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Démographie de la région de Ziguinchor au Sénégal: de la veille de la réclamation indépendantiste à nos jours( Télécharger le fichier original )par Oumar DIOP Ecole nationale de la statistique et de l'analyse économique - Elève ingénieur des travaux statistiques 2011 |
Rédigé par : Oumar DIOP, Elève Ingénieur des Travaux Statistiques
Sous la supervision de : M. Abdou DIOUF, Ingénieur des Travaux Statistiques Chef du Service Statistique Régional de Ziguinchor M. Bédhiou MANE, Technicien Supérieur en Statistique Chef -Adjoint du Service Statistique Régional de Ziguinchor Novembre 2011 Novembre 2011 AVANT PROPOSL'ENSAE-Sénégal comme celle d'Abidjan ou de Paris a pour vocation première de former des ingénieurs en statistique et en économie. Donc, des Hommes capables de modéliser, d'interpréter et de solutionner les problèmes sociaux et économiques qu'ils trouveront sur le terrain. Or, cela n'est possible que si ces derniers ont l'aptitude d'adapter leur savoir faire théorique appris à la réalité du terrain. De ce fait, l'ENSAE-Sénégal, dès la première année, fait rédiger à ses élèves des mémoires de statistiques descriptives et en deuxième, leur fait faire un stage appelé stage d'immersion, sanctionné d'un rapport de stage, afin de les pousser à appliquer les notions apprises en classe par la même occasion les familiariser avec les outils de travail et leur futur champ d'action. C'est en sens, qu'il nous a été donné l'honneur de rédiger ce présent rapport sur le thème : «Démographie de la région de Ziguinchor : de la veille de la réclamation indépendantiste à nos jours. » après un stage effectué au Service Régional de la Statistique de Ziguinchor sous la supervision de M. Abdou DIOUF, Ingénieur des Travaux Statistiques et de M. Bédhiou MANE, Technicien Supérieur en Statistique. SOMMAIREChapritre I: Présentation de la région, de la structure d'accueil et des données : 2 I. Présentation de la région : 2 5. Organisation Administrative 2 II. Présentation de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) 2 1. Organisation administrative et missions de l'ANSD 2 2. Activités et objectifs de l'ANDS 2 III. Présentation des données : 2 Chapritre II: Analyse démographique : état et évolution de la population 2 I. Répartition spatiale de la population 15 1. Répartition selon la zone de résidence 16 2. Répartition suivant le département : 18 I. Structure de la population selon l'âge et le sexe 19 1. Structure selon les différents groupes d'âges : 19 2. Structure de la population selon le sexe et l'âge 20 3. Analyse de la pyramide des âges : 21 II. Composition ethnique et religieuse : 22 Chapritre III: Problèmes rencontrés et recommandations : 2 LISTE DES GRAPHIQUESGraphique 1: Evolution de la population de Ziguinchor entre 1980 et 2013 16 Graphique 2: Evolution de la population urbaine entre 1980 et 2010 17 Graphique 3: Population de la région selon le milieu de résidence entre 1980 et 2010 18 Graphique 4: Evolution de la population suivant le département de 1980 à 2010 19 Graphique 5: répartition de la population par les grands groupe d'âge en 1986 20 Graphique 6:répartition de la population par les grands groupe d'âge en 1994 20 Graphique 7:répartition de la population par les grands groupe d'âge en 2002 20 Graphique 8: répartition de la population par les grands groupe d'âge en 2010 20 Graphique 9:Rapport de masculinité par classe d'âge en 2010 21 Graphique 10: Pyramide des âges de la région de Ziguinchor 2010/2009 22 Graphique 11: évolution de la population de Ziguinchor 23 LISTE DES TABLEAUXTableau 1: Evolution de la population de Ziguinchor de 1980 à 1989 27 Tableau 2:Evolution de la population de Ziguinchor de 1990 à 1999 27 Tableau 3:Evolution de la population de Ziguinchor de 2000 à 2010 27 Tableau 4: Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 1986 28 Tableau 5:Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 1994 28 Tableau 6:Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 2004 29 Tableau 7:Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 2010 29 SIGLES ET ABRÉVIATIONS :ANSD : Agence National de la Statistique et de la Démographie ENSAE : Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance SES : Situation Socio-Economique REMERCÎMENTS :
RÉSUMÉCette étude, dont le thème central est : « démographie de la région Ziguinchor : de la veille de la réclamation indépendantiste à nos jours » aura essentiellement tenté, de manière temporelle, d'apprécier les modifications démographiques qu'a connues cette région. L'étude a porté sur trois décennies et l'approche a été faite suivant plusieurs angles : · D'abord, elle aura analysé l'effectif global et son évolution. Cet effectif représente 6% de la population sénégalaise. La région connait une forte natalité et une baisse sensible du niveau de mortalité donc une appréciation de l'accroissement naturel. il n'aura fallu à la région que 25 ans pour doubler passant de 361 002 à 713440 habitants entre 1985 et 2010. La densité moyenne est de 97 habitants/km². · Ensuite, vu que sur la population totale, il n'y a pas eu de perturbations notoires ni de mutations au cours du temps, une question s'est posée : est-ce que le conflit a eu des impacts significatifs sur la population ? C'est ainsi que nous nous sommes proposés d'étudier la population selon la dimension spatiale. Ainsi, suivant la zone de résidence, on aura observé que le climat politique a beaucoup joué en faveur de l'urbanisation. Le taux d'urbanisation est passé de 34% à 47% entre 1983 et 2002 et, depuis lors, il n'a pas beaucoup évolué. Cela a fait de Ziguinchor l'une des régions les plus urbanisées du Sénégal. Suivant les départements, on note celui de Ziguinchor constitue le pôle démographique de la région ; il regroupe 46% de la population et est suivi de très près par le département de Bignona avec 45% tandis que le département d'Oussouye a un poids démographique relativement faible de l'ordre de 9%. · Puis nous nous sommes intéressés à la structure de la population suivant l'âge et le sexe. Nous avons relevé que c'est une population très jeune : 54% de celle-ci a moins de 20 ans. La part des moins de 15 ans était de 43% en 2010, celle des plus de 65 ans 6% et celle des personnes en âge de travailler (15-65 ans) 51%. Ce qui fait que le ratio de dépendance démographique était de 94% en 2010. Ce dernier a considérablement évolué depuis 1980 avec le poids des classes d'âge. On a relevé un rétrécissement de la masse des moins de 15 ans et une évolution inverse de celle des 15-65 ans. Ainsi le ratio de dépendance démographique a considérablement baissé passant de 255% à 94% entre 1986 et 2010. Concernant le genre, le sex-ratio est quasi équilibré ; Il est globalement de 99%. Cependant elle varie sensiblement en fonction de l'âge. Les hommes sont numériquement supérieurs aux femmes sauf pour les âges compris entre 15 ans et 45 ans. Dans cet intervalle, le rapport de masculinité atteint parfois même moins de 70% (moins de 70 hommes pour 100 femmes). · Par ailleurs, nous avons aussi étudié la composition ethnique et religieuse de la région. Les ethnies dominantes sont celles diola, baïnounk, mandingues... Sur le plan religieux, les musulmans représentent 74% et les chrétiens 17% la part des animistes est de 9%. Ces derniers sont principalement localisés dans le département d'Oussouye. INTRODUCTION :Depuis près de 30 ans, la région de Ziguinchor est le théâtre d'un conflit indépendantiste communément appelé « Conflit Casamançais », faisant allusion à la Casamance naturelle dont elle appartient. Même si ce conflit n'a pas une dimension comme ceux, de la plupart, en Afrique, il aura cependant hypothéqué l'avenir de la région et causé de nombreux morts et déplacés, ce qui, en principe, du point de vue démographique, devrait modifier la répartition spatiale et les comportements en termes de natalité et de mortalité de la population locale. Cette dernière dont les conditions de vie resteront rythmées par le cours des hostilités, entre les multiples cessez-le-feu et violents combats, entre un MFDC, qui ne voit le bel avenir de la région qu'à travers son indépendance et l'Etat du Sénégal décidé à maintenir l'unité de la nation quelqu'en soit le prix. Au fil des années, le conflit aura étendu ses tentacules au point de concerner toute la région et de toucher même celle de Sédhiou dans le Fouladou. Tous ces facteurs nous incitent à étudier la démographie de cette région selon une approche évolutive afin de jauger les différents changements intervenus depuis le début du conflit. Ainsi, avons-nous choisi de porter notre réflexion partant de la veille de la réclamation indépendantiste à nos jours. Toutefois, limiter l'étude, à ses aspects, serait, ignorer l'essence même du conflit. Pour beaucoup d'experts, les causes de celui-ci seraient essentiellement ethnocentriques et religieuses, dans le sens où les sensibilités éthiques et religieuses de la région semblent ne pas être compatibles à celles du reste du Sénégal basées sur le modèle islamo-wolof. C'est pourquoi, nous avons aussi été tentés d'étudier la structure démographique de la région afin de voir à quels points elle est spécifique par rapport au reste du pays. Fort de tous ces constats, nous avons voulu que ce rapport ait pour thème central : la démographie de la région de Ziguinchor : de la veille de la réclamation indépendantiste à nos jours. L'étude ne se veut pas seulement descriptive mais elle est surtout analytique et cela dans l'objectif d'appréhender les impacts du conflit sur cette population. Ainsi, après une présentation de la région, de la structure d'accueil et de l'origine des données, nous allons dans un premier temps procéder à l'analyse démographique et dans un second temps évoquer les problèmes auxquels nous avons été confrontés avant d'émettre quelques recommandations. PRÉSENTATION DE LA RÉGION, DE LA STRUCTURE D'ACCUEIL ET DES DONNÉES :I. Présentation de la région :1. Position géographiqueLa région de Ziguinchor est située à 12°33' Latitude Nord et 16°16' de Longitude Ouest, déclinaison magnétique 13°05. Son altitude 19,30m dans la partie Sud-ouest du Sénégal, occupe une superficie de 7339km² soit 3,73% du territoire national et est limitée au Nord par la République de Gambie, au Sud par la République de Guinée Bissau, à l'Est par les régions de Kolda et Sédhiou et à l'Ouest par l'Océan Atlantique.
Figure 1: Carte de la région de Ziguinchor 2. VégétationLa région est influencée par le climat sub-guinéen, favorisant ainsi une forte pluviométrie par rapport aux régions centres et nord du pays. Nous notons la formation d'un domaine forestier constitué par des forêts denses sèches et des forêts galeries localisées principalement dans la partie sud. La mangrove et la palmeraie colonisent la zone fluviomaritime, on note également la présence de rôneraies. 3. FauneLa région recèle un important potentiel faunique. Les galeries forestières et certaines forêts classées sont des habitats de prédilection des guibs harnachés, des céphalophes à flanc roux, des céphalophes à dos jaune et des cercopithèques (singes verts, patas et colobes), des porcs-épics et des reptiles. La végétation rupicole si bien représentée constitue l'habitat de premier choix des singes verts. Le littoral constitue une étape importante dans la migration des espèces aviaires paléarctiques. Dans le département d'Oussouye et plus précisément à Santhiaba-Manjaque, le parc national de la basse Casamance constitue une importante zone de repli de la faune. 4. HydrographieLe réseau hydrographique de la région est principalement formé du fleuve Casamance (fleuve à régime semi-permanent dont l'écoulement dure de juin à mars). Ce fleuve reçoit le Soungrougrou, un affluent de 140 km, et les marigots de Guidel, Kamobeul, Bignona, etc. La superficie de bassin drainée est d'environ 20 150 km² comprenant les grands sous-bassins (Baïla : 1 645 km², Bignona: 750 km², Kamobeul : 700 km², Guidel : 130 km² et Agnack : 133 km²) avec des volumes très variables de 60 à 280 millions de m3 /an. Le fleuve Casamance, long de 350 km, est souvent bordé de mangroves et envahi par les eaux marines jusqu'à 200 km de son embouchure (Diana Malari/Sédhiou) où se déversent des volumes très variables : 60 à 280 millions de m3 d'eau par an. 5. Organisation AdministrativeLa région de Ziguinchor est née de la réforme administrative de juillet 1984 qui scinde l'ancienne région de la Casamance en deux entités administratives : la région de Kolda et celle de Ziguinchor. Elle est composée de 3 départements (Bignona, Oussouye et Ziguinchor), de 8 Arrondissements, de 5 Communes, de 25 Communautés rurales et d'environ 502 villages. II. Présentation de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD)L'Agence Nationale de la Statistique et la Démographie (ANSD) est une structure administrative dotée de la personnalité juridique et d'une autonomie de gestion. Placée sous la tutelle du Ministère de l'Economie et des Finances (MEF), elle est administrée par un Conseil de Surveillance composé de représentants de la Primature, du MEF, de la Banque Centrale, des organisations patronales, des centrales syndicales des travailleurs et des centres de recherche universitaire. Elle a été créée par la loi n°2004 -21 du 21 juillet 2004 portant sur l'organisation des activités statistiques du Système statistique national (SSN). Son organisation et son mode de fonctionnement sont régis par le décret N° 2005-436 du 23 mai 2005. 1. Organisation administrative et missions de l'ANSDL'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie est placée sous la tutelle du Ministère de l'Economie et des Finances et supervisée par le Conseil National de la Statistique. Elle est administrée par un conseil d'orientation composé de neuf membres nommés par décret sur proposition du Ministre tutelle pour une durée de deux ans renouvelable. Elle est dirigée par un directeur générale nommé par Décret et assisté d'un directeur général adjoint. L'agence comprend : ü La Direction Générale ü La Direction des statistiques Economiques et de la Comptabilité nationale ü La Direction des Statistiques démographiques et Sociales ü La Direction du Management de l'Information Statistique ü La Direction de l'Administration et des Finances ü La Direction chargée de la mise en place de l'ENSAE-Sénégal ü La Cellule de Programmation, de Coordination stratégiques et de Coopération Internationale ü Quatorze Services régionaux L'ANSD continue les activités fort remarquables de l'ex Direction de la Prévision et de la Statistique (DPS) et manifeste sa volonté de les intensifier et les approfondir. 2. Activités et objectifs de l'ANDSDans le but de mieux contribuer à l'accélération de la croissance, à l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et à la réduction de la pauvreté, l'ANSD travaille à l'amélioration de la pertinence, de la fiabilité et de la mise à disposition des statistiques. Pour ce faire, les activités suivantes sont menées : ü Veiller à l'élaboration et à la mise en oeuvre des programmes d'activités statistiques ; ü Assurer la mise en application des méthodes, concepts, définitions, normes, classifications et nomenclatures, ü Préparer les dossiers des sessions du Conseil National de la Statistique (CNS) et du Comité Technique des programmes Statistiques (CTPS) ; ü Assurer la présidence et le secrétariat du CNS, du CTPS et des sous comités sectoriels ; ü Réaliser des enquêtes d'inventaire à couverture nationale notamment les recensements généraux de la population et les recensements d'entreprises ; ü Produire des Comptes de la Nation ; ü Suivre la conjoncture et la prévision économiques en rapport avec le service en charge de la prévision et de la conjoncture économique ; ü Elaborer et gérer les fichiers des entreprises et des localités ; ü Elaborer les indicateurs économiques, sociaux et démographiques ; ü Centraliser et diffuser les synthèses des données statistiques produites par l'ensemble du système statistique national ; ü Favoriser le développement des sciences statistiques et de la recherche économique appliquée relevant de sa compétence ; ü Promouvoir la formation du personnel spécialisé au sein d'une école à vocation régionale ou sous-régionale intégrée à l'agence ; ü Suivre la coopération technique internationale en matière statistique ; ü Mener des études et recherches sur des questions statistiques, économiques ou sociales. Ainsi, l'agence a pour vision de « Devenir un Système Statistique National robuste, suffisamment coordonné et assurant une bonne couverture des besoins des utilisateurs » et se propose quatre axes stratégiques et des objectifs à savoir : Axe1 : Renforcement du dispositif institutionnel ü Compléter le cadre juridique en vigueur ü Améliorer le cadre organisationnel ü Rendre effective la coordination et la programmation statistiques ü Assurer le financement des activités statistiques courantes avec des ressources financières durables Axe2 : Amélioration de la qualité des produits statistiques ü Disposer de statistiques produites selon les normes établies et dans les délais fixes ü Disposer de statistiques les plus désagrégées possibles tenant compte notamment du genre et de la décentralisation Axe3 : Diffusion et promotion de l'utilisation des statistiques, de l'analyse et de la recherche ü Orientation de la production vers une meilleure satisfaction de la demande ü Améliorer la diffusion ü Faciliter l'accès (physique, technique, financier) des statistiques aux utilisateurs ü Développer une politique de communication ü Promouvoir la culture statistique ü Encourager la recherche et l'analyse approfondie par les utilisateurs Axe4 : Renforcement des capacités pour un système statistique efficace ü Disposer d'une bonne politique de gestion des ressources humaines ü Disposer d'une bonne politique de gestion des ressources matérielles et des infrastructures ü Disposer une bonne gestion des ressources financières ü Systématiser l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication L'Agence Nationale de la Statistique et de la démographie comporte quatorze services régionaux présents dans les quatorze régions du Sénégal. D'ailleurs, ce stage est effectué dans le Service Régional de la Statistique et de la Démographie de la région de Ziguinchor. Ce dernier a comme mission · contribuer à la collecte, au traitement et à l'analyse des données au niveau régional et local ; · coordonner et gérer au niveau décentralisé l'ensemble des enquêtes conçues par les autres Directions techniques de l'ANSD ; · assurer la collecte et le traitement des données auprès des services décentralisés et déconcentrés de l'Etat ; · produire des statistiques sur la situation économique et sociale au niveau local ; · contribuer à l'analyse des données d'enquêtes menées sur le territoire local, aux travaux statistiques et aux études spécifiques à la connaissance des données économiques, démographiques et sociales de la région ; · diffuser des statistiques et études nationales et régionales dans la région ; assister les autres composantes du système statistique national dans leurs actions au niveau de la région ; · assurer la coordination de l'élaboration et l'actualisation du Programme national d'activités statistiques, de ses plans annuels d'action et de toute stratégie de développement de la statistique ; contribuer à la préparation du rapport annuel d'exécution du Programme national d'activités statistiques et au suivi de la mise en oeuvre des plans d'action ; contribuer au renforcement des capacités en matière de statistiques des services sectoriels régionaux. III. Présentation des données :Les données utilisées dans ce document proviennent essentiellement des rapports annuels de la Situation Socio-économique (SES) de la région. Le SES est un document purement descriptif qui présente chaque année les secteurs phares de l'économie de la région et renseigne aussi sur l'état de sa population. Cette dernière est appréciée à partir des projections démographiques de l'Agence de la Statistique et de la Démographie (ANSD). Outre ces données, celles des rapports d'enquêtes comme l'enquête des personnes déplacées et des ONG comme Handicap International ont aidées à la rédaction de ce rapport. ANALYSE DÉMOGRAPHIQUE : ÉTAT ET ÉVOLUTION DE LA POPULATIONI. Répartition spatiale de la populationSelon les projections officielles, la population de la région de Ziguinchor est estimée en 2010 à 713440 habitants. Elle représente 6% de la population du Sénégal avec une densité supérieure à la moyenne nationale comparable à celle du bassin arachidier. Elle est de 97 habitants/km² contre 65 au niveau national selon les estimations 2010. Toutefois, il est à noter que cette répartition n'est pas uniforme : l'importance des forêts et zones marécageuses explique l'existence de parties quasiment inhabitées. De ce fait, on peut rencontrer des densités allant de 5 habitants/ km² à 300 habitants/km². Le conflit aussi aura favorisé le dépeuplement de certaines zones qui, naguère étaient très peuplées. Nous reviendrons plus en détaille sur cette disparité un peu plus loin dans le document. C'est une région dont l'accroissement naturel est à l'image du reste du pays. En effet, le coefficient d'accroissement était de 2,6% entre 1976 et 1988 et 3% entre 1989 et 2002, donc légèrement au dessus de celui national qui était de 2,5% entre 1976 et 2002. Cela montre que l'accroissement démographique de la région est relativement fort. Ainsi, il n'aura fallu que 25 ans à cette population pour doubler passant de 361002 en 1985 à 713440 habitants en 2010. Ce constat permet indirectement de ressortir un aspect de cette population ayant trait à la pauvreté, dans la mesure où 25 ans est la période moyenne de redoublement des populations pauvres. L'évolution de la population de Ziguinchor a une tendance linéaire avec un coefficient de détermination de l'ordre de 0,98.
Graphique 1: Evolution de la population de Ziguinchor entre 1980 et 2013 Ce parfait ajustement laisse présager que le conflit n'a pas eu tellement d'effets sur l'effectif global de la population et cela malgré la mortalité et la migration qu'elle aura pu occasionner. Pourtant, en 2006, Handicap International publie un rapport rédigé par Nelly Robin (IRD), Babacar Ndione (Handicap International), dans lequel il est inscrit que plus de 125 villages de la région sont aujourd'hui abandonnés et que la moitié de ces derniers appartiennent au département de Ziguinchor. Ainsi, partant de ces observations, il serait pertinent pour nous de répondre à certaines questions : · Quelle est la carte démographique de la région autrement dit la répartition de la population suivant la zone de résidence et suivant le département de 1980 à 2010 ? A-t-elle vraiment connu des modifications ? · Quelle est la structure de la population en termes d'âge et de sexe ? · Quelle est sa composition ethnique et religieuse ? 1. Répartition selon la zone de résidenceEntre 1980 et 2010, la population urbaine est passée de 34% à 47%. Cependant l'observation des données nous montre que cette urbanisation a été accélérée par le conflit comme le montre le graphique suivant :
Graphique 2: Evolution de la population urbaine entre 1980 et 2010 Entre 1980 et 1983, on voit que le taux d'urbanisation n'a pas progressé, il y a quasiment une absence d'exode rurale ou d'immigration vers les villes de la région. Cela s'explique par le fait que la population autochtone (Diola, Baïnouck) est très encrée à sa terre car son activité est essentiellement tournée vers l'agriculture. Toujours reste-t-il que Ziguinchor, à cause de sa richesse et de l'essor qu'elle connaissait à cette époque fut une zone d'influence qui attirait beaucoup d'immigrés avant 1983. 1983 coïncide avec le début du conflit et jusqu'en 1998, son intensité aura joué en faveur de l'urbanisation passant de 34% à 46%. Cela est dû au déplacement des populations des zones rurales, zones d'insécurité vers les villes où l'armée nationale est beaucoup plus présente. Ainsi, notera-t-on une poussée démographique dans des communes comme Ziguinchor et Bignona. Situation qui a favorisé la paupérisation de cette population et l'occupation anarchique de l'espace de ses communes. Depuis 2002, le taux tourne autour de 46 et 47%. 2002, rappelons le, est la date de signature du traité de paix entre l'Etat du Sénégal et le MFDC. Avec le programme de déminage et de reconstruction entamé depuis 2008 on devrait s'attendre à une décongestion progressive de ces villes. Suivant les départements on note de grandes disparités en ce qui concerne l'urbanisation, le département d'Oussouye et de Bignona ont des populations urbaines très faibles respectivement 11% et 17%, le taux régional est surtout élévé par la forte urbanisation du département de Ziguinchor 84%. Bref, entre 1980 et 2010, ont aura surtout constaté une hausse progressive de la population urbaine donc inversement une baisse du poids démographique de la population rurale. Cependant, plus de la majorité de la population est rurale 53% de l'effectif total de la région selon les données de 2010.
Graphique 3: Population de la région selon le milieu de résidence entre 1980 et 2010 2. Répartition suivant le département :Aujourd'hui, le département de Ziguinchor est le pôle démographique de la région, elle polarise la moitié de la population régionale soit 330 112 habitants (46% de la population régionale), elle est suivie de près par le département de Bignona avec 318 478 habitants en 2010. La population du département d'Oussouye est estimée à 64 850 habitants soit 9% de la population régionale. Cependant, au début d'années 1980 le département de Bignona avait la plus forte population mais au fil du temps, Ziguinchor aura pris le dessus, le département d'Oussouye gardant toujours un poids constant de 9%. Cette hausse du poids du département de Ziguinchor est corrélable à la hausse du taux d'urbanisation. Ainsi, depuis 2002, ce poids comme celui du taux d'urbanisation n'a pas évolué.
Graphique 4: Evolution de la population suivant le département de 1980 à 2010 I. Structure de la population selon l'âge et le sexeL'étude de la structure selon l'âge et le sexe est très importante car elle renseigne sur la fécondité et la mortalité. Elle permet de mesurer les besoins en termes d'infrastructure d'éducation, de santé... La région de Ziguinchor, en termes de structure, a une population très jeune. En effet, 54% de celle-ci a moins de 20 ans en 2010. Il y a aussi un équilibre entre les deux sexes, le rapport de masculinité est de 99 hommes pour 100 femmes. 1. Structure selon les différents groupes d'âges :Nous allons maintenant analyser la population selon les groupes d'âges de 0-14 ans, 15-65 ans et 65 ans et plus. Cette subdivision tient compte de la volonté de déterminer le ratio de dépendance démographique. C'est le rapport du nombre d'individus supposés « dépendre » des autres pour leur vie quotidienne (jeunes et personnes âgées) par le nombre d'individus capables d'assumer cette charge. En 2010 le ratio était de 94% autrement dit 100 personnes ont la charge de 94. Cependant, ce ratio a connu des évolutions considérables. En 1986, il était de 225% soit 100 personnes pour 225. Il aura baissé d'année en année pour atteindre le taux actuel. Cela est dû à la diminution de la part des 0-15 ans et à l'augmentation de la masse des 15-65ans. Entre 1986 et 2010, les 0-15ans sont passés de 65% à 43% et les 15-45 ans de 31% à 51%. Les détails de cette évolution sont consignés dans les graphiques suivants : Cette évolution peut s'expliquer par l'amélioration des conditions de vie surtout de la santé qui diminue la mortalité de personnes âgées mais aussi à une baisse aussi de la fécondité bien que celle-ci ne soit que dans une moindre mesure. 2. Structure de la population selon le sexe et l'âgeIci, l'étude est basée sur le rapport de masculinité qui est l'effectif de la population masculine rapportée à celui féminine multiplié par 100. Ainsi, il y a une domination des hommes si le rapport est supérieur à 100% et des femmes au cas contraire. Le rapport de masculinité global est de 99% c'est-à-dire 100 femmes pour 99 hommes. Signalons que ce rapport varie suivant l'âge. En 2010, pour les groupes d'âges inférieurs à 10 ans, on a une supériorité des garçons sur les filles allant jusqu'à 110 hommes pour 100 femmes. Ce même constat peut être fait pour les groupes d'âges supérieurs à 60 ans mais seulement l'écart est beaucoup plus considérable avec un pique de 140 hommes pour 100 femmes ce qui est tout à fait le contraire de ce qu'on a l'habitude de voir, si l'on sait qu'en général que les femmes ont une espérance de vie beaucoup plus grande que les hommes. Dès lors Ziguinchor se différentie du reste du Sénégal sur ce point. Cependant, sans doute, à cause de l'émigration, on note que les femmes sont numériquement plus nombreuses que les hommes pour les âges de 15 à 65 ans allant jusqu'à parfois 70 hommes pour 100 femmes.
