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L'histoire d'une société rizicole en Côte d'Ivoire: le cas de la société de développement de la riziculture ( soderiz ) 1970 - 1977

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par Lassina Songfolo YEO
Université Alassane Ouattara de Bouake - Côte d'Ivoire - Maà®trise d'histoire 2012
  

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II- L'ACTION PARTICULIERE DU PRESIDENT FELIX HOUPHOUËT BOIGNY EN FAVEUR DE LA RIZICULTURE

Le premier président ivoirien, Félix Houphouët Boigny a toujours accordé de l'importance aux cultures vivrières notamment la riziculture. Ainsi au lendemain de l'indépendance, face à l'évolution démographique, il encourage la culture du riz à travers plusieurs actions.

1- Un volontarisme politique

Félix Houphouët Boigny était certes un homme politique mais également un paysan. En 1944, il fut à l'origine de la création du Syndicat Agricole Africain (SAA). Il n'a jamais rompu les liens avec l'agriculture. Il avait pour souci le développement de la riziculture.

Déjà en 1946, à la tête du SAA, il montre son intérêt pour la culture du riz en recrutant des jeunes pour la traite du riz dans l'ouest du pays. Ces derniers devaient travailler dans les rizeries pour la réussite de la campagne rizicole. Signe évident que les intérêts de l'économie de plantation n'occultaient nullement ceux de l'économie vivrière pour le président Houphouët Boigny45.

Au lendemain des indépendances, Houphouët Boigny lança un programme intérimaire pour le développement de la riziculture. Ce programme avait pour objectif d'analyser et de renforcer la politique rizicole à travers des prêts étrangers. Ainsi, de 1960 à 1963, les actions de ce programme ont été coordonnées par Houphouët Boigny, qui dès 1964 décide de la création d'une section de riz au sein de la Satmaci avec pour mission de mécaniser et développer la culture du riz46. Ce désir devient une réalité quelques mois plus tard, puisque le 03 octobre 1964 le président Houphouët au cours d'un meeting du PDCI-RDA au stade Félix Houphouët Boigny à Abidjan affirmait que « Grâce aux prêts Allemands de 1,890 milliards de francs Cfa pour la

45 J, P, CHAUVEAU, op.cit p98

46 Jacqueline DUTHEIL de la Rochère : 1976, l'Etat et le développement économique de la Côte d'Ivoire, p155

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riziculture nous allons pouvoir intéresser nos paysans à de nouvelles cultures en particulier le riz, le coton, la canne à sucre dont ils obtiendront d'heureux résultats par la pratique de méthode moderne notamment la mécanisation »47.

En outre, le président Houphouët prenait souvent l'initiative de réunir chez lui à Yamoussoukro, les planteurs pour montrer ce qu'il fait en matière de riziculture. D'ailleurs, comme le souligne Gérard YAO, ancien directeur régional centre de la Soderiz, « Le Président Félix Houphouët Boigny avait ses rizeries à Yamoussoukro, de prés d'une quarantaine d'hectares. Tous les bas-fonds situées à gauche en partant vers la basilique étaient occupés pour la riziculture »48. Il leur expliquait les difficultés surmontées et les encourageait à l'imiter. Aussi faisait-il visiter ses réalisations agricoles à ses camarades membres du PDCI-RDA et aux jeunes cadres, tout en les pressant de l'imiter, afin d'entrainer l'adhésion de la population à l'opération riz de 196749. Cette opération consistait à diminuer, si possible à mettre fin aux importations de riz jusqu'en 1970. Durant cette période, Félix Houphouët Boigny prit son bâton de pèlerin en sillonnant tout le pays.

En 1965, revenant d'un voyage officiel en Haute Volta, c'est à Korhogo qu'il s'arrête pour inviter « les paysans ses frères» a redoubler d'effort pour que la Côte d'Ivoire n'importe plus du riz et qu'elle puisse consacrer les devises gagnées à l'achat d'équipements et non d'aliments50. Ainsi ses tournées dans le Nord du pays avaient pour but de rééquilibrer la croissance au profit des zones déshéritées de savanes. Cela ne serait possible que si les populations s'impliquaient d'avantage à faire la riziculture51. Lors de ses tournées, il exhortait les paysans à produire le riz, qui était considéré comme l'aliment le

47 Fraternité Matin du 04 octobre 1964 n° 234 p 13

48 G, YAO, ancien directeur régional Centre Soderiz, 1973- 1977, entretien réalisé le 14 Octobre 2011 à Abidjan Marcory.

49 A, SAWADOGO : 1973, L'agriculture en Côte d'Ivoire, Paris, PUF, p238

50Idem, p 239

51 B, COMTAMIN, A, Yves FAURE : 1990, La bataille des entreprises publiques en Côte d'Ivoire 1960 - 1980, Edition Karthala, Paris, p187

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plus consommé des Ivoiriens. En outre, il leur promettait de moderniser la culture du riz. Ainsi à l'occasion du nouvel an, dans son discours du 31 décembre 1966, Félix Houphouët Boigny affirmait que : « la mécanisation de la riziculture est une nécessité impérieuse pour le développement de notre pays. Nos paysans doivent s'approprier la culture du riz afin d'éviter un déficit alimentaire au pays »52.

Dans le cadre de cette politique de développement de la culture du riz, le président Houphouët Boigny initia un concours national, qui mettait en compétition les différents producteurs et les sous préfectures. Cela fut suivi des finales régionales. Ce concours était organisé dans le cadre de la valorisation de l'agriculture notamment la riziculture. Les meilleurs riziculteurs régionaux étaient primés dans le cadre de « la coupe nationale du progrès »53. C'est le cas de madame Silué Tchafaga qui a remporté la coupe nationale du meilleur riziculteur de la région des savanes en 196854. Les lauréats bénéficiaient d'une somme importante d'argent et de moyens matériel pour la riziculture. En plus de ces récompenses en nature et en argent, les différents lauréats reçoivent une distinction honorifique. Le premier de la coupe nationale du progrès est décoré des grades d'officier de l'ordre national et d'officier du mérite agricole. Avec l'instauration de la coupe nationale du progrès, Félix Houphouët Boigny amenait les médias à porter un intérêt aux actions en faveur du monde rural à travers plusieurs émissions organisées à la radio et à la télévision nationale. Les émissions étaient réalisées et diffusées en langues nationales et en français. Au cours de ces émissions, des spécialistes de la culture du riz sont invités pour donner des conseils aux paysans sur les techniques de culture du riz irrigué et du riz pluvial. Aussi la radio organise des reportages auprès des riziculteurs. Au départ la coupe nationale était une émission de la radio diffusion ivoirienne

52 F, H, BOIGNY : 1978, Anthologie des Discours 1946 - 1978, édition CEDA, tome 2, p 706

53 Elle a été institué par le président Félix Houphouët Boigny après l'indépendance afin de sensibiliser et faire participer de façon active les collectivités rurales et les paysans au développement global du pays.

54 Fraternité Matin du 10 avril 1968, p 7

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instituée sur instruction du président Houphouët Boigny avant d'être par la suite transformée en une compétition agricole. Comme émission on avait « brave paysan, en route pour le champ, etc.. »55. Ces émissions indiquaient le bien fondé de la riziculture pour le paysan et pour le développement économique du pays. Félix Houphouët Boigny a marqué sa volonté de développer la culture du riz, tout en amenant les paysans à conjuguer leurs efforts pour satisfaire les besoins alimentaires de la population. Toutes ces actions visaient à faire face à la forte croissance démographique due à l'augmentation rapide du taux d'urbanisation.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard