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L'aliénation dans la philosophie de Karl Marx et ses formes contemporaines

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par N'Gouan Mathieu Agaman
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Master 2 2008
  

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DEUXIEME PARTIE : LES NOUVELLES FORMES DE

L'ALIENATION

Qu'attendons-nous par formes nouvelles de l'aliénation ? De façon concrète, dans le groupe de mots « formes nouvelles », nous avons `'formes'' et `'nouvelles'' qui supposent qu'il y a eu des anciennes ou modernes formes de l'aliénation. Aussi faut-il distinguer l'aliénation du XIXe siècle à celle du XXIe siècle. Au X1Xe siècle, l'aliéné avec Marx était en première instance le prolétaire, car dit-il « l'existence d'une classe ne possédant rien que sa capacité de travail est une condition première [...] du capital ». Mais qui est le prolétaire ? Le prolétaire est avant tout un travailleur manuel qui dépense et qui épuise son énergie physique au cours du travail, même s'il travaillait sur des machines. Pour s'approprié la plus-value, le capitaliste achetait et utilisait cette énergie humaine dans des conditions animalisantes, c'est ce qui donnait à l'exploitation ses aspects révoltants et inhumains. Marx avait donc dénoncé la peine physique, la misère physique du travail. Tel est d'ailleurs, l'élément matériel, tangible que l'on trouve dans l'esclavage salarié et l'aliénation.

Mais aujourd'hui, le mécanisme du travail est de plus en plus perfectionné dans le « capitalisme avancé », tout en soutenant l'exploitation, modifie l'attitude et le statut de l'exploité. De fait, en comparant les conditions du travailleur aliéné du X1Xe siècle critiquées par Karl Marx à celle du XX1e siècle, on pourrait très vite dire que dans les stades antérieurs du capitalisme, le capitalisme perdait « sa valeur et sa dignité ». A contrario, le travailleur contemporain exerçant dans les secteurs de la société vit l'aliénation de façon voilée voire `'raffinée'', car sa vie est sous le contrôle de la technologie où encore de la rationalité technicienne.

CHAPITRE I : LES NOUVELLES FORMES DE CONTROLE

A- LA RATIONALITE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE

La technique est un procédé particulier, une « tactique » que l'on utilise pour mener une bonne opération concrète, pour fabriquer un objet matériel ou l'adapter à sa fonction. Elle est aussi l'ensemble des applications des connaissances scientifiques à la production (la production industrielle) de biens et de produits utilitaires. Car, comme le dit Marcuse, « les techniques fournissent la base même du progrès, la rationalité technique fournit le modèle d'esprit et le comportement pour les réalisations productives ».

Avec les penseurs scientifiques comme Descartes, on constate que le développement de la technique aura comme corollaire la désacralisation de la nature. La nature ayant perdue son caractère sacré, devient un objet que l'on doit manipuler en vue de sa survie. Bref, avec Descartes s'institue un nouvel ordre, celui de l'individu. L'individu devenu ingénieur, technicien, doit être « comme maître et possesseur de la nature. ». Malgré ces projets audacieux visant le bonheur de l'individu, celui-ci ne cesse d'être la proie de mille souffrances.

Cette souffrance de l'individu est accentuée par l'évolution de la science et de la technologie. Tel est d'ailleurs le regret de Hans Jonas en ces termes : « la promesse de la technique s'est inversée en menace ». C'est dire que la technique loin de tirer l'individu de sa souffrance, pèse au contraire sur lui comme l'épée de Damoclès.

En effet, avec la révolution industrielle, l'outil commence à être mû par un mécanisme et non par la main de l'ouvrier. C'est elle qui inaugure au XVIIIe siècle la révolution industrielle : « machine-outil, écrit Marx est donc un mécanisme qui ayant reçu le mouvement convenable exécute avec ses instruments les mêmes opérations que le travail leur exécutait auparavant avec des instruments pareils. Dès que l'instrument, sorti de la main de l'homme est manié par un mécanisme, la machine outil a pris la place du simple outil. Une révolution s'est accomplie alors même que l'homme reste le moteur. Le nombre d'outil avec lesquels l'homme peut opérer est limité par le nombre de ses propres organes. L'organe d'opération manuel, que la révolution industrielle saisi tout d'abord laissant à l'homme, à côté de la nouvelle besogne de surveiller la machine et d'en corriger les erreurs de sa main, le rôle purement de moteur ».

De cette nouvelle ère de la production, l'ouvrier va jouer un nouveau rôle ; En ce sens que le travail parcellaire du prolétaire de la fabrique tend à être réduit à la surveillance, à la correction au service de machines-outils de plus en plus exigeantes et aussi à boucler les trous de la mécanisation en agissant lui-même comme une pièce du mécanisme, à être un accessoire conscient de la machine. La prolétarisation se développe alors avec la diminution de la qualification des ouvriers manuels. Autrement dit, la main de l'individu tend désormais à être remplacée dans toutes les opérations de maniement d'outil et on assiste à des grandes productions qui permettent le développement de la coopération et de la division technique du travail.

Vu ce rôle important que joue la technique dans la société, Marx insiste sur la tendance au développement ,du rôle de la science ,de la production avec les ensembles mécaniques matériels de plus en plus considérables faisant mouvoir les outils au lieu de l'habilité personnelle de l'ouvrier. C'est le traitement des conditions objectives de la production par l'application systématique de la science à la technologie qui tend à se développer.

Il ressort de ce qui précède que la civilisation industrielle transforme l'organisme humain en un instrument toujours plus sensible, plus différencié, plus malléable et elle crée une richesse sociale assez large pour transformer cet instrument en une fin en soi.

Mieux, dans la société de contemporaine, en dépit de tout changement, la fameuse épée caractérisée par la technique est plus que jamais pesante sur l'homme. Aussi, la technique, elle-même, est tributaire d'une rationalité dénommée la rationalité scientifique et technologique. Dès lors, qu'est-ce-que la rationalité scientifique et technologique ?

La rationalité scientifique et technologique est « L'expression même de la raison, mise au service de tous les grands groupes, de tous les intérêts sociaux »51. Autrement, la rationalité scientifique et technologique surpasse, transcende a priori les considérations marxiennes de la société de classe.

Selon Marcuse, la rationalité scientifique et technologique enrôlée dans le système de production capitaliste, loin de libérer l'homme des contraintes réelles, tue en lui le sens de son humanité, la conscience de son aliénation. En effet, écrit-il « Le nouveau conformisme, c'est le comportement social influencé par la rationalité technologique. Il est nouveau parce qu'il est rationnel à un degré sans précédent »52. Autrement, les merveilles de la rationalité scientifique envoie l'homme `'au pays des merveilles'' et s'oublie ; oublie les arrières plans des merveilles technologiques c'est-à-dire son cote déshumanisant car « le sujet aliéné est absorbé par son existence aliénée »53. Mais que le sujet soit absorbé par l'aliénation ne signifie pas qu'il n'y a plus d'aliénation. Aussi « si l'ouvrier et son patron regarde le même programme de télévision, si la secrétaire s'habille aussi bien que la fille de son employeur [...], s'ils lisent tous le même journal »54, cette assimilation n'indique pas la

51_Marcuse (Herbert), L'Homme unidimensionnel (Paris, minuit, 1968), P.34

52_Idem. P36

53_Idem. P34

54_Idem. P38

disparition des classes. Ainsi, la rationalité scientifique et technologique voile avec ses fleurons, les rapports réels des hommes, leurs aliénations d'où « son caractère rationnel de son irrationalité »55.

Par ailleurs, devenue la rationalité politique suprême de la domination de l'homme par l'homme, la rationalité scientifique et technologique administrant l'homme dans toutes les dimensions de son existence l'introduit dans une société totalitaire où il n'est plus qu'un outil technologique au service de l'appareil de production. A cet effet, Jean-François Lyotard souligne dans « La condition postmoderne » écrit en 1979 que l'homme postmoderne doit désormais vivre sans « métarécits ». Les métarécits (ou grands récits) sont les mythes et plus tard, les doctrines historiques du progrès dont les sociétés se sont alimentées jusqu'à l'ère moderne. Mais, après les horreurs de la guerre et des régimes totalitaires, aucun « lendemain chantant » ne pouvait plus être attendu ni de la science ni des idéologies politiques. L'homme ne peut plus compter sur la vérité, le progrès ou la révolution pour atteindre le bonheur et la liberté ; il doit s'accommoder de la domination des techniques et des sciences sur son existence, sans toutefois pouvoir leur faire confiance pour ce qui est de son bien-être.

En définitive, voulons-nous montrer dans cette partie, le règne de la technologie dans « le nouveau monde » qui comme le capitalisme critiqué par Marx, masque l'aliénation du XXIe siècle dans la mesure où « les gens se reconnaissent dans leurs marchandises, ils trouvent leur âmes dans leur automobile, leur chaîne de haute fidélité, leur maison à deux niveau »56. En ce sens, l'aliénation est certes problématique mais existe bel et bien. Dès lors, la mutation effective de l'aliénation n'est-elle pas à considérer hic et nunc ?

56_Idem

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite