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Place des troubles du sommeil dans les syndromes post- commotionnels

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par Didier CUGY
Université Bordeaux Ségalen - Diplôme de médecine légale 2001
  

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3 ème partie :

Discussion médico-légale

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Réalité du dommage :

La confrontation de l'individu à un évènement inexorable à caractère vital induit dans près de 20 à 60% des cas (25,26) l'apparition d'un stress lié au traumatisme. Et ce, que l'on ait directement été victime ou simplement témoin. Par définition l'accident consiste dans la survenue d'un évènement inattendu provoqué par l'action soudaine et violente d'une cause extérieure indépendante de la volonté des participants.

Traumatisme actif versus passif

Les définitions relatives au stress traumatique mettent en avant le caractère inattendu, soudain, violent d'une cause extérieure indépendante de la volonté. Cette définition caractérise le sujet comme étant placé en position de victime d'un évènement indépendant de sa volonté. Ceci n'est pas le cas de l'accident survenant alors que le sujet se place de façon consciente dans une situation à risque (compétition, sports extrèmes).

Implication du sujet dans la survenue du traumatisme

Dans la situation où le sujet est spectateur de l'évènement dans lequel il est impliqué. Il n'y a aucune raison particulière de son fait pouvant expliquer de façon rationnelle sa position de victime. «Pourquoi moi ?». Ce d'autant plus qu'il n'a pas conscience d'avoir fait de faute particulière.

Réalité des lésions :

A. Traumatisme et lésions objectives :

Le traumatisme s'accompagne de lésions qui pourront être objectivées cliniquement ou au moyen d'examens d'imagerie. Ces lésions pourront prendre des formes diverses (épilepsie, syndrome déficitaire, etc...) et en fonction de leur localisation avoir des expressions variées (troubles de l'humeur, de la mémoire,

etc )

B. La notion de traumatisme informationnel :

Il s'agit là du traumatisme cognitif subi par le sujet en référence à la situation informationnelle de l'accident. Il peut être rapporté au traumatisme initial décrit par Freud (27). Ce traumatisme peut être caractérisé comme correspondant à l'innondation de la mémoire immédiate par l'ensemble des perceptions sensorielles associées au contexte de l'accident y compris celles associant le «Moi splanchnique».

Cette situation informationnelle constitue un tout. Elle est d'autant plus prégnante que le traumatisme est survenu de façon inopinée.

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Concordance de siège :

Dans une revue récente, Peretz Lavie & al (28), Dugovic & al (29) font le point sur l'ensemble des éléments relatifs à la comorbidité existant entre le Stress et les Troubles du sommeil. Les principales études polygraphiques ne montrent pas de différence quantitative significative sur les principaux paramètres du sommeil étudiés chez les sujets ayant subi un traumatisme. Le temps de sommeil total , les latences d'endormissement, la répartition des différents types de sommeil , le nombre d'éveils nocturnes ne diffèrent pas de façon significative par rapport à une population témoin. Toutefois, l'analyse plus fine des paramètres spéfiques du sommeil paradoxal permet de mettre en évidence une augmentation des évènements phasiques (mouvements oculaires notamment) dans la population ayant subi un traumatisme. De même est retrouvée une augmentation de l'activité musculaire associée à une augmentation des mouvements périodiques à la fois durant le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal. On note aussi une augmentation de la prévalence des apnées de sommeil chez les patients (2 fois plus que dans la population générale).

Lien anatomoclinique :

Récemment (30) D.Davenne a mis en évidence une diminution spécifique de la force musculaire du trapèze chez les sujets mis en situation de privation de sommeil. Arnulf & al (31) ont montré l'existence d'une activité phasique des sterno-cléido mastoïdiens survenant en sommeil paradoxal et suppléant l'activité du diaphragme.

Ces données sont à rapprocher de celles, identifiées expérimentalement, relatives aux

effets de l'apprentissage sur le sommeil (augmentation globale de la durée du Sommeil Paradoxal de 40% ).

Sur le plan anatomo-clinique, si l'on retient la mise en jeu anormale de l'entité fonctionnelle associée à l'oculo-céphalogyrie durant le sommeil paradoxal, il serait alors possible de décrire un syndrome associant :

une dimension cognitive :

· troubles mnésiques portant sur les faits récents

· difficulté de la concentration intellectuelle et de l'association des idées

· céphalées

une dimension liée à la motricité oculaire :

· fatigabilité intellectuelle (par hétérophorie)

· fatigabilité visuelle

· sensation d'instabilité

une dimension liée à la motricité céphalogyre

· vertiges de position sans caractère giratoire, avec obnubilation visuelle

· perturbation de l'activité du trapèze

· perturbation de l'activité des sterno-cléido-mastoïdiens

Les perturbations à moyen terme du sommeil évoluant vers des troubles de l'humeur (32) :

· modification de l'humeur et du caractère avec irritabilité

· intolérance aux bruits

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Délai d'apparition des symptômes :

Le temps d'intégration psychique

Les définitions fonctionnelles caractérisent le sommeil comme l'expression comportementale de processus liés à l'adaptation ou ayant pour objet de permettre la

récupération de la période d'éveil précédente et de préparer à la période à venir.

Ces définitions impliquent la nécessité d'une prise en compte de l'apparition des symptômes dans une dimension chronobiologique (29). En effet, la réponse au traumatisme (ou au stress) est médiée par des interactions complexes neuro-endocriniennes. Sur le plan chronologique on envisage les réponses d'adaptation à très court terme mettant en jeu l'axe hypocampo-hypothalamo-hypophyso-surrénalien, puis des réponses retardées avec un délai de l'ordre de 24h où l'on note un rebond de sommeil paradoxal, de 72h qui mettent en jeu des modifications de la régulation de l'activité cellulaire (phase de transcriptions), des réponses encore plus retardées de l'ordre du mois.

Le temps d'intégration psychique se module alors en plusieurs phases : une phase précoce, une phase retardée et une phase tardive de l'ordre du mois.

Les premiers troubles apparaissent de façon précoce à la suite de traumatisme.

Etat antérieur :

Le traumatisme dans le schéma freudien

Le traumatisme informationnel correspond par définition à l'innondation de la base de connaissance du sujet (son acquis) par un flux d'informations associé au traumatisme.

Par définition, l'histoire naturelle du sujet participe fondamentalement à la manière dont seront intégrées les informations associées au traumatisme.

La capacité du sujet à se situer par rapport à l'environnement associé au traumatisme va jouer un rôle fondamental dans la prise en compte de l'expérience vécue.

Le niveau de contrôle de la réponse au ça par le surmoi ainsi que l'aptitude du sujet à se distancer par rapport à l'expérience vécue va ainsi influer sur la capacité d'intégration des éléments informationnels.

L'impossibilité à se distancer pour des raisons diverses se traduira alors par

l'apparition d'un conflit entre le moi, l'environnement informationnel subi et le traumatisme.

De façon simpliste on pourrait traduire le conflit par l'expression : «Pourquoi moi ?»

Pourquoi moi ? j'étais arrêté à un feu rouge, j'ai fait tout ce qu'il faut, je n'ai pris aucun risque, etc... mais je suis victime. Pourquoi ?

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Elements extérieurs pouvant expliquer le dommage :

Le masquage thérapeutique

Si l'on accepte le principe de la séquence :

1. Traumatisme informationnel associé ou non à un traumatisme physique

2. Perturbation de l'intégration psychique (dont processus associés au sommeil)

3. Apparition de symptomatologie fonctionnelle (defaut adaptatif)

La prise en charge thérapeutique précoce, celle liée à la perturbation de l'intégration psychique ou de la symptomatologie tardive vont influer de façon directe sur l'expression du dommage.

Si l'on accepte la notion de traumatisme informationnel, la prise en charge, au moyen de susbtances psychotropes de type anxioloytique ou hypnotique, s'avère inapropriée si elle est faite de façon isolée sans travail cognitif.

En effet, l'effet des psychotropes induit un effet de masquage de la problématique sous-jacente au traumatisme informationnel. Cet effet ne permet pas l'adaptation du sujet à l'expérience du traumatisme et peut éventuellement évoluer vers une chronicisation des symptômes présentés.

Causalité :

Au regard de la discussion des éléments relatifs à l'imputabilité on peut admettre l'existence d'un lien de causalité certain et direct entre le traumatisme informationnel et l'apparition d'un syndrome post-commotionnel.

Toutefois, il est beaucoup plus difficile d'admettre une causalité totale. Ce, en raison de la notion même de traumatisme informationnel. Le traumatisme ne pouvant s'exprimer qu'en présence d'une situation favorisante liée tout à la fois à l'histoire naturelle du sujet et aux modalités de prise en charge médico-sociale (pour être large) du traumatisme subi.

Par ailleurs, cette même notion de traumatisme informationnel fait qu'il est quasiment impossible de replacer le sujet dans la situation où il était avant le dommage.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand