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L'histoire d'une société rizicole en Côte d'Ivoire: le cas de la société de développement de la riziculture ( soderiz ) 1970 - 1977

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par Lassina Songfolo YEO
Université Alassane Ouattara de Bouake - Côte d'Ivoire - Maà®trise d'histoire 2012
  

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CHAPITRE VI LA DEFAILLANCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION

ET L'ACTION DE L'ETAT

La multiplication des difficultés de la société a affecté énormément la Soderiz. Cela à conduit à la fermeture des unités de production. Ces problèmes de fonctionnement ont eu un effet pervers, pesant sur les circuits de commercialisation. Ces nombreux problèmes conduiront à la dissolution de la Soderiz en 1977.

I- LE CIRCUIT PARALLELE : UN PUISSANT CONCURRENT A LA SODERIZ

A partir de 1976, tout échappe au contrôle de la société ; même la commercialisation du riz blanchi. Cette situation difficile que connait la Soderiz est très favorable au circuit traditionnel de vente de riz. Il coexistait avec le circuit officiel de la Soderiz depuis 1973 - 1974.

1- le circuit traditionnel.

L'existence de circuits traditionnels ou encore circuit « dioula »201 dans le paysage commercial du riz en Côte d'Ivoire, date depuis la période coloniale. Le commerce du riz a été très tôt dominé par les populations de la colonie, qui se sont insérés dans les réseaux commerciaux de produits vivriers notamment celui de riz202.

Pendant la période coloniale il existait un réseau parallèle de commercialisation du riz. Ce réseau contrôlé par les noirs, entrait en concurrence avec les structures commerciales coloniales. Malgré les efforts de l'administration pour contrôler et orienter la distribution du riz, le dispositif colonial ne réussit pas à contrôler le circuit dioula qui achetait le riz à un prix

201 C'est une expression en malinké qui rime avec le commerce, le marché etc....

202 D, HARRE : 1992, Le riz en Côte d'Ivoire : origine et performance des secteurs de transformation artisanale et industrielle, Paris, Solagral, p 75

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plus élevé que celui de l'administration coloniale203. Ce même phénomène s'est reproduit à partir des années 1970 avec la Soderiz. Le circuit dioula assurant la collecte, la transformation du paddy et même la commercialisation du riz, faisaient d'énormes bénéfices. Les dioulas prospectaient les villages et les routes pour acheter les produits aux paysans.

Parallèlement à la Soderiz, ils décortiquaient chez des particuliers à partir de décortiqueuses artisanales. Malgré ce système dépassé, les dioulas créaient des difficultés au circuit officiel de la Soderiz. En outre, ils concurrençaient les prix de collecte de la Soderiz.

En effet, le réseau traditionnel proposait aux paysans des prix quelques fois semblables à ceux de la Soderiz. Les circuits privés n'étaient capables d'aucune surenchère, mais réussissaient à s'approprier la production des paysans204. Du fait de leurs méthodes les paysans ont opté pour ce circuit. Cela explique pourquoi une importante proportion de la production voire plus de la moitié échappait au circuit Soderiz205.

Déjà en 1973, le circuit traditionnel freinait l'approvisionnement des usines de la Soderiz. En effet, on a constaté au cours de cette même année que sur une production estimée à plus de 800 tonnes, la société n'a vu passer que 200 tonnes dans la rizerie de Séguéla et le reste était à la portée du réseau parallèle206. Le succès de ce réseau s'expliquait par les prêts que les acteurs de ce circuit accordaient aux producteurs lorsque ceux-ci faisaient face à certaines difficultés financières, entre autres les frais de scolarités des enfants à la rentrée. Coulibaly Tiorna, riziculteur à Korhogo souligne a cet effet que : « quelques fois les femmes dioula venaient acheter notre paddy parce que, souvent la Soderiz n'achète pas a temps notre paddy. Or nous avons besoin d'argent surtout pour

203 D, HARRE, op.cit, p 42

204 J, P, DOZON : 1983, Bilan d'une expérience....op.cit, p 60

205 D, HARRE : 1983, Quelques aspects de la commercialisation du riz importé en Côte d'Ivoire, Mémoire de DEA, Institut d'étude du développement économique et social de Paris, p 45

206 J, P, CHAUVEAU op.cit p147

123

faire les funérailles de nos parents et pour nos besoins »207. Ces prêts étaient ensuite remboursés en retour en riz paddy. Ainsi, en 1974, plutôt que de livrer contre les acteurs du circuit traditionnel une bataille, la société essaie de les intégrer au circuit officiel par l'instauration des primes d'excitation à la livraison de paddy. Les acteurs du circuit dioula profitèrent de cette situation et dominèrent le circuit de commercialisation du riz. Le marché de consommation était ainsi inondé de riz sorti des décortiqueuses artisanales.

Au cours de cette même année la production du riz blanchi pour l'ensemble des unités industrielles Soderiz était de 406 000 tonnes alors que celle sortie des décortiqueuses artisanales s'élevait à 324.800 tonnes, une production sensiblement égale. En 1976, la Soderiz avait produit 425.500 tonnes et le circuit parallèle produisait 396.800 tonnes208 . Ce réseau traditionnel par ses activités de transformation du paddy dans les ateliers artisanaux, était très dynamique au point de concurrencer les rizeries de la Soderiz qui devenaient de plus en plus vétustes.

Ce réseau était pour la plupart localisé dans les zones naturelles de production, notamment dans les régions de Gagnoa, Korhogo et Bongouanou. Pour faire face a cette menace, l'Etat décida d'interdire alors l'importation des décortiqueuses. Cette réglementation de l'Etat n'a pas permis de mettre le circuit traditionnel en déroute. Au contraire elle a renforcé la concurrence. Par ailleurs le circuit commercial continuait à concurrencer la Soderiz au niveau des prix. Les acteurs du circuit traditionnels décidèrent alors de la diminution du prix à la consommation. Le riz à la consommation fut vendu à 52f /kg, soit un prix moins élevé que celui de la Soderiz qui était fixé a 100F /Kg en 1976209. La société rizicole, acculée par la concurrence n'arrivait pas à imposer sa production sur le marché intérieur.

207 Coulibaly Tiorna, riziculteur, entretien réalisé le 23 novembre 2011 à Korhogo

208 AGRIPAC « Halles et marchés de Côte d'Ivoire » Tomes III, Juin 1974, p73

209G, COURADE : 1988, Evaluation des habitudes à la consommation des produits alimentaire en Côte d'Ivoire, tome 1, Février, Paris Orstom, p 14

124

Selon le tableau n°15 ci-dessous de 1970 à 1974, on observe une augmentation de la production du riz de la Soderiz. Cette situation est aussi une réalité pour le circuit traditionnel qui suit légèrement le rythme de la production de la Soderiz.

En 1975, la Soderiz a produit 460.000 tonnes de riz, un volume jamais atteint depuis sa création. Cela s'explique par les efforts fourni par la société pour atteindre l'auto suffisance en riz. A partir de 1975 jusqu'en 1977, on remarque une diminution du volume de production de riz, pendant que celui du circuit traditionnel augmente pour atteindre 396.800 tonnes. Ce constat fait est dû aux nombreux problèmes techniques que connaissent les usines de la Soderiz et la concurrence accrue du circuit traditionnel. Cette situation est bien matérialisé par le graphique n° 5 (p121) qui montrer l'évolution des productions du riz Soderiz et du circuit traditionnel.

Lorsque nous observons le tableau nous remarquons que la production et la commercialisation du riz par le circuit traditionnel évolue avec celui de la Soderiz. Cette commercialisation se faisait au même rythme, parfois même avec une tendance à concurrencer le réseau officiel.

Tableau n°15 : Tableau comparatif de la Production du riz Soderiz et du Circuit traditionnel

Années

Production du circuit officiel En tonne

Production circuit traditionnel En tonne

1970

315

600

242

400

1971

385

000

252

000

1972

320

000

308

000

1973

335

000

256

000

1974

406

000

268

000

1975

460

000

324

800

1976

425

000

396

800

1977

410

000

368

000

Source : Ministère de l'agriculture et du commerce, statistiques douanières et agricoles 1977, p 96

500000 450000 400000 350000 300000 250000 200000 150000 100000 50000

0

 
 
 
 

Année

Production circuit officiel

Production

1 2 3 4 5 6 7 8

125

Graphique n°5 : Production du riz Soderiz et circuit traditionnel 1971 - 1977

Source : Ministère de l'agriculture et du commerce, statistiques douaniers et agricoles 1977, p 96

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