Graphique 9:Rapport de masculinité par classe d'âge en 2010 3. Analyse de la pyramide des âges :L'analyse de la pyramide des âges montre qu'elle est, à l'instar de celles des régions pauvres avec une base large. Elle semble aussi être symétrique. Ces deux remarques viennent corroborer les observations faites précédemment selon lesquelles la population était jeune et qu'il y a un équilibre entre la population masculine et celle féminine. Concernant son évolution, cette pyramide est en constante expansion. Cela est dû à l'importance de la fécondité et à la baisse de la mortalité. Cependant, on ne note pas de mutation dans sa structure : la population reste caractérisée par sa jeunesse et le sex-ratio semble globalement équilibré.
Graphique 10: Pyramide des âges de la région de Ziguinchor 2010/2009 II. Composition ethnique et religieuse :III. 1. Ethnies :Jusqu'au siècle dernier, les diolas et les baïnouks constituaient la totalité de la population de la région. Aujourd'hui, la région compte à elle seule la moitié des ethnies du Sénégal ; cette diversité obéit à la règle de peuplement. Les deux ethnies susmentionnées demeurent les majoritaires formant 58% de la population totale de la région. Elles sont suivies des mandingues 10%, des pulaars 9%, des wolofs 5%, des manjaaks 4%. On y rencontre des mancagnes, des balantes, des sereers entre autres, mais aussi, une part importante d'étrangers : ceux-ci constituent 3% de sa population. Ce phénomène s'explique par le fait que la région est limitrophe des deux Guinées et de la Gambie. 2. Religions :Suivant l'aspect religieux Ziguinchor est assez spécifique, comparée au reste du Sénégal. Elle regroupe la quasi-totalité de la population animiste sénégalaise et compte un nombre important de chrétiens ; Ces derniers constituent 18% de la population. Ils sont majoritairement catholiques (17%). Le pourcentage des musulmans est de 74%. Prenant en compte les confréries, celle des khadres reste dominante et représente 29% suivie de celle des tidianes, 23%, et celles des mourides avec 4%... PROBLÈMES RENCONTRÉS ET RECOMMANDATIONS :I. Problèmes :Le problème majeur, auquel nous avons été confrontés, pendant la rédaction de ce rapport a été l'absence de données fiables concernant la population de cette région. Rappelons que le choix de ce thème a été fait pour deux raisons : · Nous avons pu constater dans un premier temps une déformation de la pyramide des âges s'élargissant vers le milieu entre 1990 et 2010. Cependant, il nous a été ensuite signifié que les données avec lesquelles nous travaillons étaient erronées car le recensement de 2002 avait sous-estimé la population de Ziguinchor. Dans un second temps, il nous a était remis des données issues des corrections faites par l'ANSD. Cependant, ces dernières posent un problème dans la mesure où elles proviennent des projections de 1988. Ce qui explique la constance dans l'accroissement de la population observée au début de l'analyse et le coefficient d'ajustement élevé1(*) :
Graphique 11: évolution de la population de Ziguinchor Ainsi, il est difficile de mesurer de manière significative les impacts du conflit. L'enquête sur les personnes déplacées effectuée en 2006 par le service régional n'a concerné que les communautés rurales de Niassia et Niaguis. De là ne peut être étendue à toute la région. Aussi, jusqu'à cette heure, il n'existe pas d'études visant à relever les impacts réels du conflit au niveau régional. · L'autre aspect, qui nous a poussé à choisir le thème est que les conflits conditionnent en général les comportements démographiques et la migration. Donc, en principe on aurait dû observer une fluctuation dans l'évolution de la population au moins suivant la répartition spatiale2(*). Nous avons aussi relevé d'autres problèmes relatifs à la structure d'accueil : elle manque en fait de moyens et ressources humaines qui puissent lui permettre de se lancer dans certaines études socioéconomiques. II. Recommandations :Ces lignes qui suivent sont des essais de solutions des problèmes mentionnés ci-haut: · Il est plus qu'urgent de renforcer le dispositif statistique de la région. Car c'est une localité qui pour sa reconstitution a besoin d'informations, de données fiables pour pouvoir définir ses priorités et éviter des politiques hasardeuses. · Nous recommandons vivement de tout mettre en oeuvre pour que le recensement prochain (2012) quantifie de manière optimale la population de la région. · Nous recommandons aussi de mettre à la disposition de la structure les moyens qui puissent lui permettre de mener des études socioéconomiques au niveau local. CONCLUSION :En conclusion, on peut retenir que l'étude de la population de la région de Ziguinchor, selon l'approche temporelle, revêt une importance capitale dans la mesure où il n'en existe pas de cette forme dans celles antérieures. Elle est importante d'autant plus que la région vient d'être traversée par une crise dont les conséquences ne sont jusqu'à présent pas mesurées. Partant de l'hypothèse selon laquelle le conflit devrait surement avoir des répercutions sur le comportement démographique de la population, nous avons cherché à capter ces modifications en tenant compte de l'évolution de l'effectif globale, de la répartition spatiale et de la structure par âge et sexe de la population. De manière globale la population de la région connait une croissance linéaire avec un taux d'accroissement de l'ordre de 3%. Suivant la répartition spatiale, l'étude de la population selon la zone de résidence montre que l'urbanisation a connu une forte progression durant la période conflictuelle. Cependant ce constat seulement ne permet pas de déduire que cela est dû entièrement au conflit. Il se peut qu'il ait d'autres variables qui expliquent cette croissance. Seule une étude sérieuse pourra permettre d'élucider cette question. Concernant la répartition selon le département 46% de la population est concentrée dans le département de Ziguinchor faisant de celle-ci le premier pôle démographique de la région vient ensuite celui de Bignona avec 45%, enfin le département Oussouye qui a une part assez faible de l'ordre de 9%. L'analyse de la pyramide des âges a montrée que celle-ci est en constante expansion comme celle de la plupart des régions pauvres en voies de développement où la natalité est assez importante et la mortalité en baisse. Toutefois, elle a gardé une même structure au cours du temps. Sa base large et son allure symétrique montre que cette population est caractérisée par une population jeune et un sex ratio équilibré. En effet, les moins de 20 ans constituent 54% de la population et le rapport de masculinité est de 99% en 2010. Nous terminons cette analyse pour dire que la région connait un manque de données statistiques réel et même les données disponibles en termes de population posent un certain problème de fiabilité. C'est pourquoi, nous suggérons que la région soit dotée d'un dispositif statistique qui lui soit adéquat en moyens humains et matériels car étant une zone dont l'information statistique est une nécessité. BIBLIOGRAPHIE :Gasser G. (2001), « Être jeune à Ziguinchor », consulté sur le site http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_7/autrepart1/010026461.pdf, le 15 août 2011 Marut J. C. (1994) « Les représentations territoriales comme enjeux de pouvoir : la différence casamançaise », CNRS, UMR REGARDS, Bordeaux consulté sur le site : http://www.georouen.org/IMG/pdf/Ch.2.MARUT.pdf, le 02 septembre 2011 Robin N. et Ndione B. (2006), « L'accès au foncier en Casamance : L'enjeu d'une paix durable ? » IRD et Handicap International. Sanka A. et Mané B. (2008), « Recensement des personnes refugiées, rapatriées et déplacées dans les arrondissements de Niaguiss et de Niassya » Service régional de la Statistique et de la Démographie de Ziguinchor. ANNEXE :Tableau 1: Evolution de la population de Ziguinchor de 1980 à 1989
Sources : SES/ANSD, Calculs propres Tableau 2:Evolution de la population de Ziguinchor de 1990 à 1999
Sources : SES/ANSD, calculs propres Tableau 3:Evolution de la population de Ziguinchor de 2000 à 2010
Sources : SES/ANSD, calculs propres Tableau 4: Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 1986
Sources : SES/ANSD Tableau 5:Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 1994
Sources : SES/ANSD Tableau 6:Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 2004
Sources : SES/ANSD Tableau 7:Structure par âge et par sexe de la région de Ziguinchor en 2010
Sources : SES/ANSD
Sources : SES/ANSD * 1 Chaptire II, Graphique: Evolution de la population de Ziguinchor entre 1980 et 2013 * 2 Certains organismes parlent même de plus de 125 villages abandonnés
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