la réalisation d'un objectif unique. Il n'a forcément pas une connotation linguistique, religieuse ou amicale. Son fonctionnement repose sur la confiance ou les contrats et engendre des coûts. Dans le cas d'un réseau personnel, les coûts sont pris en charge par le patron du réseau.

    2.1.2.3 Clientélisme

    Le clientélisme est une relation inégale entre deux individus où d'un côté, on a le patron et de l'autre, on a le client. La relation entre le patron et le client est une relation d'échange asymétrique « librement consentie » (Spittler, 1977 cité par Adanguidi, 2000). Les conditions d'établissement d'une relation de clientélisme sont les suivantes :

    - les ressources critiques doivent être contrôlées par un groupe particulier dans la société. La nature de ces ressources varie suivant les sociétés, et leur manque ou insuffisance augmente la vulnérabilité ou l'insécurité de l'autre partie de la société ou bien réduit leur chance d'atteindre leurs buts ;

    - le patron a besoin du service du client dans le cadre de la compétition qu'il livre aux autres patrons. Il est prêt à mettre une partie de ses ressources à la disposition du client en échange du service de ce dernier ;

    - les clients se trouvent dans l'impossibilité d'accéder autrement aux ressources détenues par les patrons ;

    - il n'y a pas d'allocation publique concernant ces ressources ;

    - les liens horizontaux de type « classe sociale » ne sont pas développés.

    2.1.2.4 Courtier commercial

    Le terme courtier désigne ici toute personne qui procède ou participe contre rémunération (Fenn, 1979 ; Adanguidi, 2000) à l'achat de produits agricoles pour le compte d'un tiers. Cette profession, qui prend des formes diverses selon les coutumes et les conditions locales, est souvent associée à d'autres activités.

    Le succès d'un courtier dépend d'une connaissance profonde des conditions locales (Adanguidi, 2000), de l'entretien des contacts personnels et d'une réputation de loyauté (Fenn, 1979).

    Le courtage prend une importance particulière dans tout système de commercialisation des produits agricoles où les grands commerçants ne peuvent se rendre eux-mêmes sur les lieux des transactions et doivent donc disposer d'un représentant qui reçoit les produits en consignation et qui peut prendre, sur place (selon les circonstances), toutes les dispositions liées à la livraison.

    Les redevances du courtage consistent généralement en un pourcentage du prix réel d'achat.

    2.1.2.5 Coût de transaction

    Selon Bialès et al. (1999), Adanguidi (2000) et Tripp (2001), la notion de coût de transaction est au coeur d'une théorie de type institutionnel, esquissée par Coase en 1937 et développée par Williamson (à partir de 1975) et North (en 1990) : la théorie des coûts de transaction.

    On entend par coût de transaction, le coût de toute relation économique à caractère contractuel entre deux acteurs (Bialès et al., 1999). La transaction est dite externe ou interne selon que la relation économique se déroule sur un marché (en l'occurrence entre l'offreur et le demandeur) ou au sein d'une organisation.

    Les coûts de transaction comprennent les coûts d'identification des partenaires (effort, temps et dépenses qu'engendre la collecte de l'information nécessaire à la réalisation d'un contrat d'échange), et les coûts de négociation et de contrôle.

    Staatz (1992) a décomposé les coûts de transaction en deux catégories :

    - les coûts ex-ante : Il s'agit des coûts d'information et de négociation d'un contrat ;

    - les coûts ex-post : Ils comprennent les coûts de surveillance, de renégociation et de gestion des conflits.

    Bialès et al. (1999) quant-à eux, découpent les coûts de transaction (externe) en deux autres catégories :

    - les coûts liés au fonctionnement du marché : Ils comprennent les coûts d'utilisation du système de prix et les coûts de négociation des contrats ;

    - les coûts liés au comportement des acteurs : Il s'agit des coûts de la rationalité limitée des décideurs et de l'incomplétude des contrats d'une part, et des coûts des comportements opportunistes des acteurs d'autre part. On distingue l'opportunisme ex ante qui est caractérisé par une antisélection, et l'opportunisme ex post qui a rapport au risque moral.

    Ces différents points de vue font que dans la pratique, les coûts de transaction ne sont pas facilement quantifiables (Tripp, 2001). Cependant, une personnalisation des relations commerciales peut contribuer à la réduction de ces coûts (Hugon, 1992 et Staatz,). De plus, les facteurs socioculturels et techniques qui facilitent l'accès à l'information sur le marché peuvent contribuer à la réduction des coûts de transaction. Il en est de même des contrats et des institutions (Berry, 1993 et Acheson, 1994).

    Dans le présent travail, nous allons souvent faire référence aux coûts de transaction sans toutefois chercher à les quantifier.

    2.1.2.6 Commercialisation et système de commercialisation

    Ø Commercialisation

    La commercialisation des produits agricoles peut se définir comme l'accomplissement de toutes les activités commerciales s'exerçant dans le mouvement des biens et la prestation des services depuis le point initial de la production agricole jusqu'au stade ultime où les produits arrivent entre les mains du consommateur (Kohls, 1961).

    Fanou Kloubou (1994), en reprenant Sherman et al. (1987), définit la commercialisation comme l'ensemble des activités économiques permettant de transférer un bien ou un service des producteurs aux consommateurs.

    Dans notre cas, nous entendons par commercialisation, l'ensemble des activités commerciales qui s'exercent dans le transfert des produits agricoles bruts depuis les producteurs jusqu'aux exportateurs ou aux unités locales de transformation, qu'elles soient artisanales ou industrielles.

    Ø Système de commercialisation

    Le système peut être défini comme un appareil ou dispositif formé d'éléments agencés de façon cohérente pour assurer une fonction bien définie. Le système de commercialisation comprend non seulement les flux des produits, la gamme des agents, mais aussi les différentes fonctions de chaque agent pour assurer le transfert du produit. Ce transfert qui n'est pas automatique exige la mise en oeuvre des moyens de transport et d'infrastructures de stockage. Dans ce sens, le système de commercialisation recouvre tous les aspects de la distribution et de la redistribution des produits.

    On définit comme fonctions de commercialisation, les différentes opérations qui permettent de fournir en des lieux et des temps requis, aux demandeurs, les produits dont ils ont besoin. On distingue préférentiellement trois catégories de fonctions :

    - les fonctions d'échange : Elle regroupent la collecte et la distribution du produit. La collecte concerne l'acquisition des produits auprès des producteurs ainsi que leur emballage. La distribution a rapport à l'acheminement des produits rassemblés vers de nouveaux acquéreurs ;

    - les fonctions de facilité : Elles concernent la normalisation, la provision de l'information et la prise de risque. La normalisation est la définition d'un système de classification des produits suivant certains critères de qualité, de forme et de quantité afin de faciliter leur commercialisation ;

    - les fonctions physiques: Il s'agit des fonctions de transport, de stockage et de transformation.

    L'accomplissement de ces différentes fonctions engendre des sacrifices, des efforts et donc des coûts à la fois quantitatifs et qualitatifs. Mais il peut également fournir à d'autres acteurs, des devises et générer ainsi des revenus substantiels.

    Ø Importance de la commercialisation des produits agricoles

    La commercialisation est une activité dont l'importance a été reconnue par plusieurs auteurs. En général, à mesure qu'un pays se développe, le « secteur des services » de son économie s'étend par rapport au « secteur de la production primaire ». Les ressources totales consacrées à la commercialisation des produits agricoles tendent à augmenter plus rapidement que les ressources allouées à la production de ces produits. Cette tendance s'affirme quand un pays commence à passer de l'économie de subsistance à l'économie de marché ou économie monétaire (Abott, 1987).

    Or, le développement agricole, comme celui de l'économie en général, doit être fondé sur une division du travail en fonctions spécialisées, et la croissance de l'économie reflète cette spécialisation. Cette spécialisation doit être progressivement associée à l'expansion du système de commercialisation et de son aptitude à transmettre les denrées d'une région et d'une collectivité à l'autre.

    Le développement économique élève les revenus et permet donc de diversifier le régime alimentaire. Dans ce contexte, le système de commercialisation doit s'élargir de façon à fournir une plus grande variété d'aliments.

    Un système efficace de commercialisation ne sert pas seulement de lien entre le producteur et le consommateur, il apporte aussi une contribution active et positive au développement. Les entreprises commerciales s'emploient à accroître leur chiffre d'affaires et leurs ventes, et les efforts qu'ils déploient en ce sens stimulent l'activité économique dans le secteur de la production comme dans celui des services. C'est ainsi qu'en épousant l'idée de Stiglitz (1989), Loy et Wichern (2000) affirment que la croissance économique des pays les moins avancés n'est pas principalement liée au manque du capital physique ou humain, mais plutôt à un manque d'efficacité du fonctionnement de leur marché.

    Un bon réseau commercial stimule la consommation, contribue aussi à accroître la production en cherchant des disponibilités supplémentaires.

    Si le système de prix fonctionne convenablement, il incite à satisfaire de plus en plus la demande (des consommateurs) en ce qui concerne le type, la qualité et le délai de livraison. Ainsi, la production s'adapte à la demande en réagissant « aux signaux de prix » émis par le système de commercialisation.

    Akinwumi (1986) avance que la commercialisation des produits agricoles génère trois utilités principales :

    - l'utilité du lieu (Place utility) : Elle est créée lorsque les produits sont déplacés du lieu de production vers les lieux où ils sont recherchés. Elle inclut donc le transport et la distribution spatiale du produit ;

    - l'utilité du temps (Time utility) : Les produits sont stockés pendant une période et rendus disponibles pendant plusieurs semaines ou mois ;

    - l'utilité de la forme (Form utility) : Les produits sont traités ou transformés en de nouveaux produits pour tenir compte des goûts et des préférences des consommateurs.

    Selon Singbo (2000), mis à part le fait que la commercialisation permet de stimuler la recherche sur les techniques de conservation et de préparation de divers types d'aliments pour satisfaire aux différents goûts des consommateurs, elle a un impact sur l'économie nationale : elle stimule le développement des industries agroalimentaires, crée de nouvelles opportunités de génération de revenus.

    Il paraît donc indispensable de multiplier les recherches sur le système de commercialisation des produits agricoles afin d'identifier les moyens et les éléments d'une politique agricole adéquate étant donné que les connaissances sur les logiques, les spécificités de chaque zone et les dynamiques actuelles de ce système demeurent encore très limitées (Adégbidi, 1996).

    Ø Effectivité et efficacité du système de commercialisation

    L'effectivité de la commercialisation examine surtout la manière dont les fonctions d'échange, de facilité et les fonctions physiques sont assurées dans la chaîne de commercialisation (Adégbidi, 1996).

    Un marché est efficace si les prix pratiqués reflètent fidèlement toutes les informations disponibles. Dans ce cas, tout changement de prix sera perçu comme la conséquence de nouvelles informations. Singbo (2000) attire notre attention sur Kohls et Uhl (1985) pour qui l'efficacité de la commercialisation est définie comme la maximisation du ratio input/output. Les outputs se réfèrent aux satisfactions procurées par les services rendus par le système de commercialisation. Les inputs ont plutôt rapport aux différentes ressources (capital, travail, gestion) utilisées pour faire fonctionner le système de commercialisation.

    De ce fait, un système de commercialisation est efficace si le total des coûts d'opération est minimisé. On peut donc dire qu'un système de commercialisation entièrement efficace est celui qui conduit les biens des producteurs aux consommateurs aux plus bas prix possibles et en concordance avec la fourniture des services désirés par les producteurs et les consommateurs (Abbot, 1985).

    On distingue deux types d'efficacité : l'efficacité technique et l'efficacité économique :

    L'efficacité technique concerne la compétence avec laquelle les opérations sont réalisées sur le marché. Pour être donc techniquement efficace, un système de commercialisation devrait utiliser au maximum la meilleure technologie pour chaque opération commerciale (stockage, emballage, transport, etc.) et ceci, à des coûts réduits.

    L'efficacité économique vise l'obtention du maximum de résultats donnés avec le minimum de ressources. Et pour être économiquement efficace, un système de commercialisation devrait utiliser des méthodes performantes afin de rendre les opérations plus profitables à moindre coût.

    En se fondant sur Von Oppen et Raju (1982), Singbo (2000) avance que l'efficacité de la commercialisation peut se mesurer de deux manières :

    - l'efficacité des prix : Elle est mesurée en terme de corrélation des changements de prix du même produit sur différents marchés. Ces corrélations constituent des puissants indicateurs du degré d'intégration entre les marchés dans le temps et dans l'espace. La mesure de corrélation permet donc de déterminer le degré avec lequel deux ou plusieurs marchés sont conjointement influencés par les phénomènes affectant l'offre et la demande ;

    - l'efficacité opérationnelle : Elle est évaluée en terme de coûts et marges de commercialisation.

    Selon le même auteur, les travaux de Langyintno (1999) amènent à dire que la mesure des coûts et des marges de commercialisation permet d'évaluer le degré d'efficacité du système commercial. C'est cette dernière mesure que nous avons utilisée dans cette étude.

    Selon Fenn (1979), lorsque le système de commercialisation est efficace, non seulement il permet aux demandeurs des produits de les obtenir, mais aussi il apporte une contribution active au développement.

    2.1.3 APPROCHES D'ANALYSE

    La problématique de la commercialisation peut être étudiée au niveau macro économique, au niveau méso économique (approche filière, approche secteur) ou au niveau micro économique (approche circuit).

    A travers cette section, nous présentons les différentes approches sus-mentionnées et qui sont couramment utilisées dans le cadre de l'étude du marché des produits. Nous spécifierons à la fin celles qui ont servi de base à notre étude.

    2.1.3.1 Approche Filière

    Le concept filière dont la traduction approximative en anglais est commodity chains est couramment utilisé dans la littérature francophone relative à l'économie agricole et agroalimentaire. La perception qu'en ont les différents utilisateurs varie quelque peu.

    Selon Bourret-Landier (1980), la filière fait partie de l'appareil de production et de transformation qui comprend l'ensemble des entreprises agricoles, industrielles et commerciales auxiliaires et prestataires de service, traitant à titre principal ou secondaire.

    Selon Adanguidi (2000), certains auteurs considèrent la filière comme un objet linéaire s'étendant de la production à la commercialisation et à la consommation. De ce fait, elle est considérée comme une suite de marchés entre l'amont et l'aval (Griffon, 1989). Elle peut être aussi considérée comme un chemin orienté qui relie plusieurs branches depuis l'amont (la production des matières premières et des biens d'équipement) jusqu'à l'aval (la distribution et les services liés à l'utilisation), et qui les rassemble selon les étapes successives rencontrées pour la mise en marché du produit (Hugon, 1992).

    L'approche filière développée par Baris et Couty (1981) et repris par Ahohounkpanzon (1992) et Singbo (2000) postule que le système commercial est lié au système de production. Ainsi une analyse du fonctionnement du marché devrait intégrer les domaines de la production et de la commercialisation afin de mieux interpréter les résultats.

    D'Andlau et Lemelle (1989) indiquent que l'approche filière permet de s'intéresser aux différents stades de l'élaboration des produits depuis les producteurs jusqu'aux consommateurs.

    Selon Adanguidi (2000), l'approche filière a un avantage particulier : étant de nature une approche par produit, elle prend en compte, pour un produit donné, les trois niveaux d'analyse que sont la production, la commercialisation et la consommation. Ainsi, non seulement elle examine pour un produit donné les fournisseurs de l'agriculture, les agriculteurs, les entrepreneurs réalisant le stockage, les transformateurs, les grossistes, les détaillants, les institutions gouvernementales qui affectent et coordonnent les niveaux successifs par lesquels transite le produit (Tano, 1981 cité par Adanguidi, 2000) ; mais aussi et surtout elle a l'avantage de placer le produit dans un réseau permettant de prendre en compte les effets rétroactifs de l'appareil commercial sur la production et d'envisager les conséquences d'une modification de la structure de consommation sur l'appareil productif (Palleshi, 1985).

    Le fonctionnement socioéconomique de la filière se comprend à travers trois approches fondamentaux (Leplaideur, 1994 ) :

    - la première s'atèle au calcul des coûts et marges réellement observés sur le terrain ;

    - la deuxième essaie de donner une vision spatialisée des différentes fonctions (aire de production, de collecte, de transformation, de consommation et des flux consécutifs) ;

    - la troisième dimension étudie particulièrement les rapports sociaux autour de l'appropriation et l'utilisation des moyens de production et d'échange.

    Compte tenu de l'étendue de son domaine de recherche, l'approche filière est une approche globale. Son analyse reste parfois difficile et ne permet pas de saisir le fonctionnement interne du système de commercialisation (Singbo, 2000).

    2.1.3.2 Approche sous secteur

    L'approche sous-secteur examine les liens entre la production, la transformation et la commercialisation. Il s'agit de considérer le système de commercialisation comme un réseau ou un sous-secteur comme le montre le schéma.

    Schéma 1 : Relations entre production transformation et commercialisation

    Production

    Transformation Commercialisation

    Cette approche utilisée par Sherman (1984) prend en compte tous les facteurs générateurs de revenus de l'unité de production qui peuvent affecter la quantité du produit commercialisé.

    Mais la limite de cette approche dans le cadre de la commercialisation des produits agricoles est qu'elle est orientée vers la commercialisation du produit final.

    2.1.3.3 Approche circuit

    Le circuit commercial désigne la succession d'intermédiaires et de marchés par lesquels passe un bien, ou un ensemble de biens, depuis le producteur jusqu'au consommateur final (Couty, 1982).

    On retiendra comme caractéristiques que :

    - le circuit est spatialisé : On peut donc le cartographier pour étudier son déploiement dans une zone et l'incidence des coûts de transport sur son fonctionnement pendant les diverses périodes de l'année ;

    - le circuit est situé socialement : On doit savoir quels groupes, quelles ethnies, quels réseaux de parenté, quelles institutions contrôlent tel ou tel segment du circuit ;

    - le circuit est spécialisé du point de vue de la technique : On distingue la technique de conditionnement, d'emballage, de stockage, de transformation, de conservation, les techniques financières de courtage et de change, les techniques administratives (organisation des réseaux de revendeurs, gestion de clandestinité dans les réseaux de contrebande, de manipulation de la corruption, etc.).

    Le circuit commercial, qui n'inclut pas les activités de production, est une conception plus restreinte que celle de la filière. De plus, étant donné que le niveau d'analyse est microéconomique, les informations sont plus détaillées.

    Selon Perrault (1981), l'analyse d'un circuit permet entre autres d'examiner :

    - les mécanismes de transmission des informations du marché ;

    - le niveau de concurrence effective et la possibilité de collusion ;

    - les coûts à chaque niveau et les possibilités de gain d'efficacité du marché ;

    - Le rôle joué par les différents intermédiaires dans la formation des prix.

    Par ailleurs, en épousant les idées de Van der Lan, Quarles van Ufford (1999) avance que l'approche des circuits de commercialisation a l'avantage qu'elle est plus utile pour évaluer les stratégies des commerçants et leur organisation dans les réseaux.

    Cette étude est consacrée à la commercialisation des noix de cajou uniquement. L'examen des différentes approches nous a servi de guide pour fixer définitivement notre choix sur l'approche circuit dans son acception microéconomique. Cette approche répond le plus aux objectifs de la présente étude. Toutefois, nous avons fait de temps à autre recours aux autres approches pour certaines analyses.

    2.1.3.4 Paradigme Structure-Conduite-Performance (SCP)

    Dans l'étude du commerce des produits agricoles, le mérite des économistes a été de mettre au point des méthodes crédibles pour en cerner la complexité.

    L'un des modèles les plus utilisés est le modèle Structure-Conduite-Performance (SCP) inspiré de l'analyse de l'efficacité du secteur industriel et élaboré par Bain en 1959 (Houédjoklounon, 2001).

    C'est un modèle qui repose à la fois sur la théorie économique et sur les observations empiriques de l'expérience organisationnelle.

    La méthode SCP comprend trois aspects fondamentaux dans l'étude des marchés :

    - la structure du marché ;

    - la conduite du marché ;

    - la performance du marché.

    La structure du marché désigne l'ensemble des caractéristiques organisationnelles et économiques qui déterminent les rapports des protagonistes (acheteurs et vendeurs) entre eux, qu'ils soient installés ou potentiels. Ces caractéristiques influencent à leur tour et de façon stratégique, la concurrence et le processus de détermination de prix à l'intérieur du marché. Les aspects ci-après sont les éléments de la structure les plus fréquemment utilisés :

    - la concentration des acheteurs et des vendeurs ;

    - la différentiation du produit ;

    - la connaissance du marché ;

    - la formation et la circulation de l'information.

    La conduite du marché se réfère aux comportements adoptés par les entreprises pour s'adapter ou s'ajuster aux conditions du marché. La conduite du marché englobe :

    - la politique de produit et de prix ;

    - la stratégie du produit et de publicité ;

    - la recherche et l'innovation technique ;

    - la stratégie institutionnelle ;

    - la planification des approvisionnements.

    La performance du marché a rapport aux résultats économiques de la structure et de la conduite enregistrés par les agents sur tous les marchés où ils interviennent (Harris, 1979). La performance du système commercial concerne les objectifs poursuivis par les agents sur n'importe quel marché où ils interviennent. Selon Fanou Kloubou (1994), la performance du marché s'intéresse au progrès technologique, à l'orientation de la croissance des entreprises agricoles et commerciales, à l'efficacité de l'utilisation des ressources.

    Le tableau 3 résume le contenu de chaque volet du paradigme.

    Tableau 3 : Eléments du paradigme Structure Conduite Performance

    Structure

    Conduite

    Performance

    Type de marchés

    Type de circuits

    Type d'intermédiaires

    Unités de mesure

    Norme de qualité

    Homogénéité des produits

    Infrastructures

    Réglementation à l'entrée

    Organisations existantes

    Caractéristiques des acteurs

    Termes des échanges

    Formation des prix

    Stratégie de vente et d'achat

    Comportement face aux diverses fonctions

    Information

    Liens entre les acteurs

    Problèmes et changements observés

    Effectivité de la performance

    Efficacité des prix

    Efficacité dans l'allocation des ressources

    Marges observées.

    Source : Adapté de Lutz (1994) et Houédjoklounon (2001).

    Nombreuses sont les limites reconnues à la méthode SCP.

    Fanou Kloubou (1994) et Houédjoklounon (2001) montrent que le modèle est basé sur un concept statique et inapproprié pour analyser les systèmes de commercialisation.

    Selon Sherman (1984), le modèle est plus approprié à l'analyse de l'intégration horizontale dans le contexte des firmes produisant un même bien et constituant un seul marché.

    Lutz (1994) soutient que l'approche ne se justifie que pour le cas des marchés en concurrence pure et parfaite, or les marchés qui satisfont ces conditions sont rares.

    La fiabilité des données utilisées pour l'étude de performance par les divers travaux est douteuse à cause de leur mode de collecte par les administrations : négligence des agents, ignorance des variétés et de l'hétérogénéité des instruments de mesure et des erreurs de reportage.

    Débrah et Anteneh (1992) proposent à partir des travaux de Kriesberg (1986) un modèle plus adapté aux conditions des pays en développement. Pour commencer, ils ont fait la distinction entre l'efficience et l'efficacité de la commercialisation. Selon ces auteurs, l'efficience de la commercialisation fait référence à la quantité ou au coût des intrants requis pour obtenir un niveau donné de résultats. Elle se mesure par des ratios entrées/sorties ou coûts/bénéfices. L'efficacité de la commercialisation s'apprécie en revanche à la lumière des objectifs poursuivis par le système de commercialisation. Elle se mesure en conséquence en terme d'objectifs et s'apprécie sur la base de la comparaison des différents circuits de commercialisation, entreprises, ou même pays, caractérisés par des conditions similaires de développement.

    Toutefois, Débrah et Anteneh (1992) reconnaissent qu'il n'y a aucune différence entre les concepts d'efficience et d'efficacité lorsque les objectifs poursuivis sont les mêmes.

    2.1.4 Point des études sur les noix de cajou au Bénin

    Notre objectif à ce niveau est de faire un tour global des différentes études qui ont été faites dans le domaine de l'anacarde au Bénin et dont nous avons connaissance. Le domaine que nous essayons actuellement d'explorer n'est pas vierge, ni au niveau de la production, ni au niveau de la commercialisation. En effet, depuis toujours, le secteur de l'anacarde, bien qu'encore mal connu, a suscité l'intérêt de bon nombre de personnes et de structures.

    En 1996, Aïna en étudiant la rentabilité de la production des noix de cajou au niveau paysan a reconnu les imperfections liées à la commercialisation et a préconisé, entre autres, la mise en place d'une politique adéquate de prix aux producteurs et l'identification du rôle de tous les intermédiaires de la filière.

    En 1997, le Ministère du Développement Rural (MDR) dans une étude de faisabilité du programme d'appui à certaines filières parmi lesquelles l'anacarde a montré que la collecte des noix intéresse un nombre croissant d'intervenants depuis la suppression du monopole de la collecte par le CARDER.

    Grimaud (1998) dans une étude d'identification des organisations professionnelles de la filière anacarde au Bénin a montré que très peu d'organisations professionnelles se consacrent uniquement à la collecte des produits, malgré le nombre relativement important d'organisations de producteurs.

    Gagnon (1998) a étudié la filière anacarde au Bénin. Il a montré que le marché d'écoulement de la production nationale des noix de cajou est essentiellement orienté vers l'Inde qui importe des noix brutes d'Afrique à un prix inférieur au prix des noix récoltés en Inde. Il a également montré qu'il n'existe pas d'informations précises sur les coûts des différentes opérations, ni en ce qui concerne l'installation et l'entretien d'une plantation, ni en ce qui concerne les frais de collecte et de commercialisation. Selon cet auteur, il y a une grande dispersion des données relatives aux différents intervenants de la filière et une absence de la circulation de l'information.

    La mise sur pied d'une méthode d'aide à la décision (Arboracle) a été faite par Charre et Thomann (1999) au niveau des producteurs des noix de cajou du bas- Bénin (Dani principalement). Cette méthode a été évaluée par Dossche (1999) au niveau de la population de Savè. Les trois auteurs n'ont pas abordé de façon approfondie le système de collecte des noix.

    Le JITAP a réalisé en 2002 une série de consultations au niveau du secteur anacarde au Bénin. Ces études sont toutes orientées vers des stratégies d'exportation des noix dans un contexte de demande internationale.

    Les différentes études réalisées également par l'URF et le PADSE (2002) ont rapport à l'amélioration des variétés et des systèmes de production.

    Dans tous les cas, ces études ou rapports techniques s'insèrent dans un contexte macroéconomique tout en minimisant la situation locale.

    L'une des études les plus récentes sur la commercialisation des noix de cajou au Bénin est celle réalisée par Singbo et al. (2004) et dont nous avons eu connaissance après notre retour du terrain en septembre 2004. Cette étude qui a été réalisée dans le département des Collines a essayé d'examiner le système de commercialisation des noix de cajou et son impact sur la rentabilité de la production de cette spéculation. La différence sensible avec la présente étude se situe au niveau du champ d'étude, des localités choisies et de l'approche utilisée. De plus, notre étude aborde non seulement l'aspect économique du problème mais aussi son aspect social.

    2.2 HYPOTHESES DE RECHERCHE

    La conduite de notre étude se fonde sur quatre hypothèses principales :

    Hypothèse 1 : Le mode d'achat permet aux demandeurs des noix de cajou de mieux s'approvisionner.

    Hypothèse 2 : Le lien de parenté avec le fournisseur permet aux demandeurs des noix de cajou de mieux s'approvisionner.

    Hypothèse 3 : Le système de commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou est efficace.

    2.3 APPROCHE METHODOLOGIQUE

    Il s'agit de l'ensemble des démarches effectuées depuis l'élaboration de la problématique jusqu'à la rédaction de la thèse.

    2.3.1 Phase préparatoire

    La phase préparatoire a été pour nous l'occasion de faire une revue bibliographique afin de cerner les contours du sujet. Elle nous a permis de comprendre et d'exposer le contexte de l'étude, de construire les grandes lignes de la problématique ainsi que celle de la méthodologie de collecte et de traitement des données. C'est le protocole qui a servi de guide de travail sur le terrain.

    2.3.2 Phase exploratoire

    2.3.2.1 Etude exploratoire

    Au cours de l'étude exploratoire, nous avons parcouru les communes de Bantè et de Savalou, pris contact avec certains acteurs du circuit, identifié les principales zones au niveau desquelles l'étude sera menée. Cette phase nous a également permis de prendre contact avec les autorités politico administratives (maires, chefs de villages), les autorités des Centres Régionaux de Promotion Agricole, certaines structures intervenant dans la zone (PADSE, ASF/Promic) et certaines personnes ressources.

    Les entretiens réalisés ont porté sur le but de la recherche, les zones de production des noix de cajou, l'identification et la localisation des usines de transformation des noix de cajou présentes dans la zone. Ce qui nous a permis de collecter des informations qualitatives sur les types d'acteurs, les circuits commercialisation.

    L'étude exploratoire nous a enfin permis de réaliser l'échantillonnage primaire en ce qui concerne le choix des villages et le nombre d'acteurs à interviewer par village.

    2.3.2.2 Choix des zones d'enquête

    Les Communes de Bantè et de Savalou ont été retenues pour quatre raisons fondamentales :

    - la qualité des noix de cajou provenant des Communes de Bantè et de Savalou est largement reconnue par de nombreux acteurs ;

    - la Commune de Bantè est la première productrice des noix de cajou dans le Département des Collines avec 10132,20 ha de plantations, soit 37,96 % de la superficie totale accordée aux plantations d'anacardiers dans ce département.

    - la commune de Savalou abrite de grands acheteurs des noix de cajou ;

    - enfin, très peu d'études scientifiques ont été consacrées à cette zone du pays qui participe dans une certaine mesure à l'économie nationale.

    Dans les enquêtes statistiques, économiques ou sociologiques, le problème des unités d'observation et d'analyse constitue une question cruciale à résoudre. Le choix des unités est fonction non seulement de l'objet de l'étude (c'est-à-dire des questions), mais aussi des conditions de réalisation (demande, temps, moyens, réalités et contraintes propres au milieu, etc.) (Kebe, 1996).

    Comme il nous est impossible de parcourir toutes les localités des deux communes choisies, nous nous sommes fondé sur les informations recueillies lors de la phase exploratoire pour retenir au total huit arrondissements. Il s'agit des arrondissements de Attakè, Ouèssè, Tchètti et de Savalou dans la commune de Savalou d'une part, et des arrondissements de Koko, Akpassi, Agoua et Bantè dans la commune de Bantè d'autre part (voir cartes 1 et 2).

    Quatre critères principaux nous ont orienté dans le choix de ces arrondissements :

    - l'importance de la production des noix de cajou dans chaque zone ;

    - l'accessibilité de la zone ;

    - la présence relative d'acheteurs de noix de cajou et d'usine de transformation ;

    - le souci d'une bonne répartition géographique.

    Le choix des villages concernés dans chaque arrondissement a été fait grâce au concours des Spécialistes des Organisations Paysannes (SOP) des secteurs agricoles des deux communes, des agents du PAMF et du PADSE, et de certaines personnes ressources.

    Après l'identification des zones de collecte des données et la définition de la taille globale de l'échantillon, nous avons procédé à la détermination de la taille de l'échantillon au niveau de chaque zone de collecte.

    2.3.2.3 Echantillonnage des producteurs des noix de cajou

    La détermination de la taille de l'échantillon selon les différentes zones de production a été faite en tenant compte de la superficie de chaque zone.

    Pour identifier les acteurs à interviewer, plusieurs stratégies ont été adoptées.

    Dans les arrondissements d'Attakè et Ouèssè dans la commune de Savalou, nous nous sommes fondé sur un recensement réalisé par les agents du CARDER en 2002. L'échantillonnage a été à ce niveau stratifié. Les critères utilisés sont la superficie totale des plantations et l'âge de la plus vieille plantation.

    Dans l'arrondissement de Tchètti toujours dans la commune de Savalou, l'échantillonnage a été réalisé après un recensement rapide de la population. A ce niveau, les critères utilisés sont également la superficie des plantations ainsi que l'âge de la plus vieille plantation.

    Dans toute la commune de Bantè, nous nous sommes rapproché des autorités locales et administratives à qui nous avons re-précisé le but de notre étude. Nous leur avons fait part de notre souci de rencontrer toutes les catégories des producteurs des noix de cajou selon l'envergure de la plantation, l'ancienneté et l'expérience des producteurs dans le domaine. C'est sur cette base que des listes nous ont été fournies au niveau de chaque village. Cette approche a été utilisée à cause non seulement de l'inexistence d'un recensement antérieur mais aussi parce que la période d'enquête dans la zone correspondait aux premières pluies et par conséquent aux moments de travaux agricoles intenses.

    Il faut remarquer que quelque soit le village d'enquête, lorsque nous n'avons pas la possibilité de rencontrer des producteurs identifiés comme faisant partie de l'échantillon, nous les avons systématiquement remplacés par d'autres personnes remplissant les mêmes critères.

    Au total, 96 producteurs ont été interviewés. La répartition de l'échantillon est présentée dans le tableau 4.

    Tableau 4: Répartition de l'échantillon des producteurs selon les localités

    Commune

    Arrondissement

    Fréquence

    Pourcentage (%)

    Savalou

    Attakè

    14

    14,58

    Ouèssé

    20

    20,84

    Tchètti

    16

    16,67

     
     
     
     

    Bantè

    Koko

    10

    10,42

    Akpassi

    15

    15,62

    Agoua

    21

    21,87

    Total

     

    96

    100

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    2.3.2.4 Echantillonnage des acheteurs des noix de cajou

    Compte tenu des difficultés liées aux enquêtes sur la commercialisation des produits agricoles en milieu africain, de la disponibilité des intermédiaires et de leur présence au cours de l'étude, l'échantillonnage accidentel raisonné a été la principale méthode utilisée.

    L'échantillonnage est dit accidentel parce que nous avons eu à questionner les intermédiaires au fur et à mesure qu'on en rencontre sur le terrain, compte tenu des difficultés énumérées plus haut.

    Toutefois, dans ce processus, nous avons toujours eu la présence d'esprit de rechercher le maximum de variabilité afin d'obtenir les différentes informations recherchées. Cette variabilité est liée non seulement à l'âge, au sexe et à l'ethnie, mais aussi à la capacité d'achat de chaque enquêté. Ainsi, nous avons essayé d'intégrer à chaque échantillon, les différentes catégories de personnes pour donner à l'échantillon un poids effectif. Dans un tel contexte, notre échantillonnage peut être dit raisonné.

    Il est à noter que les enfants et les adolescents (d'âge inférieur à 15 ans) n'ont pas fait objet d'étude, bien que leur action soit importante dans le processus de la collecte primaire. Au total, 38 intermédiaires et 01 société de transformation ont été étudiés. Le tableau 5 en donne les détails.

    Tableau 5: Répartition des acheteurs des noix de cajou

    Type

    Fréquence

    Pourcentage (%)

    Collecteurs

    18

    46,15

    Courtiers collecteurs

    12

    30,77

    Semi grossistes

    5

    12,82

    Grossistes

    3

    7,70

    Unités de transformation

    1

    2,56

    Total

    39

    100

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    2.3.3 Phase de collecte des données

    L'enquête a couvert les périodes de juin à juillet (pour la phase exploratoire) et de juillet à septembre (pour la phase de collecte des données quantitatives et pour le complément des données qualitatives).

    Après l'identification des différents acteurs, nous avons procédé à la collecte des données pour approfondir notre connaissance du système de commercialisation et répondre aux préoccupations de notre étude.

    Nous avons utilisé à cet effet deux outils principaux :

    - les entretiens structurés ou directifs : Il s'est agi pour nous d'administrer des questionnaires à chaque catégorie d'acteurs ;

    - les entretiens semi directifs avec des personnes ressources, les agents des structures étatiques et para étatiques ;

    Les données relatives aux prix sont collectées dans les zones de recherche au niveau des producteurs et à l'ONS.

    Les données sur les coûts de commercialisation ont été obtenues auprès des divers agents.

    Des données sur la structure du marché et sur le comportement des acteurs ont été collectées. Elles concernent les types d'acteurs, leurs caractéristiques socioéconomiques, les modes de financement, les divers instruments de mesure.

    Les données bibliographiques ont été collectées dans les centres de documentation de la FSA/UAC (BIDOC-FSA), de l'INRAB, du CNEX, de l'ONS, de l'INSAE, du CBCE. L'Internet a été également utilisé à cette fin.

    2.3.4 Phase d'analyse des données

    C'est une phase qui a commencé dès la collecte des informations et qui ne s'est achevée qu'à la rédaction du rapport.

    2.3.4.1 Méthode d'analyse

    Nous avons utilisé le paradigme Structure-Conduite-Performance (SCP) comme méthode principale d'analyse des données.

    Rappelons que la structure désigne l'ensemble des caractéristiques organisationnelles qui influent sur la concurrence et le processus de formation des prix ; la conduite évoque les comportements et les stratégies adoptés par les acteurs pour s'adapter aux conditions du marché ; la performance exprime les résultats économiques liés au fonctionnement du marché.

    Malgré les insuffisances ou limites reconnues au modèle, ce dernier a servi de base pour l'étude des produits agricoles au niveau de plusieurs auteurs : Houinato (1988), Ahohounkpanzon (1992), Adégbidi et al. (1994), Fanou Kloubou (1994), Lutz (1994), Fanou Kloubou et al. (1996), Sodjinou (2000), Singbo (2000), Houédjoklounon (2001), Pédé (2001), Sodjinou et al. (2003) pour ne citer que ceux-là.

    Par ailleurs, dans une étude sur la commercialisation des feuilles sèches du baobab (Adansonia digitata), Lamien et Traoré (2002) reconnaissent qu'il n'existe pas à l'heure actuelle de méthode recommandée pour évaluer le marché des produits forestiers non ligneux (PFNL). Toutefois, ils se sont largement inspirés du modèle SCP dans leurs travaux. Pour ces auteurs, la structure a rapport à la démographie des acteurs, à leur profil social et au volume des échanges. La conduite concerne les arrangements de vente et d'achat, les déterminants des prix, les associations d'acteurs et l'accès à l'information. La performance quant-à elle, est mesurée à travers l'identification des circuits de distribution, l'analyse spatiale des prix et l'analyse des marges de commercialisation.

    2.3.4.2 Techniques d'analyse

    Après la collecte des données, nous avons procédé à leur épurement. Ceci nous a permis de vérifier la concordance des informations recueillies, leur fiabilité. Il s'en est suivi l'encodage des réponses obtenues ainsi que l'enregistrement des résultats.

    Les données ainsi obtenues ont été enregistrées et traitées avec les logiciels SPSS version 10.1 et EXCEL. A ce niveau, plusieurs analyses ont été faites.

    Nous avons eu recours à différentes statistiques descriptives pour caractériser les différents acteurs, déterminer leur profil socio-économique, déceler les tendances dominantes et faire de simples comparaisons.

    L'analyse de concordance nous a permis de juger de la concordance de certaines hiérarchisations faites par les producteurs et les acheteurs.

    L'analyse des prix nous a permis d'évaluer la circulation de l'information entre les différentes zones d'étude.

    L'analyse des marges a été utilisée pour étudier l'efficacité du système de commercialisation dans la zone d'étude.

    2.3.4.3 Tests d'hypothèses

    Les tests d'hypothèses nous ont permis de vérifier les hypothèses émises dans le cadre de cette étude.

    Plusieurs tests ont été faits et varient d'une hypothèse à l'autre.

    En ce qui concerne la première hypothèse, il s'agit pour nous de voir si le mode d'achat des noix de cajou par les demandeurs (et donc le mode de vente par les offreurs) a une influence perceptible sur le processus de concurrence. Il en est de même de la deuxième hypothèse qui essaie de voir le poids des liens de parenté dans le processus de concurrence. Le test de concordance W de Kendall a été utilisé pour vérifier la concordance des réponses fournies par chaque acteur. Ce test a été choisi pour contourner un temps soit peu les difficultés liées à la détermination et à l'estimation des quantités de noix livrées par chaque offreur à des parents, à des amis et à des tiers d'une part et à l'estimation des quantités vendues au comptant, à crédit ou comme une avance sur commercialisation d'autre part. Dans cette optique, il a été demandé à chaque offreur (ici, les producteurs en particulier) de procéder à une hiérarchisation des liens qui l'unissent aux acheteurs ainsi qu'à une hiérarchisation des modes de vente. Après la hiérarchisation faite par chaque acteur, nous avons pu classer les différentes tendances. Le score le plus élevé a été attribué à la modalité qui vient en tête.

    Le test W de Kendall nous a donc permis de voir les tendances les plus fréquentes chez chaque offreur par rapport au mode de vente et aux relations sociales avec l'acheteur et de vérifier la concordance des réponses fournies par chaque acteur.

    Du point de vue de la théorie, le coefficient de concordance de Kendall permet de mesurer l'association entre plus de deux variables et s'écrit : est le nombre de variables (dans notre cas le nombre d'enquêtés ayant procédé à la classification), est le nombre d'individus (dans notre cas le nombre de catégories d'individus ou de modalités ayant été classées) et est la somme des rangs des variables décrivant l'individu . Avec des ex æquo, cette expression devient : avec est le nombre d'ex aequo au rang de la variable.

    Pour de petits effectifs (< ), il existe des tables pour tester l'hypothèse , c'est-à-dire s'il y a indépendance entre les différentes variables.

    La distribution de a été calculée et certaines valeurs critiques tabulées (Table des valeurs critiques de pour le coefficient de concordance) pour des significatifs aux seuils 0,05 et 0,01. Lorsqu'une valeur observée deest égale ou supérieure à celle de la table pour un niveau de signification donné, alors peut être rejeté à ce niveau de signification.

    Pour des effectifs plus élevés, on a :

    Ainsi, quand est supérieur à 7, l'expression donnée par la formule ci-dessus est approximativement distribuée comme un khi carré de.

    La probabilité associée à cet test déterminée par référence à la table du khi carré.

    Si la valeur calculée selon la formule F égale ou excède celle de la table du khi carré pour un niveau de signification et un degré de liberté donnée, l'hypothèse nulle peut être rejetée à ce niveau de signification.

    Cette analyse est faite non seulement au niveau des producteurs, mais aussi au niveau des intermédiaires.

    L'analyse de l'efficacité du système de commercialisation a été faite grâce à la comparaison des marges de commercialisation obtenues et des coûts supportés par chaque agent. Cette comparaison a été faite au sein de chaque catégorie d'acteurs d'une part, et entre les différentes catégories d'autre part. Le test t de Student nous a permis de savoir si les marges dégagées ou les coûts supportés varient d'un acteur à l'autre au sein de chaque catégorie d'acheteur. Il nous a permis de comparer pour chaque catégorie d'acteur la moyenne des coûts à celle des marges. Le test d'analyse de variance (ANOVA) à un facteur nous a permis de faire des comparaisons entre les différents groupes et de déterminer les catégories qui profitent au mieux de la commercialisation des noix de cajou.

    Les objectifs, hypothèses et outils d'analyse sont résumés dans le tableau 6.

    Tableau 6: Tableau récapitulatif des objectifs, hypothèses et outils d'analyse.

    OBJECTIFS

    HYPOTHESES

    OUTILS D'ANALYSE

    TEST

    Analyser les principaux éléments de la structure du marché des noix de cajou dans les Communes de Bantè et de Savalou 

    -

    Analyse de fréquence, moyenne, pourcentage

    -

    Analyser la conduite des principaux marchés des noix de cajou de la zone d'étude

    Le mode d'achat permet aux demandeurs des noix de cajou de mieux s'approvisionner.

    Analyse de concordance

    Test de concordance W de Kendall

    Le lien de parenté avec le fournisseur, permet aux demandeurs des noix de cajou de mieux s'approvisionner.

    Analyser l'efficacité de la commercialisation des noix de cajou dans ladite zone

    Le système de commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou est efficace.

    Analyse des prix

    Analyse des coûts

    Analyse des marges

    T de Student

    ANOVA

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS

    3.1 CARACTERISTIQUES DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU

    3.1.1 Principaux acheteurs des noix de cajou

    L'activité de commercialisation des noix de cajou est très convoitée et peut être donc supposée très rentable. Cette conception amène de nombreuses personnes à s'insérer dans l'une quelconque des branches de la chaîne. Les tableaux 7 et 8 présentent les différents types d'acheteurs rencontrés dans les communes de Bantè et de Savalou.

    Tableau 7: Types d'acheteurs des noix de cajou à Bantè et Savalou.

    Acheteurs questionnés

    Fréquence

    Pourcentage (%)

    Collecteurs agréés

    0

    0

    Collecteurs non agréés

    18

    47,37

    Courtiers collecteurs agréés

    0

    0

    Courtiers collecteurs non agréés

    11

    28,95

    Courtiers agréés

    0

    0

    Courtiers non agréés

    1

    2,63

    Courtiers semi-grossistes agréés

    1

    2,63

    Courtiers semi-grossistes non agréés

    4

    10,52

    Courtiers grossistes agréés

    3

    7,90

    Courtiers grossistes non agréés

    0

    0

    Total

    38

    100

    Sources : Nos enquêtes, 2004.

    Tableau 8 : Répartition des catégories d'acteurs par sexe et sources de financement des activités

    Catégories

    Sexe

    Sources de financement

    Masculin

    Féminin

    Fonds propres

    Commandes

    Fonds propres et commandes

    Collecteurs

    5 (27,8)

    13 (72,2)

    2 (11,1)

    9 (50)

    7 (38,9)

    Courtiers collecteurs

    11 (100)

    0 (0)

    0 (0)

    4 (36,4)

    7 (63,6)

    Courtiers

    1 (100)

    0 (0)

    0 (0)

    0 (0)

    1 (100)

    Semi-grossistes

    4 (80)

    1 (20)

    0 (0)

    0 (0)

    5 (100)

    Grossistes

    3 (100)

    0 (0)

    0 (0)

    0 (0)

    3 (100)

    Total

    24 (63,15)

    14 (36,84)

    2 (5,26)

    13 (34,21)

    23 (60,52)

    () Pourcentage.

    Source: Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse du tableau 7 montre que le marché des noix de cajou est dominé par les collecteurs (47%) et les courtiers collecteurs (29%). Ceci se justifie par le fait que ce sont eux qui se chargent effectivement de la collecte primaire des noix de cajou. De plus, du fait de la demande pressante du marché international et en tenant copte de la saisonnalité de l'activité, les grands acheteurs utilisent les services des collecteurs et des courtiers collecteurs pour avoir en un temps limité le maximum de tonnage à livrer aux exportateurs.

    Les collecteurs rencontrés dans les zones de production ont donc pour tâche d'assembler les noix de cajou. Ils sont munis d'une bascule et de quelques sacs de jute pour parcourir les domiciles à la recherche d'un éventuel vendeur. Parfois, ils stationnent aux abords des pistes menant dans les champs.

    Le tableau 8 montre que les collecteurs sont pour la plupart des femmes (72%) parvenues dans le secteur soit sur initiative personnelle, soit par l'intermédiaire d'un parent versé dans l'activité. Les collecteurs, tout en reconnaissant la rentabilité financière de l'activité la considèrent comme une activité secondaire car saisonnière et temporelle. De ce fait, ils n'investissent pas de fonds propres (dans 89% des cas) dans l'activité. Ils travaillent plutôt pour le compte d'un coutier collecteur ou d'un semi-grossiste. Dans ce cas, ils sont rémunérés à la tâche. En général, l'activité des collecteurs ne dépasse pas le cadre de leur village ou localité.

    La forte présence des femmes au niveau des collecteurs peut s'expliquer de deux façons :

    - d'abord l'activité du ramassage des noix de cajou est bien plus l'apanage des femmes, des enfants et des jeunes que celui des producteurs ou chefs de ménage.

    - ensuite en milieu rural, les femmes sont plus habileté à passer dans les maisons à la recherche des noix de cajou.

    Les courtiers collecteurs sont des agents qui tout en travaillant pour le compte d'un autre, disposent des services des collecteurs pour obtenir le produit. Afin de rentabiliser leur activité, certains disposent d'un petit fonds de commerce (10000 à 30000 dans 67% des cas) qu'ils investissent dans l'activité pour leur propre compte. Au niveau de cette catégorie d'acheteurs, les noix de cajou occupent la première place d'activité génératrice de revenus dans 55% des cas. Ceci s'explique par le fait que ces courtiers collecteurs sont pour la plupart des commerçants à différents niveaux des produits agricoles. Contrairement aux collecteurs, les courtiers collecteurs ne circulent pas dans les maisons au début, et en pleine campagne. Ceci est dû au fait qu'ils vaquent à d'autres occupations en ces moments-là (achat-vente d'autres produits agricoles nécessitant leur présence absolue). Mais en fin de campagne, ils parcourent les maisons des producteurs à la recherche des noix stockées par ceux-ci. Ils se font aider dans cette tâche par des collecteurs. Toutefois, certains producteurs leur font appel au début de la campagne comme en pleine campagne si les noix à vendre atteignent au moins 20Kg. Dans le cas contraire, c'est le producteur lui-même qui se déplace chez le courtier collecteur.

    Les courtiers collecteurs interviennent également dans les villages avoisinant leur lieu de résidence. Ils se chargent de la concentration des noix achetées par les collecteurs. Ce sont des personnes assez populaires et influentes. Ils disposent d'une large gamme de connaissances et des réseaux de parenté sur lesquels ils peuvent agir pour se procurer les noix de cajou.

    Les courtiers représentent 3% des acheteurs des noix de cajou enquêtés (tableau 7). Leur rôle, bien qu'assez important, est limité. En effet, ils ont pour mission de recevoir des commandes d'autres acteurs moyennant une commission. A leur tour, ils engagent des collecteurs à leur service. Mais contrairement aux courtiers collecteurs, les courtiers ne circulent pas eux-mêmes dans les domiciles pour acheter les produits auprès des producteurs en fin de campagne. Ils se limitent seulement au rapprochement des achats réalisés par les collecteurs qui sont à leur service. Ceci est dû à l'importance secondaire qu'ils accordent à l'activité d'achat des noix de cajou même s'ils reconnaissent sa rentabilité. Tout comme les courtiers collecteurs, ils disposent également d'un fonds propre qu'ils investissent dans l'activité (100% des cas) (tableau 8).

    Les semi-grossistes (courtiers semi-grossistes) représentent la troisième catégorie la plus importante du circuit de commercialisation après les collecteurs et les courtiers collecteurs (13%), d'après le tableau 7. Les semi-grossistes constituent de grands stocks de noix de cajou par l'intermédiaire des agents précités. Ils se chargent d'une part de la concentration secondaire des noix de cajou dans les centres de concentration ; et d'autre part se chargent du convoi direct des produits depuis les centres de concentration primaires et secondaires soit vers les usines de transformation, soit au port autonome de Cotonou pour les livrer aux exportateurs. Cette activité n'est possible que pour les semi-grossistes agréés disposant d'une carte professionnelle d'acheteur de produits agricoles. Ils représentent 25% des semi-grossistes interrogés (tableau 7).

    Quant aux semi-grossistes non agréés, ils se chargent de la concentration primaire et secondaire des noix de cajou qu'ils livrent soit aux semi-grossistes agréés, soit aux grossistes agréés.

    Les semi-grossistes agréés, tout en investissant des fonds propres, reçoivent des financements des grossistes ou des exportateurs pour lesquels ils travaillent.

    Les grossistes (courtiers grossistes) sont l'un des maillons les plus importants de la chaîne de commercialisation. Ce sont eux qui sont en effet en contact avec les exportateurs dont ils sont mandataires. Ils utilisent les services des autres agents. Ils se chargent de convoyer les produits des lieux de collecte primaire et secondaire vers le lieu d'exportation ou l'usine de transformation. Formant des groupes informels de pression, ils agissent sensiblement sur la variation des prix de noix de cajou dans la zone de production.

    Dans tous les cas, 89% des acteurs rencontrés évoluent dans le secteur informel. Il n'existe pas dans la zone d'étude de marché formel et officiel de noix de cajou. Les différents acteurs qui interviennent opèrent dans le cadre des marchés informels. Les différentes transactions se font de façon orale entre les différents acteurs du circuit. Des contrats dûment signés n'ont pas été rencontrés même si certains acheteurs exigent des décharges de la part des agents dont ils utilisent les services. Entre les acheteurs et les producteurs, les différents échanges ont lieu au moment de l'achat.

    Aucune norme ne réglemente actuellement le marché local des noix de cajou et donc les acheteurs peuvent y entrer et en sortir sans risque et sans aucun coût. Le marché des noix de cajou est donc presque contestable étant donné que l'entrée est libre et la sortie sans coût. Cette situation devrait favoriser l'émergence de nombreux acheteurs des noix de cajou.

    3.1.2 Caractéristiques des différents acteurs

    Les caractéristiques générales des différents acteurs sont résumées dans le tableau 9 ci-après Tableau 9: Caractéristiques générales des acteurs

     

    Sexe

    Ethnie

    Instruction

     

    M

    F

    Tcha

    Mahi

    Ifè

    autres

    aucun

    Iaire

    IIaire

    Sup

    autres

    Pourcentage (%)

    61,1

    38,9

    51,4

    32,4

    5,4

    10,8

    29,7

    24.3

    35,4

    2,7

    8,1

    Iaire : primaire ; IIaire : secondaire ; Sup : supérieur

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse de ce tableau montre que la présence des femmes est effective dans le système (39%). Ce sont elles qui sont en effet prédominantes au niveau de l'activité la plus importante de la commercialisation des noix de cajou : la collecte primaire.

    Deux ethnies prédominent dans la commercialisation des noix de cajou. Les Mahi (32%) et les Tcha (51%). On pourrait à priori dire que ce dualisme linguistique a un effet très perceptible sur le système de commercialisation. Mais le fait que les Tcha sont plus présents dans leur propre zone de production et les Mahi également dans la leur suppose qu'au niveau de chaque zone de production, les interactions ethniques sont quasi absentes dans le système de commercialisation des noix de cajou.

    Par ailleurs, le caractère oligopsone du marché d'une part, et d'autre part le fait que les grands acheteurs des noix de cajou soient pour la plupart (dans 83% des cas) de l'ethnie Mahi limitent la concurrence inter- ethnique. Ces grands acheteurs agissent plutôt sur l'homogénéité ethnique dans chaque zone de production pour pouvoir acheter leurs noix de cajou. Des résultats similaires ont été obtenus par Lutz (1994) qui remarque que les acheteurs opèrent souvent dans des réseaux d'informations personnels sur le marché ; et le fonctionnement de ces réseaux est souvent fondé sur la solidarité et l'homogénéité ethnique. Le même auteur justifie cette situation par le fait que les traditions culturelles et le partage d'une même langue maternelle facilitent l'établissement des contacts entre les membres d'un même groupe ethnique.

    Nonobstant ces remarques, certains acheteurs des noix d'ethnie Mahi, présents dans la zone des Tcha, parviennent à obtenir la confiance et l'amitié des autochtones.

    L'analyse du tableau 9 montre également que près du tiers (30%) des acheteurs sont analphabètes et que la durée moyenne des expériences dans le domaine est de 7 ans. Cette situation engendre une maîtrise imparfaite du marché, un déficit d'informations et par conséquent une grande dépendance à l'égard des personnes pour lesquelles ils opèrent. Ceci ne favorise guère la mise en place d'organisations professionnelles d'acheteurs qui investissent leur propre capital dans l'activité. Ce qui limite la liberté d'action des acheteurs et leur liberté de décision vis-à-vis, non seulement des grands acheteurs, mais aussi vis-à-vis des exportateurs qui constituent la principale source de financement de l'activité.

    De tout point de vue, se limiter aux seules commissions comme rémunération de l'activité est certes rentable ; mais cette situation ne favorise guère le développement du marché local et par conséquent la création réelle de richesse ainsi que la professionnalisation de l'activité.

    Dans un tel contexte, l'émergence des groupes d'acheteurs autonomes et efficaces pourrait donner une nouvelle dynamique et orientation au processus de commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou.

    3.1.3 Instruments de mesure et Homogénéité du produit

    3.1.3.1 Instruments de mesure

    L'une des mutations importantes qu'a connues le marché des noix de cajou réside dans l'utilisation des instruments de mesure. Autrefois, plusieurs instruments étaient utilisés dans le marché. Le tableau 10 donne la répartition de ces instruments suivant les localités visitées.

    L'analyse de ce tableau révèle que le Tohoungodo est un instrument de mesure commun à toutes les localités. Ceci s'explique par le fait que c'est l'un des principaux instruments de mesure des produits agricoles au Bénin. Il est de loin le plus populaire. Le Tohoungodo était utilisé par un grand nombre de d'acheteurs des noix de cajou, en particulier les collecteurs.

    Tableau 10 : Répartition des instruments de mesure utilisés autrefois dans le marché des noix de cajou.

    Commune

    Arrondissement

    Instrument (nom local)

    Capacité (Kg)

    Savalou

    Attakè

    Blèvi

    20-22

    Tohoungodo

    1-1,5

    Tchaga

    25-30

    Ouèssè

    Blèvi

    20-22

    Tohoungodo

    1-1,5

    Tchaga

    25-30

    Tchetti

    Kpacata

    20-25

    Tohoungodo

    1-1,5

    Sogo

    3-5

    Bantè

    Koko

    Kpacata

    20-25

    Tohoungodo

    1-1,5

    Sogo

    3-5

    Akpassi

    Idem à Koko

    Idem à Koko

    Agoua

    Idem à koko

    Idem Koko

    Bantè

    Idem à koko

    Idem Koko

    Source : Nos enquêtes, 2004

    Les instruments comme le blèvi et le kpacata ont pratiquement la même capacité (20-25kg). La différenciation se trouve au niveau de la forme. En effet, le kpacata est une calebasse de fabrication artisanale et locale alors que le blèvi est une petite bassine d'origine nigériane. De plus le kpacata était utilisé par les Ifè et les Tcha tandis que le blèvi était plus utilisé par les Mahi. Le blèvi et le kpacata étaient utilisés par les courtiers collecteurs et les semi-grossistes.

    Le Sogo et et le Tchaga, bien que présents dans les localités étudiées étaient moins utilisés que les précédents. Ceci s'explique par le fait que ce sont des instruments dont les mesures sont proches des précédents. En effet, le Sogo (3-5kg) n'est pas fondamentalement loin du Tohoungodo (1-1,5 Kg) et le Tchaga (25-30 Kg) n'est pas si différent du blèvi et du kpacata (20- 25 kg).

    Les grossistes et parfois les semi-grossistes utilisaient les sacs de jute (100 kg) ou les sacs de polyéthylène (80 kg) au cours de leurs transactions.

    L'imprécision de tous ces instruments de mesure a constitué pendant longtemps un risque non seulement pour les producteurs, mais aussi pour les acheteurs.

    Le souci d'une meilleure précision et d'une bonne maîtrise de la valeur exacte des biens échangés ou acquis a conduit à l'introduction depuis cinq ans environ de la balance. Son utilisation s'est alors généralisée et le taux d'adoption est aujourd'hui de 100%. En effet, nous n'avons rencontré aucun producteur qui livre ses produits avec les instruments locaux. De plus, aucun des acheteurs enquêtés n'utilise aujourd'hui des instruments autres que les balances.

    On peut donc conclure qu'il y a effectivement une uniformité dans les instruments de mesure utilisés dans le marché des noix de cajou. Le kilogramme est devenu l'unité de mesure de référence par rapport à laquelle se définissent tous les autres aspects de la commercialisation (transport, stockage,...). Selon Lutz (1994), la multitude des unités de mesure utilisées dans le circuit de commercialisation est une contrainte pour la transparence du marché. Et l'introduction d'une unité standardisée rendrait le marché plus transparent et améliorerait ainsi la concurrence.

    Le fait que ce soit les acheteurs eux-mêmes qui ont introduit la balance confirme l'hypothèse de Lutz (1994) qui admet que « l'introduction d'une unité de mesure standardisée ne saurait être une réussite que si elle bénéficie de l'appui des commerçants eux-mêmes ». Dans le cas de notre étude, les acheteurs n'ont pas seulement appuyé l'introduction de la balance. Mieux, ils sont les acteurs de cette introduction.

    Mais actuellement plusieurs types de balances d'origines différentes sont utilisés. Les collecteurs utilisent le plus souvent les balances de 20 kg ; les courtiers et les courtiers collecteurs utilisent les balances de 20kg, 50kg, 100kg ; les semi-grossistes utilisent les balances de 50 kg, 150 kg et les grossistes les balances de 150kg.

    Par ailleurs, bien qu'on assiste à la standardisation des unités de mesure, il n'en demeure pas moins vrai que certains acheteurs se livrent à des fausses manipulations. La même remarque a été faite par Lutz (1994) puisqu'il avance que la manipulation des unités de mesure représente le savoir faire de certains acheteurs au niveau du processus de négociation de prix. En effet, certains acheteurs procèdent au déréglage des balances pour augmenter leur résistance. De ce fait, ils achètent plus qu'ils ne paient, augmentant ainsi de façon illicite leur marge bénéficiaire.

    Cet état des choses suppose donc que malgré la standardisation des unités de mesure, certaines mesures d'accompagnement doivent être prises pour un monitoring réel et efficace des opérations de pesée des noix de cajou. Il conviendrait donc de mettre sur pied des structures de certification ou de contrôle de la précision des balances. Ces structures peuvent exister au niveau local sur l'initiative des autorités locales avec l'adhésion et la participation active des producteurs eux-mêmes.

    Pour faire face à ces problèmes de manipulation, certains producteurs utilisent leur propre moyen de vérification et de contrôle de la fiabilité des balances. Ils disposent à cet effet d'une pierre dont ils connaissent au préalable la masse. Cette pierre leur permet de vérifier si les balances utilisées par les acheteurs sont conformes ou pas. Dans le cas où les bascules sont conformes ou légèrement à l'avantage du producteur, ce dernier accepte le marché. Dans le cas contraire, il refuse de livrer son produit.

    3.1.3.2 Homogénéité du produit

    Deux variétés de noix de cajou sont communément vendues par les producteurs : la variété à pomme jaune ou blanche dont les noix sont de petites tailles, et la variété à pomme rouge dont les noix sont de grandes tailles. Du fait que les plantations sont des mélanges des deux variétés précitées, une grande distinction n'est pas faite entre les noix lors du ramassage et par conséquent lors de la vente.

    Ainsi, les noix vendues ne sont pas fondamentalement différenciées au niveau des producteurs, ni au niveau de la couleur, ni au niveau de la taille, même si les producteurs procèdent à des tris pour éliminer les noix endommagées, attaquées ou rabougries. Cette situation est due à l'absence de normes définissant les catégories des noix de cajou comme c'est le cas au niveau des amandes. Ce qui rend complexe la réalisation des fonctions de facilité.

    Le seul contrôle réalisé de façon grossière est celui effectué par les exportateurs au port autonome de Cotonou. Il concerne la part de l'amande de cajou dans la masse totale de la noix brute.

    On peut donc dire que les noix de cajou vendues sont considérées comme homogènes au niveau des différents acteurs, bien qu'elles proviennent de différentes variétés. Toutefois, les acheteurs ont tendance à acheter les noix de grosses tailles que les noix de petites tailles.

    3.1.4 Circuit de commercialisation

    Un circuit de commercialisation peut se définir comme une succession d'intermédiaires et des lieux par où transitent, pendant une période définie, des flux :

    - de produits (allant de l'offreur à l'acquéreur) ;

    - de monnaie (allant de l'acquéreur à l'offreur) ;

    - d'informations sur la demande et l'offre (circulant dans les deux sens).

    Un circuit est donc caractérisé aussi bien dans l'espace qu'à travers le temps.

    Les différents circuits empruntés par les noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou sont illustrés par la schéma 2 :

    L'analyse de cette figure révèle des mouvements simples des noix de cajou animés par deux principaux circuits :

    - un circuit court : Dans ce type de transaction, le producteur livre les noix directement par l'intermédiaire des grossistes ou semi-grossistes résidant dans la zone de production. Ce cas concerne surtout les grands producteurs des noix de cajou qui attendent souvent la pleine campagne et même parfois la fin de la campagne pour livrer la totalité de leur production ;

    - un circuit à longue distance : C'est de loin le plus important car il concentre la quasi-totalité des noix de cajou commercialisées. On y note la présence de presque tous les acteurs du système : les collecteurs, les courtiers collecteurs, les semi-grossistes et les grossistes résidants ou non.

    Cette prédominance est surtout favorisée par l'absence relative des consommateurs de noix de cajou brutes dans les zones de production. En effet, au cours de notre enquête, nous n'avons identifié aucune unité de transformation artisanale dans la zone. Les producteurs avancent surtout l'argument que l'activité de transformation est non seulement risquée, mais aussi moins rentable que la vente des noix brutes. Cette remarque a été aussi une préoccupation pour Quenum (2002) dans son étude sur la stratégie de commercialisation des noix de cajou. Selon cet auteur, étant donné que le taux de transformation de l'anacarde en amande de cajou est de 0,21, l'on peut se demander si la transformation est une opération économiquement rentable. Le même auteur s'est demandé par la suite s'il n'était pas plus rentable de vendre uniquement l'anacarde brut.

    Par ailleurs, au cours de notre étude, une seule usine de transformation était opérationnelle dans la zone. Il s'agit de l'unité de transformation des noix de cajou du groupe KADJOGBE.

    Les sociétés exportatrices ne sont pas directement présentes dans la zone. Cette situation rend réellement difficile l'établissement d'un circuit direct et par conséquent la réduction des coûts de transaction et l'augmentation des marges au niveau des différents acteurs.

    Schéma: Circuits de commercialisation des noix de cajou

    PRODUCTEUR

    COLLECTEUR

    COURTIER COLLECTEUR

    SEMI-GROSSISTE GROSSISTE

    TRANSFORMATEUR EXPORTATEUR TRANSFORMATEUR

    ARTISANAL INDUSTRIEL

    Légende : Mouvement très fréquent

    Mouvement fréquent

    Mouvement moins fréquent

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Toutefois, la structure du circuit telle qu'elle se présente actuellement semble assez favorable à la mise en place d'institutions et d'organisations en mesure de prendre en main le processus de commercialisation.

    En ce qui concerne les flux de commercialisation, il est à noter que la quasi-totalité de la production est orientée vers le Sud et particulièrement vers Cotonou et ses environs. A ce niveau, les produits sont soit exportés vers l'Inde en particulier, soit destinés aux unités de transformation (artisanale ou industrielle).

    Bien que certaines études affirment l'existence des flux transfrontaliers (Singbo et al., 2004), notre étude n'en a pas trouvé trace.

    3.2 CONDUITE DES DIFFERENTS ACTEURS DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU A BANTE ET SAVALOU

    L'objectif principal de cette section est de décrire et d'analyser le comportement des divers agents de la commercialisation des noix de cajou en relation avec leurs stratégies commerciales. Ces stratégies permettent, selon Lutz (1994), de savoir comment les acheteurs réagissent et s'adaptent par rapport aux opportunités offertes par le marché.

    Nous avons évalué la conduite du marché à travers les sources d'informations sur le marché, les facteurs déterminant les prix au niveau local, les stratégies de concurrence, les arrangements de vente et d'achat, les modes de règlement et les liens de parenté.

    3.2.1 Sources d'information sur la situation du marché

    Dans la revue documentaire, nous avons montré l'importance de l'information dans la performance des marchés des produits agricoles. Le bon fonctionnement d'un marché est lié entre autres aux sources d'information, à la bonne circulation de l'information et à la crédibilité que les différents acteurs leur accordent.

    Très peu de sources d'information existent dans la zone d'étude, malgré la rapide diffusion de ces informations. Le tableau 11 rend compte des sources d'information utilisées par les producteurs.

    Tableau 11: Principales sources d'information utilisées par les producteurs

    Sources

    Fréquence

    Pourcentage (%)

    Acheteurs

    80

    88,9

    Producteurs

    8

    8,9

    Autres

    2

    2,2

    Total

    90

    100

    Source: Nos enquêtes, 2004

    L'analyse du tableau 11 montre que les acheteurs constituent la principale source d'information disponible et principalement consultée par les producteurs. Les producteurs sont donc tributaires des acheteurs qui ont la facilité et la possibilité d'engendrer des distorsions dans les informations sur le marché, et ceci en leur propre faveur.

    Les informations les plus diffusées concernent l'évolution du prix du kilogramme sur le marché et la situation de la demande internationale. Au cours de la campagne 2002 -2003, certains acheteurs ont simulé une saturation du marché international et donc le risque de mévente encouru par les producteurs s'ils ne liquidaient par leurs produits. Cette simulation a été un succès pour les acheteurs car les producteurs ont été obligés de livrer la majorité de leur récolte à 200F le kilogramme. Le fait que la diffusion de l'information soit l'apanage des seuls acheteurs engendre une asymétrie informationnelle qui ne rend donc pas transparent le marché des noix de cajou dans la zone d'étude.

    Les autres sources d'information sont naissantes et leur effet n'est pas encore perceptible sur le marché. De plus, les radios locales tout comme les crieurs publics ne diffusent que le prix en cours sur le marché local.

    Les producteurs ne sont donc pas réellement informés de la fluctuation du cours mondial, de l'évolution de la demande internationale afin de faire pression sur les acheteurs et leur proposer leur prix.

    Dans un tel contexte de mal information, de sous- information et de désinformation, la mise sur pied d'autres structures ou organes d'information et de vulgarisation de la situation du prix et de la demande internationale délivrerait les populations de la dépendance informationnelle vis-à-vis des acheteurs. Ce qui leur permettrait également de débattre réellement du prix auquel ils entendent livrer leur produit. En effet, selon Shepherd (1998), une information efficace sur les marchés ne peut que bénéficier aux négociants et aux décideurs. Une information précise et dûment actualisée sur les marchés permet aux agriculteurs de traiter avec les négociants en meilleure connaissance de cause. Lorsqu'elle est bien documentée (divulguée) et présentant une analyse historique, l'information peut aider les producteurs à mieux établir leur plan de mise en culture ou l'éventuelle introduction de nouvelles récoltes. Une bonne information aide les décideurs du secteur agricole à prévenir d'éventuels problèmes de sécurité alimentaire.

    3.2.2 Facteurs déterminant le prix moyen au producteur

    L'étude des facteurs déterminant le prix moyen au producteur a été faite grâce à une analyse de régression du prix au niveau local depuis 1991 jusqu'en 2004. Il s'agit de voir l'influence du prix plancher fixé par l'Etat au cours d'une campagne d'une part, et celle du prix moyen au producteur de la campagne antérieure d'autre part sur le prix moyen au producteur de la campagne en cours.

    Nous émettons l'hypothèse qu'il existe des relations linéaires entre le prix plancher et les prix moyens au producteur. Ainsi, le modèle de l'analyse de régression se présente comme suit :

    Pmp(t) = b0 + b1*PP(t) + b2*Pmp(t-1) +u., avec :

    Pmp(t) = Prix moyen au producteur au cours de la campagne t ;

    PP(t) = Prix plancher de la campagne t fixé par l'Etat ;

    Pmp(t-1) = Prix moyen au producteur au cours de la campagne t-1.

    bo, b1, b: Paramètres à estimer

    u = terme d'erreur

    Les résultats récapitulatifs du modèle sont consignés dans le tableau 12.

    Tableau 12 : Tableau d'analyse de variance du modèle de régression linéaire

    Source de variation

    Somme des carrés

    ddl

    Carré moyen

    F

    Signification

    R-deux

    R-deux ajusté

    Régression

    14459,005

    2

    7229,502

    37,695

    0,000

    0,883

    0,859

    Résidu

    1917,918

    10

    191,792

     
     
     
     

    Total

    16376,923

    12

     
     
     
     
     

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Le test de Durbin-Waston donne DW= 1,82. Or, d'après la table d de Durbin-Waston, pour une taille d'échantillon de 15, et pour trois paramètres, on a DL=0,82 et DU=1,75. Ainsi

    4 - DL = 3,14 et 4 - DU = 2,25.

    On constate donc que DU<DW<4-DU. On conclue qu'il n'y a pas d'auto corrélation. Toutefois, étant donné que la variable dépendante retardée a été incorporée dans le modèle comme une variable explicative, il est normal que la statistique DW soit proche de 2, indiquant l'absence d'auto corrélation. Il y a donc possibilité de biais qui peut être corrigée par la statistique h de Durbin. Bien que ce test soit strictement valide pour les grands échantillons, il peut être également utilisé pour les petits échantillons (Pindyck et Rubinfeld, 1991).

    La statistique h est donnée par la formule h = ()*

    Avec la variance estimée de b2.

    On a et n 0,31465676. On constate que n<1. Le test de Durbin est donc valide et on peut alors utiliser la table Z de distribution normale pour tester sa signification statistique.

    On peut ainsi dire qu'il n'y pas d'autocorrélation entre la variable explicative Pmp(t-1) et la variable expliquée Pmp(t).

    On peut donc dire que le modèle est globalement significatif au seuil de 1%.

    Par ailleurs, R2= 0,883. Ainsi, 88,3% des variations du prix moyen au producteur d'une campagne donnée sont expliquées par le prix plancher de la même campagne et le prix moyen au producteur de l'année précédente.

    L'estimation des différents coefficients du modèle est résumée dans le tableau 13.

    Tableau 13 : Coefficients de la régression linéaire

    Coeff*

    Valeurs non standardisées

    Erreur standard

    valeurs standardisées

    t de Student

    Sign**

    Intervalle de confiance

    b0

    30,922

    16,548

     

    1,869

    0,091

    -5,948

    67,793

    b1

    0,451

    0,155

    0,534

    2,901

    0,016

    0,105

    0,797

    b2

    0,422

    0,171

    0,454

    2,468

    0,033

    0,041

    0,802

    * : Coefficients ** : Signification

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse du tableau 13 nous permet d'écrire :

    Pmp(t) = 30,92 + 0,45*PP(t) + 0,42*Pmp(t-1) +u.

    Erreur standard : (16,54) (0,15) (0,17).

    On constate également que b1 et b2 sont significatifs au seuil de 5% et que b0 n'est pas significatif au seuil de 5%. De plus, les valeurs standardisées des coefficients b1 (0,53) et b2 (0,45) nous font dire que le prix plancher au cours d'une campagne donnée contribue plus à la variation du prix au producteur de la même campagne.

    Et si tel est le cas, il devient important que le prix plancher soit connu très tôt par les producteurs afin de pouvoir estimer le prix moyen auquel ils peuvent livrer leur produit aux acheteurs. Ceci contournerait un temps soit peu la désinformation dont ils sont victimes.

    3.2.3 Arrangements d'achat et de vente

    Dans toute activité économique, l'un des objectifs les plus visés est la réalisation d'un profit maximum. Pour y parvenir, les acteurs cherchent à minimiser les charges tout en maximisant leur recette. Dans cette perspective d'optimisation des recettes, les acheteurs des noix de cajou en général, et plus particulièrement les semi-grossistes et les grossistes mettent en oeuvre plusieurs stratégies. La campagne de commercialisation des noix de cajou est lancée officiellement au Bénin au cours du mois de mars. Mais bien avant l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne disposant pas de ressources financières, ont recours à des préfinancements sous forme de crédit auprès de certains acheteurs.

    Les acheteurs ne disposant pas non plus de ressources suffisantes pour assurer ce préfinancement obtiennent de la part de certaines institutions financières, des prêts pour l'exécution de leurs activités. Ces prêts suivent deux itinéraires possibles. D'abord, ils permettent aux acheteurs de répondre aux sollicitations des producteurs. Les résultats de nos enquêtes montrent que 32% des producteurs bénéficient de ces crédits informels soit pour entretenir leur plantation d'anacardiers, soit pour répondre à des besoins pressants de santé, de scolarisation, d'alimentation, d'habillement, de cérémonies, etc. La plupart de ces crédits sont octroyés entre septembre et octobre et varient de 15000 francs à 150000 avec une moyenne de 60000 francs environ.

    Cet état des choses engendre une grande variabilité des prix proposés aux producteurs en début de récolte et par conséquent au cours d'une même campagne. C'est ainsi que les premières ventes et par conséquent les remboursements de crédit se font sur la base de 100 FCFA à 150 FCFA le kilogramme. Dans ce processus de remboursement en nature, les producteurs bradent jusqu'au quart (25%) de leur production tandis que les acheteurs rentabilisent leur crédit.

    Toutefois, certains producteurs ayant bénéficié de ce type de crédit ne respectent pas parfois leur engagement. Ce non respect d'engagement est dû pour la plupart aux feux de brousse, à la mauvaise récolte ou au règlement d'autres urgences. Cette situation rend de nos jours les acheteurs plus réticents à s'engager dans le système de crédit informel qui, tout en produisant des bénéfices substantiels, est sujet de nombreux risques.

    Le second itinéraire suivi par les prêts est celui de l'avance sur la commercialisation. Cette seconde stratégie permet non seulement de pallier les difficultés liées à la première, mais aussi et surtout de garantir à l'acheteur, l'obtention des noix de cajou au temps et au prix voulus. De ce fait, elle n'a lieu que lorsque commence la récolte. Les producteurs qui se trouvent dans un besoin pressant d'argent pour résoudre un problème ponctuel obtiennent de la part des acheteurs des prêts de l'ordre de 2500 à 10 000 francs CFA pour un délai d'une à deux semaines. Le remboursement se fait en tenant compte du prix en cours le jour de l'octroi du crédit. Notre étude révèle que 36% des producteurs ont recours au système d'avance sur commercialisation dans bien des cas. Cette deuxième stratégie semble à priori meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors leur produit à court terme et suivant le prix du marché.

    Le volume du crédit et le délai de remboursement sont à leur tour à l'avantage de l'acheteur.

    Il est à noter que le crédit de préfinancement se fait par 24% des acheteurs (en majorité les grossistes et semi-grossistes) tandis que l'avance sur commercialisation se fait par 61% des acheteurs (en majorité les collecteurs et les semi-grossistes).

    Dans tous les cas, le paysan a des besoins élevés de capital pour résoudre ses problèmes. Ces besoins de capital et l'impossibilité pour lui de les obtenir de façon formelle et à des coûts réduits le poussent à s'engager dans des processus qui loin de le relever ou de permettre l'évolution de l'activité, le rendent encore plus dépendant et donc le maintiennent dans sa condition de pauvre.

    Il serait alors souhaitable de mettre sur pied des structures d'appui financier aux producteurs afin de les rendre moins dépendant de acheteurs des noix de cajou.

    3.2.4 Processus de concurrence

    La concurrence est un processus au cours duquel des vendeurs se rencontrent sur un marché et ont un comportement de compétition pour vendre leurs produits dont ils se disputent les acheteurs. Cette rivalité doit concourir en principe à assurer le coût et le prix les plus bas (Bialès et al., 1999).

    En ce qui concerne la commercialisation des noix de cajou, nous avançons l'assertion que la concurrence est le processus au cours duquel des acheteurs se rencontrent sur un marché et adoptent un comportement de rivalité pour acheter les produits.

    Etant donné que le prix des noix de cajou au niveau du marché local ne fluctue pas à court terme, l'objectif des acheteurs est de maximiser la quantité de noix achetée. Pour y parvenir, les grossistes se font aider par des réseaux informels d'acheteurs qui utilisent à leur tour d'autres acheteurs.

    En élargissant le réseau d'acheteurs, chaque grossiste accroît sa potentialité et son aptitude à répondre efficacement à la demande de l'exportateur pour qui il travaille. Ainsi, les grossistes qui utilisent à leur compte des courtiers collecteurs ou des collecteurs ne sont pas en concurrence avec ces derniers, mais plutôt avec d'autres grossistes poursuivant les mêmes objectifs. Il n'existe donc pas dans la zone d'étude une concurrence entre les différentes catégories d'acteurs. Toutefois, au sein de chaque catégorie d'acheteurs, les agents se livrent à de sérieuses concurrences. On peut alors dire que le marché des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou est caractérisé par une concurrence que nous qualifierons de concurrence horizontale. Toutefois, nos enquêtes ont révélé quelques cas de concurrence entre certains collecteurs et des semi-grossistes autonomes.

    Dans le souci de contourner un peu la concurrence horizontale qui offre aux acheteurs d'une même catégorie les mêmes potentialités et les mêmes possibilités d'accéder au même produit, les différents agents jouent sur les liens de parenté. Lorsque les prix sont stables à une période donnée, les producteurs expriment leur préférence à livrer leur produit beaucoup plus à des parents qu'à des tiers.

    Par ailleurs, en dehors des stratégies de crédit et d'avance sur commercialisation, le paiement direct des produits achetés est un moyen utilisé par les acheteurs pour établir une certaine confiance entre eux et les producteurs.

    Les résultats de nos enquêtes révèlent qu'aucun producteur ne vend aujourd'hui son produit à crédit. Ils préfèrent recevoir l'argent soit à l'avance, soit à la livraison ; et ceci par manque ou perte de confiance aux acheteurs. Les conséquences des expériences vécues par le passé en sont la principale cause. En effet, des tentatives d'achat à crédit ont eu lieu dans certains arrondissements (Attakè et Tchètti) par certains opérateurs économiques (CECO3(*), AGRO Services Conseil). Malheureusement, la plupart des producteurs enquêtés et ayant participé à cette transaction reconnaissent ne pas être rentrés dans l'intégralité de leur dû. Cette situation a conduit à la disparition de ce genre de contrat dans la zone d'étude.

    Pour mieux appréhender l'effet des liens de parenté et du mode de paiement sur l'achat des noix de cajou, nous avons utilisé le test W de Kendall. Les résultats des différents tests sont consignés dans les tableaux 14, 15 et 16.

    Tableau 14 : Hiérarchisation des liens entre les acheteurs et les producteurs.

    Liens

    Rang moyen*

    Ordre

    Test de concordance W de Kendall

    Parenté

    2,47

    1

    N

    96

    Aucun lien social

    2,04

    2

    W de Kendall

    0,03

    Amitié

    1,49

    3

    Khi-deux

    58,227

     
     
     

    ddl**

    2

     
     
     

    Signification asymptotique

    0,000

    * La codification faite à ce niveau a attribué le plus grand poids au lien le plus fréquent. De ce fait, on comprend que le critère à rang moyen le plus élevé est celui qui occupe le premier rang.

    ** ddl : degré de liberté.

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Les résultats du tableau 14 prouvent que dans un contexte de non fluctuation des prix et de disponibilité de liquidité au niveau des acheteurs, les producteurs ont tendance à livrer leurs produits à des parents plutôt qu'à des tiers. Ce qui nous permet de dire que le marché des noix de cajou est également influencé par des réseaux sociaux, en dépit de son caractère de culture de rente et d'exportation. Ces résultats confirment ceux obtenus par Adanguidi (2000) qui trouve que le marché des produits agricoles n'est pas uniquement fondé sur la rationalité, mais aussi sur l'existence de réseaux de parenté. Mais la particularité dans la commercialisation des noix de cajou est la coexistence de la rationalité et des liens de parenté dans le processus. En effet, les producteurs ont avoué que dès l'abord, ils privilégient, dans ce processus de vente, le plus offrant. Et ce n'est que lorsqu'il n'y a pas de variation de prix qu'ils ont tendance à vendre leur produit à leurs parents qui ont les moyens. Par ailleurs, la notion de parenté prend dans nos sociétés traditionnelles une dimension nettement plus forte et plus large que le simple cadre de parents proches.

    Il est à noter que cette hypothèse n'est vérifiée qu'au niveau de la collecte primaire des noix de cajou. Les résultats du test au sein des acheteurs eux-mêmes (voir tableau 15) montrent la non prédominance des relations de parenté entre les collecteurs et les courtiers collecteurs d'une part, et entre les collecteurs courtiers, les semi-grossistes et les grossistes d'autre part.

    Tableau 15 : Hiérarchisation des liens entre acheteurs.

    Liens

    Rang moyen*

    Ordre

    Test de concordance W de Kendall

    Contrat de service

    2,31

    1

    N

    37

    Parenté

    2,20

    2

    W de Kendall

    0,27

    Amitié

    1,49

    3

    Khi-deux

    16,779

     
     
     

    ddl**

    2

     
     
     

    Signification asymptotique

    0,000

    * La codification faite à ce niveau a attribué le plus grand poids au lien le plus fréquent. De ce fait, on comprend que le critère à rang moyen le plus élevé est celui qui occupe le premier rang.

    ** ddl : degré de liberté.

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Les différentes relations sont plus régies par un simple contrat d'aide contre une rémunération.

    Cette situation peut s'expliquer par le fait que les courtiers collecteurs d'une part, les grossistes et semi-grossistes d'autre part, estiment que les relations de parenté peuvent avoir des effets néfastes sur la performance de leur activité. En effet, en remettant l'argent à un mandataire, celui qui octroie l'argent court deux principaux risques :

    - le premier risque est celui du non respect d'engagement pour livrer au moment opportun le produit commandé ;

    - le second risque est celui de détournement. Le mandataire ou le commissionnaire peut se retrouver en difficulté et utiliser l'argent à des fins personnelles.

    Dans ces conditions, le recouvrement des fonds peut s'avérer très difficile voire impossible si les protagonistes sont liés par les liens de parenté.

    En ce qui concerne les modes de paiement des producteurs, les résultats sont consignés dans le tableau 16

    Tableau 16 : Hiérarchisation des modes de vente les plus pratiqués par les producteurs.

    Mode de vente

    Rang moyen*

    Ordre

    Test de concordance W de Kendall

    Comptant

    3

    1

    N

    90

    Avance sur commercialisation

    1,68

    2

    W de Kendall

    0,932

    Crédit

    1,32

    3

    Khi-deux

    167,709

     
     
     

    ddl**

    2

     
     
     

    Signification asymptotique

    0,000

    * La codification faite à ce niveau a attribué le plus grand poids au lien le plus fréquent. De ce fait, on comprend que le critère à rang moyen le plus élevé est celui qui occupe le premier rang.

    ** ddl : degré de liberté.

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse du tableau 16 montre que la vente au comptant domine largement dans les transactions, abstraction faite du crédit de préfinancement des activités. Ceci peut s'expliquer par le fait que les producteurs essaient également d'éviter les risques de recouvrement de leur argent.

    3.3 PERFORMANCE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU

    3.3.1 Structure des prix

    3.3.1.1 Evolution spatiale et temporelle des prix

    Dans l'économie actuelle du marché des noix de cajou, l'Etat intervient dans la fixation du prix plancher, prix en dessous duquel aucune transaction ne devait être acceptée.

    Toutefois, les variations des prix réels d'achat au producteur sont dues non seulement aux variations du marché mondial (Pompidou et Gockowski, 2004), mais aussi au rythme de demande des noix par les exportateurs. La demande de ces derniers est elle-même déterminée par la demande des usines de transformation en Inde et au Pakistan (Singbo et al., 2004).

    Ainsi, lorsqu'un exportateur se trouve dans le besoin de livrer des noix dans un délai très court, il augmente sensiblement le prix d'achat au producteur. Avant que d'autres exportateurs réagissent et ajustent leur prix par rapport au prix alors en vigueur, l'exportateur en question aura déjà rassemblé la quasi-totalité de sa demande.

    Les grossistes, mandataires des exportateurs, agissent également sur les variations du prix au producteur. Il s'en suit une stabilisation du prix pendant un bon moment avant d'autres variations. Le tableau 17 présente la structure spatiale des prix au producteur pendant la campagne 2003-2004.

    Tableau 17 : Structure spatiale des prix au producteur en 2003 - 2004

    Communes

    Arrondissements

    Nov-Déc 2003

    Janv-Fév 2004

    Mars-Mai 2004

     

    Attakè

     

    150-200

    200-250

    Savalou

    Ouèssè

     

    150-200

    200-275

     

    Tchetti

    75-125

    125-200

    200-250

     

    Koko

     

    150-200

    200-275

    Bantè

    Akpassi

     

    150-200

    200-350

     

    Agoua

     

    150-200

    200-275

    Source : Nos enquêtes, 2004

    L'analyse du tableau 17 montre que pour les deux communes les variations des prix au producteur sont sensiblement identiques pour une même période donnée. Ceci peut s'expliquer d'une part par le fait que ce sont les mêmes grossistes qui interviennent dans toutes ces zones de collecte primaire. D'autre part, la mobilité des acheteurs (courtiers collecteurs principalement) et la concurrence entre divers réseaux d'acteurs fait que le changement de prix dans une localité se répercute rapidement sur les autres localités. Les petites différences observées en fin de campagne à Ouèssè dans la commune de Savalou et à Akpassi dans la commune de Bantè sont dues à quelques particuliers qui attendent presque totalement la fin de la campagne pour livrer le reste de leur produit.

    Une étude d'intégration des marchés par la méthode de corrélation (Lutz, 1994 ; Sodjinou, 2000 ; Sodjinou et al, 2003) ou par le modèle de l'indice de connection dynamique de Timmer et de Ravallion (Ahohounkpanzon, 1992 ; Fanou Kloubou, 1994 ; Houédjoklounon, 2001) aurait été possible si les marchés des noix de cajou, même informels, avaient été périodiques avec un marché central. En l'absence de périodicité d'une part, et de cadre physique d'autre part, l'analyse de la connexion des marchés s'avère impossible. De plus, la période de la recherche (post-campagne) ne nous permet pas de relever de façon systématique l'évolution du prix des noix de cajou chaque jour dans chaque localité.

    Toutefois, l'étude de la structure spatiale des prix semble assez pertinente, malgré quelques insuffisances, pour analyser l'intégration des marchés de noix de cajou. Le caractère des noix de cajou qui semblent actuellement être plus des produits de rente et d'exportation que des produits de consommation locale concourt à cette possibilité.

    On peut supposer que dans un court terme, tous les marchés de noix de cajou dans la zone d'étude sont intégrés. Mais nous ne saurions préciser le degré d'intégration des marchés, les uns par rapport aux autres. Cette intégration est favorisée non seulement par la structure du système de commercialisation qui est de type oligopsone en réalité, mais aussi par la libre circulation des personnes à l'intérieur de chaque commune et entre les deux communes. Malheureusement, nous ne saurions dire quelle zone de collecte primaire influence les autres dans l'évolution. Seule la concurrence entre les réseaux des différents acheteurs permet d'expliquer une telle intégration. Ainsi, il n'existe pas de marché central de référence autour duquel gravitent les autres zones de collecte primaire. Dans un tel contexte, on peut dire qu'il n'existe aucun arbitrage spatial entre les marchés des noix de cajou.

    3.3.1.2 Analyse comparative du prix au producteur et du prix plancher avant le lancement de la campagne.

    Afin de mesurer l'effet des différentes distorsions informationnelles sur les prix, nous avons essayé de comparer pour la campagne 2003-2004 les prix moyens de vente au producteur au prix plancher fixé par l'Etat.

    L'analyse de comparaison a été faite grâce au test de Student.

    L'hypothèse de base est qu'il n'y a pas de différence entre le prix moyen au producteur avant le lancement de la campagne et le prix plancher de la même campagne.

    Soit ìi le prix moyen au niveau du producteur i et ì la moyenne de l'échantillon des producteurs. On a :

    H0 : ì = 175 versus H1 : ì ? 175

    Tableau 18: Résultats du test t de Student de comparaison du prix moyen au producteur avant la campagne et du prix plancher 2003-2004.

    Statistiques sur l'échantillon

     

    N

    Moyenne

    Ecart-type

    Erreur standard moyenne

    PMP*

    96

    150,7813

    17,56684

    1,79291

    Test sur l'échantillon

     

    t

    ddl

    Signification (bilatérale)

    Différence moyenne

    Intervalle de confiance 95% de la différence

    Inférieure

    Supérieure

    PMP*

    -13,508

    95

    0,000

    -24,2188***

    -27,7781

    -20,6594

    * Prix moyen au producteur avant le lancement de la campagne. ***très hautement significative

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse des résultats montre qu'avant le lancement de la campagne, le prix moyen au producteur est significativement différent du prix plancher fixé par l'état. Ce qui suppose que les producteurs sont réellement désavantagés lorsqu'ils vendent leurs produits avant le lancement de la campagne officielle. Cette situation est surtout aggravée par l'accès difficile aux sources d'informations. Or d'après Shepherd (1998), l'accès à l'information récente sur les prix et les quantités commercialisées a un rôle crucial quand on veut réduire les risques de perdre de l'argent dans des transactions. De ce fait, lorsqu'ils disposent d'une bonne information, certains agriculteurs peuvent décider de retarder l'envoi de leur production sur le marché au moment où le prix est bas, évitant ainsi de recevoir un prix qui ne couvrirait pas leurs coûts de récolte, de conditionnement et de transport. Dans un tel contexte, la mise sur pied d'un système d'information semble répondre un tant soit peu à cette préoccupation.

    3.3.2 Evaluation de l'efficacité du système de commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou

    L'une des approches de l'efficacité des marchés agricoles est l'analyse des marges de commercialisation (Shepherd, 1994). A l'intérieur de cette approche, il existe plusieurs procédés dont notamment l'examen de la marge elle-même pour voir comment elle se comporte par rapport aux différents agents, aux coûts de transport depuis les producteurs jusqu'aux destinataires.

    Le second procédé est celui de la part au producteur dans le prix payé par le destinataire final. Au niveau de ce procédé, plus la part au producteur est élevée, plus les marges de commercialisation sont faibles et partant, le système est efficace.

    Bien que ce deuxième postulat soit souvent utilisé, nous avançons avec Shepherd (1994) qu'en règle générale, plus la chaîne de commercialisation est complexe et longue, plus les coûts de commercialisation sont élevés. De plus, d'après le même auteur, les marges sont souvent mal interprétées, même lorsqu'elles sont correctement calculées. Lorsqu'elle est présentée en pourcentage du prix de vente final la part de tel ou tel intermédiaire, la marge peut donner une impression éminemment trompeuse si l'on ne connaît pas les coûts que cela implique. Et souvent, les gens qui font des recherches sur les coûts et les marges de commercialisation partent de l'hypothèse que les négociants exploitent les agriculteurs. Or, il est tout à fait possible d'obtenir de telles marges avec des coûts raisonnables et des bénéfices nets très modestes pour les intermédiaires concernés. C'est pourquoi une simple comparaison des prix payés aux agriculteurs avec les prix de vente au consommateur final ne permet pas de juger de l'efficacité du processus de commercialisation dans la mesure où elle ne tient pas compte des coûts impliqués par le déplacement du produit le long de la chaîne de commercialisation, qui va de l'agriculteur au consommateur.

    Nous allons donc faire recours à la première méthode pour l'étude de l'efficacité. Dans un premier temps, nous allons étudier les coûts de commercialisation, ensuite nous analyserons les marges de commercialisation et enfin conclurons du degré d'efficacité du système de commercialisation.

    3.3.2.1 Analyse des coûts de commercialisation

    Nous définissons par coûts de commercialisation, l'ensemble constitué par les coûts de préparation et de conditionnement des produits, les coûts de manutention, les coûts de transport, les pertes, les coûts d'investissement, les commissions, les redevances et paiements officieux etc.

    L'analyse des coûts liés à la commercialisation a été faite entre les collecteurs, les courtiers collecteurs, les semi-grossistes et les grossistes, grâce à une comparaison des moyennes. Le tableau 19 présente les résultats de l'analyse de variance.

    Tableau 19: Analyse de variance des coûts de commercialisation des diverses catégories d'acteurs.

    Sources de variation

    Somme des carrés

    ddl

    Carrés moyens

    F

    Signification

    Inter-groupes

    1347,668

    3

    449,223

    5,570

    0,003**

    Intra-groupes

    2661,692

    33

    80,657

     
     

    Total

    4009,361

    36

     
     
     

    ** différence hautement significative

    Source: Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse du tableau 19 montre qu'il existe une grande différence entre les coûts supportés par les diverses catégories du système de commercialisation. L'analyse de la plus petite différence significative est consignée dans le tableau 20.

    Tableau 20 : Résultats d'analyse de la plus petite différence significative des coûts de commercialisation

    Catégorie 1

    Catégorie 2

    Différence de moyenne (1-2)

    Erreur standard

    Signification

    Collecteurs

    Courtiers collecteurs

    -8,92639

    3,347000

    0,012

    Semi-grossistes

    -13,44722

    4,540092

    0,006

    Grossistes

    -18,69722

    6,694000

    0,009

    Courtiers collecteurs

    Semi-grossistes

    -4,52083

    4,780472

    0,351

    Grossistes

    -9,77083

    6,859309

    0,164

    Semi-grossistes

    Grossistes

    -5,25000

    7,513996

    0,490

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse du tableau 20 montre qu'il y a une différence significative entre les coûts supportés par les collecteurs et toutes les autres catégories d'acteurs prix individuellement alors que les moyennes des coûts supportés par les courtiers, les semi-grossistes et les grossistes ne sont pas significativement différentes.

    Les différents coûts supportés par chaque catégorie d'acteur sont résumés dans les tableaux 21, 22, 23 et 24.

    Tableau 21 : Coûts de commercialisation des collecteurs

     

    Transport

    Emballage

    Commissions

    Taxes

    Total

    Coût moyen (F/kg)

    0,64

    0,01

    1,27

    0,05

    1,975

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Tableau 22 : Coûts de commercialisation des courtiers collecteurs

     

    Commissions

    Déplacements personnels

    Total

    Coût moyen (F/kg)

    9,625

    0,293

    9,918

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Tableau 23: Coûts de commercialisation des semi-grossistes

     

    Transport

    Emballage

    Commissions

    Main d'oeuvre

    Taxes

    Autres

    Total

    Coût moyen (F/kg)

    3,45

    0,02

    10

    0,85

    0,2

    0,05

    14,57

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Tableau 24 : Coûts de commercialisation des grossistes

     

    Transport

    Emballage

    Commissions

    Main d'oeuvre

    Taxes et douanes

    Autres

    Total

    Coût moyen (F/kg)

    11

    0,21

    25

    3

    0,28

    1,5

    40,99

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    Les collecteurs supportent les plus bas coûts (en moyenne 2F par kg) alors que les grossistes supportent les coûts les plus élevés (en moyenne 41F par kg).

    Les frais supportés par les collecteurs et les courtiers collecteurs sont essentiellement les frais de rapprochement et les frais des commissions. Et le plus souvent, lorsque les quantités de noix achetées ne sont pas importantes, les collecteurs assurent le rapprochement à pied.

    Les grossistes et semi-grossistes quant à eux supportent non seulement les frais de rapprochement entre les villages et les frais d'entreposage, mais aussi les frais du transport des noix des zones de collecte primaire vers les centres d'exportation ou de transformation, les frais de chargement et de déchargement, la main d'oeuvre, les diverses taxes et les faux frais.

    3.3.2.2 Analyse des marges de commercialisation

    Une marge commerciale est le pourcentage du prix de vente moyen pondéré final pris par chaque maillon de la chaîne de commercialisation. Cette marge doit couvrir les frais qu'implique le transfert du produit d'un maillon de la chaîne au suivant et assurer un bénéfice raisonnable à ceux qui effectuent ce transfert. Il arrive que cette marge représente un pourcentage assez élevé et soit utilisée comme argument pour prouver que les agriculteurs ou les consommateurs sont exploités. Toutefois, ces marges élevées sont souvent entièrement justifiées par les coûts impliqués. Il est impossible de savoir si ces marges sont raisonnables ou non, si l'on ne sait pas à quoi correspondent ces coûts et comment ils ont été calculés. Une fois les coûts déterminés, les marges sont déduites assez facilement.

    La marge de commercialisation peut se définir comme la différence entre la marge brute et les coûts de commercialisation.

    L'analyse des marges de commercialisation a été également faite entre les diverses catégories d'acteurs. Les résultats sont consignés dans le tableau 25.

    Tableau 25 : Analyse de variance des marges de commercialisation entre les diverses catégories d'acheteurs des noix de cajou

    Sources de variation

    Somme des carrés

    ddl

    Carrés moyens

    F

    Signification

    Inter-groupes

    2624,033

    3

    874,678

    3,728

    0,021*

    Intra-groupes

    7742,030

    33

    234,607

     
     

    Total

    10366,063

    36

     
     
     

    différence significative

    Source: Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse du tableau 25 montre qu'il y de différence significative entre les diverses catégories d'acteurs du système de commercialisation en ce qui concerne la réalisation des marges de commercialisation. L'analyse de la plus petite différence significative est consignée dans le tableau 26.

    Tableau 26 : Résultats d'analyse de la plus petite différence significative des marges de commercialisation

    Catégorie 1

    Catégorie 2

    Différence de moyenne (1-2)

    Erreur standard

    Signification

    Collecteurs

    Courtiers collecteurs

    2,10806

    5,708266

    0,714ns

    Semi-grossistes

    -13,98178

    7,743069

    0,080*

    Grossistes

    -30,80778

    11,416532

    0,011*

    Courtiers collecteurs

    Semi-grossistes

    -16,08983

    8,153035

    0,057*

    Grossistes

    -32,91583

    11,698464

    0,008**

    Semi-grossistes

    Grossistes

    -16,82600

    12,815025

    0,198ns

    ns : Non significatif * : Significatif ** : Hautement significatif

    Source: Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse de la plus petite différence significative montre que les collecteurs et les courtiers réalisent en moyenne les mêmes marges de commercialisation et qu'il y a une différence hautement significative entre ces deux catégories d'acteurs et les grossistes.

    Les grossistes réalisent en moyenne une marge de commercialisation de 49 francs par kilogramme (écart type = 24,31), les semi grossistes 25 francs (#177; 6,91), les courtiers 10 francs (#177; 5.55) et les collecteurs 14 francs (#177;18,94).

    Ainsi, malgré les coûts de commercialisation élevés au niveau des grossistes, ces derniers parviennent à réaliser des bénéfices assez substantiels qui sont pour la plupart nettement supérieurs à ceux réalisés par les autres catégories d'acteurs.

    Le même tableau montre qu'il n'y a pas de différence significative entre les semi-grossistes, les courtiers collecteurs et les collecteurs au seuil de 5%. Toutefois, la différence est significative à 10%. Ce qui veut dire que cette catégorie également parvient à réaliser de grands bénéfices dans le système de commercialisation.

    3.3.2.3 Efficacité de la commercialisation

    L'analyse de l'efficacité de la commercialisation est faite en comparant, au niveau des collecteurs et des courtiers collecteurs, les coûts de commercialisation et les marges brutes. Cette analyse peut être ensuite utilisée pour justifier l'intervention du gouvernement dans la commercialisation, que ce soit pour fixer des prix minima ou pour mettre en place un office de commercialisation. Dans le cas de notre étude, nous avons utilisé la statistique t de Student. Les résultats sont consignés dans le tableau 27.

    Tableau 27 : Comparaison des coûts et des marges brutes au niveau des collecteurs et des courtiers collecteurs.

    Catégories

    Moyenne

    Ecart type

    Erreur standard

    Intervalle de confiance 95% de la différence

    t de Student

    ddl

    Signification bilatérale

    Inférieure

    Supérieure

    Collecteurs

    13,55667

    18,829657

    4,438193

    4,19290

    22,92043

    3,055

    17

    0,007***

    Courtiers collecteurs

    11,4767

    6,35608

    1,83484

    7,4382

    15,5151

    6,255

    11

    0,000***

    *** : très hautement significatif.

    Source : Nos enquêtes, 2004

    L'analyse du tableau 27 montre qu'il y a une différence significative entre les coûts et les marges brutes au niveau des collecteurs et des courtiers collecteurs. La commercialisation n'est donc pas efficace au niveau de ces deux catégories car elles réalisent des marges brutes nettement supérieures aux coûts engagés.

    Au niveau des semi-grossistes et des grossistes, le faible nombre de personnes enquêtées ne permet pas une telle comparaison. Toutefois, on remarque que en moyenne, la différence entre la marge brute et les coûts de commercialisation est de 10F par Kg chez les semi-grossistes et de 8F par Kg chez les grossistes. Il convient donc de dire que c'est la quantité de noix achetées qui permet à ces catégories de réaliser de grands bénéfices.

    Toutefois, même si les acheteurs réalisent de grands profits, cela voudra-t-il dire que les producteurs sont pour autant défavorisés dans le processus de commercialisation ? Une pareille préoccupation mérite bien une attention particulière. Pour ce faire, nous avons comparé les marges brutes par unité de coûts variables obtenues par les producteurs aux marges de commercialisation par unité de coûts dégagées par les acheteurs. Nous avons considéré dans ce calcul, les coûts variables supportés par les producteurs et les coûts de commercialisation supportés par les acheteurs au titre de la campagne agricole 2003-2004. Les résultats sont consignés dans le tableau 28.

    Tableau 28 : Comparaison des ratios marge/coût des acheteurs et des producteurs.

    t de student

    ddl

    Sign* (bilatérale)

    Différence moyenne

    Différence écart-type

    Intervalle de confiance 95% de la différence

    Inférieure

    Supérieure

    3,639

    115

    0,000

    2,3563***

    0,64752

    1,07368

    3,63889

    * : Signification bilatérale ; *** très hautement significative

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse du tableau 28 nous permet de dire qu'il y a une différence significative entre les marges par unité d'investissement des acheteurs et les marges par unité de coût des producteurs. La moyenne de ce ratio est de 3,41 au niveau des acheteurs alors qu'elle est de 1,09 au niveau des producteurs. Ce qui nous amène à dire que les activités de production et de commercialisation des noix de cajou sont toutes deux très rentables. Toutefois, une dépense de 1F consentie par un acheteur lui procure une marge de commercialisation de 3,41F alors qu'une dépense de 1F faite par le producteur lui procure une marge brute de 1,09, la marge brute du producteur étant égale au produit total escompté des coûts variables. Ainsi par unité d'investissement, l'acheteur tire un profit trois fois plus grand que le bénéfice obtenu par le producteur.

    Le système des noix de cajou étant alors inefficace, les producteurs tirent donc des marges nettement inférieures à celles obtenues par les acheteurs. Dans un tel contexte, il est important de voir si les ressources allouées à la production des noix de cajou sont efficaces et comment améliorer le processus d'allocation de ces ressources. Car de tout point de vue, une augmentation du prix au producteur aura sûrement une influence sur les marges dégagées par les producteurs, mais aussi sur celles obtenues par les différents acheteurs.

    3.3.3 Impacts de la commercialisation des noix de cajou sur les producteurs

    La production et la vente des noix de cajou adoptées depuis plus d'une dizaine d'années par les habitants des communes de Bantè et de Savalou ont eu sur ces populations de profondes influences. Cette partie s'atèle à présenter les différentes transformations obtenues dans la vie des producteurs des noix de cajou. D'après Singbo et al. (2004), les noix de cajou contribuent à plus de 50% au revenu des ménages agricoles de Bantè. On peut alors penser que le revenu issu de l'activité des noix de cajou permet aux producteurs d'atteindre un certain degré de satisfaction ou de résoudre un temps soit peu certains problèmes auxquels ils sont souvent confrontés. Le tableau 29 donne une idée de ces problèmes et de la proportion des ménages qui ont utilisé une partie des ressources issues de la noix de cajou pour essayer de les résoudre.

    Tableau 29 : Domaines d'utilisation des revenus procurés par la vente des noix de cajou

    Domaines d'utilisation

    Répondants (%)

    Non répondants (%)

    Education

    47,02

    52,08

    Soin de santé

    57,30

    42,70

    Alimentation

    72,92

    27,08

    Habillement et autres soins

    57,30

    42,70

    Construction et aménagement des maisons

    46,88

    53,12

    Acquisition de moyens de déplacement

    46,88

    53,12

    Investissement dans d'autres activités

    10,42

    89,58

    Biens d'équipement

    5,21

    94,79

    Payement des dettes

    22,92

    77,08

    Mariages set cérémonies

    14,58

    85,41

    Source : Nos enquêtes, 2004.

    L'analyse de ce tableau montre que les principales réalisations auxquelles contribue la vente de la noix de cajou sont l'éducation (47%), l'amélioration de la santé (57%), l'alimentation et l'entretien de la famille (73%), la construction et/ou l'aménagement des maisons (49%), l'acquisition des moyens de déplacement (49%).

    Voici le témoignage de quelques producteurs à la question : Quelles réalisations avez-vous faites avec le revenu issu de la vente des noix de cajou ?

    « C'est vrai que le prix auquel nous livrons les noix de cajou ne nous semble pas rémunérateur. Néanmoins, j'ai pu acheter cette année une moto, et ce grâce au bénéfice tiré de la vente des noix de cajou. Malgré les problèmes que je rencontre dans l'entretien de mes plantations, je continuerai à investir dans la production des noix de cajou jusqu'au jour où les prix vont commencer par baisser exagérément. Alors, je planterai de l'igname. » ODAH A., Tchètti.

    « C'est en économisant les petits revenus issus de la vente des noix de cajou que j'ai pu achever ma construction en 2001-2003. » GNIMAVO S., Attakè.

    « C'est avec le revenu issu de la vente des noix de cajou que j'ai pu envoyer mon enfant à l'internat des prêtres de Akpassi, que j'entretien ma famille et subviens à mes propres besoins. » ADJI O., Akpassi.

    Par ailleurs, le revenu issu de la vente des noix de cajou contribue également à l'acquisition d'un certain nombre de matériel (télévision, moulin, radio,..), à l'investissement dans d'autres activités agricoles et dans le commerce. Ce revenu contribue également au règlement des dettes et à l'organisation des cérémonies et des festivités.

    Il est clair que dans une certaine mesure, la production vente des noix de cajou contribue sensiblement à l'amélioration des conditions de vie des populations de Bantè et de Savalou malgré l'inefficacité du système.

    Une meilleure organisation du système de commercialisation, en augmentant le revenu au niveau paysan et en permettant une gestion et une allocation efficace des ressources pourra encore permettre aux producteurs de sortir réellement de la pauvreté dans laquelle ils végètent, ou de la susceptibilité à la pauvreté qui constitue pour eux une menace quotidienne et permanente.

    CHAPITRE 4 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

    4.1 CONCLUSION

    La présente étude qui traite de la commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou nous a permis de mieux comprendre les processus de vente et d'achat du produit en vigueur dans la zone.

    Il ressort de nos observations et analyses que la noix de cajou est un produit en plein essor dans les communes de Bantè et de Savalou. L'évolution croissante du prix et l'intérêt et le caractère particulier du produit fait que de nombreux producteurs s'y adonnent depuis plusieurs années. Les bénéfices substantiels obtenus par les producteurs contribuent à améliorer leurs conditions de vie.

    On distingue six catégories d'acteurs dans le circuit de commercialisation : les producteurs, les collecteurs, les courtiers collecteurs, les semi-grossistes, les grossistes et les exportateurs/transformateurs. Ce circuit offre de nombreux avantages en ce sens qu'il est simple et se prête à une structuration verticale. La standardisation des prix des instruments de mesure se présente comme un facteur d'amélioration de la concurrence.

    Toutefois, l'entrée incontrôlée de nombreux intermédiaires dans le circuit de commercialisation et le désengagement de l'Etat du processus de commercialisation des noix de cajou constituent de grandes menaces au développement et à l'organisation de la filière, et donc à tous les acteurs du système de commercialisation sans aucune distinction. A ces menaces s'ajoutent des distorsions comme :

    - la manipulation des mesures malgré la tendance à une standardisation, due à l'absence de structure de contrôle et de certification ;

    - la non différenciation des produits sur le marché ;

    - la non réglementation des conditions d'accès au marché ;

    - le caractère oligopsone du marché qui ne favorise pas de bonnes politiques de prix ;

    - l'absence d'organisation de producteurs et d'acheteurs des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou ;

    - l'impossibilité d'exportation et de vente directe aux transformateurs par les producteurs par manque d'organisation ;

    - le faible investissement propre des acheteurs dû au manque de ressources personnelles ou de structures de financement ;

    - le bradage des produits par les producteurs avant le démarrage officiel de la campagne de commercialisation ;

    - le manque de sources permanentes et fiables d'information sur l'état du marché des noix de cajou en ce qui concerne l'offre, la demande, les prix, les zones de production ;

    - la dépendance des producteurs vis-à-vis des acheteurs qui leur offrent des conditions de crédit désavantageuses.

    4.2 RECOMMANDATIONS

    Face à tous ces problèmes et observations, nous préconisons un certain nombre d'actions qui pourraient contribuer à l'organisation efficace et effective de la commercialisation des noix de cajou non seulement dans les communes de Bantè et de Savalou, mais aussi dans toutes les régions impliquées dans cette activité.

    La fixation du prix plancher très tôt ainsi que la révision de la période de lancement officiel de la campagne de commercialisation par l'Etat limitera le bradage dont sont victimes les producteurs. En effet, ladite campagne démarre réellement un à deux mois avant son lancement officiel.

    L'élaboration par l'Etat d'un cadre institutionnel pour réglementer le marché des noix de cajou est la seconde action à envisager. Ce cadre déterminera les conditions d'accès au marché, identifiera et certifiera les balances à utiliser sur le marché. Ce cadre institutionnel doit être accompagné d'un système efficace d'information et de communication non seulement sur les prix, mais aussi sur la situation et l'évolution des marchés mondial, régional et local des noix de cajou. Ceci aidera les producteurs à maîtriser dans une certaine mesure, le marché dans lequel leurs produits sont déversés. Dans ce cas, il s'avère nécessaire d'évaluer l'efficacité des systèmes d'information des marchés actuellement en vigueur.

    La mise sur pied par l'Etat et les Communes d'organisations professionnelles de producteurs et d'acheteurs permettra l'établissement d'un cadre de concertation pour ajuster l'offre à la demande, créant ainsi des conditions meilleures et durables de détermination des prix plancher.

    Dans la perspective d'un éventuel projet d'appui aux producteurs des noix de cajou, nous recommandons à l'Etat et aux ONGs, une action centrée principalement sur l'appui à la transformation locale. Il s'agira d'accompagner l'amélioration de la valeur ajoutée et de la qualité des produits par une intervention sur les systèmes de production et générer ainsi une nouvelle concurrence sur le marché de la collecte par la mise en oeuvre d'une commercialisation directe par les associations de producteurs.

    Le rapprochement des consommateurs directs des noix brutes des producteurs entraînera une réduction des coûts de transaction. Ce qui pourra augmenter la marge dégagée au niveau de chaque acteur.

    Pour régler le problème lié au bradage des noix de cajou, l'Etat, les Communes et les ONGs peuvent mettre sur pied dans les localités concernées, des systèmes de crédit direct d'appui aux producteurs des noix de cajou spécialement. Ces systèmes peuvent prendre la forme de Crédit Stockage. Dans un tel système, le producteur qui se trouve dans des besoins pressants de liquidité peut s'adresser aux structures de microfinance auprès desquelles il empruntera de l'argent tout en mettant en garantie ses noix de cajou au prix courant du marché. Les structures concernées conserveront alors les noix de cajou et se chargeront de les vendre lorsque les prix seront assez élevés sur le marché. Le surplus dégagé que nous appelons ici plus value sera retourné au producteur, après déduction de la dépréciation, des frais de stockage et de la part qui revient à la structure dans la plus value dégagée.

    Ce système qui n'est pas nouveau dans la commercialisation des produits agricoles vivriers au Bénin4(*) peut s'adapter à toutes les formes d'organisations de producteurs existant dans la zone, en passant du crédit individuel au crédit collectif.

    L'élaboration, l'expérimentation puis la validation par l'Etat, les ONGs et les Communes d'un pré- système de mise en marché collective des noix de cajou pourra également aider les producteurs non seulement à se passer des services d'un certain nombre d'acheteurs, mais aussi à augmenter leur propre marge et leurs capacités organisationnelles rendant alors le système de commercialisation plus efficace.

    Mais quelle que soit l'efficacité du système de commercialisation, le producteur va toujours se plaindre s'il n'insère pas dans sa plantation un mode de gestion plus moderne et mieux amélioré que les systèmes traditionnels existants. Dans cette perspective, il faudra se demander comment le producteur alloue-t-il actuellement les ressources dont il dispose dans le cadre de la conduite des plantations de noix de cajou ? Ainsi, il est nécessaire qu'une recherche soit menée dans ce sens afin d'améliorer les systèmes de production ayant intégré l'anacardier.

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    TABLE DES MATIERES

    TITRES PAGES

    CERTIFICATION.....................................................................................................

    i

    AVANT PROPOS.....................................................................................................

    ii

    DEDICACE..............................................................................................................

    iii

    REMERCIEMENTS...................................................................................................

    iv

    TABLE DES MATIERES.............................................................................................

    vi

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS.......................................................................

    ix

    LISTE DES TABLEAUX............................................................................................

    x

    LISTES DES FIGURES..............................................................................................

    xi

    LISTES DES SCHEMAS.............................................................................................

    xi

    LISTE DES CARTES.................................................................................................................................

    xi

    LISTE DES ANNEXES..............................................................................................

    xi

    RESUME................................................................................................................

    xii

    ABRSTACT.............................................................................................................

    xviii

    CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE 1

    1.1 INTRODUCTION 1

    1.2 PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION ET OBJECTIFS 3

    1.2.1 Problématique 3

    1.2.2 Justification 4

    1.2.3 Objectifs 8

    1.3 PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 8

    1.3.1 Situation géographique et administrative 8

    1.3.2 Milieu physique 12

    1.3.2.1 Climat 12

    1.3.2.2 Relief et sol 12

    1.3.2.3 Végétation et Hydrographie 12

    1.3.3 Milieu humain 13

    1.3.4 Contexte économique 13

    1.4 PRESENTATION DU MATERIEL VEGETAL 14

    1.4.1 Origine et distribution de l'anacardier 14

    1.4.2 Description l'anacardier et des noix de cajou 14

    1.4.2.1 Description de l'anacardier 14

    1.4.2.2 Description des noix de cajou 15

    1.4.3 Importance et utilité de l'anacardier 15

    CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE, HYPOTHESES ET METHODOLOGIE 18

    2.1 REVUE DE LITTERATURE 18

    2.1.1 Approches théoriques 18

    2.1.1.1 Approche néoclassique 18

    2.1.1.2 Approche des marchés contestables 19

    2.1.1.3 Approche de la nouvelle économie institutionnelle 20

    2.1.1.4 Approche des marchés agricoles 22

    2.1.2 Définition des concepts 22

    2.1.2.1 Marché 22

    2.1.2.2 Réseau commercial 23

    2.1.2.3 Clientélisme 25

    2.1.2.4 Courtier commercial 25

    2.1.2.5 Coût de transaction 26

    2.1.2.6 Commercialisation et système de commercialisation 27

    2.1.3 APPROCHES D'ANALYSE 31

    2.1.3.1 Approche Filière 31

    2.1.3.2 Approche sous secteur 33

    2.1.3.3 Approche circuit 33

    2.1.3.4 Paradigme Structure-Conduite-Performance (SCP) 34

    2.1.4 Point des études sur les noix de cajou au Bénin 37

    2.2 HYPOTHESES DE RECHERCHE 38

    2.3 APPROCHE METHODOLOGIQUE 39

    2.3.1 Phase préparatoire 39

    2.3.2 Phase exploratoire 39

    2.3.2.1 Etude exploratoire 39

    2.3.2.2 Choix des zones d'enquête 39

    2.3.2.3 Echantillonnage des producteurs des noix de cajou 40

    2.3.2.4 Echantillonnage des acheteurs des noix de cajou 41

    2.3.3 Phase de collecte des données 42

    2.3.4 Phase d'analyse des données 43

    2.3.4.1 Méthode d'analyse 43

    2.3.4.2 Techniques d'analyse 44

    2.3.4.3 Tests d'hypothèses 44

    CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS 48

    3.1 CARACTERISTIQUES DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU 48

    3.1.1 Principaux acheteurs des noix de cajou 48

    Acheteurs questionnés 48

    3.1.2 Caractéristiques des différents acteurs 52

    3.1.3 Instruments de mesure et Homogénéité du produit 53

    3.1.3.1 Instruments de mesure 53

    3.1.3.2 Homogénéité du produit 56

    3.1.4 Circuit de commercialisation 57

    3.2 CONDUITE DES DIFFERENTS ACTEURS DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU A BANTE ET SAVALOU 59

    3.2.1 Sources d'information sur la situation du marché 59

    3.2.2 Facteurs déterminant le prix moyen au producteur 61

    3.2.3 Arrangements d'achat et de vente 63

    3.2.4 Processus de concurrence 65

    3.3 PERFORMANCE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU 69

    3.3.1 Structure des prix 69

    3.3.1.1 Evolution spatiale et temporelle des prix 69

    3.3.1.2 Analyse comparative du prix au producteur et du prix plancher avant le lancement de la campagne. 71

    3.3.2 Evaluation de l'efficacité du système de commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou 72

    3.3.2.1 Analyse des coûts de commercialisation 73

    3.3.2.2 Analyse des marges de commercialisation 76

    3.3.2.3 Efficacité de la commercialisation 78

    3.3.3 Impacts de la commercialisation des noix de cajou sur les producteurs 79

    CHAPITRE 4 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 82

    4.1 CONCLUSION 82

    4.2 RECOMMANDATIONS 83

    BIBLIOGRAPHIE 86

    ANNEXES

    * 1 Projet anacarde : appui à la professionnalisation de la filière anacarde pour lutter contre la pauvreté et la désertification dans le Nord-Est de la Côte d'Ivoire. Internet

    * 2 Fruit sec indéhiscent (qui ne s'ouvre pas), mais qui se détache entièrement de la plante mère.

    * 3 Cellule de Concertation

    * 4 Le Promic a expérimenté ce système sous le vocable Crédit Stockage Vivrier.






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand