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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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2. Un nouveau clivage productivistes/antiproductivistes ?

L'analyse des partis Verts comme manifestation du clivage marché/nature est une bonne grille de lecture mais elle demande à être complétée pour être tout à fait satisfaisante. D'aucuns considèrent en effet que la réactualisation du clivage marché/nature ne prend pas suffisamment en compte la spécificité des partis Verts. L'opposition des écologistes au productivisme transcende en effet la contestation du marché au nom de la défense de la nature. L'hypothèse d'un clivage productivistes/antiproductivistes est intéressante en ce qu'elle permet de mieux appréhender les partis écologistes. Mais elle n'a pas pour autant vocation à constituer un cinquième clivage.

Les critiques du clivage marché/nature

L'hypothèse d'un clivage productivistes/antiproductivistes se construit à partir des limites du clivage marché/nature. En premier lieu la filiation, plus ou moins lointaine, des partis Verts avec les agrariens a été identifiée par certains195(*) comme problématique. Sous couvert d'un même combat contre la marchandisation de la nature, les projets écologistes et agrariens ne relèvent pas des mêmes valeurs. Les agrariens défendent la communauté rurale contre la prééminence des urbains qui transforment leur mode de vie. Ils portent en étendard des valeurs traditionnelles qui les rapprochent des partis conservateurs ou bourgeois. L'évolution de certains partis agrariens confirme cette tendance. En Suisse par exemple l'Union Démocratique du centre (UDC) de Christophe Blocher a pris depuis deux décennies un tournant ouvertement xénophobe et nationaliste. Pour preuve, l'UDC tient pour récent fait d'arme d'avoir lancé l'initiative populaire contre la construction des minarets votée en 2009.

A l'inverse les écologistes ont dès l'origine une vision globale illustrée par le fameux « Penser global, agir local » dont ils ont fait leur maxime. Leur ambition n'est pas de protéger la communauté rurale mais de dénoncer les dégâts de la société industrielle sur les écosystèmes naturels à l'échelle locale comme internationale. Comme nous l'avons évoqué, leurs valeurs portent sur des considérations immatérielles (solidarité, pacifisme, féminisme, ...) difficilement conciliables avec celles des agrariens. Sur la base de ces divergences, considérer les écologistes comme l'émanation du même versant de clivage que les agrariens semble inadéquat. C'est cette difficulté qui conduit Daniel-Louis Seiler à identifier deux sous clivages du clivage marché/nature : un sous clivage industrie/monde rural pour mieux déterminer les partis agrariens et un autre écologistes/productivistes pour les partis Verts. Partis Verts et agrariens relèvent d'une même contradiction sociale entre marché et nature mais l'expriment différemment.

Plus problématique est la question de la base sociale des écologistes. En effet si les partis agrariens sont constitués essentiellement de ruraux il en va autrement pour les partis Verts. Ces derniers ont une audience électorale dans les centres villes et les zones périurbaines dont les adhérents proviennent aussi en majorité. On s'éloigne dès lors du versant rural que sont censés représenter les Verts même réactivé sous la forme « nature ». Il a d'ailleurs été remarqué que les écologistes sont peut-être les premiers partis urbains à s'opposer aux agrariens ruralistes convertis, pour une majorité d'entre eux, au productivisme agricole sous l'effet de la PAC196(*). Le contexte français semble confirmer cette hypothèse tant les tirs croisés entre écologistes et agriculteurs sont fréquents. A titre d'exemple les agriculteurs de la FNSEA avaient saccagé en 1999 le bureau de Dominique Voynet alors ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.

Sur la base de ces critiques il est possible d'envisager les écologistes sous l'angle d'un clivage productivistes/antiproductivistes. Certains auteurs l'envisagent comme un cinquième clivage. Nous préférerons l'évoquer dans le cadre du clivage marché/nature.

* 195 DE COOREBYTER, Vincent, « Clivages et partis en Belgique », op.cit., p. 59

* 196 VIALLATE, Jérôme, Les partis verts en Europe occidentale, op.cit., p. 69

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