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L'aliénation dans la philosophie de Karl Marx et ses formes contemporaines

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par N'Gouan Mathieu Agaman
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Master 2 2008
  

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CONCLUSION GENERALE

Réfléchir sur l aliénation ,c est fondamentalement s immiscer dans un débat intellectuel ,métaphysique dans lequel tout le monde aurait raison de par son versant ,sa vision .C est donc faire comme OEdipe sur la route de Thèbes ,c est à dire déchiffrer à son niveau des énigmes pour s assurer le pouvoir comprehensionnel du concept .Cependant, il importe de déplacer la question cruciale c est à dire changer de scène : « comprendre qu' il n y a pas à changer la vérité de la société par le biais de la fausseté de son idéologie mais à prendre pour point de départ les pratiques sociales effectives et à essayer de fixer le mécanisme (...) » ; c est donc dire que une réflexion sur l aliénation est tributaire de l époque sociale du sujet pensant mais aussi en interrogeant le passé car d après les mots de Marx «  les philosophes ne sortent pas de terre comme des champignons mais ils sont le fruit de leurs époques ( ...) ils sont pas extérieurs au monde » .

Ainsi, pour nous, en suivant le temps, Marx a pensé l aliénation et surtout montré son impact sur l homme empirique du XIX siècle mais qu'est elle devenue au XXI siècle ? L'aliénation s'est elle accentuée ?

En répondant à une telle interrogation, c était d abord suivre l itinéraire du concept depuis Hegel en passant par Feuerbach avant de mieux saisir le philosopher marxien. De ce dernier, avions nous retenu que c'est, avec Hegel, que le concept a acquis sa lettre de noblesse philosophique. Cependant, ce philosophe s'est évertué à expliquer le monde comme étant l'automanifestation de l'idée ou l'esprit. Cet esprit est fondamentalement le même du monde, existe d'abord comme une sorte de pur esprit existant avant le monde et les esprits humains, c'est-à-dire le stade de l'en-soi de l'esprit où il est substance reposant en elle-même.

Mais ici, ce qui est présent ne signifie pas l'effectivité « objective »61, qui a sa conscience au-delà ; chaque moment singulier, entendu comme essence reçoit celle-ci, et par là l'effectivité d'un autre, et, dans la mesure où il est effectif, son essence est quelque chose d'autre que son effectivité : «Rien n'a un esprit fondé et immanent dans lui-même »62. Autrement, tout en dehors de soi dans un esprit étranger. Ainsi donc, l'équilibre du tout, selon Hegel, n'est pas l'unité demeurant auprès de soi et son apaisement, c'est-à-dire l'apaisement de l'unité retrouvée dans soi mais repose sur l'aliénation de ce qui est « opposé »63. Le tout, par conséquent, comme chaque moment singulier, est une réalité aliénée de soi.

Ainsi, pour Hegel, le concept d'aliénation est présenté comme positif, lieu de réalisation de l'homme. Pour Ludwig Feuerbach, il faut placer l'homme réel au centre du concept de l'aliénation. Pour cet hégélien de gauche étant « le lien le plus net entre Hegel et Marx »64. Il n'est d'aliénation que de l'homme et au niveau religieux. C'est la théologie y compris la logique de Hegel, c'est-à-dire à théologie fait logique, une théologie laïcisée qui aliène l'homme, le sépare de lui-même. Elle extériorise dans la divinité ses qualités et ses forces (beauté, bonté, puissance...) pour ne plus considérer l'homme comme l'absolument négatif, la somme de toutes les nullités : être fini, imparfait, temporel, impuissant, pécheur. Pour se réaliser authentiquement c'est-à-dire se réapproprier toutes ces qualités essentielles, les hommes doivent donc dissiper cette illusion théologique et reprendre ainsi sur leur aliénation religieuse. Une philosophie matérialiste faite de l'homme joint à la nature comme base de l'homme, l'objet unique de la philosophie. Ainsi, les individus pourront à

61_HEGEL, phénoménologie de l'esprit, (Paris, Gallimard), p441

62_Idem

63_Idem

64_D'HONDT (Jacques), Hegel, Philosophie de l'histoire vivante, (Paris, PUF), p64

nouveau participer pleinement et adéquatement à leur essence : `'le genre'' ou `'l'homme''. Les êtres humains sont ici considérer non comme des êtres spirituels relevant de quelques manières d'un esprit transcendant au monde matériel, mais comme des êtres sensibles, matériels, naturels, se rapportant aux seules déterminations du monde matériel. Cette théorie va impressionner `'le jeune Marx'' et le pousser à écrire ceci « Feuerbach a surmonté une fois pour toute la vieille opposition entre le spiritualisme et le matérialisme ». Plus loin, il écrit « il est le premier qui soit parvenu à la saisie de l'homme réel »65.

Avec Karl Marx, il est question de l'émancipation de l'homme. A cet effet, il va s'inspirer fortement de la notion hégélienne d'aliénation, de la dialectique et surtout du renversement feuerbachéen du concept d'aliénation. Ainsi, y reprend-t-il encore à son compte l'idée de l'aliénation religieuse, la critique de la philosophie hégélienne et de la philosophie en générale comme religion transposée dans la pensée. Dans sa `'Critique de la dialectique hégélienne et de la philosophie allemande'', il s'affirme d'obédience feuerbachéenne et déclare « seul Feuerbach dans ce domaine, a fait les véritables découvertes ; c'est lui, en somme, qui a vraiment triomphé de l'ancienne philosophie »66.malgré qu'il adapte ses idées, elles lui paraîtront toutefois insuffisantes. Marx reproche à Feuerbach sa conception abstraite de l'essence humaine et son analyse sur l'aliénation de l'homme dans la projection religieuse. Il rejettera également le caractère idéaliste du concept d'aliénation chez Hegel et partant la philosophie hégélienne. En effet, pour lui, Hegel est un philosophe bourgeois dont la pensée fait le jeu de la classe dominante, car sa philosophie ne permet que la libération des intellectuels, des artistes, des philosophes. C'est une pensée sans action, donc rien ne changera.

65_ MARX (Karl), Critique de l'économie politique, op.cit. p.13

66_ MARX (Karl), Critique de la dialectique hégélienne et de la philosophie allemande, in philosophie (Paris, Gallimard, 1968), p156

Or Marx part d'un postulat révolutionnaire : « les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c'est de le transformer ». Aussi, Marx s'octroie-il une méthode et des principes découlant de ce qu'Henri Lefebvre nomme avec raison le matérialisme dialectique67.

En effet, la logique formelle ne peut refléter la réalité (A ne reste jamais A). Les réalités sociales évoluent, mais aussi morales, les philosophes, les religions. La réalité est contradictoire. En se combinant, ces forces contradictoires forment les synthèses provisoires qui servent de point de départ à de nouvelles oppositions. La réalité concrète est donc dynamique et toute analyse devrait épouser ce caractère. Ainsi, aucun phénomène ne peut être isolé, aucun niveau de la réalité ne peut être isolé. Un phénomène comme la pollution ne peut être compris si l'on l'isole des mécanismes économiques, du développement scientifique, des médias...

Il est donc évident que la conception marxienne de l'aliénation et son moment de l'émancipation de l'homme, quoique dépassés ont beaucoup de mérites et eu égard au vécu quotidien. En effet, même si Héraclite nous enseigne qu'on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, nous savons que malgré le mouvement, le fleuve garde toujours son appellation. Par analogie, le concept d'aliénation a subi une mutation et est devenu problématique dans sa compréhension contemporaine.

Par ailleurs, pour Herbert Marcuse, l'aliénation est problématique quand les individus s'identifient avec l'existence qui leur est imposée et qu'ils y trouvent réalisation et satisfaction. Cette identification n'est pas « une illusion mais une réalité »68. Or cette réalité n'est, elle-même, qu'un stade plus avancé et

67_LEFEBVRE (Henri), Le Matérialisme dialectique, (Paris, PUF, 1990)

68_MARCUSE (Herbert), op.cit. p36

partant de là l'aliénation est devenue tout à fait objective ; le sujet aliéné est absorbé par son existence aliénée. Autrement, dans la société industrielle avancée, les réalisations du progrès défient leur mise en cause idéologique aussi bien leur que leur justification devant son tribunal, la fausse conscience de leur rationalité est devenue la vraie conscience.

En un mot, l'aliénation contemporaine est assumée par les fleurons de la modernité. Le producteur contemporain est donc doublement aliéné. Aliéné par l'obligation de vendre sa force de travail, son intellectualité pour obtenir les marchandises nécessaires à la production de ses conditions de survie. Aliéné par la fascination qu'exercent les mêmes marchandises, fleurons de la techno-science, sur son imaginaire. Pire, le niveau de vie des producteurs s'accroissant, l'aliénation s'est raffinée.

En définitive, pour nous, l aliénation du XXI siècle est la `'dictature'' de certaines créations de l'homme moderne. C'est dire que par la technique et la science, l'homme est devenu plus que jamais esclave de son travail, des objets de son travail, de sa création et dire en plus qu'il faut travailler plus pour avoir plus, c'est faire fi quelque part, en amont, des conditions de travail de l' homme postmoderne et légitimer définitivement, en aval, le pouvoir du capital, de l'argent sur la dignité humaine.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard