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Analyse de l'efficacité de l'aide publique au développement dans les pays fragiles de l'Afrique subsaharienne:1 995 - 2009

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par Mike REMEZO
Université du Lac Tanganyika (Bujumbura au Burundi) - Licence en économie et commerce international 2011
  

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I.2. Littérature théorique et empirique sur l'efficacité de l'APD

La relation aide-croissance a été analysée depuis les travaux de Burnside et Dollar (1997) et il est important de reconnaitre que, outre l'aide, il y a d'autres facteurs qui participent à la croissance économique. Pour beaucoup de pays de l'Afrique Subsaharienne, la faiblesse de la croissance économique s'explique par la vulnérabilité aux aléas climatiques et chocs économiques tels que la dégradation des termes de l'échange, les sécheresses, les inondations ou autres aléas.

Au fil des années, bien des pays de l'Afrique Subsaharienne ont pu bénéficier de nombreux concours d'organismes bilatéraux ou multilatéraux et d'organisations non gouvernementales qui diffèrent dans leurs priorités, objectifs et procédures, cycles de planification et conditions qu'ils imposent. Cette multiplicité des donateurs soulève des problèmes de coordination de l'APD et pose de grandes difficultés aux pays fragiles bénéficiaires de l'aide.

Les procédures et objectifs divergeant ont des conséquences considérables sur la relation "aide publique au développement" et "croissance économique" dans la mesure où le manque de coordination entre les donateurs induit la mauvaise gestion et le détournement des fonds de la part des pays fragiles bénéficiaires. Les vastes volumes d'APD non coordonnées versés à des économies tributaires de l'aide extérieure, peuvent entraver l'émergence d'une bonne gouvernance et d'institutions économiques efficaces, ce qui risque de gêner le développement de structures propices à la croissance économique.

L'aide publique au développement accordée d'une façon non considérable peut apporter une légère contribution à la croissance. Pour certains, l'inefficacité de l'APD dans les pays fragiles de l'Afrique Subsaharienne tient en partie à l'imprudence dont font preuve les pays donateurs et les agences de développement lorsqu'ils accordent de l'aide et des prêts à des pays Africains. Une grande proportion de l'aide publique au développement adressée à ce continent est utilisée pour financer des projets de prestige (Ayittey, 1999).

I.2.1. Approche théorique de l'efficacité de l'APD

La littérature sur l'efficacité de l'APD pour promouvoir la croissance porte des divergences. Rostow (1960), prédisait que l'épargne des pays bénéficiaires de l'aide s'accroit naturellement à la suite du décollage économique et que l'aide ne serait plus nécessaire après 10 ans ou 15 ans.

Hollis Chenery (1962) souligne l'importance de l'épargne dans sa variante de l'approche par le déficit de financement. De plus, Chenery et Alan Strout (1966) eurent recours à un modèle où l'aide est destinée à combler le besoin de financement entre les capacités d'épargne et les nécessités d'investissement. Pour eux, la hausse de revenu s'accompagne d'un taux d'épargne qui devrait être suffisamment élevé pour permettre d'arriver à une croissance auto- entretenue. 

Initialement, l'APD avait pour objectif de combler l'écart entre l'épargne nationale et l'investissement, et de remédier au manque de devises dans les économies tributaires des importations (BAD, 2006). La motivation théorique de cette relation réside dans le modèle Roy Harrod et Evsey Domar (1946) qui prend pour l'hypothèse que le taux de croissance d'une économie dépend de la productivité des machines en stock et de l'investissement. Selon cette hypothèse, tant que le taux d'épargne est inférieur au taux d'épargne requis, l'économie connaît un déficit d'épargne que l'APD peut combler.

Etant donné une relation positive entre l'investissement et la croissance économique, on peut s'attendre à ce que l'aide dirigée vers l'investissement stimule la croissance économique. Cette même idée a servi la base au modèle de déficit de devises de Chenery et Bruno(1962) et de Chenery et Alain Strout (1966) qui a justifié l'octroi de l'aide aux PVD des années 1960.

Pour Jagdish Bhagwati (1966), l'accroissement de l'investissement pour générer la croissance a subi plusieurs débats depuis l'analyse de Domar qui soutient que la production est fonction de stock de machine à utiliser. P. T. Bauwer (1972) disait que la politique de prêter aux pays sous développés afin qu'ils puissent payer les intérêts de leurs emprunts antérieurs a été sans effet.

Outre le double déficit (épargne et devises) présenté dans le modèle de Bruno et Chenery (1962), les études de Bacha (1990) et de Taylor (1990) ont mis en exergue le déficit budgétaire que l'APD peut financer.

Pour Addisson et al. (2005), un PVD enregistre un déficit budgétaire lorsqu'il ne dispose pas de ressources pour entreprendre des investissements ciblés, et l'aide étrangère joue un rôle crucial à condition d'être axée sur l'investissement.

En ce qui concerne l'efficacité de l'APD, il y a eu des controverses depuis les années 1970. Parmi ses opposants les plus farouches, Milton Friedman(1958), Piter Bauwer et William Easterly (2001) affirment qu'ils n'existent aucune relation entre l'APD et la croissance et que l'APD a conduit à une expansion de la bureaucratie étatique, pérennise les mauvais gouvernements et enrichit l'élite des pays pauvres. Ces auteurs évoquent l'ampleur de la pauvreté en Afrique et en Asie du Sud en dépit de 30 ans d'aides et le cas des pays qui ont reçu des gros apports d'aide et qui ont pourtant affiché un bilan désastreux comme la RDC, l'Haïti, et la Somalie.

Selon eux, l'aide et les programmes d'aide devraient être profondément remaniés, sensiblement réduits ou tout simplement abolis4(*). Quant aux défenseurs d'aide, ils réfutent ces arguments les jugeant exagérés. Parmi ces défenseurs, Jeffrey Sachs (2004), Joseph Stigitz(2002) et Nicolas Stern(1990) ont soutenu qu'en dépit de quelques échecs, l'aide a favorisé le recul de la pauvreté et la croissance de certains pays.

Il se trouve cependant que toutes ces analyses sont menées dans un environnement de non conflit qualifié de situation normale. En situation de post conflit, les études ont essentiellement porté leurs attentions sur le timing de l'aide (Collier et Hoeffler, 2004 ; Suhrke et al., 2005 ; Esso, 2008). Ainsi, les travaux récents se sont intéressés aux canaux de transmission de l'aide à la croissance dans les pays de post conflit (Mavrotas, 2003 ; Elbadawi et al., 2007).

Collier et Hoeffler (2004) ont examiné l'effet de l'aide sur la croissance en période d'après-guerre et ils ont trouvés qu'il n'existe pas de fondements théoriques permettant de déterminer si l'aide est plus ou moins productive dans les situations de post-conflit. Ces auteurs notent que les pays en situation d'après-guerre constituent une exception importante à la proposition selon laquelle pour des niveaux donnés de pauvreté, l'aide devrait être moins importante dans les pays ayant de mauvaises politiques économiques.

En critiquant l'approche méthodologique de Collier et Hoeffler (2004), Suhrke et al. (2005) n'estiment que le "timing" nécessaire pour que l'aide impacte positivement sur la croissance, soit quatre à sept années après la fin des conflits. Ils trouvent, contrairement aux résultats de Collier et Hoeffler, que la variable politique économique est le mécanisme par lequel l'aide influence la croissance économique. En effet, la question de l'efficacité de l'APD reste non tranchée entre les différents auteurs.

* 4 Steven RADELET, Michael CLEMENS, Rikhil BHAVNANI, Rendre l'aide plus efficace dans les finances et développement, Fond monétaire International, Washingiton, 2005, p.16

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo