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Les transformations actuelles de l'agriculture: cas du village de Koumbili au Burkina Faso

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par Issiaka BICTOGO
Université polytechnique de Bobodioulasso ( Burkina Faso ) - Ingénieur de conception en vulgarisation agricole 0000
  

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BURKINA FASO

UNITE - PROGRES - JUSTICE

MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE POLYTECHNIQUE DE BOBO-DIOULASSO

INSTITUT DU DEVELOPPEMENT RURAL

Mémoire de fin de cycle

En vue de l'obtention du

DIPLÔME D'INGENIEUR DE CONCEPTION EN VULGARISATION AGRICOLE

LES TRANSFORMATIONS ACTUELLES DE L'AGRICULTURE: CAS DU VILLAGE DE KOUMBILI

DIAGNOSTIC AGRAIRE EN ZONE COTONNIERE DE KOUMBILI (REGION DU CENTRE SUD)

Présenté par : BICTOGO Issiaka

Maître de stage : M. Idrissa SINOU

Directeur de mémoire : Dr. Salimata POUSGA

JUIN 2010

ii

Tables des Matières Pages

dédicace vi

Remerciements vii

Résumé viii

Abstract ix

Sigles et abréviations x

liste des figures xi

liste des tableaux xii

Introduction 1

CHAPITRE 1 : synthèse bibliographique 2

1 Présentation du Burkina Faso 2

2 definition des termes courant 2

2.1 Système agraire 2

2.2 Système de culture 3

2.3 Système d'élevage 3

2.4 Système de production 3

3 synthèse des systèmes de production au burkina faso : cas particulier de la province du nahouri 3

4 création et rôles de l'unpcb 4

4.1 Création 4

4.2 Rôles 4

5 Coton au Burkina FASO, un secteur en crise 5

5.1 Évolution du prix du coton 5

5.2 Crise cotonnière 5

CHAPITRE 2 : diagnostic agraire dans le village de koumbili 8

1 matériels et méthodologie de l'étude 8

1.1 matériels 8

1.1.1 Le milieu physique 8

1.1.1.1 Localisation géographique 8

1.1.1.2 Le climat 8

1.1.1.3 Sols et végétation 10

1.1.1.4 Hydrographie 10

1.1.2 Le milieu humain 11

1.1.2.1 Démographie 11

1.1.2.2 Organisation socio-politique 11

iii

1.1.3 Organisation agraire 12

1.1.3.1 Organisation des travaux agricoles 12

1.1.3.2 Mode de gestion du foncier 13

1.1.4 RGN et population de Koumbili : une coexistence difficile 13

1.1.5 Matériel humain et logistique 14

1.2 Méthodologie de l'étude 14

1.2.1 L'approche systémique 14

1.2.1.1 La lecture de paysage 15

1.2.1.2 L'étude de l'histoire agraire 15

1.2.1.3 La recherche bibliographique 15

1.2.1.4 L'étude des systèmes de culture et d'élevage 15

1.2.1.5 L'étude des systèmes de production 16

1.2.1.6 Calcul du seuil de survie 16

1.2.2 Présentation des formules utilisées dans les différents calculs 17

1.2.3 Présentation du questionnaire 18

1.2.4 La restitution 21

1.3 Les résultats obtenus 21

1.3.1 La lecture de paysage 21
1.3.1.1 Le village de Koumbili : un mode de construction qui tient compte de la production agricole21

1.3.1.2 La végétation 22

1.3.1.3 Les formations pédologiques à l'origine du mode de mise en valeur 23

1.3.2 Histoire agraire du village de Koumbili 24

1.3.2.1 Une agriculture de subsistance 24

1.3.2.2 La création du village 24

1.3.2.3 Développement de l'agriculture 26

1.3.2.4 De 1960 à 1980 : l'arrivée des éleveurs transhumants 27

1.3.2.5 De 1980 à 1997 : Introduction de la traction animale 28

1.3.2.5.1 L'interaction agriculture-élevage 28

1.3.2.5.2 Création de la zovic et le début d'un conflit foncier 29

1.3.2.6 De 1997 à 2003 : le développement de l'agriculture et la réduction des surfaces cultivables 30

1.3.2.6.1 Vers une agriculture moderne 30

1.3.2.6.2 Une surface agricole utilisable en nette diminution 31

1.3.2.7 De 2003 à 2009 : le dévéloppement d'une agriculture en continue 31

1.3.2.7.1 L'utilisation des herbicides : la voie royale pour une agriculture en continue? 31

iv

1.3.2.7.2 La forte pression foncière et le déclenchement de la culture continue 33

1.3.3 Un processus nouveau d'accès à la terre 34

1.3.3.1 Mode traditionnel 34

1.3.3.2 Mode individuel 34

1.3.4 Evolution de la typologie des systèmes de production 34

1.3.5 Présentation des systèmes de culture et d'élevage 37

1.3.5.1 Présentation des systèmes de cultures (SC) 37

1.3.5.1.1 Systèmes de culture avec friche (ou prairie) 37

1.3.5.1.2 Systèmes de culture sans friche 38

1.3.5.2 Analyse des performances technico-économiques des systèmes de cultures SC 40

1.3.5.2.1 Analyse des VAB 40

1.3.5.2.2 Analyse de la productivité de la terre 40

1.3.5.2.3 Analyse de la productivité du travail 40

1.3.5.3 Présentation des systèmes d'élevage (SE) 41

1.3.5.3.1 Les Systèmes d'élevage des animaux de trait 41

Boeufs de trait (SE 1) 41

Ânes (SE 4) 42

1.3.5.3.2 Bovins de parcours 42

Boeufs de parcours des mossi (SE 2) 42

Boeufs de parcours des peulh (zébu principalement) (SE 3) 43

1.3.5.3.3 Les petits ruminants 44

Les moutons (race mossi) (SE 5) 44

Chèvres (race naine) (SE 6) 45

1.3.5.3.4 Les volailles 45

Poules (SE 7) 45

Pintades SE 8 46

1.3.5.3.5 Porcs, SE 9 46

1.3.6 Système de production (SP) 49

1.3.6.1 SP 1 : Manuel, friches courtes avec culture commerciale. 49

1.3.6.2 SP 2 : Manuel, friches courtes sans culture commerciale 50

1.3.6.3 SP 3 : Traction asine, friches courtes avec culture commerciale. 50

1.3.6.4 SP 4 : Traction asine, sans friches, avec culture commerciale. 51

1.3.6.5 SP 5 : Traction bovine, friches courtes avec culture commerciale 52

1.3.6.6 SP 6 : Traction bovine, sans friches avec culture commerciale 53

v

1.3.6.7 SP 7 : Traction bovine, sans friches, avec culture commerciale et gros élevage 54

1.3.6.8 SP 8 : Moto-mécanisation, traction bovine, sans friches, culture commerciale et gros élevage.

55

1.3.6.9 SP 9 : éleveurs (peulh) 56

1.3.7 Étude économique des systèmes de production SP 57

1.3.8 Analyse des systèmes de production 59

1.3.9 D'autres activités lucratives 60

Conclusion / recommandation 62

Bibliographie 65

webo graphie : 66

ANNEXES 67

Annexe 1 : calendriers de travail des différents systèmes de production (SP) I

Annexe 2 : courbe de variation de la pluviométrie de 1960 à 2008 et des températures de 1982 à 2008 IV

Annexe 3 : schéma de fonctionnement des systèmes d'élevage IV

DEDICACE

A ma mère,

vi

je dédie ce mémoire.

vii

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tout d'abord mon binôme, Marine Esnouf, Montpellier Sup-Agro, avec qui j'ai travaillé pendant presque cinq mois, pour la qualité de ce travail collaboratif.

Je tiens à présenter mes sincères remerciements à l'Institut du Développement Rural (IDR) pour m'avoir associé à ce programme de stage avec l'UNPCB.

Je remercie Dr. Salimata Pousga, mon directeur de mémoire, pour les conseils qu'elle nous a donné lors de son passage sur le terrain, mais aussi pendant la rédaction du présent mémoire.

Merci également à M. Idrissa Sinou, mon maître de stage, pour les conseils qu'il nous a donné lors de ses passages sur le terrain et pour sa disponibilité pendant les cinq mois de stage.

Je remercie ensuite l'équipe de l'IDR et l'UNPCB pour l'organisation de ce stage et les conditions de travail sur le terrain, Sébastien Bainville pour les conseils qu'il nous a donnés lors de son passage sur le terrain.

Merci beaucoup aux habitants de Koumbili, qui m'ont très bien accueilli, se sont montrés patients et intéressés par notre travail, et nous ont fait partager leur savoir. Je salue aussi Sibiri Yogo, notre interprète, qui s'est montré très compétent pour nous accompagner dans le travail de terrain, ainsi que l'équipe enseignante de l'école primaire de Koumbili, qui nous a hébergés.

Je souhaite également remercier les agents terrain de Faso coton, de l'UNPCB, ainsi que les agents techniques de l'agriculture et de l'élevage de la zone, pour toutes les informations qu'ils nous ont données.

J'ai ensuite une pensée pour tous les étudiants du projet, français et burkinabé, avec qui j'ai partagé de bons moments à Ouagadougou.

Mercie beaucoup à toutes les personnes qui de près ou de loin ont oeuvré pour la réussite de cette étude.

Enfin, un grand merci à ma famille, qui m'a soutenu dans ce travail, et m'a apporté conseil et réconfort lorsque j'en avais besoin.

VIII

RESUME

La présente étude a été réalisée à la demande de l'Union Nationale des Producteurs de Coton Burkinabé (UNPCB) avec le soutien de l'Agence Française de Développement (AFD) et a concerné les zones cotonnières du Burkina Faso. Au terme de cette étude, l'UNPCB espère adapter son programme d'accompagnement des producteurs aux réalités agricoles de terrains. Ce diagnostic agraire réalisé à Koumbili, village situé à 186 km d'Ouagadougou dans la région du Centre-sud devra appréhender la diversité des exploitations agricoles, ainsi que les contraintes auxquelles elles doivent faire face.

Le climat est de type soudano-guinéenne (1000 mm de pluie par an) et permet le développement d'une végétation de type savane arborée ou arbustive ainsi que la pratique de la culture pluviale pendant l'hivernage. Le milieu est composé de plateaux où affleurent la cuirasse latéritique, et des glacis. Les sols sont du type sableux à gravillonnaire. Ces sols sont propices à la culture de céréales et du coton. Le maraîchage et la riziculture se développent sur des sols argileux que l'on retrouve très rarement dans la zone.

L'agriculture de la zone d'étude a commencé lentement son évolution dans les années 90 avec l'introduction de la traction animale en 1994 et du coton en 1997. La forte croissance démographique et la réduction du finage villageois sont en train d'occasionner des changements profonds des pratiques agricoles. Ainsi le passage de l'agriculture sur friche à la culture continue et le passage des systèmes de culture manuels aux systèmes de culture attelés sont en train de se généraliser. Aussi l'utilisation de la moto-mécanisation et l'intégration agriculture-élevage sont de plus en plus fréquentes. On distingue huit systèmes de culture et neuf systèmes d'élevage qui combinés entre eux donnent neuf systèmes de production. La durabilité de certains systèmes de production est compromise, faute d'outils agricoles adéquats et/ou de moyens efficaces de reproduction de la fertilité.

Mot clés : diagnostic agraire, système de culture, coton, évolution, agriculture familiale, zone cotonnière, Burkina Faso.

ix

ABSTRACT

This work has been requested by the national Burkinabe union of cotton producers, under the financement of French agency of developpement. The study will allow the union to adapt his future program activity to the field requirement of the producers. The agrarian diagnosis which was done in a village located at about 186 km from Ouagadougou in the southern region will tacle the constraints faced by the producers in this area.

The climate of this location is soudano-guinean (1000 mm rainfall per year), which is suitable for the development of a spontaneous vegetation with savanna, as well as pluvial cropping during the rainy season. The soils are composed by interfluves where appears the ferrallitic shell, and is sandy and gravely with small slopes, convenient to cereals and cotton cropping. Market gardening and rice cropping are developed in the slums.

The study zone, where cotton is produced since 1997, recently went through a strong demographic growth, with a reduction of the village land. The practices for fertility regenerarion and fighting against weeds are changing radically, adapting themself to the passage of an agriculture on fallow lands in the continuous cropping. However, the manual systems are practised while the use of agricutural motors is starting. This situation compromises the sustainibility of some of the production systems developed, in a context where cotton cropping is in reduction giving the decrease of cotton price in the global market.

Keywords : agrarian diagnosis, production systems, family farming, cotton, Burkina Faso.

X

SIGLES ET ABREVIATIONS

AFD : Agence Française de Développement

ATN : Aménagement du Terroir de Nahouri

BCEAO : Banque Communautaire des États d'Afrique de l'Ouest

FASO COTON : Société cotonnière couvrant la région du centre sud

IDR : Institut du Développement Rural

INA-PG : Institut National d'agronomie-Paris Grignon

INSD : Institut National des Statistiques et du Développement

IRC : Institut des Régions Chaudes

MADT : Ministère de l'Administration Territoriale

OGM : Organisme Génétiquement Modifié

PNGT2 : Programme National de Gestion des Terroirs phase 2

PNKT : Parc National Kaboré Tambi

RCS : Région du Centre Sud

RGN : Ranch de Gibiers de Nazinga

RGPH : Recensement Général de la Population et des Habitats

SAU : Surface Agricole Utilisable

SOFITEX : Société des Fibres Textiles

SPAI : Sous Produit Agro-industriel

UEMOA : Union Économique Monétaire Ouest Africaine

UNPCB : Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina

UPSN : Union des Producteurs de Semences de Nahouri

VAB : Valeur Ajoutée Brute

VAN : Valeur Ajoutée Nette

ZOVIC : Zone Villageoise d'Intérêt Cynégétique

ZVC : Zone Villageoise de Chasse

xi

LISTE DES FIGURES PAGES

Figure 1 : Localisation de Koumbili. 6

Figure 2 : Variation du prix des intrants de coton. 6

Données : Faso coton - Pô. 6

Figure 3: Variation du revenu lié à la culture du coton (1ha) 7

Figure 4: Aperçu des différentes zones climatique du Burkina Faso. 9

Figure 5: Diagramme ombrothermique de 2001 à 2008. 9

Figure 6: Transect montrant les différents types de sols 22

Figure 7 : Profil de sol réalisé dans une ravine lors de la lecture de paysage. 24

Figure 8 : Transect des zones d'activités agricoles en 1960. 27

Figure 9 : Transect des zones d'activité agricole en 1980. 28

Figure 10 : Transect montrant la typologie des exploitations en 2003. 31

Figure 11 : Les zones d'activité agricole en 2009. 33

Figure 12 : Évolution de la typologie des systèmes de production chez les autochtones. 36

Figure 13 : Évolution des systèmes de production chez les migrants 36

Figure 14: Comparaison de SE des bovins de parcours et des boeufs et ânes de trait 44

Figure 15: Comparaison des SE porcins, volailles et petits ruminants et porcin. 47

Figure 16 : Comparaison des systèmes de production 58

Figure 17 : Contribution des systèmes de culture et d'élevage à la VAB totale 60

XII

LISTE DES TABLEAUX PAGES

Tableau I : Appellation des sols en langues locales. 10

Tableau II : Taille de la population de Koumbili suivant les années. 11

Tableau III : Performance technico-économique de l'élevage des volailles 47

Tableau IV : Paramètre de productivité des systèmes d'élevage des animaux. 48

Tableau V : Rendement de quelques cultures au niveau provincial 48

1

INTRODUCTION

L'Union nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) qui a été créée dans le but d'améliorer les conditions de vie de l'ensemble des producteurs burkinabés de coton, évolue depuis plus de 3 ans dans un environnement marqué par une crise généralisée de la filière cotonnière. Cette situation affecte malheureusement l'économie du Burkina Faso qui dépend fortement des exportations du coton. La filière coton fait vivre environ trois millions de Burkinabè (Jeune Afrique, 2005). Cela exige que l'UNPCB en tant qu'organisation faitière nationale des producteurs de coton et en tant qu'acteur occupant une place de choix dans la gestion de la filière, se dote de moyens lui permettant d'évoluer vers une gestion professionnelle, notamment à travers une meilleure structuration et un renforcement des capacités de son organisation.

C'est dans cette optique qu'une étude sur la dynamique des systèmes agraires est réalisée en zone cotonnière de Koumbili. Cette étude doit montrer comment, dans un processus historique, les cultivateurs ont pu valoriser les écosystèmes de cette zone et quels sont les différents facteurs qui leurs permettent aujourd'hui de passer de la culture itinérante sur abattis-brûlis à la culture continue et à la moto-mécanisation. En d'autres termes, cette étude doit nous permettre de comprendre les transformations actuelles de l'agriculture dans le village de Koumbili. On attend également de cette étude qu'elle fournisse une description des exploitations et des systèmes de productions, une analyse du fonctionnement des systèmes de production et des facteurs qui orientent les choix stratégiques des chefs d'exploitation.

Après une présentation de la démarche mise en oeuvre pour comprendre cette dynamique, nous allons analyser l'écosystème de la zone où s'inscrivent les activités familiales. Ensuite, une approche historique permettra de comprendre les facteurs qui, au cours de l'histoire, ont engendré des transformations dans l'agriculture pour ainsi permettre de comprendre la diversité actuelle des systèmes de production et la dynamique en cours. Enfin, nous allons présenter les systèmes de culture, les systèmes d'élevage et les activités complémentaires, ainsi que les façons de les combiner au sein des systèmes de production. Cela permettra d'illustrer la dynamique et de comprendre les changements.

Le présent mémoire s'articule autour de deux chapitres. Le premier chapitre aborde la synthèse bibliographie et le second, le diagnostic agraire proprement dit.

2

CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

1 PRESENTATION DU BURKINA FASO

Situé au coeur de l'Afrique de l'Ouest, entre le 9ième et le 15ième degré de latitude Nord, le Burkina Faso est un pays intertropical à caractère soudano-sahélien nettement marqué et sans littoral (Jeune Afrique, 2005). Il est limité au Nord par le Mali et le Niger, au Sud par la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin (Figure 1, page 6).

Localisé dans la boucle du Niger, mais étroitement relié au golfe de Guinée par l'intermédiaire du grand fleuve Volta dont le bassin supérieur occupe une moitié de son espace géographique, le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé de 274 000 Km2. De 10 312 609 habitants selon le recensement de 1996, sa population est passée, d'après les estimations à 13 900 000 habitants en 2005 (Jeune Afrique, 2005). En 2008, on estimait la population à 14 761 339 (ENCARTA, 2009). Le climat appartient au type soudanien à deux saisons contrastées, une saison humide et une saison sèche de plus en plus longue au fur et à mesure que l'on va vers le Nord. Ce cycle des saisons rythme les activités des hommes (Jeune Afrique, 2005).

La majorité de la population vit de l'agriculture avec de très petites exploitations familiales dont la priorité est la production de céréales. Cette activité, pratiquée dans des conditions agro-climatiques et pédologiques difficiles, avec un système traditionnel d'exploitation extensif, se modernise aujourd'hui avec l'extension des cultures de rente (le coton est la principale culture de rente). Le secteur de l'agriculture associé à celui de l'élevage et de la pêche contribue à environ 40% du produit intérieur brut (PIB), plus de la moitié des recettes d'exportation et assure emploi et revenu à 86% de la population (Jeune Afrique, 2005).

2 DEFINITION DES TERMES COURANT

2.1 SYSTEME AGRAIRE

Le concept de système agraire est l'outil intellectuel qui permet d'appréhender la complexité de toute forme d'agriculture réelle par l'analyse méthodique de son organisation et de son fonctionnement. Le système agraire peut être constitué de deux sous-systèmes principaux : l'écosystème cultivé et le système social productif, dont il convient d'étudier les organisations, les fonctionnements, et les interrelations (Mazoyert et Roudart, 1997).

3

2.2 SYSTEME DE CULTURE

Un système de culture est une représentation théorique d'une façon de cultiver sur un certain type de champ. Il se caractérise par une homogénéité dans la conduite d'une culture sur un ensemble de parcelles : mêmes espèces, association de cultures, mêmes successions culturales, mêmes itinéraires techniques (Tousard et Belarbi, 2008).

2.3 SYSTEME D'ELEVAGE

Un système d'élevage est un ensemble d'éléments en interaction dynamique organisé par l'homme en vue de valoriser des ressources par l'intermédiaire d'animaux domestiques pour en obtenir des productions variées ou pour répondre à d'autres objectifs (Landais, 1992 cité par Moulin 2007).

2.4 SYSTEME DE PRODUCTION

Un système de production agricole est un mode de combinaison entre terres, forces et moyens de travail à des fins de productions végétales et/ou animales, commun à un ensemble d'exploitations (Reboul, 1976 cité par Touzard et Belarbi, 2008).

3 SYNTHESE DES SYSTEMES DE PRODUCTION AU BURKINA

FASO : CAS PARTICULIER DE LA PROVINCE DU NAHOURI

Le système de production gourounsi Kasséna est tourné vers l'agriculture, la cueillette, la chasse et la pêche. Les systèmes de productions agricoles du Nahouri se caractérisent par une dominance de la culture céréalière. Cependant, on remarque ces dernières années un développement des cultures de rentes. L'élevage est peu développé dans la plupart des villages et reste faiblement intégré à l'agriculture. Le calendrier des productions agricoles est fortement marqué par la saisonnalité ; la période des grandes activités agricoles se situe de juin à décembre, et débute avec les premières pluies, tandis que les mois de janvier à mars (saison sèche intense), sont caractérisés par une activité agricole quasi nulle. Toutes cultures confondues, la récolte s'étend de juillet à décembre. Mais la vraie période d'abondance se situe en novembre-décembre, tandis que la période de carence/soudure se situe en juin (Vermeulen, 2007). Selon le type d'équipements agricoles rencontrés, on distingue deux systèmes de production agricole.

Le système traditionnel de production. C'est un système extensif qui utilise des outils manuels de production (daba, machette, ...). La taille des superficies est réduite (2 à 3 ha par ménage), les rendements sont faibles et l'élevage est quasi-inexistant dans ce système. Ce système de production est tourné vers la satisfaction des besoins alimentaires de la famille. Les grandes superficies sont consacrées à la culture céréalière (sorgho, maïs, mil, etc) puis les légumineuses (arachide, niébé). Les

4

friches de longue durée demeurent le seul mode de reproduction de la fertilité. Elles sont de plus en plus rares dans la région.

Le système de production amélioré est le système le plus répandu dans le Nahouri. Ce système est caractérisé par l'utilisation des outils de traction animale ou motorisée, l'engrais minéral et organique puis des pesticides. La taille des superficies est plus importante et les rendements sont améliorés. L'intégration agriculture et élevage est plus forte. C'est une agriculture tournée en grande partie vers la commercialisation car les cultures de rente (coton particulièrement) occupent une part importante des surfaces emblavées.

4 CREATION ET ROLES DE L'UNPCB

4.1 CREATION

L'Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB) a été créée le 15 avril 1998. Elle est l'organisation faîtière des groupements de producteurs de coton (GPC). Ces groupements se sont constitués en 1996 dans le but de faciliter l'approvisionnement en intrants et matériels agricoles, la bonne gestion des crédits, l'augmentation de la production. Ces GPC, pour avoir un interlocuteur auprès des partenaires, se sont regroupés dans les départements pour créer les unions départementales et provinciales. Les représentants élus des différentes provinces cotonnières se sont réunis en assemblée générale et ont élus le bureau exécutif national.

A ce jour, l'UNPCB compte près de 10 000 GPC repartis dans plusieurs villages, 194 départements et 26 provinces soit un total de près de 325 000 producteurs.

4.2 ROLES

Depuis sa création, l'UNPCB s'est assigné plusieurs rôles. Ce sont, entre autres :

- Représenter les producteurs de coton auprès des autres acteurs de la filière ;

- Normaliser les relations techniques, économiques et financières avec les partenaires de la filière ;

- Participer à la cogestion de la filière ;

- Promouvoir la culture du coton et les cultures vivrières qui y sont associées ;

- S'impliquer dans les décisions d'octroi de crédit à la base et dans la gestion de l'endettement ;

- Informer, former, promouvoir la recherche et diffuser les innovations techniques, économiques et

sociales au service des producteurs de coton.

5

5 COTON AU BURKINA FASO, UN SECTEUR EN CRISE

5.1 ÉVOLUTION DU PRIX DU COTON

Depuis les années 1980, les variations des cours dépendent fortement du niveau de consommation et de production de la Chine. En effet, la Chine est à la fois premier ou second producteur mondial selon les saisons, et premier consommateur mondial. Ainsi, selon le niveau de production, le pays peut se retrouver alternativement en position d'importateur net ou d'exportateur net. Lorsque la Chine importe, comme cela a été le cas au cours de la première moitié des années 90, les prix sont plus élevés. Par contre, lorsque la Chine exporte, comme dans la première moitié des années 80, la fin des années 90 et le début des années 2000, les cours baissent, voire s'effondrent. (Vermeulen, 2005). Les pays africains producteurs de coton dont la production est minoritaire par rapport à celle de la Chine, subissent malheureusement les conséquences négatives de ces variations.

5.2 CRISE COTONNIERE

Depuis 2005, le Burkina Faso est le premier producteur de coton d'Afrique. La crise que connaît ce secteur depuis quelques années affecte considérablement l'économie nationale. En effet, le coton, la principale culture de rente, est le premier produit d'exportation et procure 65% des devises du pays. Le coton est la principale source de revenus pour le monde rural. Il fait vivre plus de deux millions de personnes et contribue à la formation du PIB pour plus d'un tiers (Jeune Afrique, 2005.)

Dans un environnement international défavorable à la filière cotonnière, les coton-culteurs réagissent spontanément. En effet, la chute du prix de coton, l'augmentation du prix des intrants (figure 2) et la concurrence déloyale liée aux subventions que les pays développés accordent à leurs producteurs de coton (chaque livre de coton produit aux États Unis est subventionné à hauteur de 52 cents), ont provoqué une baisse des revenus liés à la culture du coton (figure 3) (Vermeulen, 2005). Ainsi, les producteurs Burkinabès se détournent progressivement de la culture du coton, au profit de cultures plus rentables comme le soja ou le maraîchage, pour ce qui est de la zone de Koumbili.

Outre la crise du marché et la question des subventions, s'ajoutent des problèmes d'ordre structurel tels que le retard des paiements, la caution solidaire et la perte de confiance entre les producteurs et les sociétés cotonnières. Cette perte de confiance est liée à l'écart entre les prix très faibles des sociétés burkinabèes comparativement aux autres sociétés cotonnières de la sous-région. Tout cela contribue davantage à démotiver les producteurs. Une autre difficulté comme le non respect de certains engagements tels que le délai de paiements des producteurs, risquent de fragiliser durablement la croissance économique et sociale des producteurs Burkinabès (AFD, 2008).

F CFA

Figure 1 : Localisation de Koumbili.

Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/gif/burkina.gif.

Koumbil

Campagne agricole

6

Figure 2 : Variation du prix des intrants de coton. Données : Faso coton - Pô.

F CFA

 

7

Campagne agricole

Figure 3: Variation du revenu lié à la culture du coton (1ha) Données : Faso coton - Pô.

8

CHAPITRE 2 : DIAGNOSTIC AGRAIRE DANS LE VILLAGE DE

KOUMBILI

1 MATERIELS ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE

1.1 MATERIELS

1.1.1 Le milieu physique

1.1.1.1 Localisation géographique

Situé à environ 186 km au sud de Ouagadougou en passant par Pô et à 36 km à l'ouest de la ville de Pô, sur la route nationale 25 qui relie Pô à Léo, le village de Koumbili appartient au département de Guiaro qui relève administrativement de Pô. La zone d'étude fait partie de la province du Nahouri, elle-même incluse dans la région du Centre-sud dont le chef lieu est Pô. Vaste de 119, 62 km2, la zone d'étude est limitée au nord par les villages de Bouala, Bouya et de Guiaro, à l'est par celui de Boassan et au sud par le Ranch de gibier de Nazinga (RGN) (Lompo et Wetta, 1994). Elle comprend six hameaux de culture qui se différencient par leur mode de mise en valeur.

1.1.1.2 Le climat

Les activités de la zone d'étude sont influencées par un climat de type soudanien. La zone soudanienne ou zone Sud-soudanienne, délimitée au nord par l'isohyète 900 mm, occupe tout le sud. C'est la plus humide du pays avec une saison des pluies qui dure six mois et des maximas pouvant aller jusqu'à 1 300 mm par an et même plus (Jeune Afrique, 2005) (Figure 4). C'est une des zones les plus arrosées du pays avec une saison des pluies s'étendant de mai à septembre et une saison sèche longue d'octobre à avril. Les périodes de fortes températures se situent en mars-avril (31,9° C) et celles de fortes précipitations sont juillet et août (respectivement 211,1mm et 283,9 mm) (Figure 5).

Ces dernières années, on enrégistre de grandes variations de précipitations d'une année à l'autre. Ces variations ont des conséquences sur les activités agricoles des populations. En effet, la saison des pluies se raccourcie et les agriculteurs doivent adopter de nouvelles variétés plus adaptées. La violence des pluies fait qu'il est de plus en plus difficile de cultiver dans les bas-fonds et les voies d'eau au risque de tout perdre après une pluie.

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Figure 4: Aperçu des différentes zones climatique du Burkina Faso. Source : Jeune Afrique, 2005

Mois

Figure 5: Diagramme ombrothermique de 2001 à 2008. Source : Donnée de la station météorologique de Pô 2009.

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1.1.1.3 Sols et végétation

Les sols généralement rencontrés sont de types ferrugineux tropicaux lessivés sur matériaux sableux, sablo-argileux ou argilo-sableux. Ils se développent sur des matériaux riches en argile kaolinique, et se caractérisent par une richesse en oxydes de fer et hydroxydes de fer et de magnésium, qui leurs donnent une couleur rouge ou ocre (Jeune Afrique, 2005). On distingue trois (3) grands types de sols :

- Le sol argilo-sableux occupe la majeure partie du terroir de Koumbili ; - Le sol gravillonnaire qui est composé majoritairement de gravillons ; - Le sol argileux qui présente une texture argileuse dans son ensemble et difficile à travailler.

L'appellation des différents types de sols varie en fonction des ethnies que l'on rencontre dans la zone (Tableau I).

Tableau I : Appellation des sols en langues locales.

Types de sols Appellation kasséna Appellation mossi

sol argilo-sableux boultiga Biinsir-tenga

Sol argilo-gravillonnaire kaworo Koug-tenga

Sol limono-argileux boloh bolé

Les forêts sont claires et contiennent une forte proportion d'arbres de taille petite ou moyenne, dont les cimes sont plus ou moins jointives. Les savanes sont issues de la dégradation de la végétation primaire. Selon la densité et la taille des végétaux ligneux en rapport avec le degré de dégradation, elles peuvent être boisées, arborées ou arbustives. Le tapis herbacé est constitué d'espèces annuelles dont les plus répandues sont Andropogon gayanus et Pennisetum pedicellatum.

1.1.1.4 Hydrographie

Le réseau hydrographique est constitué de cours d'eau temporaires qui sont des affluents des fleuves de la Sissili, et du Nazinon. Le Kodaré, le Boulou et le Dawévélé sont les cours d'eau les plus importants de la zone, mais malheureusement, depuis quelques années ils s'assèchent progressivement. Ces cours d'eau coulent du nord au sud où ils traversent les frontières de Nazinga.

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1.1.2 Le milieu humain 1.1.2.1 Démographie

La zone d'étude abrite principalement trois ethnies : les Gourounsi Kasséna qui sont la population autochtone puis les Mossi et les Peulh qui constituent les populations allochtones. Ces trois ethnies occupent des aires géographiques différentes. La population était estimée à 6 000 habitants en 2006, selon les résultats provisoires du récensement général de la population et des habitats (RGPH). Elle a connu de fortes vagues migratoires ces dernières années, liées aux effets du changement climatique et à la crise ivoirienne. En effet, la baisse de la pluviométrie dans les régions plus au nord (plateau Mossi et Sahel), a provoqué le déplacement des populations vers le sud du pays , à la recherche de terres plus fertiles ou de fourrage pour les animaux. La crise ivoirieenne a entrainé le retour progressif de nombreux Burkinabès. Selon les données recueillies à l'Institut National des Statistiques et du Dévéloppement (INSD), en 1985, le village comptait 210 habitants, onze ans plus tard, soit en 1996, on dénombrait à Koumbili 265 habitants. Un récensement réalisé en 2004 dans la province du Nahouri a dénombré 1 990 habitants pour ce village (Tableau II). Cette augmentation rapide de la population entraine une forte pression foncière qui oblige les immigrés à cultiver en continue depuis 2002. À ce jour, les immigrés sont les plus nombreux en termes d'effectif et occupent parfois des zones à litiges (cas de Lam, Djédiga et une partie de Kabayaro, situées en zone protégée).

Tableau II : Taille de la population de Koumbili suivant les années.

Année

1985

1996

1998

2004

2006

habitants

210

265

308

1 990

6 000

Source : INSD (1985, 1996 et 2006) : rapport de la préfecture de Guairo (1998) : rapport de la province du Nahouri (2004).

1.1.2.2 Organisation socio-politique

Le village dispose d'un chef qui assure des fonctions proprement politiques. Le pouvoir étant centralisé, il représente le village dans les différentes cérémonies et a un pouvoir de décision. Il est garant de l'ordre social. Autrefois, il était assisté par des notables ou le conseil des anciens (encore appelé collège des doyens par certains) qui l'aidait dans la réalisation des tâches, mais aujourd'hui cette seconde unité n'existe plus. La fonction de chef de terre est aussi assurée par le chef du village qui exécute les sacrifices dédiés à la terre et ceux d'attribution de terre. Cette fonction, autrefois, était assumée par une personne autre que le chef du village et la gestion du foncier était sous double tutelle du chef de village et du chef de terre. Le délégué administratif villageois (DAV) représente le pouvoir

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moderne. Il est le répondant du préfet au niveau du village et sert de liaison entre l'administration et le village.

1.1.3 Organisation agraire

Les activités agricoles et d'élevage s'effectuaient auparavant dans le cadre d'une exploitation dirigée par un seul chef de famille, lequel avait à son service une main d'oeuvre nombreuse. Actuellement, comme dans d'autres régions rurales, du fait du processus d'individualisation progressive qui s'est mis en place avec l'évolution, on assiste à des réformes foncières successives et à de nouveaux modes de régulation de l'activité économique. Les unités d'exploitation agricole se sont réduites peu à peu.

1.1.3.1 Organisation des travaux agricoles

Selon Vermeulen (2007), les activités agricoles sont réalisées avec des tâches reparties en fonction du genre. En effet, entre février-mars les activités de nettoyage des champs sont des tâches réservées aux hommes de même que le labour à la houe ou à la charrue (entre avril-maï). Les semis sont généralement faits par les femmes sauf celui du coton qui est mixte. Le sarclage des champs est globalement une activité des hommes. La surveillance diurne pour lutter contre les singes et les oiseaux, est confiée aux enfants. La récolte est une activité mixte, mais principalement supportée par la femme.

Aujourd'hui, face aux exigences d'une agriculture qui se modernise, les femmes occupent un rôle de plus en plus important dans l'exécution des activités agricoles. En effet, les femmes possèdent de petits champs sur lesquels elles produisent des plantes potagères, du sorgho rouge, de l'arachide et parfois du coton dont une partie de la production est destinée à la vente afin d'obtenir les revenus nécessaires à la satisfaction de leur besoins.

L'entraide est une forme de solidarité traditionnelle qui permet aux agriculteurs de satisfaire les différents calendriers culturaux. Elle est principalement demandée lors du sarclage du coton, dans les mois de juin ou juillet selon la date de semis, et aussi pour la récolte des céréales et du coton. Les exploitations qui en font la demande sont généralement celles qui possèdent de vastes superficies et un nombre d'actifs réduit.

13

1.1.3.2 Mode de gestion du foncier

Le statut d'appartenance à la collectivité villageoise de Koumbili conférait autrefois à tout autochtone du village un droit tacite d'usage de la terre. Aussi, la défriche ne conférait en aucun cas à l'autochtone le droit d'appropriation de l'espace concerné. Une fois que la terre était mise en jachère, elle réintégrait le patrimoine foncier du village.

La gestion du foncier à Koumbili était sous la double tutelle du chef du village et du chef de terre. Le chef de terre pouvait conférer à tout étranger demandeur de terre, un droit d'exploitation sur un espace du village sans un avis ou autorisation préalable du chef de village. Quant au chef du village, il avait tout le pouvoir d'octroi d'une terre agricole et d'un site d'habitation à tout étranger qui désirait s'installer dans le village (Lompo et Wetta, 1994). Tout étranger qui désirait exploiter une terre ou s'installer dans le village de Koumbili devait remplir des conditions bien définies. En aucun cas une personne en situation d'emprunt de terre ne peut prétendre à une appropriation de celle-ci. La terre, patrimoine précieux ne se vendait pas.

1.1.4 RGN et population de Koumbili : une coexistence difficile

Pour les populations rurales périphériques, la coexistence avec ces immenses animaux constitue un problème récurrent. Capables de dévaster les cultures d'une année en une seule nuit, les éléphants de Nazinga sont perçus par les populations comme une menace pour la sécurité alimentaire (Vermeulen, 2007). Cependant, lorsque des boeufs de paysans sont surpris entrain de pâturer dans le périmètre du ranch, ils sont soit abattus systématiquement, soit les propriétaires sont taxés de fortes amendes.

Selon l'agent de la zone d'appui technique (ZAT), le conflit foncier qui opposent les deux parties est atroce. En effet, la partie du village concernée est vaste d'environ 50 000 ha et toute activité agricole devrait être proscrite. Cela représente un problème majeur pour les populations qui y vivent car 4 945 habitants seraient menacés de déguerpissement. En décembre 2007, un communiqué radiodiffusé appelait les populations concernées à quitter les lieux. Les hameaux de culture concernés sont : Lam, Djédiga et une partie de Kabayaro. Ces terres étant des zones de très forte production cotonnière, il va sans dire que la production cotonnière est sérieusement ménacée, ce qui explique l'inquiétude des responsables de la filière dans la zone. Cette situation fait que les paysans concernés, craignant d'être déguerpis d'un moment à l'autre, ne s'investissent pas dans la réalisation d'infrastructures agricoles (compostières, fausses fumières...), ce qui affecte forcément leurs rendements agricoles.

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1.1.5 Matériel humain et logistique

Ce stage a été réalisé en binôme d'étudiants franco-burkinabè. Le travail en binôme a permis de combiner les compétences de chacun.

Le logement a été fourni par l'école de Koumbili, situé au niveau de Koumbili-centre. Une moto a été mise à disposition par l'UNPCB pour les déplacements.

Un interprète a été engagé et les entretiens se faisant soit en mossé ou en kasséna. Cette personne a l'habitude de jouer le rôle d'interprète dans le village. Le travail s'est bien passé, malgré quelques difficultés dans la traduction.

Le village n'étant pas électrifié, la saisie informatique des données a commencé après la phase terrain. Cette saisie s'est effectuée à l'aide de logiciel WORD 2007 et l'analyse des données a été faite avec le logiciel EXCEL 2007.

1.2 METHODOLOGIE DE L'ETUDE

1.2.1 L'approche systémique

L'approche systémique vise l'analyse des relations, la mise en évidence des niveaux d'organisation, à l'éclairage multidisciplinaire dépassant la spécialisation des sciences et le cloisonnement des savoir (INRA-SAD, 1980 cité par Tousard et Belarbi, 2008). Elle se différencie de l'approche analytique en ce sens qu'elle s'intéresse aux interactions entre éléments, considère les effets des interactions, s'appuie sur la perception globale, modifie des groupes de variables à la fois et conduit à un enseignement pluridisciplinaire et à une action par objectif (Tousard et Belarbi, 2008).

Appliquée à l'agriculture, l'approche systémique devient une méthode de diagnostic agraire dont l'objectif principal est d'identifier et de hiérarchiser les différents éléments qui conditionnent l'évolution des systèmes de production agricole. L'approche systémique permet de comprendre comment les éléments agro-écologiques, techniques et socio-économiques sont reliés aux transformations de l'agriculture. Il s'agit aussi de définir les contraintes auxquelles sont soumis les agriculteurs et de comprendre les moyens qu'ils ont mis en oeuvre pour s'y adapter. Cette approche va de la définition de la structure d'une exploitation agricole, avec l'étude des systèmes de culture et des systèmes d'élevage, jusqu'à la mise en évidence des processus de dynamique agraire au niveau d'une région homogène. Cette méthode est utile lorsque les conditions ne permettent pas d'effectuer des enquêtes statistiques, qui demanderaient beaucoup plus de temps. L'approche systémique a pour

15

finalité d'améliorer la définition des actions et projets d'appui destinés à accompagner les étapes futures de la transition agraire.

1.2.1.1 La lecture de paysage

La lecture du paysage aide à décrire l'écosystème exploité et à identifier les liens existants entre milieu biophysique, occupation humaine et mode d'exploitation du milieu. Elle permet également de se rendre compte que l'organisation de l'espace résulte de ces liens, en délimitant et caractérisant différentes unités homogènes. Pour cela, l'ensemble de la zone a été parcouru à pied et à moto pour identifier les différentes zones agro-écologiques. A l'issue de cette étape, des hypothèses relatives à la localisation des activités agricoles pratiquées et au choix des zones les plus pertinentes à enquêter peuvent être formulées. Cette phase de l'étude sera complétée tout au long des autres étapes, notamment à partir des premières pluies où le paysage change radicalement, et où il devient possible d'identifier les espèces végétales cultivées, les pratiques culturales, les équipements utilisés, etc.

1.2.1.2 L'étude de l'histoire agraire

Cette deuxième étape est la plus déterminante de notre étude. Elle permet de comprendre ce qui a été observé lors de la lecture du paysage. Cette étape réalisée au cours d'entretiens semi-directs avec les anciens du village, a permis d'élaborer une pré-typologie des systèmes de production actuels. L'expérience des anciens a permis d'identifier les grandes étapes de l'évolution du mode d'exploitation du milieu afin d'expliquer la diversité des systèmes de production observés actuellement.

1.2.1.3 La recherche bibliographique

La recherche de documents complémentaires débute à ce niveau d'avancement de l'étude. En effet, à ce stade de l'étude, les hypothèses à vérifier et les données historiques difficiles à obtenir par enquêtes (datation des faits par exemple) ne peuvent être obtenus avec précision qu'à travers la documentation. Un point de vue ayant été construit, un regard critique peut être porté sur les informations secondaires. La recherche bibliographique prend fin à la veille du dépôt de la version finale du mémoire.

1.2.1.4 L'étude des systèmes de culture et d'élevage

Après avoir identifié la diversité des activités agricoles et d'élevages pratiqués, des entretiens sont menés auprès des agriculteurs dans le but d'identifier les différents systèmes de culture et d'élevage. L'identification de ces derniers permet d'affiner la compréhension des modes actuels d'exploitation du milieu afin d'évaluer par la suite les performances économiques de ces différents

16

systèmes. L'étude précise des systèmes les plus répandus et de la manière dont ils se combinent permet d'avoir une vision d'ensemble des pratiques. Une quarantaine exploitations a été enquêtée.

1.2.1.5 L'étude des systèmes de production

L'étude des systèmes de production concerne l'étude des systèmes de culture et d'élevage qui ont été ciblés comme principaux systèmes de production. Cela a permis d'évaluer les performances économiques. L'analyse des systèmes de production s'est déroulée à travers des entretiens réalisés auprès des agriculteurs. Ces entretiens ont permis aussi de comprendre le fonctionnement global de chaque système de production. Le choix des exploitations enquêtées a été orienté par les grands types mis en évidence au cours de l'analyse de l'histoire agraire (la typologie).

Pour repérer les exploitations les plus en difficulté, le "seuil de survie" dans le village a été évalué. Il correspond au revenu minimum nécessaire pour satisfaire pendant une année les principaux besoins d'une famille.

1.2.1.6 Calcul du seuil de survie

? Consommation alimentaire

Céréale ; 0,25 plat * 375f * 360j = 33 750f/an.

Condiment pour préparation de sauce (sel, oignon, gombo séché, soum bala...)

: 100 *360j = 36 000f/an.

Sucre: 25f *360j =9 000f/an.

? Autres consommations

Savon: 2 *125f *12 = 30 000f/an Vêtement: 10 000f/an.

Chasseurs: 1500f * 2= 3 000f/an Éclairage: 60f *360j =21 600f/an.

? Consommation totale: 33 750 + 36 000 + 9 000 + 30 000 + 10 000 + 3 000 + 21 600 = 114 000f/an.

Un actif à 0,5 dépendant à sa charge, chaque actif est donc chargé pour produire : 114 000 * 1,5. Le seuil de survie à koumbili est donc : 171 000f/an.

1.2.2 Présentation des formules utilisées dans les différents calculs

Pour l'étude des performances des systèmes de culture, l'estimation de la productivité de la terre et du travail a été réalisée à l'aide de la formule suivante :

La Valeur Ajoutée Brute ou VAB est constituée du produit brut diminué des consommations

intermédiaires. C'est la richesse créée par le système de culture.

VAB = Produit Brut (PB) - Consommations Intermédiaires (CI)

Le Produit Brut correspond à la valeur de production annuelle finale, c'est-à-dire aux quantités

produites finales, multipliées par le prix unitaire de chaque production, quelle que soit leur destination.

PB = quantité totale effectivement produite par le système * prix unitaire

CI = quantité de biens et services consommés (détruits) au cours de la production * prix unitaire

La productivité de la terre est la VAB d'un système de culture ramenée à la surface. Cette

variable permet de comparer les systèmes de culture en termes de richesse produite par unité de

surface. Elle traduit souvent le caractère plus ou moins intensif du système de culture.

VAB/ha : productivité de la terre ;

La productivité du travail ou VAB/Hj est la VAB d'un système de culture ramenée à la quantité

totale de travail nécessaire. Elle permet de mesurer la richesse créée par journée de travail investie

dans ce système de culture.

VAB/hj : productivité du travail. Hj/ha : intensité du travail.

Les formules suivantes ont été utilisées dans l'étude des performances technico-économiques

des systèmes d'élevage.

VAB = PB - CI.

PB = somme des valeurs de tous les produits finaux, issus annuellement du troupeau.

CI = les coûts annuels d'achat d'aliments + les coûts en soins vétérinaires

Productivité Numérique = Fécondité * (1 - TM des jeunes)

Fécondité = Taux de mise-bas * Prolificité

Prolificité = Nombre de naissance / mise-bas

Taux de mise-bas = Nombre de femelles mettant bas / Nombre de femelles mises à la reproduction.

A ce stade, il importe d'évaluer le Revenu Agricole (RA) réellement produit par le fonctionnement des exploitations pour connaitre les gains disponibles pour la famille. Ils sont issus des systèmes de culture, des systèmes d'élevages et d'activités complémentaires.

17

RA = VAN- (Salaires + Impôts + Taxes + Intérêts du capital + Rente foncière - Subventions)

18

VAN (Valeur Ajoutée Nette) = VAB totale - Amortissements économiques VAB totale = Ó (PB-CT).

Pour analyser les performances techniques et économiques des systèmes de production, les exploitations ayant accès aux mêmes facteurs de production (terre, travail et capital) et présentant la même combinaison de systèmes de culture et d'élevage ont été regroupées. Pour comparer les exploitations entre-elles, le revenu agricole est rapporté au nombre d'actifs. Les résultats sont représentés en fonction de la Surface Agricole Utile (SAU) rapportée elle aussi au nombre d'actifs.

RA/actif = RA / Nombre actif familiale.

SAU/actif = SAU / Nombre d'actif familiale.

1.2.3 Présentation du questionnaire

Les personnes interrogées dans le cadre de l'étude ont été soumises aux questionnaires suivants.

Fiche n° 1 : l'évolution historique de l'agriculture

1. Comment était le paysage de l'époque, dans les différentes unités agro-écologiques identifiées lors de la première étape ? (milieu physique, sol, eau, végétation, faune sauvage, culture, habitats, réseaux

routiers...) ? / /

2. Quelles étaient les espèces végétales exploitées, les espèces spontanées, les variétés, comment

étaient-elles reparties dans l'espace ? / /

3. Quels étaient les modes de conduite des parcelles ? / . /

4. Quels étaient les outillages utilisés ? / /

5. Quelles étaient les espèces et les races animales exploitées ? / /

6. Quelles étaient les ressources fourragères et le mode de conduite du troupeau ? / /

7. Quel était le mode de reproduction de la fertilité du milieu ? / /

8. A l'échelle du village, combien d'habitants y avait-il ? / /

10. De quelle origine étaient-ils ? / /

11. Que consommaient-ils ? / /

12. Quelles étaient les autres activités non agricoles pratiquées dans le village ? / /

13. Quelle était la structure des exploitations : main d'oeuvre disponible ? / /

14. Quelle surface était exploitée par quelle famille, dans quelle partie de l'écosystème ? / ../

15. Quelle était la diversité des exploitations, en fonction de leurs caractéristiques foncières, leur

équipement... ? / ./

16. Quelles sont les évolutions et les évènements locaux intervenus ? / /

17.

19

Quelles sont les évolutions de l'environnement économique, social et politique ? / /

18. Quelles sont les transformations techniques que l'on peut mettre en rapport avec ces évènements et

tendances ? / /

Fiche n° 2 : Les caractéristiques techniques d'un système de culture

19. Dans quelles parties de l'écosystème sont situées les parcelles ? / /

20. Quelle est leur topographie, leur altitude, leur sol, ...? / /

21. Quelles sont les espèces et les variétés cultivées ? / ./

22. Comment sont-elles choisies ? / /

23. Les espèces sont-elles associées ou en culture pure ? / /

24. Y a-t-il un ou plusieurs cycles pratiqués sur une même parcelle au sein d'une année ? / /

25. Quelles sont les successions culturales sur plusieurs années ? / /

26. Les parcelles sont-elles mises en valeur de la même façon toute l'année ? / ./

27. Si non, quelle est l'alternance ? / /

28. Existe-il une périodicité des assolements ? / ./

29. Sur combien d'années ? / ./

30. Quel (s) est (sont) le (s) itinéraire (s) technique (s) pratiqué (s) ? / ./

31. Quelle est pour chaque opération la fenêtre de temps disponible ? / /

32. La quantité de travail nécessaire pour chaque opération ? / ./

33. Qui la réalise et à quel coût ? / /

34. Comment les paysans assurent-ils la reproduction de la fertilité ? / /

35. Quels sont les produits et sous-produits obtenus ? / /

36. Quel est le volume de produit obtenu au sortir du champ ? / /

37. Y a t-il des pertes au transport ou au stockage ? / /

38. Quelles sont les limites techniques du système ? / /

Fiche n° 3 : Les systèmes d'élevage

39. Quel est le type d'animaux élevés ? / /

40. Quelles races et caractéristiques génétiques ? / /

41. Quel est l'âge et le sexe des animaux ? / /

42. Quel est leur effectif par tranche d'âges ? / /

43. Quel est le type d'élevage ? / /

44. Naisseur ou naisseur-engraisseur ? / /

45.

20

Comment gérez-vous la reproduction ? / /

46. Monte libre ou monte contrôlée ? / ./

47. Quel est l'âge de la mise à la reproduction ? / /

48. Quelle est la durée de la gestation ? / /

49. Quelle (s) est (sont) la (les) période (s) de mise bas ? / /

50. Groupées ou non ? / /

51. Quels sont les critères de choix des reproducteurs ? / /

52. Âge de reforme des mâles et des femelles ? /

 

/

53. Quel est l'intervalle entre les mises bas ? /

 

/

54. Nombre de petits par portée ? /

 

/

55. Taux de mortalité ? /

 

/

56. Quel est l'âge à la reforme des mères ? /

 

/

57. Quels sont les produits obtenus de l'élevage ? /

 

/

58. Combien de mois dure la lactation ? /

 

/

59. La quantité moyenne de lait produit par femelle par jour ? /

 

/

60. Quel est l'âge de vente des mâles ? /

 

/

61. Quel est l'âge de vent des femelles ? /

/

 

62. Prix de vente à chaque âge ? /

 

/

63. Quel est l'âge de reforme des mères ? /

 

/

64. Quel est l'âge de reforme des mâles ? /

 

/

65. Combien de mâles y a-t-il dans le troupeau ? /

 

/

66. Quel est le nombre d'oeufs par poule ? /

 

/

67. Le prix d'un oeuf ? /

 

/

68. Comment les éleveurs assurent-ils l'abreuvement des animaux ? /

 

/

69. Qui s'en occupe ? /

 

/

70. Quel espace fourrager est utilisé et à quelle période ? /

 

/

71. Quelles sont les autres produits qui entrent dans l'alimentation des animaux ? /

 

/

72. Qui garde les animaux ? /

 

/

73. Y a-t-il embauche de main d'oeuvre supplémentaire ? /

 

/

74. Y a-t-il des risques sanitaires ? /

 

/

75. De quelle nature ? /

 

/

76. Comment les éleveurs prennent-ils en charge les animaux malades ? /

 

/

77. Comment les éleveurs assurent-ils le repérage des cas de mortalité ? /

 

/

78. Les éleveurs font-ils des traitements préventifs selon un calendrier saisonnier ? /

 

/

 

79.

21

Vaccinent-ils leurs animaux ? / /

80. Les éleveurs ont-ils un enclos pour la nuit ou un enclos saisonnier ? / /

81. Les animaux appartiennent-ils à un seul où à plusieurs propriétaires ? / /

82. Quelle est la nature des contrats des bergers ou des gardiens ? / /

1.2.4 La restitution

Une présentation des résultats de nos travaux a été réalisée à la fin de la phase de terrain. Elle était destinée aux agriculteurs de la zone étudiée, ainsi qu'aux agents des services techniques concernés. Elle avait pour but de valider les hypothèses et analyses effectuées, et d'initier discussions et débats concernant la dynamique agricole actuelle et future. Environ une cinquantaine de personnes de statuts divers était présentes à la restitution.

1.3 LES RESULTATS OBTENUS

1.3.1 La lecture de paysage

1.3.1.1 Le village de Koumbili : un mode de construction qui tient compte de la production

agricole

Au centre du village, les habitats sont dispersés. Les maisons construites en banco sont de forme circulaire ou rectangulaire. Quand elles sont circulaires, les toits sont en chaume et quand elles sont rectangulaires, les toits sont fait en tôle ou en banco avec une architecture propre aux kasséna. Les greniers construits en bois et en chaume, sont arrondis et de petite taille. Cela donne une idée de la faiblesse des productions agricoles.

A l'ouest du village, les habitats sont regroupés et les constructions ont la même forme puis les toits sont fait en chaume ou en tôle. La taille des greniers est plus grande.

Le village de Koumbili a un relief assez accidenté (figure 6) et cela influence les activités agricoles. En effet, on observe à la fois des plateaux, des glacis (pentes) et des bas-fonds entre-coupés par des ravines. Cependant dans certains hameaux de culture le relief est relativement plat. Des friches a combretum de trois à quatre ans sont nombreuses dans le centre du village. La présence de cordon pierreux dans le quartier Kasséna (à l'est du village) montre que dans un passé récent ces parcelles étaient mises en valeur. Cela fait penser à la pratique de la jachère. Les espaces nouvellement défrichés se rencontrent à un rayon de 3,5 Km du centre du village. Les branches des arbres abattus y sèchent en tas, autour des souches avant d'être brûlées. La technique d'abattis-brulis est probablement pratiquée dans cette partie du village. Cela ressemble à un retour aux champs de brousses.

Hauteur

Distance

22

A.S : Sol argilo-sableux, A.G : Sol gravillonnaire, L.A : Sol limono-argileux. Figure 6: Transect montrant les différents types de sols

Dans le quartier Mossi et dans les hameaux de culture, plus à l'ouest du village, sur des parcelles nues autour des cases trainaient encore des résidus de récoltes entre les billions. Cela témoignent de l'utilisation des champs de case dans cette partie du finage villageois et de la pratique des semis en ligne. Il est fréquent de rencontrer sur les parcelles des espèces arborées protégées (karité, néré, raisinnier...) et des petits ruminants en divagation. Les friches et les zones non cultivables où affleurent la latérite (mais où des formations herbacées persistent) servent aussi de lieu de pâture pour le bétail. Des résidus de récolte empilés sur des hangars servent à l'alimentation du bétail en saison sèche.

Le coton est de loin la culture la plus fréquente, suivi du maïs et du sorgho qui occupent des surfaces assez importantes. Ces cultures sont réalisées au niveau des plateaux et les glacis. Les sols hydromorphes qui se forment dans les bas-fonds, les voies d'écoulement d'eau (kossoré en moré) ou encore les zones d'inondations sont occupées par le maïs, le riz ou le maraîchage. Autrefois moins convoités (parce qu'ils étaient difficiles à travailler), ces sols sont aujourd'hui très prisés pour leur capacité à retenir l'eau dans un contexte de baisse continue de la pluviométrie.

1.3.1.2 La végétation

La végétation est de type savane arborée mais on y trouve aussi des arbustes. Elle est encore éclaircie par de nombreuses défriches récentes. On y rencontre des espèces telles que le karité (Butyrospermum parkii) épargné dans les parcelles cultivées pour ses propriétés utilitaires, le néré (Parkia biglobosa) qui est plus rencontré au centre du village, le caïlcédrat (Khaya senegalensis) et diverses autres espèces soudaniennes remarquables à mesure que l'on avance vers le sud. Ceci est lié au fait que cette partie du finage villageois a échappé pendant un moment aux activités agricoles, à cause des relations conflictuelles entre la population et les gestionnaires du RGN. De plus, les

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graminées pérennes, (Andropogon gayanus, Cymbopogon sp), deviennent abondantes et forment un tapis généralement continu visible en saison pluvieuse.

1.3.1.3 Les formations pédologiques à l'origine du mode de mise en valeur

Le sol est une couche superficielle, meuble, d'épaisseur variable, résultant de l'altération des roches superficielles (roche mère) par divers processus et de l'accumulation des produit d'altération (HACHETTE, 2000). Sur le terroir de Koumbili on rencontre plusieurs types de roches qui peuvent être d'origine volcanique ou plutonique et qui ont subi l'action de l'altération pour donner aujourd'hui des sols constitués d'horizons latéritiques, dans la majeure partie du village. La figure 7 ci-cessous montre un profil de sol réalisé dans une ravine, au centre du village.

On rencontre généralement les sols sablo-argileux sur les plateaux. Sur les glacis les sols gravillonnaires contiennent des proportions en argile plus ou moins importantes selon le dégré d'érosion du sol, et les sols argilo-limoneux constituent l'élément pédologique des bas-fonds. Le mode de mise en valeur de ces sols dépend des moyens matériels de l'agriculteur.

L'appellation des sols en langues locales est basée sur la prédominance des éléments grossiers de ces sols. Ainsi, les sols sablo-argileux, sont qualifiés de sableux, les sols gravillonnaires-argileux de gravillonnaires et les sols argilo-limono d'argileux.

 
 

Horizon perturbé : 23 cm (Sol gravillonnaire)

 
 
 

Cuirasse latéritique : 75 cm

 
 
 
 

Couche d'argile : 145 cm

 
 

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Figure 7 : Profil de sol réalisé dans une ravine lors de la lecture de paysage.

1.3.2 Histoire agraire du village de Koumbili 1.3.2.1 Une agriculture de subsistance

Avant le XVIème, l'espace géographique de l'actuel Koumbili était occupé par trois petits villages Kasséna : Kadawôro, Tonon et Tambi. Dans les villages de Kadawôro et de Tonon, on cultivait le petit mil, le riz, le sorgho, le maïs sur de petites surfaces très fertiles avec des friches de longue durée (plus de 20 ans), après abattis-brûlis (défriche brûlis). Dans le village de Tambi occupé par les forgerons, on fabriquait le matériel agricole composé de dabas, haches, machettes... et le matériel de chasse. L'agriculture de type manuel se pratiquait dans une forêt dense dans laquelle résidait une faune sauvage importante. Les champs se limitaient juste autour des cases et la production était destinée uniquement à l'autoconsommation. Les fruits de la cueillette et de la chasse complétaient aussi l'alimentation.

1.3.2.2 La création du village

Au cours du XVIème siècle, suite à un conflit de chefferie à Loumbila (30 km de Ouagadougou sur le tronçon Ouaga-Kaya), un prince Mossi et sa suite sont venus s'installer à Boassan, à 6 km de

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l'actuel Koumbili. Ils étaient en partance pour le Ghana voisin où ils comptaient rejoindre des frères. Les trois autres princes Mossi à l'origine du conflit sont partis s'installer l'un vers Kongoussi, un autre vers Tiébélé, et le dernier est resté à Loumbila. Selon la tradition mossé, après un tel conflit, ceux qui n'ont pas pu accéder au trône doivent quitter le village. Le prince guerrier aida alors les Boassan à combattre leurs ennemis, les Koum. Ceux-ci le baptisèrent Assanga (de « Saana, « étranger » en Mooré) et l'invitèrent à s'installer à Boassan, mais il se rendit compte que ses chevaux ne s'abreuvaient plus quand ils rentraient du pâturage. Il les suivit et découvrit une marre cachée par des nénuphars, dans la forêt, à 6 km à l'ouest de Boassan. Il enlèva une motte de terre de la marre : selon la tradition, ayant été découvert, le point d'eau aurait eu "honte" et n'a plus "disparu". A l'invitation des Boassan, Assanga refusa et décida de s'installer, près du point d'eau nouvellement découvert, car son cheval est son compagnon de guerre et il doit donc le suivre. Le chef de Boassan lui fournit donc de l'aide pour bâtir un hangar, il fait aussi agrandir le point d'eau qui devient un marigot nommé Assangaboulou (marigot d'Assanga en langue Kasséna) et demande à Assanga de venir le voir plus tard. Il défriche la zone pour avoir une meilleure visibilité, et construit sa demeure a côté de marigot (emplacement de la maison du chef actuel). Il retourne voir le chef de Boassan comme convenu, qui lui donne une des deux fétiches protecteurs de son village : Kourala.

Sa notoriété de guerrier l'aillant précédé, les trois villages des alentours se rallient à lui. Il s'agit des Kassenas de Kadawôro et Tonon (cultivateurs : petit mil et sorgho sur de petites surfaces très fertile, après abatis-brûlis) et de Tambi (forgerons : fabrication de dabas, haches...), qui deviennent guerriers. Il construit ensuite une grande butte pour voir venir les ennemis. En temps de guerre, il s'y place et abat ses ennemis, qui roulent morts au bas de la butte, soit en mooré « kouum-n'bilisden » (les morts qui roulent), d'où le nom du village « Koumbili ». Les habitants, qui de cultivateurs sont devenus guerriers, vivent désormais des produits du pillage des villages alentours, vaincus grâce au fétiche. Les boeufs issus du pillage lui sont sacrifiés et les queues lui sont attachées. Les habitants des villages conquis deviennent ses esclaves. Ils travaillent au champ et gardent ses chevaux. Les gardiens des chevaux découvrent par ailleurs le néré dans les pâtures éloignées vers Kouloga, dont ils ont gouté et apprécié le fruit (ils faisaient une pâte avec de l'eau). Seules les femmes du chef avaient le droit de l'exploiter.

La langue locale est restée le Kassena car Assanga a pris des épouses du village. Ces conquêtes lui ont permis d'agrandir ses terres, et à sa mort il laisse un vaste territoire. Il est enterré dans un tombeau sacré, « Yogo » (tombeau en mossi), qui a ensuite donné son nom à la famille royale.

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Plusieurs chefs lui succèdent, accompagnés dans leur tâche par le Conseil des Anciens et les Amis du Chef (désignés au moment de son intronisation, toujours dans la même famille).

Vers la fin du XIXème siècle, Attiga Yerperga, le 11ème chef de Koumbili, conquiert plusieurs villages dont les populations travaillent pour lui et lui livrent une partie de leur récolte et des animaux pour les sacrifices. A cette époque (1860-1899), le village était attaqué par les Djerma, esclavagistes venus du Niger. N'arrivant pas à les vaincre, le chef, malade, fit alors appel à l'alliance avec Mogho Naba, roi des Mossé basé à Ouagadougou, qui lui envoie des émissaires, ce qui suffit à repousser les ennemis. C'est à cette période que le blanc arrive à Ouagadougou (vers 1887). Lorsque le blanc arrive à Koumbili, il vainc définitivement les Djerma et prône la fin des guerres entre royaumes.

Un chef de terre est désigné parmi les autochtones (le chef de village est d'origine Mossi et ne peut donc pas faire les sacrifices d'attribution des terres). De nouvelles cultures sont alors introduites : igname, patate et coton, qui était filé pour faire des habits Puis abandon ?). Les nérés sont alors attribués à une famille de chasseurs relativement pauvres, et les deux marigots à une famille de Bouya qui gère les sacrifices (pêche), et à la famille des Amis du Chef.

1.3.2.3 Développement de l'agriculture

Sous la chefferie de Adounga (?- 1954), durant la colonisation, la monnaie d'échange, qui était constituée de cauris (coquillage) a été progressivement remplacée par le franc, suite à l'introduction de l'impôt. Cela a conduit des familles à la décapitalisation (vente d'animaux d'élevage) pour pouvoir payer les impôts. Ceux qui n'arrivaient pas à s'acquitter des frais d'impôt devraient exécuter des travaux forcés pour la construction de la piste (Route Nationale 25 aujourd'hui) ou travailler dans les champs installés par le colon. Une épidémie de variole (la date exacte est restée indéterminée) a fait disparaître une grande partie de la population.

Sous la chefferie de Adounga, l'agriculture fut marquée par l'introduction de nouvelles cultures : igname, patate. L'abattis brûlis restait la seule technique culturale et l'unique mode de reproduction de la fertilité du sol (les friches de longue durée). Les parcelles cultivées étaient plus vastes, les cultures plus diversifiées (Igname, patate, mil, riz...) et l'agriculture était manuelle. Cette période serait également marquée par une invasion acridienne qui aurait causé la famine dans la région.

L'élevage des boeufs a commencé sous le règne du chef Adounga (grand père du chef actuel). Les premiers animaux auraient été achetés grâce à l'argent issu de la migration. En effet, les paysans allaient travailler dans les plantations de cacao ou de café dans les pays voisins (Côte d'Ivoire et

Ghana) et capitalisaient en investissant dans l'élevage. C'est ainsi que les premiers boeufs de parcours ont été acquis. Cette activité a connu beaucoup de difficultés au départ parce qu'elle se développait dans une zone à glossine (mouche tsé-tsé). La trypanosomiase a pendant longtemps décimé les troupeaux. La race locale est la taurine, trypano-tolérante. Les ovins, les caprins et la volaille étaient les animaux les plus rencontrées. La typologie en 1960 était :

- Manuel, friche longue, élevage (Figure 8).

Nord ouest Koumbili centre Est

Hauteur

Distance

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Figure 8 : Transect des zones d'activités agricoles en 1960.

1.3.2.4 De 1960 à 1980 : l'arrivée des éleveurs transhumants

La défriche brûlis manuelle caractérisait l'agriculture. Les friches étaient de longue durée et les cultures vivrières occupaient toutes les superficies. Cette époque était marquée par une grande sécheresse qu'a connu tout le pays en 1973-1974 et qui a sévèrement touché les populations entrainant des pertes énormes à l'échelle de la biodiversité locale. Une des conséquences de cette sécheresse était l'arrivée d'éleveurs transhumants dans la zone. Ce fut les éleveurs peulh venus du nord du pays (aride et plus sévèrement touché) à la recherche de pâturage.

En 1979, le RGN qui a une superficie de plus de 93 000 ha aujourd'hui a été créé. Il appartient aujourd'hui encore au patrimoine foncier de dix villages dont Koumbili. Selon le chef du village de Koumbili, le RGN est principalement sur ses terres. Le ranch de Nazinga couvre 40% du terroir de Koumbili, soit 37 600 hectares. Il s'agit d'un ranch de gibier destiné à la chasse sportive et au tourisme (Vermeulen, 2007). Ainsi, le village fut privé d'une partie de sa surface cultivable puisque tout activité agricole y était proscrite. La typologie à cette date était constituée de :

- Manuel, défriche brûlis, cultures vivrières, élevage ; - Éleveurs transhumants (Figure 9).

Nord ouest Koumbili centre Est

Hauteur

Distance

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Figure 9 : Transect des zones d'activité agricole en 1980.

1.3.2.5 De 1980 à 1997 : Introduction de la traction animale 1.3.2.5.1 L'interaction agriculture-élevage

En 1989, un bas-fond aménagé par le projet Aménagement du Terroir du Nahouri (ATN) visait à développer le maraîchage. Cela a favorisé l'introduction de plusieurs cultures : oignon, tomate, aubergine, pastèque, carotte, chou. Après quelques années d'essais les populations abandonnèrent à cause des problèmes de gestion ou de l'insuffisance d'encadrement. Cette même année, la fumure organique a été utilisée pour fertiliser les champs de certains immigrés de l'ouest de village. Il s'agissait des immigrés venus de régions où l'agriculture était assez développée. En 1994, à la suite d'une politique de vulgarisation initiée par le ministère en charge de l'agriculture, la traction animale a été introduite. Cela a eut pour conséquence la diminution des temps de travaux, l'augmentation des superficies cultivées et la réduction du temps de jachères. On note également l'apparition du semis en ligne qui permettait d'augmenter les rendements. Cependant le passage à la traction attelée n'était pas effectif pour tous car les paysans qui ne possédaient pas de bovins de parcours continuaient la culture manuelle.

En 1983, alors que l'élevage était en plein développement, une épidémie a décimée tout le cheptel bovin du village. Un peulh transhumant, revenu du Ghana voisin aurait ramené cette maladie. En 1984, l'âne a été introduit pour la traction (charrette), mais sera aussi utilisé plus tard pour les travaux de préparation du sol et d'entretien des cultures. Le mode de conduite consistait à faire pâturer

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les animaux dans les friches pendant la saison hivernale et à les nourrir de résidus de récoltes en période sèche. L'élevage de porcs a débuté cette même année et était localisé au centre du village (quartier Kasséna, à l'est du finage villageois) où les agriculteurs sont animistes.

L'installation progressive des immigrés et les défriches qui s'en sont suivies, ont diminué petit à petit les glossines, réduisant du coup les aires de pâture qui profitaient aux animaux. Le tarissement du principal marigot (assèchement en 2002) lié à la baisse de la pluviométrie a fait que le village ne dispose pas de plan d'eau permanent pour abreuver les troupeaux. Les sous produits agro-industriels (SPAI) restent faiblement intégrés dans l'alimentation des animaux.

1.3.2.5.2 Création de la zovic et le début d'un conflit foncier

En 1986, arrivent les premiers immigrés du village. De religion musulmane, ils venainent du plateau mossi et étaient à la recherche de terres cultivables. Ils ont été installés à Kabayaro à 12 km à l'ouest du centre du village Kasséna. Ils défrichent de petites superficies qu'ils agrandissent quelques années après. Dans le soucis de protéger la flore et la faune du ranch contre le braconnage devenu plus intense et de générer des revenus au profit des populations locales, des Zones Villageoises de Chasse (ZVC) ont été délimitées en périphérie du RGN (en zone non classée) en 1989. Ainsi, une partie du finage du village, vaste de plus de 4 630 ha avait désormais une vocation autre que l'agriculture (officiellement). Cependant cette zone n'ayant aucun statut juridique reste la propriété du chef de Koumbili. La deuxième vague de migration se situait entre 1995 et 1997. Ces nouveaux immigrés sont restés au centre du village et ont formé le quartier mossi mais le chef leur attribue des parcelles dans la dite ZVC. L'appellation évoluera plus tard pour devenir Zone Villageoise d'Intérêt Cynégétique (ZOVIC) en 2002.

En 1987, le premier forage du village, don de la république d'Arabie Saoudite au Burkina Faso a été installé. Il est situé au centre du village. En 1993, le forage situé derrière la cour du chef fut installé par l'ATN. Ces ouvrages, en plus de fournir l'eau potable à la population, intervenainent dans l'alimentation en eau des animaux, durant la période difficile. La typologie des systèmes de production était constituée de :

- Manuel, agriculture d'abattis-brulis sur friches longues, cultures vivrières, petit élevage ;

- Traction asine, agriculture d'abattis-brulis sur friches de moyenne durée, cultures vivrières, petit élevage ;

- Traction bovine, agriculture d'abattis-brulis sur friches de moyenne durée, cultures vivrières, élevage - Éleveurs transhumants.

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1.3.2.6 De 1997 à 2003 : le développement de l'agriculture et la réduction des surfaces cultivables

1.3.2.6.1 Vers une agriculture moderne

En 1997, Koumbili est déclaré zone cotonnière couverte par la SOFITEX. Le coton conventionnel (Gossypium hirsutum) entre désormais dans les rotations culturales accompagné d'engrais chimiques et de pesticides. Les populations adoptent cette culture parce qu'elle est rentable et donne aussi une opportunité d'accès à l'engrais à faible coût. En effet le prix de l'engrais dans ces conditions est subventionné par l'État burkinabé. La motivation pour la culture du coton a engendré une réduction considérable des surfaces emblavées en céréales. Ainsi, la disponibilité de l'engrais chimique à travers le coton combinée à l'utilisation de la traction attelée a contribué à la réduction des durées de friches qui passent de 15 à 4 - 5 ans.

Le premier moulin du village a été installé en 1998. La même année, certains producteurs ont acquis des tracteurs pour le labour motorisé de parcelles emblavées en coton. Les rendements en coton de l'époque étaient forts et le prix était alléchant à telle enseigne que tous les agriculteurs s'y sont mis au détriment des céréales. Cela provoqua une crise céréalière au niveau du village en 1999, obligeant la population à acheter des céréales dans les villages voisins.

En 2001, pour la première fois, l'insecticide destiné au coton est appliqué sur le niébé (la population utilisait traditionnellement la cendre pour lutter contre les insectes). En 2002, le principal marigot du village qui abrite les caïmans sacrés s'est asséché pour la première fois, et le PNGT 2 a organisé une session de formation sur la fabrication de compost basée sur l'utilisation des résidus de récoltes. L'élevage de porcs s'est accentué chez les femmes car elles y trouvaient le moyen de valoriser la drêche issue de la fabrication du dolo (la drêche constitue l'aliment principal des porcs). En 2003, la typologie était :

- Manuel, agriculture d'abattis-brûlis sur friches longues, culture vivrière, coton, petit élevage ;

- Traction asine, agriculture d'abattis-brûlis sur friches de moyenne durée, culture vivrière, coton, petit élevage;

- Traction bovine, agriculture d'abattis-brûlis sur friches de moyenne durée, culture vivrière, coton, élevage ;

- Traction motorisée, agriculture d'abattis-brûlis sur friches de moyenne durée, culture vivrière, coton, élevage ;

- Éleveurs transhumants (Figure 10).

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Nord ouest Kabayaro Sapiou Koumbili centre Est

Hauteur

Distance

Figure 10 : Transect montrant la typologie des exploitations en 2003.

1.3.2.6.2 Une surface agricole utilisable en nette diminution

En 2001, une vague d'immigrés est arrivée à Koumbili, et a été installée à Lam, Djédiga, et Kabayaro, dans l'espace de la ZVC. En 2002, sous l'influence du PNGT 2, le chef du village a cédé une partie de ses terres situées à l'est pour la création de la zone à vocation pastorale de Guiaro. Cette zone avait une superficie de 95 000 ha (selon l'arrêté de création) et appartenait au patrimoine foncier de plusieurs villages. La contribution foncière de Koumbili s'élèvait à hauteur de 10%, soit 9 500 ha qui ne font plus partie des surfaces cultivables du village (officiellement). La création de cette zone a occasionné une nouvelle réduction du finage villageois. Dans le courant de l'année, il a été installés des immigrés mossi à Koulam.

En 2003, la création d'un marché à Koumbili centre a contribué au développement économique du village. Avant, les agriculteurs devaient se déplacer jusqu'à Poré ou Guiaro, voire Pô, pour écouler leur production. La réfection de la route nationale n°25 a aussi amélioré les échanges entre villages par le désenclavement et la fluidité du trajet.

1.3.2.7 De 2003 à 2009 : le dévéloppement d'une agriculture en continue

1.3.2.7.1 L'utilisation des herbicides : la voie royale pour une agriculture en continue?

La zone de Koumbili est passée sous la gestion de Faso coton en 2004. Il n'y a pas eu de changement radical dans la politique cotonnière mais on note un retard plus accru au niveau des paiements. En effet, la SOFITEX qui était une société d'État avait un mécanisme de paiement plus

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efficace du fait du soutien de l'État. La baisse du prix de coton, la hausse de celui des intrants et l'exigence de la culture en travail ont entrainé un abandon progressif de la culture du coton. L'année est marquée aussi par l'utilisation d'herbicides (venu du Ghana voisin) par les immigrés pour lutter contre les adventices de cultures de plus en plus fréquentes dans les champs. Il s'agit principalement de l'atrazine qui est appliquée deux à trois semaines avant le labour, ensuite intervient le labour avec enfouissement qui est suivi des semis. L'avantage de l'herbicide est qu'il élimine le nettoyage et réduit le temps de travail lié à la préparation du sol, favorisant ainsi la culture en continue. On note également l'abandon des champs de case par les populations autochtones du centre après quelques années successives de culture. Les friches lointaines (3,5 km de rayon) sont ainsi pratiquées mais en maintenant les anciens champs de brousse.

