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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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Les tentatives de typologies scientifiques

Les lacunes de la classification des partis en fonction du critère droite-gauche n'ont pas empêché certains politistes de systématiser des approches basées sur ce schéma159(*). Ce dualisme est en effet tellement prégnant dans l'inconscient politique des citoyens qu'il s'agissait de ne pas l'écarter sans s'y intéresser plus avant.

Le plus illustre énoncé du dualisme droite-gauche sur le plan scientifique réside certainement dans l'analyse de Maurice Duverger. Dans son ouvrage Les Partis Politiques160(*) le juriste français se réfère à l'histoire des oppositions politiques pour en déduire une logique naturelle au dualisme : « Armagnacs et Bourguignons, Guelfes et Gibelins, Catholiques et Protestants, Girondins et Jacobins, Conservateurs et Libéraux, Bourgeois et Socialistes, Occidentaux et Communistes ; toutes ces oppositions sont simplifiés mais seulement par effacement des distinctions secondaires »161(*). La logique du conflit politique conduirait inévitablement à la bipolarisation de l'espace politique. Mais la thèse de Duverger ne se limite pas au caractère naturel du dualisme. Duverger inaugure aussi l'approche multidimensionnelle en affirmant que les dualismes sont en réalité pluriels. Les tendances politiques s'opposent de manière antagoniste mais sur des enjeux différents. Les critères religieux, économiques et de la politique étrangère permettent de distinguer six familles politiques (communistes, socialistes, chrétiens-progressistes, radicaux, démocrates-chrétiens, droite)162(*). Pour Duverger les dualismes se superposent ce qui relativise l'opposition droite-gauche, un parti pouvant être marqué à gauche mais avoir une position de droite sur un sujet particulier163(*). La théorie des dualismes multiples de Duverger est donc plus fine que la simple conception de l'échelle droite-gauche. Pour autant il semble s'en détourner en posant l'hypothèse que le type de scrutin détermine le système de partis. L'idée est en contradiction avec la multiplicité des dualismes puisqu'il suffirait de passer au scrutin majoritaire pour qu'un système bipartisan les annihile en les absorbant.

Bien que la thèse développée par Duverger soit relativement convaincante elle demeure fortement influencée par le contexte politique de la IVème République qu'elle tente en partie d'expliquer. Sa dimension comparative est assez limitée d'autant que, pour ce qui nous intéresse, il est bien difficile d'y trouver des réponses sur le positionnement des partis écologistes (et pour cause ils furent créer plus de vingt ans après la publication des Partis Politiques). Parmi les initiatives pour rénover le dualisme droite-gauche, la redéfinition d'un continuum droite-gauche par Jean Blondel est une des plus intéressantes. Il se détache de la dichotomie classique droite-gauche fondée sur de fragiles attelages idéologiques pour se concentrer sur les systèmes de partis. Son étude164(*) l'amène à croiser différents facteurs pour dénombrer finalement six familles de partis (communistes, socialistes, libéraux-radicaux, agrariens, chrétiens-démocrates, conservateurs) sur un axe droite-gauche. En dépit des efforts réalisés pour sortir du piège du gradient universel droite-gauche, le continuum de Blondel ne se valide qu'imparfaitement de manière empirique165(*). En outre les écologistes, non catégorisés par Blondel, n'ont pas leur place sur cette ligne droite-gauche. L'approche dualiste, même réformée sous l'angle de Blondel, ne permet pas d'appréhender les partis Verts qui revendiquent eux-mêmes une volonté de la transcender.

Le poids de la conception droite-gauche dans l'action et le commentaire politique ne suffisent pas à en faire un outil scientifique cohérent pour discerner les différentes familles de partis. Devant les lacunes des théories dualistes, des politistes ont cherché à redéfinir le contenu des notions « gauche » et « droite » pour s'adapter à la plasticité des espaces partisans. Des oppositions entre ordre/progrès, conservateurs/progressiste, régulation/dérégulation166(*) ont été substituées à celle de droite/gauche mais sans jamais réussir à en supprimer les défauts.

D'autres approches permettent de pallier ces imperfections en proposant des typologies globalisantes non intuitives à l'instar de celle développée par Stein Rokkan et Seymour Martin Lipset.

* 159 Voir un panorama complet dans SEILER Daniel-Louis, Les Partis Politiques, Paris, Armand Colin, 2ème édition, 2000.

* 160 DUVERGER, Maurice, Les Partis Politiques, Paris, Armand Colin, 1951 (pour la première édition).

* 161 Ibid, p. 305

* 162 Pierre Bréchon les détaille dans Les Partis Politiques, Paris, Montchrestien, 1999, p. 63

* 163 Par exemple la démocratie chrétienne incarnée par le Mouvement Républicain Populaire (MRP) gouverne avec la gauche au début de la IVème République en partageant la politique sociale mais se rapproche de la droite par son cléricalisme.

* 164 BLONDE L, Jean, Political Parties: A Genuine Case for Discontent, London, Wildwood House, 1978

* 165 Daniel Louis Seiler dresse une liste de contre-exemples dans Les Partis Politiques, op.cit., p. 58-60

* 166 Paul Magnette utilise notamment cette dichotomie pour dégager la logique de construction des majorités au sein du Parlement européen : MAGNETTE, Paul, Le régime politique de l'Union européenne, Paris, Presses de Sciences Po, 2009

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand