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L'histoire d'une société rizicole en Côte d'Ivoire: le cas de la société de développement de la riziculture ( soderiz ) 1970 - 1977

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par Lassina Songfolo YEO
Université Alassane Ouattara de Bouake - Côte d'Ivoire - Maà®trise d'histoire 2012
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE BOUAKE

ANNEE ACADEMIQUE

2011-2012

UFR : COMMUNICATION MILIEU ET SOCIETE

DEPARTEMENT D'HISTOIRE

L'HISTOIRE D'UNE SOCIETE RIZICOLE

EN COTE D'IVOIRE :

LE CAS DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEME

DE LA RIZICULTURE (SODERIZ) 1970 - 1977

SOUS LA DIRECTION DE :

Dr Tanoh Raphael BEKOIN

Maitre - Assistant

PRESENTE PAR:

YEO Lassina Songfolo

Etudiant

1

2

L'HISTOIRE D'UNE SOCIETE RIZICO

EN COTE D'IVOIRE :

LE CAS DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEM

DE LA RIZICULTURE (SODERIZ) 1970 - 19

3

Dédicace

4

A mon père YEO Adama et à ma mère COULIBALY Tenin

5

REMERCIEMENTS

Ce mémoire est le fruit de plusieurs mois d'investigation. Nous tenons à nous incliner, pour chaleureusement rendre gloire à DIEU qui dans son infini sagesse et miséricorde, nous a accordé la santé, le maintient physique et moral durant tout ce travail.

Ce travail n'aurait jamais pu aboutir, sans les apports extérieurs. Nous avons eu besoin de la contribution de plusieurs personnes, dont il serait difficile d'énumérer. Néanmoins nous voudrions exprimer notre gratitude au Docteur BEKOIN Tanoh Raphaël qui n'a toujours ménagé aucun effort pour nous entendre et nous prodiguer de très utiles conseils et critiques, qui ont été déterminant dans l'achèvement de ce travail. Veuillez recevoir ici cher Maître nos remerciements les plus pressants et les plus sincères.

Nous n'oublierons pas de rendre un vibrant hommage au professeur Jean Michel Egue LATTE, le Directeur Scientifique pour ses actions au sein du département d'Histoire, au Docteur BRINDOUMI Atta Kouamé Jacob et a tous les enseignants du Département d'Histoire sans oublier le Docteur AGOH Florentine qui a guidé nos premiers pas dans la recherche.

Aussi, il faut ajouter la contribution des agents des archives nationales de Côte d'Ivoire, de l'IRD, de la Chambre de l'agriculture, du CERAP et de l'ONDR notamment celle de Monsieur Asseu Mathias pour leur disponibilité et leur parole encourageante. Tout le long de l'élaboration de ce mémoire nous avons bien entendu bénéficié des prières, du soutien moral et financier de nos parents. Toutefois l'aide et les encouragements de nos amis particulièrement ceux de Mademoiselle OUATTARA Yah Fatim et de TUO Siriki ont été capitales.

En définitive tous ceux qui ont porté d'une manière ou d'une autre, la part du fardeau de la réalisation de ce travail en reçoivent la grâce et nos remerciements.

SOMMAIRE

 

INTRODUCTION GENERALE

4

 

PREMIERE PARTIE : NAISSANCE D'UNE SOCIETE RIZICOLE : DE LA PERIODE COLONIALE A

 
 

1974

21

CHAPITRE I : LES ETAPES DE LA CREATION DE LA SODERIZ

21

 

I-

LA POLITIQUE RIZICOLE AVANT 1970

23

II-

L'ACTION PARTICULIERE DU PRESIDENT FELIX HOUPHOUËT BOIGNY EN FAVEUR DE

 

LA RIZICULTURE

33

III-

LES RAISONS DE CREATION DE LA SODERIZ

38

 

CHAPITRE II : LA CREATION DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT ET SES PREMIERES

ACTIONS 1970 - 1974 45

I- FORME ET FONCTIONNEMENT DE LA SODERIZ 45

II- LES MISSIONS DE LA SODERIZ 49

III- LES DEBUTS D'INTERVENTION DE LA SODERIZ 53

DEUXIEME PARTIE : INITIATIVES ET IMPACT DE L'ACTION DE LASODERIZ 1972 - 1974 64

CHAPITRE III : LES INITIATIVES AMBITIEUSES DE LA SODERIZ POUR LA PRODUCTION ET LA

COMMERCIALISATION DU RIZ ....66

I- LA POLITIQUE DE PRODUCTION DU PADDY 66

II- L'USINAGE DU PADDY 74

III- MISE EN PLACE DES STRUCTURES POUR LA COMMERCIALISATION ET LA

DISTRIBUTION DU RIZ 81

CHAPITRE IV : L'IMPACT SOCIO ECONOMIQUE DE LA SODERIZ 88

I- LES RETOMBEES SOCIALES DES ACTIONS DE LA SODERIZ 88

II- L'IMPACT ECONOMIQUE DES ACTIONS DE LA SODERIZ 93

III- LA CÔTE D'IVOIRE AUTO SUFFISANTE EN RIZ 1974 -1976 97

TROISIEME PARTIE : DES DIFFICULTES DE FONCTIONNEMENT AU

DECLIN DE L'INSTITUTION 1976 - 1977 102

CHAPITRE V : LA FAILLITE DU SECTEUR INDUSTRIEL 104

I- LA POLITIQUE DES PRIX NON MAITRISEE 104

II- LA MAUVAISE POLITIQUE D'USINAGE 108

III- DYSFONCTIONNEMENT LIE AU STOCKAGE 112

CHAPITRE VI : LA DEFAILLANCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION ET L'ACTION DE

L'ETAT

...117

I- UN CIRCUIT PARALLELE, PUISSANT CONCURRENT DE LA SODERIZ

117

II- LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION OFFICIEL

123

III- LE DECLIN DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT

127

 

CONCLUSION GENERALE

131

 

6

INTRODUCTION GENERALE

7

8

I-JUSTIFICATION ET INTERET DU SUJET

1- Réflexion générale

L'histoire économique de la Côte d'Ivoire constitue un vaste champ d'étude qui mérite d'être permanemment exploré. En effet, les activités économiques ont toujours eu pour but de satisfaire les besoins vitaux de l'homme. Or, avec l'agriculture, l'homme assure sa survie quotidienne en exprimant le besoin de pratiquer toutes sortes de cultures notamment les cultures vivrières que sont les tubercules, les légumes et les céréales particulièrement le riz.

La Côte d'Ivoire est généralement présentée comme un grand pays agricole, regorgeant d'énormes potentialités agricoles. En montrant la volonté manifeste pour l'agriculture en 1960, les autorités Ivoiriennes voulaient faire d'elle la pierre angulaire du développement économique du pays. L'accent fut mis sur les cultures d'exportations qui ont permit au pays de réaliser d'énormes progrès et de consolider sa place de leader mondial pour le cacao qui représentait 63,2% des valeurs d'exportations pendant cette année soit 2/3 des exportations du pays1.

Malgré ces résultats spectaculaires, le pays restait déficitaire sur le plan des vivriers notamment le riz. D'énormes devises sont pour cela allouées à l'importation du riz dans la première décennie de l'indépendance. En 1965, un programme rizicole a été lancé dénommé « opération riz ». L'Etat investit à cet effet 5 milliards de francs Cfa pour le développement de la culture du riz. Cette action de l'Etat est restée sans effet escompté, entrainant une augmentation des importations et une croissance du taux de consommation du riz importé à 34% en 19702. Alors, cette dernière composante des céréales est devenue au bout de

1 S, CONDE : 1981, « Agriculture d'exportation et agriculture vivrière dans le développement économique de la Côte d'Ivoire » in Annales de l'université d'Abidjan, série K, Science Economique, tome IV, Abidjan, p8

2 S Y, AFFOU : 1990, La relève paysanne en Côte d'Ivoire, Karthala, Orstom, p 19

9

quelques années, une priorité pour l'Etat de Côte d'Ivoire, dans le cadre du développement de l'agriculture vivrière. Cette expérience a permis aux autorités d'envisager la création d'une société d'encadrement spécialisée dans la riziculture.

En 1970, l'Etat décide de relancer la culture du riz, avec la mise en place d'une société d'Etat spécialisée pour la riziculture. Il fallait donc mettre en place une société rizicole, qui devait développer la culture du riz, et au-delà l'agriculture vivrière ivoirienne. Elle devait aussi encadrer les paysans en leur garantissant de nouvelles méthodes culturales assorties de techniques de productions. Il importe de souligner que le développement des cultures vivrières, particulièrement la riziculture passe par la gestion des ressources, l'organisation de la production de la transformation, la commercialisation et surtout par la politique agricole étatique. C'est en ce sens que par le décret n°70 - 564 du 23 septembre 1970, il est crée une société d'Etat dénommée, Société pour le développement de la riziculture avec pour sigle « SODERIZ » 3.

2- Les motivations du sujet

À travers ce thème nous comptons étudier un pan de l'histoire économique de notre pays et surtout le passé de la première société d'Etat en charge de la culture du riz.

Ce sujet sur l'histoire de la Soderiz est intéressant car il aborde la politique vivrière notamment la politique rizicole. Aucun peuple en Côte d'Ivoire n'a de l'aversion pour ce produit qui est devenu stratégique par son importance pour l'alimentation des populations. Ce thème retrace dans son entièreté l'histoire économique de la Côte d'Ivoire en montrant l'importance du riz dans l'économie agricole. Autrement dit, la place du riz dans la société Ivoirienne.

3 Journal Officiel de Côte d'Ivoire (JOCI) : 1970, décret portant création de la Soderiz p 1631

10

C'est dans cet intérêt que s'inscrit cette étude sur l'histoire de la Soderiz 1970 - 1977.

Plusieurs motivations nous ont amené à choisir ce thème au nombre desquelles on a les motivations subjectives et les motivations objectives. Comme motivation subjective, il faut retenir que pendant notre jeune âge, nous avons grandi dans une zone industrielle où nous avons vu et entendu parler de la société Soderiz qui a laissé son nom sur les infrastructures construites. On a vu les locaux et la rizerie délaisser par la Soderiz. Nous n'avons jamais compris pourquoi cette unité industrielle était fermée. Ces incompréhensions nous ont amené à interroger nos parents sur ce que fait cette usine et pourquoi continue ton de l'appeler Soderiz alors qu'en réalité ce n'était plus le cas. Mais nos interrogations et notre curiosité furent loin d'être dissipée. A travers ce thème, nous avons voulu réaliser un objectif d'enfance à savoir étudier la première société d'Etat en charge de la culture du riz.

Au delà de ce rêve d'enfant, notre intérêt pour cette étude est lié à d'autres motivations.

La crise alimentaire qu'a connut notre pays en 2008, suivie de l'augmentation du prix du riz, nous a amené à nous interroger sur les raisons pour lesquelles la Côte d'Ivoire, malgré ses potentialités agricoles n'arrivait pas à satisfaire la population en produisant localement le riz. En effet, lorsqu'on parcourt les ouvrages et documents divers sur la Côte d'Ivoire particulièrement sur l'agriculture vivrière, l'on s'aperçoit que l'histoire de la première société rizicole n'est pas connut du monde même si son nom ne laisse personne indifférente. Telles sont les motivations objectives.

3- Délimitation du cadre géographique du sujet

Le champ de notre étude est la Côte d'Ivoire. Ce pays est par la force de la nature un pays agricole. Il a une économie essentiellement rurale. La Côte

11

d'Ivoire a une superficie de 322463 Km2, dont plus de 70% des terres sont arables. Sa pluviométrie est l'une des plus abondantes de la sous région ouest africaine, avec 1800 mm dans la zone forestière et 900 mm dans la zone savanicole4. Elle dispose aussi d'un important réseau hydrographique, dont les principaux sont : Cavally, Bandama, Comoé, Sassandra.

Au niveau de son climat, il est de type tropical humide caractérisé par des températures comprises entre 21° et 32° C au sud et entre 24° et 39° C au centre et au nord. Ses différents climats sont propices à l'agriculture. Son milieu naturel est composé en majorité de forêts, de plaines et de bas fonds qui sont des zones de prédilection pour la culture du riz.

4- Définition des bornes chronologique

L'étude que nous menons sur l'histoire de la Soderiz part de 1970 à 1977. L'année 1970 est la date de création de la Soderiz, première société chargée véritablement du développement de la riziculture.

En ce qui concerne l'année 1977, cette dernière date de notre étude correspond à la dissolution de la Soderiz, sept ans seulement après sa création. Cette date marque l'échec des politiques rizicoles initiées par l'Etat.

II- ETAT DE LA QUESTION

La filière riz en Côte d'Ivoire, a fait l'objet de plusieurs études. Ouvrages et articles de revues abondent5. Cependant, concernant la Soderiz, cette institution n'a pas fait l'objet d'une étude spécifique assez poussée. Cependant dans le cadre de cette étude nous avons eu recours a des ouvrages qui sans être spécialisés font référence sur certains points à la Soderiz.

4 I, N'DABALISHYE : 1995, Agriculture vivrière ouest Africaine : cas de la Côte d'Ivoire, monographie, Bouaké Idessa, p 56

5 Ces différents articles de revues et ouvrages ont été écrites par des Historiens, des Sociologues, des Economistes des Géographes, des Botanistes et des Agronomes (cf. bibliographie).

12

A ce titre nous pouvons citer le mémoire de fin de cycle de Koffi Kouassi6 dans lequel il fait une analyse approfondie sur les projets réalisés par la Soderiz. Ce document nous expose l'exécution du projet Yabra, une expérience tentée par la Soderiz afin de motiver les jeunes à pratiquer la riziculture. Dans ce travail de recherche l'auteur fait la lumière sur les aspects techniques de l'exécution du programme Soderiz. Il évoque dans ce sens la mise en valeur des espaces pour la riziculture. Il présente dans ce même ordre d'idée, l'aspect social du programme Soderiz à travers l'installation des jeunes paysans modernes dans les villages Soderiz et aussi la promotion du paysan avec un revenu élevé. Mais aucun lien n'est établi entre ces aspects techniques, sociaux et la transformation du paddy par la Soderiz.

Dans le cadre du volet socio économique de l'action de la Soderiz nous pouvons citer l'étude de Jean Pierre Dozon « Impasses et contradictions d'une société de développement : exemple de l'opération riziculture irriguée en côte d'ivoire »7. Dans cette étude, il met l'accent sur la création de nouveaux milieux sociaux ruraux et les rapports sociologiques créés lors de l'exécution du programme Soderiz. Il montre le désintéressement des populations autochtones détenteurs originelles du patrimoine foncier, notamment les bas fonds, à participer à la riziculture. Et cela contrairement au allochtones qui étaient disposés à mettre en valeur les bas fonds aménagés par la Soderiz. Cette situation de l'indifférence autochtone posait un problème de distribution massive de parcelle rizicole qui conduisait immanquablement à de futurs conflits entre les groupes. En un mot les rapports sociaux créés entre allochtone et autochtone lors de l'exécution du programme Soderiz, dans le centre ouest ivoirien constituent la préoccupation majeure de cet auteur. Malheureusement il ne produit aucune série statistique concernant la production rizicole de la

6 K, KOFFI : 1977, Installation des jeunes paysans modernes dans le projet Yabra, mémoire de fin de cycle de l'INSET, 48p

7 J, P DOZON : 1979, « Impasses et contradictions d'une société de développement : l'exemple de l'opération riziculture irriguée en Côte d'Ivoire » cahiers ORSTOM, série sciences Humaines, volume 16, n°1- 2, p 37 - 58

13

Soderiz. En plus de cet article de Jean Pierre Dozon, notre choix s'est porté également sur (R D) Hirsch, qui dans son étude « le riz et les politiques rizicoles en Côte d'Ivoire 1960-1993 » 8, fait un bilan plus complet sur la politique rizicole adoptée par la Côte d'Ivoire depuis son accession à l'indépendance. Il met à nu les incohérences de la politique rizicole de l'Etat et ouvre une perspective pour les années à venir d'une libéralisation de la filière. Il analyse la gestion des sociétés qui ont eu à intervenir dans la filière riz notamment la Soderiz depuis 1960 à 1993. Son document comporte plusieurs tableaux, d'analyses, d'interprétations pertinente. Mais il parait trop sévère dans ses critiques ou du moins partisan. Quant à Kanvaly Diomandé dans son article, « Dévaluation et auto suffisance alimentaire : Le cas de la filière riz en Côte d'Ivoire »9, il relate l'impact de la dévaluation sur la politique rizicole ivoirienne. Il révèle que la Côte d'Ivoire a connu trois phases de politique rizicole. De 1960 à 1970 avec la Satmaci, de 1970 à 1977 avec la Soderiz et la période après la Soderiz. Cet article ne mentionne ni la politique rizicole coloniale ni la commercialisation du riz, produit par la Soderiz ; encore moins l'évolution de la production du paddy.

Concernant la transformation et la commercialisation du riz de la Soderiz, nous avons eu recours à Dominique Harre10. Elle met en lumière à travers sa thèse la méthode de transformation du riz par la Soderiz à travers les différentes rizeries mises en place. Elle fait mention dans son étude de la politique d'importation et l'organisation de la collecte du paddy dans le pays. Quand à Yayat D'Alepé Hubert dans son étude, « L'économie coloniale de transition de la Côte d'Ivoire, de 1893 à 1919 »11, il consacre un chapitre à la question du riz

8 R.D HIRSCH : 1993, le riz et les politiques rizicoles en Côte d'Ivoire 1960- 1993, Paris, caisse française de développement, p 72

9K, DIOMANDE : 1995, Dévaluation et auto suffisance alimentaire : Le cas de la filière riz en Côte d'Ivoire, extrait d'Afrika Spectrum n°32, CIRES, 77p.

10 D, HARRE : 1987, le système de commercialisation de riz en Côte d'Ivoire: le marché interne des produits agricoles support de la politique alimentaire, Thèse de Doctorat de 3è cycle, Paris I, 356p

11 Hubert Yayat D'ALEPE : 1973, Economie coloniale de transition de la Côte d'Ivoire, de 1893 à 1919, Thèse de Doctorat de 3e cycle, Paris, Université de Paris VII, 557 p

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pendant la colonisation. Il révèle ainsi que la culture du riz dans cette colonie a été diversifiée à partir de 1908. Le riz était commercialisé dans la colonie et le surplus était exporté vers la France. Le riz servait à nourrir les employés sur les chantiers de construction de la voie ferrée. Cette thèse montre que pendant l'ère coloniale, le riz demeurait une préoccupation du pouvoir colonial. Ce travail est bien de la période coloniale et ne concerne en aucun cas, la période 1970 ni n'aborde le sujet de la Soderiz. Brindoumi Atta Kouamé Jacob, dans son Mémoire de Maitrise « La production et le commerce des céréales de la Côte d'Ivoire de 1963 à 1995 », traite en général les céréales de la production à la commercialisation12. Ce document de 230 pages est divisé en trois parties. La première partie expose les facteurs de développement de la production et de la commercialisation. Brindoumi Atta Kouamé Jacob présente ensuite les grandes zones de production céréalières et les étapes franchies par cette filière entre 1963 et 1995. Dans la seconde partie, il étudie en profondeur le mode de commercialisation des céréales dans le pays. Du commerce extérieur des céréales à la commercialisation locale, il aborde la question des prix en insistant sur l'évolution de ceux-ci et les acteurs intervenant dans l'organisation de ce commerce. La troisième partie de son étude porte sur l'impact socio économique de la filière céréalière, sur les acteurs avant de montrer les bouleversements sociaux engendrés par cette activité. Cette étude est riche en information et nous fournit des tableaux et des cartes bien commentés. Mais elle reste étendue à toutes les céréales et ne traite spécifiquement du riz encore moins la Soderiz. D'où la généralisation des informations. Quant à Louis Berger, dans son rapport sur « la filière riz »13, il fait une analyse complète et générale de la filière riz en Côte d'Ivoire, de la production à la commercialisation. Il met un accent sur les atouts et les contraintes de la riziculture en faisant une perspective pour le développement de cette culture. Dans cet ouvrage, il consacre une partie à

12 A K J, BRINDOUMI : 2003, La production et le commerce des céréales de la Côte d'Ivoire de 1963 à 1995, Mémoire de Maitrise Histoire, Université de Bouaké, 230p

13 L, BERGER : 1988, Rapport final Etude de la filière riz, Abidjan, 194p

15

l'étude économique de la filière riz en insistant sur la transformation du riz dans les rizeries. De tout ce qui précède l'étude de Louis Berger est d'une grande importance, mais elle est limitée dans le temps, dans la mesure où cette étude est beaucoup axée sur la période après la Soderiz, et n'étudie pas spécialement la Soderiz.

Au niveau du type de culture de riz et de l'espace privilégié pour cette culture, Nous avons eu recours au mémoire de maitrise d'Aude Meunier « La riziculture irriguée dans la zone dense de Korhogo (Nord de la Côte d'Ivoire) »14. Elle explique que la Soderiz avait opté pour un type de riziculture celle de la riziculture irriguée. Elle fait une analyse sur les avantages et l'impact de la riziculture irriguée sur le développement pendant la période Soderiz. Dans la même perspective N'Dabalishye, dans son ouvrage « Agriculture vivrière ouest Africaine à travers le cas de la Côte d'Ivoire » 15, met l'accent particulier sur le milieu physique privilégié par la Soderiz pour la réalisation de sa mission. Il nous informe que les dépressions humides sont très propices à la riziculture irriguée, espaces privilégié par la Soderiz pour son programme rizicole. Mais l'historique de la Soderiz ne figure nulle part dans ces différentes analyses. Toutes ces insuffisances observées dans ces différents articles et ouvrages, nous ont amené à pencher notre analyse sur des aspects non encore élucidé pour aborder dans le temps la question relative à la Soderiz et à la production du riz.

III- PROBLEMATIQUE

La Soderiz, en tant qu'institution de développement de la riziculture a suscité un grand espoir dès sa création. Cette société s'est vue confiée la politique de production du riz, qui est un aliment de grande consommation des Ivoiriens. Elle a joué un rôle capital dans le développement économique du pays avant de connaître un échec. La production du riz à grande échelle a vu le jour

14A, MEUNIER : 1991; La riziculture irriguée dans la zone dense de Korhogo (Nord de la Côte d'Ivoire), Mémoire de Maîtrise de Géographie, Université de Rouen Haute - Normandie, 203p

15I, N'DABALISHYE op.cit, 383p

16

avec la Soderiz. La filière rizicole a été mise au devant des céréales par les autorités, faisant de ce produit, un produit stratégique à partir de 1970. La période de fonctionnement de la Soderiz est apparue comme la seule période où des efforts considérables ont été faits pour la production du riz, permettant au pays d'exporter le riz.

Malgré cela, la Soderiz connut des difficultés après une brève période d'autosuffisance en riz. Quelles sont les actions qu'elle a posé et quelles difficultés a t- elle due rencontrer dans son fonctionnement pour le développement de l'agriculture vivrière notamment la riziculture ?

A travers cette période d'évolution de la production et la volonté affirmée des décideurs à maintenir le cap pour le riz, on peut se demander comment avec toutes ces potentialités rizicoles et des performances réalisées, la Soderiz n'a pas pu survécu ?

L'ensemble de ces interrogations nous amène à réfléchir et à ressortir le rôle joué par la Soderiz société créée pour le développement rizicole, dans la production du riz en Côte d'Ivoire, tout en indiquant les difficultés auxquelles elle a été exposée dans la réalisation de ses missions.

1. objectif général

L'objectif général de notre étude est de montrer comment la Soderiz a participé en Côte d'Ivoire dès sa création jusqu'à sa dissolution au développement rizicole. Cet objectif ne peut être atteint sans que nous ne dégagions les objectifs spécifiques.

2. Objectifs spécifiques

Ils se résument en trois principaux objectifs :

- Montrer les raisons de la création de la Soderiz.

-Dégager les initiatives prises par la Soderiz et l'impact de ses actions

17

-Exposer les difficultés de fonctionnement, ayant abouti a la dissolution de l'institution

3- Les hypothèses de travail

Pour atteindre ces objectifs spécifiques, nous comptons mener notre réflexion en nous appuyant sur ces hypothèses :

- La Soderiz est créée du besoin de l'Etat de favoriser le développement rizicole en Côte d'Ivoire.

- L'action de la Soderiz a eu un impact productif à cause du milieu physique et du type de riziculture choisi.

- La performance réalisée par la Soderiz a amélioré la situation sociale des paysans.

- L'impact productif de la société rizicole a eu des répercutions sur son chiffre d'affaire.

- La politique des prix non maîtrisée à favoriser la chute de la Soderiz

IV- METHODOLOGIE

Cette étude sur l'histoire de la Soderiz s'inscrit dans le domaine de l'histoire économique. Elle s'intéresse au commerce, aux entreprises, aux fluctuations des prix des denrées ou marchandises et à l'agriculture.

L'étude sur la Soderiz fait apparaître plusieurs aspects, notamment la production, la commercialisation du paddy et l'organisation du secteur agricole. Ces éléments concernent plus le domaine économique, où à travers les différentes statistiques agricoles l'on a pu se faire une idée de la portée économique de la Soderiz.

Mais s'en tenir à l'aspect économique aurait porté un handicap à notre étude. En effet, si la Soderiz a été une société d'Etat chargée de la production et de la Commercialisation du paddy, elle a entretenu également des rapports divers avec le monde paysans, qui ne porte pas sur l'aspect économique. C'est

18

pourquoi il nous est apparu important dans notre démarche méthodologique, d'analyser aussi cette étude sous d'autres perspectives. Ainsi, cette étude sur l'histoire de la Soderiz est en rapport avec plusieurs domaines à savoir, l'économie, la politique, la sécurité alimentaire, les problèmes sociaux et la botanique. En ce qui concerne la politique, l'histoire de la Soderiz a montré comment les décisions politiques et le choix des dirigeants de la société se faisait. La sécurité alimentaire et les problèmes sociaux constatés nous ont permit de savoir à quel point les produits alimentaires notamment le riz contribue à la paix sociale. Avec les ouvrages concernant la botanique, on a pu constater les différentes espèces végétales de riz. A travers cette étude nous avons tenté de faire une histoire globale de la Soderiz, par ces différentes approches. L'intérêt de cette démarche est qu'elle permet de mieux cerner la création, le fonctionnement de cette société et l'impact de ses actions sur le développement de la riziculture en Côte d'Ivoire de 1970 à 1977.

Dans le souci de mieux conduire notre étude, nous avons axés notre réflexion sur la méthode d'analyse essentiellement historique. Cette méthode a consisté pour nous de faire la collecte documentaire à partir de diverses sources. On a les sources écrites et les sources orales.

Au niveau des sources écrites, les premières consultées furent les archives du Ministère de l'agriculture. Dans ce local nous avons pu trouver quelques rapports d'activité annuels de la Soderiz notamment ceux de 1973, 1974 et 1976. Les rapports d'activités dressent le bilan d'activité de la société et ouvre les perspectives pour les années à venir. Outre ces rapports, on a pu accéder aux statistiques agricoles. Ce sont des documents agricoles publiés par le Ministère de l'agriculture. Ces documents présentent l'évolution de la production du riz en Côte d'Ivoire. Le Ministère de l'agriculture ne prenait en compte que la production du riz encadrée par les structures mise en place par l'Etat. Ce qui rend difficile la maîtrise et l'établissement de véritable statistique. Les services

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du ministère ont ignoré la production non encadrée. Cette situation faisait qu'il y avait une différence entre les chiffres produit par la Soderiz et ceux du ministère de l'agriculture.

Les secondes sources écrites consultées furent les archives de la Chambre de l'agriculture. Cette Chambre consulaire a mis à notre disposition les archives de la Soderiz. On a pu trouver dans ces archives quelques procès verbaux du conseil d'administration de la Soderiz et quelques documents imprimés la concernant. Ces sources ont permit de mettre en relief les actions menées par la Soderiz et ses rapports avec les autres structures intervenant dans la filière riz.

Ensuite, comme sources d'archives consultées on a les archives nationales de Côte d'Ivoire. Cette Maison nous a fourni les journaux officiels de la période d'après indépendance, ainsi que les dossiers des séries RR qui concernent l'agriculture et les séries QQ qui appartiennent aux affaires économiques de la période coloniale. Concernant la série RR, les documents dépouillés dans le cadre de notre étude appartiennent à la sous série 1RR. Cette sous série nous a permit d'avoir une idée nette sur la situation rizicole de la colonie de Côte d'Ivoire pendant la période coloniale, qui se rapporte aux correspondances relatives aux cultures vivrières notamment le riz dans la colonie. Ces documents nous renseignent aussi sur les correspondances du gouverneur de la Côte d'Ivoire adressée au gouverneur de l'AOF en réponse de la lettre relative à la réquisition du riz des indigènes à des prix très bas en 1922. Ces documents font ressortir les notions de la botanique et de l'agronomie. Ils mettent en relief le type de riziculture privilégié par les colons au cours de la colonisation. Cette sous série montre également les sols de prédilection pour la culture du riz.

Pour la série QQ, les dossiers consultés appartiennent tous à la sous série 1QQ, qui se rapporte aux activités économiques, surtout commerciales du riz. La sous série 1QQ révèle la politique rizicole mise en place par le colonat. Elle indique également le rôle économique du riz. Cette sous série concerne les

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correspondances échangées entre le gouverneur général et le gouverneur de la Côte d'Ivoire au sujet de la fourniture du riz des différents cercles aux travailleurs du chemin de fer. Elle nous renseigne aussi à travers les services de douanes, sur les exportations et les importations de riz de 1899 à 1913 et de 1919 à 1921. Ce dossier présente les chiffres officiels des volumes de riz importé et celui exporté. Les chiffres établis par les services douaniers sont souvent différents de ceux établis par le ministère du ravitaillement et des différentes statistiques établies.

Enfin, on a consulté les archives de Fraternité Matin. L'essentiel des documents consultés sont des revues telles que Fraternité Matin, Fraternité Matin spéciale indépendance. La consultation de ces journaux nous a éclairés sur la politique agricole du pays depuis l'indépendance et sur les différentes actions de la Soderiz et de bien d'autres structures travaillant en collaboration avec la Soderiz. Fraternité Matin qui est un organe de presse, était au service de l'Etat et l'aidait à diffuser sa politique notamment, celle de la riziculture à travers les informations officielles qu'il fournissait.

La plupart de ces documents d'Archives sont dans un état de délabrement considérable. Les dossiers sont souvent vides et très mal classés. Les différents rapports annuels de la Soderiz ont le plus souvent des parties déchirées, rendant ainsi difficile la compréhension des rapports. Cependant ces documents nous ont permis d'obtenir les références contenues dans les notes de bas de page du Mémoire et ont également contribué à l'élaboration des sources d'Archives.

Dans le cadre de cette étude, nous avons privilégié d'autres sources en particulier les sources orales. L'objectif que nous visons en procédant à une enquête orale est de chercher à vérifier certaines informations recueillies à travers les archives et les ouvrages consultés pendant nos investigations et de compléter les insuffisances et les omissions.

21

Au niveau des sources orales, nous avons répertorié deux catégories de personnes. Il y'a d'abord les responsables de la Soderiz. Ces derniers dans le cadre de leur travail, ont eu à connaitre le fonctionnement de cette entreprise et à collaborer avec les responsables des autres institutions rattachées à la Soderiz. Ces responsables de la Soderiz sont quasiment à la retraite et d'autres introuvables. C'est le cas du Directeur Général en service de 1970 à 1977 qui ne vit plus. A vrai dire il à été difficile de rencontrer les fonctionnaires ayant servi a la Soderiz de 1970 à 1977 et qui seraient des témoins privilégiés de l'histoire de cette institution. Cela est due au faite que la société a été dissoute il y'a 34 ans.

Mais nous avons eu l'honneur de rencontrer certains qui vivent encore. Il s'agit de Messieurs N'Dri Brou Benoît, directeur technique de la Soderiz 1974 - 1977, Ahmed Timité, Roger Diallo, Gérard Yao et Hema Namboin Augustin. Les enregistrements ont été réalisés à l'aide d'un magnétoscope. Les discussions avec les personnes enquêtées ont porté sur le fonctionnement de la Soderiz, la politique rizicole conduite par la société et les rapports de la Soderiz avec l'Etat ainsi qu'avec les autres structures intervenant dans le domaine rizicole. Les échanges ont aussi portées sur les raisons de la dissolution de la Soderiz. Pour rendre plus efficace la collecte des informations nous avons utilisés les trois types d'entretiens à savoir l'entretien directif, l'entretien semi directif et l'entretien non directif. Cela a permit a nos informateurs de dire tout ce qu'ils savent sur les points bien précis de notre sujet. L'utilisation d'un type d'entretien peut entrainer la pauvreté des informations recueillies. Pour éviter cette situation, nous avons varié l'utilisation des différents types d'entretien. Après avoir recueillies ses informations, nous les avons soumis à une confrontation avec celles déjà obtenues. C'est après cette confrontation et la critique interne que nous avons validé certaines informations.

L'autre catégorie de personnes interviewée concerne les acteurs des circuits traditionnels et les paysans. A ce niveau il faut souligner que beaucoup semblent

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ne pas exercer le commerce du riz, pendant la période Soderiz. D'autres par contre ont des connaissances relativement faibles sur l'existence de la Soderiz.

Les témoignages de nos interlocuteurs ont été très édifiants et déterminants dans notre travail.

V- PLAN

Pour mieux exposer les résultats de notre recherche sur l'histoire de la Soderiz de 1970 à 1977, nous avons orienté notre étude en trois grands centres d'intérêts. La première partie composée de deux chapitres, tout en présentant sommairement les étapes de la création de la Soderiz, fait un point sur l'avènement de la société de développement et ses premières actions.

Depuis la période coloniale, plusieurs politiques ont été élaborées par l'administration coloniale afin de développer la culture du riz. Après l'indépendance, les nouvelles autorités dans le cadre du développement de l'agriculture vont axer la politique de l'autosuffisance sur la riziculture à travers la Satmaci. Cette société, ne s'occupant exclusivement de la culture du riz, en 1970, l'Etat décide de créer la Soderiz, qui posera ses premières actions dans le milieu rizicole. Cependant les actions posées par la Soderiz ne restèrent sans résultats. Les impacts de l'action Soderiz méritent d'être présentés.

La deuxième partie se penche sur les initiatives et impacts de la Soderiz de 1972 à 1976. Elle s'inscrit donc dans le cadre de la maîtrise de la production et de la commercialisation du riz par la Soderiz. Elle révèle la politique de production, de commercialisation du riz par la société sans oublier l'usinage du paddy. A partir de 1972, la Soderiz a institué une technique de production axée sur le choix de la riziculture irriguée. Cette initiative permettra de produire plus de paddy qui alimenteront les rizeries de la société. Le riz blanchi sera donc mis à la disposition des structures de distribution. Cette deuxième partie fait également le bilan socio économique des actions de la Soderiz. Les différentes

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performances réalisées par la Soderiz ont contribué au développement socio économique du pays à travers l'atteinte de l'autosuffisance en riz et l'augmentation du chiffre d'affaires de la société suivie de la création d'emploi.

Enfin, la troisième partie traite des difficultés de fonctionnement qui ont conduit l'institution au déclin en 1977. La faillite du volet industriel de la société, elle-même orchestrée par l'augmentation brutale du prix du paddy a affecté toute la chaine de production de la Soderiz jusqu'au réseau de distribution. Cette partie révèle les dysfonctionnements constatés au sein de l'institution avec le regard complice de l'Etat qui l'a conduit au déclin.

PARTIE I : NAISSANCE D'UNE SOCIETE RIZICOLE : DE LA

PERIODE COLONIALE A 1974

24

25

La mise en place d'une institution chargée spécialement de la riziculture a été inspirée depuis la période coloniale. Plusieurs étapes ont été franchies pour arriver à la création de la Soderiz. Déjà en 1908, les actions de l'administration coloniale pour l'intensification de la culture du riz ont été capitales dans le développement de la culture du riz. Après l'indépendance, l'Etat ivoirien confie la gestion de la culture du riz à la société d'Assistance Technique et la Motorisation Agricole en Côte d'Ivoire (SATMACI). Ainsi en 1970, avec le souci d'assurer l'autosuffisance en riz, le pays fut doté d'une nouvelle institution chargé du développement de la riziculture Soderiz. Elle posera ses premières actions de 1970 à 1974.

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CHAPITRE I LES ETAPES DE LA CREATION DE LA SODERIZ.

L'avènement de la Soderiz est intervenu après plusieurs étapes qui ont favorisé la mise en place de l'institution rizicole. En effet, depuis la période coloniale, les bases du développement de la culture de riz furent jetées. D'abord, le grand intérêt accordé au riz par les colons, montre bien l'importance de cette denrée alimentaire aux yeux du colonisateur. Ensuite, après la lutte pour l'indépendance, les autorités ivoiriennes ont cherché à développer la riziculture au pays. Aussi, un accent particulier fut-il mis sur la culture du riz lors du plan décennal de 1961-1970.

I- LA POLITIQUE RIZICOLE AVANT 1970

A partir de 1893, avec l'installation coloniale, une nouvelle vision est donnée à la riziculture. Les autorités coloniales ont intensifié leurs actions en faveur de la riziculture jusqu'en 1960. A la veille de l'indépendance, l'Etat ivoirien poursuit la politique rizicole antérieure en créant la Société d'Assistance Technique et pour la Motorisation en Côte d'Ivoire (SATMACI) en 1963.

1. La question du riz pendant la colonisation

Dès le début de la colonisation française en Côte d'Ivoire, la culture du riz occupait une place marginale dans l'agriculture. Très tôt, les principes de l'autonomie financière de chaque territoire et du financement maximal des coûts de la colonisation par les colonies elles mêmes orientèrent l'action administrative vers un développement planifié et une intervention sur les structures de production et de commercialisation, de manière à limiter les importations de biens de subsistance par un développement de la production locale. Une politique d'autosuffisance alimentaire a été donc de ce fait très rapidement associée à l'action coloniale. Ainsi, pour prémunir en générale les colonies d'Afrique occidentale Française et en particulier la Côte d'Ivoire des

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dangers de la seule exploitation des produits de caoutchouc, cola et l'acajou, l'administration coloniale s'est préoccupée de développer les cultures nouvelles notamment la riziculture. Cet engagement visait à mettre le pays à l'abri d'éventuelle crise économique. C'est pourquoi s'adressant aux administrateurs, commandants des cercles, le sous directeur à l'agriculture Bervas disait « Je crois utile aujourd'hui d'attirer spécialement votre attention sur le développement de la culture du riz »16. A cette période, la riziculture était pour ainsi dire localisée à la région ouest de la colonie et sur le littoral dans la région de Grand Lahou. Le baoulé nord en possédait également quelques rizières, mais éprouvait les plus grandes difficultés à mieux pratiquer la culture du riz. La production ne suffisait pas à la consommation locale. La riziculture gagnait progressivement la forêt à partir des deux foyers du sud et du nord, malgré le refus de certains peuples à la pratiquer. Ce refus était pour les populations de la colonie un moyen de marquer leur opposition à l'action coloniale.

La riziculture fut la préoccupation des autorités coloniales dès 1908. Avec les nombreux essais effectués dans le jardin botanique de Bingerville, l'administration coloniale a réussi à hâter la culture du riz dans le pays notamment dans les cercles du baoulé sud et du baoulé nord17.

De 1908 à 1912, il s'agissait pour le colonat d'intensifier la culture du riz et d'augmenter les surfaces cultivées tout en tenant compte de la qualité et des efforts pour imposer la culture du riz18. Mais c'est aussi la période des cultures obligatoires de riz et des réquisitions de paddy. Selon Yayat d'Alepé Hubert, « avec la diffusion rapide de la culture du riz, les autorités décidèrent d'en faire une céréale d'exportation »19 . L'administration coloniale n'a donc pas hésité à distribuer gratuitement du paddy pour les semences afin d'accélérer la diffusion

16Archive Nationale de Côte d'Ivoire (ANCI) : 1912, 1RR80, circulaire n°81 à messieurs les administrateurs commandant des cercles au sujet de la culture du riz irrigué

17 ANCI : 1RR 76, rapport agricole et économique du troisième trimestre 1905

18 J, P CHAUVEAU : 1985, « l'avenir d'une illusion, histoire de la production et des politiques vivrières en Côte d'Ivoire », Etudes rurales Orstom, Paris, n° 99 - 100, pp77 - 123

19 Hubert Yayat D'ALEPE, op. cit p 303

28

et l'adoption de la culture du riz. A cet effet le lieutenant gouverneur Angoulvant a encouragé par une note circulaire en date du 29 février 1912, le développement de la riziculture notamment celle du riz irriguée20. Cette note, adressée aux administrateurs des cercles et des subdivisions recommandait l'installation des rizières dans les dépressions humides a proximité des villages. Mais si des progrès sont constatés dans l'étendue consacrée à la culture du riz ; l'on doit noter les conditions défectueuses dans lesquelles les peuples ivoiriens pratiquaient cette culture. Pour Bervas sous inspecteur chargé de l'agriculture de la colonie de côte d'Ivoire, « l'indigène ne cultive le riz que sous la forme sèche, dite de montagne ou non irriguée encore moins inondée »21. Selon le colonat, ce type de culture ne permettait pas un progrès rapide. Les rendements étaient faibles. Ils pouvaient être nuls si les pluies sont insuffisantes car soumis seulement aux conditions climatiques.

En plus de ces conditions défavorables, la culture sèche présentait plusieurs inconvénients tels que, le choix et l'entretien de la zone de production qui rendait difficile le travail de la culture sèche de riz. En 1911, un essai important concluait que la culture du riz irriguée est parfaitement réalisable dans la colonie de Côte d'Ivoire et que son rendement était supérieur à celui de la culture sèche. Sur 1 hectare de riz cultivé on avait 2 tonnes dans les rizières irriguées contre 1,074 tonne en culture sèche22. Cet essai a été réalisé au poste de Diakpo (Boca N'da) par le lieutenant Pravaz qui avait fait un long séjour en Indochine où il avait acquis une connaissance pratique de la culture du riz irrigué23. Les populations locales témoins de cet essai ont reconnu l'énorme supériorité de ce système cultural. A cet effet, les rizières, les dépressions humides, les sols à consistance forte chargé de matières organique étaient mis en valeur pour la riziculture irriguée. Les terrains choisis étaient délimités en compartiment

20 Journal Officiel de Côte d'Ivoire (JOCI) : 1912, Du 29 février 1912, au sujet de la culture irriguée du riz.

21 ANCI : 1912, 1RR80, circulaire n°81 à messieurs les administrateurs commandant des cercles au sujet de la culture du riz irrigué.

22 H, Y, D'ALEPE, op. Cit, p 305

23 Chef de poste de Diapko (Boca N' da) en 1912

29

destiné à retenir l'eau. Ensuite, des digues étaient formées, entassées jusqu'à 0,40 à 0,50 mètres de hauteur et sur une largeur un peu plus grande.

Par ailleurs, l'installation de la rizerie de la Compagnie Générale de l'Afrique Française à Bouaké pour la transformation du paddy, constituait le couronnement de la campagne de développement de la production de riz en 1913. Elle marque aussi l'ouverture d'une nouvelle ère caractérisée par la volonté de réduire les importations de riz24. Le fonctionnement de la rizerie permettait de centraliser le décorticage du paddy de la colonie et facilitait le ravitaillement des services et corps qui relevaient de l'administration.

Aussi avec l'intensification de la culture du riz, la métropole fut-elle servie en cette denrée. Comme l'indique le tableau n°1, plusieurs tonnes de riz produit en Côte d'Ivoire ont pu être rassemblées puis exportées vers la France par le Ministère du ravitaillement. Près de 600 tonnes au total de riz fut exportées vers la France entre 1916 et 1918. Cette action rentrait dans le cadre du soutien apporté à la métropole qui était en guerre.

Tableau n°1 : paddy exporté par la Côte d'Ivoire vers la France 1916 - 1918

Années

1916

1917

1918

Quantité en tonnes

8

540

53

Source : Yayat Hubert d'ALEPE, op. cit p 301

En outre, en 1922, dans le cade du plan Sarraut25 de mise en valeur méthodique et l'exploitation rationnelle des sols et sous sols coloniaux, un accent particulier a été mis sur l'irrigation26. Ce programme de portée économique préconisa la multiplication des petits barrages, favorisant ainsi

24 H, Y, D'ALEPE, op. Cit, p 297

25 Albert SARRAUT a été ancien Gouverneur Général de l'Indochine de 1911 à 1914 et de 1915 à 1919. En 1920 il est nommé ministre des colonies. Il, rédigea et soumit à l'approbation du Parlement Français un projet de loi qui fixait un programme général de mise en valeur des colonies.

26 Semi Bi ZAN : 1973, La politique coloniale des travaux publics en Côte d'Ivoire 1900- 1940, Thèse de doctorat de 3e cycle, Université Paris VII, p 39

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l'essor de la production rizicole. Le poste de Yamoussoukro dans le Baoulé permet de se faire une idée des résultats de ce programme. Un an après, les marigots du poste furent défrichés, dessouchés et 800 hectares furent ensemencés en rizières irriguée dont l'on espérait récolter 1800 à 2000 tonnes de paddy27. Au cours de l'exécution du programme du plan Sarraut, l'administration coloniale a même tenté d'améliorer les techniques de production de riz.

Plus de 130 tonnes furent produites lors de la campagne 192328. Cette production permettait de ravitailler en vivre les manoeuvres des chantiers publics et privés tel que le chantier de la voie ferrée. A cette période, l'on note la tentative de transformation de vastes régions et les abords de la voie ferrée en grenier pour le ravitaillement de ces chantiers.

En outre, le riz fournissait les revenus nécessaires pour payer l'impôt de capitation et faire des achats des produits manufacturés pour les indigènes29. Malgré le développement et la prépondérance de la riziculture jusqu'en 1944, la colonie fut plongé dans une situation de déficit alimentaire chronique due à une sècheresse qui sévissait dans presque toutes les régions productrices. Ce déficit était aussi le fait de l'exportation du riz produit dans la colonie pour ravitailler les soldats. Durant toute cette période de diffusion du riz les autorités coloniales continuèrent d'importer le riz de l'Indochine.

Comme l'indique le tableau n°2 Qp 28), de 1906 à 1920, le total de riz importé furent de 28 068 tonnes pour une dépense de 10 713 512 de francs. De 1906 à 1910, la quantité de riz importé oscille entre 2000 et 2800 tonnes. Cela s'explique par le fait que le riz n'était pas encore entré dans les habitudes

27 JOCI : 1924, Rapport de tournée dans le cercle du Baoulé sud du secrétaire du Gouverneur, du 14 janvier 1924, p 5

28 Archive Nationale du Sénégal et d'Outre Mer (ANSOM) :1925, Rapport n°46 de l'inspecteur Kair de la 31/03/1925 affaire politique carton n° 3047, cité par Hubert Yayat D'ALEPE, op.cit p390

29 J, L, CHALEARD : 1996, Temps des villes, temps des vivres l'essor du vivrier marchand en Côte d'Ivoire, Paris, Karthala, p 89

31

alimentaires des populations. De 1911 à 1914, l'importation de riz atteint un niveau élevé dont la moyenne est de 3000 tonnes par an. C'est le résultat de l'intensification de la riziculture. Pendant cette période la colonie est en chantier, le riz est consommé aussi bien par les colons que par les ouvriers sur les chantiers. Entre 1919 et 1920, les importations de riz varient entre 400 et 2000 tonnes, d'où la volonté de faire face aux importations.

Tableau n°2 : Importation de riz par la Côte d'Ivoire de 1906-192030

Années

Quantité en tonnes

Valeur en francs

1906

1 678

_

1907

1 560

_

1908

2 564

517 881

1909

2 186

513 597

1910

2 749

669 299

1911

4 377

1 102 913

1912

3 852

1 111 049

1913

3 814

1 222 254

1914

1996

576 519

1919

471

_

1920

2208

_

Sources : Archive Nationale de Côte d'Ivoire (ANCI), 1912, 1RR80.

Ministère de l'agriculture et des eaux et forêts, annuaire rétrospectif de statistiques agricoles et forestières 1900 - 1983, tome 3, p 74

A partir de 1954, lors du deuxième plan quadriennal, l'administration coloniale s'est fixé comme objectif la suppression des importations de riz. Ce même objectif fut réaffirmé au cours du troisième plan quadriennal 1958 -1962, car les importations avaient dépassé plus de 10 000 tonnes par an en 1953. En outre, pour faire face à ce déficit, un important investissement est fait par le

30 Le tableau n°2 a été modifié car les archives nationales de Côte d'Ivoire(ANCI), 1912, 1RR80 ne nous fournissent pas les valeurs en francs des importations.

32

Fond d'Investissement pour le Développement Economique et Social de l'Outre Mer (FIDES). Plus de 41% des crédits du FIDES étaient consacrés au développement de la riziculture soit près de 750 millions de francs31. Avec ce crédit les producteurs et commerçants de riz se sont organisés en coopératives. A cette même occasion, une caisse de péréquation fut créée en 1955. Elle fut chargée de rétablir l'équilibre entre le prix du riz local et celui du riz importé32.

Dans l'ensemble, l'administration coloniale a donné une place importante au riz, particulièrement à la riziculture irriguée. Au lendemain de l'indépendance, le bilan de la production du riz parait moins catastrophique. Les nouvelles autorités ivoiriennes décidèrent alors de s'en inspirer et de poursuivre la politique rizicole antérieure, cette fois ci avec la mise en place de structures spécialisées d'encadrement.

Durant la première guerre mondiale, la colonie de Côte d'Ivoire a servie de grenier à la France. Elle a ravitaillé la métropole avec des centaines de tonnes de paddy dans le but de contribuer à l'effort de guerre.

2. L'action de la Société d'Assistance Technique et la Modernisation de l'Agriculture (Satmaci) 1963-1970

Après l'indépendance, le nouvel Etat ivoirien décide de poursuivre la politique rizicole que l'administration coloniale avait entamée. Il crée en 1959 un ministère de l'agriculture chargé de faire la promotion de toutes les cultures ; y compris celle du riz. En 1963, l'Etat confie la gestion de la production et la commercialisation du paddy à la Satmaci. Une section de la Satmaci chargée du riz fut créée en remplacement de la direction de l'agriculture. La Satmaci, dès sa création en 1958 avait pour rôle principal de promouvoir les cultures du café et

31 K, DIOMANDE, OP. Cit, p50

32 D, HARRE, op. Cit, p 58

33

du cacao. Le capital de l'entreprise était de 150 milliards, reparti entre l'Etat ivoirien 81,7%, la France 15% et le Crédit de Côte d'Ivoire 3,3%33.

Avec la création de la section riz, la politique de la Satmaci s'inscrivait désormais dans la nouvelle politique étatique de développement de la riziculture. La Satmaci devait être capable de réduire en quantité et en qualité les importations. Pour Brindoumi Atta Kouamé Jacob, « L'entrée de ce premier organisme de l'Etat dans la filière riz avait pour objet d'élargir les opérations de commercialisation et de procurer aux producteurs des débouchés plus sûrs et de stabiliser les prix »34. Son programme d'action consistait à réhabiliter, à conditionner et à distribuer les semences sélectionnées et améliorées aux paysans. Pour mieux exécuter son programme rizicole, la Satmaci à procédé à l'intensification de la riziculture, à travers le projet d'association de culture qui consistait a incité les planteurs de café et de cacao à pratiquer la riziculture simultanément avec les cultures d'exportations. La Satmaci mit à la disposition des paysans de l'engrais et les produits phytosanitaires35. Plusieurs actions furent posées par la Satmaci, dans le milieu paysan, pour le développement de la culture du riz. Déjà en 1964, elle mit en place une convention d'encadrement pour les différents producteurs. Cette convention était chargée d'assister techniquement les producteurs en leur apportant une assistance financière, par les crédits d'équipements agricoles.

Entre 1963 et 1967, les investissements dans la filière rizicole ont rapidement augmenté de 12% des investissements totaux dans l'agriculture en 1960 ils atteignirent 47% en 1966. Ces investissements de la Satmaci dans le secteur rizicole s'élevèrent à plus de 5 milliards de francs CFA36. Ainsi, un développement rapide de la production du riz fut constaté. La Satmaci avait axé

33 Ministère de l'économie, des finances et du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1960 - 1970, Abidjan, 1963, p 69

34 A K J, BRINDOUMI, op .cit, p 76

35 S, J, NIEMBA: 2000, Politique agricole vivrier en Afrique base du miracle économique en Côte d'Ivoire, Paris, Harmattan, p147

36 Rapport annuel Satmaci, 1967, opération riz p73

34

sa production rizicole sur la culture du riz pluvial. Selon Niemba Souga Jacques, « Ce type de culture était peu productif alors que les surfaces irriguées restaient largement sous utilisées »37. La Satmaci pour l'amélioration des variétés de riz a bénéficié du concours de l'Institut de Recherche Agronomique et Technique (IRAT). Cet institut a mis en place des procédées d'amélioration des techniques culturales. Pour cela, dès 1967, la Satmaci décida que chaque encadreur, réalise là où il réside, « une parcelle de démonstration »38 afin de créer par ce moyen un réseau de planteurs qui pourraient réaliser ces mêmes parcelles sur culture améliorée39. Cette action visait à améliorer le rendement de la production rizicole. Plusieurs thèmes essentiels de vulgarisation furent retenus à savoir le respect du calendrier cultural, l'utilisation de la fumure minérale et celle de semence convenable. A partir de cette même année, l'ensemble du pays fut couvert par l'encadrement rizicole de la Satmaci. Ce qui a permit de porter la production du paddy à 365.400 tonnes en 1968 et à 303.000 tonnes en 196940. Le tableau n°3 (p32), mentionne bien l'évolution de la production du paddy de 1963 à 1969. Cela témoigne, des efforts fournis par la Satmaci pour le développement de la culture du riz.

Par ses actions, la Satmaci alla jusqu'a garantir l'achat du paddy à un prix fixe. Cela est matérialisé par le décret du 16 décembre 1965 portant fixation des prix du paddy et du riz d'origine locale41. Ce prix était de 19 francs en 1968 et 20 francs en 1969. Le paddy acheté était par la suite transformé dans les cinq rizeries42 qu'elle possédait. La capacité d'usinage de ses rizeries était comprise entre 0,3 tonne par heure et 4 tonnes par heure. Par ailleurs, plus de 15 000 tonnes de riz furent produites par la Satmaci en 196843. Mais en 1969, la

37 S, J, NIEMBA, op. Cit, p 86

38 Ces parcelles de démonstrations servaient de parcelle d'expérience pour les encadreurs. Ils réalisaient toutes les expériences possibles et guidaient les paysans dans l'application des techniques culturales.

39 Rapport annuel Satmaci 1967, p 49 40Idem, p 27

41 JOCI 1965, p 1377

42 La Satmaci disposait de cinq rizeries qui étaient : Bouaké 4 tonnes par heure (t/h), Gagnoa 4t/h, Korhogo 4t/h, Man 2t/h, Bouna 0,3t/h

43 FAO : 1972, Commercialisation du riz, p 129

35

sécheresse a entrainé la chute du volume de production de paddy à 303 000 tonnes avant de connaitre une hausse pour atteindre 315 000 tonnes en 1970. Malgré les actions répétées de la Satmaci à travers l'opération riz, le pays n'a pas pu arrêter les importations de riz.

En 1963, la Côte d'Ivoire importait 56000 tonnes44. Ces importations prenaient de plus en plus d'ampleur avec 83000 tonnes de riz importées en 1969. Les importations devinrent un frein à la promotion et au développement de la riziculture. Pour faire face à ces difficultés, le président Félix Houphouët Boigny s'est particulièrement impliqué dans cette question.

Tableau n°3 : La production du paddy par la Satmaci 1963 - 1970

Années

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

Production en Tonnes

219000

247000

250000

274000

344600

365400

303000

315000

Source : Ministère de l'agriculture, statistiques agricoles 1972, p 26

Graphique n°1 : Courbe d'évolution de la production du paddy par la Satmaci 1963 - 1970

400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000

50000

0

 
 
 
 

Production Année

1 2 3 4 5 6 7 8

Source : Ministère de l'agriculture, statistiques agricoles 1972, p 26

44 Archive De la Soderiz (ADS) : rapport annuel 1972, p 15

36

II- L'ACTION PARTICULIERE DU PRESIDENT FELIX HOUPHOUËT BOIGNY EN FAVEUR DE LA RIZICULTURE

Le premier président ivoirien, Félix Houphouët Boigny a toujours accordé de l'importance aux cultures vivrières notamment la riziculture. Ainsi au lendemain de l'indépendance, face à l'évolution démographique, il encourage la culture du riz à travers plusieurs actions.

1- Un volontarisme politique

Félix Houphouët Boigny était certes un homme politique mais également un paysan. En 1944, il fut à l'origine de la création du Syndicat Agricole Africain (SAA). Il n'a jamais rompu les liens avec l'agriculture. Il avait pour souci le développement de la riziculture.

Déjà en 1946, à la tête du SAA, il montre son intérêt pour la culture du riz en recrutant des jeunes pour la traite du riz dans l'ouest du pays. Ces derniers devaient travailler dans les rizeries pour la réussite de la campagne rizicole. Signe évident que les intérêts de l'économie de plantation n'occultaient nullement ceux de l'économie vivrière pour le président Houphouët Boigny45.

Au lendemain des indépendances, Houphouët Boigny lança un programme intérimaire pour le développement de la riziculture. Ce programme avait pour objectif d'analyser et de renforcer la politique rizicole à travers des prêts étrangers. Ainsi, de 1960 à 1963, les actions de ce programme ont été coordonnées par Houphouët Boigny, qui dès 1964 décide de la création d'une section de riz au sein de la Satmaci avec pour mission de mécaniser et développer la culture du riz46. Ce désir devient une réalité quelques mois plus tard, puisque le 03 octobre 1964 le président Houphouët au cours d'un meeting du PDCI-RDA au stade Félix Houphouët Boigny à Abidjan affirmait que « Grâce aux prêts Allemands de 1,890 milliards de francs Cfa pour la

45 J, P, CHAUVEAU, op.cit p98

46 Jacqueline DUTHEIL de la Rochère : 1976, l'Etat et le développement économique de la Côte d'Ivoire, p155

37

riziculture nous allons pouvoir intéresser nos paysans à de nouvelles cultures en particulier le riz, le coton, la canne à sucre dont ils obtiendront d'heureux résultats par la pratique de méthode moderne notamment la mécanisation »47.

En outre, le président Houphouët prenait souvent l'initiative de réunir chez lui à Yamoussoukro, les planteurs pour montrer ce qu'il fait en matière de riziculture. D'ailleurs, comme le souligne Gérard YAO, ancien directeur régional centre de la Soderiz, « Le Président Félix Houphouët Boigny avait ses rizeries à Yamoussoukro, de prés d'une quarantaine d'hectares. Tous les bas-fonds situées à gauche en partant vers la basilique étaient occupés pour la riziculture »48. Il leur expliquait les difficultés surmontées et les encourageait à l'imiter. Aussi faisait-il visiter ses réalisations agricoles à ses camarades membres du PDCI-RDA et aux jeunes cadres, tout en les pressant de l'imiter, afin d'entrainer l'adhésion de la population à l'opération riz de 196749. Cette opération consistait à diminuer, si possible à mettre fin aux importations de riz jusqu'en 1970. Durant cette période, Félix Houphouët Boigny prit son bâton de pèlerin en sillonnant tout le pays.

En 1965, revenant d'un voyage officiel en Haute Volta, c'est à Korhogo qu'il s'arrête pour inviter « les paysans ses frères» a redoubler d'effort pour que la Côte d'Ivoire n'importe plus du riz et qu'elle puisse consacrer les devises gagnées à l'achat d'équipements et non d'aliments50. Ainsi ses tournées dans le Nord du pays avaient pour but de rééquilibrer la croissance au profit des zones déshéritées de savanes. Cela ne serait possible que si les populations s'impliquaient d'avantage à faire la riziculture51. Lors de ses tournées, il exhortait les paysans à produire le riz, qui était considéré comme l'aliment le

47 Fraternité Matin du 04 octobre 1964 n° 234 p 13

48 G, YAO, ancien directeur régional Centre Soderiz, 1973- 1977, entretien réalisé le 14 Octobre 2011 à Abidjan Marcory.

49 A, SAWADOGO : 1973, L'agriculture en Côte d'Ivoire, Paris, PUF, p238

50Idem, p 239

51 B, COMTAMIN, A, Yves FAURE : 1990, La bataille des entreprises publiques en Côte d'Ivoire 1960 - 1980, Edition Karthala, Paris, p187

38

plus consommé des Ivoiriens. En outre, il leur promettait de moderniser la culture du riz. Ainsi à l'occasion du nouvel an, dans son discours du 31 décembre 1966, Félix Houphouët Boigny affirmait que : « la mécanisation de la riziculture est une nécessité impérieuse pour le développement de notre pays. Nos paysans doivent s'approprier la culture du riz afin d'éviter un déficit alimentaire au pays »52.

Dans le cadre de cette politique de développement de la culture du riz, le président Houphouët Boigny initia un concours national, qui mettait en compétition les différents producteurs et les sous préfectures. Cela fut suivi des finales régionales. Ce concours était organisé dans le cadre de la valorisation de l'agriculture notamment la riziculture. Les meilleurs riziculteurs régionaux étaient primés dans le cadre de « la coupe nationale du progrès »53. C'est le cas de madame Silué Tchafaga qui a remporté la coupe nationale du meilleur riziculteur de la région des savanes en 196854. Les lauréats bénéficiaient d'une somme importante d'argent et de moyens matériel pour la riziculture. En plus de ces récompenses en nature et en argent, les différents lauréats reçoivent une distinction honorifique. Le premier de la coupe nationale du progrès est décoré des grades d'officier de l'ordre national et d'officier du mérite agricole. Avec l'instauration de la coupe nationale du progrès, Félix Houphouët Boigny amenait les médias à porter un intérêt aux actions en faveur du monde rural à travers plusieurs émissions organisées à la radio et à la télévision nationale. Les émissions étaient réalisées et diffusées en langues nationales et en français. Au cours de ces émissions, des spécialistes de la culture du riz sont invités pour donner des conseils aux paysans sur les techniques de culture du riz irrigué et du riz pluvial. Aussi la radio organise des reportages auprès des riziculteurs. Au départ la coupe nationale était une émission de la radio diffusion ivoirienne

52 F, H, BOIGNY : 1978, Anthologie des Discours 1946 - 1978, édition CEDA, tome 2, p 706

53 Elle a été institué par le président Félix Houphouët Boigny après l'indépendance afin de sensibiliser et faire participer de façon active les collectivités rurales et les paysans au développement global du pays.

54 Fraternité Matin du 10 avril 1968, p 7

39

instituée sur instruction du président Houphouët Boigny avant d'être par la suite transformée en une compétition agricole. Comme émission on avait « brave paysan, en route pour le champ, etc.. »55. Ces émissions indiquaient le bien fondé de la riziculture pour le paysan et pour le développement économique du pays. Félix Houphouët Boigny a marqué sa volonté de développer la culture du riz, tout en amenant les paysans à conjuguer leurs efforts pour satisfaire les besoins alimentaires de la population. Toutes ces actions visaient à faire face à la forte croissance démographique due à l'augmentation rapide du taux d'urbanisation.

2- L'action face à la pression démographique

Malgré les efforts faits dans le sens du développement rizicole en Côte d'Ivoire, le pays restait largement déficitaire en matière de riz. Au lendemain de l'indépendance, avec l'évolution économique et sociale entamée, le pays connaissait une forte croissance urbaine. Ce phénomène avait fortement agi sur la production rizicole. Cette explosion urbaine a attiré l'attention du président Houphouët Boigny. Cela l'a conduit à sensibiliser les paysans sur le déficit du riz auquel le pays était exposé. Les paysans devaient consacrer une part croissante de leur production rizicole à l'alimentation des villes, car pendant cette période la population urbaine connaissait une forte croissance.

Ainsi, son taux par rapport à la population totale a connu une hausse passant de 25% en 1965 à 27% en 1970. Selon Affou Yapi Simplice, l'évolution démographique est passée en moyenne de 2,9% en 1960 à 4,8% en 1969, entrainant ainsi un accroissement des besoins alimentaires singulièrement celui du riz qui constituait la base de l'alimentation sur une bonne partie de la Côte d'Ivoire56.

55 Fraternité Matin du 10 avril 1968, p 8

56 S Y, AFFOU, op.cit, p 19

40

Comme l'indique le tableau n°4 (p37), alors qu'on observait une baisse de la population rurale, l'on apercevait que la population urbaine augmentait. Ainsi le taux de la population urbaine par rapport à la population totale a connu une hausse passant de 25,5% en 1965 à 27% en 1970.

Tableau n°4 : Evolution de la population 1965 - 1980

Années

1965

1970

1980

Population totale (en million)

4 690

5 417

8 020

Population rurale (en million)

3 543

3 953

5 234

Pourcentage de la population rurale

75,50

73,00

65,30

Population urbaine en million

1 150

1 464

2 786

Pourcentage de la population urbaine

25,50

27,00

37,70

Population rurale / population urbaine

3,8

2,7

1,88

Source : Ministère du plan, statistiques démographiques de la population 1982,

p 8

Le développement de la production fut aspiré par le rythme accéléré de l'urbanisation portant le besoin d'approvisionnement du pays en riz à plus de 40%. Les efforts de développement rizicole consentis par le président Houphouët et le gouvernement n'arrivaient pas à suivre la consommation du riz et le déficit national fut rapidement creusé57. Pour cela, dans le but d'éviter toute éventualité de disette, le gouvernement incita les paysans à se pencher sur le secteur rizicole afin de résorber le déficit observé en riz. En effet, pendant que les importations de riz s'accumulèrent et atteignirent 10 000 tonnes en197058, la demande de riz qui était de 200 000 tonnes en 1965 se trouvait être à 280 000 tonnes en 196959.

57 A D S : rapport de synthèse Soderiz 1975 - 1978 p 8

58 S, J, NIEMBA, op. Cit p122

59 Idem, p 42

41

Par ailleurs, le président Houphouët Boigny, animé d'une volonté politique certaine face à cette évolution démographique, décide alors de mettre en place un vaste programme vivrier. Ce programme devait permettre à l'ensemble du pays d'accéder à l'autosuffisance en riz. Pour cela, dès 1965, l'Etat mena ses interventions dans le cadre des projets régionaux réalisés afin de faire face à la forte demande de riz. A travers ces actions, l'Etat envisageait diriger son intervention sur le doublement de superficie cultivable de riz, de sorte à résorber le manque alimentaire.

En effet, pendant la première décennie de l'indépendance, l'évolution démographique a fortement accentué le déficit rizicole auquel le pays était confronté depuis la période coloniale. Le président Félix Houphouët Boigny a avant cette période pesé de tout son poids pour atténuer ce déficit. Il fut le véritable artisan de la nouvelle politique rizicole après l'indépendance. Il s'est engagé à développer la culture du riz à travers tout le pays. La croissance démographique a motivé les autorités à mettre en place une nouvelle société rizicole.

III- RAISON DE LA CREATION DE LA SODERIZ

L'idée de créer une société pour le développement de la riziculture est la conséquence de plusieurs faits. En effet, la production du riz ne suffisait plus. L'Etat, dans le souci d'atteindre l'autosuffisance en riz et endiguer les importations, y compris l'exploitation rationnelle des potentialités rizicoles, crée la Soderiz.

1- Atteindre l'autosuffisance alimentaire

Pendant la colonisation, l'objectif de l'autosuffisance n'avait pas été atteint, car l'administration coloniale comblait le besoin en riz de la colonie avec le riz importé d'Indochine. L'autosuffisance fut donc l'une des principaux buts poursuivis par l'Etat car il apparait primordial pour le développement du pays.

42

La réalisation de l'autosuffisance permettrait à la Côte d'Ivoire d'investir les énormes devises utilisées dans le cadre des importations de riz. Pour le président Félix Houphouët Boigny, « il faut que le pays soit nourri au maximum par nous même, les denrées nécessaires au marché national, car notre but doit être de produire sur place tout ce qui est nécessaire à notre consommation afin de réserver la plus grande part de nos disponibilités financières à l'acquisition de bien d'équipement »60. Bien plus, cela devait passer par la mise en place d'une structure capable d'atteindre ces objectifs. Le développement de la culture du riz devait aussi dans un premier temps satisfaire les besoins intérieurs dans la limite des débouchés existants.

En 1965, à cause de l'évolution démographique, la Satmaci n'a pas pu couvrir les besoins de consommation de la population en riz61. Pour les autorités, avec la Soderiz, la perspective semble être prometteuse. En quelques années, le pays devait pouvoir accéder à l'autonomie en riz et pourrait même exporter son surplus de riz vers les autres pays de la sous région. Ainsi la volonté du gouvernement était de procéder à la mise sur pied d'une structure performante capable de relever le défi de la production rizicole.

Tous ces objectifs ne pourraient être atteints sans une politique gouvernementale efficace. C'est pourquoi, la Soderiz devait être un organisme de production du riz bénéficiant de l'appui permanent de l'Etat. Ainsi, la quête de l'autosuffisance allait freiner les importations massives de riz.