En 2005, Faso coton a organisé un crédit d'équipement agricole à Kabayaro, Djédiga et Lam. Les bénéficiaires étaient les producteurs de coton qui auraient enregistré une bonne récolte l'année précédente. Le matériel était composé de boeufs de trait, de multiculteurs, de charrue... L'année 2006 a été marquée par l'introduction du coton biologique (coton bio) par l'UNPCB, et du soja par un projet dénommé "projet soja" financé par l'Union Européenne. Le coton biologique nécessite des successions culturales sans intrants chimiques dans lesquelles les rendements ne sont pas forcément bons, alors que le soja, qui est une légumineuse, s'insert bien dans les rotations en ce sens qu'il enrichit le sol en azote.

En 2009, le coton biologique est retiré de la zone au profit du encore coton OGM. En effet, la zone de Koumbili faisant partie de la région ayant été retenue comme site de production de la semence de coton OGM, il était alors judicieux d'éviter tous risques de contamination avec le coton biologique. Il est à noter que certains agriculteurs appuyés par l'Union Provinciale des Producteurs de Semence du Nahouri ont obtenu à crédit des tracteurs. Le crédit sera remboursé grâce aux revenus de la production de semence, et/ou de la culture du coton mais aussi et surtout en faisant de la prestation de service.

A ce jour, la maitrise de la santé animale reste un obstacle majeur au développement des productions animales. Les maladies fréquemment rencontrées sont : la trypanosomiase, la pasteurellose, le charbon symptomatique et la péripneumonie contagieuse bovine. Certaines causes de ces maladies seraient les eaux sales de pluies. En effet, les producteurs utilisent des produits (herbicides, insecticides) pour lesquels, selon l'agent vétérinaire, la rémanence n'est pas forcément contrôlée. Après une pluie, ces produits intoxiquent les eaux (boulis, marigots et bas-fonds) qui constituent les lieux d'abreuvements des animaux. A cela s'ajoute la maladie de Newcastle qui décime les volailles. Les Sous Produits Agro-industriels (SPAT) sont de plus en plus intégrés dans l'alimentation du bétail ces dernières années.

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Selon le type d'équipement, le mode de mise en valeur et le type de cultures, on rencontre en 2009 les types d'exploitations suivant :

- Manuel, friches courtes, abattis-brûlis, avec ou sans culture commerciale,

- Traction animale (bovine et asine), friches courtes, abattis-brûlis, avec ou sans culture commerciale,

- Traction animale, culture continue, culture commerciale,

- Traction motorisée, culture continue, culture commerciale,

- Traction animale, parc et prairie (éleveur peulh) (Figure 11).

Nord ouest Kabayaro Sapiou Koumbili centre Est

Hauteur

Distance

Figure 11 : Les zones d'activité agricole en 2009.

1.3.2.7.2 La forte pression foncière et le déclenchement de la culture continue

La période de 2003 à 2009 a connu de fortes immigrations qui seraient les conséquences simultanées de la translation des isohyètes (figure 2), (qui font que les terres plus au nord du pays sont de moins en moins arrosées) et de la crise ivoirienne qui a provoqué le retour au pays de nombreux Burkinabé. Certains immigrés seront installés par le chef de Koumbili sur des friches encore disponibles. D'autres, par contre, recevrons une partie des terres de leurs proches anciennement installés. Ainsi, les terres cultivables se raréfient et les friches disparaissent progressivement et avec elles la technique de l'abattis-brûlis pour faire place à une agriculture en continue. Cette situation est surtout remarquable chez les immigrés.

En 2004, les premiers peulh se sédentarisent et sont installés dans la zone pastorale. Les forages de Kabayaro et de Lam sont installés. En 2008, suite à la pression foncière, les familles autochtones du

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village s'approprient les derniers lopins de terre. Deux forages sont implantés au centre de Koumbili (un dans le quartier kasséna et l'autre dans le quartier mossi) grâce à un financement de l'UEMOA.

1.3.3 Un processus nouveau d'accès à la terre 1.3.3.1 Mode traditionnel

Actuellement, il y a eu de grands changements et selon que l'on soit autochtone ou étranger le processus d'accès à la terre est différent. Les autochtones défrichaient la parcelle qu'ils voulaient avant d'aller voir le chef de terre pour le sacrifice. Ils donnaient aussi du tô et du dolo. Les étrangers, eux avaient généralement leurs parcelles qui étaient délimitée par le chef après le sacrifice. Ils donnaient aussi du dolo, du tabac et parfois de l'argent (somme symbolique).

Le rituel consiste à sacrifier deux ou trois poulets (quatre pour une femme sans mari). S'ils tombaient sur le dos, la terre vous acceptait et on vous la prêtait. Sinon il fallait vous associer à un proche qui avait déjà des terres. La superficie attribuée dépendait de la taille de la famille, et ne pouvait être agrandie plus tard, théoriquement.

En échange, toute personne bénéficiant d'une terre devait ramener au chef du village, après chaque campagne agricole, trois plats de céréales et la somme de 2 000 f CFA pour ceux qui cultivaient du coton. Depuis 2008, les attributions de terres se font selon le mode individuel.

1.3.3.2 Mode individuel

Le mode individuel d'accès à la terre donne le droit d'exploitation à toute personne d'une famille autochtone ou non suivant les termes d'un contrat local établi entre le propriétaire de la terre et le demandeur généralement sous forme de prêt selon lequel le propriétaire peut reprendre sa terre à tout moment. Les terres ainsi attribuées peuvent être retirées par un membre quelconque du lignage donateur. Les sacrifices restent du ressort du lignage donateur. Contrairement à l'ancien mode de gestion du foncier, la terre aujourd'hui peut être vendue et de ce fait certaines restrictions sont levées.

1.3.4 Evolution de la typologie des systèmes de production

La typologie découle de l'histoire agraire de la zone d'étude et se fonde sur les différents changements qui y sont intervenus. Les grands changements de l'agriculture sont intervenus après l'indépandance. Cette période est importante pour l'élaboration de la typologie des systèmes de productions actuelles. Cette typologie prend en compte principalement l'équipement agricole, la

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continuité des cultures qui est marquée par la présence ou non de friche, ainsi que l'élevage (bovin de parcours). Les grands changements sont :

Premièrement, l'introduction dans une région d'agriculture manuelle, marquée par l'abattit brûlis avec des friches de longues durée, d'une agriculture moins contraignante utilisant la traction animale légère (asine) et lourde (bovine). Cela a permis de réduire la durée des friches et d'étendre les superficies cultivées. Il y a donc coexistence entre l'agriculture manuelle et attelée (asine et bovine) (figure 12 et 13).

Deuxièment, l'indroduction du coton (principale culture de rente) et l'engrais chimique ont fait changer les rotations culturales. Le coton occupait une place importante dans les assolements pour permettre aux autres cultures de bénéficier de l'arrière effet de son engrais. L'introduction de l'engrais chimique et la forte pression foncière qu'a connu le village en 2003 ont fait disparaître les friches dans certaines parties du finage villageois. On assiste a un front pionier de culture continue dans un précarré d'abattit brûlis manuel. Les deux premières formes d'agriculture n'ayant pas totalement disparues existent.

Par ailleurs, l'utilisation de la moto-mécanisation et de l'herbicide se sont développées pour résoudre le problème d'adventices et le compost devient un mode de reproduction de la fertilité. Face aux problèmes que connaît la filière coton, de nouvelles cultures de rente (soja, sésame) sont introduites et ravissent une partie des surfaces emblavées en coton. Cependant, le coton reste de loin la spéculation la plus cultivée mais pas forcément la plus rentable.

Enfin, le retrait du coton biologique au profit du coton OGM en 2009 va occasionner probablement un nouveau système de culture. En effet, le gène "Bt" (Bacilus turgensis) du coton OGM ne doit pas contaminer les cultures des parcelles voisines. On remarque une forte demande pour le labour moto-mécanisé.

On retient que plusieurs révolutions agricoles se côtoient aujourd'hui dans cette région du pays. Il s'agit de l'abattit-brûlis manuel, de la culture continue (sans friches) avec traction animale, de la moto-mécanisation et la culture des OGM qui va ocasionner un mode nouveau de mise en valeur des terres. En d'autres termes, les différentes étapes qui aboutissent à une agriculture moderne ou évoluée sont pratiquées dans cette zone et à la même époque. Cela explique que les systèmes de culture soient aussi variés, engendrant de grandes différences de revenus entre les exploitations. Le coton OGM ayant été introduit pendant que s'achevait cette étude, les OGM n'interviendront pas dans la typologie.

De 1997 à 2009

De 1994 à 1997

De 1960 à 1994

d'avant à 1960

Manuel, friches longues, abattis-brûlis

Manuel, friches longues, abattis-brûlis

Traction bovine, fiches longues, abattis-brûlis

Traction bovine, friches courtes, abattis- brûlis, culture commerciale

Traction asine, friches
courtes, abattis-brûlis,
culture commerciale

Manuel, friches longues, abattis-brûlis, culture commerciale

SP 1

Manuel, friches courtes, abattis-brûlis, culture commerciale

SP 2

Manuel, friches courtes, abattis-brûlis, sans culture commerciale

SP 3

Traction asine, abattis-brûlis, friches courtes, culture commerciale

SP 5

Traction bovine, friches courtes, abattis-brûlis, culture commerciale

Figure 12 : Évolution de la typologie des systèmes de production chez les autochtones.

De 1994 à 1997 de 1997 à 2009

Traction asine, sans friches, culture commerciale

Traction bovine, sans friches, culture commerciale

Traction bovine, sans friches, culture commerciale, gros élevage

Moto-mécanisation, sans friches, culture commerciale, gros élevage

De 1974 à 1986

1974

Manuel, friches courtes, sans culture commerciale

De 1986 à 1994

Traction asine, friches courtes, sans culture commerciale

Traction bovine, friches courtes, sans culture commerciale

Traction bovine, friches courtes, culture commerciale

Traction asine, friches courtes, culture commerciale

Moto-mécanisation, friches courtes, culture commerciale, gros élevage

SP 4

SP 6

SP 7

SP 8

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Éleveurs transhumants

 
 
 

Éleveurs peuhl : sédentaires

Éleveurs peulh

SP 9

 
 

Figure 13 : Évolution des systèmes de production chez les migrants

1.3.5 Présentation des systèmes de culture et d'élevage

1.3.5.1 Présentation des systèmes de cultures (SC)

Les principaux systèmes de cultures intègrent les céréales. La production céréalière est destinée à la consommation familiale, mais il arrive que des agriculteurs vendent leur excédent de céréale après avoir stocké une quantité suffisante. Les systèmes de cultures intégrants les cultures de rentes (coton, soja, sésame) et les systèmes basés sur les cultures maraîchères génèrent des revenus aux ménages.

On peut regrouper les systèmes de cultures en deux, selon qu'ils contiennent ou non des friches (ou prairies). L'absence des friches montre la continuité des cultures et donne une idée sur l'utilisation des engrais et des herbicides.

Le symbole // utilisé entre deux cultures montre la succession interannuelle de ces deux cultures sur une même surface. Le / est mis pour désigner une succession intra-annuelle des cultures. Le symbole * est mis pour désigner le nombre de fois que cette succession intervient.

1.3.5.1.1 Systèmes de culture avec friche (ou prairie)

Ce système est assez fréquent chez les Kasséna (autochtones) et les Peulh. La friche (de courte durée) permet de régénérer la fertilité pendant quelques années. En général, après une défriche, le mil ou le sorgho est cultivé pour lutter contre les adventices. En effet, ce sont des plantes très rustiques qui ne craignent pas les mauvaises herbes. L'herbicide est parfois utilisé pour résoudre le problème d'adventices. L'atrazine est le produit fréquemment rencontré sur les marchés locaux. Les autres techniques de reproduction de la fertilité sont peu développées et cela se ressent sur les rendements. Le ratio (i) nombre d'homme jour par surface emblavée montre que ces systèmes sont peu intensifs en travail. Les principaux systèmes de cultures rencontrés sont :

SC 1 : Sorgho//coton//maïs rouge//coton//sorgho//friche * 4

On retrouve ce système de culture chez les exploitants manuels mais aussi chez ceux qui utilisent la traction bovine. Cette différenciation des outils influence la Valeur Ajoutée Brute (VAB) produite. Ce système de culture est pratiqué généralement sur les plateaux et les glacis et les superficies occupées varient de 2,25 ha pour les manuels jusqu'à 15 ha environ pour les exploitants munis de traction attelée bovine. Les rotations culturales dépendent des spéculations cultivées. Les céréales occupent des surfaces plus grandes que les autres cultures.

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SC 2 : Coton * 2//maïs blanc * 2//soja * 2 //friche * 3

Ce système de culture est pratiqué par les exploitants manuels, les exploitants possédant la traction asine et par ceux disposant de traction bovine. Les superficies mises en jeu vont de 2,25 à 6,75 ha environ sur des sols sablo-argileux et gravillonnaire-argileux. Les cultures de rentes et les légumineuses occupent sensiblement la même surface que les céréales. La VAB produite dépend des cultures, de la superficie cultivée et du type d'outils utilisés. L'herbicide, les engrais minéraux et organiques sont fréquemment appliqués pour combattre les mauvaises herbes mais aussi pour refertiliser les sols.

SC 3 : Mil//maïs blanc * 2//sorgho * 2//niébé//friche * 3

Les sols concernés par ce système de culture sont ceux des glacis et des plateaux. Il est pratiqué par des exploitants utilisant la traction bovine et asine, mais aussi par des manuels. Les superficies que ce système de culture occupe peuvent être réduites mais quelque fois très grandes (3-8 ha). Les céréales occupent la majeure partie des surfaces et procurent la plus grande VAB. Ce système emploie faiblement les engrais minéraux et les herbicides. Les friches (ou prairies) restent le seul mode de fertilisation des sols ce qui explique la faiblesse des rendements enregistrés dans ce système.

SC 4 : Maïs//maïs//parc//maïs//maïs//parc//maïs//sorgho//parc / /prairie //prairie //parc

C'est un système de culture pratiqué par les peulh sur 3 ha environ et sur des sols gravillonnaires. Le principal outil de travail du sol est la traction bovine et les moyens de reproduction de la fertilité sont les parcs (fumier) et les prairies (friches). Les parcs sont généralement intercalés entre les céréales. Cependant, ils peuvent arriver que les parcs viennent avant les prairies pour permettre au sol de bénéficier du fumier, ce qui favorise la croissance rapide des herbacées fourragères qui constituent la base de l'alimentation du bétail. L'herbicide et les engrais minéraux sont faiblement utilisés.

1.3.5.1.2 Systèmes de culture sans friche

On les rencontre généralement chez les immigrés qui cultivent en continu depuis 2002. L'utilisation permanente d'herbicides, l'épandage d'engrais chimiques et organiques (fumier et compost) et la rigueur dans le respect de l'itinéraire technique font que les rendements sont meilleurs. A cela s'ajoute aussi le fait que les techniques culturales sont plus évoluées. En effet, les immigrés viennent de régions où l'agriculture est très avancée (plateau mossi, Côte d'Ivoire).

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SC 5 : Riz

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Il s'agit de la monoculture du riz en continu avec utilisation d'herbicide et de l'engrais minéral dans certains cas. Il appartient aux systèmes de production utilisant la traction bovine et asine et est pratiqué dans les bas-fonds ou les voies d'écoulement des eaux. Ce système de culture est pratiqué sur de petites superficies de 0,25 à 0,5 ha environ car le village ne dispose pas de grands bas-fonds. Les sols concernés sont de types limono-argileux qui seraient favorables à la culture du riz grâce à leur capacité de rétention en eau.

SC 6 : Maïs rouge /pastèque //Tomate//aubergine locale//tomate//aubergine locale//maïs blanc

Ce système de culture est pratiqué sur de petites surfaces de 0,25 à 0,75 ha environ et emploie de l'herbicide, des engrais minéraux (NPK et l'urée) et parfois de l'engrais organique. Ce système est pratiqué en continue dans les bas-fonds ou les voies d'écoulement d'eau par des agriculteurs ayant la traction asine ou la traction bovine. Ce système comprend une rotation intra-annuelle pour laquelle la céréale occupe la même surface que le maraîchage. Le maraîchage confère à cette rotation une productivité de la terre importante. Le système comprend aussi une rotation annuelle pour laquelle le maraîchage occupe la majeure partie des surfaces avec une productivité de la terre moins importante.

SC 7 : Coton//maïs blanc//coton//maïs blanc//coton//maïs blanc //coton// sorgho//coton//niébé

C'est un système de culture continue pratiqué sur les plateaux ou les glacis et qui occupe de grandes superficies (7 à 16 ha environ). Il est présent chez les exploitants possédant la traction asine, la traction bovine et la moto-mécanisation. Ce système utilise aussi de l'herbicide et des engrais chimiques et dans quelque cas, de l'engrais organique sous forme de compost. En traction asine et bovine, ce sont les cultures céréalières qui occupent la majeure partie des surfaces, par contre en moto-mécanisation les cultures de rente (coton principalement) occupe la plus grande surface emblavée.

SC 8 : Coton bio//sorgho

Ce système de culture biologique est pratiqué sur les plateaux ou les glacis par les exploitants possédant la traction bovine. Le compost est le seul élément de reproduction de la fertilité car les superficies sont petites (2 ha environ) et les insecticides sont une décoction à base de racine, d'écorce et feuille de plantes. La culture de rente et la céréale se repartissent équitablement les surfaces emblavées. La VAB produite est importante de 379 000 f CFA car les CI sont très faibles.

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1.3.5.2 Analyse des performances technico-économiques des systèmes de cultures SC

Les systèmes de cultures pratiqués diffèrent par leurs performances technico-économiques. Ces performances peuvent être la valeur ajoutée brute, la productivité à l'hectare ou la productivité du travail.

1.3.5.2.1 Analyse des VAB

Les SC 1 et le SC 7 sont respectivement ceux qui fournissent une VAB de plus de 1 000 000 f CFA. Ils intègrent tous la culture commerciale et se pratiquent sur le même type de sol avec des équipements différents. Le SC 7 qui utilise la moto-mécanisation engendre un coût supplémentaire élevé (lié aux frais de location du tracteur) mais procure la plus grande VAB. La succession coton // maïs blanc occupe les plus grandes superficies des SC 1 et SC 7. Cela s'explique par le fait que le maïs blanc profite de l'arrière effet de l'engrais du coton des années précédentes mais aussi qu'une partie de l'engrais du coton est détourné sur le maïs.

1.3.5.2.2 Analyse de la productivité de la terre

Les SC 5 et SC 6 produisent plus de VAB à l'hectare. Cela s'explique par le fait qu'il y a deux productions au cours de la même campagne agricole (rotations intra-annuelles : maïs rouge / pastèque) mais aussi au fait que le riz et le maraîchage, sont très productifs et sont cultivés sur de petites superficies. Rapportées à l'hectare, leurs VAB se multiplient pour atteindre des valeurs élevées. Les systèmes de cultures en continue présentent les meilleures productivités à l'hectare. Pour une même rotation, la productivité à l'hectare est plus importante en traction bovine qu'en traction asine. En témoignent les SC 5 (monoculture du riz) puis SC 6. Cela se justifie, parce que la force de travail et la profondeur du labour influent sur le rendement et par conséquent sur la valeur ajoutée brute.

1.3.5.2.3 Analyse de la productivité du travail

D'une manière générale, les SC possédant des friches (ou prairie) sont les moins productifs en travail. Les SC céréales // maraîchage sont les plus productifs en travail avec plus de 3 000 f CFA/hj. Les rotations intra-annuelles cumulent la productivité en travail du maïs rouge et de la pastèque. C'est cela qui leur confère une productivité en travail assez élevée. Le SC céréales // parcs // friches en est une exception. La valeur élevée de cet indice est due à la faiblesse du temps de travail qui lui est accordé et à la présence de parc qui améliore le rendement. Parmi les SC les moins productifs en travail, se retrouve le SC 5 avec moins de 1 000 f CFA/hj. En effet, la culture du riz se pratique sur un

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sol limoneux-argileux, très lourd et difficile à travailler en traction asine. Les agriculteurs mettent logiquement plus de temps à cultiver ces sols.

Le SC 7 intégrant le coton rentabilise moins le travail avec une valeur proche de 2 000 f CFA/hj, ce qui reste relativement faible. Cela s'explique par l'exigence en travail de la culture cotonnière (deux sarclo-buttages, deux désherbages manuels après les sarclo-buttages et les travaux de récolte manuelle).

1.3.5.3 Présentation des systèmes d'élevage (SE)

On distingue neuf systèmes d'élevage différents qui se développent dans un environnement marqué par une insuffisance d'eau et un déficit fourrager en saison sèche. En effet, le fourrage herbacé qui est la principale source d'alimentation du bétail, se raréfie (à cause de la pression foncière), et le problème d'eau pour l'abreuvement du troupeau est loin d'être résolu (malgré l'installation de quelques forages). À ce jour, si une couverture sanitaire accrue (qui a entrainé le recul des maladies) favorise l'activité de l'élevage dans l'ensemble, il est bon de reconnaître que la situation géographique de la zone (entre le PNKT au nord et le RGN au sud) rend difficile le pâturage des bovins à certaines périodes de l'année. Les tableaux 11 et 12 (Page 50) résument les performances technico-économiques des différents systèmes d'élevage.

1.3.5.3.1 Les Systèmes d'élevage des animaux de trait

Boeufs de trait (SE 1)

Mode de conduite : Pendant la saison hivernale (de mai à fin septembre), les animaux de trait travaillent dans les champs le jour et ils sont parqués la nuit. Le pâturage se fait autour des champs et est constitué de fourrage herbacé. L'eau d'abreuvement est apportée par les propriétaires. D'octobre à février, ils sont en divagation autour des cases et se nourrissent du peu de fourrage restant (avant les récoltes) et des résidus de récolte (après les récoltes). De mars à avril, ils sont au piquet autour des cases et bénéficient d'une alimentation particulière pour préparer la période des travaux champêtres. Ils se nourrissent de résidus de récolte, de tourteaux de coton et parfois de branches élaguées. Le sel est fourni sur toute l'année de façon régulière.

Prophylaxie : Les traitements sont constitués d'un vaccin (trypanocides) dans le mois de juin pour prévenir la trypanosomiase et la pasteurellose bovine puis d'un autre en août (perivax) contre la péripneumonie contagieuse bovine. On note aussi l'utilisation de vermifuge (en comprimé) pour lutter à titre curatif contre les infections parasitaires.

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Les boeufs de trait sont choisis dès l'âge de deux ans dans le troupeau pour les exploitations qui possèdent des bovins de parcours. Ils peuvent être utilisés durant quatre ans avant d'être vendus. Ce sont des mâles en général, taurins ou métis, peu sensibles à la trypanosomiase. Les animaux ayant travaillé se revendent plus cher qu'à l'achat, car leur masse musculaire a augmenté (achat : 150 000 f CFA ; vente : 250 000 f CFA). Le taux de mortalité adulte des boeufs est de 0,125 % avec une VAB/tête/an s'élevant à 12 000 f CFA. Le temps de travail consacré aux bovins de trait vaut 52,5 hj par an.

Ânes (SE 4)

Mode de conduite : En saison sèche, les ânes sont utilisés uniquement pour le transport (traction des charrettes). Hormis cela, ils sont généralement en divagation autour des cases et se nourrissent de résidus de récolte. Leur consommation en eau est assurée par le propriétaire. En saison hivernale, en plus de la traction des charrettes, les ânes tractent aussi les outils agricoles (multiculteur, charrue, butteur, sarcleur...). En dehors de ces travaux, ils sont au piquet autour des champs le jour et autour des cases la nuit. Le fourrage herbacé constitue leur seule alimentation et ils s'abreuvent dans les boulis. Le sel est fourni sous forme de complément alimentaire.

Prophylaxie : Ils reçoivent moins de soins parce qu'ils sont assez résistants aux maladies. Les traitements se limitent à une seule injection par an et ils reçoivent trois vermifuges dans l'année à titre curatif.

Les ânes peuvent être utilisés jusqu'à dix ans. Ils commencent d'abord par le transport, ce qui les prépare à la traction des outils de travail du sol, plus lourds. Une femelle est reproductrice à quatre ans et met bas tous les seize mois environ. L'utilisation d'une femelle permet donc de produire des petits en plus du travail. Les animaux ayant travaillé se vendent moins cher qu'à l'achat (achat : 40 000 f CFA ; vente : 27 500 f CFA). Le temps de travail lié au SE 4 est 37,5 hj.

1.3.5.3.2 Bovins de parcours

Boeufs de parcours des mossi (SE 2)

Mode de conduite : Les animaux parcourent dans la journée les friches attribuées et les parcelles non cultivables en saison pluvieuse (de juin à novembre) parce que les autres parcelles sont cultivées. Ils se nourrissent de fourrage herbacé et boivent l'eau des marigots, des bas-fonds et des boulis. Les nuits, ils sont parqués dans les enclos. En saison sèche (de décembre à février), ils sont en divagation sur les parcelles, se nourrissent de résidus de récolte, et s'abreuvent au forage (coût

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d'abreuvement : 7 500 f CFA/troupeau/saison). Ils vont parfois pâturer loin à l'ouest et au sud du village, quand la période devient cruciale.

Dans les mois de mars et d'avril, s'ajoutent à leur alimentation des branches élaguées, des graines de coton, et de tourteaux de coton. En cette période, le temps de pâture dure de 9 h à 17 h. Le sel est fourni de façon complémentaire aux animaux pendant toute l'année.

Prophylaxie : Les traitements sont constitués de deux vaccins : la trypanocide (en juin) et le perivax (en août). À cela, il s'ajoute les vermifuges (en comprimés) pour guérir les maladies parasitaires. Ce système valorise mieux le fumier.

Les bovins de parcours des agriculteurs ont principalement une fonction d'épargne. Les génisses sont mises à la reproduction à quatre ans, et peuvent mettre bas jusqu'à douze ans. Elles sont alors vendues (achat : 85 000 f CFA ; vente : 75 000 f CFA). Un veau nait tous les deux ans en moyenne, surtout pendant l'hivernage (60% des mises bas). Le mâle reproducteur est également utilisé pour la traction (SE 1). Un actif est employé pour s'occuper des boeufs toute l'année.

Boeufs de parcours des peulh (zébu principalement) (SE 3)

Mode de conduite : En saison sèche, le troupeau est emmené au pâturage deux fois par jour. Dans la matinée, de 5 h à 10 h et dans la soirée, il part à 15 h puis revient dans l'enclos vers 20 h. Les lieux de parcours sont principalement le sud du village et la zone à vocation pastorale à la quelle le chef du village de Koumbili a cédé une partie de ses terres. Ce sont des lieux où l'on trouve encore du fourrage herbacé en cette période de l'année. Ils se nourrissent aussi de résidus de récolte, de branches élaguées et les plus affaiblis reçoivent du tourteau ou des graines de coton en complément. Ils s'abreuvent deux fois par jour au forage : entre 10 h et 11 h le matin et 17 h et 18 h le soir.

En saison pluvieuse, l'abondance et la disponibilité du fourrage font que le temps de pâture est réduit à 6h (de 11h à 17h). L'alimentation est constituée essentiellement de fourrage herbacé et le troupeau s'abreuve dans les boulis, les marigots ou encore dans les bas-fonds. Aucun complément alimentaire n'est fourni, sauf en cas de maladie.

Prophylaxie : Les traitements sont constitués d'une part, de deux vaccins les mois de juin et août : la trypanocide et le perivax. D'autre part, de vermifuge pour lutter à titre curatif contre les maladies parasitaires. Il s'ajoute, des traitements traditionnels efficaces contre certaines maladies.

Les indices de performances sont plus améliorés : 0,7 mise bas /an, taux de mortalité des jeunes 0,17 % et 0,06 % chez les adultes. Dans ce système d'élevage, les produits laitiers sont très bien valorisés. La production journalière de lait en hivernage est de 2 l, et en saison sèche 0,25 l. Le lait est consommé par la famille, et vendu en frais, en caillé ou en savon après transformation. Une vache produit en moyenne 145 l de lait par an. En hivernage, le lait frais est vendu à 270 f CFA/l, et en saison sèche à 330 f CFA/l en moyenne. La traite est assurée par les femmes. Le fumier n'est pas suffisamment valorisé et en plus d'un employé, un actif familial doit effectuer 174,375 hj pour suivre le troupeau.

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Figure 14: Comparaison de SE des bovins de parcours et des boeufs et ânes de trait

1.3.5.3.3 Les petits ruminants

Les moutons (race mossi) (SE 5)

Mode de conduite : Pendant l'hivernage, les moutons sont conduits avec les boeufs pour les exploitations qui en disposent, sinon ils sont au piquet autour des champs et des cases pour éviter qu'ils ne s'en prennent aux cultures. Ils se nourrissent alors de fourrage herbacé. En saison sèche, ils sont en divagation sur les parcelles et se nourrissent de résidus de récolte, de son de mil ou de maïs et rarement de tourteaux de coton. Ils reçoivent constamment du sel au cours de l'année.

Prophylaxie : L'injection (pastovins) qu'ils reçoivent une fois dans l'année lutterait contre la pneumonie. On leur administre aussi deux vermifuges.

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Les ovins ont une fonction d'épargne. Les brebis sont mises à la reproduction à un an, et peuvent mettre bas jusqu'à sept ans. Elles sont alors vendues (achat : 10 000 f CFA ; vente : 7 500 f CFA). Il y a une mise bas par an et 1,6 naissance pour chaque mise bas.

Pour une exploitation qui ne possède pas de bovins de parcours, le temps de travail consacré au SE 5 vaut 22,5 hj/an. Pour les exploitations possédant des bovins de parcours, le temps de gardiennage lié au SE 5 est compris dans celui des bovins de parcours car les parcours sont faits ensemble.

Chèvres (race naine) (SE 6)

Mode de conduite : Les chèvres sont en divagation sur les parcelles pendant toute la période sèche et leur alimentation est essentiellement constituée de résidus de récolte. Le son est apporté lorsque la question de l'alimentation devient difficile. L'élagage des branches fait partie de leur alimentation pendant cette période. Elles sont parquées les nuits dans les enclos. En période humide, les chèvres sont retenues au piquet autour des champs ou des cases là où existe du fourrage herbacé. Ce fourrage constitue leur alimentation durant cette période. Cela évite qu'elles ne s'en prennent aux cultures, ce qui serait source de conflit. Elles sont rentrées dans les enclos les nuits.

Prophylaxie : Elles reçoivent dans l'année, une injection de pasteurellade qui les protègerait contre la peste et deux vermifuges (Administrés par voie orale) à titre curatif contre les parasites.

L'élevage caprin présente des caractéristiques différentes de celui des ovins. Les chèvres sont réformées à six ans (achat : 7 500 f CFA ; vente : 3 500 f CFA). Elles donnent naissance à deux petits, deux fois par an et le taux de mortalité chez les adultes est de 0,5%. Il faut à cet élevage 22,5 hj/an pour couvrir le calendrier fourrager.

1.3.5.3.4 Les volailles

Poules (SE 7)

Mode de conduite : Les poules sont en divagation le jour durant toute l'année, les nuits elles s'abritent dans un coin de la cours aménagé à cet effet. On leur verse de façon quotidienne des poignées de céréales et parfois des termites. En dehors de cela, elles se nourrissent d'insectes et de quelques grains qu'elles trouvent sur les champs.

Prophylaxie : Elle consiste en une injection d'Ita-new contre la maladie de Newcastle.

Les poules sont mises à la reproduction à six mois, et sont vendues à trois ans (achat : 1 000 f CFA ; Vente : 1 250 f CFA). En moyenne, elles pondent trois fois par an et dix poussins naissent par

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portée. Tous les oeufs sont gardés pour la couvaison. La production d'oeufs non fécondés n'est pas connue des agriculteurs. On leur consacre 11,25 hj de travail par an.

Pintades SE 8

Mode de conduite : Les pintades ont pratiquement le même mode de conduite que les poules, seulement, elles ont un rayon de divagation plus vaste lié au fait qu'elles peuvent voler. Elles pondent leurs oeufs dans la brousse et se nourrissent d'insectes et grains de céréales perdus lors des récoltes. Ce sont les poules qui couvent les oeufs qui donneront les pintadeaux. Les pintades ne reçoivent aucun traitement, ce qui les rend très vulnérables à la peste aviaire et à bien d'autres maladies qui sévissent dans la zone.

L'élevage des pintades présente des caractéristiques différentes que celui des poules (achat : 750 f CFA ; Vente : 1 250 f CFA). Une pintade pond en moyenne 150 oeufs par an, dont 130 sont consommes ou vendus (25 f CFA l'unité). Les autres sont couvés par les poules. Le temps de travail annuel qui leur est consacré est deux fois moins important que pour les poules, soit environ 6 hj.

1.3.5.3.5 Porcs, SE 9

L'élevage de porcs est une activité complexe tant le porc est un animal destructeur des cultures. Il est assez rentable et c'est une activité confiée généralement aux femmes. Il permet d'avoir des rentrées d'argents régulières. Les truies sont mises à la reproduction à un an, et peuvent mettre bas jusqu'à trois ans. Elles sont alors vendues, à un prix très supérieur a leur prix d'achat. Il y a deux mises-bas par an et huit naissances pour chaque mise bas. Les pertes sont importantes chez les porcelets. En plus des jeunes gardés pour le renouvellement du troupeau, une partie des mâles est engraissée jusqu'à deux ans. Cependant il parait plus intéressant de vendre les mâles de un an (achat : 2 500 f CFA ; vente : 20 000 f CFA), car l'animal prend moins de poids l'année suivante, il valorise moins l'alimentation (achat : 2 500 f CFA ; vente : 38 700 f CFA). Il en est de même pour les femelles, vendues à trois ans (achat : 3 500 f CFA ; vente : 32 500 f CFA).

Mode de conduite : Les porcs sont en divagation toute l'année et ne possèdent parfois pas d'enclos. Cela provoque, en saison humide, des conflits avec certains agriculteurs qui subissent de gros dégâts. Leur alimentation est constituée de son de mil ou de maïs, de farine de néré (farine issue de la transformation des fruits de Parkia biglobosa) et de drêches de dolo.

Les traitements se résument à des «vitamines» achetées au marché sous forme de comprimés destinées à engraisser l'animal, six mois avant de le vendre. Le temps de travail qui est consacré annuellement à cet élevage vaut 38,5 hj.

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Figure 15: Comparaison des SE porcins, volailles et petits ruminants et porcin.

Tableau III : Performance technico-économique de l'élevage des volailles

Système

Nombre d'oeuf

TM des jeunes

TM des adultes

VAB/mère/an

d'élevage

pondus/an

 
 

(f CFA)

SE 7

225

0,5

0,4

6 000

SE 8

1 200

0,8

0,4

3 000

TM : Taux de Mortalité, VAB : Valeur Ajoutée Brute.

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Tableau IV : Paramètre de productivité des systèmes d'élevage des animaux.

Indices technico- SE 2 SE 3 SE 4 SE 5 SE 6 SE 9

économiques

Nombre de MB/an

 

0,5

0,7

0,75

1

2

2

Nombre de petit/MB

1

1

1

1,6

2

8

TM des jeunes

0,2

0,17

0 ,33

0,25

0,25

0,5

TM des adultes

0,1

0,06

0 ,04

0,2

0,5

0,2

VAB/mère/an (f CFA)

31 000

96 000

-3 000

12 000

20 000

26 000

Tableau V : Rendement de quelques cultures au niveau provincial

Cultures Mil Sorgho Maïs Riz Arachide Sésame Soja Niébé

Rendement (t/ha)

1,563 1,201 1,081 3,388 0,929 0,909 1,018 1,500

*le rendement du coton au niveau national pour la campagne 2008-2009 était 1 t/ha.

Source : Direction provinciale de l'agriculture, de l'hydraulique et des ressources halieutiques (DPAHRA).

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1.3.6 Système de production (SF)

On distingue neuf systèmes de production en fonction des associations spécifiques de systèmes de culture et d'élevage.

1.3.6.1 SF 1 : Manuel, friches courtes avec culture commerciale.

Il se compose des SC 1 et le SC 2 puis des SE 6, SE 7 et SE 8. Le seul mode de reproduction de la fertilité est la friche. La culture du coton est stratégique. En effet, avec une VAB/hj de 681 f CFA/hj, le coton représente la culture la moins rentable en travail dans ce SP. Le coton est cultivé seulement pour engrais qui profitent aux autres cultures. Le niébé est la culture la plus rentable en travail (VAB/hj = 1 807 f CFA/hj) parce qu'il exige moins de travail. Le soja apporte la plus grande valeur ajoutée brute (102 250 f CFA/ha). Les rendements sont en dessous de la moyenne provinciale. Cette faiblesse s'explique entre autre par l'insuffisance de la durée des friches (deux à quatre ans) pour restituer au sol les éléments fertilisants qu'il a perdu pendant les quatre à cinq ans de culture. De plus, la faible utilisation de l'engrais minéral lié à la culture du coton, ne permet de compenser les éléments fertilisant exportés. Les opérations culturales ne sont pas efficaces du fait du matériel agricole utilisé. La survie de l'exploitation n'est pas assurée (figure 16, page 58).

Les pointes de travail se situent dans les mois de juin et octobre (annexe 1: calendrier de travail du SP 1). En juin, le travail est dominé par le sarclage dans ce SP et c'est l'une des tâches les plus pénibles après le labour, surtout lorsqu'il est manuel. Cependant les paysans arrivent à s'en sortir grâce à l'entraide ou à de grosses journées de travail. Dans le mois d'octobre, la récolte des cultures commerciales domine le calendrier de travail.

La famille comporte deux actifs, deux dépendants et une SAU de 4,5 ha, d'où 2,25 ha/actif. Le ratio inactifs/actifs est égal à l'unité (r = 1). La main d'oeuvre n'est donc pas abondante et une surface de 2,25 ha/actif est grande pour un agriculteur en manuel. La contribution de l'élevage au VAB totale est faible (figure 17, page 60).

Le matériel agricole utilisé est composé uniquement d'outils manuels (dabas, machettes, calebasses, rayonneur...) et les surfaces exploitées sont généralement les plateaux et les glacis. Les sols de bas-fonds (hydromorphes) ne sont pas exploités de façon adéquate. En effet, il arrive que ces familles disposent de bas-fonds mais ne pratiquent pas de maraîchage faute de main d'oeuvre suffisante.

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1.3.6.2 SF 2 : Manuel, friches courtes sans culture commerciale

Il s'agit d'une agriculture de subsistance. La grande taille de la famille (dix personnes dont quatre actifs) est l'une des raisons principales qui excluent la culture commerciale dans ce SP. Le ratio inactifs/actifs r = 1,5 montre que cette exploitation produit uniquement pour la consommation familiale. Elle ne peut donc pas capitaliser en vendant les excédents de sa production pour passer à la traction attelée. Ce SP se compose du SC 3 à base de cultures vivrières et des SE 6 et SE 7. La faiblesse des rendements fait que le maïs rouge est produit pour pallier les difficultés d'alimentation qui persistent en début ou en milieu de campagne agricole. En effet, le maïs rouge est une culture à cycle court (60 jours), de ce fait, il arrive à terme en août et permet aux agriculteurs de vivre en attendant les récoltes prévues dans les mois d'octobre et de novembre.

Hormis les friches, aucun autre mode de reproduction de la fertilité du sol n'est pratiqué. Cela se ressent sur les rendements. La pointe de travail se situe dans le mois de juin pendant lequel le sarclo-buttage est l'activité quotidienne. En juin, les heures de travail dépassent largement les huit heures, sinon, un recours à l'entraide est obligatoire. La SAU est de 8 ha, soit deux hectares pour un actif, ce qui est assez vaste pour une exploitation où l'on travaille sans traction attelée. L'élevage contribue pour très peu à la VAB totale. Le niébé reste la culture la plus rentable en travail avec 1 807 f CFA/hj et le maïs rouge à la plus grande VAB à l'hectare (103 200 f CFA/ha). Le sorgho a la plus grande valeur ajoutée brute (VAB = 117 640 f CFA) ce qui confirme que cette exploitation est tournée vers l'autoconsommation et par conséquent ne peut pas se développer. C'est une exploitation en difficulté qui ne peut pas se renouveler car elle est en dessous du seuil de survie.

Le matériel agricole est essentiellement manuel dans ce type d'exploitation. Il s'agit de dabas, calebasses, machettes, haches, couteaux, faucilles...

1.3.6.3 SF 3 : Traction asine, friches courtes avec culture commerciale.

Ce SP comprend quatre actifs et quatre dépendants et se compose des SC 2, SC 3 et du SC 5 puis des SE 4, SE 6, SE 7, SE 8, et SE 9. La SAU est de 11,75 ha avec une surface par actif de 2,67 et le ratio inactifs/actifs est égal à l'unité. Cela explique pourquoi, en fin de campagne agricole l'entraide est nécessaire pour ce type d'exploitation.

La traction asine est une phase transitoire qui permet de passer de la culture manuelle à la traction bovine lourde. De ce fait elle permet d'étendre les surfaces cultivables. Cependant, si les opérations culturales liées à la traction sont couvertes, ce n'est pas le cas pour les travaux manuels de

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récolte. Ainsi, dans le dernier trimestre de l'année, il faudra quasiment un actif en plus. La conséquence est que dans un tel SP, les familles combinent grosses journées de travail et entraide.

Les rendements sont supérieurs à ceux des SP précédents mais restent cependant faibles par rapport à la moyenne de la province, à l'exception du maïs et du soja. Le coton est cultivé pour son engrais qui permet de fertiliser les sols et d'améliorer le rendement du maïs. Les surfaces cultivées peuvent être les plateaux ou les glacis, mais aussi les sols hydromorphes.

Le riz est la culture qui rapporte le plus à l'hectare (VAB/ha = 205 210 f CFA/ha) mais faute de grands espaces le riz est toujours cultivé sur de superficies atteignant rarement 0,75 ha. Le coton est la culture qui rapporte le moins en travail (VAB/hj = 606 f CFA/hj) et le maïs blanc apporte le plus de valeur ajoutée brute (289 125 f CFA). L'élevage de petits ruminants qui y est associé permet de capitaliser pour passer à une traction animale plus lourde (bovine). Le plus rentable des SE est l'élevage des porcs qui fait gagner 26 000 f CFA/mère/an alors qu'une ânesse fait perdre 3 000 f CFA/mère/an. La perte annuelle engendrée par l'élevage d'ânes est compensée par le travail que ce dernier effectue dans l'exploitation.

Le matériel agricole comprend les outils artisanaux adaptés à la traction asine (légère). Les pièces qui composent ces outils ont un poids relativement faible pour permettre à l'animal de les tracter. Les outils manuels sont principalement ceux utilisés pour le semis (dabas, calebasses), la défriche (machettes, haches) et la récolte (couteaux, faucilles).

1.3.6.4 SF 4 : Traction asine, sans friches, avec culture commerciale.

Ce SP combine les SC 5, SC 6. L'élevage pratiqué concerne les SE 4, SE 6 et SE 7. Dans ce SP, les cultures maraîchères contribuent pour beaucoup à l'augmentation de la VAB. L'utilisation des engrais minéraux pour refertiliser les sols et des pesticides pour lutter contre les adventices de culture permettent d'avoir des rendements acceptables, parfois supérieurs à la moyenne de la province. L'utilisation de compost associée à la maîtrise des techniques culturales joue un rôle non négligeable dans l'augmentation des rendements. Dans cette catégorie d'exploitations, on rencontre des migrants venus de régions où l'agriculture est développée. Leur connaissance dans le domaine est assez remarquable. En témoigne la rotation intra-annuelle qui répond à un souci d'intensification. En effet, le maïs rouge ayant un cycle court (60 jours), il arrive à terme en août pendant qu'il pleut encore et que le sol est humide. Le maïs est récolté rapidement et la pastèque est mise en terre. Tout est coordonné de telle sorte que la pastèque commence à murir lorsque tombent les dernières pluies. La pastèque est une plante qui n'a pas besoin de beaucoup d'eau pour murir.

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La famille est d'une grande taille (10 personnes dont 5 actifs) ce qui permet de couvrir le calendrier de travail sans forcément avoir recours à l'entraide. De grosses journées de travail suffisent. La SAU est de 8,5 ha. Cela donne une surface par actif de 1,7, qui est assez réduite (par rapport au précédent) à cause du nombre d'actifs élevé. Dans ce système où il n'y a pas de coton, les agriculteurs sont obligés de diversifier les cultures pour accroitre la valeur ajoutée. Les pointes de travail se situent en juin et en juillet pour le sarclage et le buttage puis en octobre pour les récoltes. Le SP ne permet pas de capitaliser, donc de pratiquer l'élevage de parcours. La vente des excédents céréaliers et les revenus liés à la culture maraîchère sont les deux principaux moyens qui permettent de capitaliser et de passer très vite à la traction bovine. Dans ce type d'exploitation, le maïs et la pastèque ont une VAB/ha plus élevée avec respectivement 320 700 f CFA/ha et 301 920 f CFA/ha. Cependant les sols hydromorphes sont rares et les surfaces de maraîchage restent toujours réduites à moins d'un hectare.

Le matériel agricole se compose d'outils artisanaux adaptés à la traction asine (légère). Ce sont par exemple : les multiculteurs, les charrues... Les pièces constitutives ont un poids relativement faible pour permettre aux ânes de les supporter. Les outils manuels sont principalement ceux utilisés pour le semis et la récolte (daba, machettes, etc.) comme les SP précédents.

1.3.6.5 SF 5 : Traction bovine, friches courtes avec culture commerciale

Il se compose d'une part des SC 1 et SC 2 en défriche brûlis et d'autre part du SC 5 en culture continue (monoculture du riz). L'élevage contribue peu à la VAB totale et concerne les SE 1, SE 4, SE 5, SE 6, SE 7, SE 8 et SE 9. La pointe de travail se situe dans le mois de juin et les 9 actifs familiaux doivent consentir des efforts supplémentaires pour couvrir le calendrier. Le travail pendant cette période est dominé par le sarclage et quelques semis. Le semis étant une tâche moins pénible, il est l'oeuvre des femmes ou des adolescents. Le ratio inactifs/actifs est de 0,66 et le problème de calendrier ne se pose pas, malgré une surface par actif assez vaste (2,39 ha/actif), car la traction bovine permet de réduire le temps de travail.

Les friches étant de courtes durées, les engrais organiques (compost) et minéraux (urée, NPK) sont souvent combinées pour fertiliser de nouveau le sol. Mais malgré cela les rendements de céréales restent inférieurs à la moyenne provinciale. Cela s'explique par le fait que les opérations culturales ne sont pas exécutées à temps et avec efficacité. Les cultures vivrières occupent une partie importante des surfaces emblavées et les friches représentent presque la moitié de la SAU (21,5 ha). Le rendement en coton est de 1,2 t/ha contre 1 t/ha au niveau national. Le SE 9 peut être mieux valorisé en utilisant les déjections et les urines pour fertiliser les sols. Mais cela suppose un mode de conduite qui stabilisera

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les animaux en vue de récupérer leurs déchets. Ce type d'exploitations pratique l'activité de transformation des produits agricoles. Par exemple, la transformation du sorgho en bière (dolo) génère des revenus et fournit les drêches qui servent d'aliment aux porcs.

Le maïs blanc rapporte le plus à l'hectare (232 650 f CFA/ha) et en travail (3 405 f CFA/hj). Ce type de SP peut facilement capitaliser en achetant du bétail, grâce aux revenus liés à la culture du coton. En effet, les inactifs sont peu nombreux par rapport aux actifs (r = 0,66), de ce fait, les charges sont réduites.

Les outils de fabrication traditionnels utilisés (charrue, butteur...) sont peu performants car ils n'ont pas une bonne profondeur de travail du sol. Ainsi le labour est superficiel et les adventices des cultures repoussent vite. Les outils manuels restent fortement associés aux outils attelés pour accomplir certaines opérations manuelles comme les semis.

1.3.6.6 SF 6 : Traction bovine, sans friches avec culture commerciale

Les familles sont constituées généralement de 13 personnes dont 7 actifs pour une SAU de 11 ha, soit une surface par actif de 1,57 et le ratio inactifs/actifs est inférieur à l'unité(r = 0,99). Ce type d'exploitation pratique les SC 5, SC 6 et SC 7 auxquels s'associent les SE 1, SE 4, SE 5, SE 6, SE 7 et SE 8. Ce SP emploie de grandes quantités d'engrais minéral et organique, mais aussi des pesticides pour lutter contre les adventices qui colonisent très vite les champs et contre les ravageurs des cultures. Les cultures sont très diversifiées pour ce système de production.

Les rendements des céréales sont au dessus de la moyenne de la province. Le riz, le sorgho et le maïs ont respectivement 3,469 t/ha, 2,5 t/ha et 1,265 t/ha. Avec un rendement de 1,5 t/ha, le coton occupe le troisième rang en termes de productivité de la terre après les céréales (riz, maïs) et le maraîchage. La productivité du travail confère les premiers rangs au maïs rouge (6 930 f CFA/hj), à la pastèque (3 805 f CFA/hj) et au maïs blanc (3 300 f CFA/hj). Cela est lié au fait que les deux premiers sont pratiqués sur de petites superficies atteignant rarement les 0,75 ha. Le SC 5 apporte la plus grande valeur ajoutée brute à ce type d'exploitation (2 289 328 f CFA).

La pointe de travail se situe en octobre, mois de récolte des cultures commerciales et vivrières. Le nombre d'actifs familiaux est suffisant pour couvrir les travaux, en dépassant les huit heures de travail journalier. Les systèmes à base de cultures maraîchères contribuent fortement à élever la VAB dans ce SP. Le maraîchage est certes pénible mais c'est l'une des activités agricoles qui procure le plus de revenu aux agriculteurs dans la zone de Koumbili. La pratique de cette activité nécessite des terres

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de bas-fonds ou des voies d'écoulement d'eau. Les superficies cultivées sont généralement très petites et les revenus engendrés sont élevés.

Le matériel agricole utilisé est lourd et de type moderne. Il s'agit de multiculteurs et de charrues adaptées à la traction bovine lourde. Selon l'opération à effectuer, on monte sur la charrue à bâtis polyvalent les socs de labour (pour le labour) ou les butteurs (pour le buttage). Certains outils manuels tels que les dabas, les machettes...sont fréquemment utilisés pour exécuter les tâches légères (semis ou repassage manuel...). Cette exploitation dispose de deux boeufs de trait et d'un âne pour le transport.

1.3.6.7 SF 7 : Traction bovine, sans friches, avec culture commerciale et gros élevage

Ce SP regroupe des familles de 15 personnes dont 8 actifs pour une SAU de 12 ha, soit 1,5 ha par actif. Les céréales et les légumineuses occupent la grande partie des superficies emblavées contre près d'un quart des surfaces réservées aux cultures de rente. Le ratio inactifs/actifs est inférieur à un (r = 0,875), il y a donc moins de bouches à nourrir. Ce SP peut facilement faire des économies pour passer au SP 8.

Ce SP se compose des SC 5, SC 7 et SC 8 puis des SE 1, SE 2, SE 4, SE 5, SE 6 et SE 7. On note un échange important de matières entre systèmes d'élevage et systèmes de culture. En effet, les résidus de récolte servent à alimenter les animaux en saison sèche et les déchets animaux sont utilisés comme fumier pour fertiliser les sols. Cela est possible grâce au gros élevage que possèdent ces agriculteurs. Le coton étant inclus dans les successions culturales, les autres cultures bénéficient de l'arrière effet de l'engrais minéral apporté par le coton. La fabrication de compost et d'utilisation de d'herbicide participent respectivement à l'amélioration de la fertilité des sols et à la lutte contre les adventices de cultures.

Les animaux sont parqués la nuit dans des enclos (autour des cases) qui peuvent changer de place selon l'objectif de rendement de l'exploitant. D'une manière générale, ils sont parqués sur des parcelles qui seront mises en culture au cours de la campagne à venir. Cela permet de refertiliser les sols autour des cases (pour les champs de case), mais une partie de la fumure organique est aussi emmenée pour être épandue dans les champs de brousses. Les herbicides sont appliqués quelques jours avant le labour. C'est un labour qui permet d'enfouir les herbes mortes qui serviront de matière organique pour un meilleur développement des cultures. Cette technique culturale permet d'obtenir des rendements semblables à ceux du SP 6 pour l'ensemble des cultures. Le SC 8 donne un rendement faible pour le coton bio (0,7 t/ha contre 1 t/ha pour le coton conventionnel au niveau national). Pour le sorgho bio c'est le contraire (1,5 t/ha contre 1,201 t/ha pour le conventionnel). Le coton conventionnel

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arrive au troisième rang en termes de rentabilité à l'hectare après le riz et le maïs blanc. En travail, les plus rentables sont le maïs blanc (3 300 f CFA/hj), le sorgho (3 210 f CFA/hj) et le riz (1 970 f CFA/hj). Cela est dû au fait que le premier est pratiqué sur de petites superficies atteignant rarement 0,5 ha.

Les pointes de travail se situent dans les mois de juin et octobre. Les opérations culturales sont dominées par le sarclage et les semis en juin puis par la récolte en octobre. En octobre, les paysans sont obligés de faire de grosses journées de travail pour couvrir le calendrier cultural. Concernant l'élevage, les travaux atteignent leurs pics dans le mois d'avril où les effets de la sécheresse affectent fortement les animaux. En cette période il devient difficile d'alimenter le bétail. Le nombre d'heures passées au pâturage est plus long parce qu'ils y restent plus longtemps pour permettre aux animaux de brouter suffisamment. Le problème d'alimentation en saison sèche contraint les populations à limiter le nombre de têtes.

Le matériel agricole est constitué de multiculteurs et de charrues modernes (simples ou à bâtis polyvalent) pour le labour, le sarclage et buttage. On note aussi l'utilisation de la charrette pour le transport du fumier et des récoltes. Un arrosoir, un râteau... interviennent dans la fabrication du compost. Le petit matériel (machettes, dabas, faucilles...) est fréquemment utilisé. Cette exploitation possède quatre boeufs de trait pour la traction qui sont tous issus de son troupeau. L'âne assure le transport de la matière organique (fumier, compost) et des récoltes.

1.3.6.8 SF 8 : Moto-mécanisation, traction bovine, sans friches, culture commerciale et gros élevage.

Les familles comprennent 20 personnes dont 12 actifs et la SAU est de 19 hectares, soit environ 1,58 ha par actif familial. Les cultures commerciales (coton principalement) occupent une place importante dans ce SP. L'utilisation de la moto-mécanisation (tracteur) répond au double objectif de lutter efficacement contre les adventices et d'étendre les superficies cultivables qui concourent à augmenter la production. Le labour est la seule opération exécutée à l'aide de tracteur et les parcelles concernées sont emblavées en coton, mais de plus en plus même les parcelles emblavées en cultures vivrières font l'objet de labours moto-mécanisé. Cette exploitation se compose des SC 5, SC 6, SC 7, et SC 8 puis des SE 1, SE 2, SE 4, 5, SE 6, SE 7 et SE 8.

Les engrais organiques et minéraux permettent de fertiliser au mieux les sols. Cette exploitation possède un élevage important de bovins, de ce fait, elle dispose de fumier qui peut-être épendu sur les surfaces destinées aux cultures autres que le coton et le maïs. En outre, les agriculteurs dans ce

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système font tourner les parcs (à boeufs) sur les parcelles des champs de cases pour y épandre le fumier sur toute la superficie. Le compost est destiné aux champs de brousses.

La profondeur du labour, la rigueur dans le respect de l'itinéraire technique et l'efficacité des opérations culturales (deux sarclages et un buttage) permettent d'avoir des rendements supérieurs à la moyenne provinciale (tableau 13, page 48) ; 2 t/ha pour le coton, 3 t/ha pour le maïs blanc et 1,422 t/ha pour le sorgho. Ainsi la productivité de la terre de 457 180 f CFA/ha pour le riz, 415 800 f CFA/ha pour le maïs rouge en traction bovine et 414 450 f CFA/ha au maïs blanc (moto-mécanisaton). La productivité en travail met le maïs rouge au premier rang des cultures plus rentable avec 6 930 f CFA/hj, suivi du maïs blanc (moto-mécanisation) avec 4 544 f CFA/hj.

Le pic de travail se situe dans le mois d'octobre et les travaux sont principalement les récoltes des cultures commerciales et vivrières. Le nombre d'actifs familiaux ne suffit pas pour couvrir le calendrier, la récolte étant une opération purement manuelle. Une entraide dans ce mois est donc nécessaire. Devant les difficultés du calendrier de travail et le problème réccurrent d'alimentation du bétail, un actif est employé pour s'occuper des bovins et ovins toute l'année. Avec un ratio inactifs/actifs inférieur à l'unité, l'épargne pour acquérir la moto-mécanisation est possible.

Le matériel agricole est lourd et de type moderne. Il s'agit des multiculteurs, des charrues, des sarcleurs et des butteurs pour lesquels les animaux de trait nécessitent un mode de conduite approprié. Le petit matériel agricole est utilisé pour exécuter les tâches légères. Le matériel de transport est constitué de charrette ou de brouette et d'un âne pour la traction. Le service du tracteur est obtenu grâce aux prestataires de service qui exercent dans la région. En 2009, ces exploitants obtiennent à crédit, avec le soutien de l'Union Provinciale des Semenciers du Nahouri (UPSN), leur propre tracteur (crédit remboursable sur 5 ans). Le crédit pourra être remboursé grâce aux revenus liés à la culture de coton et à la prestation de service.

1.3.6.9 SF 9 : éleveurs (peulh)

La famille est composée de 20 individus parmi lesquels 9 actifs familiaux, et la SAU vaut 6 ha, soit environ 0,67 hectare par actif. Le ratio inactifs/actifs est de 1,22. C'est dire que la famille a beaucoup de bouches à nourrir. En effet, les femmes peulh ne cultivent pas, leur activité principale est la traite des vaches et la transformation du lait. Dans ce type d'exploitation, les activités agricoles sont dominées par l'élevage. Cependant la pointe du calendrier de travail est le mois d'octobre. Un employé (actif) est mobilisé toute l'année pour la surveillance du troupeau. Le salaire annuel est payé en

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donnant un animal selon les closes du contrat. En effet, lors de la signature du contrat, l'employeur et l'employé conviennent de l'animal qui doit revenir à ce dernier en fin de contrat.

Ce SP se compose du SC 3 et du SC 4 puis des SE 1, SE 3, SE 4, SE 5, SE 6 et SE 7. Il n'y a pas de cultures commerciales, ni de maraîchage dans cette exploitation. Cela prouve que ces familles accordent plus d'importance à l'élevage. Le mode de fertilisation des sols est particulier. Si la rotation du parc permet de répandre les déjections (fumier) sur toutes les parcelles, les prairies (friches) ont le double rôle de préserver du fourrage à proximité pour le bétail et reproduire la fertilité. Les sols sont fertiles mais les rendements sont faibles dans l'ensemble : 1 t/ha pour le mil, sauf pour le maïs qui est le principal aliment et dont le rendement avoisine la moyenne provinciale mais aussi et surtout, parce que la fumure organique épandue sied bien à la culture du maïs. La raison des faibles rendements est que dans cette exploitation, l'agriculture est une seconde activité et ne fait pas l'objet d'attentions particulières. De ce fait, certaines opérations culturales sont négligées ou totalement ignorées.

La productivité de la terre pour le maïs blanc est la plus élevée (216 600 f CFA/ha), suivie de celle du sorgho (119 640 f CFA/ha). Le maïs et le sorgho ont la meilleure productivité en travail avec respectivement 3 209 f CFA/hj et 2 991 f CFA/hj. Malgré la faiblesse de ces indices, ce type d'exploitation reste l'un des plus riches de la région grâce aux revenus de l'élevage (Figure 17).

Le matériel agricole est composé d'instruments traditionnels fabriqués artisanalement par des forgerons locaux. Ce sont des imitations de matériels modernes qui s'adaptent facilement aux conditions agro-climatiques et dont l'efficacité laisse à désirer. On peut citer la charrue à bâtis polyvalent sur laquelle peuvent être monté le soc de labour ou le sarclo-butteur selon l'opération que l'on souhaite exécuter. Le matériel manuel reste fortement associé aux outils attelés.

1.3.7 Étude économique des systèmes de production SF

Les SP qui privilégient l'agriculture peuvent être regroupés en deux groupes. Le premier groupe représente la classe des agriculteurs qui n'ont pas de friches et qui font de la culture continue (migrants mossi). Le second regroupe les exploitants ayant des friches et pratiquant la défriche brûlis. Le SP 9 qui pratique la défriche brûlis, privilégie l'élevage contrairement autres systèmes de production.

Les Systèmes de Production en cultures continues ont un RA/actif élevé (supérieur à 345 000 f CFA) et des surfaces maximales par actif réduites (moins de 1,9 ha/actif). Le second groupe, possède une surface maximale par actif très vaste (supérieure à 1,9 ha/actif) pour des RA/actif relativement faibles (inférieur à 310 000 f CFA) à l'exception du SP 9 dont le RA est constitué principalement des

activités pastorales. D'une manière générale, les systèmes de production possédant les friches sont les plus en difficulté avec un RA/actif avoisinant 300 000 f CFA pour le plus performant d'entre eux (figure 16). Cela laisse un doute quant à la perpétuation de ces systèmes de production.

Les systèmes de production 1 et 2 sont en dessous du seuil de survie estimé à 171 000 f CFA dans le village de Koumbili (figure 16). Cela montre que l'agriculture manuelle a du mal à se renouveler. C'est une agriculture de type extensif (plus de 2 ha/actif) et très peu productive faute de matériels et de techniques culturales adéquates. L'aviculture qui est la principale activité d'élevage n'est pas productive et apporte une faible VAB.

En traction asine, le RA/actif est supérieur à 300 000 f CFA avec une surface maximale beaucoup plus réduite (1,7 ha/actif) en agriculture continue. Les SP qui utilisent la traction bovine et qui pratiquent la culture continue sont performants avec des RA/actif parfois supérieur à 450 000 f CFA et des surfaces par actif comprises entre 1,56 et 1,80.

Le SP 9 se différencie des autres systèmes de production en ce sens qu'il est à la base, un système de production pastorale (80 % du revenu agricole familial provient de l'élevage). Cela justifie le RAF de 4 102 000 f CFA qui rapporté au nombre d'actif, il vaut 455 777 f CFA/actif pour une surface par actif de 0,66 ha. En effet, les indices technico-économiques des systèmes d'élevage (SE 3 principalement) permettent d'atteindre des résultats aussi performants (VAB/mère/an = 96 000 f CFA).

 
 
 
 

SP avec
Parc et

 
 
 

Prairie

SP en culture

 
 

continue

 
 
 
 
 
 
 
 

SP en

 
 

difficulté

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Figure 16 : Comparaison des systèmes de production

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1.3.8 Analyse des systèmes de production

L'agriculture manuelle qui ne peut pas assurer sa reproductibilité va se raréfier. La figure 16 montre que les systèmes de production en dessous du seuil de survie sont pratiqués par des agriculteurs utilisant des outils manuels. Ensuite, face à une baisse continue de la fertilité des sols (diminution de la durée des friches) et à une présence quasi-permanente des adventices de culture, les outils agricoles manuels et la faible utilisation d'engrais organiques ne permettront pas à ces exploitations de se perpétuer. Les opérations culturales deviendront de plus en plus difficiles et les rendements de plus en plus faibles. Il est donc clair que ces systèmes de production ne sont pas viables à moyen et long termes. Ces agriculteurs vont devoir abandonner l'agriculture ou passer à un autre système de production en utilisant les revenus d'activités extra-agricoles.

Les exploitations qui intègrent la défriche brûlis vont aussi disparaître. En effet, les friches de courtes durées (2 à 4 ans) ne sont plus suffisantes pour reproduire correctement la fertilité des sols. Il va falloir donner aux friches une autre vocation. La tendance à la hausse du coût de l'engrais minéral, conduira ces exploitations dans une crise de fertilité qui provoquera un abandon progressif de certaine culture (coton). Devant l'accroissement rapide de la population (taille des familles grandissant et arrivée de nouveaux immigrés), il va se poser le problème de terre qui conduira nécessairement à un morcellement des superficies familiales. Cela aura pour conséquence de favoriser la naissance de petites exploitations avec des superficies plus réduites où les friches n'auront plus leur place dans les rotations. La culture continue va alors se généraliser au détriment de l'abattis-brûlis.

Par ailleurs, les systèmes de production ayant la traction asine ne vont pas demeurer. La traction asine ne résout pas le problème des adventices et constitue une phase transitoire de passage à la traction bovine plus lourde et qui peut lutter durablement contre les adventices de cultures. Dans ces SP, le moyen de reproduction de la fertilité reste l'engrais minéral dont le prix est de plus en plus élevé et hors de portée pour les petits agriculteurs. De plus, le fait de posséder un âne de traction n'apporte pas de VAB à l'exploitation, contrairement aux boeufs de trait. En effet, l'exploitation perd par tête et par an une somme de 3 000 f CFA.

Les types d'exploitations qui pourront exister sont ceux disposant de matériels agricoles lourds (traction bovine ou moto-mécanisation) qui permettent de cultiver en continu, et de moyens durables pour reproduire la fertilité des sols tel que les bovins de parcours (pour bénéficier du fumier). Une forte corrélation entre agriculture et élevage va caractériser les différentes exploitations dans cette zone. Face à une augmentation du prix des intrants et face à une baisse continue du coût du coton, les

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producteurs qui continueront à produire le coton sont probablement ceux qui se seront tournés vers les OGM pour minimiser le coût des intrants, mais aussi ceux qui auront accès à la moto-mécanisation pour étendre les surfaces emblavées en coton. De nouvelles cultures de rentes telles que le soja et le jatropha pourront se développer et concurrencer fortement le coton. Les nouvelles exploitations s'apparenteront aux systèmes de productions 9, 8 et 7.

Figure 17 : Contribution des systèmes de culture et d'élevage à la VAB totale

1.3.9 D'autres activités lucratives

La cueillette est pratiquée par les femmes et les revenus de cette activité leurs reviennent. Dans certains cas, ces revenus sont utilisés pour subvenir aux besoins de l'exploitation toute entière. Cela permet à certaines exploitations de disposer de revenus supplémentaires leurs permettant d'atteindre un niveau de vie plus élevé. Cette activité concerne principalement le néré (Parkia biglobosa), le karité (Butyrostermum paradoxum), les lianes (Saba senegalensis). La cueillette du karité et des lianes est une activité ouverte à toutes les femmes du village, mais celle du néré est restreinte aux femmes kasséna.

Le néré est transformé en soumbala puis vendu sous forme de boulettes à des prix très variés et de loin supérieur au prix de vente en gousse. Trois boulettes coutent 25 f CFA sur le marché du village. Les femmes Kasséna regroupées en association produisent le beurre de karité pour le compte d'un projet. Les autres femmes produisent le beurre de karité mais le vendent sur le marché local. Les lianes sont vendues sans transformation. La fabrication de bière locale (dolo) à base de sorgho est une activité génératrice de revenu. Elle est effectuée par les femmes Kasséna.

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La chasse et la pêche sont des activités saisonnières qui permettent aux populations d'avoir des revenus additionnels. La chasse est pratiquée par les hommes kasséna et les gibiers sont vendus dans le village et parfois dans les villages voisins. La pêche est collective et généralement pratiquée par les femmes kasséna de concert avec les gestionnaires du RGN. Ces dernières années, cette concertation est interrompue de telle sorte que la pêche s'en trouve menacée.

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CONCLUSION / RECOMMANDATION

L'étude diagnostique en zone cotonnière de Koumbili a permis de connaître à travers des entretiens historiques les profonds changements agricoles qui y sont intervenus, et de comprendre les agissements des paysans qui sont fortement conditionnés par l'écosystème dans lequel ils vivent. L'agriculture a évolué d'abord avec l'introduction de la traction attelée et de la culture du coton (semis en ligne, utilisation d'engrais chimiques et de pesticides) puis avec l'arrivée des migrants (changement des techniques culturales et des modes de mise en valeur des terres). Le patrimoine foncier cultivable s'est considérablement réduit avec la création de certains zone à statut particulier (RGN, ZOVIC...), créant une forte pression foncière sur les ressources restantes.

La typologie des systèmes de production qui en est ressortit dépend de la possession de friches, du type de matériel agricole utilisé et de la capacité à cultiver les cultures de rente. L'étude a montré que les systèmes de production qui font de la culture continue, avec des outils de traction lourds (moto mécanisation et traction bovine) et ayant des boeufs de parcours présentent des indices technico-économiques élevés. Les systèmes de production qui pratiquent la défriche-brûlis sont en difficultés et sont menacés de disparition. Cette situation est encore pire pour les systèmes de production qui utilisent des outils agricoles manuels dont les RA/actif se situent en dessous du seuil de survie.

Le coton qui occupe largement les superficies cultivées se trouve de plus en plus menacé par de nouvelles cultures (soja, sésame) qui lui ravissent des surfaces. Le riz et les cultures maraîchères sont très rentables mais ne peuvent pas concurrencer durablement le coton, car ces cultures se pratiquent sur de petites surfaces et sur des sols qui ne sont pas accessibles à tous. Le concurrent sérieux risque d'être le soja qui est aussi bien organisé que le coton et dont la culture qui n'est pas intensive en intrants agricoles (engrais, pesticides), dégrade moins le sol et produit une plus grande VAB comparativement au coton. Certains systèmes de production sont liés à la culture du coton par l'engrais dont l'arrière effet profite aux céréales. Une partie de l'engrais coton peut être détournée sur le maïs. Le retrait du coton bio va entrainer la disparition du système de culture SC 8. Cependant, l'introduction du coton Bt (OGM) favorisera la naissance de nouveaux systèmes de culture et la typologie actuelle s'en trouvera fortement modifiée.

Devant les menaces de contamination des gènes et de résistance des ravageurs du coton, que pourraient constituer les OGM pour les autres cultures, il y a lieu d'accompagner les producteurs à travers des sessions de formations et un encadrement technique adéquat, dans la production du coton OGM, souvent confondu par certains producteurs avec le coton biologique (car moins de traitements).

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En effet, toute mauvaise manipulation des OGM peut avoir de graves conséquences non seulement pour les producteurs, mais aussi et surtout pour la société cotonnière. Il est aussi à suggérer de trouver un mécanisme souple de payement qui éviterait les payements tardifs, qui se trouvent être l'une des causes de l'abandon de la culture du coton. Il serait alors intéressant d'envisager une sorte de microcrédit où le producteur pourra emprunter au besoin et en fonction de son revenu attendu une somme d'argent qui lui permettra de faire face à certaines difficultés financières.

Le gène Bt est fourni aux sociétés cotonnières par le groupe Mosanto, une structure étrangère (Etats-Unis). Cela crée une dépendance des sociétés cotonnières vis-à-vis de cette structure. Il est donc nécessaire de développer un partenariat avec des structures locales de recherche, capables de trouver, dans le court ou le moyen terme, un gène équivalent. Cela contribuera à réduire la dépendance vis-à-vis de Mosanto.

Dans un contexte de changement climatique, il importe également de former conséquemment les agriculteurs de la zone, sur les bonnes pratiques agricoles, afin de leurs permettre de gérer de façon professionnelle leurs exploitations. Ainsi la vulgarisation des paquets technologiques visant à accroître la productivité agricole (la promotion des variétés à haut rendement, les semences à cycle court, les techniques de reproduction de la fertilité...) et à donner plus de valeur ajoutée aux différents produits (la gestion des comptes d'exploitation, la transformation, la conservation et la commercialisation des produits agricoles...), doit être l'objectif principal des différents services de développement de la zone. Pour cela une coordination des actions de ces services en direction des producteurs s'impose. Les systèmes de production en culture continue avec de la traction lourde et un gros élevage sont à vulgariser.

Pour résoudre le problème d'alimentation du troupeau, il y a lieu de développer la fauche et la conservation du fourrage herbacé. La fauche et conservation de fourrage fournira du fourrage aux animaux en période de soudure et constituera une source de revenu pour les producteurs qui en feront la commercialisation. Elle stabilisera les animaux ce qui permettra de récupérer le fumier en grande quantité pour reproduire la fertilité des champs. Cela réduira du coup les conflits entre éleveurs et agriculteurs fréquents dans la zone. Les espèces concernées par la fauche et la conservation sont les graminées tels que : Pennisetum pedicellatum, Andropogon gayanus qui abondent dans la zone après les premières pluies.

Le statut de la ZOVIC et de la zone pastorale encore flou mérite d'être clarifié au plus tôt, car l'essor de l'agriculture dans cette zone en dépend. En effet une clarification du statut de ces zones

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occasionnera une redistribution des terres cultivables dans le village. Cela aura pour conséquence d'intensifier la production et de permettre aux producteurs d'investir dans la construction d'infrastructures agricoles.

Enfin, la question de l'eau potable est préoccupante dans la zone et particulièrement dans les hameaux de cultures et mérite d'être solutionné au plus tôt. En effet, certaines exploitations doivent mobiliser un actif familial pendant une journée (8 hj) pour l'approvisionnement en eau de la famille. Cela a pour conséquence de ralentir les travaux champêtres, créant ainsi des difficultés dans le respect du calendrier de travail. Dans d'autres exploitations par contre, on se résout à boire l'eau non potable des marres et marigots. Ce qui affecte la santé de ces populations (développement des maladies hydriques), donc l'agriculture dans la zone.

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WEBO GRAPHIE :

- Google maps. Visité en juin 2009.

- URL : http://vertigo.revues.org/index6582.html. visité en mai 2009. - http://fr.wikipedia.org/wiki/Latérite. visité en mai 2009.

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ANNEXES

ANNEXE 1 : CALENDRIERS DE TRAVAIL DES DIFFERENTS SYSTEMES DE PRODUCTION (SP)

Figure 1 : calendrier de travail du SP 1 Figure 2 : calendrier de travail du SP 2

figure 3 : calendrier de travail du SP 3

figure 4: calendrier de travail du SP 4

figure 5 : calendrier de travail du SP 5

figure 6 : calendrier culturale de SP 6.

II

figure 7: calendrier de travail du SP 7

figure 8 : calendrier culturale de SP 8

III

figure 9 : calendrier culturale de SP 9.

ANNEXE 2 : COURBE DE VARIATION DE LA PLUVIOMETRIE DE 1960 A 2008 ET DES TEMPERATURES DE 1982 A 2008.

ANNEXE 3 : SCHEMA DE FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES D'ELEVAGE

0 ,25 femelle 2 - 3 ans

0 ,25 femelle 1 - 2 ans

0 ,25 femelle

3 - 4 ans

Vente : 0,2 vente : 0,08

Perte : 0,04 perte : 0,04 vendu

0 ,25 femelle 0 - 1 ans

1 femelle

4 - 10 ans

0 ,75 né

0,5 vivant

TM : 0,33

1 mâle

2 - 10 ans

0 ,25 mâle 0 - 1 ans

0 ,25 mâle 1 - 2 ans

0 ,125 mâle 2 - 4 ans

IV

Schéma de fonctionnement du SE 4

Perte : 0,25 perte : 0,25

Vente : 0,25 vente : 0,25

Achat : 0,25

1 femelle

2 - 3 ans

1 femelle

1 - 2 ans

1 femelle

3 - 4 ans

1 femelle

0 - 1 an

5 femelles

4 - 12 ans

2 vivants

2,5 nés

4 mâles

2 - 6 ans

1 mâle

0 - 1 an

1 mâle

1 - 2 ans

SE 1

Schéma de fonctionnement du SE 2

Vente : 1 Vente : 1

Perte : 1 Perte : 1

17 femelles

4 - 12 ans

6 mâles

2 - 5 ans

4 femelles

3 - 4 ans

5 femelles

2 - 3 ans

5 femelles

1 - 2 ans

12 nés

TM : 0,17

10 petits

5 mâles

1 - 2 ans

 
 
 

5 mâles

0 - 1 ans

5 femelles

0 - 1 ans

 
 
 
 

vendus

3 mâles

1 - 2 ans

V

Schéma de fonctionnement du SE 3

Vente : 2 Vente : 2

Perte : 1

5 femelles 1 - 7 ans

1 mâle

1 - 2 ans

8 naissances

TM : 0,25

vendus

6 vivants

2 mâles 0 - 1ans

3 femelles 0 - 1 ans

3 mâles 0 - 1 ans

Schéma de fonctionnement du SE 5

Vente : 1 Perte : 0,5

4,5 femelles

0 - 1 ans

2,5 vendus

3 mères 1 - 6 ans

Vendus

4,5 mâles

0 - 1 ans

9 vivants

12 nés

TM : 0,25

VI

Schéma de fonctionnement du SE 6.

25vendues 30 vendus

5 mères

6 mois - 3 ans

150 poussins

225 oeufs

Perte : 2 Vente : 2

30 femelles

0 - 8 mois

30 mâles

0 - 8 mois

TM : 0,6

Schéma de fonctionnement du SE 7

Vente : 5

8 femelles

0 mois - 6 mois

80 pintadeaux

8 mères

6 mois - 3ans

1200 oeufs

Vente : 2 Perte : 1

8 mâles

0 - 6 mois

vente : 8

TM : 0,8

VII

Schéma de fonctionnement du SE 8

Vente : 3. vente : 2

Perte : 1

5 femelles

1 - 3 ans

2 mâles

6 mois - 1 ans

80 naissances

4 femelles

6 mois - 1 ans

TM : 0,5

40 vivants

Engraissement
6 mâles

6 - 20 mois

20 femelles

0 - 6 mois

20 mâles 0 - 6 mois

Vente : 16 Vente : 14

VIII

Schéma de fonctionnement du SE 9






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote