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Règles de politique monétaire: essai de modélisation pour la BCEAO ( banque centrale des états de l'Afrique de l'ouest )

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par Teega-wende Hervé ZEIDA
Université Ouaga II - Burkina Faso - Diplôme d'études approfondies (DEA)/ Master de recherche option: macroéconomie appliquée 2011
  

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Conclusion

La synthèse des différents résultats montre que la BCEAO réagit d'une manière beaucoup plus marquée aux chocs d'inflation anticipée avec un délai court qu'à ceux de l'output gap. Ainsi, l'hypothèse de l'existence d'un cadre logique dans la fixation du taux directeur est partiellement confirmée, une certaine crédibilité peut être lue notamment en ce qui concerne la mission de stabilité des prix de la BCEAO. La production n'étant pas sortie significative, la règle d'instrument peut être approximée par une règle d'objectif ou de ciblage d'inflation. La banque centrale se concentrerait sur la stabilité des prix de telle sorte que toute déviation de l'inflation anticipée de son niveau cible (2%) entraine une réaction plus que proportionnelle dans la fixation de son taux directeur. Une analyse rétrospective a révélé le caractère restrictif ou accommodant de la politique de taux de la BCEAO, selon que les taux effectifs étaient supérieurs ou inferieurs aux taux forwards i.e. dérivés de la règle.

46En effet, dans la zone UEMOA, à l'instar des balbutiements de la BRVM, il n'existe aucune autre place financière ou boursière pour de véritables transactions. Quand bien même existe la BRVM, il ya très peu d'entreprises nationales ou régionales cotées, la majorité des cotations sont dédiées aux succursales des entreprises étrangères.

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Règles de politique monétaire : essai de modélisation pour la BCEAO DEA/Master de recherche

CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

La politique monétaire depuis ces trente dernières années est au coeur de la théorie économique. Aussi, sa conduite est-elle soumise à une dynamique de débats sans cesse renouvelés : efficacité, règle de conduite et crédibilité entre autres.

Dans la zone UEMOA, la conduite de la politique monétaire est la mission de l'institut d'émission qu'est la BCEAO. A travers un dispositif d'instruments, notamment les taux directeurs, les réserves obligatoires et les concours aux Etats et aux banques, elle influe sur les conditions de financement de l'économie régionale afin de maintenir une stabilité macroéconomique.

La présente recherche a alors cherché à évaluer empiriquement le cadre de conduite de la politique monétaire de la banque centrale pour y déceler une éventuelle logique de décision crédible. En effet, une littérature a été développée pour d'abord soutenir que, la politique doit être conduite sous une règle plutôt que de manière discrétionnaire ; et pour ensuite s'appesantir sur la nature et les formes de règles possibles. Une des règles qui a eu un succès indiscutable est la règle de Taylor(1993) avec cependant plusieurs améliorations possibles. Notre essai a spécifiquement considéré la règle de Taylor type forward-looking, développée par Clarida et al. (1998). Les déviations de l'inflation anticipée à un an de la cible d'inflation (2%) et de la production par rapport à son niveau potentiel, sont les principaux arguments de cette règle avec le taux de pension (taux directeur) comme variable endogène. Ainsi, avons-nous formulé les hypothèses d'un effet-mémoire (processus AR(1)) et d'une règle d'instrument avec anticipation d'inflation. La MGM est la méthode d'estimation utilisée ; en faisant varier les instruments, nous définissons des critères simples à l'aune desquels une règle est retenue pour la BCEAO. Une analyse VAR préliminaire a été faite pour conforter les résultats de l'estimation de la règle.

L'analyse impulsionnelle dérivée des fonctions de réponse du modèle VAR montre que :

- Les réactions aux innovations réciproques entre taux de pension et gap d'inflation anticipée ainsi qu'entre taux de pension et output gap répondent aux attentes théoriques ;

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- L'écart d'inflation anticipée contribue beaucoup plus que l'output gap aux innovations du taux directeur (en moyenne 15% contre 1%).

La causalité réciproque entre le taux de pension et l'écart d'inflation anticipée est aussi confortée par le test de causalité de Granger. La causalité entre le taux de pension et le l'output gap n'est cependant pas concluant.

Les résultats à proprement parler de la règle forward-looking montrent que l'hypothèse d'un effet-mémoire dans la fixation du taux pension par la BCEAO est largement vérifiée et est en phase avec la plupart des études empiriques ayant fait cette hypothèse. La BCEAO fixerait son taux de pension en se basant sur ses valeurs passées dans une proportion de 87%.

L'hypothèse que la BCEAO aurait suivi une règle de Taylor type forward-looking sur la période d'après la libéralisation financière est partiellement vérifiée. En effet, le poids implicite accordé à l'inflation gap anticipée sur 4 trimestres est sorti à 1,17 alors que celui accordé au gap de production est de 0,23, mais ce dernier n'est pas statistiquement significatif. La production ne rentrerait donc pas dans la logique de fixation du taux de pension. Dans ces conditions, le cadre logique de décision de la banque centrale répond plus à un dispositif de ciblage d'inflation qu'à celui de règle d'instrument au sens de Taylor. Le principe de Taylor conforte davantage ce résultat dans la mesure où une déviation de l'inflation anticipée sur 4 trimestres entraine une réaction plus que proportionnelle du taux directeur.

Nos résultats confirment le constat général, qui est que la réputation et la crédibilité de la BCEAO en matière de stabilité des prix sont plus perceptibles sur une période récente. Ils s'en détachent cependant pour soutenir que la stabilité macroéconomique au sens de la BCEAO est congrue à la seule notion de stabilité des prix.

Toutefois, ces conclusions peuvent être assujetties aux critiques de mesures. En effet, l'estimation de la règle a été faite sur données trimestrielles. Or la trimestrialisation du P11B pour un besoin économétrique peut introduire des biais d'information. Ainsi, des données issues de systèmes d'enregistrement trimestriels du P11B par la comptabilité nationale aideraient à atténuer ce biais. Aussi, l'inflation ex post a été utilisée comme proxy de l'inflation anticipée, toute chose pouvant perturber la robustesse des résultats. Il est très probable que, des données issues d'enquêtes auprès des ménages et des entreprises pour recueillir leurs anticipations sur le niveau d'inflation améliorent nos résultats. La politique

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monétaire de la zone est certainement commune, mais des essais intégrant les spécificités de chaque pays de la zone permettraient de rendre compte de la réactivité de la BCEAO vis-à-vis des conditions financières, monétaires et réelles individuelles.

Notre étude n'a certes pas été basée sur une modélisation spécifiant explicitement des fonctions de comportement des ménages, des entreprises, des banques et même de l'Etat, mais il n'en demeure pas moins que quelques suggestions de politiques pourraient atténuer les insuffisances révélées par nos résultats. Et surtout que l'évaluation empirique de la règle est une manière de voir la transmission de la politique monétaire de la banque centrale.

Le cadre de conduite de la politique des taux directeurs de la banque se révèle être beaucoup plus proche de celui d'un ciblage d'inflation. Ce dernier a cependant des exigences pour sa bonne mise en oeuvre qui sont entre autres la transparence des banques centrales à travers la communication avec le public ; et la responsabilité des autorités monétaires devant toute déviation par rapport à la cible annoncée. Ainsi, la crédibilité de la BCEAO se renforcerait davantage si elle annonçait aux agents économiques sa logique de fixation de ses taux directeurs et d'autres conditions de financement. La communication étant un canal très important pour ancrer les anticipations des acteurs économiques, la BCEAO ne doit plus être une superstructure de bureaucrates détachés de son public. Des spots publicitaires, des conférences, des colloques ouverts à un large public sur les missions et les instruments de politique de la banque centrale, une accélération de l'informatisation des bases de données de la banque centrale aideraient à une appropriation des mesures de la BCEAO par les agents économiques dans leurs plans d'optimisation, toute chose qui accroît crédibilité et transparence dans la gestion de la monnaie commune.

Les résultats non satisfaisants sur la relation entre taux directeur et production, remettent à jour la problématique de la transmission de la politique monétaire sur l'économie réelle. Or l'article 8 des statuts de la BCEAO lui autorise d'accompagner la croissance des économies de la zone. Un des goulots d'étranglement de la transmission est l'oligopole du réseau bancaire. L'Indice d'Herfindahl-Hirschmann (IHH) montre en effet, une faible concentration de ce réseau, et aussi il y a le constat de surliquidité des banques qui n'est plus qu'un secret de polichinelle. Ainsi, les impulsions monétaires de la banque centrale ne sont pas répercutées sur les taux débiteurs offerts à la clientèle. Dans ces conditions, la BCEAO devrait inciter à une plus grande libéralisation du paysage bancaire en accordant de nouveaux agréments et

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désinciter la constitution de réserves excédentaires (excessives) à travers une politique restrictive de réserves obligatoires.

Le rapport annuel 2009 de la Commission bancaire indiquait que l'évolution du secteur de la finance décentralisée de l'Union révèle le dynamisme de la finance de proximité, avec plus de 800 institutions de microfinance. Le nombre de bénéficiaires des prestations de service des systèmes financiers décentralisés (SFD) est passé de 9,3 millions à fin décembre 2008 à 10,7 millions à fin décembre 2009, soit une hausse de 14,1%. Ce constat traduit la faible bancarisation des agents économiques, et nous fait dire que la BCEAO devrait continuer et approfondir sa politique de bancarisation à grande échelle dans la zone qu'elle a initiée en début d'année 2010. Et encourager les SFD pour une plus grande accessibilité des plus pauvres aux financements.

La crise financière de 2008 a secoué le cadre de conduite de la politique monétaire, les banques centrales occidentales ayant adopté une batterie de mesures non conventionnelles pour rétablir la confiance sur les marchés financiers, favoriser le crédit et relancer la croissance qui était tombée en berne. Tanimoune (2011) montre que la BCEAO n'a pas mené de telles politiques du fait que le système financier de l'Union a été très peu affecté. Cependant, ces mesures doivent interpeller la BCEAO à ne pas s'enfermer dans une certaine orthodoxie (mandat hiérarchique), mais plutôt elle doit s'acharner à déterminer les instruments endogènes de régulation des conditions financières qui seront les relais véritables de sa politique monétaire. Autrement, un débat sans ambages doit être mené par la BCEAO et la Commission de l'UEMOA afin d'en tirer des enseignements pour la gestion monétaire et économique de la zone, un véritable Policy - mix étant plus que jamais nécessaire pour une Union en quête de croissance durable et de sortie de l'ornière de la pauvreté.

Avec les nouveaux statuts de 2010, le discours officiel de la BCEAO est la stabilité des prix alors que depuis la dévaluation de 1994, une certaine orthodoxie s'efforce à défendre la parité du franc CFA à travers les réserves de changes. Le régime de change actuel contraint ainsi, le pilotage de la politique monétaire de la banque centrale. Dans cette perspective, l'édiction d'une règle monétaire intégrant le ciblage des réserves pour appréhender la vraie logique du comportement de la BCEAO avec un débat autour de la thématique du triangle d'incompatibilité de Mundell, serait un axe de recherches complémentaires.

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