2- Réduire les importations massives du riz

Malgré les nombreuses actions de production de riz, lancées depuis la colonisation, la production locale n'a pas pu suivre l'évolution de la consommation. Cela a entrainé un déficit en riz et un développement considérable des importations de riz, qui sont passées de 1900 tonnes en 1950 à

60 F, H, BOIGNY, op.cit, p 708

61 ADS : rapport annuel 1972, p 56

43

42 000 tonnes en 1960 et à 60 000 tonnes en 196562. Il ressort de ces données que l'accroissement de la demande ivoirienne d'importation de riz suit un rythme qui correspond au doublement soit 6% par an et qu'elle représentait en 1960 environ 40% du besoin d'approvisionnement du pays63.

La Côte d'Ivoire se trouve donc fortement dépendante pour son approvisionnement en une denrée vivrière aussi essentielle. Ainsi, pour réduire ce flux d'importation de riz, l'Etat décida de lancer l'opération nationale de production massive de paddy à travers une institution spécialisée pour la riziculture à savoir la Soderiz. Ainsi le pays envisagea profiter des importantes potentialités rizicoles du pays et mettre fin à la dépendance alimentaire. Il faut retenir que la dépendance alimentaire a entrainé une sortie annuelle d'environ 21 Milliards de francs CFA entre 1967 et 196964. Selon le tableau n°5 (p 41), de 1960 à 1963 la Côte d'ivoire a importé en moyenne 50 000 tonnes de riz par an. A partir de 1964 ce chiffre atteint une évolution importante avec 104 700 tonnes et 122 000 tonnes en 1966. Un chiffre jamais atteint depuis l'indépendance. Cette période se caractérise aussi par les premières années de la section riz de la Satmaci.

De 1967 à 1969, on constate une diminution des importations de riz en Côte d'Ivoire avec en moyenne 77 000 tonnes par an. C'est le résultat des efforts consentis par la Satmaci pour réduire les importations. En 1970, la remarque est pertinente avec la reprise des importations de riz. C'est le signe des incohérences des politiques de production de la Satmaci à savoir le mode de production basé sur la riziculture pluviale suivi du vieillissement des usines. La Soderiz devait arrêter cet important flux de riz en mettant en valeur les nombreuses potentialités rizicoles dont regorge le pays.

62Ministère du plan et du développement, Plan quinquennal de développement socio-économique et culturel de la Côte d'Ivoire 1971 - 1975, p 146

63 ADS : rapport de synthèse 1975 - 1978, p9

64 SGBCI : 1973, L'économie Ivoirienne en 1972 - 1973, p 41

44

De 1960 à 1970, les importations de riz ont évolué jusqu'à atteindre 107 000 tonnes en 1970. Le tableau n°5 en témoigne de cette évolution considérable. Cette croissance des importations s'expliquerait par la forte démographie et d'urbanisation que connait le pays après l'indépendance. La Soderiz devait alors arrêter les importations et permettre une meilleure utilisation dans d'autres domaines, les ressources allouées à l'importation de riz.

Tableau n°5: Evolution des importations de riz 1960 - 1970

Années

Quantité en tonnes

Estimation en Millions

1960

42 400

868

1961

50 500

1 008

1962

47 800

1 417

1963

56 000

1 045

1964

104 700

1 950

1965

98 000

2 122

1966

122 000

3 114

1967

71 000

875

1968

77 000

1 871

1969

83 000

1 875

1970

107 000

78 666

Source : Ministère du commerce : statistiques douanières de Côte d'Ivoire 1980, p 50

140000 120000 100000 80000 60000 40000 20000

0

 
 
 
 

Importation

Année

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

45

Graphique n°2 : Courbe d'évolution des importations de riz 1960 - 1970

Source : Ministère du commerce : statistiques douanières de Côte d'Ivoire 1980, p 50

3- Exploiter rationnellement les potentialités rizicoles du pays.

La Côte d'Ivoire est un pays essentiellement agricole. Elle regorge d'énormes potentialités rizicoles. Pour faire face aux problèmes alimentaires constatés en 1965, les autorités ont décidé de mettre à contribution les terres, afin de doubler la production rizicole. En effet, il existe en côte d'Ivoire 17 millions de terres arables représentant 53 % des terres existantes dont seulement 40% sont annuellement utilisées. Les facteurs naturels qui permettent la croissance de la production du riz en Côte d'Ivoire sont la végétation, le sol, l'hydrographie et le climat. Le pays dispose de terres convenables notamment de bas-fonds qui sont propices à la riziculture.

Au niveau de l'hydrographie, les conditions étaient réunies pour le développement de la riziculture. Le pays possède un important réseau hydrographique qui favorise la mise en place de barrages pour la riziculture

46

irriguée. La maitrise de l'eau devait être obtenue par la construction de barrages et l'aménagement d'espaces hydro agricoles. Cela s'est fait par le captage direct sur les cours d'eaux saisonniers ou permanents.

Au niveau du relief, la Côte d'Ivoire possède des plaines alluviales qui sont donc favorables à l'agriculture. Elle a un relief très adapté à la production du riz. Ses réseaux de rivières, coulant au deal de l'alignement sud-ouest et nord-est des monts Tougoukoli vers le delta intérieur du Niger, sont favorables à la culture du riz65.

En outre, la pluviométrie ivoirienne s'accommode à la riziculture. Sur toute l'étendue du territoire national les précipitations se situent entre 900 et 2500 millimètres, avec environ un taux d'humidité de 60%66. Ses précipitations sont propices à la riziculture pluviale et irriguée. Selon Abdoulaye Sawadogo, il n'existait pas de contrainte pour la mise en valeur de ces espaces. Toutes les Conditions d'exploitation des potentialités rizicoles étaient donc réunies et se prêtaient mieux à la culture du riz. De plus, il n'y avait pas de contrainte foncière pour la plupart des bas fonds, puisque les bas-fonds étaient inutilisables pour d'autres cultures67. Les conditions d'exploitations étaient donc réunies et se prêtaient bien à la culture du riz. Avec une telle richesse du milieu naturel de la Côte d'Ivoire, Amon d'Aby disait en 1951 qu' « elle est de tous les pays qui forment la fédération de l'Afrique Occidentale Française la plus favorisée par la nature et la plus riche. Cette situation, elle la doit à la nature de sa végétation et de son sol »68. La Soderiz devait donc exploiter rationnellement les énormes potentialités naturelles, particulièrement rizicole dont le pays dispose, à travers le développement de la riziculture. Toutes ces raisons ont conduit les autorités ivoiriennes à penser à la mise sur pied d'une nouvelle institution pour le développement de la riziculture.

65 A, SAWADOGO, Op .Cit p 142

66 I, N'DABALISHYE, op.cit, p 72

67A, SAWADOGO, Op .Cit, p 143

68 J, AMON D'ABY : 1951, La Côte d'Ivoire dans la cité Africaine, Paris, Edition Larousse, p 79

47

Cette institution naît donc dans un contexte où l'Etat Ivoirien parait être déterminé à maitriser la filière riz, en y apportant des innovations technologiques.

48

Carte n°1 : végétation et hydrographie de la Côte d'Ivoire

Source : J, C ARNAUD et G SOURNIA : 1980, « Les forêts de la Côte d'Ivoire : Essai de synthèse géographique » in annales de l'Université d'Abidjan, série G, géographie, Tome IV, Abidjan, p 90

49

CHAPITRE II : LA CREATION DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT ET SES PREMIERES ACTIONS 1970 - 1974

La volonté politique d'une relance de la production du riz a été affirmée en 1970. Ainsi, il a été décidé, la création d'une société de développement consacrée uniquement à la culture du riz. Cette nouvelle institution vient relayer la Satmaci dans la mission de développement de la culture du riz.

I. FORME ET FONCTIONNEMENT DE LA SODERIZ

La création de la nouvelle société s'inscrit dans la logique de la politique sectorielle de développement agricole en Côte d'Ivoire. Elle devait fonctionner d'une façon générale comme une société d'Etat, avec un organigramme bien défini, afin de mettre en oeuvre le programme de développement rizicole.

1. Statut juridique

L'idée de mettre en place une institution pour le développement de la riziculture a été nourrie par l'Etat ivoirien depuis 1965. En effet, une esquisse de projet fut élaborée pendant la période 1965 - 1966 par le Bureau d'Etude des Projets Techniques et Agricoles (BEPTA), dénommé « proposition pour le programme d'action de la Soderiz »69. Ce document avait définit les objectifs et les missions de la future société rizicole. Ses objectifs devaient être à long terme, le développement de la riziculture. L'objectif immédiat était l'augmentation de la production du paddy en satisfaisant la demande des populations en riz de sorte à stopper les importations de riz70. Ainsi, le projet de création de la Soderiz avait défini la méthode d'intervention de l'institution, axée sur l'action paysanne.

La société devait être une entreprise publique, c'est-à-dire une société d'Etat. Pour les autorités, le choix du régime économique du pays, ne pouvait

69Ministère de l'agriculture, proposition de création de la Soderiz 1965 , BETPA, p 112 70 Idem, p75

50

pas exclure l'intervention de l'Etat. Au début de l'indépendance le pays a opté pour le libéralisme économique. C'est donc dans ce contexte de système économique libéral planifié, que le président Félix Houphouët Boigny crée la Soderiz par le décret n°70- 564 du 23 septembre 197071. Selon ce décret, la nouvelle société rizicole doit être une société d'Etat doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Elle a pour dénomination Société pour le développement de la riziculture avec pour sigle « SODERIZ ». De plus, cette société avait la qualité de commerçante et elle a été inscrite au règlement du commerce. La Soderiz devait participer à l'organisation du commerce et à la commercialisation du riz dans le cadre de la réglementation en vigueur. Cette institution devait avoir une durée d'existence de 99 ans72. Elle comportait un aspect de droit public d'une part et d'autre part celui de droit privé. C'est-à-dire la Soderiz devait être une société à participation financière publique avec comme véritable actionnaire l'Etat73. Ce qui permettait de classer cette société parmi les établissements publics qui possèdent un caractère industriel et commercial. La Soderiz devait donc fonctionner sur la base d'une organisation administrative bien structurée.

Pour Dutheil de la Rochère, il est finalement difficile de caractériser en termes juridiques le type de relation qui existe entre les pouvoirs publics et les sociétés d'Etat à vocation agricole placées sous leurs tutelles notamment la Soderiz. Les missions de ces sociétés sont diverses mais comportent presque toujours un aspect économique et social. L'aspect proprement économique relève de la compétence de la société. Personne morale autonome, capable d'agir selon les règles du droit commun. L'aspect social, de promotion de l'agriculture dans l'intérêt des paysans, est irréalisable sans une aide publique

71 JOCI 1970 p

72 Idem, p 613

73 H, Du CHASTEL : 1980, Les entreprises publiques et semi publiques à structure sociétaire en Côte d'Ivoire depuis l'indépendance la prédominance du droit privé, Thèse de Doctorat, Université de Nice, p 67

51

substantielle : elle relève plus naturellement des perspectives du droit public74. Ainsi, on peut analyser les conventions cadres passées entre le gouvernement et les sociétés d'Etat comme des conventions de collaboration à l'exécution d'une politique de développement de la production agricole.

2 Fonctionnement et importance de la Soderiz.

Société d'Etat chargé du développement de la riziculture, la Soderiz était placée sous la double tutelle technique du ministre de l'agriculture et du ministre de l'économie et des finances. Elle est chargée de la production, la transformation industrielle du Paddy et de sa commercialisation. Prestataire de services pour le compte de l'Etat qui la rémunère, la Soderiz est dirigé par un conseil d'administration de onze (11) membres75. Ces membres sont composés des représentants du ministère de l'agriculture, du commerce, du plan et de la recherche scientifique. Il y avait les représentants de l'Assemblée nationale, du Conseil économique et social, des chambres d'agriculture, du commerce d'industrie et de l'IRAT. Un commissaire du gouvernement et un contrôleur d'Etat dont les attributions diffèrent de celles des membres du conseil qui veillent au bon fonctionnement de l'institution76. De par ses représentants au conseil d'administration, l'Etat oriente les décisions de la Soderiz. L'institution est donc liée au pouvoir central par des contrats qui déterminent les politiques de fonctionnement sur le terrain et les modes de financement retenus.

Par ailleurs la Soderiz est dirigée par un directeur général nommé en conseil des ministres sur proposition du ministre de l'agriculture. En outre, elle comprend une direction technique composée de trois (03) sous directions. D'abord la sous direction des investissements. Elle est chargée d'exécuter tous les programmes d'investissements (barrage, aménagement, construction de piste etc.). Ensuite, on a la sous direction de la production qui s'occupe de la

74 Jacqueline de la Rochère DUTHEIL, op.cit p 267

75 JOCI du 23 septembre 1970 p 1631

76 ADS : 1976, Soderiz 6ans déjà, p 4

52

production du paddy. Enfin, nous avons la sous direction des affaires commerciales et industrielles qui est le département de contrôle de toutes les activités ayant trait aux fonctions commerciales et aux fonctions de transformation de Soderiz77.

En plus de la direction technique, il existe une direction administrative et financière qui est chargée du contrôle budgétaire. Elle est matérialisée par le souci de la direction générale de prévoir les dépenses futures et de contrôle des exploitations. L'importance de la Soderiz se situe au niveau de l'extension de son programme sur tout le territoire. Le programme Soderiz fut exécuté dans toutes les régions. En zone savanicole comme en zone forestière. La société a débuté avec un capital de 75.000.000 FCFA (soixante quinze millions de francs CFA) 78. Son fonctionnement est basé sur un mécanisme de financement mis en place.

Pour rendre la Soderiz plus efficace, une convention cadre fut élaborée définissant, les obligations et les responsabilités respectives du gouvernement et de l'institution en ce qui concerne l'ensemble du programme de développement de la riziculture. Ainsi, on peut analyser les conventions cadres passées entre le gouvernement et les sociétés d'Etat comme des conventions de collaboration à l'exécution d'une politique de développement de la production agricole Des conventions particulières furent ensuite signées entre les différentes parties de ce programme. Il s'agit notamment des tranches annuelles de financement extérieur mis à la disposition de la Côte d'Ivoire pour l'opération riz par le Fonds Européen de Développement (FED), la Caisse centrale de coopération et la République Fédérale d'Allemagne dans le cadre de l'aide bilatérale.

En dehors de ces aides, l'Etat a été la véritable source financière de la Soderiz. Mais toutefois la constitution des financements extérieurs a été énorme

77 ADS : 1972, rapport annuel, p 97

78 ADS : 1976, Soderiz 6 ans déjà, p 6

53

et a permit le bon fonctionnement de l'institution. La Soderiz avait diverses missions qui lui furent assignées dès sa création.

II-LES MISSIONS DE LA SODERIZ

A la naissance de la Soderiz, plusieurs missions lui ont été assignée notamment celle de faire face a la forte demande du riz. Par ce constat, la Soderiz, a eu pour mission première de favoriser l'autosuffisance en riz en promouvant la culture du riz pour satisfaire, définitivement les nationaux en riz. Ainsi, le challenge de promotion du riz passait par l'assainissement des milieux de productions et aussi des conditions de vie des producteurs. Toutes les actions reposaient sur l'adoption de nouvelles méthodes de production dans le secteur rizicole.

1. La promotion de la culture du riz

L'Etat ivoirien, en créant la Soderiz, voulait développer la riziculture. Selon l'article 2 du décret portant sa création, elle a pour objet d'étudier et de proposer au gouvernement de Côte d'Ivoire, toute mesure tendant à assurer l'exécution de la politique de développement de la riziculture et des industries connexes79. D'après Hirsch, les autorités voulaient faire de la culture du riz, une culture de rente à l'image du café et du cacao80. Ainsi, pour suivre cette logique, la promotion de la riziculture devint l'une des priorités de la Soderiz. Cette promotion de culture se faisait en collaboration avec les paysans qui devaient adhérer à la nouvelle politique rizicole. Le monde rural devient alors l'espace privilégié pour la promotion de la riziculture.

Société de production, la Soderiz perpétue une tendance dominante du développement rural ivoirien par la promotion de la riziculture. Pour cela elle organise la promotion de la culture du riz à travers l'introduction d'une nouvelle

79 JOCI du 23 septembre 1970, p 1631

80 R D HIRSCH, op. Cit p 102

54

variété de riz, de type asiatique appelé oryza sativa. Cette nouvelle variété était très productive et permettait aux riziculteurs de tirer un énorme profit de la production rizicole. Le type oryza sativa englobe deux subspécies, « indica » et « japonica » à caryopse blanchâtre81. En général, les consommateurs recherchent les variétés à grains longs et donnant des riz où après cuisson, chaque grain se sépare bien l'un de l'autre. Ces variétés appartiennent au subspécies « indica » effilé long, asymétrique dont la longueur divisée par la largeur est supérieur à 3 millimètres.

L'espèce oryza glaberima à caryopse brun était jugé peu productive, mais était résistante à la sécheresse82. C'est d'ailleurs cette espèce qui avait été utilisée par la Satmaci et pendant la période coloniale. L'Etat s'est donc appuyé sur la région du nord pour relancer à grande échelle la culture du riz. Les autorités visaient à lutter contre les disparités régionales, qui existaient entre le nord et le sud. Ils voulaient faire de la zone savanicole, le grenier du pays, vu les énormes potentialités agricole qu'elle regorge.

En outre, la Soderiz devait assurer les services de vulgarisation du secteur riz, dans la logique de promouvoir la culture du riz. Elle devait fournir des moyens de production et du crédit aux paysans tout en leur assurant de meilleures conditions sociales. Ensuite elle devait garantir l'achat du riz paddy à un prix fixé. La production du riz devrait être soutenue par des mesures de toutes sortes, permettant aux paysans de tirer des bénéfices. La Côte d'Ivoire à partir de 1970 a utilisé des incitations portant sur la culture rizicole pour encourager la croissance de la production.

La Soderiz a donc eu pour mission première de promouvoir la culture du riz afin d'augmenter la production et combler le déficit en riz. Cette mission ne saurait se faire sans la modernisation des pratiques culturales y compris des conditions de vies meilleures pour les producteurs.

81 J, MAYER ; R, BONNEFOND, 1973 : les rizicultures paysanales, améliorations possibles, République Française, secrétariat d'Etat aux affaires étrangères, p 38

82 A, MEUNIER, op.cit p 58

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2- Moderniser le secteur rizicole et améliorer les conditions sociales du Paysan.

La modernisation de la riziculture était inscrite sur la feuille de route de la Soderiz. Elle se devait de mettre les paysans dans de meilleures conditions, en améliorant leurs conditions sociales. La politique de développement rizicole dans la perspective décennale 1970-1980 s'inscrivait dans la logique du quinquennat précédent, qui était l'innovation dans le secteur rizicole dont la Soderiz assure la charge. Ainsi, l'institution devait approfondir et vulgariser la culture du riz.

Par ailleurs, elle devait moderniser la riziculture par la promotion d'entreprises familiales. Les exploitations familiales devraient être modernisées et intensifiées. La Soderiz devait rompre avec les vielles méthodes de culture jusque là utilisées par les paysans. Il s'agissait de l'utilisation de la daba, de la machette et celle des débris végétaux comme engrais. La société rizicole devait prévoir la motorisation de la riziculture irriguée et pluviale83.

L'orientation vers la modernisation devait permettre d'assurer une augmentation rapide des revenus monétaires du paysan et contribuer le plus efficacement possible à la croissance économique du pays, condition à l'essor de la production. En outre, un objectif social est lié à l'effort productif du riz. Il s'agit pour la Soderiz de créer un nouveau paysan moderne. Les autorités nationales à travers la Soderiz ont opté pour une formule visant non seulement à favoriser la productivité des rendements des paysans, mais également à promouvoir un nouveau type de producteur ou d'exploitant agricole de type «riziculteur»84. Selon Hema Namboin Augustin, ancien cadre de la Soderiz chargé de la coopération internationale, « l'Etat visait à développer le monde rural et permettre aux paysans de s'acheter les produits manufacturés, en suscitant aux producteurs le gout de la riziculture par la proposition de prix

83 Ministère de l'économie, des finances et du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1970 - 1980, Abidjan, p 29

84 J, P, DOZON, op.cit, p 75

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rémunérateur, sans toute fois nier la certitude de vendre dans de bonnes conditions leurs productions »85. L'idée d'assurer un revenu au paysan est la continuité de la politique rizicole des colons, pour qui, les revenus devraient servir à payer l'impôt.

Globalement, la Soderiz doit créer avec l'appui des paysans, un capital productif et exploitable d'une façon moderne donc mécanisée. La riziculture permet cette opportunité à partir du moment où le périmètre est d'une taille suffisante pour autoriser la mécanisation avec motoculteurs et tracteurs. La société d'Etat devrait considérer cette condition remplie en augmentant le nombre d'engins. La modernisation de la culture du riz devenait une réalité avec la Soderiz. Lors du Ve congrès du PDCI RDA de 1970, Félix Houphouët Boigny avait lancé ces propos : « nos jeunes paysans abandonnent progressivement le travail de la terre par des instruments archaïques pour accepter volontiers d'être au volant des tracteurs d'où pour nous la nécessité impérieuse de procéder à la mécanisation de la riziculture »86.

Par ailleurs, l'intensification de la mécanisation du secteur rizicole était une urgente mission pour la Soderiz afin de pouvoir atteindre ses objectifs. La vulgarisation a engendré la modernisation des pratiques culturales qui, dans un premier temps amélioraient les conditions de vie des paysans et dans un second temps renforceraient les capacités de production à travers la motorisation. La Soderiz doit donc se donner les moyens pour relever les déficits de la production rizicole.

Avec la modernisation et l'amélioration des conditions de vie des paysans comme mission de la société de développement rizicole, le temps était à l'intervention pratique de la Soderiz sur le terrain.

85Hema Namboin Augustin, directeur chargé de la coopération internationale à la Soderiz 1972- 1977, entretien réalisé le 28 Août 2011, à Abidjan Riviera

86 F, H, BOIGNY, op. Cit, p 226

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III- LES DEBUTS D'INTERVENTION DE LA SODERIZ

Lorsqu'en 1971, la Soderiz prenait en main l'opération riz, antérieurement confiée à la Satmaci, l'héritage transmis comportait notamment un dispositif d'encadrement non performant, composé de chef de zone, d'assistants et d'encadreurs; ne maitrisant pas parfaitement les rouages de la technique rizicole. La Soderiz avait donc la responsabilité d'intervenir de façon efficace à encadrer les riziculteurs et même à former les encadreurs sur les nouvelles Techniques culturales.

1- La mise en valeur des bas-fonds.

Les périmètres rizicoles sont devenus nombreux dans les débuts d'intervention de la Soderiz, précisément à partir de 1971. Les premières opérations de développement de la riziculture irriguée, ont surtout concerné la zone des savanes notamment la zone Bandama solomougou dans la région de Korhogo précisément dans la sous préfecture de Tioroniaradougou, dans laquelle les opérations qui ne nécessitaient pas de défrichement important semblaient plus simples à mener.

La Soderiz a élaboré à cet effet un plan de mise en valeur des bas-fonds. Elle a procédé à l'implantation de canaux primaires. Outre le plan d'aménagement, la Soderiz à effectué un levé de bas-fonds et défini le schéma d'aménagement. Ces espaces servaient aux paysans de pratiquer l'agriculture. Toute fois, dans le cadre de la mise en valeur des bas-fonds, le programme de développement agricole 1971 - 1976 avait concédé 20% du financement au secteur rural de la riziculture87. C'est surtout à travers ce programme exécuté par la Soderiz que la riziculture irriguée connu un essor tout aussi relatif avec la mise en valeur des bas-fonds. Sous l'impulsion de la Soderiz, les aménagements

87 ADS : Rapport annuel SODERIZ 1973, p55

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ont essaimé sur l'ensemble du pays. Trois modes d'irrigation étaient mis en oeuvre, avec toute fois une moindre importance accordée au pompage car il nécessitait assez de moyens. Ainsi, les aménagements de la Soderiz ont été réalisés selon deux types. D'une part, on a la construction d'une prise, d'un canal d'irrigation, d'un collecteur et de diguettes, d'autre part la construction de diguette en courbes de niveau. L'institution avait installé les ouvrages de prises à travers lesquels les paysans effectuaient des aménagements secondaires et le planage qui consistait à niveler les espaces88.

L'action de la Soderiz a véritablement porté sur l'aménagement hydro agricole des périmètres et des bas-fonds. Cette action de la Soderiz, pour la mise en valeur, a permis en 1972 de porter les surfaces aménagés avec maitrise totale de l'eau, à 3420 hectares89. Ce résultat a été possible grâce à la construction de plusieurs barrages, permettant d'irriguer les cultures. Selon Ahmed Timité, directeur chargé de la production à la Soderiz (1970 - 1977), « les premiers barrages ont été faits au Nord. On avait le barrage de Sologo, le barrage de Napié et le barrage de Dekokaha. C'est grâce à ces barrages que l'opération rizicole a marché »90.

Ainsi, entre 1972 et 1973, les superficies aménagées avec prise au fil de l'eau totalisaient 13725 hectares dont 30% offraient la possibilité de faire deux cycles de cultures annuels. Cet ensemble aménagé fournissait à lui seul près des 2/5e de la production total de paddy91. De plus, des villageoises volontaires, animés par l'encadrement choisissaient un bas-fond aménagé prêt à cultiver. Ce choix donnait lieu à l'établissement d'une fiche de reconnaissance établie par la Soderiz qui par l'augmentation des espaces aménagés, son programme a pu prendre un nouvel essor. Elle a bénéficié de l'appui de la Société pour le

88 J, MAYER ; R, BONNEFOND, op.cit, p 79

89 Bureau de Développement de la Production Agricole, ADRAO, Renforcement des capacités rizicoles des pays membres, décembre 1976, p 32

90 A, TIMITE, ancien directeur chargé de la production à la Soderiz, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan

91 ADS : Rapport annuel SODERIZ 1972, p152

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Développement de la Motorisation Agricole (MOTORAGRI) dans l'intervention au niveau des aménagements, lui facilitant la multiplication des aménagements de bas-fonds.

En 1973, les différents bas-fonds du pays étaient aménagés selon les normes communes adaptées éventuellement aux particularités des sites. Ce qui a donné lieu à des études détaillées menées par la Soderiz pour mieux intervenir. L'irrigation consiste en de petits aménagements sur les bas-fonds, exploités auparavant en riz inondé, afin de rendre possible une maitrise partielle de l'eau et accroitre les surfaces cultivables. D'une part, l'eau est canalisée le long de son axe principal de façon à drainer le bas-fond. Pour les zones qui en sont éloignées, des canaux primaires partant du canal principal, sont creusés afin d'assurer leur alimentation. Il s'agit de petits ouvrages au fil de l'eau qui ne permettent pas une culture de saison sèche. Parallèlement aux travaux de répartition de l'eau, les parcelles sont ceinturées de diguettes92.

Comme pour les rizières inondées, les sols sont aplanis. Les nombreux aménagements livrés, comportaient les ouvrages principaux, c'est-à-dire les prises d'eau, les canaux et les drains qui favorisent l'arrivée de l'eau dans les périmètres aménagés. La Soderiz avait implanté des blocs, affectés à chaque paysans qui devait en réaliser les diguettes de casier, planer ces casiers, ouvrir les canaux et drains terminaux et enfin dessoucher plus ou moins complément les casiers93. Ces opérations représentaient un travail extrêmement important pour lequel la Soderiz a apporté son aide aux paysans de façon à leur permettre de mieux s'installer sur les surfaces aménagées. Tous ces espaces et bas-fonds aménagés par la Soderiz, devraient permettre une productivité accélérée du riz grâce à l'encadrement et la formation technique des paysans.

92 A, MEUNIER, op. Cit p 64

93 ADS : rapport annuel Soderiz 1974 p 8

Carte n°2: Zone d'intervention de la Soderiz

60

Source : ADS Soderiz 6 ans déjà, p 19

61

Photo n°1 : Aménagement traditionnel réalisé par les paysans

Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p4

Photo n°2 : Réalisation des canaux primaires par la Soderiz

Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976

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Photo n°3 : Réalisation de diguettes

Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p 10

Photo n°4 : Aménagement de canal primaire

Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p 13

Photo n° 5 : Planage effectué par les paysans sous la supervision d'un agent de la Soderiz

Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p 11

Photo n°6 : Aménagement d'espace en zone forestière

Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p 14

63

64

2- L'encadrement technique et formation des groupements de coopérative.

La Soderiz en fixant l'objectif de développer la riziculture à trouver indispensable d'encadrer les paysans en les regroupant en coopérative. Ce qui rendait plus efficace le travail rizicole. Apres l'aménagement des périmètres agricoles, la société a mis le cap sur l'encadrement véritable.

S'agissant de l'encadrement, l'action principale consistait à adopter de nouvelles méthodes culturales. Les actions de la Soderiz devaient intéresser en priorité les riziculteurs appelés à s'installer sur les périmètres de bas-fonds aménagés. La Soderiz avait deux méthodes de cultures que les paysans devaient adopter. Il s'agissait du semi en ligne du riz et du repiquage. Selon Tiorna Coulibaly riziculteur à Korhogo, « les paysans considéraient le semi en ligne comme plus profitable. Le semi en ligne avait un rendement plus élevé »94. Il nécessite moins d'effort et se fait à la volée dans les allées des parcelles buttées. A l'aide de la daba, le paysan prélève sur le flanc des buttes une légère couche de terre juste suffisante pour recouvrir les grains. Cette opération concernait la culture du riz pluviale. La méthode du repiquage était beaucoup plus utilisée pour la culture du riz irriguée. Cette pratique culturale consistait à créer des pépinières au bord des cours d'eaux. Ces pépinières sont retirées entre le 30ème et le 70ème jour après le semi, puis repiquées dans le nouveau champ préalablement préparé95.

L'encadrement était basé sur un ensemble de rapports contractuels qui définissaient les droits et les obligations des contraignants en l'occurrence les paysans et la Soderiz. En outre, avant de s'installer sur un périmètre ou un bas fond aménagé le riziculteur signe un contrat d'apprentissage avec la Soderiz. Avec ce contrat, il bénéficie de l'encadrement des agents de la société rizicole. Ce qui a d'ailleurs permit à la Soderiz de ressentir le besoin de mettre en place

94 Tiorna Coulibaly, riziculteur, entretien réalisé le 23 novembre 2010 à Korhogo

95 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 31

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une Mission d'Appuie Technique (MAT) qui était directement rattachée à la direction technique de la Soderiz. Cette mission était constituée de techniciens venus de l'Ile de Formose et d'Ivoiriens. Elle caractérisait la coopération Sino Ivoirienne. La MAT avait pour rôle de conduire l'expérimentation sur les divers thèmes de vulgarisation dans les zones contrôlées par la société. Comme thèmes il y avait les méthodes de culture, le semi en ligne, le repiquage, le sarclage, et le choix du terrain en fonction du type de culture.

Par ailleurs, un effort a été fait par la Soderiz pour relever le niveau de connaissance et de compétence des diverses catégories d'agents. Dans son action, les encadreurs de base occupaient un rôle essentiel car d'eux dépendaient finalement en grande partie le succès de l'opération de développement et de diffusion de la technique rizicole en milieu rural96.

De plus, l'efficacité de l'action d'encadrement de la Soderiz était prolongée par une action d'animation rurale au sein des familles des riziculteurs. L'animation consistait à diffuser les soirs les images et des dessins sur les méthodes techniques culturales recommandés par la Soderiz. L'institution a donc instauré cette stratégie qui sans elle l'action technique de l'encadrement risquait d'être diluée lorsqu'elle s'adresserait à des producteurs qui ne sont pas ouverts aux techniques nouvelles et à la nécessité d'améliorer leur mode de production. Par ailleurs, une des finalités de l'animation qui était d'amener les riziculteurs à constituer de petits groupes, devait se substituer à l'encadrement concentré à la période de démarrage.

L'encadrement et l'animation constituaient donc deux phases complémentaires dans le développement rizicole. L'action de la Soderiz a aussi porté sur la formation des groupements de coopératives97. Le groupement

96 J, P DOZON, 1983 : Logique des développeurs, réalité des développés : bilan d'une expérience rizicole en Côte d'Ivoire, Paris, Orstom, p 58

97 Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit p 268

66

constituait le seul interlocuteur de la Soderiz qui sur les aménagements nouveaux ne travaillait plus avec les paysans individuels.

A partir de 1972, on voit apparaitre la formule de groupements de vocation coopérative (GVC). La période la plus faste de l'encadrement de la riziculture ivoirienne depuis la colonisation a été la période de la Soderiz 98. L'institution a révolutionné l'encadrement technique des producteurs faisant de la Soderiz l'une des meilleures structures d'encadrement du pays des années 1970.

La Soderiz avait consacré les débuts de son intervention à l'aménagement des périmètres et des bas-fonds, tout en privilégiant l'encadrement technique des riziculteurs. Outre ces actions ont permis à la Soderiz d'atteindre son emprise sur le monde rizicole. Tout en augmentant les chiffres de productions.

Photo n°7 : rayonneur avant le semi en ligne du riz.

Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p 16

98 RD HIRSCH, op cit, p19

Photo n°8 semi en ligne du riz

Source : FIRCA, « la filière riz » in la filière du progrès n°7/ 1er trimestre 2011 p 14

Photo n°9 : paysan procédant au repiquage du riz

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Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p 16

PARTIE II INITIATIVES ET IMPACT DE L'ACTION SODERIZ

1972 - 1974

68

69

L'avènement de l'institution rizicole, Soderiz a entrainé un bouleversement dans les pratiques culturales ivoiriennes. A partir de 1972, les responsables de la société ont pris certaines mesures visant à mieux faire fonctionner l'organisme Etatique. Ces mesures étaient entre autres composées, d'initiatives qualifiées ambitieuses dans le domaine de la production, de l'usinage et de la commercialisation du paddy. Cette synergie de la Soderiz dans le développement de la riziculture a eu des répercussions considérables en général sur l'économie et sur les populations ivoiriennes en particulier. L'année 1974 marque l'âge d'or de la Soderiz avec la croissance de la production de l'organisme.

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CHAPITRE III : LES INITIATIVES AMBITIEUSES DE LA SODERIZ POUR LA PRODUCTION ET LA COMMERCIALIISATION

DU RIZ

La Soderiz pour pouvoir satisfaire le besoin du riz dans le pays, a mis en place une politique de production du paddy. Les bas-fonds et espaces aménagés étaient privilégiés pour l'application de cette politique de production qui était une initiative de la nouvelle société rizicole.

Contrairement à la Satmaci, les mesures idoines prises par la Soderiz, concernaient toutes les étapes de la filière riz ; à savoir la production, l'usinage et la commercialisation. L'institution est donc passée d'une structure de production à une structure commerciale.

I- LA POLITIQUE DE PRODUCTION DU PADDY

L'objectif du gouvernement en créant la structure rizicole était avant tout l'approvisionnement des centres urbains. Un riz produit localement, tout en développant la riziculture. La Soderiz dès 1970 a instauré et valorisé la riziculture irriguée.

1- La riziculture irriguée : un choix étatique

En Côte d'Ivoire on distingue trois types de rizicultures. La riziculture pluviale est celle pratiquée depuis des années par les paysans. C'est une culture en sec sans maitrise d'eau. Elle est largement dominante dans le pays avec 26.000 hectares sur les 29.000 hectares cultivés99. Elle relève dans sa quasi-totalité de pratiques traditionnelles. A coté de cela, les paysans pratiquent la riziculture inondée avec 16.000 hectares. Parallèlement à ces deux types de

99 ADS, Rapport annuel Soderiz, 1971 p22

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rizicultures, celle pour laquelle la Soderiz a opté est la riziculture irriguée. Elle est pratiquée avec une maitrise parfaite de l'eau. Ce choix des autorités répondait au souci de faire des riziculteurs ivoiriens, des paysans modernes. D'introduction récente par rapport à la riziculture pluviale, la riziculture irriguée moderne est apparue dans le paysage ivoirien quelques années avant l'indépendance précisément en 1955. Elle s'est développée au début des années 1970. Elle devait assurer une productivité largement supérieure, malgré les investissements qu'elle demandait notamment l'aménagement des espaces et la construction des barrages. Elle permet de réaliser deux saisons de cultures100.

De par la riziculture, l'Etat dans la poursuite de sa politique d'auto suffisance alimentaire, a donné une priorité absolue à la riziculture irriguée. Les justifications et les avantages d'une telle orientation étaient multiples.

D'abord au niveau nutritionnel, le riz irrigué est riche en éléments nutritifs tels que les protéines nécessaires à une alimentation équilibrée. Il contient également des éléments énergétiques (glucides et lipides), des éléments minéraux (phosphore, calcium, fer, et sels minéraux) et enfin des vitamines (thiamine, riboflavine et niacine)101. Ensuite elle permet une forte productivité développant rapidement la production en accordant aux paysans une rémunération intéressante.

Du point de vue climatique, la culture du riz irriguée avait une faible sensibilité aux aléas climatiques, ce qui favoriserait des provisions satisfaisantes de production et mettrait les paysans à l' abri de grosses surprises. En plus, cela favoriserait la mise en valeur des bas-fonds par les groupements de producteurs. Ce type de culture privilégiée par la Soderiz et soutenue par les dirigeants Ivoiriens avait un objectif car elle impliquait l'absence de contraintes foncière dans la plupart des cas ; puisque les bas fonds étaient inutilisables pour d'autres

100Bureau d'Etude Technique des Projets Agricoles, Exploitation de la vallée du solomougou, juin 1972, p 56 101 R, CERGHELLI, 1995: Culture tropicale I: plantes vivrières, paris, Bouillère et Fils, collection Nouvelle encyclopédie agricole, p 158

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cultures avec un coût d'aménagement jugé peu élevé102. Le riz irrigué était donc perçu en effet comme le seul à pouvoir améliorer de façon notable, la

productivité du travail agricole. Les orientations fondamentales en faveur de la riziculture ont consisté à introduire une innovation agricole à travers le choix du type de riziculture. Cela entrainerait alors, l'intensification de la production.

Ainsi, depuis 1972, la Soderiz a élaboré une véritable stratégie de développement de la riziculture nationale. En effet, la Soderiz a bénéficié de

l'expertise de l'Institut de Recherche Agricole Tropicale (IRAT) une structure

Française et de l'Association pour le Développement du Riz en Afrique de
l'Ouest (ADRAO) créée en 1970. Grâce aux différentes recherches scientifiques

ces structures ont mises en place de nouvelle variété de riz à cycle végétatif court variant entre deux à trois mois. Comme variété de riz introduite, on avait pour la riziculture irriguée le JAYA, IM16, GAMBIAKA, IRS, Bouaké 189 et le BG 90-2, l'IRAT 104103.

Ce développement reposait sur l'encadrement des producteurs. La société a offert des conditions d'exploitations intéressantes aux producteurs en leur

fournissant des intrants, des aides matérielles à la mécanisation et un suivi technique des opérations. Ces actions montraient bien que l'Etat ivoirien avait la ferme volonté de développer un nouveau type de riziculture rompant ainsi avec les autres types qui existaient.

En effet, l'ancien mode de production pluvial, mobilise 120 jours de travail par an et par hectare alors que la riziculture irriguée en requiert le double.

L'option irriguée permettait ainsi aux producteurs de travailler pendant toute
l'année soit deux récoltes par an. Les semis du premier cycle de culture se

faisaient entre le mois de mars et mai. Ceux du second cycle en juillet avec un cycle végétatif compris entre 125 jours et 140 jours. Ce choix exigeait l'émergence d'un nouveau type de producteur.

102 R D HIRSCH, op.cit p16

103I, N'DABALISHYE, op.cit, p74

73

Déjà, à partir de 1973, la production de paddy atteignait 335.000 tonnes grâce a l'action intense de la Soderiz pour la riziculture irriguée. Cette action a remporté un vif succès et a hissé la production de 40% entre 1972 et 1974104. La politique de production a permit l'augmentation de la production du paddy. En effet, les investissements ont permis d'avoir des rendements élevés. L'option de riziculture irriguée s'est donc avérée efficace car elle se prêtait à la culture sur espace réduit mais bien rentable. Bien qu'elle soit appliquée, la culture du riz a été généralisée grâce à une nouvelle mode de production, c'est-à-dire le contrat de culture.

Photo n° 10 : riz sativa oryza en maturité

Source : Archive De Soderiz : Soderiz 6ans déjà, Edivoire, 1976, p 1

104 FAO : 1974, riz : Certains aspects des politiques de productions de commercialisation et prix ; p58

74

2- La production du paddy basée sur le contrat de culture

L'initiative de la Soderiz d'oeuvrer pour un contrat de culture était ambitieuse. L'introduction de cette stratégie culturale visait à améliorer la production et à faire la différence entre les autres systèmes de cultures. Elle était contraire à celle que la Satmaci avait adoptée, où La tâche était complexe, avec des faiblesses dans l'opération de production de riz. La Soderiz a alors bâtit des stratégies permettant d'atteindre les objectifs sociaux et les objectifs économiques fixés par l'Etat. A cet effet, il fallait créer un secteur moderne de production de paddy introduisant un nouveau système de production qui allait mettre à la disposition des paysans de nouvelles variétés de riz plus productive et de l'engrais. Après la récolte la Soderiz s'engage à acheter tout le paddy des paysans. En retour le paysan se doit de respecter le calendrier cultural et de vendre en espèce ou en nature toute sa production à la Soderiz.

»105.

Ce système de culture avait été instauré par le directeur chargé de la production de la Soderiz, Ahmed Timité qui disait en ces termes « j'ai réfléchi et proposer à Monsieur Rossin une stratégie. Alors on a dit aux paysans s'ils cultivent le riz, s'ils utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au moins 3 tonnes et demi de paddy par hectare. La première année tout ceux qui ont pris leurs intrants et engrais ont remboursé par 350 kg de paddy

Ce type d'agriculture montrait la volonté de la Soderiz de professionnaliser la riziculture. Pour cela, la société a vulgarisé progressivement cette notion de contrat de culture auprès des paysans. Il s'est agit d'organiser, des relations suivies de confiance entre l'organisme étatique et les bénéficiaires de ces prestations, pour améliorer les conditions de culture et la rentabilité de la culture du riz. C'est ce qui fait dire à Monsieur Oulai Kemiangnan jean Directeur général de la Soderiz 1970-1977, qu' « en ce qui concerne la rentabilité de la

105 A, Timité, ancien directeur chargé de la production à la Soderiz 1970 - 1977, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan

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riziculture, la Soderiz a conçu un contrat de culture qui est `'un paquet de service» qui entre dans une combinaison optimum de facteur qui garantissent des rendements élevés et des revenus suffisants. Par exemple, en riziculture irriguée, mécanisée pour un rendement de 4000 kg, les charges correspondent à 1500 kg de paddy106 ». Le contrat de culture a donc permis aux paysans de recevoir toutes les prestations de base exigibles pour une bonne campagne de production c'est-à-dire la fourniture de semence sélectionnée, d'engrais et surtout l'assurance d'écouler le paddy.

La Soderiz a résolu les problèmes d'approvisionnement en intrant et de vente du paddy. En 1973, avec le système de contrat, la Soderiz a largement fait progresser la production. On pouvait constater que l'agriculture contractuelle faisait gagner au producteur 20 à 25 % de récolte supplémentaire107. Dans l'ensemble durant cette période, la Soderiz a fourni aux paysans un ensemble de facilités pour garantir l'application du contrat qui les liaient. En effet, les agriculteurs avaient la possibilité de payer les factures de production après la récolte tant en espèce qu'en nature. Ils étaient dispensés de paiement en cas d'échec de la récolte ou de rendement inferieur à la norme.

Outre le contrat de culture qui liait la Soderiz aux riziculteurs, il existait dans le cas de la riziculture inondée, pratiquée dans les plaines alluviales, un contrat entre la société rizicole et des particuliers propriétaires de tracteurs qui devaient louer leurs services aux paysans sous la charge de la Soderiz. Ces deux types de contrat étaient exécutés simultanément par la Soderiz. Dans le cadre du contrat Soderiz - tractoriste, le tractoriste s'engage à effectuer les travaux aux dates et conditions dictées par la Soderiz, au prix de 8.000 francs par hectare. Il s'engageait à lui verser une avance de 2.000 francs avant les travaux et 4.000 francs après constatation des travaux. Au cours de l'exécution de ce contrat, la Soderiz s'est engagée à former les conducteurs de tracteurs et de leur venir en aide en cas de panne sur le terrain.

106 ADS, Procès verbal de la réunion du conseil d'administration Soderiz 1976, p 3

107 ADS, Rapport annuel Soderiz 1973 p 8

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Par ailleurs, pour s'approprier les espaces devant servir à la riziculture, la société d'Etat a initié un contrat de bloc. Il spécifiait que les chefs coutumiers

des villages dans lesquels se trouvaient les périmètres, attribuent un terrain à la Soderiz sur lequel elle exerce le contrôle total et les mises en culture successives sur plusieurs années108. Le contrat était signé par un administrateur en l'occurrence par le Sous-préfet, permettant de régler les problèmes fonciers.

Durant la campagne 1972-1973, la Soderiz s'est engagée à fournir tous les intrants et l'encadrement adéquat aux paysans en les exhortant à respecter les

normes de culture préconisées par l'encadrement. Cela rentrait dans le cadre du

contrat individuel de culture avec la structure rizicole. La méthodologie
inaugurée par la Soderiz a propulsé la production du paddy. Elle a permis de

réaliser un développement très rapide de la production et des superficies

rizicoles. On a pu constater une évolution des superficies rizicoles, dans les
différentes régions où était exécuté le programme de la Soderiz. Selon le tableau

n°6 en 1974, la Soderiz exploitait sur l'ensemble du territoire 12480 hectares par

cycle. Ce chiffre passe à 27015 hectares par cycle en 1976 et à 27820 hectares
par cycle en 1977. Portant ainsi, la capacité de production à 406.000 tonnes en

1974 contrairement à 315.600 tonnes en 1970109. L'agriculture contractuelle a

fait ses preuves et a permis de donner un certain dynamisme à la riziculture
ivoirienne à travers la Soderiz. La politique de production initiée par cette

société rizicole fut fondée sur la riziculture irriguée et la stratégie de production du riz. Ce système de production a permis une accélération de la production nationale de paddy dans les années 1973-1974.

Lorsque nous observons le tableau n°7 (p73) nous remarquons qu'avec l'introduction du contrat de culture, la production a enregistré une croissance notable. Pendant les années qui ont précédé la Soderiz, la production n'a jamais atteint 350000 tonnes. A l'opposé de cette période, en 1974, la Soderiz a produit 406000 tonnes. Cela résulte évidemment du système de production adopté par la

108 ADS, Résumé rapport annuel Soderiz 1973 p 11

109 Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole 1975 p26

77

Soderiz basé sur le contrat de culture. Cela témoigne aussi de l'adhésion des paysans à ce système de production. L'instauration de contrats de culture a été une innovation importante qui a contribué efficacement à l'accroissement de la production de riz.

Tableau n°6 : Evolution des superficies rizicoles de la Soderiz 1974 - 1977

Années

Région
forestière Sud

Région centre

Région des
savanes

Total en
hectare par
cycle

1974

30 ha / cycle

4800

7650

12480

1975

80

8205

15670

23955

1976

580

6975

19460

27015

1977

1720

7800

18300

27820

Source : Ministère de l'agriculture, statistique agricole 1981, p83

Tableau n°7 : Production du paddy sous contrat et sans contrat de culture de 1965 à 1974

 

Avant contrat de culture

Période contrat de culture

Années

1965

1969

1970

1971

1972

1973

1974

Productions

250.000

303.000

315.000

388.000

320.000

335.000

406.000

Source : Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26

78

Graphique n°3 : Histogramme de la production du paddy avant et pendant le contrat de culture

450000 400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000

50000

0

 
 
 
 

production

Année

1 2 3 4 5 6 7

Source : Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26

II- L'USINAGE DU PADDY

Des usines ont été créées dans l'intention de drainer la production de paddy vers le réseau de transformation de la société rizicole. Pour l'usinage du paddy, la Soderiz a mis en place un système de collecte de paddy. Après la collecte elle assurait la transformation puis la distribution du riz blancs à travers certaines structures.

1- Le système de collecte du paddy

La collecte est la première étape de commercialisation du paddy après la production. Elle consistait à approvisionner les usines de décorticages de la Soderiz installées sur l'ensemble du pays et disséminées dans onze villes du pays. L'objectif de la Soderiz était de faire de la riziculture irriguée une culture très rentable à l'image du café et du cacao. Allant dans ce sens, la société a

79

organisé un système de collecte de paddy devant servir les usines créées pour la circonstance. Ainsi, la collecte du paddy dès la première année d'expérimentation de l'institution en 1971, s'est élevée à 16 000 tonnes dont 70% dans les zones encadrées par la Soderiz110.

Après 1971, la Soderiz ne pouvant plus seule couvrir la collecte du paddy du faite de l'augmentation de la production a fait appel à des collecteurs privés composés de commerçants et de producteurs comme il l'a été en 1966. Ils bénéficiaient d'un certains nombres d'avantages au niveau du prix et réalisaient des bénéfices a travers la collecte. Ils étaient perçus comme des agents d'achat et disposaient des moyens financiers et matériels nécessaire à la collecte. Ces collecteurs privés effectuaient la première étape de la collecte officielle qui consistait à transporter le paddy du paysan de son champ jusqu'à la campagne. La seconde étape était le transport du paddy du village à l'usine. Les collecteurs privés opéraient au moyen de véhicule dont la capacité variait entre une à cinq tonnes. Ils percevaient une commission de 10% sur le paddy payé. Un agrément particulier leurs était délivré par les autorités de la localité telles que le Préfet et le Sous-préfet. L'introduction du secteur privé dans la collecte répondait à un objectif celui d'alimenter les unités industrielles qui étaient sous utilisées en paddy. Aussi la société avait le souci de pouvoir acheter le paddy au producteur, car selon le contrat de culture, le paddy produit par les paysans devrait être acheté par la Soderiz afin d'approvisionner les rizeries.

A partir de 1973, suite à l'uniformisation du prix d'achat à la production, les responsables de la société vont généraliser l'expérience tentée avec succès en 1972, de l'association des collecteurs privés sur la base d'un barème leur assurant une marge intéressante de prime allant de francs à 42 francs par kilogramme en fonction de la quantité de paddy acheté. Soit une somme compris

110 AGRIPAC : 1974, « Halles et marchés de Côte d'Ivoire » Tome III, p 67

80

entre 1000 francs et 42000 francs sur la tonne de paddy entre la collecte bord champ et les magasins de collecte.

Entre la campagne rizicole 1966/1967 et celle de 1977/1978, les collecteurs privés ont réalisés entre le magasin de collecte et l'usine un bénéfice allant de 1francs à 47 francs CFA le kilogramme de paddy soit 47000 francs CFA la tonne.

Ce réseau d'achat n'avait pas pour rôle d'être concurrent de la Soderiz, mais

de jouer le rôle de secteur « privé témoin » c'est-à-dire un secteur privé au service de la Soderiz en l'aidant à développer la riziculture111.

Tableau n°8 : Evolution du bénéfice des acteurs pendant la collecte de 1966 - 1967 à 1977 - 1978 (en francs CFA/ KG)

Années

Prix à la

production (p0)

Prix à l'entrée du magasin

(P1)

Bénéfice brut (p1 - p0)

Prix à l'entrée de l'usine

(P2)

Bénéfice
brut
(p2 - p1)

Bénéfice brut
(p2 - p0)

66 /67

18

19

1

19

0

1

67/68

18

20

2

20

0

2

68/69

20

20

0

20

0

0

69/70

22

22

0

22

0

0

70/71

22

22

0

22

0

0

71/72

22 /28

22/31

0/3

22/31

0

0/3

72/73

23/28

31/70

8/42

31/75

0/5

8/47

73/74

23/65

31/70

8/5

31/75

0/5

8/10

74/75

65

70

5

75

5

10

75/76

65

70

5

75

5

10

76/77

65

70

5

75

5

10

77/78

65

70

5

75

5

10

Source: HIRSCH RD, op.cit. p56

111Ministère de l'Agriculture et des ressources animales, Rapport final ; Etude pour la formulation de la politique rizicole de la Côte d'Ivoire, Février 2002 p24

81

Ce circuit témoin devait effectivement appliquer les prix officiels fixés par la Soderiz et mettre ainsi les producteurs en confiance. Les magasins de collecte et d'approvisionnement constituaient autant de points de contact pour l'achat du paddy entre les paysans et les collecteurs. L'organisation de ce réseau de collecte et l'insertion de personnes privées dans le circuit de collecte Soderiz devrait permettre l'efficacité et apporter un certain dynamisme à la société.

L'Etat avait fixé un prix d'achat de paddy sur tout le territoire comme il faisait pour les cultures du café cacao. Au début de chaque campagne l'Etat fixe le prix d'achat du paddy au producteur et le prix d'achat à l'entrée de l'usine. En effet, en 1971 par le décret n°71 - 504 du 10 novembre 1971 portant fixation des prix d'achat à la production du paddy112. L'Etat fixe le prix en fonction de la qualité du paddy. Le conseil des ministres a adopté à ce effet le 17 octobre 1972, le décret n°72- 658 qui fixait le prix du paddy au producteur à 25 F /kg113. Ce prix suivait les normes de la qualité. Selon ces normes le paddy devait être mur, exempt de poussière de cailloux, le taux d'impureté devait être inferieure à 18%. Le paddy qui respectait ces normes était qualifié de qualité supérieure et celui qui ne répondait pas à ces normes était dite de qualité inférieure.

En 1973, le prix d'achat était fixé à 25,13 F le kilogramme et 12 687 tonnes avaient été collectées dont 25 % de cette collecte se sont effectués en janvier et février114. La Soderiz avait institué trois formules de ramassage avec prime à la livraison. Elle veillait à ce que le prix soit respecté, car ce prix de collecte variait selon le lieu de collecte. Pour la première formule, la collecte de paddy chez le producteur était achetée à 65F/kg. Si cela s'effectuait au niveau des magasins de collecte, le paddy était acheté à 70F/kg et enfin à l'usine le paddy était acheté à 75F/kg. Le prix était majoré en fonction de l'accessibilité de la production. La Soderiz versait ses primes aux acheteurs ou aux paysans qui se déplaçaient soit à

112 JOCI DU 10 novembre 1971, P 616

113JOCI du 20 octobre 1972, p 1236

114ADS, Résumé Rapport annuel Soderiz 1973, p20

82

l'usine, soit dans les magasins de collecte pour livrer leur production. Cela visait à compenser les dépenses de transport fournies et le paiement de la main d'oeuvre pour les chargements.

L'organisation de la collecte du paddy par la Soderiz a bien fonctionné vu l'évolution de la quantité de paddy collectée depuis 1971 à 1974. La Soderiz a réussi à collecter grâce à son système de collecte des milliers de tonnes de paddy pour alimenter ces usines. On est passé de 16 000 tonnes de paddy collectées en 1971 à 30 000 tonnes en 1974115.

Selon le tableau n°9 (p79), de 1966 à 1969 le prix garanti aux producteurs par la Satmaci était compris entre 18 francs et 20 francs. Ce prix d'achat a seulement augmenté de 2 francs durant 4 ans. A partir de 1970 avec la création de la Soderiz on observe une fluctuation du prix d'achat qui s'élève à 22 francs. Ce prix d'achat atteint 28 francs en 1973. Cela témoigne de la volonté de la Soderiz de bien rémunérer les paysans. De 1973 à 1977, le prix garanti d'achat augmente et atteint 70 francs. Cela résulte de la perturbation des marchés internationaux de céréale par la crise pétrolière qui ont été soumis à de très fortes tensions. Cette situation a permit au cours mondial du riz d'atteindre son record historique. Par la même occasion les autorités ivoiriennes pour faire face a cet phénomène ont encouragés la production locale en associant les collecteurs privés a la collecte du paddy en leur assurant des primes variables en fonction du lieu de livraison. Pour Brindoumi Atta Kouamé Jacob, les raisons de cette hausse étaient « la croyance à la primauté du prix en tant que facteur d'inclinaison à la production, la nécessité d'un alignement des prix du riz local sur les prix du riz importé et les pressions de la Soderiz qui estimait ne pas pouvoir remplir sa mission avec des prix qu'elle jugeait trop bas »116.

115 Agence Ivoirienne de Presse « Dans cinq ans avec l'encadrement la Soderiz produira 70 000 tonnes de Paddy » in Fraternité matin du 31 juillet 1973 p2

116 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 100

83

Tableau n°9: Evolution du prix d'achat de paddy garanti au producteur de 1966 à 1978

Campagne
d'achat

Prix Bord champ
producteur en
F/KG

Prix Magasin de
collecte en F/KG

Prix Rendu usine
ou silo en F/KG

1ère

qualité

2eme

qualité

1ère

qualité

2eme

qualité

1ère

qualité

2eme

qualité

1966 - 1967

19

18

-

-

-

-

1967 - 1968

18

17

-

-

-

-

1968 - 1969

19

18

-

-

-

-

1969 - 1970

20

20

-

-

-

-

1970 - 1971

22

20

-

-

-

-

1971 - 1972

22

20

-

-

-

-

1972 - 1973

28

23

31

-

-

-

1973 - 1974

65

28

70

-

75

-

1974 - 1975

65

-

70

-

75

-

1975 - 1976

65

-

70

-

75

-

1976 - 1977

65

-

70

-

75

-

1977 - 1978

65

-

70

-

75

-

Source: Ministère de l'Agriculture Statistique agricole de Côte d'Ivoire 1981, p 84

2-La transformation du paddy dans les rizeries

Industrialiser le secteur rizicole était l'un des objectifs des autorités politiques. Il s'agissait pour la Soderiz d'offrir aux ivoiriens, grâce à ses unités industrielles une meilleure qualité du riz local, pouvant concurrencer le riz importé. En 1973, plus de 147 000 tonnes de riz sont venu des Etats Unis d'Amérique et des pays d'Asie tel que la Chine, la Thaïlande, l'Inde, le Pakistan, le Vietnam et de la Birmanie qui constituaient les fournisseurs de la

84

Côte d'Ivoire pour l'importation du riz. Ce riz était beaucoup prisé par les populations urbaines car il était qualifié de riz de luxe.

La transformation du paddy paraissait donc fondamentale pour la société rizicole. En Côte d'Ivoire, il existe trois modes possibles pour effectuer la transformation du paddy en riz blanchi. On a la transformation manuelle ou pilonnage, la transformation mécanique avec décortiqueuse, beaucoup plus utilisée par le circuit dit traditionnel car la qualité était approximative. Le troisième mode de transformation est mécanique et se fait avec des usines de transformation de capacité variant entre 1 et 4 tonnes. C'est ce mode de transformation que la Soderiz a adopté depuis 1971. Elle a créé et renforcé près de onze unités industrielles de transformation de paddy presque dans toutes les régions117. Ces différentes rizeries ont été installées par la Soderiz avec l'aide de l'Etat qui poursuivait, son objectif de développement de certaines zones du pays. Les critères d'implantation de ces rizeries dans les différentes zones incluaient les critères de rationalité économique, des préoccupations de développement et des considérations géographiques. Les rizeries répondaient aux soucis de l'institution rizicole de mieux exécuter son programme industriel de riz. Les grandes unités industrielles devaient donner un rendement supérieur afin de permettre une valorisation possible et fournir sur le marché un riz de quantité homogène pouvant concurrencer le riz importé qualifié de riz de luxe118.

Les unités industrielles étaient parfaitement adaptées aux conditions d'usinage de la Soderiz. C'est-à-dire des usines plus ou moins neuves avec des capacités de production pouvant satisfaire la Soderiz. Le paddy une fois dans les rizeries était transformé en riz blanc et mis dans des sacs, prêt à être commercialisé.

Le traitement industriel du paddy a fait fonctionner la Soderiz et les différentes

117 Ces usines sont les suivantes : usines de Bouaké, Man, Korhogo, Bouna, Odienné, Daloa, Gagnoa, San Pedro, Bongouanou

118 ADS, Rapport annuel Soderiz 1974, p31

85

rizeries à pleine capacité. La transformation du paddy en riz blanchi a donc subi une nette progression pendant la période Soderiz. La capacité de production fut portée à prés de 35 000 tonnes par an. En 1975, le riz usiné était de 112 827 tonnes contre 11 500 tonnes, en 1971.

Pour augmenter la capacité de transformation des usines, une grande attention était portée à la qualité du paddy réceptionnée. Cela a facilité le passage du rendement à l'usinage de 57% au début de 1971 à 60% en 1972. L'amélioration du rendement a été possible grâce à la présence de riziers hautement qualifiés et expérimentés européens notamment Français et Allemands à l'usine de Korhogo en 1971119. La présence de ces coopérants européens était surtout le fruit de la coopération entre la Côte d'Ivoire et les différents pays européens. De Korhogo, ils étendirent les actions de formations et de perfectionnement des techniciens aux usines de Bouaké, Man, Yamoussoukro et de Bouna en 1972.

Après la collecte et l'usinage, la Soderiz a décidé d'appliquer la troisième phase du système de production qui consiste à commercialiser et à distribuer le riz.

III-LA MISE EN PLACE DE STRUCTURES POUR LA
COMMERCIALISATION ET LA DISTRIBUTION DU RIZ

La Soderiz devait être une entreprise de commercialisation de riz. En effet, la commercialisation était la dernière étape de la chaine de production du riz blanchi. Elle se faisait en liaison avec des structures chargées du commerce du riz importé à savoir la chambre de commerce et de la Caisse Générale de Péréquation et des Prix (CGPP).

119 Ministère de l'Agriculture, rapport final ... op.cit, p18

86

1. La gestion du riz de la Soderiz par la chambre de commerce

Selon le décret n°70-564 du 23 septembre1970, portant création de la Soderiz, elle a pour rôle de participer à l'organisation du commerce et à la commercialisation du riz dans le cadre de la réglementation en vigueur120. La Soderiz en succédant à la Satmaci avait pour rôle de poursuivre également son action commerciale. En effet, au début des années 60 l'encadrement de la riziculture, la commercialisation du paddy et la gestion des rizeries furent gérés par la Satmaci. Pendant cette période la Chambre de Commerce de Côte d'Ivoire intervenait par le biais d'un cartel. Selon Yao Gérard, ancien directeur régional centre 1973 - 1977 de la Soderiz, « le président de la Chambre de Commerce Massieyé était lui même importateur à titre personnel. Il faisait partir du groupe Massieyé et Ferras. C'était aussi de grandes boutiques de la place telles que CFCI, CFAO, SCOA etc.... »121. La Chambre de Commerce de Côte d'Ivoire a été créé en 1908. Elle avait une mission économique. Dès le début de l'indépendance le gouvernement lui confie la gestion et la répartition du riz importé122. Elle était responsable de l'écoulement, de la distribution et de la régulation des stocks de riz.

La Soderiz a participé à cette politique de commercialisation de riz avec la Chambre de Commerce. Le riz après transformation dans les usines Soderiz était mis en totalité à la disposition du Ministère du commerce. La Chambre de Commerce sous la recommandation de son ministère de tutelle, devait se saisir du stock de riz local mis à sa disposition et elle se chargeait de la distribution. Cette distribution se faisait à travers les différents offices commerciaux contrôlés par la Chambre de Commerce. Cette structure s'occupait de la commercialisation du riz importé par l'intermédiaire des maisons de

120 JOCI du 25 septembre 1970, p 1632

121 G, YAO, ancien directeur régional centre de la Soderiz 1973 - 1977, entretien réalisé à Abidjan Marcory le 14 octobre 2010

122R, T, BEKOIN : 2006, La Chambre de commerce de la Côte d'Ivoire de la colonisation à l'après indépendance : naissance apogée et déclin d'une institution 1908-1992, Thèse de doctorat, Université de Cocody, p 508

commerce123

. Cette institution à vocation économique veillait aussi à ce qu'il n'y

87

ait pas de pénuries de stock de riz. Elle se devait d'approvisionner régulièrement le marché du riz et s'assurer que les importateurs ne travaillent pas a perte. Le riz local produit par la Soderiz était donc commercialisé parallèlement avec le riz importé. La chambre de commerce était donc le distributeur du riz local de la Soderiz. La commercialisation était élevée au rang d'une activité vitale car elle rapportait d'énormes devises à la société124. Plus de 120 000 tonnes de paddy étaient commercialisées par la Chambre de Commerce ce qui représentaient un bénéfice minimum de 9 milliards de Francs CFA qu'aucune activité en particulier l'encadrement ne mettaient à la portée de la Soderiz125.

Entre 1970 et 1974, la Chambre de Commerce évacuait toujours les stocks déclarés par la Soderiz. Entre les deux structures il existait une collaboration parfaite. La Chambre de Commerce devait tenir compte des cours du marché mondial du riz pour l'écoulement des stocks qu'elle gérait. A cet effet, dans le cas du prix de cette denrée à grande consommation et pour d'autres raisons, l'Etat créa une structure pour la stabilisation du prix du riz.

2. L'action de la Caisse Générale de Péréquation et des Prix dans la commercialisation du riz

La Caisse Générale de Péréquation et des Prix (CGPP), a été créé par le décret n°71-169 du 25 mars1971126. Elle fait son apparition, sur la scène rizicole en Côte d'Ivoire, à la même période que la Soderiz. Elle avait pour rôle principal de régulariser et stabiliser les prix de vente des produits et marchandises de grande consommation. Auparavant, il existait une réglementation particulière de l'importation et la fixation du prix du riz127. La CGPP exerçait ses activités sous la tutelle mal définie. En effet elle était rattachée à la fois au Ministère du

123 ADS : rapport annuel Soderiz 1975, p9

124 A, SAWADOGO op.cit p 53

125 ADS, rapport annuel Soderiz 1975, p45

126 JOCI du 5 avril 1971, p 414

127 Arrêté 10- 549 SEC du 10 décembre 1956 cité par Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit, p 361

88

commerce, au Ministère de l'Economie et des Finances, au Ministère de l'agriculture pour la coordination de la collecte des produits agricoles et enfin à la Présidence de la République. Ce qui faisait penser selon Brindoumi Atta Kouamé Jacob que sa gestion était plutôt « du politique » que celle d'un établissement public national normal128.

Pour Dutheil de la Rochère, la nature juridique de la CGPP était difficile à déterminer. Dès sa création elle fut dirigée par le directeur des affaires économiques et des relations économiques extérieures. Elle n'avait officiellement ni personnalité juridique ni autonomie financière129. Elle possédait des antennes à l'intérieur du pays. Les activités de la caisse de péréquation portaient sur le riz officiel, c'est-à-dire produit localement dans les unités industrielles de la Soderiz et riz de luxe importé.

En créant la CGPP, l'Etat envisageait assurer l'uniformité des prix fixés à la consommation sur l'ensemble du territoire. Cette garantie était réalisable grâce à une subvention du transport du riz. Le circuit de distribution de la Caisse de péréquation était assujetti à un agrément délivré par la caisse de péréquation elle-même. En 1974, des agréments de grossiste ont été livrés. Environ 450 grossistes opéraient pour ce circuit.

La logique de l'intervention de la CGPP dans la filière riz était d'assurer la sécurité alimentaire du pays et favoriser la transformation industrielle du riz et faciliter aussi son écoulement. En d'autres termes, c'était d'éviter des ruptures de stocks dont les conséquences pouvaient s'avérer préjudiciables. Pour Louis Berger, cela permettait « d'assurer la permanence des approvisionnements en riz de la population d'environ 90 000 tonnes et d'assurer également, l'écoulement du riz du circuit officiel tout en maintenant l'uniformité des prix du riz blanc sur l'ensemble du territoire, national grâce à une péréquation du

128 A, K, J BRINDOUMI, op.cit, p 55

129 Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit p 361

89

transport »130. Ainsi, la CGPP réglait la distribution du riz blanc au niveau

national. Elle estimait et rachetait toute la production locale du riz des unités industrielles de la Soderiz. La caisse de péréquation du riz utilisait une partie de ses ressources pour le soutien de la collecte et de l'usinage du paddy local. Les ressources de la CGPP devaient servir à la régularisation et à la stabilisation du prix de vente du riz. Environ 60% de ses ressources étaient versées à la Soderiz comme frais de transport, d'usinage et pour la redistribution du riz131. Le reste

des ressources étaient versées au Budget Spécial d'investissement et d'Equipement (BSIE), en vue de leur affectation à des opérations différentes de la stabilisation des prix, telles que la mise en valeur des bas-fonds et la vulgarisation de la culture du riz. Elle a joué un rôle très capital dans la commercialisation du riz en général et la production de la Soderiz en particulier. Par ses actions, elle a permit une accessibilité du riz à toutes les couches sociales.

L'association de la CGPP à la commercialisation marque l'intervention de l'Etat dans le commerce du riz. Elle intervient dans le financement du coût de transport du riz. Ce qui permettait aux commerçants de bénéficier d'un soutien en fonction de la localisation de son magasin. La caisse de péréquation pratiquait des prix variant entre 1,10 francs le kilomètre à 4 francs CFA. Pendant la période 1973 - 1974, la caisse versait 4 francs entre Abidjan et Man, 2 francs Cfa le kilomètre, Gagnoa - Abidjan, 2 francs Cfa le kilomètre Bouaké - Korhogo132.

La caisse a régulé près de 100 000 tonnes de riz en 1973, soit près de 14 % de la consommation totale du pays133. Elle était une caisse de stabilisation pour

le secteur de la commercialisation et en même temps elle était perçue comme

130 L, BERGER, op.cit p v-2

131Jacqueline De la Rochère DUTHEIL, op. Cit, p362

132 Ministère du commerce, commercialisation des produits vivriers en Côte d'Ivoire : analyses et recommandations, Abidjan, BETPA, 1982, p 53

133 K, DIOMANDE op.cit p 56

une source de revenu pour l'Etat ivoirien, car elle percevait les taxes sur les importations de riz.

En effet, comme l'indique le tableau n°10 ci-dessous la caisse de péréquation a réalisé des bénéfices énormes sur les importations du riz de 1971 à 1977. En 1971, lorsque la caisse de péréquation achetait 97 000 tonnes de riz importé, le prix était 21 000 francs la tonne. Ensuite elle revendait aux grossistes à 45 000 francs la tonne, soit un bénéfice brut de 24 000 francs CFA la tonne. L'Etat réalisait un bénéfice total de 2 340 000 000 francs Cfa. Entre 1971 et 1973, l'Etat a réalisé un bénéfice de plus de 5 milliards de francs Cfa. De 1973 à 1974, les chiffres furent négatifs du fait de la hausse des prix à l'importation et à la forte production du riz de la Soderiz. A partir de 1975, le pays réalise d'énormes bénéfices atteignant 2 655 000 000 francs Cfa en 1977. Ces devises ont servi à alimenter le budget général de l'Etat.

Tableau n°10 : Estimation des revenus bruts de l'Etat sur la commercialisation

du riz importé de 1971 à 1977

Années

Volume importé en
Tonne

Prix CAF en
francs CFA

Prix de cession
aux grossistes f
CFA /T

Bénéfice
brut en f
CFA/T

Total du bénéfice milliards FCFA

1971

97 000

21 000

45 000

24 000

2,340

1972

77 000

28 000

45 000

17 000

1,3107

1973

147 000

59 000

57 000

-2 000

-0,294

1974

72 955

112 000

107 000

-5 000

-0,365

1975

1 636

50 000

97 000

47 000

0,0752

1976

1 300

30 000

87 000

57 000

0,1311

1977

121 708

69 000

87 000

18 000

2,655

Sources: BRINDOUMI (A K J), op.cit p 12

90

Ministère du Commerce, statistiques douanières, 1977, p 54

Les circuits de distribution du riz pendant la période Soderiz étaient très complexes. La vente du riz blanchi a nécessité la présence de deux structures commerciales, à savoir la Chambre de Commerce et la CGPP. Ces structures qui ont fonctionnées simultanément visaient à écouler les stocks de riz usinés par la Soderiz.

Les succès techniques ont été indéniables. Ainsi dans des délais très courts, soit en moins de quatre ans la production de paddy a été multipliée par 2 tandis que la quantité de paddy collectée et usinée a été multipliée par 1,5134. Ce meilleur résultat obtenu grâce à l'action de la Soderiz aura des effets positifs sur l'économie du pays. Cette synergie a permis à la Soderiz d'atteindre entre autre l'un de ses objectifs à partir de 1974.

91

134 S Y, AFFOU, op. Cit p 21

92

CHAPITRE IV : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA SODERIZ

L'intervention accrue de la Soderiz dans le milieu rizicole a donné des résultats probants. Ces résultats positifs s'observent tant au niveau de la production du riz qu'au niveau de l'économie du pays. Cette évolution consacre l'âge d'or de la Soderiz de 1974 à 1976.

I- LES RETOMBEES SOCIALES DES ACTIONS DE LA

SODERIZ.

L'action Soderiz a été d'une portée capitale. En moins de 5 ans d'activités, les fruits de ses actions se font sentir à travers la création d'emploi et le développement des villages paysans. Ces actions de portée sociale de la Soderiz ont permis le développement du pays.

1- La création d'emplois et distribution des revenus.

Dans le cadre du développement économique, la Soderiz a posé des actions nombreuses au plan social. Ainsi, l'impact du projet Soderiz a été très perceptible au niveau des revenus internes dans les régions où était exécutée l'opération de la Soderiz.

Dès 1972, la Soderiz a eu pour action d'insérer les jeunes volontaires paysans dans le tissu social. Pour ces jeunes, l'agriculture constituait un travail rémunérateur pouvant leur permettre d'avoir des revenus mensuels de 40.000 francs à 50.000 francs CFA135. Le but poursuivi par la Soderiz était de lutter contre l'exode rural et d'offrir aux paysans un meilleur revenu grâce à leur production. La mise en place du projet Yabra en 1973 constitue à cet effet un exemple.

Le projet Yabra fut une opération rizicole initiée par la Soderiz dans le département de Yamoussoukro au centre du pays où 2000 hectares ont été

135 ADS, Rapport annuel Soderiz 1973 p 243

93

préparés dans la vallée alluviale de la rivière Yabra après la construction par l'Etat de quatre barrages. Pour Ahmed Timité ancien cadre de la Soderiz, « le gouvernement avait demandé à la Soderiz de participer à la modernisation de l'agriculture notamment celui du secteur rizicole. Il a été demandé à la Soderiz d'installer des agriculteurs modernes au Yabra, à San Pedro et à Korhogo etc.... »136.

Par ce projet, la Soderiz voulait donner une chance aux jeunes ivoiriens qui n'avaient pas terminé leur parcours scolaire de pratiquer la riziculture en s'inspirant des méthodes culturales chinoises137. Le projet Yabra a obtenu le soutien du Président Houphouët Boigny, qui a fait de Yamoussoukro son village natal, une grande zone productrice de riz. Ainsi, avec la Soderiz c'était l'ouverture sur un emploi permanent. Après une période de formation de deux mois, 400 à 600 jeunes volontaires ont été retenus comme aptes a constituer douze coopératives pour s'adonner à la culture intensive du riz138.

A partir de 1974, pour intéresser les jeunes à la riziculture la Soderiz réalisa une étude. Selon les résultats de cette étude, les jeunes gens qui la plupart n'ont jamais eu de revenu et qui du coup se trouvent possesseurs d'une somme d'argent d'un montant de 200.000 Francs à 400.000 francs CFA ne pouvaient qu'être satisfaits. Cette étude avait pour objectif de motiver les jeunes pour la riziculture en leur offrant des emplois. La société faisait donc employer 2.000 agents en permanence et 2.500 agents temporaires139. Selon les premiers calculs fait par la société, un paysan qui exploitait au moins deux (2) hectares pouvait avoir un revenu mensuel de 75.000 Francs voire plus. Ce qui équivaut à certains revenus de la ville. Cela témoigne bien de la rentabilité de la culture du riz et l'augmentation des revenus des paysans avec la Soderiz.

136 A, TIMITE : Ancien Directeur chargé de la production à la Soderiz de 1971 à 1977 et ancien Ministre de l'Agriculture, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan à son domicile à Cocody II Plateaux

137 K, KOFFI, op.cit, p 7

138 A, K, J BRINDOUMI, 2003, op.cit, p155

139 ADS : Rapport annuel Soderiz 1974 p 184

94

De 1972 à 1974, l'évolution de la création d'emplois et la distribution de revenus a suivi le rythme du développement des actions de la Soderiz. Durant ces années, les régions Nord, Centre, et Ouest ont bénéficié chacune d'un montant de 3,7 milliards de francs CFA par région du fait des actions de la Soderiz. Cet apport a permit une croissance du revenu moyen par paysans à 17%140. Cette augmentation du revenu agricole a concernée les exploitations touchées par le projet de développement rizicole de la Soderiz. Cela a eu un impact considérable sur le développement social du pays et par ricochet sur le développement de l'économie ivoirienne.

La création d'emploi s'est poursuivit avec l'installation de jeunes agriculteurs modernes dont l'expérience pilote a été réalisée sur le Yabra. La Soderiz a initiée une politique d'installation de jeunes agriculteurs à San Pedro dans le sud ouest. Ces derniers, après trois stades de formation progressive, à savoir la formation sur les techniques culturales, la gestion de l'exploitation et l'organisation en GVC, étaient installés sur des terres aménagées a cet effet, pour y pratiquer la riziculture irriguée141. Ce volet d'installation est un axe majeur de la politique de développement agricole et de la modernisation rizicole décidées par les autorités à travers les différentes opérations de la Soderiz. L'opération Bou Sirasso dans le département de Korhogo, au nord du pays a eu un effet considérable au niveau régional en 1973 du point de vue économique. Ce projet a engendré entre 1971 et 1972 plus de 1000 emplois pour la population et près de 10 milliards de francs CFA de revenu à la région des savanes142.

En effet, la société procédait, pour l'exécution de son programme, au recrutement des stagiaires pour l'encadrement des paysans dans la région. Comme critère de recrutement, il était choisi des jeunes gens actifs et dynamique aimant le milieu rural, et ayant une compétence technique et des

140 ADS : Rapport annuel Soderiz 1976 p 89

141 ADS : Programme pluri annuel du développement rizicole 1978 - 1980, p 139 142ADS : Rapport annuel Soderiz 1973, p102

95

connaissances essentielles directement utilisables143. Pour la première année c'est-à-dire en 1971, le nombre de stagiaires recrutés qui était de 200 est passé à plus de 1.000 en 1975144. Plusieurs d'entre eux, étaient issus des écoles pratiques d'agriculture et des centres de formation d'agriculture de Korhogo. Certains riziculteurs qui avaient une expérience requise étaient recrutés.

La création des rizeries sur l'ensemble du territoire a exigé une main d'oeuvre conséquente. Entre 1970 et 1972, plus de 2500 emplois ont été créée avec la mise en place des usines de transformations de riz. Ce chiffre connait une croissance notable entre 1973 - 1974 en atteignant 4512 emplois145. Ainsi les jeunes diplômés étaient recrutés. En ce qui concerne le mode d'emploi et le recrutement dans les usines, on distinguait deux catégories : les ouvriers vacataires et les personnes embauchées. Les ouvriers vacataires appelés communément «manoeuvre« étaient recrutés par appels d'offre. Pour Brindoumi Atta Kouamé Jacob, le contrat de travail était déterminé et était lié à la quantité de paddy transformé.146 La deuxième catégorie concernait les personnes embauchées. Elles étaient constituées du personnel administratif et de quelques rares ouvriers.

La Soderiz, véritable société de développement, a permis la création de plusieurs centaines d'emplois et une importante distribution de revenu. Le développement économique devait donc être effectué à partir des actions sociales.

2- La réalisation de village Soderiz

Selon le président Félix Houphouët Boigny, à propos de la Soderiz « l'économie doit supporter le social et le social doit aider au développement de l'économie car les deux se secondent mutuellement, la Soderiz au delà de ses

143 Ministère de l'agriculture, proposition op.cit, p 28

144 Ibid, p31

145 Ministère de l'économie et des finances : La Côte d'Ivoire en chiffre, annuaire statistique, édition SEA, 1975, p 130

146 A, K, J BRINDOUMI, 2003, op.cit, p157

96

actions de développement doit participer à l'action sociale »147. Cette phrase est d'autant plus vraie qu'on ne peut parler de développement économique sans penser au social. L'un des soucis qui animaient la Soderiz était de mettre les paysans dans les conditions adéquates de travail. Les plaines alluviales étaient situées en pleine brousse loin des campements. Les paysans étaient obligés d'aller au travail le jour et revenir dormir en ville et cela tous les jours. Cette situation entrainait deux efforts : le parcours du trajet et le travail sur le terrain. La Soderiz prit donc la décision de construire des villages pour les paysans148. Cela permettait de gagner le temps et d'assurer une présence permanente du paysan sur le terrain.

A partir de 1973, l'on assiste à une floraison de villages, créés par la Soderiz. La mise en valeur du périmètre Yabra ainsi que l'opération rizicole menées dans la région de San-Pedro ont permis à la mise en place des villages Soderiz. Pour Ahmed Timité ancien directeur chargé de la production à la Soderiz 1970 - 1977, la création de ces villages pour les paysans, rentrait dans le cadre du développement socio-économique du pays en général et celui des régions en particulier. Il souligne que « les premières maisons témoins ont été faites à Natio-Kobadara à quelques encablures de Korhogo et étaient financées par la KFW »149. Il s'agissait donc d'y loger les paysans qui rembourseraient la somme de 840.000 francs à long terme la Soderiz. Ces villages étaient destinés pour la plupart aux jeunes paysans. Ils disposaient d'une organisation sociale et étaient dirigé par un chef et des notables. 150

L'infrastructure sportive n'était pas en reste. Les salles de jeu et de dispositifs sportifs tels que les terrains de football et de Maracana, l'installation électrique et le centre de santé étaient les réalisations sociales les plus remarquables151.

147 J, YAO, « La Soderiz un instrument de développement », In Fraternité Matin du 07 mars 1974, p 8

148 K, KOFFI, op.cit p 27

149 A, TIMITE : Ancien Directeur chargé de la production à la Soderiz de 1971 à 1977 et ancien Ministre de l'Agriculture, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan à son domicile à Cocody II Plateaux

150Ministère de l'agriculture, Rapport final : étude pour la formulation op.cit, p 21
151ADS : Rapport annuel Soderiz 1975 p 34

97

En 1974, les périmètres Soderiz de Subiakro et de Yaora ont vu la construction de leur village Soderiz152. La même année, c'était au tour du village de Sema d'en bénéficier. De par ces villages, la société rizicole participait au développement économique et social du pays.

Par ailleurs la construction des villages Soderiz se situait dans le cadre des objectifs de la société. Ce qui a d'ailleurs confirmé le rôle économique et social de la société de développement. L'action de la Soderiz a contribué à la modernisation de l'habitat rural. Entre 1971 et 1977, plusieurs paysans ont été réinstallés dans les villages Soderiz.

Au total plus de 6000 maisons ont été construites par la Soderiz153. Ces logements réalisés étaient « en dur ». C'est-à-dire ces maisons étaient faites avec du ciment et avaient toutes les commodités pouvant accueillir une famille élargie. Cette expérience de la Soderiz de réalisation massive de logements ruraux, était sans précédent et contribuait à l'amélioration des revenus par l'agriculture. Ces réalisations de villages sociaux montraient bien la bonne santé de la société au niveau financier.

II- L'IMPACT ECONOMIQUE DES ACTIONS DE LA SODERIZ

Les chiffres d'affaires de la Soderiz suivent le rythme de l'évolution des activités de la société. La croissance du budget de fonctionnement a été possible grâce à une mobilisation des bailleurs de fonds autour de la Soderiz. Ce soutien constant de la société est le signe de la performance économique de l'institution.

1 - La mobilisation des bailleurs de fond.

Pour réussir le programme rizicole, il fallait consentir un effort pour son financement. Faut-il le noter, à la différence des autres secteurs productifs

152 Ministère de l'agriculture, Rapport final ... op.cit, p 14

153 K, KOFFI, op.cit p52

98

auxquels l'Etat a consenti d'énormes investissements, la riziculture à bénéficier en grandes parties des ressources extérieures de financement. Ainsi l'opération du riz conduite par la Soderiz a attiré la confiance des opérateurs économiques.

Au début du programme en 1970, le principal bailleur de fond était la Kreditanstt Für Weiderbau (KFW) de la République Fédérale d'Allemagne (R.F.A) sa part représentait environ 32% des investissements de la société. La Soderiz a sollicité l'appui des bailleurs de fond vu l'ampleur de ses activités. La KFW est intervenu dans le cadre de l'aide bilatérale accordée à la Côte d'Ivoire. En 1971, elle a financé les opérations de construction de barrages et de mise en valeur des périmètres rizicoles à Korhogo à hauteur de 3 milliards de francs CFA. L'ancien directeur chargé de la production à la Soderiz, Ahmed Timité témoigne à ce sujet que : « le premier barrage à avoir bénéficié de cette aide a été le barrage de Nombolo. Avec les maigres moyens la réalisation de ce barrage a épaté tout le monde. L'argent a suffi au grand étonnement des Allemands, ce qui nous a permis de demander d'autres fonds »154. Au nombre de dix, ces petits barrages en terre irriguaient les surfaces entre 100 et 250 hectares. En 1972, avec l'intensification du programme rizicole de la Soderiz, le Fond Européen de Développement (FED) a inverti 256 200 000 francs CFA, soit 30% des investissements, pour l'évaluation et la formation des agents d'encadrement155.

En outre, en1973, dans le cadre du renforcement des capacités d'usinage, l'organisation internationale de café (OIC) a fait un prêt de 1 467 700 000 francs CFA à la Soderiz. Ces fonds devaient servir à la construction de quatre barrages et une station de pompage.156 La Soderiz a attiré aussi l'attention de d'autres organismes de financements, ce qui permettait d'élaborer une véritable stratégie de développement national. L'apport des bailleurs de fond s'est accru à partir de

154 A, Timité, ancien directeur chargé de la production à la Soderiz 1970 - 1977, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan

155ADS : Soderiz 6 ans déjà 1976, p 23

156 ADS : Rapport annuel Soderiz 1976, p 291

99

1974. En effet, la République Fédérale d'Allemagne (RFA) a fourni pour les opérations de riziculture irriguée dans le nord du pays, 1 milliard de francs CFA, pendant que la Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE) s'est engagée avec 2 milliards de francs CFA dans la zone forestière. Quant au Fond Européen de Développement (FED), il engagea un investissement important de plus de 3 milliards pour la création d'un complexe mécanisé à Odienné.157

Outre ces financements extérieurs, on notait celui de l'Etat ivoirien. Pendant la période 1973-1974, le budget spécial d'investissement et d'équipement (BSIE) a mis à la disposition de la Soderiz 145 000 000 F CFA, pour la réalisation de ses projets. La Caisse de Stabilisation et de Soutien des Produits et Prix Agricole (CSSPPA) n'est pas restée également en marge de cette vague d'investissement, avec plus de 166 000 000 F pour la stabilisation du prix du riz158.

Faut-il rappeler que depuis le début de son intervention, l'année 1974 à été celle qui à mobiliser plus de bailleurs de fonds. Par ailleurs, l'apport des capitaux étrangers pour la Soderiz est jugé satisfaisant, car cela a permis une augmentation sensible des « chiffres d'affaires » de la société159.

2- Evolution des chiffres d'affaires de la société

Avec un capital de 175 000 000F CFA en 1970, la Soderiz a réussi à faire évoluer son chiffre d'affaire et son capital de quelques centaines de millions.160 Ainsi en 1971, son chiffre d'affaire qui était de 300 000 000 francs a augmenté de 847 000 000 francs CFA a cause de sa politique de production et d'encadrement.161

157 J, P, DOZON, op.cit p42

158 ADS : Rapport annuel Soderiz 1974, p45

159 Le chiffre d'affaire c'est le montant des ventes de biens et services cumulées entre deux bilans

160 ADS : Soderiz 6 ans déjà 1976, p 13 161Idem p 16

100

De plus, l'importance de l'institution se reflétait de façon significative au niveau de l'évolution de son chiffre d'affaires qui est passé de 1 622 000 000 F CFA en 1972 à 3 048 000 000 FCFA en 1973162. Eu égard son capital d'investissement, la Soderiz était une société en pleine croissance, ce qui a fait dire au Directeur Général Jean Kemiangnan Oulaï que : « l'évolution vertigineuse du chiffre d'affaires de la société témoigne bien de la santé de la Soderiz et d'un véritable effort de croissance»163. Avec cette évolution de la société observée en 1973, elle étendit ses actions sur l'ensemble du territoire y compris la zone forestière.

A cette période, pendant que le chiffre d'affaires augmentait, le capital d'investissement restait inchangé. Par ailleurs pour mieux couvrir les activités de production et d'usinage, sur rapport du commissaire aux comptes, le conseil d'administration de la Soderiz préconisa que le capital social de la société soit porté à 180 000 000F CFA, comme le prévoit l'article 4 du décret portant création de la Soderiz.164. Selon le conseil d'administration, cette somme devrait être versée en espèce sur le compte de la Soderiz. Ainsi, le 3 Juillet 1974 sur proposition du président du conseil d'administration, le conseil a fait passer le capital social de 75 000 000 F à 300 000 000F.

Après la campagne rizicole de 1974, le chiffre d'affaires variait entre 6 000 000 000 et 7 000 000 000 Francs165.Ce chiffre d'affaires connu une véritable croissance jusqu'en 1975 où la Soderiz totalisa 15 000 000 000 francs et prévoyais 20 000 000 000 francs CFA pour l'année 1976.

La performance économique de la société a permis à celle-ci d'occuper la 10e place en 1973 lors du classement des entreprises166. Ce classement était établi par la centrale des bilans de Côte d'Ivoire, qui classait les sociétés et

162ADS : Rapport annuel Soderiz 1974, p 34

163S, HIEN « il n'est pas nécessaire d'importer du riz » in Fraternité Matin du 21 janvier 1976, p 3

164 ADS : Procès verbal du 03 juillet 1974 du conseil d'administration Soderiz, p 5

165 Idem p 7

166ADS : Rapport annuel Soderiz 1974, p 14

101

entreprises ivoiriennes en fonction de la valeur ajoutée qu'elles créaient. Par conséquent l'augmentation du capital social a eu un effet considérable, sur le chiffre d'affaires et a positionné la Soderiz dans le classement de la centrale des bilans au rang de cinquième société performante de l'année167.

Ainsi en 1975, les performances réalisées par la Soderiz étaient d'une importance capitale. L'augmentation du capital de la société a permit au pays de noter un développement harmonieux et de penser à une autre étape de la politique rizicole.

II- LA CÔTE D'IVOIRE AUTO SUFFISANTE EN RIZ DE 1974 - 1976

L'augmentation de la production du riz envisagée par la Soderiz visait entre autre à satisfaire le besoin de consommation des ivoiriens en riz et si possible exporter le surplus. De 1974 à 1976 la Soderiz a pu réaliser cet objectif.

1-la réduction des importations

Pendant que la Côte d'Ivoire développait la production du riz local, elle continuait toujours à importer. Après le renforcement des capacités et des techniques de production, la Soderiz a pu réduire l'importation du riz. Cela résulte des mesures prises par les autorités au sujet des prix. En effet, en 1973 la société décida de porter le prix d'achat du paddy garanti au paysan à 65 francs la première qualité et 28 francs la deuxième qualité. Par la suite, en 1974 le prix d'achat fut fixé à 75 francs168. Cette initiative a permit d'augmenter la production du riz de la Soderiz.

En effet les paysans, à cause de l'augmentation du prix d'achat du paddy ont vendu toute leur production à la société. A l'inverse, cette politique des prix a fortement atténués les importations de riz qui étaient en cours depuis des décennies. En effet, en un an le rythme des importations a baissé passant de

167 ADS : Rapport annuel Soderiz, 1974 p 112

168 Idem p 115

102

10 000 à 3 000 tonnes par mois alors que les livraisons à la Soderiz passèrent de 26 000 tonnes en 1974 à 100 000 tonnes en 1975169.

En 1971, la production du riz de la Soderiz était estimée à 385 000 tonnes alors que les importations étaient à 100 000 tonnes. De 1972 à 1973 les importations s'élevaient à plus de 140 000 tonnes et la production Soderiz à 335 000 tonnes. La variation des importations de 1971 à 1973 semblait être la conséquence de la baisse des cours mondiaux du riz. En 1973 avec ce phénomène, le cartel des importateurs décidèrent d'importer plus. La Soderiz quant à elle continua d'augmenter sa production de sorte à couvrir les besoins intérieurs. En 1974, sa production était de 406 000 tonnes et atteignit 460 850 tonnes en 1975, alors que les importations chutèrent à 72 955 tonnes et passèrent à 1 636 tonnes en 1975170.

Ainsi avec la réduction des importations et l'augmentation de la production par la Soderiz, le pays a pu économiser les énormes devises qui étaient destinées à l'importation du riz, qui s'élevaient à des dizaines de milliards plus précisément 21 milliards171.

Par ailleurs, les activités des importateurs furent ralenties de 1974 à 1976. Les quotas qui leur étaient attribués par la Chambre du Commerce de Côte d'Ivoire, n'atteignaient plus 20% comme c'était auparavant172. La Chambre du Commerce avait en son sein dans le cadre de la commission chargée des importations une sous commission des attributaires de riz. Elle a pour rôle de s'occuper du riz importé et de la production du riz local173. Cette sous commission constatant l'augmentation de la production du riz avait profité de

169 A, SAWADOGO op.cit p 145

170 Ministère de l'Agriculture, Statistiques agricoles 1977, p15

171 SGBCI, L'économie Ivoirienne 1974 - 1975, décembre 1975, p 34

172ADS : Procès verbal du 24 Mai1975 du conseil d'administration Soderiz, p 7 173 R, T, BEKOIN op.cit, p507

l'occasion pour écouler sur les marchés le riz de la Soderiz qui d'ailleurs était en sac de 60 kg et que les ivoiriens préféraient174.

De 1973 à 1976, pendant que la production de riz transformé dans les usines de la Soderiz augmentait, on assistait à une baisse des importations. En somme l'impact de la production de riz a réduit le volume des importations que le pays n'a jamais connu depuis l'indépendance. L'autosuffisance réalisée, la société mis le cap sur l'exportation de son surplus.

Tableau n°11 : Evolution de la production du riz et variation des importations 1970-1976

Année

Production(en tonne)

Importation (en tonne)

1970

315 600

78 000

1971

385 000

97 300

1972

320 000

77 000

1973

335 000

147 000

1974

406 000

72 955

1975

460 850

1 636

1976

425 500

1 300

Source : Ministère de l'agriculture et du commerce, statistiques douanières et agricoles 1977, p15

103

174 Ministère de l'agriculture Rapport final ... op.cit, p28

104

Graphique n°4 : Courbe d'évolution de la production du riz et variation des importations1970-1976

450000

400000

350000

500000

300000

1 2 3 4 5 6 7

Année Production Importation

200000

150000

100000

50000

0

250000

Source : Ministère de l'agriculture, statistiques douanières et agricoles 1977

2- La Côte d'Ivoire auto suffisante et exportatrice de riz 1975-1976

L'exportation du riz blanchi dans les rizières industrielles de la Soderiz, marque le début d'une troisième ère dans la politique rizicole du pays. L'exportation du riz avait été réalisée depuis la période coloniale en Côte d'Ivoire.

En effet, lors de la Seconde Guerre mondiale, les colonies françaises dont la Côte d'Ivoire ont exporté du riz pour soutenir la France. La quantité exportée était seulement une centaine de tonne de riz175. Depuis cette période, le pays n'a jamais pu exporter une production rizicole. La Soderiz se devait de réaliser cet objectif. Avec la chute des exportations, le pays ambitionna d'exporter son riz. En 1975, le riz blanchi dans les usines Soderiz atteignait près de 400 000 tonnes alors que la consommation ne dépassait pas 19% de la production locale.

175G, SAGANOGO : 1979, La situation agricole dans le N'ZI Comoé 1920 - 1939, Mémoire de Maîtrise, Université d'Abidjan, p 27

105

La Soderiz décida de réaliser la première expérience d'exportation du riz. Ainsi en 1975, 22 000 tonnes de riz blanchi sont sortis des rizeries industrielles de la Soderiz. Cette expérience fut très bénéfique au plan économique pour le pays, car elle a permit d'obtenir près d'un milliard de francs CFA. Le riz de la Soderiz fut retrouvé au-delà des frontières. Diallo Roger explique d'ailleurs que : « c'est dans ce cadre que le pays a exporté plus de 200 tonnes de riz de luxe sur le Zaïre. Le pays aussi a secouru le Sénégal et le Gabon. Cet acte a été posé par Félix Houphouët Boigny qui a fait don à ces pays en mettant le riz dans des bateaux en direction de ces pays. On avait couvert tout les besoins du pays en riz »176.

Par ailleurs en 1976, avec l'appui de la caisse générale de péréquation et des prix (CGPP), 32 000 tonnes de riz blanchi ont été exportées et vendues dans les pays de la sous région. On retrouvait le riz de la Soderiz au Mali, au Niger notamment en Guinée177. Cette initiative d'exporter le riz était d'une grande

portée pour la Côte d'Ivoire qui en plus du café et du cacao venait donc de diversifier ses produits d'exportations. Cette performance réalisée dans le secteur rizicole témoigne bien de la bonne santé de la Soderiz. La période 19751976 peut être considérée comme l'âge d'or de la riziculture en Côte d'Ivoire. Elle ne dura que deux campagnes successives.

A la suite de la période glorieuse marquée par le développement socio-économique du pays avec la réalisation de l'autosuffisance en riz, des dysfonctionnements furent observé au sein de la société de développement.

176 DIALLO ROGER, ancien agent au service financier de la Soderiz, entretien réalisé le 29 septembre 2011 à Abidjan Marcory.

177 K, DIOMANDE, op.cit p52

PARTIE III: DES DIFFICULTES DE FONCTIONNEMENT AU DECLIN

DE L'INSTITUTION : 1976 -1977

106

107

Le succès remarquable de la Soderiz observé de 1975 à 1976 fut de courte durée. Des problèmes de fonctionnement apparaissent à partir de 1976. Cette partie de notre travail dépeint les difficultés auxquelles la société de développement a été confronté jusqu'à sa dissolution en 1977.

La Soderiz après son succès de 1975 à 1976 est tombée dans la décadence, suite à une série de problèmes affectant tout le circuit de production tant commercial qu'industriel. C'est dans ce contexte de dysfonctionnement de la société que l'Etat ivoirien prend un décret en Septembre 1977, pour dissoudre la Soderiz.

108

CHAPITRE V : LA FAILLITE DU SECTEUR INDUSTRIEL DE LA

SODERIZ

Les premières difficultés de la Soderiz commencèrent au niveau industriel. Les usines, après le succès constaté à partir de 1975 sont surchargées. La conséquence de ces problèmes est la mauvaise politique des prix et d'usinage. De 1976 à 1977, on assiste à la dégradation de tout le système de production de la société rizicole.

I- LA POLITIQUE DES PRIX NON MAITRISEE

Le succès de la Soderiz observé en 1975, fait suite à certaines décisions liées au prix. Les prix furent déterminants dans la réalisation des objectifs de la société. Ces prix ont eu des effets pervers sur le fonctionnement de l'institution à partir de 1976.

1-L'augmentation brutale du prix du paddy à la production en 1974

La politique de prix de paddy au producteur instaurée par les autorités étatiques particulièrement par le biais du Ministère de l'économie et des finances, au début des années 70 avait pour ambition de faire de la culture du riz une culture de rente. Ainsi, en 1972 le prix du paddy a été fixé à 30 francs. Par la suite, en 1973, ce prix fut fixé à 38f /kg178. Pendant cette période, les usines de la Soderiz restèrent sous utilisées et la production de riz blanc ne suivit pas le résultat d'encadrement apporté par la société. Les paysans préféraient consommer ou vendre leur production à des prix plus élevés que ceux de la société, au profit des circuits privés tel que les libanais179.

Ainsi pour parer à ses problèmes et mettre fin à la concurrence menée par les circuits privés, la Soderiz décide en 1974 de mener une politique incitatrice de prix à la production. Le prix du paddy fut passé de 38 francs à 70 francs

178ADS : Rapport annuel Soderiz 1973 p 63

179 Les circuits privés étaient composé entre autre de vendeuses Dioula et de libanais qui détournaient la production du riz destinée à la Soderiz

109

CFA le kilogramme et même à 75f /kg en 1974 le paddy rendu usine180. En outre, un système de primes lié au tonnage livré et au lieu de livraison a été mis en place par la Soderiz. Par ce moyen, les paysans et les commerçants qui auparavant se détournaient de la société rizicole pour d'autres circuits, se sont rués de nouveau vers les usines Soderiz pour livrer la production du paddy. Dès leurs arrivées, ils bénéficièrent d'un bonus de 10 francs par kilogramme, que la société offrait pour les livraisons à l'usine. Les commerçants profitèrent de cette hausse pour augmenter leurs chiffres d'affaires. Pour la seule campagne 19741975, les commerçants de la région de Gagnoa ont ainsi empochés plusieurs dizaines de millions de francs CFA181.

Cette ruée du paddy dans les usines de la Soderiz a permis d'augmenter massivement la production nationale du riz. Cette expérience incitatrice des prix de la société a été inspirée du model japonais, qui dans la décennie 60 a pu accéder à l'auto suffisance grâce à une pareille politique incitatrice de prix à la production182. A partir de 1976, grâce à cette politique les usines Soderiz sont débordées de paddy. On assiste alors à une surproduction de ses unités. D'ailleurs, cela affecta pour un temps tout le secteur industriel de la société, car les usines n'étaient pas aptes à accueillir un tel nombre de tonnages. De plus, l'achat des milliers de tonnes de paddy a entrainé une énorme sortie de devise pour l'entreprise. La Soderiz se trouva fragilisé financièrement avec un déficit de 2 milliards de francs CFA183. Elle n'a plus les moyens d'acheter le paddy en 1977.

L'augmentation brutale des prix à la production en réalité ne devrait pas être du ressort de la Soderiz. Certes la Soderiz estimait ne pas pouvoir remplir sa mission avec des prix d'achat qu'elle jugeait trop bas. Mais pour la Soderiz les prix ne devraient pas être triplés de façon brutale. Pour Hirsch,

180 A, SAWADOGO op.cit. p 155

181 J, P, Dozon, op.cit p 92

182 FAO : 1974, riz : certains aspects...op.cit, p 70 183ADS : Rapport annuel Soderiz 1975 - 1978 p18

110

l'augmentation émanait des autorités politiques qui n'ont pas laissé à la Soderiz de prendre des décisions face au prix spectaculaire dont le contrôle lui échappait entièrement184.

Ce grave problème de hausse brutale du prix fut préjudiciable à la société de développement qui vit le prix du riz à la consommation augmenter.

2- Le prix du riz à la consommation

L'augmentation brutale du prix du paddy a amené les autorités à procéder à une hausse sensible du prix du riz à la consommation. Ce prix a suivi l'évolution du prix du paddy. En 1972, le prix du riz à la consommation était de 50f/kg, et il est passé à 70 francs en 1973. Selon le tableau n° 12 (p107), entre 1960 et 1968, le prix du riz au détail a varié passant de 45 francs à 65 francs CFA. En 1971 ce prix rechute et atteint 50 francs.

A partir de 1974 avec le phénomène du prix à la production, le prix du riz à la consommation fut portée à 125f/kg soit une augmentation de 79%. D'une part les prix à la consommation ont permis la stabilisation du prix du riz importé et de celui produit par la Soderiz. D'autre part, elle a affaibli le pouvoir d'achat des consommateurs, provoquant une baisse du taux de consommation du riz.

Au début de la décennie 70 le taux de consommation du riz était de 34% soit 232 050 tonnes de riz. En 1975, environ 225 790 tonnes de riz avaient été consommées soit une baisse de 7% du taux de consommation185. Cette baisse était négative pour la Soderiz car l'écoulement de son produit devenait très difficile. Les consommations baissèrent et le prix restait inchangé en 1976. Durant le mois de juin de cette même année la consommation du riz de la Soderiz chuta de 10 000 tonnes à 4 000 tonnes par semaine186. Cette situation

184R, D, HIRSCH, p 142

185 J, L, CHALEARD op. Cit. p 39

186ADS : Procès verbal du conseil d'administration Soderiz du 3 juillet 1974 P 2

111

provoqua un problème financier et de stockage. Aucune réponse satisfaisante n'a été donnée à la situation difficile provoquée par la politique des prix.

La politique des prix initiée en 1974 fut l'une des causes des difficultés du secteur rizicole ivoirien. Toutes ces hausses brutales des prix ont eu des répercussions sur le système d'usinage.

Tableau n°12 : Prix du riz au détail à Abidjan 1960 - 1977

Années

Prix en francs par

Kilogramme (F/kg)

1960

45

1961

54

1962

51

1963

54

1964

46

1965

51

1966

56

1967

61

1968

58

1969

-

1970

74

1971

50

1972

50

1973

70

1974

125

1975

115

1976

100

1977

120

Source : Ministère de l'agriculture et des eaux et forêts, annuaire rétrospectif de
statistiques agricoles et forestières 1900 - 1983
, tome 3, p 77

112

II- LA MAUVAISE POLITIQUE D'USINAGE

Avec la politique incitatrice du prix du paddy, les usines de la Soderiz ont été débordées de paddy. Mais les capacités de production furent insuffisantes et même le stockage fut mis en difficulté. Cela marque le début du dysfonctionnement du secteur industriel.

1-L'insuffisance des capacités de production du riz

En 1970, avec l'objectif de l'auto suffisance, un effort d'investissement important avait été réalisé pour les unités industrielles à hauteur de 2 milliards, portant la capacité nationale de transformation à environ 150 000 tonnes par an. Avec la ruée du paddy dans les rizeries en 1974, la collecte connue aussi une hausse importante passant de 315 000 tonnes en 1970 à 406 000 tonnes en

1974187.

Ainsi, la Soderiz qui ne possédait qu'une dizaine de rizeries, devait faire face à la surproduction de paddy. La capacité d'usinage de ses usines était comprise entre 0,5 tonnes par heure et 2 tonnes par heure : c'est-à-dire la transformation du paddy en riz pendant une heure d'horloge ne dépassait pas 2 tonnes. Ce qui sous entend que la capacité de paddy a transformer était grande. La société de développement estimait à 2,5 t/h les rizeries de Bouaké, de Gagnoa et de Korhogo : celle de Bouna avait une capacité de production de 500 t/h et Man avec 2 t/h188. Ces unités industrielles avaient une capacité théorique d'usinage de l'ordre de 70 000 tonnes par an, une capacité très insuffisante pour usiner le paddy collecté.

Outre la capacité d'usinage, toutes ces usines couraient des pannes techniques et fonctionnaient à 20%189. Pour N'Dri Brou Benoit ancien Directeur technique de la Soderiz 1974 - 1977, « ces usines qui avaient près de 8 ans

187 SGBCI op.cit, p 41

188 R, D HIRSCH, op. cit, p29

189ADS : Rapport annuel Soderiz 1975-1978, p 97

113

d'activités, étaient dépassées. Les pannes apparaissaient, souvent même on ne trouvait plus certaines pièces de rechange. Donc les usines n'avaient plus la performance »190.

En outre, les capacités de transformation des rizeries restaient limitées et les onze rizeries du pays semblaient être insuffisantes. Ainsi le dispositif industriel ne répondait plus pour la production du riz de l'institution. Par ailleurs submergée par les arrivages massifs de paddy du riz pluvial, les usines de Soderiz étaient confrontées à des difficultés techniques. Et cela du fait que ces usines n'étaient pas adaptées au travail du riz pluvial que les paysans ont acheminé vers les usines, suite à l'augmentation du prix d'achat du paddy initié par les autorités en 1974. Ce qui créait toujours d'innombrables pannes.

Ainsi les coûts d'usinage devenaient trois fois plus supérieurs en 1976, comparativement à 1970. Cette situation exigeaient de la société une sortie énorme d'argent, car La Soderiz ne profitait plus du soutien à l'usinage de l'Etat. Face à ces nombreuses difficultés quelques usines furent fermées. C'est le cas de l'usine de Man qui a arrêté de fonctionner pendant trois mois à cause d'une panne technique et qui a fini par être fermée en 1977191.

Selon le tableau n°13 (p110) entre 1970 et 1971, la capacité d'usinage était de 5.4% car c'était la première année d'expérience de la Soderiz. Par contre entre 1971 et 1974 on remarque une croissance du pourcentage des capacités d'usinage qui atteint 55.2%, un pourcentage jamais atteint par la Soderiz. Cela se justifie par la mise en place des rizeries du pays et l'augmentation des capacités d'usinage. A partir de 1975, le pourcentage des capacités d'usinage a connu une baisse jusqu'en 1977 avec 9.1%. Cette diminution du pourcentage de la capacité d'usinage marque le vieillissement des usines et les nombreuses pannes créées.

190 N'Dri Brou Benoit, ancien Directeur technique de la Soderiz 1976 - 1977, entretien réalisé le 09 décembre 2011 à Cocody

191 R, D HIRSCH op.cit. p 58

114

La politique d'usinage était ainsi placée dans un engrenage qui a affecté tout le circuit industriel et a porté un préjudice sur la qualité du riz produit par la société.

Tableau n°13 : Activité d'usinage de la Soderiz entre 1970 et 1977

Années

Volume de paddy collecté en tonnes

Production de riz blanc en tonnes

Capacité d'usinage

1970-1971

76000

3800

5.4%

1971-1972

179000

6900

10.4%

1972-1973

125000

8100

16%

1973-1974

126000

17000

16%

1974-1975

298000

57100

55.2%

1975-1976

100000

81200

10%

1976-1977

200000

75200

8%

1977-1978

154000

74700

9.1%

Sources : HARRE Dominique op.cit p18

Ministère de l'Agriculture, Statistique Agricole de Côte d'Ivoire 1975, p26

2- Le non respect des normes de qualités

Bien que dans le programme d'usinage la qualité était mise en avant, il n'en demeure pas moins que la surcharge des usines de paddy en 1974 ait permit toujours de respecter les normes de qualité. Pendant la campagne 1972/1973 plus de 83% de paddy qui rentraient dans les usines de la société étaient de meilleure qualité, c'est-à-dire conforme aux normes d'achat. Selon la législation qui était en vigueur, le paddy sain loyal et marchand doit être mûr propre exempt d'odeur de paille, de cailloux et de poussière et doit aussi avoir un taux

115

d'impureté inférieur à 7%, un taux d'humidité inférieur à 16% et une homogénéité égale ou supérieure à 80%192.

A partir de 1975, privilégiant la quantité plus que la qualité du paddy, la Soderiz fut confronté à un problème de qualité. Avec le phénomène de surproduction de 1974, la société dans une logique d'alimenter les rizeries ; n'a pas tenu compte de la qualité du paddy livré. Elle achetait toutes sortes de riz qu'on lui présentait. Accréditant ainsi dans l'esprit des producteurs, l'idée suivant laquelle elle n'est pas regardante quant à la qualité des produits qu'elle achète. Cette situation du non respect des normes de qualité s'est accentuée en 1976. En effet, elle prit des proportions inquiétantes au cours desquelles des pertes de 10 à 16% du poids du paddy brut furent parfois observés à cause des impuretés et une humidité excessive. Cela rendait difficile l'usinage de ce paddy de mauvaise qualité. Durant l'année 1976, la collecte s'élevé à 148 000 tonnes, et 10% de cette collecte n'a pu être transformée du fait du non homogénéité du produit. Ainsi la Soderiz évaluait ses pertes à plus d'un milliards de francs

CFA193.

En outre, le riz sorti des usines n'était plus compétitif sur le marché intérieur car le riz de la société qui jadis était de qualité ne respectait plus ses normes de qualité. Le riz sorti des rizeries était presque sans qualité avec un taux de brisure dépassant 60% sans compter les cailloux qu'on y retrouvait194. Lorsque le paddy n'est pas récolté et stocké à temps ou qu'il est séché trop hâtivement, la proportion de brisures est très élevée à la transformation. Les infrastructures et les pratiques des paysans font que les bons grains de paddy se retrouvent mélangés aux grains endommagés, aux graines d'adventices, aux résidus d'insectes, au sable et aux cailloux. Selon N'Dri brou benoît ancien directeur technique de la Soderiz, « ces usines étaient dépassées et ne répondaient a

192ADS : Procès verbal du conseil d'administration Soderiz, 1976 du 3 Juillet 1976 p5 193 R, D HIRSCH, op.cit p76

194R, D HIRSCH, op.cit p 77

116

aucune norme d'usinage »195. Le manque des normes de qualités rendait les produits de la Soderiz sans valeur et accentuait les difficultés de fonctionnement de l'institution. Le programme industriel, particulièrement l'usinage du paddy de la Soderiz était perçu comme improvisé du fait qu'elle n'a pu faire face à la crise de surproduction de 1974. Les dysfonctionnements au niveau de l'usinage ont engendré en amont les difficultés de stockage de paddy.

Photo n°11 : Usine Soderiz de Korhogo

Source : Archive De la Soderiz : Soderiz 6 ans déjà, Edivoire, 1976, p 20 III- LE DYSFONCTIONNEMENT LIE AU STOCKAGE

Le riz produit dans les usines en quantité énorme rendait les lieux de stockage très exigus. Il était de même pour le paddy dont la collecte sera

195 N'Dri Brou Benoit, ancien Directeur technique de la Soderiz 1976 - 1977, entretien réalisé le 09 décembre 2011 à Cocody

117

interrompue. Ce problème portait un véritable frein à la production et à l'écoulement du riz de Soderiz.

1-Le manque d'infrastructures

Les capacités de stockage de paddy n'ont pas suivi l'évolution des unités industrielles de la Soderiz. Elles devenaient de plus en plus importantes dans la mesure où la collecte du paddy en 1976 était plus élevée que la capacité d'usinage. Cette dernière ne répondait plus aux normes légales. On a pu constater ainsi des difficultés de stockage du riz. Cela constituait l'un des points faibles de la Soderiz.

En 1975, avec 140000 tonnes de paddy ; la collecte a été prématurément stoppée du fait de l'insuffisance des moyens de stockage. Durant la période de 1976-1977 plusieurs unités industrielles n'avaient plus d'espace pour accueillir le paddy collecté ni pour stocker le riz blanchi, avant son écoulement sur les marchés. C'est le cas de l'usine d'Odienné qui avait collecté 3457 tonnes de riz, mais 2500 tonnes sont restées devant l'usine, exposées à la pluie. Plusieurs autres unités industrielles arrêtèrent de travailler et furent à la suite fermées. Ce fut le cas de l'usine de Daloa en 1976196.

La Soderiz n'ayant pas les moyens d'une politique adéquate de stockage, a décidé de facturer les frais de stockage du riz à la Chambre de commerce. Cette mesure a été prise, car selon le Directeur général de la Soderiz, la Chambre de commerce avait pris un retard dans l'enlèvement du riz de la Soderiz. Ce retard a provoqué une défaillance du système de stockage. Le stock de riz disponible devrait être avant tout déclaré à la Chambre de commerce qui se devait de l'écouler sur le marché dans un délai d'un mois.

Pour résoudre ce problème de stockage, la société proposa en 1977, un projet d'extension de la capacité de stockage de près de 65000 tonnes. Le projet

196 Anonyme « Les usines de la Soderiz en dangers »in Fraternité Matin du 16 Février 1976 p12

118

d'extension devait être exécuté au cours de trois ans, soit une capacité effective de stockage de près de 200 000 tonnes par an. Il devait coûter plus de 10 milliards de francs CFA197. Mais ce programme n'a pas pu être exécuté à temps. La conséquence de ce retard est que, les productions de riz blanc s'accumulèrent dans les usines Soderiz et étaient stockées dans de mauvaises conditions. Cette situation entraina des pertes énormes à l'institution.

2- la sous capacité de la sacherie.

Les problèmes de la Soderiz se sont particulièrement accentués au niveau du réseau industriel. Après la transformation du riz, ce produit devait être mis en sachet. Or la Soderiz avait opté pour un sachet de 60 kg qui était d' ailleurs apprécié par les consommateurs. Avec la production excessive du riz blanc les sachets de la société furent insuffisants pour la mise en sachet. Même le stock de réserve de sachets de plus de 1000 tonnes avait été utilisé. L'insuffisance de la sacherie devint un véritable problème pour la Soderiz, à partir du troisième trimestre de l'année 1976. En outre, les sacs Soderiz était détournés par certains agents de l'institution .Cette situation accentuait la pénurie de sachets dans les usines.

En effet, 17000 sacs correspondant à une capacité de sacherie de 1020 tonnes avaient été frauduleusement vendus à un expert maritime, par des responsables de la société198. Par ailleurs la situation financière de la société prolongeait la pénurie de sachets. Les engagements de la Soderiz n'ayant pas été honorés vis-à-vis de la société FIBAKO fournisseur des sacs, celle ci a décidé de rompre le contrat de livraison des sachets. Ces difficultés observées au niveau de la sacherie rendaient très incertain le stockage du riz. La production s'accumulait dans les usines où elle était dans de très mauvaise qualité

197 ADS : Rapport annuel Soderiz 1975, projet BIRD 1975-1978, p156

198 Anonyme : « Les sachets : un autre problème de la Soderiz » In Fraternité Matin du 08 février 1976

119

entrainant de ce fait des pertes énormes évaluées à quelques millions de francs CFA199.

Comme l'indique le tableau n°14 (p116), en 1976, du fait du retard accumulé pour l'enlèvement du riz, plusieurs tonnes de paddy et de riz sont restées dans les usines. L'usine de Bongouanou avait dans ses locaux 22501 tonnes de paddy avec 41 tonnes de riz blanchi. Quant à celle de Séguéla il y avait plus de 1800 tonnes de riz blanchi. Au total les usines de la Soderiz avaient en leur sein 91021 tonnes de paddy et 5001 tonnes de riz décortiqué. Cette situation témoigne des difficultés de stockage auxquelles la Soderiz est confrontée.

Tableau n°14 : Volume de paddy et de riz stocké dans les usines Soderiz en Février 1976

Usines

Tonnage paddy

Tonnage riz blanchi

Gagnoa

12 113

48

Daloa

11 821

305

Man

8 706

766

Bouaké

9 210

533

Séguéla

6 298

1 855

Bongouanou

22 501

41

Korhogo

12 910

1 252

Odienné

3 457

161

Bouna

664

-

San-Pedro

650

-

Yamoussoukro

2 691

40

Source : Chambre de Commerce, compte rendu n°8 de la commission riz du mercredi 24 mars 1976

La sacherie était mal maîtrisée et quasiment inexistante pour la société. Hema Namboin Augustin, directeur chargé de la coopération internationale 1972- 1977 à la Soderiz, soutien que : « le problème de la sacherie s'est posé et

199 ADS : Procès verbal du conseil d'administration Soderiz, 1976 du 16 Juillet 1976 p8

était à deux volets : d'abord il y'a la production. Pour l'achat du paddy on prend la sacherie de deuxième main dans les magasins « bana bana ». L'achat de ces sacs si tu ne l'organise pas, ça devient un problème. Ensuite pour la sacherie finale, on commande avec une grande marge mais l'argent n'était pas suffisant. Les sociétés FIBAKO et FILTISAC n'en fabriquaient en qualité et quantité industrielle. Elles fabriquaient pour rentrer dans leur sous. A certains moments quand les sacs manquent les gens se plaignent. Sinon nous devrions nous occuper de la sacherie du riz blanchi. Nous étions occupé à l'usinage, souvent la sacherie ne couvrait pas »200.

Le riz blanchi produit devenait encombrant sans sachet, ce riz ne pouvait pas être commercialisé. La sous-capacité de sacherie créait en général, un dysfonctionnement au sein de l'institution et engendrait la pénurie de riz local sorti des usines sur le marché. Les problèmes de stockage que connurent la société tant au niveau du paddy qu'au niveau du riz blanchi ont entrainé l'institution dans la décadence.

La faillite du secteur industriel poumon de la transformation du paddy a

porté un coup fatal à l'institution. Elle ne fait qu'entériner les
dysfonctionnements antérieurs consécutifs constatés. Ainsi ces problèmes en amont vont se répercuter en aval sur la distribution et la commercialisation du riz.

120

200 H, NAMBOIN AUGUSTIN, Directeur chargé de la coopération internationale à la Soderiz entretien réalisé le 28 Août 2011 à Abidjan Cocody Riviera

121

CHAPITRE VI LA DEFAILLANCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION

ET L'ACTION DE L'ETAT

La multiplication des difficultés de la société a affecté énormément la Soderiz. Cela à conduit à la fermeture des unités de production. Ces problèmes de fonctionnement ont eu un effet pervers, pesant sur les circuits de commercialisation. Ces nombreux problèmes conduiront à la dissolution de la Soderiz en 1977.

I- LE CIRCUIT PARALLELE : UN PUISSANT CONCURRENT A LA SODERIZ

A partir de 1976, tout échappe au contrôle de la société ; même la commercialisation du riz blanchi. Cette situation difficile que connait la Soderiz est très favorable au circuit traditionnel de vente de riz. Il coexistait avec le circuit officiel de la Soderiz depuis 1973 - 1974.

1- le circuit traditionnel.

L'existence de circuits traditionnels ou encore circuit « dioula »201 dans le paysage commercial du riz en Côte d'Ivoire, date depuis la période coloniale. Le commerce du riz a été très tôt dominé par les populations de la colonie, qui se sont insérés dans les réseaux commerciaux de produits vivriers notamment celui de riz202.

Pendant la période coloniale il existait un réseau parallèle de commercialisation du riz. Ce réseau contrôlé par les noirs, entrait en concurrence avec les structures commerciales coloniales. Malgré les efforts de l'administration pour contrôler et orienter la distribution du riz, le dispositif colonial ne réussit pas à contrôler le circuit dioula qui achetait le riz à un prix

201 C'est une expression en malinké qui rime avec le commerce, le marché etc....

202 D, HARRE : 1992, Le riz en Côte d'Ivoire : origine et performance des secteurs de transformation artisanale et industrielle, Paris, Solagral, p 75

122

plus élevé que celui de l'administration coloniale203. Ce même phénomène s'est reproduit à partir des années 1970 avec la Soderiz. Le circuit dioula assurant la collecte, la transformation du paddy et même la commercialisation du riz, faisaient d'énormes bénéfices. Les dioulas prospectaient les villages et les routes pour acheter les produits aux paysans.

Parallèlement à la Soderiz, ils décortiquaient chez des particuliers à partir de décortiqueuses artisanales. Malgré ce système dépassé, les dioulas créaient des difficultés au circuit officiel de la Soderiz. En outre, ils concurrençaient les prix de collecte de la Soderiz.

En effet, le réseau traditionnel proposait aux paysans des prix quelques fois semblables à ceux de la Soderiz. Les circuits privés n'étaient capables d'aucune surenchère, mais réussissaient à s'approprier la production des paysans204. Du fait de leurs méthodes les paysans ont opté pour ce circuit. Cela explique pourquoi une importante proportion de la production voire plus de la moitié échappait au circuit Soderiz205.

Déjà en 1973, le circuit traditionnel freinait l'approvisionnement des usines de la Soderiz. En effet, on a constaté au cours de cette même année que sur une production estimée à plus de 800 tonnes, la société n'a vu passer que 200 tonnes dans la rizerie de Séguéla et le reste était à la portée du réseau parallèle206. Le succès de ce réseau s'expliquait par les prêts que les acteurs de ce circuit accordaient aux producteurs lorsque ceux-ci faisaient face à certaines difficultés financières, entre autres les frais de scolarités des enfants à la rentrée. Coulibaly Tiorna, riziculteur à Korhogo souligne a cet effet que : « quelques fois les femmes dioula venaient acheter notre paddy parce que, souvent la Soderiz n'achète pas a temps notre paddy. Or nous avons besoin d'argent surtout pour

203 D, HARRE, op.cit, p 42

204 J, P, DOZON : 1983, Bilan d'une expérience....op.cit, p 60

205 D, HARRE : 1983, Quelques aspects de la commercialisation du riz importé en Côte d'Ivoire, Mémoire de DEA, Institut d'étude du développement économique et social de Paris, p 45

206 J, P, CHAUVEAU op.cit p147

123

faire les funérailles de nos parents et pour nos besoins »207. Ces prêts étaient ensuite remboursés en retour en riz paddy. Ainsi, en 1974, plutôt que de livrer contre les acteurs du circuit traditionnel une bataille, la société essaie de les intégrer au circuit officiel par l'instauration des primes d'excitation à la livraison de paddy. Les acteurs du circuit dioula profitèrent de cette situation et dominèrent le circuit de commercialisation du riz. Le marché de consommation était ainsi inondé de riz sorti des décortiqueuses artisanales.

Au cours de cette même année la production du riz blanchi pour l'ensemble des unités industrielles Soderiz était de 406 000 tonnes alors que celle sortie des décortiqueuses artisanales s'élevait à 324.800 tonnes, une production sensiblement égale. En 1976, la Soderiz avait produit 425.500 tonnes et le circuit parallèle produisait 396.800 tonnes208 . Ce réseau traditionnel par ses activités de transformation du paddy dans les ateliers artisanaux, était très dynamique au point de concurrencer les rizeries de la Soderiz qui devenaient de plus en plus vétustes.

Ce réseau était pour la plupart localisé dans les zones naturelles de production, notamment dans les régions de Gagnoa, Korhogo et Bongouanou. Pour faire face a cette menace, l'Etat décida d'interdire alors l'importation des décortiqueuses. Cette réglementation de l'Etat n'a pas permis de mettre le circuit traditionnel en déroute. Au contraire elle a renforcé la concurrence. Par ailleurs le circuit commercial continuait à concurrencer la Soderiz au niveau des prix. Les acteurs du circuit traditionnels décidèrent alors de la diminution du prix à la consommation. Le riz à la consommation fut vendu à 52f /kg, soit un prix moins élevé que celui de la Soderiz qui était fixé a 100F /Kg en 1976209. La société rizicole, acculée par la concurrence n'arrivait pas à imposer sa production sur le marché intérieur.

207 Coulibaly Tiorna, riziculteur, entretien réalisé le 23 novembre 2011 à Korhogo

208 AGRIPAC « Halles et marchés de Côte d'Ivoire » Tomes III, Juin 1974, p73

209G, COURADE : 1988, Evaluation des habitudes à la consommation des produits alimentaire en Côte d'Ivoire, tome 1, Février, Paris Orstom, p 14

124

Selon le tableau n°15 ci-dessous de 1970 à 1974, on observe une augmentation de la production du riz de la Soderiz. Cette situation est aussi une réalité pour le circuit traditionnel qui suit légèrement le rythme de la production de la Soderiz.

En 1975, la Soderiz a produit 460.000 tonnes de riz, un volume jamais atteint depuis sa création. Cela s'explique par les efforts fourni par la société pour atteindre l'auto suffisance en riz. A partir de 1975 jusqu'en 1977, on remarque une diminution du volume de production de riz, pendant que celui du circuit traditionnel augmente pour atteindre 396.800 tonnes. Ce constat fait est dû aux nombreux problèmes techniques que connaissent les usines de la Soderiz et la concurrence accrue du circuit traditionnel. Cette situation est bien matérialisé par le graphique n° 5 (p121) qui montrer l'évolution des productions du riz Soderiz et du circuit traditionnel.

Lorsque nous observons le tableau nous remarquons que la production et la commercialisation du riz par le circuit traditionnel évolue avec celui de la Soderiz. Cette commercialisation se faisait au même rythme, parfois même avec une tendance à concurrencer le réseau officiel.

Tableau n°15 : Tableau comparatif de la Production du riz Soderiz et du Circuit traditionnel

Années

Production du circuit officiel En tonne

Production circuit traditionnel En tonne

1970

315

600

242

400

1971

385

000

252

000

1972

320

000

308

000

1973

335

000

256

000

1974

406

000

268

000

1975

460

000

324

800

1976

425

000

396

800

1977

410

000

368

000

Source : Ministère de l'agriculture et du commerce, statistiques douanières et agricoles 1977, p 96

500000 450000 400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000 50000

0

 
 
 
 

Année

Production circuit officiel

Production

1 2 3 4 5 6 7 8

125

Graphique n°5 : Production du riz Soderiz et circuit traditionnel 1971 - 1977

Source : Ministère de l'agriculture et du commerce, statistiques douaniers et agricoles 1977, p 96

2- Le circuit libanais.

La commercialisation du riz semblait ne plus être l'affaire de la Soderiz, car elle ne détenait plus le monopole de la production du riz. Le secteur rizicole était intégré et dominé par des groupes privés parmi lesquels les libanais. A partir de 1975, plusieurs rizeries privées essaimèrent à travers le pays notamment à N'Douci, à Bongouanou, à Touba etc.... 210. Ces rizeries à la différence du circuit officiel avaient un grand marché de consommation, composé particulièrement de citadin.

Outre le contrôle du marché de consommation, le circuit libanais possédait des rizeries privées modernes servant à décortiquer, avec des capacités de production comparable à celle de la Soderiz. Ces machines étaient de marque chinoise et dans la moindre mesure japonaise. Leurs capacités variaient dans

210 On retrouvait des rizeries privés à Man, Tiassalé, Daloa, Dimbokro et Korhogo

126

une large fourchette entre 2 et 15 tonnes de paddy décortiqué par jours211. Ce circuit, pour la collecte disposait souvent «des pisteurs« qui détournaient le paddy destiné à la Soderiz au profit des micro-rizeries privées. Les pisteurs sont des hommes chargés d'effectuer la collecte pour le compte du commerçant libanais. Ce dernier se déplace avec sa balance pour procéder à la pesée. Coulibaly Tiorna riziculteur a Korhogo soutient que : « on était obligé de vendre notre riz au jeunes qui achetaient pour le compte des libanais »212. Pour la production du riz le circuit libanais tenait compte des normes de qualité, tout comme le faisait par le passé la Soderiz. Parfois les pisteurs faisaient des prix spéciaux pour le paddy de qualité. Ces normes imposées leur permettaient non seulement d'obtenir un rendement en riz blanc de meilleure qualité, mais elles leur permettaient aussi de concurrencer le riz blanchi que la Soderiz mettait sur le marché de consommation. Ainsi, les prix de ce riz étaient abordables et accessibles à tous.

En 1976, plus de 500 000 tonnes de riz sorti du circuit libanais ont été écoulées sur le marché, rendant davantage très difficile l'évacuation du stock de riz de la société rizicole213. Les prix du riz à la consommation restèrent sensiblement voisins. La lutte pour le contrôle de la commercialisation du riz était engagée. Selon Jean pierre Dozon, à prix égal le réseau d'achat mis au point par les marchands libanais est infiniment plus efficace que celui de la Soderiz.214 Le circuit libanais était organisé de sorte à réduire les actions de la Soderiz.

L'existence des circuits parallèles ont fortement discrédité et perturbé le système de commercialisation de la Soderiz. Cette perturbation a eu un impact sur le réseau de distribution de la société en 1977.

211 A, MEUNIER, op. Cit p 68

212 Coulibaly Tiorna, riziculteur, entretien réalisé le 23 novembre 2011 à Korhogo

213 L, BECKER, Y, N'GUESSAN, op.cit, p143

214 J, P, DOZON, Op.cit p63

127

II-LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION OFFICIEL

Les difficultés d'usinages que connaît la société depuis quelques années ont affectés le secteur commercial. La distribution du riz de la Soderiz fut difficile. L'approvisionnement des consommateurs en fut affecté créant une pénurie artificielle.

1. Le sabotage de la Chambre de commerce

Le monopole de la commercialisation et de la distribution du riz produit par la Soderiz était confié à la Chambre de commerce. Au sein de cette institution, il existait une commission qui s'occupait de la commercialisation du riz importé et décidait des importations de riz sur appel d'offre, en fonction de l'analyse hebdomadaire des besoins, des stocks et de la production de la Soderiz. Les responsabilités étaient donc partagées entre la Soderiz qui s'occupait du secteur de la production et la Chambre de commerce qui contrôlait le secteur de la distribution du riz.

En 1976, alors que la société accumulait dans ses magasins et ses rizeries des dizaines de milliers de tonnes de riz blanchi, la Chambre de commerce qui avait en principe la tâche de les lui racheter afin de les distribuer aux détaillants, bloque totalement la situation en restant indifférente à l'accumulation du riz. C'est pourquoi Jean Kemiangna Oulai directeur général de la Soderiz affirmait que : « Des retards existent non seulement au niveau des services administratifs mais aussi a la chambre de commerce dans l'enlèvement du riz blanc et dans le paiement »215. Il semblait que ce retard dans l'écoulement du riz était dû à un problème de financement.

215ADS : Procès verbal du conseil d'administration de la Soderiz du 16 juillet 1976 p 4

128

En réalité le cartel de la chambre de commerce était composé de grossistes tels que SACI, CFCI, EL NASR, GENERAL IMPORT216. Ils préféraient écouler le stock de riz importé au dépend du riz sorti des usines de la Soderiz. Avec le riz importé les grossistes réalisaient d'énormes bénéfices substantiels. La chambre de commerce est restée entièrement soumise aux intérêts et aux stratégies des groupes privés. Cependant, les importateurs continuaient à fixer leurs quotas de riz importé.

En 1977, la manoeuvre fut à nouveau rééditer pour réaliser d'énormes bénéfices après la baisse des importations en 1975 et la réalisation de l'auto suffisance en riz. Ce qui fait dire à Diallo Roger ancien cadre de la Soderiz que : « A la vérité quand on a fait l'auto suffisance en riz, ceux qui vivaient des importations se trouvaient au chômage »217. Alors, on assista au sabotage des stocks de la Soderiz par la chambre de commerce qui parfois écoulait le riz à compte goutte218. Le riz local de la Soderiz fut rare sur le marché, ainsi ce sabotage marque la victoire du secteur privé des importateurs au dépend de la Soderiz. Cette situation devenant paradoxale a créée certaines difficultés d'approvisionnement des différentes villes du pays. Cette situation est illustrée par le tableau n°16 (p126), qui montre l'intérêt porté par les grossistes pour le riz importé. Au cours du mois de février 1976, les grossistes ont vendu 2640 tonnes de riz importé contre 110 tonnes de riz Soderiz219. Ces acteurs privés réunis au sein de la chambre de commerce ont donc réussi à saboter le riz Soderiz, augmentant ainsi le stock de riz local disponible à plus de 596 tonnes. Selon le tableau n°16 (p126) le fait de privilégier la vente du riz importé au dépend du riz local produit par la Soderiz s'est vite répercutée sur le stockage.

216 Les grossistes qui opéraient à la Chambre de commerce en 1976 , étaient :SACI, CFCI, GENERAL IMPORT, SIDECO, CHAINE AVION, CICA, DISTRIPAC, SHAC, AGRIPAC, SIDF, EL NASR, IBERO, CIC, CFCD, SEC

217 Roger DIALLO, ancien agent au service financier de la Soderiz, entretien réalisé le 29 septembre 2011 à Marcory

218 J, P, DOZON, OP.cit p 119

219 Selon le tableau n°16 en 1976, au total 2640 tonnes de riz importé ont été vendu contre 110 tonnes de riz Soderiz

129

Tableau n°16 : Situation des stocks et de vente de riz des grossistes fin février 1976

Grossistes

Vente au cours du mois de février

Stock disponible au 28 février 1976

Import

Local

Import

Local

SACI

417

-

-

157

CFCI

450

-

-

220

GENERAL IMPORT

402

-

-

70

SIDECO

230

-

-

147

CHAINE AVION

278

-

-

1

CICA

247

-

147

-

DISTRIPAC

385

-

116

-

SHAC

-

-

6

-

AGRIPAC

51

-

3

-

SIDF

-

-

-

-

EL NASR

180

4

-

-

IBERO

-

-

-

-

CIC

-

66

7

1

CFCD

-

-

-

-

SEC

-

40

-

-

Source : Chambre de Commerce, compte rendu n°8 de la commission riz du mercredi 24 mars 1976

130

En février de la même année, les grossistes avaient à leur possession comme stock disponible en riz importé au total 279 tonnes et c'est la CICA qui se tailla la part belle avec 147 tonnes. Concernant le riz local Soderiz, le stock disponible s'élevait à 596 tonnes.

Au regard de ce constat, le sabotage du riz de la Soderiz par la Chambre de commerce apparait comme une réalité. Ce fait a par la suite entrainé le problème d'approvisionnement des centres urbains

2. Problème d'approvisionnement des centres urbains

L'approvisionnement des villes en riz était contrôlé par le cartel des importateurs. Ils ont continué à maintenir le sabotage des produits de la Soderiz. Le riz local dont une partie devrait être vendue par les distributeurs issus du cartel d'importation a été boycotté. Le circuit de distribution de la Soderiz était pratiquement inexistant à partir de 1977.220

Ce dysfonctionnement créé de toute pièce par les distributeurs de riz alliés des groupes privés, engendra une pénurie de riz dans les grandes agglomérations du pays. Les stocks de riz dans les villes se dégradèrent et subitement les prix à la consommation augmentèrent rapidement jusqu'à atteindre 150 francs le kilogramme au lieu de 100 francs en 1976, conséquence du rétablissement de la loi du marché. Selon cette loi, plus la demande est forte, plus le prix grimpe. La situation était très confuse. Alors qu'il y'a pénurie de riz dans les villes, d'énormes quantités attendaient dans les magasins et dans les usines de la Soderiz221. L'artifice est donc à son comble : à une crise de surproduction succède une pénurie de riz créé de toute pièce. Plus grave en février 1977, la situation d'approvisionnement des grands centres devient de plus en plus

220ADS : Rapport annuel Soderiz 1975-1978 p136

221Ministère du plan, Commercialisation des produits vivrières, étude économique, volume 1 rapport 1972, SEDES, p 34

131

préoccupante. Elle n'atteignait même pas 10% alors qu'elle devait être de 95%.222 L'approvisionnement fut momentanément inexistant.

Par ailleurs la coordination des approvisionnements n'a jamais intégré réellement la production locale de la Soderiz. Pour Jean Pierre Dozon, la Soderiz aurait dû contrôler le secteur de la distribution et le marché de consommation. La société de développement était donc victime des grossistes importateurs et des distributeurs qui voulaient l'éliminer.223

Toutes ces actions de sabotages de la Chambre de commerce et des importateurs grossistes ont fortement perturbé la Soderiz et l'ont conduite vers le déclin. Déjà confrontée à plusieurs difficultés, ces dysfonctionnements furent en partie à l'origine de la disparition de la société rizicole en 1977.

III- LE DECLIN DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT DE LA

RIZICULTURE

Les difficultés de la Soderiz étaient liées en partie à l'hémorragie industrielle et financière dont la société était victime. La lutte d'intérêt au niveau de l'Etat et la politique de gestion incertaine de l'institution accélère sa dislocation.

1. La lutte d'intérêt au niveau de l'Etat

La chute de la Soderiz et l'échec de la politique rizicole observée en 1977 trouve ses raisons aussi au niveau de l'Etat. En effet, l'Etat pour relancer le secteur agricole s'est impliqué dans la production du riz. Il était omniprésent, de la production à la commercialisation en passant par l'usinage. La Soderiz n'ayant pas bénéficié de tous les moyens de la part de l'Etat pour lui permettre de mieux contrôler l'ensemble du secteur rizicole, s'est vu contrariée par le sabotage du secteur privé des importateurs. C'est ce qui fait dire à Ahmed Timité, ancien directeur chargé de la production à la Soderiz que : « A partir de

222 K, DIOMANDE Op.cit p56

223 J, P, DOZON, op.cit, P 128

132

1976- 1977, la Soderiz devenait un gouffre financier que le gouvernement n'arrivait plus à supporter. A un moment, le gouvernement s'est rendu compte que la Soderiz ne pouvait plus garantir la paix sociale »224.

En outre, la Soderiz bien qu'elle soit une société de développement, était considérée comme un instrument politique où les nominations se faisaient sur la base du militantisme politique.225 C'est ce qui fait dire à Ahmed Timité ancien cadre de la Soderiz qu'au : « sein de la Soderiz, ça n'allait pas. Et que tous les directeurs généraux s'attendaient tous à être nommés Ministre. Ils se créaient entre eux des compétitions. Oulai Jean, Mangoua Lucien, Denis Bra Kanon et bien d'autres personnes pensaient qu'ils seraient nommés Ministre. Tous cela a rejailli sur la Soderiz »226. En dehors de cet aspect, la Soderiz restait une institution où la gabegie et le laisser aller était récurrent. Ainsi, à partir de 1975, après avoir atteint l'auto suffisance en riz, la Soderiz a été l'objet de mauvaise gestion, lié à des détournements de fonds publics, sans oublier le pillage des réserves de la société.

Par ailleurs ces actions présageaient la chute de l'institution. Ainsi en 1977 avec la recrudescence des détournements, la Soderiz totalisait un découvert bancaire estimé à 26 milliards de francs CFA ; soit un peu plus de 13% du budget de fonctionnement de l'Etat pour la même année227. Selon Ahmed Timité : « les agents même de la Soderiz avaient commencés à écrire au Président Félix Houphouët Boigny pour accuser le directeur Général Oulai de vol »228. Les effets conjugués de tous ces phénomènes ont conduit en octobre 1977, à la dissolution de la Soderiz.

224 A, TIMITE, directeur chargé de la production à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan

225 S, J, NIEMBA, Op.cit p

226 A, TIMITE, directeur chargé de la production à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan

227 J, P, CHAUVEAU op.cit, p 316

228 A, TIMITE, directeur chargé de la production à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan

133

2. La dissolution de l'institution

La Soderiz face à l'étranglement financière, et à la mauvaise politique de gestion était dans une situation de crise. En 1977, tout comme la Soderiz, certaines sociétés d'Etat étaient en crise. Ainsi des critiques s'élevèrent partout pour dénoncer la mauvaise politique des sociétés de développement notamment celle de la Soderiz.

Par ailleurs, la Banque Mondiale avait décriée l'augmentation des prix du paddy à la production en 1974. Elle considérait les politiques de prix et d'usinage comme inopportuns et malsains. Elle a donc incité les bailleurs de fonds à ne plus intervenir dans le secteur riz. En 1975, elle s'est retirée du projet de développement de la riziculture en zone forestière, constituant ainsi un tournant indéniable dans l'intérêt manifesté jusqu'alors par les bailleurs de fonds. Elle préconisait un abaissement de ces prix pour les mettre en harmonie avec les cours du riz importé, ce qui aurait entre autres permis de rééquilibrer les comptes de la société229.

Le 7 octobre 1977, par décret présidentiel, le président de la République Félix Houphouët Boigny décide de dissoudre la Soderiz230. Cette dissolution survient dans un contexte où l'Etat Ivoirien procède à un vaste mouvement de réforme des sociétés de développement. D'autres organismes ont été reformés ou supprimés. C'est le cas de la SOCATCI (Société des Caoutchoucs de Côte d'Ivoire). Quelques temps avant, la dissolution de la Soderiz, le ministre de l'Agriculture Abdoulaye Sawadogo fut évincé lors du remaniement ministériel du 20 juillet 1977 et remplacé par Denis Bra Kanon, ancien directeur de la Satmaci231. Ahmed Timité, ancien cadre de la Soderiz souligne que : « Dans sa première communication en conseil de Ministre Monsieur Bra Kanon a dit que

229 S, J, NIEMBA, op.cit p132

230 JOCI 1977 P1633

231 Denis Bra Kanon a été ancien directeur de la Satmaci de 1963 à 1977, puis Ministre de l'agriculture de 1977 à 1989.

la Soderiz était mal gérée. Il n'a jamais voulu qu'on lui retire l'opération riz de la Satmaci. Il en a profité pour se venger, en dissolvant la Soderiz »232.

La dissolution de la Soderiz constitue une étape décisive dans la politique vivrière en particulier et la politique de développement de l'agriculture de la Côte d'Ivoire en général. Elle marque l'échec d'une tentative d'autosuffisance rizicole. Par la suite, les actions de la société ont été redistribuées entre trois structures d'encadrements que sont : la Satmaci, la Sodepalm, la CIDT.

Les difficultés de fonctionnements constatées au niveau de la Soderiz, tant au niveau industriel qu'au niveau de la commercialisation ont été préjudiciables à la vie de l'entreprise.

134

232 A, TIMITE, directeur chargé de la production à la Soderiz 1970- 1977, entretien réalisé le 13 Décembre 2011 à Abidjan.

CONCLUSION GENERALE

135

136

En 1970, quand les autorités ivoiriennes mettaient en place la Soderiz, la production des cultures vivrières particulièrement celle du riz était déficitaire. Pendant ce temps on assistait à une évolution démographique et à une croissance urbaine auxquelles l'Etat devrait faire face. Ainsi, le président Félix Houphouët Boigny pour combler ces déficits alimentaires, décida de créer une entreprise rizicole. Cette mise en place de la Soderiz est l'aboutissement d'un long processus entamé depuis la période coloniale. Faut-il le savoir, le développement de la riziculture a été la préoccupation de l'administration coloniale depuis 1908, avec l'intensification de la culture dans les différents cercles. Elle a engagé des actions pour la diffusion de cette culture dans la colonie de Côte d'Ivoire.

Après l'indépendance, le président Félix Houphouët Boigny, à travers la politique agricole décide de poursuivre l'action coloniale de la culture du riz. Ces actions se sont traduites par la création d'une section ayant en charge le développement de la culture du riz, au sein de la Satmaci en 1963. Poursuivant l'objectif de l'auto suffisance en riz, le gouvernement jugeait primordiale la naissance d'une société chargée spécialement du développement de la riziculture.

Dès sa création en 1970, elle fut organisée en se fixant des objectifs bien précis qu'elle devait atteindre. Cela marquait ainsi les débuts de son intervention dans le paysage rizicole. L'entreprise rizicole au début de son intervention, s'est engagée à mettre en valeur les bas-fonds, et à participer au développement, à la modernisation de la culture du riz, à travers l'encadrement technique des paysans. Aussi a-t-elle incité les paysans à former des groupements de coopératives, de sorte à rendre son action plus performante. Avec ce vaste programme de modernisation de la culture du riz, les bas-fonds devenaient des

137

zones de prédilection pour la Soderiz. Ils ont servi à l'intensification de la riziculture irriguée, nouvelle culture vulgarisée par l'institution.

A partir de 1972, grâce des initiatives ambitieuses, la Soderiz décida d'instaurer une nouvelle politique de production basée essentiellement sur le contrat de culture. Le contrat consistait à rassurer les paysans, quant à l'écoulement de leur production par la société. Aussi avec ce contrat, les paysans étaient fournis en intrant, permettant une meilleure production de paddy. Ce qui favorisa d'ailleurs l'augmentation de la production du paddy à 406 000 tonnes en 1974.

Cette performance réalisée par la Soderiz était due au fait qu'elle avait opté pour le développement de la riziculture irriguée. Ce type de culture était jugé productif par les autorités étatiques car permettant l'évolution rapide de la production rizicole du pays. La Soderiz pour ravitailler les ivoiriens en riz blanchi de qualité ; a installé des rizeries dans les grandes régions où était exécuté le programme rizicole. L'usinage du paddy par la Soderiz était perçu comme une innovation et marquait ainsi l'industrialisation véritable de l'entreprise. Cette activité industrielle était organisée autour d'un système de collecte bien défini qui visait à collecter le maximum de paddy afin d'alimenter les rizeries.

La société proposait des prix d'achat en fonction de la qualité du paddy fourni et aussi selon le lieu de livraison du produit. Le prix du paddy livré à l'usine était majoré de 10 francs. Le bonus de 10 francs servait aux paysans d'assurer le transport. Le système de collecte mis en place par la Soderiz a favorisé une augmentation de la quantité du paddy, qui est passée de 160 000 tonnes en 1971 à 300 000 tonnes en 1974.

La transformation du paddy se faisait à travers les unités industrielles installées par la Soderiz. Celles-ci avaient une capacité d'usinage variant entre 1 et 4 tonnes par heure. L'entreprise rizicole produisait un riz de qualité qui était

138

commercialisé sur les marchés du pays. La commercialisation et la distribution du riz ont été possibles grâce à la mise en place de structures s'occupant de la gestion du riz. La Chambre de Commerce gérait le stock du riz blanchi par la Soderiz. Elle était chargée de le distribuer aux grossistes qui, à leur tour le fournissait aux détaillants y compris le riz importé. En 1973, plus de 120.000 tonnes de riz ont été commercialisées par la Chambre de Commerce.

Outre l'action de la Chambre de Commerce, un autre organisme, la Caisse Générale de Péréquation et des Prix (CGPP) créé en mars 1971, intervenait dans la commercialisation du riz de la Soderiz. Elle avait pour rôle principal de régulariser et stabiliser le prix de vente de riz avec celui du riz importé. La CGPP a joué un rôle capital dans la commercialisation du riz. Cet appui de la CGPP a permis à la société rizicole de réaliser des performances notables surtout au niveau commercial et économique.

Les retombées sociales des actions de la Soderiz ont été ressenties sur le plan de la création d'emploi et la distribution de revenus. L'entreprise rizicole a donc eu pour action, d'insérer les jeunes paysans dans le tissu social. Entre 1971 et 1974, elle a créé plus de 6000 emplois tout en facilitant l'amélioration des revenus des paysans. La Soderiz, dans l'exécution de son programme avait recruté des jeunes stagiaires qui devaient former et encadrer les paysans.

La réalisation de villages Soderiz venait démontrer la portée sociale de l'action Soderiz. Plusieurs villages ont été créés dans les zones où était présente la Soderiz. Ces villages, avec toutes les commodités, c'est-à-dire, l'électricité, l'adduction d'eau et maison « en dur », rentraient dans le cadre de la mission de développement économique et social du pays initiée par la Soderiz. Entre 1971 et 1977, l'entreprise a construit plus de 6000 maisons. Mais les paysans, animés par le souci de faire d'énormes bénéfices, ont rempli les usines de paddy, avec un taux d'impureté élevé. La mauvaise qualité de paddy rendait l'usinage difficile. Ainsi, le riz usiné était de mauvaises qualités, avec un taux de brisure

139

atteignant 60%. Les difficultés de fonctionnement furent perçues en amont, pour le stockage. La surcharge des rizeries suivie du problème d'usinage ne pouvait qu'engendrer un dysfonctionnement lié au stockage des produits.

A partir de 1976, tous les silos et entrepôts construits pour recevoir le paddy sont devenus très exigües du fait de la ruée des paysans vers les usines Soderiz en 1974, avec leurs productions rizicoles. La Soderiz n'ayant pas prévu cette situation fut exposée à un manque d'infrastructures. Le paddy était exposé aux intempéries, tels que la pluie et le soleil, faisant perdre à la Soderiz plusieurs millions de francs CFA. Outre les problèmes de stockage, la sacherie faisait défaut. Elle était, supposée insuffisante. Cette insuffisance de la sacherie, s'expliquait aussi par le non respect des engagements pris avec la société FIBAKO qui fournissait la Soderiz en sac. Toutes ces difficultés constatées dans le secteur industriel de la société rizicole, vont être ressentis au niveau commercial.

La responsabilité de produire et vendre le riz, était une lourde tâche pour la Soderiz car elle était concurrencée par un circuit parallèle puissant existant depuis la période coloniale. Le circuit traditionnel composé essentiellement de « dioula » a profité des moments sombres de la société pour s'imposer sur le marché national. Un autre circuit, renforçant la concurrence s'était affiché. Il s'agissait du circuit libanais qui disposait de micro-rizeries et d'un réseau de collecte composés de pisteurs compétents, fournissant les petites rizeries en paddy. Pendant que le circuit parallèle devenait de plus en plus puissant, le réseau de distribution de la Soderiz connaissait des défaillances. La Chambre de commerce qui devrait distribuer le riz produit par la Société, a privilégié la distribution du riz importé, tout en protégeant les intérêts des groupes d'importateurs au détriment de l'intérêt national. L'action de sabotage a entrainé un problème d'approvisionnement des centres urbains. Les principales villes furent confrontées à une pénurie de riz. Cette volonté des structures de

140

distribution du riz de la Soderiz à protéger les intérêts privés, a fortement affecté la société rizicole, la conduisant même au déclin en 1977.

La politique conduite par la Soderiz, depuis 1970 fut éteinte en 1977. A cette époque on assistait à une mauvaise gestion de l'entreprise suivie d'une légèreté constatée dans les nominations des responsables et l'exécution des taches administratives. Toutes ces actions mettaient à mal le fonctionnement de l'institution rizicole.

L'Etat ivoirien, dans l'objectif de mettre fin à ces manquements et dysfonctionnements observés au sein des sociétés d'Etat et particulièrement au sein de la Soderiz, a décidé de faire une réforme. La Soderiz fut dissoute le 07 octobre 1977, trois ans avant la tenue de cette réforme. Elle fut remplacée par des structures pour continuer la politique de développement rizicole.

Aujourd'hui la question du riz demeure et est à la recherche d'une solution. Avec la mise en place de la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture (SNDR) en février 2012, les autorités ivoiriennes devraient tirer les leçons de l'opération rizicole effectuée par la Soderiz, afin que celle de la SNDR soit une réussite totale.

ANNEXES

141

142

Annexe n°1 : Circulaire à Messieurs les administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée du riz.

Source : ANCI, 1RR80

Annexe n°2 : Circulaire à Messieurs les administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée du riz.

143

Source : ANCI, 1RR80

144

Annexe n°3 : Circulaire à Messieurs les administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée du riz.

Source : ANCI, 1RR80

145

Annexe n°4 : Circulaire à Messieurs les administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée du riz.

Source : ANCI, 1RR80

146

Annexe n°5 : Circulaire à Messieurs les administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée du riz.

Source : ANCI, 1RR80

Annexe n°6 : Circulaire à Messieurs les administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée du riz.

Source : ANCI, 1RR80

147

Annexe n°7 : Circulaire à Messieurs les administrateurs, commandant les cercles au sujet de la culture irriguée du riz.

148

Source : ANCI, 1RR80

149

Annexe n°8 : Tableau de production de paddy et d'importation de riz de 1947 - 1978

Années

Production de

paddy en tonne

Riz décortiqué En tonne

Riz Importé en tonne

Estimation en

million francs

Prix du riz au détail à Abidjan FCFA /kg

1947

74 000

-

-

12

-

1948

66 000

40 900

-

33

-

1949

75 200

36 500

-

-

-

1950

118 300

41 500

1 891

33

-

1951

105 200

65 300

7 044

220

-

1952

146 600

58 100

9 096

350

-

1953

92 800

81 000

2 063

85

-

1954

98 100

51 300

8 775

276

-

1955

114 200

54 200

16 668

491

-

1956

94 100

63 100

12 469

294

-

1957

137 000

52 000

28 000

687

-

1958

70 500

75 700

16 000

391

-

1959

142 500

38 900

50 100

1090

-

1960

159 900

78 700

42 400

868

45

1961

156 000

88 300

50 500

1008

54

1962

229 000

86 200

47 800

1417

51

1963

219 000

126 500

33 700

1045

54

1964

247 000

121 000

62 700

1950

46

1965

250 000

136 500

68 800

2122

51

1966

274 000

138 100

86 800

3114

56

1967

344 600

-

24 066

875

61

1968

365 400

-

47 226

1871

58

1969

303 000

-

55 450

1875

-

1970

315 600

-

78 666

2026

74

1971

385 000

-

97 255

2204

50

1972

320 000

-

77 123

2199

50

1973

335 000

-

147 910

8611

70

1974

406 000

-

72 954

8243

125

1975

496 000

-

1 636

215

110

1976

460 000

-

1 300

371

100

1977

477 000

-

121 380

8632

120

1978

504 000

-

125 708

9344

120

Source : Ministère de l'agriculture et des eaux et forêts, annuaire rétrospectif de statistiques agricoles et forestières 1900 - 1983, tome 3, p 77

Annexe n°9 : Décret de création de la Soderiz

150

Source : JOCI 1971, p1631

151

Annexe n° 10 : Décret de création de la Soderiz

Source : JOCI 1971, p1631

Annexe n°11 : Décret de création de la Soderiz

152

Source : JOCI 1971, p1118

Annexe n°12 Décret de dissolution de la SODERIZ

153

Source : JOCI 1977, p 2171

154

Annexe n°13 : Superficie de production de riz en Côte d'Ivoire 1965 - 1976

Années

Surface riz pluvial en hectare

Surface riz irrigué

en hectare

Surface riz

inondé en hectare

Surface totale en hectare

1968

315 600

6 850

4 600

327 050

1969

317 000

8 450

5 250

330 700

1970

229 800

12 000

4 450

246 250

1971

318 000

13 000

5 500

336 500

1972

14 350

295 000

6 020

315 370

1973

16 600

319 400

6 400

342 400

1974

18 000

335 000

6 500

359 500

1975

19 200

373 500

7 300

400 000

1976

20 000

392 500

7 500

420 000

totale

1 268 550

1 755 700

53 520

3 077 770

Sources : Archive de la Soderiz, rapport annuel 1972, 1973, 1976 Archive de la Soderiz, Soderiz 6 ans déjà

Annexe n°14 : Décret n°73-316 du 3 Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy

155

Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture

Annexe n°15 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy

156

Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture

Source : Archive de la Chambre de l'Agriculture

157

rce : Archive de

Annexe n°16 Décret n°73-316 du 3Juillet 1973 fixant les prix d'achats du paddy

158

Annexe n°17 Témoignages oraux réalisés

? Mr N'DRI Brou Benoit

Thème abordé : les raisons de création de la Soderiz, la Politique d'usinage.

Entretien réalisé le 9 décembre 2011 à Abidjan.

Caractère de l'entretien : entretien semi directif

En 1958 avec la création de la Satmaci, l'Etat décide de créer un certains nombre de société pour booster le développement agricole. Les premières opérations riz étaient logées au sein de la Satmaci en 1964. A un moment donner le gouvernement a décidé d'amplifier les actions en faveur de la riziculture. Alors il a décidé de créer la Soderiz. La création de la Soderiz entrait dans le cadre de la promotion de la culture du riz.

? Quelles ont été les raisons de la création de la Soderiz?

La raison de création de la Soderiz était de booster la production du riz. On a aussi les raisons politiques qui étaient d'améliorer les revenus des paysans. Pour le président Houphouët Boigny la création de la Soderiz répondait à un besoin de développement rural. Cela rentrait dans les objectifs de développement économique, social et culturel, qui avait pour axe important le développement avec l'aménagement du territoire.

? Comment était organisé le secteur d'usinage.

On avait divisé le pays en 10 zones, avec dans chaque zone des usines. On avait 5 usines construite du temps de la Satmaci. C'était des usines d'une époque lointaine, dans les années 1967, qui étaient les usines de ce temps là, qui ont été construite à une époque. Je dis en 1971 le litre de super coûtait 65francs aux USA. Le galion, les 4 litres de carburant coûtaient un demi-dollar. C'est-à-dire 125f CFA. L'énergie était moins chère à cette époque.

159

Dans les années 1971 ces usines qui avaient pour certaines près de 8 ans d'activités, étaient dépassés. Donc une usine des années 1960 et ses capacités, au bout de 10 ans, les pannes apparaissent, la consommation de ces usines n'est plus la même. Souvent même on ne trouve plus certaines pièces de rechange. Donc notre situation dans l'usinage c'est que Les usines n'avaient plus la performance.

? Pourquoi la Soderiz n'a pas anticipé sur les problèmes d'usinages constaté en 1976.

Mais, on a fait un dossier, une année j'ai dis au directeur, comme je suis Directeur Technique, je pense qu'il faut qu'on pense à mettre en place des usines en augmentant la capacité de production des usines existantes. Il dit mais demander l'argent à l'Etat ce n'est pas possible. J'ai dis non, moi je pense que là ou j'ai étudié on m'a appris a anticipé. Et brusquement on est arrivé à l'autosuffisance en 1975. Du jour au lendemain on avait du riz sur nos mains. Même le remboursement de paddy seulement pouvait faire fonctionner une usine. Les capacités d'usinage ont donc été dépassées, donc rapidement on a fait u dossier. Il était prévu faire 10 nouvelles usines, on n'a pas eu le temps de faire les usines. Plusieurs silos ont été construits dans le pays.

? Mr Ahmed Timité

Thème abordé : Les premières actions de la Soderiz, les activités sociales de la Soderiz La dissolution de la Soderiz.

Entretien réalisé le 13 décembre 2011 à Abidjan Caractère de l'entretien : entretien non directif

Pendant les premières années, précisément 1970-1971, au début la commercialisation du paddy était timide. Les paysans s'étaient plaint à Félix

160

Houphouët Boigny, que la Satmaci est partie et que la Soderiz n'achète pas le riz. Catastrophe Félix Houphouët Boigny nous a convoqué et a la suite de l'entretien on a n'a mobilisé 100 millions pour qu'on puisse acheter le riz des paysans. C'est ce qu'on a fait. Cette opération a duré 2 mois. Bien avant, la Soderiz a procédée à la construction de barrages. Les premiers barrages ont été faits au nord. On avait le barrage de Sologo, le barrage de Napié, le barrage de Dekokaha etc. C'est grâce a ces barrages que l'opération rizicole a marché. Il faut saluer le courage de nos braves paysans surtout ceux du nord, qui se sont mis au travail. Les Akans disaient que si tu travailles dans la boue tu deviens impuissant. Il fallait se trouver devant ces chefs de village et de cantons pour expliquer et faire comprendre aux paysans qu'il n'en était rien de tout cela. Comme stratégie mise en place par la Soderiz, il faut retenir que l'ivoirien en général et nos parents du Nord en particulier n'aiment pas les crédits. Or ils voulaient faire de la riziculture. Pour les intrants il fallait voir ce qui se passait. En analysant on s'est aperçu que les parents ne prenaient pas l'engrais, parce qu'ils ne voulaient pas, mais du fait du crédit. C'est là que moi en tant que Directeur de la production de la Soderiz chargé aussi de l'encadrement, j'ai réfléchi et proposé avec Mr ROSSIN, une stratégie. « On n'exporte pas une révolution car les conditions ne sont pas les mêmes ».

Alors nous avons dit aux paysans, s'ils cultivent le riz, s'ils utilisent l'eau et surtout l'engrais, s'ils sarclent bien, ils auront au moins trois (3) tonnes et demie de paddy. Donc ils ont cru. Nous avons pris un pari avec les paysans. On a pris un échantillon, nos paysans sont pauvres. Cette stratégie d'incitation concernait le riz irriguée. La première année tous ceux qui ont pris leurs intrants et engrais ont remboursé par les 350kg de paddy. C'est la deuxième année où on a généralisé dans tout le pays en 1976. Cela a été une réussite totale. Cette stratégie nous permettait de rentrer en possession de nos fonds, même si la moitié des paysans ne remboursaient pas. En 1976, avec cette stratégie, on a couvert tout les besoins des populations Ivoirienne en riz.

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Il y avait tellement de paddy que les magasins ne suffisaient plus on a mis le riz sous bâche. On louait les bâches. Au bout d'un moment j'ai calculé ce qu'on a payé en location de bâche. Ca faisait trois fois le prix des nouvelles bâches de certaines sociétés.

La Soderiz dans sa stratégie a axée sa politique sur le développement rural. La Soderiz a posée des actions de portée sociale. Les premières maisons témoins ont été faites à Natio-Kobadara, quant on quitte Korhogo sur la route juste à la sortie de la route à 20 mètre sur la gauche. Ces maisons étaient financées par la KFW. En 1972 il y a eu une dévaluation du Deutchmark. Cela a permis de donner un reliquat, nous même à la Soderiz, avons construit un barrage. C'est le barrage de Nombolo, premier barrage rizicole en Côte d'Ivoire. Si la réalisation de ce barrage avec les maigres moyens, a épaté tout le monde. L'argent a suffi au grand étonnement des allemands. Cet encouragement, ce sérieux et cette chance, sous le guide de Monsieur STIMER, nous a permis de demander d'autres fonds. Les actions sociales de la Soderiz rentraient dans le cadre du développement rural. Le gouvernement avait demandé a la Soderiz de participer a la modernisation de l'agriculture notamment celui du secteur rizicole. Il a été demandé à la Soderiz d'installer des agriculteurs Modernes au Yabra, à San Pedro et à Korhogo etc.

La Soderiz était dirigée par un groupe d'amis, tous sortis de l'école du génie rural de Paris. Ils étaient passionnés du travail. Ils ont cru qu'on leur avait demandé de produire du riz. Alors ils se sont mis à produire du riz. C'est cela leur seule faute. Ils ont produit au détriment de l'usinage et de la commercialisation. Or on leur avait demandé peut être de faire semblant de produire du riz. Dans les systèmes actuels, quand vous abordez, quelque soit la filière, vous devez traiter globalement le système de production. Si un des segments du système de production vous échappe, votre système ne marchera

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pas. Tous les segments sont liés. La solidité de la chaîne dépend du maillon le plus faible. La Soderiz ne maîtrisait pas la commercialisation, car cela dépendait d'une autre structure. On ne peut pas parler de la Soderiz sans parler des politiques de développement du gouvernement. C'est l'Etat qui dirige la politique du pays. C'est lui qui ne l'a pas fait. Voilà pourquoi la Soderiz a été dissoute. Il existe trois dimensions à ce sujet : une dimension économique et une dimension politique et humaine.

A partir de 1976-1977, la Soderiz devenait un gouffre financier que le gouvernement n'arrivait plus à supporter. Il y avait aussi l'inconséquence de la politique de prix du gouvernement, les différentes subventions de riz à la consommation et à l'achat. A un moment, le gouvernement s'est rendu compte que la Soderiz ne pouvait plus garantir la paix sociale. La Soderiz était un instrument de l'aspect socio-économique du pays. L'aspect humain de la dissolution était le fait que les ivoiriens notamment les travailleurs n'étaient pas contents de la Soderiz et de son Directeur. Je pense qu'il y a eu des erreurs dans certaines appréciations. Monsieur Oulaï, le directeur général a mal géré les ressources humaines. Les agents de la Soderiz étaient mal payés et n'avaient pas d'indemnités. Le directeur général Mr Jean Oulaï lui-même se payait à 350.000 FCFA quand ses amis directeurs étaient payés à 1.000.000 FCFA. Parce que les blancs lui avaient fichu ça dans la tête. Je ne sais pas, il voulait épater le ministre ou le président, je n'en sais rien. Personne ne comprend rien. Ensuite, il y a eu un fauteuil blanc. Il parait que quelqu'un a téléphoné pour dire à Oulaï que ce n'est pas possible tu payes mal les ingénieurs ivoiriens alors que les blancs sont payés à 2.000.000 FCFA. Je ne sais pas, il a répondu qu'il préfère payer des compétents à 2.000.000 FCFA qu'un incompétent. La nuit les gens ce sont téléphonés qu'ils vont marcher sur la Soderiz. Cette marche devrait être conduite par Samba Coulibaly. Apprenant la nouvelle, le président Félix Houphouët Boigny a appelé le ministre Sawadogo de faire tout possible d'éloigner Oulaï de la Côte d'Ivoire au plutôt le matin. Le matin, il est parti pour le Nigeria où il a

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fait un bout de temps. Il a dit que les ingénieurs ivoiriens sont incompétents, c'est là les gens ont dit qu'ils marchent sur la Soderiz soit ils cassent la Soderiz ou bien Houphouët Boigny remplace Oulaï.

La troisième dimension, c'est l'aspect politique. En 1977, les gens sont arrêtés et ont déclaré que la Soderiz était mal gérée. Juillet 1977, le ministre de l'agriculture monsieur Sawadogo Abdoulaye a été remplacé par Mr Denis Bra Kanon qui dans sa première communication en conseil des ministres a dit que la Soderiz était mal gérée. Il n'a jamais voulu qu'on lui retire l'opération riz de la Satmaci. Il en a profité de se venger en dissolvant la Soderiz.

Mr Bra Kanon a été ancien directeur de la Satmaci. Il faut retenir qu'au sein de la Soderiz elle-même, ça n'allait pas. Autant les agents avaient commencé à écrire au président Félix Houphouët Boigny pour accuser Oulaï de vol. Le président a décidé de régler ça à sa manière. Certainement il y a d'autres choses qui m'échappent. Ces faits là, je les connais. Il faut aussi dire que, comme tous les directeurs généraux s'attendaient tous à être nommés ministre, ils se créaient entre eux les compétitions. Oulaï croyait qu'il allait être nommé ministre, Mangoua Lucien qui était au BNETD pensait qu'il serait nommé ministre, Bra Kanon attendait ça depuis longtemps et bien d'autres que je ne citerai pas. Tout cela a rejailli sur la Soderiz. Je veux dire que la dissolution de la Soderiz n'a pas surpris les personnes avertis. Les gens ont pris ça comme une sanction de passage. Vous savez un politicien à des objectifs et des contraintes. Je dirai des stratégies et une méthodologie. Mais je dis que chacun doit comprendre quelque chose de très pertinente et même de très prudente. L'autorité prend les décisions qui lui règlent le problème pour un temps. Faute de quoi la pagaille s'installe. Le président Félix Houphouët Boigny disait qu'il préfère l'injustice à la pagaille. Parce que quand la pagaille s'installe on ne peut rien faire, or l'injustice, on peut corriger ça après.

La Côte d'Ivoire est le seul pays en Afrique de l'ouest qui peut atteindre l'autosuffisance alimentaire. C'est une étude de la FAO et de la banque mondiale qui l'a démontrée. Voyagez un peu dans le pays, il y a du riz partout, ça veut dire que ce qui a été semé continu de germer.

? Mr Hema Namboin Augustin

Thème abordé : la politique des prix et les difficultés liées à la sacherie. Les rapports de la banque mondiale et la SODERIZ.

Entretien réalisé 28 Août 2011 à Abidjan Cocody Riviera. Caractère de l'entretien : entretien directif

La Côte d'Ivoire a hérité du capitalisme d'Etat, système économique instauré par la France. Cette politique économique a eu un différentiel négatif sur le prix du riz. Quand on produit 1 kg de riz qui coûte 100 francs, on perd 40 francs, parce que le riz qui vient de l'extérieur, le riz importé, est vendu à 60 f alors que le riz était écoulé sur le même marché. C'est ce qui a provoqué les problèmes de stockage car le riz trainait dans les usines. Aussi, on avait le phénomène de rixe et le facteur social. Chaque fois qu'il y avait des flambés de prix sur le marché, le gouvernement prenait des mesures pour avoir des stocks de sécurité. C'était le rôle de la caisse générale de péréquation et des prix (CGPP). Ces stocks de sécurité coûtaient de l'argent à l'Etat pour le stockage et en l'écoutant cela pèse sur la production locale et par ricochet sur la Soderiz. Voilà pourquoi il y a eu des problèmes. Les gens du gouvernement étaient de bonne foi, mais ils ont été dépassés par les évènements. Même en 1964, avec la Satmaci on a eu le même changement de phénomène de prix sur le marché. A chaque fois que les stocks ont été privilégiés que l'offre locale, on a eu des problèmes.

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? A quoi répondait l'augmentation du prix du paddy en 1974 ?

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Le prix se forme par rapport à tout le travail qui rentre en jeux. En plus si le paysan n'est pas intéressé, il ne fait pas. Moi je m'occupe des paysans et j'intéresse le paysan pour qu'il produise plus de riz. Pour ne plus que je dépende de l'extérieur ou les prix sont plus volatiles. Mais bon disait montrer moi un pays au monde où on paye le paddy si peu moins cher que la Côte d'Ivoire. Nous sommes maudits ou nous nous foutons de nos paysans. C'est en fonction de la journée de travail du paysan et de l'intrant que je valorisais et ça donnait un prix au kilo du paddy, qui permettait aux paysans de payer ses engrais, de payer tout et de gagner aussi. Nulle ne commercialise ce qui ne lui rapporte pas. Il faut qu'on paye les produits à la valeur. Que l'Etat gagne un peu dessus, c'est normal mais que le paysan gagne plus. Sinon le prix du paddy à l'époque par rapport au Sénégal, au Mali où on payait à 30 francs, nous payait à 75francs. Mais c'est cela. Ce n'était pas pour attirer le paddy dans les magasins Soderiz. Le paysan en gagnant, peut s'acheter des produits manufacturés, du pétrole qu'il n'a pas. Alors pourquoi le paysan doit être privé de certaines choses. L'une des préoccupations du président Félix Houphouët Boigny était l'augmentation des revenus des paysans.

Cette augmentation répondait aussi à un besoin, celui du développement rural. Avec la flambée du prix du riz sur le marché mondial, il fallait créer les conditions pour que le riz soit attractif. L'un des paramètres de l'attractivité est le prix. Des Etudes ont été mené pour inciter les paysans à la production. Cela a été l'un des facteurs d'attractivité des paysans.

? Y a-t-il eu un problème de sacherie au sein de la Soderiz ?

Oui, il y a eu des problèmes de sacherie. C'est vrai, c'est des estimations qu'on fait, quand l'argent n'est pas suffisant. On achète tout serré. Quand tu dis à quelqu'un que je vais produire 1.500.000 tonnes de riz et qu'au bout de l'année, tu produis 13.000.000 de tonnes et que tu avais commandé que juste

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pour 1.000.000. Tu vois y a un écart. Le problème de la sacherie s'est posé et était à deux volets :

- D'abord il y a la production qu'on achète le paddy n'a pas besoin de sac de qualité. Jusque pour pouvoir l'amener à l'usine. Mais il ne faut pas non plus prendre des sacs avec la poussière. Pour la collecte du paddy on prend la sacherie de deuxièmes mains dans les magasins « bana bana ». l'achat de ces sacs, si tu ne l'organise pas, ça devient un problème.

- Ensuite pour la sacherie finale, on commande avec une grande marge. La sacherie pour le riz étaient fabriquée par les sociétés FILTISAC et FIBAKO. Elles n'en fabriquaient en quantités industrielles. Elles fabriquaient pour rentrer dans leur sous. A certains moments, quand les sacs manquent, les gens se plaignent. Sinon nous devrions nous occuper que de la sacherie du riz blanchi. Nous étions occupés par l'usinage, souvent la sacherie ne couvrait pas.

? En 1974, pourquoi la banque mondiale a refusé de soutenir la Soderiz ?

A l'époque, la banque mondiale imposait aux pays les crises d'amaigrissement. Elles n'ont pas fait du bien à nos pays respectifs. C'est dans cette conjoncture que la banque mondiale posait trop de conditions. Elle avait déjà foutu en l'air les sociétés rizicoles d'ailleurs a commencé par le Niger avec l'office du Niger. Les gens les ont repoussé à prendre des décisions inadéquates. La banque mondiale même reconnaît. Aujourd'hui, ces politiques qui ont été imposées avec le FMI et la banque mondiale ont fait assez de mal aux pays en voie de développement. C'est sur ça qu'on n'est pas tombé d'accord. C'est pourquoi le président Félix Houphouët Boigny a refusé leur conditions. Et avec 9 Milliards de la coopération française, on a relancé les investissements. La banque mondiale voulait que la Soderiz augmente le prix du riz à la consommation des ivoiriens. Le

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président Houphouët a dit qu'il n'augmentait pas. C'était pour déstabiliser le

pays.

? Mr YAO Gérard

Thème abordé : La pénurie de riz dans les centres urbains, les groupes d'importateurs, les actions du Président Houphouët.

Entretien réalisé à Marcory le 14 octobre 2010 Caractère de l'entretien : entretien directif

? Y'a-t-il eu un problème d'approvisionnement des centres urbains en riz?

C'est à partir de 1977 qu'on eu ce genre de phénomène. Ce que tout le monde ignore, le commerce mondial du riz porte sur 5% de la production mondiale du riz. Les centres où on produit, ce sont les centres où on consomme le plus du riz. Or la production mondiale du riz est liée à la mousson. Les zones qui produisent sont les pays asiatiques. Si la mousson entraine 15 jours de retard, les 15 jours % sont laminés. S'il ya des stocks géants on puise là dedans. Mais à partir de 1976, ceux qui avaient les stocks ont freinés, donc, le riz manquait sur les marchés occasionnant une pénurie de riz. Pour la petite histoire, un bateau chargé de riz en direction de la Côte d'ivoire a été chipe au niveau du Ghana. Ils ont déchargé et le bateau est reparti pour charger. Aussi, un jour revenant de Yamoussoukro par voiture, il a trouvé une longue queue devant des magasins. Il a cru que c'était un tournage de film. Il a demandé à Ouégnin. Qu'es ce qu'il se passe. Il lui répondit que président c'est le riz qui manque. Pendant ce temps nous, on ne pouvait rien faire, car c'est pas nous qui importons. Il faut dire que les importateurs étaient dans le circuit du riz. A un moment leur position nous arrangeait, à un moment notre situation ne les arrangeait plus, puisqu'ils ne

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pouvaient plus importer. Cela a été le cas en 1974 avec l'augmentation de la production du riz local.

? Quels étaient les différents groupes d'importations

Monsieur MASSIEYE, président de la chambre de commerce était lui-même importateur a titre personnel. Il faisait parti du groupe MASSIEYE et FERRAS. C'était de grandes boutiques de la place telle que CFCI, CFAO, SCOA, Massieyé FERRAS.

? Quelles ont été les actions posées par le Président Félix Houphouët Boigny pour la riziculture ?

Le Président Houphouët était un homme exceptionnel. Il s'est inspiré de l'agriculture pour développer son pays. Alors dans la mesure où le pays s'urbanisait, il fallait répondre à la demande. Lui-même à donné l'exemple pour la culture du riz, puisqu'il avait lui-même ses champs de riz à Yamoussoukro. En partant a la basilique tout le bas fond qui est là jusque là où il y'a les cocotiers l'appartenait. Sa rizerie était d'une quarantaine d'hectares.

? Cissé Mamadou

Thème abordé : Les circuits parallèles, Le prix du paddy. Entretien réalisé à Abobo le 29 Septembre 2011.

Caractère de l'entretien : entretien non directif

Fonction : Commerçant de riz Paddy.

Il existait de bonne relation. La Soderiz, elle seule ne pouvait pas tout couvrir. Le paddy qu'on achetait était décortiqué, nos femmes vendaient une partie au marché. Le riz que Soderiz produisait fatiguait les femmes,

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lorsqu'elles préparaient. Ce riz à la cuisson quand ça se refroidit, lâche l'eau. Donc nos parents n'aimaient pas le riz de la Soderiz.

Souvent on achète, le paddy avec les paysans. Après décorticage on vend le riz dans tout le pays et même hors des frontières ivoiriennes. En période de pénurie, les commerçants libanais entrent dans le circuit de la vente du riz. Les libanais achètent à Abidjan du riz d'importation à raison de 50 francs le kilo. Nous, on rachète ce riz à 55 francs le kilo et nous le revendons dans les villages et les villes à 60 francs.

Les libanais restaient toujours dans les magasins et ne se déplaçaient pas en brousse. Pour vendre ce riz d'importation. Pour le paddy, ils envoyaient des pisteurs pour acheter le paddy avec les paysans.

? Diallo Roger

Thème abordé : La commercialisation du riz, les rapports entre la chambre de commerce, la CGPP et la Soderiz.

Entretien réalisé le 29 Septembre 2011 à Abidjan Marcory.

Caractère de l'entretien : entretien directif

Fonction : Agent au service financier de la Soderiz

? La Côte d'Ivoire à t-elle atteint l'auto suffisance en riz avec le Soderiz ?

En 1975 avec l'augmentation de la production locale, le pays atteint l'auto-suffisante alimentaire. C'est dans ce cadre que le pays a exporté plus de 200 tonnes de riz de luxe sur le Zaïre. En 1976, le pays a secouru le Mali, le Sénégal et le Gabon. Cet acte a été posé par Félix Houphouët Boigny, qui a payé et mis le riz dans le bateau en direction de ces pays. On avait couvert tous les besoins du pays en riz.

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A la vérité quand on a fait l'auto suffisance en riz, ceux qui vivaient des importations se trouvaient au chômage. Donc les gens ont convaincu le président Félix Houphouët Boigny que comme on a atteint l'autosuffisance, ce n'était plus la peine. Or nous demandions qu'on nous donne 2 milliards tous les ans pour maintenir l'autosuffisance, faire le minimum d'investissement pour tenir compte de l'augmentation de la population.

Malheureusement le 17 Octobre 1977 après la formation du gouvernement du 20 Juillet 1977, on a classé le ministre Henry Konan Bédié, ministre de l'économie et des finances, Mohamed Diawara, ministre du plan et du développement et Sawadogo Abdoulaye ministre de l'agriculture du gouvernement, on a dissout la Soderiz, c'est la société Soderiz qui produisait et commercialisait le riz. Elle le mettait à la disposition de la CGPP qui vendait le riz aux commerçants. La chambre de commerce était représentée au conseil d'Administration de la Soderiz par Maurice Delafosse.

? Quel rapport existait - elle entre la Soderiz et la Caisse Générale Péréquation et Prix ?

Nous, notre rapport à nous c'était avec la CGPP, car c'est elle qui vendait notre riz. Elle ne s'occupait que du riz. La péréquation veut dire que dans le lot il y'a des secteurs fragiles. Donc les secteurs qui produisaient le surplus on prend pour fermer ce trou. L'Etat trouve les moyens pour stabiliser .Pour que la péréquation joue, c'est la CGPP qui gère cela. Monsieur Sidia Touré actuellement opposant Guinéen, a été le directeur de la CGPP jusqu'à sa dissolution en 1994.

? Quel était le rôle de la Chambre de Commerce ?

Le rôle de la chambre de commerce consulaire qui gère la politique globale, elle conseille l'Etat, elle surveille et enregistre. On lui a concédé certaines choses. C'est le surveillant pour le compte de l'Etat en matière de riz importé.

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Dans la commercialisation, il ya la mise à disposition du riz. En Aval de l'usine, il y'a des grossistes partenaires de la distribution. La structure qui était chargée de la distribution du riz était la CGPP. Le partenaire opérationnel de CGPP était la chambre de commerce. Théoriquement les grossistes font partie de la chambre de commerce. Il y'avait deux volets : La péréquation sur le transport et la péréquation sur le prix.

C'est une mutualisation des prix au niveau national tel que l'ivoirien qui est à Korhogo achète le riz au même prix que l'ivoirien qui est à Abidjan. C'est une structure qui trouvait la solution financière.

? Existait-elle une concurrence entre la Soderiz et la chambre de

commerce ?

Il n'existait pas de concurrence, c'est le gouvernement qui détermine la politique du riz. Le secteur privé était inclus dans la politique, il importait pour gagner de l'argent. La Soderiz devait se mettre face au riz importé dans une situation de compétitivité. La Soderiz était un instrument de l'Etat C'est l'Etat qui faisait le prix, il n'y avait pas d'antinomie.

? Coulibaly Tiorna

Thème abordé : l'encadrement des paysans, l'achat du paddy.

Entretien réalisé à Korhogo, le 23 Novembre 2010

Caractère de l'entretien : entretien directif

Fonction : Paysan

? Comment l'encadrement se faisait au temps de la Soderiz ?

Les encadreurs suivaient les riziculteurs par rapport à la méthode culturale privilégiée par la société. Les techniques culturales étaient le repiquage et le semi en ligne du riz.

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? Parmi ces techniques laquelle était plus rentable.

L'application de ces techniques n'était pas du tout facile. On considérait le semi en ligne comme plus profitable. Le semi en ligne avait un rendement plus élevé. Ce rendement était deux fois plus rentable que le semis en équipage.

? Comment était organisé les groupements pour l'encadrement ?

La formation des groupements se faisait par secteur. Un secteur était composé de plusieurs villages. Nous, on a apprécié les groupements. Aussi le contrat de culture que les agents de la Soderiz nous ont conseillé nous a permis de produire plus de riz et de le vendre.

? Comment se faisait l'achat du paddy ?

Ce sont les encadreurs, assisté de leurs assistants qui s'en chargeaient. La Soderiz leur donnait l'argent et chaque encadreur s'occupait de l'achat du paddy du secteur qu'il encadre. Ils pouvaient acheter plus de 10 millions de paddy par semaine. Quelque fois les femmes Dioula venaient acheter notre paddy. Parce que, des années la Soderiz n'achète pas à temps notre paddy. Or nous avons besoin d'argent, surtout pour les funérailles de nos parents. De ce fait on est obligé de vendre ce riz aux femmes dioula et aux jeunes qui achètent sur le compte des libanais.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

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174

I LES SOURCES

A. SOURCES ORALES

? Nom et prénom : N'Dri Brou Benoit

Fonction occupée : Directeur Régional Nord 1973-1975, Directeur Technique Soderiz 1976-1977

Lieu de l'enquête : Cocody II Plateau à Domicile Date : 09 Décembre 2011

Durée : 30 min

Caractère de l'enquête : Semi directif

Monsieur N'Dri Brou Benoit est entré à la Soderiz en 1974 en tant Directeur régional Soderiz de Korhogo, puis il a occupé la fonction de Directeur Technique Soderiz en 1976.

Les échanges ont portés sur les raisons de création de la Soderiz et la politique d'usinage mis en place pour blanchir le riz.

? Nom et prénom : TIMITE Ahmed

Fonction occupée : Directeur Chargé de la Production 1970- 1977

Lieu de l'enquête : Cocody II Plateau à Domicile

Date : 13 Décembre 2011

Durée : 1heure 05 min

Caractère de l'enquête : non directif

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L'entretien a porté d'abord sur les premières actions de la Soderiz, ensuite sur les actions sociales posée par la Soderiz et enfin les raisons de la dissolution de la société.

? Nom et prénom : Hema Namboin Augustin

Fonction occupée : Directeur Chargé de la coopération internationale 19721977

Lieu de l'enquête : Cocody Riviera à Domicile

Date : 28 Août 2011

Durée : 50 min

Le thème abordé a été la politique des prix et les difficultés liées à la sacherie.

Caractère de l'enquête : entretien directif

? Nom et prénom : Yao Gérard

Fonction occupée : Directeur régional centre 1973- 1977

Lieu de l'enquête : Bouaké à Domicile

Date : 16 Décembre 2011

Durée : 57 min

L'entretien a porté sur la pénurie de riz dans les centres urbains.

Caractère de l'entretien : Entretien directif

? Nom et prénom : Cissé Mamadou

Fonction : Commerçant de riz

Lieu de l'enquête : Abobo-marché

Date : 29 Septembre 2011

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Durée : 35 min

Caractère de l'entretien : entretien Non directif

Les échanges ont portés sur l'existence des circuits parallèles, le prix du paddy.

? Nom et prénom : Coulibaly Tiorna

Fonction : Riziculteur

Lieu de l'enquête : Korhogo

Date : 03 janvier 2012

Durée : 40 min

Caractère de l'entretien : entretien directif

L'entretien a porté sur l'encadrement des groupements et l'achat du paddy aux paysans.

? Nom et prénom : Diallo Roger

Fonction : agent au service financier de la Soderiz 1972- 1977

Lieu de l'enquête : Abidjan Marcory

Date : 29 septembre 2011

Durée : 1heure

Caractère de l'entretien : entretien directif

Les thèmes abordés lors de cet entretien sont la commercialisation du riz, les rapports entre la Chambre de commerce, la Caisse générale de péréquation des prix et des produits de grande consommation (CGPP) et la Soderiz.

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B. SOURCES D'ARCHIVES

? SERIES

1. Séries QQ

ANCI /1QQ 9 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur correspondance échangée entre le gouverneur Général et le gouverneur de la Côte d'Ivoire au sujet de la fourniture du riz de baoulé aux travailleurs du chemin de fer.

ANCI/1QQ12 colonie de la Côte d'Ivoire, cabinet du gouverneur, correspondance relative aux moyens à mettre en oeuvre pour développer les productions coloniales en vue d'approvisionner la métropole 1916-1917

ANCI/1QQ17 colonie de Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur correspondance au sujet de l'application de la loi du 15 /4/1919 relative à la création d'un registre de commerce. Exportation et importation des marchandises 1920.

ANCI/1QQ50 colonie de la Côte d'Ivoire commerce Général : mouvement des importations et des exportations 1899 - 1913

ANCI/1QQ51 colonie de la Côte d'Ivoire service des douanes, tableaux des exportations et des importations des principaux produits 1900 - 1909

ANCI/1QQ56 colonie de la Côte d'Ivoire, services des douanes état des produits crus de la colonie par les différents ports et les frontières terrestres 1917 - 1927

ANCI/1QQ58 colonie de la Côte d'Ivoire service des douanes : mouvement commercial de la Côte d'Ivoire : rapport et tableaux généraux des exportations et des importations 1921

ANCI/1QQ82 colonie de la Côte d'Ivoire, cercle de Korhogo, rapport d'ensemble économique et agricole 1909, 1912, 1913, 1914

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ANCI/1QQ83 colonie de la Côte d'Ivoire, cercle du Haut Sassandra et des pays Gouro, rapport sur la situation économique et commerciale des postes de Dabou, Issia, Gagnoa, Vavoua en 1915

2. Séries RR

ANCI/1RR3 colonie de la Côte d'Ivoire service de l'agriculture circulaire au sujet du mouvement commercial 1909 - 1910

ANCI/1RR5 colonie de la Côte d'Ivoire service de l'agriculture rapports d'ensemble et correspondance relatifs au plan de la campagne agricole pour l'année 1912

ANCI/1RR12 colonie de la Côte d'Ivoire service de l'Agriculture arrêtés, décisions, décrets et statuts du gouverneur au sujet de l'agriculture en Côte d'Ivoire 1908 - 1918

ANCI/ANCI/1RR13 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur statistiques des cultures dans le cercle de Korhogo, rapport sur la situation agricole et économique du poste de Boundiali 1913 - 1916

ANCI/1RR15 colonie de la Côte d'Ivoire, service agricole rapport sur la situation agricole indigène 1917-1918

ANCI/1RR18 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur rapport d'ensemble sur la situation agricole économique et politique de la Côte d'Ivoire 1918

ANCI/1RR20 colonie de la Côte d'Ivoire, service agricole rapport de la situation économique et agricole de Vavoua 1920

ANCI/1RR25 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur correspondance relative aux missions d'études des productions agricoles en Côte d'Ivoire et des possibilités de ravitaillement de la métropole en produit agricole 1912 - 1921

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ANCI/1RR43 colonie de la Côte d'Ivoire, cercle de Grand Lahou, rapport sur la situation économique agricole et zootechnique 1916

ANCI/1RR69 Colonie de la Côte d'Ivoire service de l'Agriculture correspondance relative aux cultures vivrières dans la colonie, riz banane, igname 1908

ANCI/1RR77 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur circulaire et instruction relatives à la culture irriguée du riz et du coton en Côte d'Ivoire 1912

ANCI/1RR81 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur note sur le riz de la Côte d'Ivoire

ANCI/1RR97 colonie de la Côte d'Ivoire service de l'agriculture rapport, correspondance, circulaires relatifs au développement des produits agricoles : riz et autres dans le cercle du N'ZI Comoé 1908 - 1911, 1917

ANCI/1RR109 colonie de la Côte d'Ivoire cabinet du gouverneur General de l'AOF correspondance du gouverneur de la Côte d'Ivoire adressée au gouverneur de l'AOF en réponse de la lettre n°333 du 8 juin relative à la réquisition du riz des indigènes à des prix très bas 1922.

C-SOURCES IMPRIMEES

1- LES JOURNAUX OFFICIELS

JOCI (Journal Officiel de la Côte d'Ivoire) : De 1908 à 1920 JOCI : De 1963 à 1978

2- Archives De la Soderiz (ADS)

ADS : Rapport annuel 1973 de la SODERIZ, 378 p

ADS : Résumé du rapport annuel 1972 de la SODERIZ, 56 p ADS : Résumé du rapport annuel 1973 de la SODERIZ, 122p

180

ADS : Rapport annuel 1974 de la SODERIZ, 219 p

ADS : Rapport annuel Soderiz 1975, projet BIRD1975-1978, 233p

ADS : Rapport annuel 1976 de la SODERIZ, 29 p

ADS : Riz d'hier, riz d'aujourd'hui, 40 p

ADS : 1976, SODERIZ, 6 ans déjà, Edivoire, 23 p

ADS : programme pluriannuel du développement rizicole 1978- 1980, 176p

ADS : Procès verbal de la réunion du conseil d'administration Soderiz 1976,

15p

II BIBLIOGRAPHIE

1. INSTRUMENTS DE TRAVAIL

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en Côte d'Ivoire, Cahiers des sciences humaines, P.521-535.

- SAGANOGO (G) :1979, La situation agricole dans le N'ZI Comoé 1920 - 1939, Mémoire de Maitrise, Université de Cocody, 113p

- SARRAUT (A) :1923, La mise en valeur des colonies françaises, Pais, Payot, 247p

- SAWADOGO (A) :1973, L'agriculture en Côte d'Ivoire, Paris, PUF, 367p - SCHWARTZ (A), ANCEY (G) :1993, Sous peuplement et développement

dans le Sud-ouest de la Côte d'Ivoire : 5 siècles d'Histoire économique et

sociale, Paris, ORTOM, 490p.

- SEMI (B Z) :1973, La politique coloniale des travaux publics en Côte d'Ivoire : 1900 - 1940, Thèse de doctorat, Paris, 382 p

186

- SETTIE (L E) :1997, L'Etat et le processus de développement en Côte d'Ivoire 1960 - 1980 : Histoire de l'émergence d'une économie moderne, Abidjan, Fondation Hanns SEIDEL, 278p

- SGBCI, L'économie Ivoirienne en 1972 - 1973, Novembre 1973, 104p

- Société nationale d'études pour le développement, 1999: Etude de marche du riz haut de gamme en Côte d'Ivoire rapport définitif, centre agro-entreprise de Bamako, 96p

- YAPO (S A) :1990, La relève paysanne en Côte d'Ivoire, Karthala Orstom, 231p.

- YAYAT D'ALEPE (H) :1973, Economie coloniale de transition de la Côte d'Ivoire, de 1893 à 1919, Thèse de doctorat de 3e cycle, paris, université de Paris VII, 557p

3. OUVRAGES SPECIALISES

- ADRAO : 1976, Renforcement des capacités rizicoles des pays membres, 75p

- Agence Ivoirienne de Presse « Dans cinq ans avec l'encadrement la Soderiz produira 70 000 tonnes de Paddy » in Fraternité matin du 31 juillet 1973, 12p

- Anonyme « Les usines de la Soderiz en dangers »in Fraternité Matin du 16 Février 1976 p12

- Anonyme : « L'inauguration du barrage de SOLOGO : une nouvelle ère pour la riziculture dans le nord » in Fraternité Matin n°2405 du 21 novembre 1972

- Anonyme : « Les sachets: un autre problème de la Soderiz » In Fraternité Matin du 08 février 1976

- BRINDOUMI (A K J), 2003: La production et le commerce des céréales de la Côte d'Ivoire : 1963 - 1995, Mémoire de Maitrise Histoire, Université de Bouaké, 230p

187

- CHALEARD (J L) :1994, Temps des villes, temps des vivres : L'essor du vivrier marchands en Côte d'Ivoire, Université de Paris X - Nanterre, Thèse de Doctorat d'Etat, 1041p

- HARRE (D) :1987, Le système de Commercialisation du riz en Côte d'Ivoire : Le marché interne des produits agricoles support de la politique Alimentaire, Thèse Doctorat de 3ème cycle, Paris, 356 p

- HIRSCH (RD) :1993, Le riz et les politiques rizicoles en Côte d'Ivoire, 1960-1993, caisse française de développement, 72 p.

- KOFFI(A), « Fauteuil blanc, la SODERIZ un capital de production a moindre cout », in Fraternité Matin n°120 du 27 novembre 1974, p10

- KOFFI (K) :1977, Installation des jeunes paysans modernes dans le projet Yabra, Mémoire de fin de cycle INSET, 48p

- CHAUVEAU (J.P) :1992, l'Avenir d'une illusion : Histoire de la production

et des politiques vivrières en Côte d'Ivoire, Paris, ORSTOM, pp 77-123. - DIOMANDE (K) :1995, Dévaluation et auto suffisance alimentaire : le cas

de la filière du riz en Côte d'Ivoire, CIRES, 77p.

- DOZON (J.P) :1979, « Impasse et contradiction d'une société de développement : l'exemple de l'opération riziculture irriguée en côte d'ivoire », cahier ORSTOM, série Sciences humaines, pp37-58.

- DOZON (J.P) :1983, Logique des développeurs, réalité des développés : bilan d'une expérience rizicole en Côte d'Ivoire, Paris, ORSTOM, p56-63 - INADES : 1967, Le riz pluvial, Abidjan, 42p

- INADES : 1967, Le riz irrigué, Abidjan, 50p

- PELE (S) :1982, Les sociétés d'Etat en Côte d'Ivoire, Mémoire d'IEP, Bordeaux, 118p.

- PHELINAS (P) :1988, Le rôle du riz dans la politique d'autosuffisance

alimentaire de la Côte d'Ivoire, cahier des sciences humaines, pp349-363. - Ministères de l'Agriculture, Satmaci : monographie des bas-fonds rizicoles

aménagés par l'ex Soderiz dans la zone du projet centre ouest, 1982, 196p

188

- Ministères de l'Agriculture, Satmaci : monographie des bas-fonds rizicoles aménagés par l'ex Soderiz, zone Satmaci, 1982, 376p

- Ministères de l'Agriculture, proposition de création de la Soderiz, Bureau d'Etude Technique des Projet Agricole (BETPA), 1965, 112p

- N'GUESSAN (R), « Il n'est plus nécessaire d'importer du riz » in Fraternité Matin n°18 du 21 janvier 1976, p17

- SATMACI, rapport annuel 1967, 89p

- YAO (J), « La Soderiz un instrument de développement », In Fraternité Matin du 07 mars 1974, p 8

189

TABLE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Carte n°1: Végétation et hydrographie de la Côte d'Ivoire p 44

Carte n°2 : Zones d'intervention de la Soderiz p 56

Tableau n°1 : Quantité de paddy exporté par la Côte d'Ivoire vers la France

1916 à 1918 p 26

Tableau n°2 : Importation de riz par la Côte d'Ivoire de 1908 à 1920 p 28

Tableau n°3 : La production du paddy par la Satmaci 1963 à 1970 p 32

Tableau n°4 : Evolution de la population 1965 à 1980 p37

Tableau n°5 : Evolution des importations de riz 1960 à 1970 p 41

Tableau n°6 : Evolution des superficies rizicoles de la Soderiz 1974 - 1977 p 73

Tableau n°7 : Production du paddy sous contrat et sans contrat de culture de

1965 à 1974 p 73

Tableau n°8 : Evolution du bénéfice des acteurs pendant la collecte de 66/67 à 77/78 (en francs CFA/ KG) p 76

Tableau n°9 : Evolution du prix garanti au producteur par la Soderiz p 79

Tableau n°10 : Estimation des revenus bruts de l'Etat sur la commercialisation du riz importé p 86

Tableau n°11: Evolution de la production du riz et variation des importations 1970-1976 p 99

Tableau n°12 : Prix du riz au détail à Abidjan 1960 - 1977 p 107 Tableau n°13 : Activité d'usinage de la Soderiz entre 1970 et 1977 p 110

190

Tableau n°14 : Volume de paddy et de riz stocké dans les usines Soderiz en Février 1976 p 115

Tableau n°15 : Tableau comparatif de la Production du riz Soderiz et du

Circuit traditionnel p 120

Tableau n°16 : Situation des Stocks et de vente de riz des Grossistes fin février 1976 p125

Graphique n°1 : Courbe d'évolution de la production du paddy par la Satmaci 1963 - 1970 p 32

Graphique n°2 : Courbe d'évolution des importations de riz 1960 - 1970 p 42

Graphique n°3 : Histogramme de la production du paddy avant et pendant le contrat de culture p 74

Graphique n°4 : Courbe d'évolution de la production du riz et variation des importations 1970-1976 p 100

Graphique n°7 : Production du riz Soderiz et circuit traditionnel 1971 - 1977 p 121

TABLE DES ILLUSTRATIONS PHOTOGRAPHIQUES

Photographie n° 1 : Aménagement traditionnel réalisé par les paysans p 57 Photographie n°2 : Réalisation de canal primaire par la Soderiz p 57 Photographie n°3 : Réalisation de diguettes p 58

Photographie n°4 : Aménagement de canal primaire p 58

Photographie n°5 : Planage effectué par les paysans sous la supervision d'un agent de la Soderiz p 59

Photographie n°6 : Aménagement d'espace en zone forestière p 59

191

Photographie n°7 : Rayonneur avant le semi en ligne du riz p 62 Photographie n°8 : Semi en ligne du riz p 63

Photographie n°9 : Paysan procédant au repiquage de riz p 63 Photographie n°10 : Riz sativa oryza en maturité p 69 Photographie n°11 : Usine Soderiz de Korhogo p112

192

TABLES DES MATIERES

DEDICACE 1

REMERCIEMENT 2

SOMMAIRE 3

INTRODUCTION GENERALE ..4

PREMIERE PARTIE : NAISSANCE D'UNE SOCIETE RIZICOLE : DE

LA PERIODE COLONIALE A 1974 21

CHAPITRE I : LES ETAPES DE LA CREATION DE LA

SODERIZ 23

I. LA POLITIQUE RIZICOLE AVANT 1970 23

1. La question du riz pendant la colonisation 23

2. L'action de Société d'Assistance Technique et la Modernisation de

l'Agriculture (Satmaci) 1963-1970 ...29

II. L'ACTION PARTICULIERE DU PRESIDENT FELIX HOUPHOUËT BOIGNY EN FAVEUR DE LA

RIZICULTURE 33

1. Un volontarisme politique 33

2. L'action face à la pression démographique 36

III. LES RAISONS DE CREATION DE LA SODERIZ 38

1. Atteinte de l'auto suffisante alimentaire .38

2. Réduire les importations massives du riz 39

3. Exploiter rationnellement les potentialités rizicoles du pays...42

CHAPITRE II : LA CREATION DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT ET SES PREMIERES ACTIONS 1970 -

1974 45

I- FORME ET FONCTIONNEMENT DE LA SODERIZ .45

1.

193

Statut juridique .45

2. Fonctionnement et importance de la SODERIZ .47

II- LES MISSIONS DE LA SODERIZ 49

1. La promotion de la culture du riz 49

2. Moderniser le secteur rizicole et améliorer les conditions

sociales Paysan .51

III- LES DEBUTS D'INTERVENTION DE LA SODERIZ ...53

1. La mise en valeur des bas-fonds 53

2. L'encadrement techniques et formation de groupement des

coopératives .60

DEUXIEME PARTIE : INITIATIVES ET IMPACT DE L'ACTION DE

LA SODERIZ 1972 - 1974 64

CHAPITRE III : LES INITIATIVES AMBITIEUSES DE LA SODERIZ

POUR LA PRODUCTION ET LA COMMERCIALISATION DU RIZ...66

I. LA POLITIQUE DE PRODUCTION DU PADDY .66

1. La riziculture irriguée un choix étatique 66

2. La production du paddy basée sur le contrat de culture 70

II. L'USINAGE DU PADDY ...74

1. Le système de collecte de paddy 74

2. La transformation de paddy dans les rizeries 79

III. MISE EN PLACE DE STRUCTURE POUR LA

COMMERCIALISATION ET LA DISTRIBUTION DU RIZ ..81

1. La gestion du riz de la Soderiz par la chambre de

commerce 82

2. L'action de la CGPP dans la commercialisation du riz.....83

194

CHAPITRE IV : L'IMPACT SOCIO ECONOMIQUE DE LA

SODERIZ ..88

I. LES RETOMBEES SOCIALES DES ACTIONS DE LA

SODERIZ .88

1. La création d'emploi et distribution des revenus 88

2. La réalisation de village Soderiz 91

II. L'IMPACT ECONOMIQUE DES ACTIONS DE LA

SODERIZ 93

1. La mobilisation des bailleurs de fond .93

2. Evolution des chiffres d'affaires de la société 95

III. LA CÔTE D'IVOIRE AUTO SUFFISANTE EN RIZ 1974-

1976 97

1. La réduction des importations 97

2. Le pays auto suffisant et exportateur de riz 1975-

1976 100

TROISIEME PARTIE : DES DIFFICULTES DE FONCTIONNEMENT

AU DECLIN DE L'INSTITUTION 1976 - 1977 .102

CHAPITRE V : LA FAILLITE DU SECTEUR INDUSTRIEL 104

I. LA POLITIQUE DES PRIX 104

1. L'augmentation brutale du prix du paddy à la production

en 1974 104

2. Le prix du riz à la consommation .106

II. LA MAUVAISE POLITIQUE D'USINAGE 108

1. L'insuffisance des capacités de production .108

2. Le non respect des normes de qualités 110

III. DYSFONCTIONNEMENT LIE AU STOCKAGE 112

1. Le manque d'infrastructure ...113

195

2. La sous capacité de la sacherie 114

CHAPITRE VI : LA DEFAILLANCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION

ET L'ACTION DE L'ETAT .117

I. UN CIRCUIT PARALLELE, PUISSANT CONCURRENT DE LA

SODERIZ ..117

1. Le circuit traditionnel 117

2. Le circuit libanais 121

II. LA DEFAILLANCE DU CIRCUIT DE DISTRIBUTION

OFFICIEL ..123

1. Le sabotage de la Chambre de commerce 123

2. Problème d'approvisionnement des centres urbains...126

III. LE DECLIN DE LA SOCIETE DE DEVELOPPEMENT

127

1. La lutte d'intérêt au niveau de l'Etat

127

2. La dissolution de l'institution

..129

 

CONCLUSION GENERALE

131

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

137

ANNEXE

153

 

TABLE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

..185

 

TABLE DES ILLURTRATIONS PHOTOGRAPHIQUES

.186

196

Le riz est entré dans les habitudes alimentaires des populations à l'aube de

de la transformation. Le pays devient exportateur de riz en 1974. Mais cet

exploit a été de courte durée car avec la baisse des cours mondiaux du riz, le

l'indépendance, augmentant son taux de consommation et son importation. En

1970, l'Etat montre sa volonté de maîtriser la politique alimentaire du pays en

mettant en place la société de développement de la riziculture (SODERIZ).

Entre 1970 et 1976, elle pose des actions tant au niveau de la production que

La Soderiz ne maîtrisant pas la politique des prix fut confronté à des difficultés qui ont fini par occasionner sa dissolution le 07 octobre 1977. Cette étude sur la Soderiz, traite la politique alimentaire du pays et le rôle joué par la Soderiz dans le développement de l'agriculture vivrière en Côte d'Ivoire.

prix du paddy aux paysans connut une augmentation ainsi que le prix du riz à la

consommation.

Mots- clés : Soderiz - paddy - riziculture - société de développement -

politique alimentaire - importation - exportation - Côte d'Ivoire -

commercialisation - transformation.






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon