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L'aliénation dans la philosophie de Karl Marx et ses formes contemporaines

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par N'Gouan Mathieu Agaman
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Master 2 2008
  

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CHAPITRE II : LES DETERMINATIONS ANTHROPOLOGIQUES MARXIENNES DE L'ALIENATION

A- LE TRAVAIL ALIENE

Le travail peut se définir comme une activité de transformation de la nature propre aux hommes et qui les met en relation. Interrogeant son étymologie, le mot `'travail'' nous renvoie au concept latin `'Tripalum'' qui désigne un instrument de torture. Par le travail, c'est-à-dire par l'utilisation des instruments où des outils, l'individu donne une nouvelle forme à la nature. Le monde devient un monde nouveau. Par lui, l'individu parvient à dominer, à maitriser la nature, à sortir de son être immédiat. Car «l'objet du travail est fourni par la nature »21(*)31. C'est dans ce sens que Marcuse affirme : « le travail appartient au domaine de la nécessité ».3(*)2

C'est par le travail que l'individu améliore ses conditions d'existence et développe ses facultés intellectuelles. En d'autres termes, on peut donc dire que le travail se pose comme le moyen d'affirmation de soi. C'est ce que dit d'ailleurs Voltaire dans Candide en ces mots : « le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ». Il permet à l'individu de s'épanouir afin d'accéder au bonheur et au bien-être social. C'est ainsi qu'il crée et élargi la base matérielle de la civilisation. Si l'objet du travail est une chose où un ensemble de chose que l'individu interpose entre lui et l'objet de son travail comme conducteur de son action, il se sert alors des propriétés mécaniques, physiques, chimiques pour agir dans l'intension de parvenir à une fin précise. L'emploi et la création de moyens de travail, quoiqu'ils se trouvent en germe chez quelques espèces animales, caractérisent éminemment le travail humain : « seul l'homme est un animal fabricateur d'outils (a Tool making animal) ».3(*)3

Cependant, chez Marx, l'ouvrier est aliéné dans le travail. En effet, chez lui, plus l'ouvrier s'approprie, par son travail, le monde extérieur, la nature sensible, plus il se prive de moyens de subsistance, et cela doublement : « premièrement, le monde extérieur sensible cesse de plus en plus d'être un objet appartenant à son travail, un moyen de subsistance de son travail ; deuxièmement il cesse de plus en plus d'être un moyen de subsistance au sens immédiat, c'est-à-dire il cesse d'être un moyen de subsistance de l'ouvrier ».3(*)4 De ce double point de vue marxien, l'ouvrier devient donc l'esclave de son objet. En effet, il reçoit un objet de travail c'est-à-dire du travail ; mieux il reçoit un objet des moyen de subsistance. Il lui doit donc la possibilité d'exister en tant qu'ouvrier et en tant que sujet physique et « le comble de cette servitude est que seule sa qualité d'ouvrier ou de travailleur lui permet de se conserver en tant que sujet physique et que ce n'est plus en tant que sujet physique qu'il est ouvrier. »35

L'aliénation de l'ouvrier dans son objet s'exprime selon les lois de l'économie résumées par Marx en ces mots : « plus l'ouvrier produit, moins il a à consommer, plus il crée des valeurs, plus il perd sa valeur et sa dignité, plus il forme son produit, plus l'ouvrier est difforme, plus son objet est civilisé, plus l'ouvrier est barbare, plus le travail est puissant, plus l'ouvrier est impuissant »36. En clair, dans le travail productif, l'homme est déshumanisé. Aussi, l'économie politique dissimule t elle l'aliénation dans le sens du travail en refusant de considérer le rapport direct entre l'ouvrier (le travail) et la production, et c'est ce que Marx tente de démasquer. Certes, «  le travail produit des merveilles pour les riches mais pour l'ouvrier, il produit le dénuement. »37.

Dans cette perspective, chez Marx, si l'homme ne peut s'épanouir dans le travail, il est contraint par le pouvoir économique ; or, « le royaume de la liberté commence seulement là où l'on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l'extérieur. Autrement le travail ne doit plus être ce Tripalum originel c'est ainsi qu'à la fin des « Manuscrits de 1844 » il établit une nouvelle société où chaque individu doit se trouver intégré dans le travail productif avec les autres hommes et dans une lutte commune avec la nature. S'il ya aliénation, c'est parce qu'il ya exploitation de l'individu dans la société par le détenteur des moyens de production. Et ce système est propre au capitalisme. Selon Weber, « le capitalisme est identique à la recherche du profit, d'un profit toujours renouvelé dans une entreprise continue, rationnelle et capitaliste. Il est la recherche de la rentabilité. Il se définit par l'existence d'entreprises dont le but est de faire le maximum de profit et dont le moyen est organisation rationnelle du travail et de la pensée ».3(*)8 En un mot, le travail aliéné est le fait de l'égoïsme du capitaliste. 

En définitive, si le travail est le père et la mère de la richesse comme le dit William Petty, il est aussi source d'aliénation dans le philosopher marxien. Mieux, Marx rejette ce slogan pompeux à teinture capitaliste : « le travail est la source de toute richesse et de toute culture ».En effet , pour lui, cette phraséologie s' inscrit plus que jamais dans l'optique de l' économie politique bourgeoise ; car l' activité est une activité matérielle , qu' il s accomplit dans certaines conditions et qu' il implique les moyens spécifiques c' est- à-dire sociaux et nécessitant la présence d'une classe démunie de capital . Marcuse ne semble pas dire le contraire dans  Eros et Civilisation : « le travail aliéné, c'est l'absence de satisfaction, la négation du principe de plaisir ».3(*)9

Et encore, si le travail n'apparait dans le discours des économistes capitalistes, que sous la forme d'activité en vue d'un gain, c'est que l'ouvrier, au stade de « l'économie », ne met plus sa vie en action que pour acquérir les moyens de subsister .Si l'ouvrier ne se sent pas auprès de lui-même qu'en dehors du travail ,c'est qu'il n'y voit qu'un moyen transitif en vue de la jouissance .Pour le dire en termes kantiens, la synthèse a priori du travail et du plaisir devient sous le capitalisme `'necessitas problematica `' ,impératif hypothétique :si tu veux manger ,travaille ;c'est que le travail y a atteint le « degré suprême de l'aliénation »40.Pire ,ce qui va compter pour le travailleur ,ce sera la rémunération en argent que consentira le capitaliste après l'opération de production.

* 31 -KARL (Marx ) .-Manuscrits de 1844 ,(Paris, Editions sociales ,1844 ),p.138

* 32 -MARCUSE (H.).-Eros et civilisations, , (traduction NENY et FRAENKEL, (paris, minuit 1976) ,p.93

* 33 -KARL (Marx).-le capital, traduction Roy (Paris Editions sociales ,1867), p.138

* 34 -KARL (Marx) .-critique de l'économie politique , op. cit. P.158

35_Idem

36_Idem

37_Idem

* 38 .WEBER (M.).- Etapes de la pensée sociologique (Paris, Gallimard)

* 39 - Marcuse ( H .) Eros et civilisation, op. Cit. , p.50

40_ Marx, Manuscrits de 1844 Trad. Jean Pierre Gougeon (Paris, Flammarion 1996), P24

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