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L'aliénation dans la philosophie de Karl Marx et ses formes contemporaines

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par N'Gouan Mathieu Agaman
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Master 2 2008
  

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INTRODUCTION GENERALE

THEME

Le thème de notre recherche s'intitule « L'aliénation dans la philosophie de Karl Marx et ses formes contemporaines ». Un tel sujet nous impose d'exhumer et de brandir la pensée de Karl Marx sur l'aliénation avant de nous demander si celle-ci a gardé son sens marxien ou a subi une mutation. Cependant, si nous nous en tenons à la réflexion de Henri Lefebvre, exégète de Marx « aucune aliénation n'a disparu, au contraire d'autres aliénations nouvelles, surprenantes, ont aggravé les anciennes »1(*).

En clair, penser l'aliénation au XXIe siècle, c'est d'abord avec Marx, avant de jeter le regard sur nos structures sociologiques hautement technicisées.

La parution des textes du `'jeune Marx'' dans les années 30 avec en particulier les fameux brouillons regroupés sous le titre de « Manuscrits de 1844 »2(*) avait présenté l'aliénation sous son alcane économique. De fait, la question sous-jacente à cette aliénation économique fut la suivante : « que fait-elle de l'homme ? »3(*). Et sa réponse fut sans équivoque « les sentiments humains se situent en dehors de l'économie politique et l'absence de l'humanité se situe en elle »4(*). Autrement, l'économie politique n'utilisait l'homme qu'en tant qu'un moyen mais jamais en tant que fin et c'est là son « inhumanité »5(*). C'est d'ailleurs ce que semble montrer cette hypothèse marxienne dans Travail salarié et capital «supposons qu'un ouvrier fabrique en douze heures douze pièces d'une marchandise. Chacune d'elles coûte 2 marks de charbon et d'usure et est vendu 2 marks 50, [...] Le capitaliste va donner à l'ouvrier 25pfenngs par pièce, cela fait pour douze pièces 3 marks que l'ouvrier met douze heure à gagner. Le capitaliste reçoit pour les douze pièces 30 marks ; déduction faite de 24 marks pour la matière première et l'usure, restent six marks dont il paie trois marks de salaire et empoche trois »6(*). En d'autres mots la plus-value qui ressort du travail de l'ouvrier est empochée par le capitaliste ; pire, le travailleur, producteur de la plus-value et donc de richesse est aliéné dans le travail mais mieux par l'objet de son travail qui tend à s'objectiver. Mais comment le penseur de Trêve décrit-il cette aliénation ?

Pour Marx, le produit d'un travailleur devient une chose qui s'objective. Elle devient une réalité extérieure qui s'impose à lui, bien qu'il ait lui-même produite. A cet effet, dit-il « le fait exprime simplement ceci : l'objet que le travail produit son propre produit, se dresse devant lui comme un être étranger, comme une puissance indépendante du producteur »7(*). En ce moment, le produit du travail apparaît comme le travail qui s'est fixé, matérialisé dans un objet, il est objectivation du travail. Ainsi « la réalisation du travail est son objectivation »8(*). Par ailleurs, dans le monde de l'économie cette réalisation du travail apparaît comme « déréalisation  du travailleur, l'objectivation comme perte de l'objet et comme asservissement à celui-ci »9(*).

Au clair, la réalisation du travail se révèle être une déréalisation de l'ouvrier qui est déréalisé au point de « crever de faim »10(*). Aussi, le concept d'aliénation renvoie-t-il dans le philosopher marxien à la perte d'autonomie du travailleur dans l'activité productive elle-même ; car « le travail est extérieur, il n'appartient pas à son être dans son travail l'ouvrier ne s'affirme pas mais se nie ; il ne s'y sent pas à l'aise mais malheureux »11(*). Dans cette perspective, dans le travail, les hommes ne vivent pas leur propre vie, mais remplissent les fonctions préétablies. Pendant qu'ils travaillent, ce ne sont pas leurs propres besoins et leurs propres facultés qu'ils actualisent mais ils travaillent dans l'aliénation.

En un mot, le jeune Marx a étudié l'aliénation par le travail, résultat de la soumission du travailleur aux relations sociales. Relations sociales caractérisées dans le système capitaliste par la division du travail et par la production des marchandises. Dès lors, il s'agit pour l'individu travaillant de l'impossibilité de mettre en oeuvre ses propres capacités et qualités bloquées par ses entraves sociales et économiques « son travail n'est pas volontaire, mais contraint » 12

Sur cette base, le discours sur l'aliénation a constitué l'un des carrefours de la sociologie critique dans les Temps modernes et plus précisément au milieu du XIXe siècle, sous ses formes savantes comme sous ses formes populaires il a été un des pôles majeurs du discours public et politique de l'après-guerre et s'est diffusée avec une facilité déconcertante par les biais de l'enseignement, du journalisme, du cinéma, de la lecture .C est dans ce sens qu'abonde François châtelet , dans sa présentation de la Critique de la philosophie du droit de Hegel en écrivant ceci « la référence à l' aliénation n' a pour terrain que les discussions de lutte entre intellectuel » 13

En bref, en occident et ailleurs, pendant l'intervalle d'un peu plus d'une décennie, l'aliénation a constitué le terme clé d'un discours critique qui voulait prendre acte obsolescence de la problématique du paupérisme. Le discours philosophico-sociologique sur l'aliénation a donc servi de carrefour à un ensemble disparate d'approches méthodologiquement et thématiquement très diverses à savoir le capitalisme, les institutions caractéristiques de la rationalisation, la société de consommation, la culture industrialisée, les médias de masse qui voulaient toute trouver une inspiration authentique dans l'image subjective de grandes machines anonymes et froides dans la société contemporaine et capable d'enclencher les dynamiques irrépressibles. De proche en proche, tous les phénomènes sociaux menaçaient même de se voir ré décrits selon le modèle de l'aliénation ; tous semblaient illustrer ce mouvement d'une extériorisation qui tourne mal. D'où la complexité de l'aliénation ou encore `' le désigné indésignable'' car « la notion même d'aliénation est problématique »12(*). Cependant, au fond, dans toutes les approches, l'aliénation restait bien le fait que l'homme se perdait, se déshumanisait dans ses nécessaires qui rendait alors la société intransparente à elle-même. Ainsi, concevoir la société contemporaine comme « une société de consommation » fille des nouvelles technologies et partant la critiquer n'est-ce pas mettre en scène la dialectique de l'émancipation anthropologique ? Pour faire simple, peut  on dire que l aliénation contemporaine est tributaire du boom technologique de la postmodernité ?

JUSTIFICATION DU THEME

En ce XXIe siècle où la propriété privée est plus que jamais légalisée ; où la démocratie semble garantir les droits de l'homme et du citoyen et où les Etats sont devenus les partenaires économiques, quel intérêt y-a-t-il à relire Karl Marx, penseur qualifié d'ennemi de « la société ouverte »13(*) par Karl Popper épistémologue contemporain ? Sinon en quoi ce penseur allemand qui est mort il y a 126 ans peut-il nous être utile ? Voilà autant de question qui s'imposent à notre cheminement intellectuel.

A ces questions, nous répondons que la doxa ne peut imputer à Marx les mésusages idéologiques qui ont été faits de ces théories dans tel ou tel contexte politique après sa mort en 1883 ; mais aussi que l'idée même d'émancipation , notion chère à Marx, conserve à nos yeux toute sa pertinence, toute son actualité. En effet, depuis sa critique de la philosophie du droit de Hegel, Marx est arrivé à la conclusion selon laquelle c'est la société qui est la clef de l Etat .Cependant, dans la perspective marxienne, la société civile repose elle-même sur un ensemble de rapports sociaux qui sont le résultat de l'activité économique de l'homme .Autrement, ce sont les activités économiques qui régissent la vie communautaire des hommes. Cela dit, on peut en déduire que l'Etat étant par définition une communauté humaine vivant sur un même territoire et soumise aux mêmes lois, aux mêmes autorités, a pour fondement l économie politique .mais avec Marx cette science humaine par définition : « ne s'occupe pas de l'homme »15. C'est d'ailleurs ce paradoxe que ce philosophe allemand va tenter de clarifier et déceler par-dessus toutes les contradictions qu'elle campe, qu'elle porte en elle et partant démontrer son inhumanité.

C'est cet effort unique de penséité, de voir l'arrière face de la littérature économique capitaliste qui nous a conduit dans l'époque moderne avec en ligne de mire Karl Marx. Cette époque qui était celle du zénith de la critique celle du « crépuscule des idoles » bien que ces mots s'attribuent à Nietzsche (1844-1900), un autre moderne, c'est bien Marx qui en a donné le « coeur »14(*),sa vitalité. En effet, il écrit « la critique n'est pas la passion du cerveau mais le cerveau de la passion ... Sa passion fondamentale est l'indignation, son oeuvre essentielle la dénonciation  »16.

Le choix de ce penseur s'est imposé par son souci de sauver l'homme de ces situations aliénantes. Par ses oeuvres, Karl Marx n'a-t-il pas fourni au vocabulaire philosophique des notions telles que le prolétariat, le travail aliéné, la révolution matérielle, le socialisme, le capitalisme et aux travailleurs cet appel atemporel : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! »15(*), qui fait de lui l'ami des pauvres et des travailleurs. On qualifie généralement sa philosophie de matérialiste. Dès lors, pour saisir sa portée, il faut tenir compte de certaines précisions. Dans le langage courant, les mots « idéalisme » et « matérialisme » servent, le plus souvent, à désigner des attitudes devant la vie et des jugements moraux que l'on porte sur ces attitudes. Est dit « idéaliste » celui qui a un idéal, de nobles sentiments, des ambitions élevées. Peut-être lui reproche-t-on à l'occasion de n'avoir pas tout à fait les pieds sur terre. En tout cas la hauteur de ses vues, la grandeur de ses acceptions forcent à l'admiration.

Au contraire, on nomme matérialiste, celui qui s'attache à son `'confort'', aux avantages personnels qu'il peut obtenir aux plaisirs les plus bas. Au sens philosophique, l'idéalisme, c'est la philosophie pour laquelle les idées, la pensée, sont premières, existent avant tout autre chose, la matière est la seconde. La philosophie matérialiste a la position contraire, elle considère que la matière est la réalité fondamentale, première.

En définitive, l'idéalisme qui donne la place aux idées, pensera que pour améliorer la société, il faut d'abord changer les mentalités ; la libération de la femme par exemple, sera principalement une question de changement de l'état d'esprit actuel. Le matérialisme, au contraire considère qu'il faut d'abord prendre de mesures concrètes pour changer l'état de fait et que c'est la condition pour que les idées évoluent. Par exemple, c'est en offrant aux jeunes filles une formation professionnelle aux métiers les plus diverses que l'on fera le mieux reculer l'idée selon laquelle elles ne sont pas capables d'exercer que les métiers féminins traditionnels. C'est d' ailleurs ce que tente d expliquer Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe  « il n'y a pas d'essences prédéfinies féminines » Ainsi Karl Marx invite-t-il ses contemporains à quitter le royaume de l'illusion métaphysique, le monde des diverses aliénations pour que l'homme sache que ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais plutôt la vie qui la détermine.

Par ailleurs, on peut trouver chez Hegel « à peu près tout ce qu'a dit Marx y compris le rôle du travail, de la production, des classes »16(*). De sorte que l'on ne peut nier la continuité entre ces deux pensées. Cependant, l'ordre et l'enchainement, l'orientation et la perspective, le contenu et la forme diffèrent radicalement de sorte que l'expression d'une brusque discontinuité ne s'impose pas moins que celle d'une continuité sans hiatus. Quel est donc ce hiatus ?

Hegel explique le monde comme étant l'automanifestation de l'idée ou de l'esprit.cet esprit qui est fondamentalement le même du monde, existe d'abord comme une sorte `'d'esprit pur'' existant avant le monde et les esprits humains. Autrement, l'aliénation serait dans l'esprit, dans la pensée abstraite. Ainsi, pour Hegel, tout se passe dans la pensée, dans l'abstraction, dans la `'conscience''. De ce fait, `'la résolution du problème'' de l'aliénation ne devrait qu'être affectée par la même abstraction. Mieux, de même que les aliénations ne sont conçues par Hegel que sur le mode abstrait, de même, selon lui, les éléments dont l'homme s'enrichit à travers les méditations successives ne constituent qu'un enrichissement abstrait. C'est d'ailleurs pour cela que Marx emploie ces formules dans La sainte famille « Hegel place ici au lieu de l'homme la conscience de soi : ainsi la réalité humaine aux visages multiples apparaît ici seulement comme une forme déterminée, comme une détermination de la conscience de soi [...] Hegel fait de l'homme, l'homme de la conscience de soi de l'homme, l'homme réel et donc conditionné. Il met le monde sur la tête sens dessus dessous »17(*). Ainsi donc, Hegel pose l'idée comme «  le réellement réel ».

Pour Marx, le stade de l'aliénation où il y a opposition du sujet à l'objet n'est qu'une transition. Maintenant, il faut penser l'aliénation dans l'extériorité de l'homme, car ce n'est pas la conscience qui détermine la vie mais plutôt la vie qui détermine la conscience. Entendons par le terme «extériorité », la société, la vie réelle de l'homme. C'est ce que Marx explique dans cette lumineuse phrase : « nos besoins et nos plaisirs ont leurs sources dans la société ».18(*) En suivant pas à pas l'itinéraire philosophique de Karl Marx par rapport à la notion d'aliénation, il sera judicieux de mettre en lumière les propositions de Feuerbach à l'égard de l'idéalisme hégélien.

En effet, ce philosophe allemand venant après Hegel, a renversé les positions idéalistes en positions matérialistes. Selon le `'ruisseau'' de feu qualificatif nominal marxien en parlant de Feuerbach, ce n'est pas l'idée qui engendre le réel, c'est-à-dire le monde matériel, c'est au contraire la réalité matérielle qui est à l'origine des êtres existants. De plus dans L essence du christianisme oeuvre majeure de Feuerbach, publiée en 1841, prenant à parti la religion en général, montre comment celle-ci est une idéologie qui a pour fonction de rassurer, de permettre, dans l au- delà, des satisfactions qui sont refusées ici-bas, de construire le double imaginaire qui confère idéalement ordre et spiritualité à un monde réel désordonné et sordide.

Ce renversant de la pensée hégélienne par Feuerbach va inspirer Marx. Mais pour ce dernier, l`aliénation doit définitivement sortir de l'aune de la pensée spéculative abstraite pour « prendre pour point de départ les pratiques sociales effectives ». D'où cette maxime « les philosophes n'ont qu'interpréter diversement le monde, il s'agit maintenant de le transformer ».19(*)

Ainsi, de la religion en passant par la politique et l'économie, Karl Marx, même s'il est victime de quelques contestations quelque peu fondées soient-elles demeure une référence. Nonobstant quelques remises en causes qui sont d'ailleurs le témoignage de la mutation sociale incessante avec son corollaire de libéralisme économique dans une société de consommation. L'oeuvre de Karl Marx a eu une prospérité considérable. Aussi est-ce dans la critique de l'histoire de la production capitaliste qu'on se débarrasserait de l'aliénation. En cela, Karl Marx a constitué une des figures non moins négligeables de l'investigation philosophique et surtout de l'amélioration de la vie sociale de l'homme. Ainsi, il va concevoir la philosophie non pas comme une discipline qui s'enfermerait dans des discours vains et oiseux mais un outil intellectuel de prise de conscience et surtout d'émancipation de l'homme. De fait écrit-il « l'émancipation de l Allemand, c'est l émancipation de l homme. La tête est la philosophie, son coeur le prolétariat ». Dés lors, sa conviction se résume en ces lignes : « (...) c'est dans la vie réelle que commence la science réelle positive, la représentation de l'activité pratique, du processus du développement pratique ». Marx se propose sans nul doute de transformer la philosophie dans la pratique et dans la théorie. Pour lui, donc, la seule arme fondamentale, c'est la critique ; la critique marxienne ne va pas se poser à un moment infini de la philosophie mais à élaborer une philosophie critique. Elle va être un mouvement de `'climanen'', de déclinaison, de la pensée et le réel, c'est-à-dire il aura une critique philosophie chez Marx dès lors qu'il montre qu'une démarche n'est pas en phase avec la réalité.

Les critiques menées dans les différents domaines tels que la religion et l'économie, de la même façon sa réflexion sur l'Etat ne finiront de nous convaincre du rôle unique qu'a eu ce penseur moderne et modèle dans l'histoire de la pensée occidentale et même en Afrique. C'est d'ailleurs, ce paradigme philosophique qui nous a tiré d'un `'sommeil dogmatique `'.Du coup, notre éveil va être auréolé d un constat : nos sociétés actuelles sont le reflet de multiples aliénations prédisposant l homme contemporain dans un malaise existentiel. Et selon nous, la pensée de Marx peut jouer aujourd'hui le rôle qu'a joué la physique de Newton par rapport à la physique moderne, celle de la relativité, de l'énergie nucléaire, des atomes et des molécules ; c'est-à-dire d'une étape dont il faut partir, une vérité à une certaine échelle, une date (une référence). Il n'est donc pour nous pas question, selon le schéma habituel du « révisionnisme » de considérer la pensée de Marx en fonction de ce qui y aurait de nouveau dans le monde depuis deux siècles. Au contraire, la démarche que nous voudrions adopter consiste en des déterminations de ce qu'il ya de `'nouveau'' dans le monde à partir des conceptions de l'aliénation d'avant Marx. Aussi, tenons-nous compte des changements dans les forces positives, les rapports de production, les structures sociales, car Héraclite le présocratique avertit-il en ces mots : « on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve ». Mieux encore « l'histoire a toujours remplacé un système de conditionnement par un autre »20(*), renchérissait Herbert Marcuse.

ESSAI DE PROBLEMATISATION ET ORIENTATION DE LA THESE

Selon la définition d'André Lalande2(*)2 de l'aliénation, celle-ci serait engagée dans une histoire de psychologie, de maladie mentale dans laquelle le sujet aliéné serait dangereux pour lui-même ou pour les autres sans être légalement responsable du danger qu'il constituerait. Cette définition, en descendant dans le fond comporterait une gangue idéaliste puisqu'elle engage l'esprit, Le psychisme et un noyau matérialiste ; car le danger, qui en résulte, a un effet sur la matière, sur l'extérieur, lesquelles soumettrait donc le concept au rouet de la lutte éternelle entre le matérialisme et l'idéalisme. Mais un regard rétrospectif sur l'histoire de la pensée montre que c'est l'aliénation elle-même qu'il faut pluraliser selon les conceptions diverses. Qu'est-ce-à-dire ?

S'il est vrai, en effet, que l'aliénation comporte un noyau, c'est celui-ci, lui-même qui est fendu et éclaté en plusieurs versants devenus autant de version de l'aliénation. Dans ces conditions, il n'est donc pas superflu de s'interroger sur les diverses formes de l'aliénation pré-marxienne, marxienne, post-marxienne. Car cette notion se trouve prise dans un vertige qui la pousse dans toutes les directions. Les conceptions ont tant multiplié leurs divergences qu'il est devenu quasiment impossible de les ramener à une même notion. Autrement dit, l'aliénation serait aliénée et aliénante, séparée d'elle-même.

Dans cette profusion de sens, il s'est installé l'impression désagréable que l'aliénation a perdu toute signification univoque. Notre objectif sera donc de faire une remise en perspective de la notion de l'aliénation. Il ne saurait être une volonté d'achèvement, mais simplement une tentative de poser la question en attirant l'attention sur la diversité des interprétations, ces métamorphoses et les dangers qui les provoquent. À cet effet, l'aliénation, comme on le voit, est donc une notion complexe dont la chasse ne peut s'identifier à une pêche à la ligne.

Cependant, dans une sorte « d'approximation grossière »2(*)3, on peut classer les acceptions du concept en deux catégories opposées selon « le palabre » de l'idéalisme et du matérialisme. Il y a une acceptation « positive » qui définit l'aliénation comme enrichissement de l'être ; comme moment du devenir total de « l'en-soi-pour-soi ». Plus précisément dans la dialectique expérimentale ou phénoménologique de la conscience, l'aliénation est le processus par lequel « le moi sujet » projette « le moi substance », c'est-à-dire la vérité hors de lui-même devient aussi l'extérieur. Ce qui est bien exprimé par le terme allemand `'Entäusserang'' qui veut dire extériorisation.

À l'opposé, il y a une acception non pas négative mais pratique ou encore qui trouve son moment d'exercice dans la praxis dans laquelle l'aliénation s'annonce comme des situations dans lesquelles l'Homme s'est perdu, a perdu sa liberté et donc il faut le sauver. Tel est d'ailleurs le voeu de Marx. Pour ce penseur de Trêve, l'aliénation est un phénomène total. Elle concerne l'homme existant comme Homme, d'où l'humanisme beat de ce penseur. Vérité et existence se trouvent ici unies : elles sont ensemble mises en question, elles sont ensemble retrouvées.

Pour Hegel, qui se sait en possession de l'achèvement du savoir, tout est intégré, tout est reçu, tout est simple moment du devenir total. Chez Marx, au contraire, nous nous trouvons non pas au terme du savoir mais au coeur d'une tâche dans laquelle, les hommes sont en état de tension, de lutte. Autrement dit, Marx est plus attentif à une perte par détermination ou l'objectivation qu'a un enrichissement par les déterminations successives. Dès lors, Marx a une conception plus large de l'aliénation débordant en particulier de l'économie sur l'idéologie et le politique, mais il est préoccupé surtout par l'aliénation fondamentale qui est celle du travailleur salarié. A ce titre, le concept d'aliénation peut être rapproché sans grand risque des termes d'exploitation, d'oppression, mais l'auteur du Capital est plus `'riche'', il y ajoute cette notion particulière que traduisent les mots tels que `'dépouillement, dessaisissement, dépossession'' ; le travailleur salarié est dépouillé de ses instruments de production, ceux qu'il utilise sont la propriété du capitaliste qui a acheté sa force de travail. Il est dépossédé du produit matériel de son travail et pire « plus le travail est devenu intelligent, plus l'ouvrier s'est abruti et est devenu l'esclave de la nature »2(*)4. Ainsi donc, notre démonstration ici nécessite d'être établi dans les rapports du trinôme économique et politique et société. Pouvons- nous aller à l'essentiel en disant que Hegel a pensé l'aliénation sous son alcane idéaliste théorique et Feuerbach en apportant sa vision, a renversé les positions idéalistes sous le couvert de la critique de la religion. Car pour lui, ce n'est pas l'idée qui engendre le réel, c'est-à-dire le monde matériel, c'est au contraire, la réalité matérielle qui est à l'origine des êtres existants.

Avec Marx, l'aliénation est une forme spécifiquement capitaliste dans laquelle « l'économie politique dissimule l'aliénation dans l'essence du travail en refusant de considérer le rapport direct entre l'ouvrier (le travailleur) et la production » et surtout anthropologique qui s'origine dans un dispositif de production où l'échange est étendu à tout l'univers social. Cependant, avec l'école de Francfort, notamment avec Marcuse, « le concept d'aliénation devient problématique », car les individus se retrouvent dans les objets qui modèlent leur vie. Mieux, ils s'identifient à l'existence qui leur est imposé et qu'ils y trouvent réalisation et satisfaction.

Telles sont de façon succincte les mutations qu'a subi la notion d'aliénation à l'époque des penseurs modernes. Pour montrer le mécanisme évolutif de la compréhension de cette notion, nous nous proposons d'articuler notre réflexion provisoirement autour de deux grands axes. Dans la première partie, nous parlerons de l'aliénation comme notion problématique. L'aliénation de son essence allemande, marque ce qui est étranger (entfredung) et extériorisation (veranssenung). Mais l'extériorisation est  elle richesse ou déshumanisation ?

Telle est notre préoccupation à ce niveau de réflexion. Dans la deuxième partie, nous montrerons les nouvelles formes de l'aliénation. Autrement, nous avons conscience d'une ancienne avec son corollaire de la critique économique faite par Karl Marx. Cependant, avec les nouvelles technologies et la mondialisation des marchés économiques, la logique critique de ce penseur peut elle être dépassée, dé-passable au sens hégélien du terme : « le terme dépassé est en même temps quelque chose de conservé qui a seulement perdu son existence immédiate »25. Bref chaque époque a -t - elle son aliénation ?

25_ JACQUELINE (Russ), Dictionnaire de philosophie (Paris, Bordas, 1996), P67

PLAN PROVISOIRE DE LA THESE

INTRODUCTION GENERALE

PREMIERE PARTIE : L'ALIENATION : Notion problématique

· CHAPITRE I : Les controverses sur l'aliénation

A - Hegel et sa présentation positive de l'aliénation

B - La révolution du discours feuerbachéen de l'aliénation

· CHAPITRE II : Les déterminations anthropologiques marxiennes de l'aliénation

A - Le travail aliéné

B - L'argent, symbole de dépossession de l'homme

C - Du dépassement possible de l'aliénation chez Marx

DEUXIEME PARTIE : Les formes nouvelles de l'aliénation

· CHAPITRE I : Les nouvelles formes de contrôle

A - La rationalité scientifique et technologique

B - De la société de production à la société de consommation

· CHAPITRE II : L'aliénation économique contemporaine

La mondialisation : Une idéologie économique aliénante

CONCLUSION GENERALE

PREMIERE PARTIE: L'ALIENATION, notion problématique

CHAPITRE I : LES CONTROVERSES SUR L'ALIENATION

A - HEGEL ET SA PRESENTATION POSITIVE DE L'ALIENATION

Hegel est le philosophe allemand qui, au niveau philosophique, a le premier élaboré ce concept complexe et spécifique de l'aliénation. Même Marx en a conscience en écrivant ceci : « A l' origine, le terme d'aliénation est un terme économique et juridique. C'est Hegel qui l'a élevé à la dignité philosophique »2(*)6. Par ailleurs, si nous partons du fait qu'être aliéné signifierait de façon littérale, devenir autre. Or si devenir `'autre'' ne veut pas dire que le `'je'' serait devenu un quelconque `'tu''. Alors, avec le philosopher hégélien, l'idée du même est sans équivoque puisque c'est le même qui a subit son négatif, car dit-il : « toutes les choses sont contradictoires en soi »2(*)7.

La contradiction est la marque de l'infini dans le fini pour l'obliger à sortir de soi. Elle est la négation de soi-même et l'affirmation de soi comme autre. Il y a ainsi, opposition dans l'être qui est travaillé par le négatif. Cette conscience de la contradiction dans les choses et surtout son dépassement, Hegel les trouve dans la dialectique qui traduit le mouvement intrinsèque de la réalité. La contradiction est l'âme de la dialectique et elle s'incarne dans les figures de l'aliénation et la scission qui traduit le mouvement dialectique même.

La dialectique n'est pensable qu'en présupposant la division, la scission et les deux figures dialectiques, que sont l'aliénation et la scission s'articulent ontologiquement. Ainsi, elle implique la différence qui suppose toujours la division de l'un. Toute position appelle négation et négation de la négation. A ce sujet, Merleau Ponty (1908-1961) soulignait que la notion hégélienne de négation n'est pas une solution du désespoir, un artifice verbal pour sortir de l'embarras. Elle est la formule de toute contradiction opérante. Autrement, la négation de la négation, c'est le mouvement simple qui consiste à se poser, à se nier et à se reprendre ; c'est ce que Hegel entend par dialectique et cet `'entendement'' dialectique est la marque généreuse d'une positivité, d'une positive réconciliation de l'être. En effet, pour accéder à l'unité, il faut toujours dépasser l'opposition et la vraie unité est celle qui provient de la division.

Pour Hegel, effectivement, il n'est pas d'unité que dans la division. L'esprit, s'étend trouvé aliéné et donc divisé, doit se reconquérir comme unité. De fait, pour Hegel, l'aliénation signifie perte, reconquête et donc acquisition d'une positivité. D'où cette affirmation calvezienne « chez Hegel, (...), l'aliénation est (...) considérée avec sérénité : le terme n'a pas en général un sens péjoratif »2(*)8.

Cette sérénité hégélienne laisse transparaître que l'aliénation est comme le destin universel. Tout être qui aspire à sa propre plénitude se voit soumettre à la nécessité de se nier, de se poser en s'opposant à soi, à se réaliser en se séparant de son essence pour résorber ensuite cette opposition et surmonter cette séparation. Autrement, il faut « passer la nuit de l'au-delà et l'aliénation totale pour pouvoir poser réellement la question de la réconciliation totale de l'homme avec lui-même dans le jour spirituel du présent »2(*)9. Autrement, Hegel fait de l'aliénation positive, une abstraction, un fait seulement spirituel.

B - LA REVOLUTION DU DISCOURS SUR L'ALIENATION PAR FEUERBACH

Feuerbach, philosophe allemand venant après Hegel va opérer une sorte de révolution quant au concept de l'aliénation. En effet, `'le ruisseau de feu'' va renverser les positions idéalistes en position matérialiste. Selon lui, ce n'est pas l'idée qui engendre le réel, c'est-à-dire le monde matérielle. C'est au contraire, la réalité matérielle qui est à l'origine des existants. Autrement, les rapports réels de la pensée et de l'être sont les suivant : l'être est sujet et la pensée attribut...la pensée vient de l'être et non l'être de la pensée. De ce fait, Feuerbach reprend à compte la notion hégélienne de l'aliénation mais pour sa part de façon renversée. Pour lui, il n'est d'aliénation que l'homme réel. Aussi, démontre-t-il dans le religion que l'homme projette hors de lui sa véritable essence et se perd dans un monde illusoire qu'il a lui-même crée, mais qui le domine comme une puissance étrangère. C'est pour cela d'ailleurs que Karl Marx reconnait en un certain temps en lui la voix vers la vérité et la liberté.

Par ailleurs, si avec Hegel, dans un souci dialectique l'homme projette son essence hors de lui, avant de la retrouver ; avec Feuerbach, la religion révèle à l'homme son essence mais en la contractant en Dieu. Tel est le hic car elle l'en dépouille voire l'aliène. Autrement, l'homme crée un être générique de l'homme qui devient étranger à lui-même et le fixe dans une objectivité supra-humaine.3(*)0 Ainsi donc le philosopher feuerbachéen par le canal de la critique de la religion et du christianisme, plus spécifiquement, présente l'homme aliéné par le fait d'une création, sa création qui est Dieu. Cependant, en faisant appel à l intuition sensible, il considère passivement la sensibilité, sans la relier à l activité pratique. Il oublie donc que l homme se modifie en modifiant les circonstances. En ce sens, son philosopher va seulement dissoudre le monde religieux dans le monde profane en oubliant que la séparation de ces deux mondes a son fondement dans le monde profane lui-même, divisé par des antagonismes.

CHAPITRE II : LES DETERMINATIONS ANTHROPOLOGIQUES MARXIENNES DE L'ALIENATION

A- LE TRAVAIL ALIENE

Le travail peut se définir comme une activité de transformation de la nature propre aux hommes et qui les met en relation. Interrogeant son étymologie, le mot `'travail'' nous renvoie au concept latin `'Tripalum'' qui désigne un instrument de torture. Par le travail, c'est-à-dire par l'utilisation des instruments où des outils, l'individu donne une nouvelle forme à la nature. Le monde devient un monde nouveau. Par lui, l'individu parvient à dominer, à maitriser la nature, à sortir de son être immédiat. Car «l'objet du travail est fourni par la nature »21(*)31. C'est dans ce sens que Marcuse affirme : « le travail appartient au domaine de la nécessité ».3(*)2

C'est par le travail que l'individu améliore ses conditions d'existence et développe ses facultés intellectuelles. En d'autres termes, on peut donc dire que le travail se pose comme le moyen d'affirmation de soi. C'est ce que dit d'ailleurs Voltaire dans Candide en ces mots : « le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ». Il permet à l'individu de s'épanouir afin d'accéder au bonheur et au bien-être social. C'est ainsi qu'il crée et élargi la base matérielle de la civilisation. Si l'objet du travail est une chose où un ensemble de chose que l'individu interpose entre lui et l'objet de son travail comme conducteur de son action, il se sert alors des propriétés mécaniques, physiques, chimiques pour agir dans l'intension de parvenir à une fin précise. L'emploi et la création de moyens de travail, quoiqu'ils se trouvent en germe chez quelques espèces animales, caractérisent éminemment le travail humain : « seul l'homme est un animal fabricateur d'outils (a Tool making animal) ».3(*)3

Cependant, chez Marx, l'ouvrier est aliéné dans le travail. En effet, chez lui, plus l'ouvrier s'approprie, par son travail, le monde extérieur, la nature sensible, plus il se prive de moyens de subsistance, et cela doublement : « premièrement, le monde extérieur sensible cesse de plus en plus d'être un objet appartenant à son travail, un moyen de subsistance de son travail ; deuxièmement il cesse de plus en plus d'être un moyen de subsistance au sens immédiat, c'est-à-dire il cesse d'être un moyen de subsistance de l'ouvrier ».3(*)4 De ce double point de vue marxien, l'ouvrier devient donc l'esclave de son objet. En effet, il reçoit un objet de travail c'est-à-dire du travail ; mieux il reçoit un objet des moyen de subsistance. Il lui doit donc la possibilité d'exister en tant qu'ouvrier et en tant que sujet physique et « le comble de cette servitude est que seule sa qualité d'ouvrier ou de travailleur lui permet de se conserver en tant que sujet physique et que ce n'est plus en tant que sujet physique qu'il est ouvrier. »35

L'aliénation de l'ouvrier dans son objet s'exprime selon les lois de l'économie résumées par Marx en ces mots : « plus l'ouvrier produit, moins il a à consommer, plus il crée des valeurs, plus il perd sa valeur et sa dignité, plus il forme son produit, plus l'ouvrier est difforme, plus son objet est civilisé, plus l'ouvrier est barbare, plus le travail est puissant, plus l'ouvrier est impuissant »36. En clair, dans le travail productif, l'homme est déshumanisé. Aussi, l'économie politique dissimule t elle l'aliénation dans le sens du travail en refusant de considérer le rapport direct entre l'ouvrier (le travail) et la production, et c'est ce que Marx tente de démasquer. Certes, «  le travail produit des merveilles pour les riches mais pour l'ouvrier, il produit le dénuement. »37.

Dans cette perspective, chez Marx, si l'homme ne peut s'épanouir dans le travail, il est contraint par le pouvoir économique ; or, « le royaume de la liberté commence seulement là où l'on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l'extérieur. Autrement le travail ne doit plus être ce Tripalum originel c'est ainsi qu'à la fin des « Manuscrits de 1844 » il établit une nouvelle société où chaque individu doit se trouver intégré dans le travail productif avec les autres hommes et dans une lutte commune avec la nature. S'il ya aliénation, c'est parce qu'il ya exploitation de l'individu dans la société par le détenteur des moyens de production. Et ce système est propre au capitalisme. Selon Weber, « le capitalisme est identique à la recherche du profit, d'un profit toujours renouvelé dans une entreprise continue, rationnelle et capitaliste. Il est la recherche de la rentabilité. Il se définit par l'existence d'entreprises dont le but est de faire le maximum de profit et dont le moyen est organisation rationnelle du travail et de la pensée ».3(*)8 En un mot, le travail aliéné est le fait de l'égoïsme du capitaliste. 

En définitive, si le travail est le père et la mère de la richesse comme le dit William Petty, il est aussi source d'aliénation dans le philosopher marxien. Mieux, Marx rejette ce slogan pompeux à teinture capitaliste : « le travail est la source de toute richesse et de toute culture ».En effet , pour lui, cette phraséologie s' inscrit plus que jamais dans l'optique de l' économie politique bourgeoise ; car l' activité est une activité matérielle , qu' il s accomplit dans certaines conditions et qu' il implique les moyens spécifiques c' est- à-dire sociaux et nécessitant la présence d'une classe démunie de capital . Marcuse ne semble pas dire le contraire dans  Eros et Civilisation : « le travail aliéné, c'est l'absence de satisfaction, la négation du principe de plaisir ».3(*)9

Et encore, si le travail n'apparait dans le discours des économistes capitalistes, que sous la forme d'activité en vue d'un gain, c'est que l'ouvrier, au stade de « l'économie », ne met plus sa vie en action que pour acquérir les moyens de subsister .Si l'ouvrier ne se sent pas auprès de lui-même qu'en dehors du travail ,c'est qu'il n'y voit qu'un moyen transitif en vue de la jouissance .Pour le dire en termes kantiens, la synthèse a priori du travail et du plaisir devient sous le capitalisme `'necessitas problematica `' ,impératif hypothétique :si tu veux manger ,travaille ;c'est que le travail y a atteint le « degré suprême de l'aliénation »40.Pire ,ce qui va compter pour le travailleur ,ce sera la rémunération en argent que consentira le capitaliste après l'opération de production.

B - L'ARGENT, SYMBOLE DE LA DEPOSSESSION DE L'HOMME

En tant que moyen d'échange, remplaçant le « troc », l'argent a depuis lors été saisi par les économistes capitalistes comme une marchandise qui dépendait du rapport entre les frais de production, de l'offre et de la demande. Dès lors, Marx en se demandant si le salaire est déterminé par le prix en argent, écrit « Au XVIe siècle, lors et l'argent en circulation en Europe augmentèrent par suite de la découverte en Amérique de mines plus riches et plus faciles à exploiter ».

De ce fait, la valeur de l'or et de l'argent baisse par rapport aux autres marchandises. Ces ouvriers continuèrent à recevoir la même masse d'argent monnayée que le prix en argent du travail, le salaire réel nominal, ne coïncide pas avec le salaire réel, c'est-à-dire avec la quantité de marchandise qui est réellement donnée en échange au salaire. Autrement, si le salaire nominal, c'est-à-dire la somme d'argent pour laquelle l'ouvrier se vend au capitaliste, si le salaire réel, c'est-à-dire la quantité de marchandises qu'il peut acheter est réel. Cependant cet argent n'épuise pas les rapports contenus dans le salaire. 4(*)1

Le salaire est déterminé avant tout par son rapport avec le gain, avec le profit du capitaliste. Ainsi, le rapport de l'homme à l'homme est régulé par le gain, le salaire puisque sans celui-ci les objets de la substance ne peuvent venir à l'homme. La marchandise de l'argent pose l'homme et l'objet à égale distance. Autrement exprimé, là où il y a frais de production où de demande, il y a l'objet et en même temps l'homme ; puisque c'est l'homme qui est au début et à la fin de ce trépied économique. Par ailleurs, l'économie politique, dans sa visée de la création et de la circulation va poser l'argent au centre de l'existence humaine, mais en dehors de l'homme, c'est là son inhumanité. D'où cet adage populaire, `'celui qui n'a rien, n'est rien'' ; or, avec Erich Fromm, fin lecteur de Marx « «plus on a, plus on aliène sa vie »4(*)2.  C est donc dire que plus l'homme s'abandonne à l'avoir, à l'argent, moins il se possède lui-même. L homme met sa vie dans l objet et dés lors celle-ci ne lui appartient plus, elle appartient à l objet : « Tout ce que l'économiste vous prend en matière de vie et d'humanité, il vous le rend sous forme d'argent et de biens matériels »4(*)3 .Comment peut il en être autrement quand, en à croire Marx, la vie elle-même est considérée comme la guerre des intérêts et l argent le nerf de cette guerre ? Quelle guerre peut-on alors gagner sans armes ? Pour dire avec Marx que dans la société bourgeoise aucune existence ne semble possible sans argent.

Ecoutons ce que ce penseur allemand dit à ce propos : « l'argent est l'entremetteur entre le besoin et l'objet, entre la vie et le moyen de subsistance de l'homme  ». Il ressort de ce qui suit que l argent se pose comme le médiateur, servant de lien entre toutes chose ; il place donc l homme et l objet à égale distance. Ainsi, Marx écrit « ce qui grâce à l argent est pour moi, ce que l argent peut acheter je le suis moi-même moi le possesseur de l'argent ».En somme, retenons nous chez Marx, que la perversion et la confusion de toutes les qualités humaines et naturelles, `'la fraternisation `' des impossibilités de l' argent sont impliquées dans son essence en tant qu' essence générique aliénée des hommes : « il est la puissance aliénée de l'humanité »44

C - DU DEPASSEMENT POSSIBLE DE L'ALIENATION CHEZ MARX

Penser avec Marx la fin de l'aliénation, c'est penser aux moyens de parvenir à la réalisation de l'homme total. Tel est l'enjeu de son action intellectuelle et son messianisme. En effet, la question qui l'a préoccupé, occupé et amené à porter son regard critique sur toute la sphère de la vie sociale, est celle de l'émancipation humaine. Le but de l'histoire est, alors, la réalisation complète de l'humain, l'avènement de l'homme total. Mais il semble bien que Marx ait vu en la fin de l'aliénation économique la fin de toutes formes d'aliénations. C'est que chez lui, l'aliénation économique est celle de la « vie réelle » ; sa suppression embrasse donc toutes les autres. L'aliénation économique est donc décrite et dévoilée dans ses formes et fonctions dans Les manuscrits de 1844 et aussi plus tard dans son célèbre ouvrage Le Capital mais avec un nouveau vocable  : le fétichisme de la marchandise et apparaît comme le fondement même des aliénations. Viser son dépassement ou du moins sa suppression de toutes ces autres, c'est dire que notre `'être-au-monde'' est aliéné. Dès lors, comment le penseur de Trêve se convint-il de la suppression de l'aliénation ?

44_ Marx (Karl), Manuscrits de 1844 (Paris, Editions sociales,1969), p122

Marx a eu très tôt conscience que c'est dans la priorité que s'origine l'aliénation économique et le dépassement de celle-ci signifie l'abstraction de la propriété privée. Aussi, de ce rapport du travail aliéné à la propriété privée, il résulte, en outre, que si la société se libère de la propriété privée, de la servitude, etc., cette libération prendra la forme politique de l'émancipation des ouvriers. Mais il ne s'agit pas seulement des ouvriers, car après la dictature du prolétariat, moment transitoire de l'histoire, l'émancipation prolétarienne deviendra l'émancipation universelle de l'homme, parce que toute la servitude humaine est impliquée dans le rapport de l'ouvrier à la production, et que tous les rapports de servitude ne sont que des variantes et des conséquences.4(*)5 Le fait important à souligner est qu'il fait porter toute la dynamique de la désaliénation à la classe ouvrière, à la classe prolétaire d'où cet appel « prolétaires de tout pays, unissez-vous ! »46. Et ajoute Marcuse Herbert « la solidarité reste le facteur décisif, ici aussi Marx a raison ».4(*)7 En d'autres mots, dans la logique marxienne de la libération de l'espèce humaine, l'union, l'unité est le socle, le fondement, le ciment. Ainsi, le mouvement de désaliénation va être exercé par la classe prolétarienne et c'est même elle qui va donner son impulsion ; car les prolétaires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner.48

L'économie est la base de l'aliénation. En effet, affirme-t-il « Les sentiments humains se situent en dehors de l'économie politique et l'absence de l'humanité se situe en elle ».4(*)9 Telle est la prémisse majeur de Marx, et la mineure sera développée en ces termes  « On comprend aisément pourquoi tout le mouvement révolutionnaire trouve nécessaire son fondement tout théorique qu'empirique dans le mouvement de l'économie ».5(*)0 Le mouvement révolutionnaire est ainsi porté par la classe ouvrière et l'aliénation, née avec la propriété privée, ne peut disparaître qu'avec elle. La pensée de Marx se précise : c'est au communisme qu'il confère cette tâche de désaliénation, d'humanisation de restauration de l'humanité de l'homme. De fait le philosopher marxien présente l'enseignement que l'homme est l être suprême de l'homme, c'est-à-dire à l'impératif catégorique de renverser tous les rapports sociaux qui font de l'homme un être humilié, asservi, abandonné .Cependant, maintes questions se laissent poser en ce deuxième millénaire. Suffit-il de penser la désaliénation pour qu'elle soit effectivité ? Ou encore, le concept d'aliénation n'a-t-il pas survécu à cette profession de foi de Marx quant à sa disparition ? La société de consommation de notre ère n'a-t-elle pas crée une nouvelle forme d'aliénation ? Tel sera le centre d'intérêt de la deuxième partie de notre travail.

DEUXIEME PARTIE : LES NOUVELLES FORMES DE

L'ALIENATION

Qu'attendons-nous par formes nouvelles de l'aliénation ? De façon concrète, dans le groupe de mots « formes nouvelles », nous avons `'formes'' et `'nouvelles'' qui supposent qu'il y a eu des anciennes ou modernes formes de l'aliénation. Aussi faut-il distinguer l'aliénation du XIXe siècle à celle du XXIe siècle. Au X1Xe siècle, l'aliéné avec Marx était en première instance le prolétaire, car dit-il « l'existence d'une classe ne possédant rien que sa capacité de travail est une condition première [...] du capital ». Mais qui est le prolétaire ? Le prolétaire est avant tout un travailleur manuel qui dépense et qui épuise son énergie physique au cours du travail, même s'il travaillait sur des machines. Pour s'approprié la plus-value, le capitaliste achetait et utilisait cette énergie humaine dans des conditions animalisantes, c'est ce qui donnait à l'exploitation ses aspects révoltants et inhumains. Marx avait donc dénoncé la peine physique, la misère physique du travail. Tel est d'ailleurs, l'élément matériel, tangible que l'on trouve dans l'esclavage salarié et l'aliénation.

Mais aujourd'hui, le mécanisme du travail est de plus en plus perfectionné dans le « capitalisme avancé », tout en soutenant l'exploitation, modifie l'attitude et le statut de l'exploité. De fait, en comparant les conditions du travailleur aliéné du X1Xe siècle critiquées par Karl Marx à celle du XX1e siècle, on pourrait très vite dire que dans les stades antérieurs du capitalisme, le capitalisme perdait « sa valeur et sa dignité ». A contrario, le travailleur contemporain exerçant dans les secteurs de la société vit l'aliénation de façon voilée voire `'raffinée'', car sa vie est sous le contrôle de la technologie où encore de la rationalité technicienne.

CHAPITRE I : LES NOUVELLES FORMES DE CONTROLE

A- LA RATIONALITE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE

La technique est un procédé particulier, une « tactique » que l'on utilise pour mener une bonne opération concrète, pour fabriquer un objet matériel ou l'adapter à sa fonction. Elle est aussi l'ensemble des applications des connaissances scientifiques à la production (la production industrielle) de biens et de produits utilitaires. Car, comme le dit Marcuse, « les techniques fournissent la base même du progrès, la rationalité technique fournit le modèle d'esprit et le comportement pour les réalisations productives ».

Avec les penseurs scientifiques comme Descartes, on constate que le développement de la technique aura comme corollaire la désacralisation de la nature. La nature ayant perdue son caractère sacré, devient un objet que l'on doit manipuler en vue de sa survie. Bref, avec Descartes s'institue un nouvel ordre, celui de l'individu. L'individu devenu ingénieur, technicien, doit être « comme maître et possesseur de la nature. ». Malgré ces projets audacieux visant le bonheur de l'individu, celui-ci ne cesse d'être la proie de mille souffrances.

Cette souffrance de l'individu est accentuée par l'évolution de la science et de la technologie. Tel est d'ailleurs le regret de Hans Jonas en ces termes : « la promesse de la technique s'est inversée en menace ». C'est dire que la technique loin de tirer l'individu de sa souffrance, pèse au contraire sur lui comme l'épée de Damoclès.

En effet, avec la révolution industrielle, l'outil commence à être mû par un mécanisme et non par la main de l'ouvrier. C'est elle qui inaugure au XVIIIe siècle la révolution industrielle : « machine-outil, écrit Marx est donc un mécanisme qui ayant reçu le mouvement convenable exécute avec ses instruments les mêmes opérations que le travail leur exécutait auparavant avec des instruments pareils. Dès que l'instrument, sorti de la main de l'homme est manié par un mécanisme, la machine outil a pris la place du simple outil. Une révolution s'est accomplie alors même que l'homme reste le moteur. Le nombre d'outil avec lesquels l'homme peut opérer est limité par le nombre de ses propres organes. L'organe d'opération manuel, que la révolution industrielle saisi tout d'abord laissant à l'homme, à côté de la nouvelle besogne de surveiller la machine et d'en corriger les erreurs de sa main, le rôle purement de moteur ».

De cette nouvelle ère de la production, l'ouvrier va jouer un nouveau rôle ; En ce sens que le travail parcellaire du prolétaire de la fabrique tend à être réduit à la surveillance, à la correction au service de machines-outils de plus en plus exigeantes et aussi à boucler les trous de la mécanisation en agissant lui-même comme une pièce du mécanisme, à être un accessoire conscient de la machine. La prolétarisation se développe alors avec la diminution de la qualification des ouvriers manuels. Autrement dit, la main de l'individu tend désormais à être remplacée dans toutes les opérations de maniement d'outil et on assiste à des grandes productions qui permettent le développement de la coopération et de la division technique du travail.

Vu ce rôle important que joue la technique dans la société, Marx insiste sur la tendance au développement ,du rôle de la science ,de la production avec les ensembles mécaniques matériels de plus en plus considérables faisant mouvoir les outils au lieu de l'habilité personnelle de l'ouvrier. C'est le traitement des conditions objectives de la production par l'application systématique de la science à la technologie qui tend à se développer.

Il ressort de ce qui précède que la civilisation industrielle transforme l'organisme humain en un instrument toujours plus sensible, plus différencié, plus malléable et elle crée une richesse sociale assez large pour transformer cet instrument en une fin en soi.

Mieux, dans la société de contemporaine, en dépit de tout changement, la fameuse épée caractérisée par la technique est plus que jamais pesante sur l'homme. Aussi, la technique, elle-même, est tributaire d'une rationalité dénommée la rationalité scientifique et technologique. Dès lors, qu'est-ce-que la rationalité scientifique et technologique ?

La rationalité scientifique et technologique est « L'expression même de la raison, mise au service de tous les grands groupes, de tous les intérêts sociaux »51. Autrement, la rationalité scientifique et technologique surpasse, transcende a priori les considérations marxiennes de la société de classe.

Selon Marcuse, la rationalité scientifique et technologique enrôlée dans le système de production capitaliste, loin de libérer l'homme des contraintes réelles, tue en lui le sens de son humanité, la conscience de son aliénation. En effet, écrit-il « Le nouveau conformisme, c'est le comportement social influencé par la rationalité technologique. Il est nouveau parce qu'il est rationnel à un degré sans précédant »52. Autrement, les merveilles de la rationalité scientifique envoie l'homme `'au pays des merveilles'' et s'oublie ; oublie les arrières plans des merveilles technologiques c'est-à-dire son cote déshumanisant car « le sujet aliéné est absorbé par son existence aliénée »53. Mais que le sujet soit absorbé par l'aliénation ne signifie pas qu'il n'y a plus d'aliénation. Aussi « si l'ouvrier et son patron regarde le même programme de télévision, si la secrétaire s'habille aussi bien que la fille de son employeur [...], s'ils lisent tous le même journal »54, cette assimilation n'indique pas la

51_Marcuse (Herbert), L'Homme unidimensionnel (Paris, minuit, 1968), P.34

52_Idem. P36

53_Idem. P34

54_Idem. P38

disparition des classes. Ainsi, la rationalité scientifique et technologique voile avec ses fleurons, les rapports réels des hommes, leurs aliénations d'où « son caractère rationnel de son irrationalité »55.

Par ailleurs, devenue la rationalité politique suprême de la domination de l'homme par l'homme, la rationalité scientifique et technologique administrant l'homme dans toutes les dimensions de son existence l'introduit dans une société totalitaire où il n'est plus qu'un outil technologique au service de l'appareil de production. A cet effet, Jean-François Lyotard souligne dans « La condition postmoderne » écrit en 1979 que l'homme postmoderne doit désormais vivre sans « métarécits ». Les métarécits (ou grands récits) sont les mythes et plus tard, les doctrines historiques du progrès dont les sociétés se sont alimentées jusqu'à l'ère moderne. Mais, après les horreurs de la guerre et des régimes totalitaires, aucun « lendemain chantant » ne pouvait plus être attendu ni de la science ni des idéologies politiques. L'homme ne peut plus compter sur la vérité, le progrès ou la révolution pour atteindre le bonheur et la liberté ; il doit s'accommoder de la domination des techniques et des sciences sur son existence, sans toutefois pouvoir leur faire confiance pour ce qui est de son bien-être.

En définitive, voulons-nous montrer dans cette partie, le règne de la technologie dans « le nouveau monde » qui comme le capitalisme critiqué par Marx, masque l'aliénation du XXIe siècle dans la mesure où « les gens se reconnaissent dans leurs marchandises, ils trouvent leur âmes dans leur automobile, leur chaîne de haute fidélité, leur maison à deux niveau »56. En ce sens, l'aliénation est certes problématique mais existe bel et bien. Dès lors, la mutation effective de l'aliénation n'est-elle pas à considérer hic et nunc ?

56_Idem

B - DE LA SOCIETE DE PRODUCTION A LA SOCIETE DE CONSOMMATION

La révolution industrielle a eu pour corollaire l'émergence d'une société de production de masse. La perception de nouveau monde comme des marchés, c'est-à-dire de débouché pour les manufactures des pays colonisateur dans le dynamisme de cette révolution, Marx a annoncé le triomphe de la classe ouvrière dans la lutte supposée des classes, et le progrès de la société occidentale vers un monde sans classe : « puissent les classes dirigeantes trembler à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner ». Et cette révolution, cette émancipation de l'ouvrier vient du constat marxien selon lequel «  l'aliénation n'apparaît pas seulement dans le résultat, mais aussi dans l'acte même de la production à l'intérieur de l'activité productive elle-même ». Autrement, l'ouvrier est aliéné, déshumanisé dans son rapport de domination de la nature. Cependant, de Marx à nos jours, il y a eu loin sans faut une mutation même si l'homme s'inscrit dans un continuum de production de masse ; il est plus que jamais un `'grand consommateur''. Par conséquent, la question qui s'impose à nous au XXIe siècle est la suivante : l'homme est-il aliéné dans la consommation ?

Esquisser une réponse à cette question, reviendrait d'abord à se demander ce qu'est la société consommation.

Le terme « société de consommation » est la simplification du terme « société industrielle de consommation » définie par Henri Lefebvre comme étant l'état du capitalisme après la seconde guerre mondiale. La société de consommation, comme le complément du nom l'indique, est une société dans laquelle l'achat des biens de consommation est à la fois principe et finalité de cette société. Autrement exprimé, les biens ne sont plus un moyen mais une fin pour l'homme avec cette devise « ce qui neuf est beau ».Ainsi  , la nouveauté constitue le cercle vicieux de « l'achat de consommation ».Aussi, le marketing devient il source de supercherie.

De fait, considérons cet exemple extrait d'une affiche vantant les mérites d'un yaourt. Elle exhibait le slogan suivant : le meilleur dans l'abricot, c'est le yaourt ! Dans un premier temps, l'énoncé de cette formule publicitaire banale suscite peu de réaction. Peu à peu, le côté étrange de la formulation, l'inversion de substances constituantes du produit : l'abricot et le yaourt, laisse percer la perversité de la tournure. D'un point de vue linguistique, celle-ci se présente comme une proposition logique et affirme : « de XX c'est XX » ; or, en bonne logique, une proposition est soit vraie, soit fausse, soit indécidable. En l'occurrence, elle est rigoureusement `'a-logique''. En effet, quel esprit sensé peut admettre que le meilleur d'un fruit soit un produit fabriqué à partir du lait ? Dès l'instant où nous trouvons cette formule acceptable, le marketing a gagné.

En annihilant notre esprit critique, il a oblitéré nos capacités à résister à ses injonctions. C'est là que réside sa puissance d'injonction et nous devenons des consommateurs aliénés. Ainsi donc, l'aliénation dans la société de consommation est le fait d'une supercherie organisée, planifiée, pensée par le capitaliste pour écouler avec profit ses produits. En somme, dans la société de consommation, l'homme est doublement aliéné. Aliéné par l'objectivation de vendre sa force de travail pour obtenir les marchandises nécessaires à la production de ses conditions de survie. Aliéné par la fascination qu'exercent ces mêmes marchandises sur son imaginaire. Aussi, les techniques raffinées de marketing sont-elles les vecteurs efficaces de cette forme d'aliénation douce, de cet « éloignement » dans « la représentation » du citoyen, du consommateur.

CHAPITRE II : L'ALIENATION ECONOMIQUE CONTEMPORAINE

La question qui sous-tend notre réflexion en ce moment de notre pèlerinage intellectuel est : qu'est-ce-que l'économie politique ? Et que fait-elle de l'homme du XXIe siècle ?

L'économie politique, ce sont deux concepts qui renvoient à la pratique unique, en l'occurrence une science. Cette science est aujourd'hui appelée sciences économiques. Cette dernière étudie les phénomènes de production, de circulation, de répartition et de consommation des richesses d'une société donnée. Pour l'Histoire, il convient de savoir que l'expression apparaît en 1615, date que correspond théoriquement à la renaissance. A cette même époque, l'économie politique devient une discipline de pensée autonome, détachée de la philosophie et préoccupée exclusivement de la création, de la circulation des biens matériels à l'échelle nationale d'où l'association des deux mots économie et politique. Cependant, en 1844 avec le fameux ouvrage Les manuscrits de 1844, Karl Marx va aborder cette science sous un double point de vue. En effet, dans un premier temps, Marx, est conscient que l'économie politique est une science qui procure la richesse, mais cette richesse à qui profit-elle ?

Sa réponse à cette question sera caractérisée par son côté humaniste, car il se demande si la répartition de la richesse ne crée pas en soi des frustrations d'une classe par rapport à une autre. Ainsi, de 1844, Marx n'aura pratiquement qu'une obsession : investir la saisie idéaliste du réel en une saisie réaliste des possibles. Cette inversion ne pourrait se faire, à ses yeux, que par la transformation des conditions matérielles de la vie économique et surtout de la sphère de la production. Pour mener à bien son projet, il a visé ce que bien peu de ses émules ont été capables de poursuivre. Une critique philosophique des représentations théoriques que les économistes donnaient de la vie économique. La pensée philosophique est pour Marx un outil d'analyse destiné à se dissoudre lui-même dans la réalisation concrète des conditions matérielles d'une économie pleinement émancipatoire ; pour cela il faut pouvoir déceler en permanence les absolutisations et les réifications qu'opère l'économie politique quand elle se pose en représentation « positive » du monde social, c'est-à-dire quand elle théorise les relations économiques d'une époque historique comme si elles étaient ancrées dans les principes ontologiques intemporels. Or, dans la perspective marxienne, l'historicité de l'économie politique n'est nullement une affaire de débats scolastiques entre théoriciens. Elle est liée à l'historicité même de l'économie politique, en l'occurrence l'ensemble des relations économiques qui ordonnent une société et qui, plus profondément, génèrent et systématisent les structures de sens que la société est à même de proposer pour le meilleur et pour le pire à ses membres à tel ou tel moment historique. Nous sommes en 2008, au XXIe siècle que Marx a dénoncé et critiqué son inhumanisme se trouve sans nul doute au XXIe siècle avec sa propre caractéristique notifiée par la marchandisation du monde et des hommes, facilitée par la mondialisation.

LA MONDIALISATION : UNE IDEOLOGIE ECONOMIQUE ALIENANTE

La mondialisation est définie par le Fond Monétaire International comme « l'interdépendance économique croissante de l'ensemble des pays du monde, provoquée par l'augmentation du volume et de la variété des transactions transfrontières des biens et des services, ainsi que des flux internationaux des capitaux, en même temps que par la diffusion accélérée et généralisée de la technologie »57. De ces mots, la mondialisation est présentée comme un mouvement économique inéluctable et universel. Elle est donnée aussi « comme une chance pour les pays sous-développés ; car elle leur offrirait de nouvelles opportunités pour mieux exploiter leurs avantages comparatifs »58.

En clair, la mondialisation serait une aubaine de développement pour les pays en voie de développement. Toutefois, la condition, c'est le renoncement du protectionnisme et à l'omniprésence de l'Etat. Autrement, avec la mondialisation tous les « coups » sont permis sans un arbitre quelconque. En ce moment, cette « économie-monde » peut friser ce qu'on pourrait appeler `'l'anarchisme économique'' ou si l'on veut « le laisser-faire ». Aussi, la mondialisation est l'expression du triomphe planétaire de l'économie capitaliste de marché qui s'impose aujourd'hui à tous. C'est bien ce que signifie le mot anglais de « globalisation ». Celui-ci désigne la fin de la fragmentation des espaces économiques et leur réunification dans et par un processus d'interdépendances intensifiées et renforcées par l'intrication des réseaux de productions, d'échanges et d'information.

Ainsi répondant à la question « qu'est ce qu'un nouveau monde ? », Georges Balandier, écrivain, anthropologue français affirme ceci

57_NIAMKEY (Koffi), Cours de DEA, 2007-2008

58_Idem

« En économie, c'est par exemple celui des espaces structurés pour les nouveaux centres de puissances, les capitaux mobiles, les formes mondiales ou organisées en réseaux ». A cet effet, la mondialisation change complètement le décor de la politique économique en mettant en cause les principes et modes d'organisation économique fondés sur l'unicité et la cohérence du système dit national à savoir : l'Etat national, l'économie nationale, la monnaie nationale, l'éducation nationale, l'administration nationale, la culture nationale, l'écosystème national. Or si nous partons du fait que l'aliénation est le fait d'une perte d'identité, alors la mondialisation dans sa tension et sa prétention à l'universalisation, l'homme serait pris dans le piège de la mondialisation qui est « la nouvelle internationale du capital ». Autrement, le capitalisme se généralise sans entrave. Le dire aussi, c'est réitérer notre confiance en Marx dans sa critique du capitalisme partant de l'économie politique : « les sentiments humains se situent en dehors de l'économie politique »59.

En ce XXIe siècle, la mondialisation, triomphe planétaire de l'économie capitaliste de marché induit deux formes de concurrence mondiale. Dans la première, les entreprises multinationales envisageant la concurrence pays par pays. Autrement, les pays se livrent une bataille économique pour asseoir leur leadership et gare au perdant, car celui-ci sera sous le diktat économique du leader. A l'inverse, dans la concurrence mondiale, la situation concurrentielle d'une entreprise est fortement influencée par la situation dans les autres pays. L'entreprise mondiale, en mettant en oeuvre une stratégie mondiale pour maximiser ses avantages concurrentiels par le biais d'une approche mondiale intégrée, échappe aux normes nationales et réduit ainsi les Etats à un rôle de `'suiveur''. Ainsi, les entreprises, les firmes sont devenues les maîtres du

59_ MARX (Karl), op.cit.

monde. Or là où il y a maître il y a forcement esclave. Et ici, les pays sont rendus esclaves par le flux financier et dépendant des marchés internationaux. Les prix du café et du cacao, en prenant l'exemple de la Côte d'Ivoire sont fixés par l'extérieur et imposés par les pays vivant de ce binôme. En un mot, comme l'indique Robert Reich, la mondialisation nous commande de rompre avec ne vision périmée de l'économie fondée sur une référence à la rationalité. Exprimé autrement, toute l'économie nationale doit s'aliéner dans la mondialisation. Cependant, le devenir autre, la perte d'identité, de carte d'identité des économies des pays sous-développés pour être une source de croissance « si et seulement si les pays développés, trop jaloux de leur hégémonie, ne poussait le jeu du libre-échange par les barrières non tarifaires et subséquemment par la détérioration des termes de l'échanges ». A dire vrai, la recherche de projet perpétuel des pays capitalistes traduisent toujours cet avertissement marxien « Nous ne devons même pas les croire lorsqu'ils disent que plus le capitaliste est gras, plus son esclave s'engraisse. La bourgeoisie est trop avisée, elle calcule trop bien pour partager les préjugés du grand seigneur que tire vanité de l'éclat de sa domesticité »60.

En définitive, si la mondialisation est perçue comme un phénomène d'internationalisation, pouvant être un processus positif puisque supposant une aventure généralisée des nations et des peuples les uns aux autres. Néanmoins Elle véhicule dans ce processus une idéologie antihumaniste régulée par une perspective hautement économique partant la marchandisation du monde et surtout des hommes. C'est en mot, la domination de l'économie sur la société.

60_MARX (Karl), Travail salarié et capital, (Pekin, Editions langues étrangères, 1970), p42

CONCLUSION GENERALE

Réfléchir sur l aliénation ,c est fondamentalement s immiscer dans un débat intellectuel ,métaphysique dans lequel tout le monde aurait raison de par son versant ,sa vision .C est donc faire comme OEdipe sur la route de Thèbes ,c est à dire déchiffrer à son niveau des énigmes pour s assurer le pouvoir comprehensionnel du concept .Cependant, il importe de déplacer la question cruciale c est à dire changer de scène : « comprendre qu' il n y a pas à changer la vérité de la société par le biais de la fausseté de son idéologie mais à prendre pour point de départ les pratiques sociales effectives et à essayer de fixer le mécanisme (...) » ; c est donc dire que une réflexion sur l aliénation est tributaire de l époque sociale du sujet pensant mais aussi en interrogeant le passé car d après les mots de Marx «  les philosophes ne sortent pas de terre comme des champignons mais ils sont le fruit de leurs époques ( ...) ils sont pas extérieurs au monde » .

Ainsi, pour nous, en suivant le temps, Marx a pensé l aliénation et surtout montré son impact sur l homme empirique du XIX siècle mais qu'est elle devenue au XXI siècle ? L'aliénation s'est elle accentuée ?

En répondant à une telle interrogation, c était d abord suivre l itinéraire du concept depuis Hegel en passant par Feuerbach avant de mieux saisir le philosopher marxien. De ce dernier, avions nous retenu que c'est, avec Hegel, que le concept a acquis sa lettre de noblesse philosophique. Cependant, ce philosophe s'est évertué à expliquer le monde comme étant l'automanifestation de l'idée ou l'esprit. Cet esprit est fondamentalement le même du monde, existe d'abord comme une sorte de pur esprit existant avant le monde et les esprits humains, c'est-à-dire le stade de l'en-soi de l'esprit où il est substance reposant en elle-même.

Mais ici, ce qui est présent ne signifie pas l'effectivité « objective »61, qui a sa conscience au-delà ; chaque moment singulier, entendu comme essence reçoit celle-ci, et par là l'effectivité d'un autre, et, dans la mesure où il est effectif, son essence est quelque chose d'autre que son effectivité : «Rien n'a un esprit fondé et immanent dans lui-même »62. Autrement, tout en dehors de soi dans un esprit étranger. Ainsi donc, l'équilibre du tout, selon Hegel, n'est pas l'unité demeurant auprès de soi et son apaisement, c'est-à-dire l'apaisement de l'unité retrouvée dans soi mais repose sur l'aliénation de ce qui est « opposé »63. Le tout, par conséquent, comme chaque moment singulier, est une réalité aliénée de soi.

Ainsi, pour Hegel, le concept d'aliénation est présenté comme positif, lieu de réalisation de l'homme. Pour Ludwig Feuerbach, il faut placer l'homme réel au centre du concept de l'aliénation. Pour cet hégélien de gauche étant « le lien le plus net entre Hegel et Marx »64. Il n'est d'aliénation que de l'homme et au niveau religieux. C'est la théologie y compris la logique de Hegel, c'est-à-dire à théologie fait logique, une théologie laïcisée qui aliène l'homme, le sépare de lui-même. Elle extériorise dans la divinité ses qualités et ses forces (beauté, bonté, puissance...) pour ne plus considérer l'homme comme l'absolument négatif, la somme de toutes les nullités : être fini, imparfait, temporel, impuissant, pécheur. Pour se réaliser authentiquement c'est-à-dire se réapproprier toutes ces qualités essentielles, les hommes doivent donc dissiper cette illusion théologique et reprendre ainsi sur leur aliénation religieuse. Une philosophie matérialiste faite de l'homme joint à la nature comme base de l'homme, l'objet unique de la philosophie. Ainsi, les individus pourront à

61_HEGEL, phénoménologie de l'esprit, (Paris, Gallimard), p441

62_Idem

63_Idem

64_D'HONDT (Jacques), Hegel, Philosophie de l'histoire vivante, (Paris, PUF), p64

nouveau participer pleinement et adéquatement à leur essence : `'le genre'' ou `'l'homme''. Les êtres humains sont ici considérer non comme des êtres spirituels relevant de quelques manières d'un esprit transcendant au monde matériel, mais comme des êtres sensibles, matériels, naturels, se rapportant aux seules déterminations du monde matériel. Cette théorie va impressionner `'le jeune Marx'' et le pousser à écrire ceci « Feuerbach a surmonté une fois pour toute la vieille opposition entre le spiritualisme et le matérialisme ». Plus loin, il écrit « il est le premier qui soit parvenu à la saisie de l'homme réel »65.

Avec Karl Marx, il est question de l'émancipation de l'homme. A cet effet, il va s'inspirer fortement de la notion hégélienne d'aliénation, de la dialectique et surtout du renversement feuerbachéen du concept d'aliénation. Ainsi, y reprend-t-il encore à son compte l'idée de l'aliénation religieuse, la critique de la philosophie hégélienne et de la philosophie en générale comme religion transposée dans la pensée. Dans sa `'Critique de la dialectique hégélienne et de la philosophie allemande'', il s'affirme d'obédience feuerbachéenne et déclare « seul Feuerbach dans ce domaine, a fait les véritables découvertes ; c'est lui, en somme, qui a vraiment triomphé de l'ancienne philosophie »66.malgré qu'il adapte ses idées, elles lui paraîtront toutefois insuffisantes. Marx reproche à Feuerbach sa conception abstraite de l'essence humaine et son analyse sur l'aliénation de l'homme dans la projection religieuse. Il rejettera également le caractère idéaliste du concept d'aliénation chez Hegel et partant la philosophie hégélienne. En effet, pour lui, Hegel est un philosophe bourgeois dont la pensée fait le jeu de la classe dominante, car sa philosophie ne permet que la libération des intellectuels, des artistes, des philosophes. C'est une pensée sans action, donc rien ne changera.

65_ MARX (Karl), Critique de l'économie politique, op.cit. p.13

66_ MARX (Karl), Critique de la dialectique hégélienne et de la philosophie allemande, in philosophie (Paris, Gallimard, 1968), p156

Or Marx part d'un postulat révolutionnaire : « les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c'est de le transformer ». Aussi, Marx s'octroie-il une méthode et des principes découlant de ce qu'Henri Lefebvre nomme avec raison le matérialisme dialectique67.

En effet, la logique formelle ne peut refléter la réalité (A ne reste jamais A). Les réalités sociales évoluent, mais aussi morales, les philosophes, les religions. La réalité est contradictoire. En se combinant, ces forces contradictoires forment les synthèses provisoires qui servent de point de départ à de nouvelles oppositions. La réalité concrète est donc dynamique et toute analyse devrait épouser ce caractère. Ainsi, aucun phénomène ne peut être isolé, aucun niveau de la réalité ne peut être isolé. Un phénomène comme la pollution ne peut être compris si l'on l'isole des mécanismes économiques, du développement scientifique, des médias...

Il est donc évident que la conception marxienne de l'aliénation et son moment de l'émancipation de l'homme, quoique dépassés ont beaucoup de mérites et eu égard au vécu quotidien. En effet, même si Héraclite nous enseigne qu'on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, nous savons que malgré le mouvement, le fleuve garde toujours son appellation. Par analogie, le concept d'aliénation a subi une mutation et est devenu problématique dans sa compréhension contemporaine.

Par ailleurs, pour Herbert Marcuse, l'aliénation est problématique quand les individus s'identifient avec l'existence qui leur est imposée et qu'ils y trouvent réalisation et satisfaction. Cette identification n'est pas « une illusion mais une réalité »68. Or cette réalité n'est, elle-même, qu'un stade plus avancé et

67_LEFEBVRE (Henri), Le Matérialisme dialectique, (Paris, PUF, 1990)

68_MARCUSE (Herbert), op.cit. p36

partant de là l'aliénation est devenue tout à fait objective ; le sujet aliéné est absorbé par son existence aliénée. Autrement, dans la société industrielle avancée, les réalisations du progrès défient leur mise en cause idéologique aussi bien leur que leur justification devant son tribunal, la fausse conscience de leur rationalité est devenue la vraie conscience.

En un mot, l'aliénation contemporaine est assumée par les fleurons de la modernité. Le producteur contemporain est donc doublement aliéné. Aliéné par l'obligation de vendre sa force de travail, son intellectualité pour obtenir les marchandises nécessaires à la production de ses conditions de survie. Aliéné par la fascination qu'exercent les mêmes marchandises, fleurons de la techno-science, sur son imaginaire. Pire, le niveau de vie des producteurs s'accroissant, l'aliénation s'est raffinée.

En définitive, pour nous, l aliénation du XXI siècle est la `'dictature'' de certaines créations de l'homme moderne. C'est dire que par la technique et la science, l'homme est devenu plus que jamais esclave de son travail, des objets de son travail, de sa création et dire en plus qu'il faut travailler plus pour avoir plus, c'est faire fi quelque part, en amont, des conditions de travail de l' homme postmoderne et légitimer définitivement, en aval, le pouvoir du capital, de l'argent sur la dignité humaine.

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- RUSS (Jacqueline). - Dictionnaire de la philosophie, (Paris, Armand Colin, 1995)

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RANCIERE (Jacques). - La Leçon d'Althusser, (Paris, Gallimard, 1974), 277P

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L'Esprit du christianisme et son destin introductionJean Hyppolit (Paris, vrin, 1948)

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FROMM (Erich), Avoir ou Etre, un choix dont dépend l'avenir de l'homme, (Paris Robert Laffont, SA, 1978), 243p

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ATTALI (Jacques), Karl Marx ou l'esprit du monde, (Paris, Librairie Arthème Fayard, 2005), 598P

Plan possible de la thèse

INTRODUCTION GENERALE -------------------------------------------------------1

PREMIERE PARTIE : L'Aliénation, notion problématique-----------------------16

Chapitre I : Les controverses sur l'aliénation----------------------------------------16

A- Hegel et sa présentation positive de l'aliénation-----------------------------16

B- La révolution du discours feuerbacheen de l'aliénation--------------------18

Chapitre II : Les déterminations anthropologiques marxiennes

de l'aliénation --------------------------------------------------------------------------20

A- De l aliénation religieuse à l aliénation du travail ----------------------------------------------------------------20

B- L'argent, symbole de la dépossession de l'homme-----------------------23

De l'aliénation à la désaliénation chez Marx---------------------25

DEUXIEME PARTIE : Les formes nouvelles de l'aliénation-----------------28

Chapitre I : Les nouvelles formes de contrôle------------------------------------29

A- La rationalité scientifique et technologique-------------------------------29

B- La société de production à la société de consommation----------------33

Chapitre II : La mondialisation : une économie politique du capitalisme contemporain-------------------------35

A -L'argent, le dieu absolu du monde contemporain

B-Le  néocapitalisme : une domination nouvelle de l économie sur la société

CONCLUSION GENERALE-----------------------------------------------------40

BIBLIOGRAPHIE-----------------------------------------------------------------45

* 1 - LEFEBVRE (Henri).- Hegel, Karl Marx, Nietzsche ou le royaume des hombres (Belgique, coll. « synthèse contemporaine », 1975) p.117

* 2 - KARL (Marx).- Les Manuscrits de 1844, économie politique et philosophique, (Paris, Edition Sociale, 1969)

* 3 - Idem

* 4 -Idem

* 5 -Idem

* 6 - KARL (Marx).- Travail salarié et capital, (Pékin, Edition Langues étrangères, 1970) p.10

* 7 - KARL (Marx).- Critique de l'économie politique, traduction Kostas Papionannou, (Paris, Edition 10 /18, 1972), p.152

* 8 - Idem

* 9 - Idem

* 10 - Idem

* 11- Idem

12_Idem

13_Idem

* 12 - MARCUSE (Herbert).- L'homme unidimensionnel, (Paris, Minuit, 1968) p.34

* 13 - POPPER (Karl).- La société ouverte et ses ennemis, Marx et Engels, traduction Jacqueline et Philippe Monod (Paris, Editions du Seuil, Tome II)

* 14 - Cité par Kostas Papionannou, in « Critique de l'économie politique », p.24

15_Marx (Karl), Manuscrits de 1844, Trad. Jacques Pierre Gougeon, P25

16_ Marx (Karl), Critique de la Philosophie droit de Hegel, (Paris, Aubier Montaigne, 1971), P61

* 15 - KARL (Marx).- Le manifeste du parti communiste

* 16 - Cité par Jean Yves Calvez in « Pensée de Marx » Edition Seuil, 1956

* 17- Idem

* 18 - KARL (Marx).- Travail salarié et capital, (Pékin, Edition Langues étrangères, 1970) p.25

* 19 - KARL (Marx).- L'idéologie allemande, thèse sur Feuerbach, (Paris, Edition Sociale, 1976), p.4

20_ KARL (Marx).- Critique de la philosophie du droit de Hegel, P19

* 20 - MARCUSE (Herbert).- L'homme unidimensionnel, (Paris, Minuit, 1968) p.34

21_HERACLITE, Fragments n°58, (Idées, Gallimard), p44

* 22- LALANDE (André), Vocabulaire technique et critique de la philosophie , (Paris ,PUF, 1991)

* 23 - NIAMKEY (Koffi).- Les images éclatées de la dialectique p.11

* 24 - KARL (Marx).- Critique de l'économie politique,, (Paris, UGE, 1972), p.154

* 26 - KARL (Marx).- Les Manuscrits de 1844, économie politique et philosophique, (Paris, Edition Sociale, 1969), p.12

* 27 -HEGEL.- Science de la logique, traduction Jankélevitch, (Paris, Aubier, 1975, Tome III) p.58

* 28 critique de l'économie politique, op.cit .pp6-7

* 29 .idem, p9

* 30 .idem

* 31 -KARL (Marx ) .-Manuscrits de 1844 ,(Paris, Editions sociales ,1844 ),p.138

* 32 -MARCUSE (H.).-Eros et civilisations, , (traduction NENY et FRAENKEL, (paris, minuit 1976) ,p.93

* 33 -KARL (Marx).-le capital, traduction Roy (Paris Editions sociales ,1867), p.138

* 34 -KARL (Marx) .-critique de l'économie politique , op. cit. P.158

35_Idem

36_Idem

37_Idem

* 38 .WEBER (M.).- Etapes de la pensée sociologique (Paris, Gallimard)

* 39 - Marcuse ( H .) Eros et civilisation, op. Cit. , p.50

40_ Marx, Manuscrits de 1844 Trad. Jean Pierre Gougeon (Paris, Flammarion 1996), P24

* 41 -KARL (M.) .- Travail salarié et capital , op.cit .p.32

* 42 -FROMM (Erich).-Avoir ou être un choix dont dépend l'avenir de l'homme, (Paris, Edition Robert Laffont, SA.1978) p.10, P182

* 43 -Idem p.182

* 45 -KARL (Marx).- op.cit .XVII, P.234

* 46 -MARCUSE (H.) ,op. cit .Préface de l'Edition française, p.13

47_Marx et Engels, Manifeste du parti communiste, (Paris, Librairie générale française, 1973) p55

48_Idem

* 49 - KARL (Marx), op .cit. XXIII

* 50 -KARL (Marx), op .cit, XVI, p.228






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote