WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Apport des institutions de microfinance à  la réduction de la pauvreté en Haà¯ti. Cas de ACME ( Association de Crédit pour la Micro Entreprise )de 1996 à  2006

( Télécharger le fichier original )
par Jocelyn Valcin
Centre Universitaire Maurice Laroche - Diplome de licence en gestion de projets 2009
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Table des matières

Remerciements.......................................................................4

Avant propos.......................................................................5, 6

Introduction........................................................................7, 8

Première partie

Chapitre I : Cadre théorique, conceptuel et méthodologique.............................10

Section I : problématique, hypothèses et variables à étudier, objectifs, justification de l'étude

1-1-1 Problématique.....................................................................10, 11, 12

1-1-2 Hypothèses et variables à étudier.........................................................12

1-1-3 Objectifs.....................................................................................13

1-1-4 Justification de l'étude................................................................13, 14

Section II : objectifs, justification, limite du travail, champ spatial, concepts et méthode de travail

1-2-1 Limite du travail...........................................................................14

1-2-2 Champ spatial...............................................................................15

1-2-3 Définition des concepts..................................................15, 16, 17, 18, 19

1-2-4 méthode et technique de travail..........................................................19

Chapitre II : Microfinance et pauvreté

Section I  : Pauvreté à travers le monde......................................................20

2-1-1 Vue générale de la pauvreté à travers le monde.....20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28

a- causes de la pauvreté...........................................................28, 29, 30

b- caractéristiques de la pauvreté.....................................................30, 31

c- conséquences de la pauvreté......................................................31, 32

2-1-2 Pauvreté en Haïti............................................33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40

2-1-3 Perspectives de réduction de la pauvreté...........................................40, 41

Section II : Micro finance : vecteur de réduction de la pauvreté dans le monde......41

2-2-1 Historique et évolution des institutions de micro finance...41, 42, 43, 44, 45, 46, 47

2-2-2 Micro finance en Haïti................................................................47, 48

2-2-3 Place de la microfinance dans le secteur financier haïtien.......................49, 50

Deuxième partie

Chapitre III : système financier haïtien.......................................................52

Section I : les banques commerciales, les compagnies d`assurance, les maisons de transfert et les bureaux de change

3-1-1 Les banques commerciales....................................................52, 53, 54, 55

3-1-2 Les compagnies d`assurance..........................................................55, 56

3-1-3 Les maisons de transfert et les bureaux de change.....................................56

Section II : institutions financières desservant le secteur informel

3-2-1 Les coopératives (Caisse populaire, les autres coopératives)............56, 57, 58, 59

3-2-2 Les institutions de microfinance non coopératives.............................59, 60, 61

3-2-3 Autres acteurs : usuriers, tontine et prêt personnel.................................61, 62

Chapitre IV : Apport des institutions de micro finance non coopératives (Cas de ACME)...............................................................................................62

Section I : présentation de ACME

4-1-1 Environnement légal et structure organisationnelle................................62, 63

a- Organigramme de l`institution........................................................64

b- Secteurs d`activités....................................................................65

c- Technologies utilisées.................................................................65

d- Evaluation externe.....................................................................65

e- Développement projets...............................................................66

4-1-2 Environnement du crédit..................................................................66

f- Méthodologie de crédit adoptée......................................................66

g- modalité de crédit......................................................................66

- prêt minimum, moyen et maximum

- taux et durée

- remboursement

h- Structure du crédit......................................................................67

i- Part de marché..........................................................................67

j- Concentration du crédit................................................................67

Section II : résultat de l`enquête

4-2-1 procédures de réalisation de l`enquête....................................................68

a- objectif..................................................................................68

b- méthodologie...........................................................................68

c- limite................................................................................68, 69

d- choix de l'échantillon..................................................................69

e- analyse de données et vérification de l`hypothèse...................69, 70, 71, 72

f- évolution et analyse des indicateurs de performance de 1996 à 2006....73, 74, 75, 76, 77, 78

4-2-2 constats et évaluation..................................................................79, 80

Conclusion et recommandations..................................................81, 82, 83, 84

Bibliographie..................................................................................85, 86

Annexe

Questionnaire......................................................................................87

Liste des abréviations........................................................................88, 89

Remerciements

Ce travail n'aurait pu se réaliser de façon personnelle : c'est nourri de la pensée, de la réflexion, des écrits du travail et des commentaires d'un nombre considérable de personnes que j'ai contactés.

Mes remerciements doivent d'abord aller au grand créateur de l'univers qui m'a encore donné la santé et l'intelligence pour que je puisse accomplir cette tache qui n'a pas été du tout facile. En second lieu, je dois remercier mes parents qui ont fait de grands efforts pour que je puisse réussir mes études. Mes remerciements doivent aller aussi à l'inspirateur premier et profond d'un tel travail, ce qui était derrière à peu près chaque idée et chaque position défendues ; professeur Laguerre Belaval, mon encadreur.

Un grand remerciement au professeur Carlot Baptichon qui m'a fait de très bonnes recommandations surtout au niveau de la mise en forme du travail. Ma gratitude doit aller à Jackson Dorlus, comptable et analyste financier pour l'appui qu'il a été témoigné à mon égard sans oublier Nolaque Dorlus pour son support au niveau du traitement de texte. Un remerciement spécial à Joseph Jose, avocat ; celui qui s'est avéré non seulement un remarquable réviseur mais également un véritable collaborateur averti, cultivé et intéressé.

Je remercie toutes les personnes qui ont accepté de répondre à nos questions ainsi que les institutions publiques et privées qui ont accepté de nous fournir des informations relatives à nos recherches. Enfin, je dois exprimer ma gratitude à tous ceux et toutes celles qui ont contribué d'une façon ou d'une autre à la réalisation de ce mémoire.

Avant propos

On se rend compte dans les pays développés, le crédit représente un élément actif dans l'économie ce qui joue un rôle important dans l'amélioration des conditions de vie des individus. Dans notre pays, le secteur crédit reste peu ouvert vu la conjoncture socioéconomique et politique que nous pouvons considérer. Depuis bien des temps, la pauvreté constitue une préoccupation majeure où la permanence des crises politiques ne fait qu'aggraver la situation. Cela entraine essentiellement un faible pouvoir d'achat occasionné par des taux d'inflation élevés, avec leur impact sur les actifs physiques et le capital humain des groupes défavorisés. Pour pallier ce problème, les organisations non gouvernementales utilisent la microfinance - en particulier non coopérative - comme outils à travers des projets de développement. Donc, l'émergence du mouvement ouvre la voie à beaucoup de gens en donnant accès à des services financiers de base, le peut qu'il soit.

Suivant l'évolution des institutions de microfinance en réponse aux besoins de capitalisation d'un grand nombre de micro entrepreneurs du secteur informel, différentes institutions ont manifesté leur intérêt pour le secteur en impliquant directement dans les activités de crédit. En effet, le dynamisme du secteur met en évidence la nécessité d'aborder la problématique du développement des IMF pour une meilleure satisfaction du marché. De tels constats nous ont conduits à émettre notre opinion.

Ce n'est pas une étude exhaustive qui aborde tous les problèmes des IMF vu que les moyens sont limités. Le secteur présente deux catégories d'institutions : les coopératives (caisse populaire) et les IMF non coopératives. Nous avons mis l'accent sur celles des non coopératives qui apportent leur contribution à la réduction de la pauvreté en Haïti. Ce travail comporte quatre chapitres et se divise en deux parties. Chacune des parties comporte deux chapitres à raison de deux sections par chapitre. Les sections sont subdivisées en sous points.

Le premier chapitre de la première partie abordera le cadre théorique, conceptuel et méthodologique. Ses sections développeront, dans un premier temps, problématique, hypothèses et variables à étudier, objectifs et justification de l'étude. Et dans un deuxième temps ; limite du travail, champ spacial, définition des concepts, méthode et technique de travail. Quant au second chapitre, nous présenterons la microfinance et la pauvreté à travers le monde. La première section développera pauvreté à travers le monde et la seconde présentera microfinance comme vecteur de réduction de la pauvreté dans le monde.

Le troisième et le quatrième chapitre se trouvent dans la deuxième partie du travail. Le chapitre III abordera le système financier haïtien ; la section première présentera les banques commerciales, les compagnies d'assurance, les maisons de transfert et les bureaux de change. La section deuxième présentera les institutions financières desservant le secteur informel. Et, en dernier lieu, le quatrième chapitre mettra l`accent sur le véritable apport des institutions de microfinance non coopératives dans le secteur formel plus spécialement. Nous avons choisi l`ACME comme étude de cas. Nous avons fait une présentation de l`institution dans sa première section et, la deuxième section traitera le résultat de l'enquête ce qui nous permettra de formuler des recommandations jugées utiles et nécessaires pour le développement et le renforcement des institutions de microfinance en Haïti. Le travail n'a pas été facile. Nous avons dû essuyer d'énormes difficultés, à travers nos recherches, nos rencontres avec des spécialistes, experts en la matière pour pouvoir présenter une oeuvre qui vaille à l`attention des professeurs du domaine et de la faculté en question. La microfinance est un secteur d`activité très en vogue en Haïti et dans un monde en profonde mutation. Nous devons encourager son institutionnalisation à travers le pays haïtien vivant dans son extrême pauvreté.

1-1-1 Introduction

Depuis plusieurs décennies, la microfinance retient l'attention de la communauté internationale. Son évolution atteint une vitesse de croisière surtout dans les pays pauvres. Une forte tendance de mobilisation à la lutte contre la pauvreté se manifeste par appel au marché financier, dans le but de mettre à la disposition où à la portée des pauvres à travers le monde, plus particulièrement des Pays en Voie de Développement (PVD), des services financiers, à ceux-là jugés comme des exclus des banques classiques.

En outre, plusieurs sommets mondiaux, régionaux et locaux sont organisés dont celui de 2005 à Madagascar, le plus important. Cette année a été décrétée l`année internationale du micro crédit.

Pour reprendre une note de presse de l`ONU en 2003, <<depuis l'année 1997, le sommet mondial de Washington sur la question avait fixé comme objectif de permettre à 100 millions de personnes d'avoir accès au service de crédit en 20051(*)>>. Cette même volonté a été manifestée par des praticiens, donateurs, personnes morales et d`autres institutions en Haïti en vue d`atténuer la pauvreté. Mais, jusqu'à présent, le marché financier ouvert en Haïti reste fermé à un bon nombre de gens en raison d`un certain nombre d`impondérables qu'on peut citer entre autres : manque de collatéral, manque de motivation, difficulté de lancer dans les affaires, manque de vraies informations sur le secteur.

L'appel au marché financier donne naissance à des institutions de micro finance non coopératives qui viennent renforcer le système financier haïtien, et qui permettent aux micro entrepreneurs d'avoir accès plus facilement à un minimum de crédit. Cependant, ces institutions se confrontent à beaucoup de problèmes sur le plan interne et externe contraignant ainsi une plus grande efficacité au niveau de leur intervention sur le marché. Toutefois, celles-ci se retrouvent dans un environnement comportant moins de risque possible ; leur intervention serait plus appropriée au marché et au bénéfice d'une plus grande majorité de personnes en services financiers. L'ensemble de difficultés de développement de ce facteur de marché si important pour une économie comme celle d'Haïti a attiré notre attention à se pencher sur un tel sujet en vue d'apporter des éléments de réponses aux problèmes constatés.

Première partie

Chapitre I : Cadre théorique, conceptuel et méthodologique

Chapitre II : Micro finance et pauvreté dans le monde

Chapitre I : Cadre théorique, conceptuel et méthodologique

Section I : problématique, hypothèses et variables à étudier, objectifs, justification de l'étude.

1-1-1 Problématique

Haïti est l'un des pays qui ont connu les situations les plus difficiles depuis de longues années, lesquelles situations sont devenues de problèmes d'ordre structurel tant au point de vue économique que politique et social. La faiblesse du pouvoir d'achat influe négativement sur la capacité de nombreux citoyens à avoir accès aux biens et services devant satisfaire leurs besoins aux fins d'améliorer leur condition de vie. La valeur nutritive des aliments absorbés est en dessous de la moyenne requise et les conditions de logement et d'assainissement surtout dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince laissent à désirer, le taux de scolarité est très faible. En Haïti, la paupérisation de la population s'explique essentiellement par la baisse de la production et le taux de chômage élevé. De plus, ces goulots d'étranglement ont eu des effets néfastes sur le développement économique, affectant la croissance des investissements dans différents domaines d'activité.

Constituant le pays le plus pauvre de l'hémisphère Ouest, Haïti vit une situation socioéconomique très critique et très alarmante. Selon un rapport du PNUD publié en 2004, << On estime que 80 % des Haïtiens en zone rurale vivent en dessous du seuil de la pauvreté monétaire (c'est à dire moins de 1$US par jour), l'espérance de vie à la naissance est de 53 ans, la mortalité infantile est de 80 %, la prévalence du VIH/SIDA atteint 5 % de la population. Malgré le taux de chômage officiel de 10 %, il est estimé que le sous emploi se chiffre à environ 60 %. On évaluait à 465 $US le revenu per capita en 2003.

Les infrastructures économiques et publiques sont dans un état de délabrement avancé. On estime qu'environ 85 % des routes sont dans un état lamentable affectant ainsi les capacités de développement économique du pays. Seulement 10 % de la population ont accès à l'électricité. L'Etat est incapable d'assurer la sécurité dans le pays ce qui occasionne une instabilité économique et sociale2(*)>>.

Avec des interruptions politiques sans cesse, le phénomène de pauvreté prend de l'ampleur en aggravant les conditions de vie déjà précaires des couches défavorisées de la population. En 2005, l'économie haïtienne est demeurée extrêmement vulnérable aux chocs extérieurs. Ainsi, l'augmentation du prix du pétrole sur les marchés internationaux a profondément affecté le pouvoir d'achat de la population haïtienne qui demeure très dépendant de l'or noir.

Selon le recensement effectué par l'IHSI en 2004 sur les conditions de vie à travers l'aire métropolitaine, « jusqu'à l'heure actuelle, on retrouve au niveau de la capitale des maisons en terre battue soit 0.9 %. Des taudis représentant 4.5 %, on dénombre des familles de 7 personnes se logeant dans une seule chambre. Le mode d'éclairage utilisé surtout à la population qui n'a pas d'accès à l'électricité est la bougie (baleine) soit 51.3 %, lampe tête gridap 41.6 %. Quant à l'eau traitée, seulement 9.9 % de cette population s'approvisionnent en cette dernière »3(*).

L'incapacité de l'Etat de corriger les problèmes a conduit à une situation complexe et compliquée. Les maux sociaux deviennent de plus en plus lourds pendant que les efforts consentis par les acteurs en vue de solutionner les problèmes sont toujours dans l'impasse. Il convient de signaler que les deux dernières décennies tracent un tableau dans lequel la pauvreté, le chômage, la réduction du produit intérieur brut (P.I.B) et la vie sociopolitique et économique se trouvent endommagés et accusent une certaine recrudescence importante et imposante selon l'avis de plus d'un. En outre, elles remettent en cause, en ce qui a trait á ce fléau, la faiblesse du revenu, qui, jusqu'aujourd'hui, demeure un problème crucial et urgent dont la solution tarde à venir.

Puisque la majorité de la population se trouve dans le chômage pendant qu'elle ne peut pas satisfaire même les besoins primaires, cela entraîne beaucoup d'entre eux à vivre dans un état d'indigent. Pour ne pas subir passivement les effets de la pauvreté, ils créent leur propre emploi en vue de subsister. En réponse, ils veulent trouver un moyen leur permettant d'accroître leur revenu soit en vendant leur force de travail, soit en investissant leurs propres moyens dans des activités de production et commerciale. En effet, il existe des institutions financières qui apportent leur appui financier à tout un ensemble de micro entrepreneurs plus particulièrement les institutions de microfinance non coopératives, de part leur intervention sur le marché, notre interrogation est de savoir comment ces dernières contribuent-elles à la réduction de la pauvreté en Haiti?

1-1-2 Hypothèses et variables à étudier

Nos hypothèses de travail se formulent de la manière suivante :

? Plus on élargit le cadre de la microfinance, plus le taux de chômage sera diminué et les conditions de vie des bénéficiaires seront améliorées.

§ Plus les clients sont solvables, plus le secteur connaîtra un développement plus important.

§ Plus les clients payent avec facilité, plus on leur octroie du crédit.

Pour vérifier ces hypothèses, nous avons procédé à une observation de terrains (enquêtes auprès des institutions de microfinance et celles de leurs clients) et de recherches documentaires.

Les variables à étudier

Hypothèse 1 ; élargissement du cadre de la microfinance : variable indépendante

Hypothèse 2 ; diminution du taux de chômage et amélioration des conditions de vie des bénéficiaires : variable dépendante

1-1-3 Objectifs

Ce travail réunit les objectifs suivants :

? Analyser les interventions des institutions de microfinance non coopératives en vue de présenter un document complémentaire pouvant être utile aux acteurs du système.

· Proposer des solutions adéquates aux différents problèmes auxquels font face les institutions de microfinance non coopératives.

· Analyser les portefeuilles des institutions de microfinance non coopératives haïtiennes à travers des cas pratiques.

1-1-4 Justification de l`étude

Dans un contexte où le pays traverse une crise sociopolitique et économique grave, les difficultés que confronte la population haïtienne sont nombreuses telles que : la faible production nationale, le taux élevé de chômage pour ne citer que ceux-la. Aujourd'hui, on assiste à une pauvreté extrême où la population fait face essentiellement à une pauvreté monétaire structurée. La question est de savoir, qu'est ce qui est à la base de ce fléau ? Le chômage est un facteur premier qui engendre cette dernière selon l'avis de plus d'un.

Donc, ce problème a entraîné une migration massive interne favorisant un certain accroissement du nombre de petits commerçants et artisans opérant dans l'informel. Selon les données statistiques rapportées dans les besoins du secteur de la microfinance non coopérative, non seulement les gens du secteur informel représentent plus de 60% du marché mais constituent aussi les piliers de l`économie nationale4(*). Compte tenu de l'évolution des institutions de microfinance qui apportent leur soutien financier à ces gens du secteur informel pendant qu'elles font face à de nombreuses difficultés plus particulièrement sur le plan macroéconomique, or, leur objectif est d'apporter une certaine amélioration des conditions de vie surtout à ceux-là qui en bénéficient de leurs services. Mais, dans la réalité, comment peuvent-elles améliorer leur performance sur le marché afin d'atteindre plus de gens possible? Donc, une analyse de la situation des IMF et celles de leurs bénéficiaires directs représentent des points de recherches sur lesquels nous parviendrons avec des informations positives que négatives de manière générale.

Suivant les exigences académiques, il est fait obligation de préparer un travail de recherche en vue de l'obtention du grade licencié. D'une manière particulière, nous avons opté de rédiger ce mémoire pour obtenir une licence en gestion de projets, décrire et analyser le fonctionnement de la microfinance à travers le système financier haïtien par le biais des services qui s'offrent sur ce marché.

Section II : limite du travail, champ spatial, cadre conceptuel, méthode et technique de travail.

1-2-1 Limite de l'étude

Notre étude se limite à une présentation spécifique d'un document complémentaire qui pourra servir non seulement la communauté estudiantine mais aussi les décideurs politiques et les acteurs du système. Elle démontrera la relation existant entre les pauvres et le micro crédit sur la base scientifique. Ce n'est pas une étude exhaustive qui va aborder le problème des IMF dans toutes leurs composantes et la satisfaction apportée aux bénéficiaires vu des difficultés rencontrées pour trouver certaines données et vu la méfiance des responsables d'institution. Il y a des paramètres pour lesquels qu'on n'arrive pas à avoir des détails. Cependant, l'étude pourra ambitionner les acteurs et les décideurs d'être plus ouverts.

1-2-2 Champ spatial

Notre étude porte sur les institutions de microfinance non coopératives et celles de leurs bénéficiaires de l'Aire Métropolitaine de Port-au-prince. Nous avons retenu ce champ spatial en raison de notre appartenance au dit site géographique.

1-2-3 Définition des concepts

Tout travail scientifique admet qu'on développe une certaine théorie et définit des concepts à l'égard du terme retenu. Dans le cadre de ce travail, une étude des théories et concepts développés doit en faire partie en vue de faciliter la compréhension. C'est ainsi que notre terme de recherche nous conduit à énumérer certains concepts que nous avons jugés pertinents.

La pauvreté

On ne se met pas d'accord sur une définition unique de la pauvreté, compte tenu de sa complexité et les différentes formes qu'elle prend dans une société. Selon une définition du Petit Robert <<la pauvreté fait état d'une personne qui n'a pas suffisamment d'argent ou de moyens matériels pour subvenir à ses besoins 5(*)>>.

Selon le fonds monétaire international (FMI) << est considéré comme pauvre celui qui gagne moins que 2 dollars américains par jour6(*) >>.

La pauvreté au sens économique << est une notion à la fois facile à comprendre et difficile à définir. Elle désigne le manque ou la mauvaise qualité de ressources (naturelles, financières, immatérielles, etc.) vécu par des personnes, groupes de personnes, régions du monde, etc. >> Généralement, la pauvreté est considérée comme un phénomène multidimensionnel. La dimension économique est la plus fréquemment prise en compte et est décomposée en trois formes :

a) Pauvreté monétaire

La pauvreté monétaire ou de revenu résulte d'une insuffisance de ressources ou d'une consommation insuffisante. Lorsque les revenus fluctuent trop, la pauvreté est mieux appréhendée par le niveau de consommation. Ainsi, un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté du fait de sa simplicité, cette méthode de mesure est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté.

Selon l'approche absolue, le seuil est fixé, depuis les travaux de Rowntree en 1901, en fonction d'un panier de biens alimentaires et non alimentaires nécessaires à la survie quotidienne (2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté). Les biens non alimentaires comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et l'énergie. Les États-Unis et le Canada ont recours à la mesure absolue de la pauvreté.

Selon l'approche relative, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian (le revenu médian est le revenu séparant la population en deux, c'est-à-dire que la moitié de la population a un revenu plus élevé, et la moitié un revenu inférieur). Eurostat fixe le seuil de pauvreté relative à 60% du niveau de vie médian européen. L'Insee, pour la France, le fixe à 50% du revenu médian français.

b) Pauvreté des conditions de vie

La pauvreté des conditions de vie ou d'existence résulte de l'impossibilité de satisfaire les besoins qui permettent de mener une vie décente dans une société donnée. La pauvreté d'existence peut résulter d'une malnutrition, d'une absence d'éducation, d'un logement insalubre... Elle est plus difficile à cerner que la pauvreté monétaire.

c) Pauvreté des potentialités

La pauvreté des potentialités ou des capacités exprime le manque de moyens permettant de sortir de la pauvreté

.d) Pauvreté humaine

Outre la dimension économique, la pauvreté s'exprime sous des dimensions non économiques regroupées sous le terme de pauvreté humaine. Il s'agit des dimensions sociales, culturelles, politiques et ethniques de la pauvreté.

Le programme des nations unies pour le développement (PNUD) a créé deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (indicateur de pauvreté humaine).

Ces indicateurs permettent de classer les pays ; ainsi en 2000 :

Selon l'IPH-1, le Niger est le pays ayant le plus de pauvreté des 105 pays classés pauvres, et selon l'IPH-2, les Etats-Unis sont le pays ayant le plus de pauvreté parmi les 17 pays classés riches par l'OCDE ;

Les statistiques manquent pour certains pays, mais celui ayant le moins de pauvreté est la Suède.7(*)

Microfinance

On entend par microfinance l'offre de services financiers (crédit, épargne, assurances, etc.) aux populations pauvres, exclues du système financier. Sans revenus et sans propriété, ces populations ne sont pas en mesure d'offrir des garanties bancaires, et sont donc en général « oubliées » des institutions financières et des banques. L'accès aux services financiers et le développement de la micro entreprise sont l'un des grands piliers du développement durable (au côté de la démocratie, de l'éducation, et des infrastructures).

Le micro crédit permet à des femmes et des hommes démunis de démarrer une petite activité génératrice de revenus : une micro entreprise. Le prêt est ensuite remboursé grâce aux revenus de cette entreprise.

La micro entreprise

IL n'y a pas une définition harmonisée de la micro entreprise. En Amérique du nord, on parle de << Small enterprise>>, en France on parle de toutes <<petites entreprises>> alors que dans d'autres endroits comme le notre nous entendons parler de petites entreprises.

Si le problème de définition se pose, on s'entend sur des critères comme le niveau de l'emploi, le chiffre d'affaires et la propriété. En France, selon Gallen Hill, une entreprise détenant moins de 10 employés est considérée comme une petite entreprise, alors qu'en Amérique latine, bien qu'il existe une confusion entre petite et micro entreprise, d'aucuns se mettent d'accord sur des caractéristiques telles que moins de 5 employés.

Pour être clair, en Haïti, quand nous faisons mention de micro entreprise, nous voulons parler des entrepreneurs aussi petits qu'ils soient exerçants une activité de commerce, de production ou de service dans les marchés publics, au bord des rues et dans les ateliers aux abords de certains bureaux publics et des maisons privées.

Le secteur informel

Lorsqu'on parle de secteur informel, il faut voir l'ensemble des activités économiques et sociales qui se développent en dehors des structures institutionnelles classiques et à l'écart des règles de l'échange monétaire. Bien que de nos jours ce concept est d'utilisation courante, il n'était pas connu depuis longtemps. Ce n'est que dans les années 90, il a été mis en évidence à l'occasion de ce qu'on appelle la fameuse mission de KENYA (1972) sous les auspices du BIT dans l'optique d'y établir une stratégie globale de création d'emplois. Selon le Bureau International du Travail (BIT), le secteur informel se définit comme une entité économique composée de petites unités s'occupant de produire et de distribuer des biens et services et, ayant pour finalité essentielle de créer des emplois au profit des participants à l'entreprise et de leur assurer un revenu, bien que ces unités soient limitées sur le plan capital, matériel, humain et légal.

Entrepreneur

Dans le système capitaliste, l'entrepreneur, c'est la personne qui prend des risques, celle qui perçoit une occasion de réaliser des profits et qui imagine un plan et une organisation pour en tirer parti8(*).

Coopérative

Selon l'article 2 de la loi sur les coopératives d'épargne et de crédit, <<une coopérative est une entreprise ayant des objectifs, une structure et des organes administratifs qui la différencient de la société. En plus de son objet fondamental, la coopérative d'épargne et de crédit (CEC) se doit à :

a- favoriser la coopération entre les sociétaires, entre les sociétaires et la CEC, et entre celle-ci et d'autres organismes coopératifs.

b- promouvoir l'éducation économique, sociale et coopérative>>9(*).

Institution de micro finance

Une institution de micro financement (IMF) est une organisation qui fournit des services financiers adaptés aux populations pauvres. Bien que chaque IMF soit différente, elles partagent toutes les caractéristiques communes de fournir des services financiers à une clientèle plus pauvre et plus vulnérable que les clients traditionnels des banques10(*).

Méthode et technique de travail

Dans le cadre de ce travail, nous adoptons la méthode hypothético-déductive. Pour étayer nos arguments, nous avons utilisé des articles, des journaux, des rapports de publications nationales et étrangères (disponibles sur l'Internet et bureaux d'études) et des interviews avec des responsables des institutions se rapportant à notre sujet de recherche qui se révèlent pour nous de sources importantes d'informations. L'étude documentaire nous permettra d'élaborer le plan d'étude et de trouver certaines idées essentielles à son développement tant sur le plan théorique qu'à celui de l'analyse.

Chapitre II : Micro finance et pauvreté

Section I  : Pauvreté à travers le monde

2-1-1 Vue générale de la pauvreté à travers le monde

La pauvreté est un fléau que connaît l'humanité dans toute sa dimension au point que celle-ci préoccupe l'attention des Etats. Elle n'a pas cessé de susciter de grands débats à l'échelle internationale vue son évolution à l'heure actuelle. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), <<sur une population mondiale actuelle de plus de 6 milliards, il y a huit (800) millions de personnes soit (13%) qui ne mangent pas à leur faim, 900 millions soit (15%) qui vivent dans des bidonvilles, 1 milliard de gens soit ( 16%) qui ne savent ni lire ni écrire, 1,2 milliards soit (20%) qui vivent avec moins de 1$ par jour, 2, 7 milliards de personnes soit (45%) qui vivent en état d'extrême pauvreté de la population mondiale11(*)>>.

La faim et le chômage sont pour l'essentiel des indicateurs liés au phénomène de la pauvreté dans le monde.

En ce qui a trait à la faim, elle est sans doute aussi vieille que l'humanité, mais sa découverte vers 1945 n'est pas un hasard. Ce fut la conséquence des bouleversements liés au développement colonialiste. En Afrique, par exemple, on a obligé les paysans à arracher les cultures vivrières pour planter des denrées d'exportation non comestible comme le coton.

Selon une étude de la FAO rapportée par Ernst Bernardin dans le cours de géographie économique, <<la production alimentaire par tête n'aurait pas varié depuis 1940, malgré les efforts entrepris pour l'amélioration des rendements. On mange plus mal aujourd'hui qu'en 1940 dans certains pays. Si l'on tient compte du taux de productivité actuel, il faudrait que la superficie des terres arables passe de 600 millions à 4.700.000.000 d'hectares, d'ici l'an 2000 pour assurer une ration alimentaire constante à tous les hommes, eu égard à la croissance démographique prévisible. Or, le problème, c'est que la superficie des terres cultivables dans le monde est d'environ 3.200.000.000 d'ha et elle ne peut aller que diminuant compte tenu de l'érosion qui détruit les terres un peu partout ( surtout aux latitudes tropicales ) et de l'extension des besoins humains ( maisons, routes, etc....), d'ou la nécessité de poser le problème, non pas en terme d'extension des superficies cultivées, mais plutôt en terme de rationalisation de l'agriculture (amélioration des rendements agricoles)>>. Source : cours de géographie économique, professeur Ernst Bernardin, page 3112(*).

Par ailleurs, en 1996, le Sommet Mondial de l'Alimentation (SMA) avait promis de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde d'ici à 2015, les chiffres ont au contraire augmenté dans les pays en développement pour atteindre 820 millions contre 800 millions en cette même année, affirme aujourd'hui l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). <<Loin de diminuer, le nombre de personnes affamées dans le monde est en train d'augmenter au rythme de 4 millions par an 13(*)>>, a déclaré le directeur de la FAO, Jacques Diouf, qui prenait la parole lors du lancement du rapport annuel de l'agence.

Dans ce même discours, il a fait remarquer que 70% des pauvres vivent en milieu rural ; il ne reste que 30% en milieu urbain. Des preuves montrent clairement que la plupart des pauvres et des affamés tirent leur subsistance de l'agriculture. Donc la faiblesse de l'agriculture occasionne l'écrasante majorité des pauvres de la planète. La nécessité d'investir davantage dans le développement agricole et rural des pays en développement afin d'améliorer les conditions économiques et la situation alimentaire de leurs habitants reste un grand défi à relever. En effet, les pays qui ont marqué des points contre la sous-alimentation sont ceux-là mêmes qui avaient réussi à augmenter la productivité de leur secteur agricole grâce à des investissements conséquents dans l'agriculture.
IL serait important aux pays en voie de développement de tout mettre en oeuvre pour combattre la faim de manière durable tout en s'engageant fermement à réformer leurs politiques agricoles et rurales en vue d'atténuer la faim et la pauvreté dans leurs pays. A savoir que, l'investissement en zones rurales est indispensable si l'on veut freiner l'exode rural. Parce que les préoccupations et les coûts imposés par l'urbanisation croissante avaient aggravé les handicaps des régions rurales en détournant encore davantage les investissements vers les zones urbaines. Outre l'élargissement du fossé entre zones rurales et zones urbaines, la poursuite des politiques défavorables aux campagnes entraînerait aussi une aggravation de l'émigration clandestine.


En ce qui a trait au chômage, << le monde actuel contient 195,2 millions de chômeurs, soit un taux de chômage de 6,3%, le nombre de personnes sans emploi dans le monde a atteint son plus haut niveau historique en 2006 malgré une croissance économique mondiale soutenue, affirme le Bureau international du Travail (BIT) dans son rapport annuel qui relève que la région la plus touchée reste le Moyen-Orient avec 12,2% >>.

Dans son rapport intitulé << les tendances mondiales de l'emploi résumé 2007>>, le BIT souligne également que les travailleurs pauvres n'ont bénéficié que très modestement de la croissance. Ils sont encore 1,37 milliards de travailleurs extrêmement pauvres, qui, à défaut de travail décent et productif, ne survivent qu'avec l'équivalent de 2 dollars US par jour et par personne>>.

Le rapport établit que pour réduire ou, même maintenir, les taux de chômage actuels, il faut renforcer le lien entre croissance et emploi. La création d'emplois décents et productifs, et non pas un quelconque emploi est nécessaire pour réduire le nombre de chômeurs et de travailleurs pauvres. Et cette réduction est elle-même une condition préalable au développement et à la croissance économique future. Le rapport relève également qu'au cours de la dernière décennie, la croissance économique s'est traduite par plus de gains de productivité que de croissance de l'emploi. La productivité mondiale a crû de 26%, alors que le nombre d'emplois dans le monde n'a lui augmenté que de 16,6%.

Le chômage frappe plus durement les jeunes, 86,3 millions de jeunes entre 18 et 24 ans sont au chômage, soit 44% des chômeurs dans le monde, soulignent encore le BIT. L'écart entre les hommes et les femmes face à l'emploi persiste, seulement 48,9% des femmes de plus de 15 ans avaient un emploi en 2006 contre 49,6 en 1996 alors que ces ratios s'élevaient à 75,7 % en 1996 et 74% en 2006 chez les hommes. Dans la plupart des régions du monde, les taux de chômage n'ont pas changé de façon significative entre 2005 et 2006. La baisse la plus sensible apparaît dans les économies développées et dans l'Union européenne, où le chômage atteint 6,2% après une baisse de 0,6% entre 2005 et 2006. Le taux de chômage le plus faible reste en Asie de l'Est à 3,6%. C'est au Moyen-Orient et Afrique du Nord que le taux de chômage reste le plus élevé au monde avec 12,2% en 200614(*). Source : ONU, BIT (populationdata.net : pauvreté)

Si au niveau des continents asiatiques, africains et américains la situation reste alarmante, elle n'en n'est pas moins différente en Europe. Ainsi, Les données statistiques sur l'Union européenne montrent que le chômage était d`environ 15 millions de personnes en 2000, l'exclusion et la pauvreté demeuraient très élevés avec de fortes disparités selon les pays.

Les derniers chiffres d'Eurostat (office statistique de l'Union européenne) montrent que dans quinze des vingt sept pays formant l'Union européenne, le taux de pauvreté relatif - pourcentage de personnes composant les ménages ayant des revenus inférieurs à 60% du revenu national médian était de 18 en 1998, chiffre voisin de celui de 1995. La pauvreté frappe près de 68 millions de personnes, réparties presque également entre actifs et inactifs, dont la moitié a vécu en dessous du seuil de pauvreté relative pendant trois années consécutives (1995-1997). De plus, ces seuils sont définis au niveau national et varient de 12 060 euros au Luxembourg à 2 870 euros au Portugal.

La pauvreté ne se limite pas aux faibles revenus. Une conception plus large inclut également la capacité limitée de choisir, de participer à l'économie et à la société et d'accéder aux droits fondamentaux. La majorité des personnes classées pauvres en Europe sont des femmes, particulièrement touchées par les discriminations en matière de salaire, d'accès à l'emploi et aux soins.

De son côté, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui retient le pourcentage de la population totale se trouvant sous le seuil de pauvreté (50% du revenu moyen), indique, pour 2002, des taux de pauvreté variant de 10,8% au Luxembourg à 12,2% en Italie (les taux de l'Espagne et du Portugal ne sont pas fournis).

Logiquement, les pays où le taux de pauvreté est le plus élevé - Portugal, Royaume-Uni, Grèce, Irlande, Espagne et Italie - sont en général ceux où le niveau de dépense par habitant pour la protection sociale est inférieur à la moyenne communautaire. Sans les prestations sociales (en particulier le revenu minimum garanti et les allocations familiales), 26% de la population de l'Union seraient menacés de pauvreté: il importe donc de maintenir des taux élevés de protection sociale et de prêter une attention particulière aux groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes. L'indice d'inégalité dans la répartition des revenus (écart entre les 20% supérieurs et inférieurs) confirme ces tendances : dans les pays à forte pauvreté, l'indice (entre 7,4 et 6 pour le Portugal, le Royaume-Uni, la Grèce, l'Espagne ou l'Italie) est nettement supérieur à la moyenne européenne (5,7), alors que les pays riches ont un indice d'inégalité bas (entre 3,6 et 4,7 au Danemark, en Finlande, en Suède et en Allemagne)15(*).

Nous pensons qu'une réduction du taux de chômage actuel dans le monde, admet qu'il faut effectivement un renforcement du lien entre croissance et emploi ; La création d'emplois décents et productifs, et non pas un quelconque emploi comme on l'a souligné. Donc, l'investissement massif dans les pays en voie de développement avec une stabilité politique doivent être au départ mis en évidence. Et, nous pensons qu'autant de fois ces idées se montrent réalistes, il serait très avantageux pour leur population.

Il convient de signaler aussi que le phénomène démographique est bien un autre qui engendre la pauvreté. En effet, en 1960, notre planète ne comptait que 3 milliards d'habitants. Le doublement de la population mondiale a eu lieu en un temps remarquablement court, à savoir 30 ans. C'est en 1968 que Paul Ehrlich a publié son célèbre livre « La Bombe P »16(*), dans lequel il affirmait que l'on avait perdu la bataille pour nourrir toute l'humanité.

Les pays en développement connaissaient une croissance démographique de 2,5% par an et comptaient plus de 70% des habitants de notre planète. À ce rythme-là, leur population aurait doublé tous les 27 ans. Une telle perspective était des plus décourageantes lorsqu'on songeait qu'il avait fallu attendre jusqu'à 1800 pour que notre planète compte 1 milliard d'habitants et jusqu'à 1930 pour qu'elle en compte 2 milliards. La question à savoir, Pourquoi cette explosion démographique a-t-elle eu lieu ?

Le taux de mortalité dans les pays en développement a diminué très rapidement après la Seconde Guerre mondiale. Les campagnes en faveur de la santé publique et de la vaccination y ont considérablement réduit les épidémies et la mortalité infantile. Dans les pays industriels, une diminution de cette importance avait pris des siècles et avait eu lieu au fur et à mesure que la société évoluait, que l'urbanisation prenait de l'ampleur et que les familles nombreuses se révélaient moins nécessaires. Il s'ensuit que les taux de natalité et les taux de mortalité ont simultanément évolué à la baisse et que les taux de croissance démographique n'ont jamais atteint le niveau qu'ils ont eu plus tard dans les pays en développement. Dans ces pays, les taux de mortalité ont baissé si rapidement que la société a eu peu de temps ou peu de motifs pour changer son désir d'avoir des familles nombreuses.

Dans les années soixante, les femmes des pays en développement avaient en moyenne 6 enfants, et l'espérance de vie s'accroissait à un rythme jamais connu auparavant. Les méthodes modernes de planification familiale commençaient à se répandre dans les pays industriels, et il semblait peu probable qu'elles deviennent courantes dans les sociétés agraires traditionnelles des pays en développement.

Selon Thomas R. Malthus, <<les subsistances croissent selon une progression arithmétique (additive), tandis que la population se conforme à une progression géométrique explosive (multiplicative)17(*)>>.

La répartition géographique de la population pose un autre problème dans de nombreux pays à faibles revenus. L'urbanisation est un corollaire inévitable du développement. Beaucoup de gens ont soutenu que la croissance urbaine causée par l'exode rurale était trop rapide et suscitait de graves problèmes sociaux. Pourtant, les pays du tiers monde qui ont tenté de contenir le flot se sont trouvés devant une tache quasiment impossible. En effet, les ruraux ont découvert qu'ils pouvaient progresser de plusieurs manières en partant pour la ville. Outre qu'ils gagnent des revenus supérieurs à ceux qu'ils auraient obtenu dans les régions rurales, ils bénéficient d'un meilleur accès aux écoles pour leurs enfants et d'autres types de services sociaux. Ces avantages sont ceux qui aspirent les gens quittent la campagne pour la ville, et des études ont montré que, dans l'ensemble, ils les obtenaient.

Donc, le surpeuplement nuit à la mise en place d'équipement (logements, routes, égouts, etc.) et des services sociaux urbains appropriés. La surpopulation entraîne la bidonvilisation ou les gens vivent dans la promiscuité et dans la misère.

On n'a pas tout dit sur la pauvreté puisque c'est un domaine assez complexe, mais pour mesurer la pauvreté on se sert des indicateurs qui présentent des insuffisances classées comme indices du développement humain (IDH) tels que : Espérance de vie à la naissance, taux de scolarisation primaire et le revenu par tête d'habitant.

Le tableau ci-dessous illustre le nombre de pauvres à travers des régions du monde

Tableau 1-1

Pauvreté dans le monde en millions de personnes

et % de la population de la région concernée

Région

Moins 1$/j (%)

Moins 2$/j (%)

1990

2001

1990

2001

Afrique subsaharienne

227 (45%)

313 (46%)

382 (75%)

516 (77%)

Amérique latine et Caraïbes

49 (11%)

50 ( !0%)

125 (70%)

128 (25%)

Asie de l'Est

472 (30%)

271 (15%)

1116 (70%)

865 (47%)

Asie du Sud

462 (41%)

431 (31%)

958 (86%)

1064 (77%)

Europe 0rientale et Asie centrale

2 (1%)

17 (4%)

23 (5%)

93 (20%)

Moyen-Orient et Afrique du Nord

6 (2%)

7 (2%)

51 (21%)

70 (23%)

Source : Banque mondiale via alternative économique, n°237, juin 2005, page 4918(*).

Si l'Asie et l'Amérique latine semblent sur la bonne voie, les situations en 2000 de l'Asie centrale, mais surtout de l'Afrique subsaharienne, sont préoccupantes.

Au niveau d'éducation, selon les données statistiques de la banque mondiale, 110 millions d'enfants n'ont pas accès à l'école primaire. La part de scolarisation primaire en pourcentage par région est représentée dans le tableau ci-après :

Tableau 1-2

Part de la scolarisation primaire en (%) et charge des classes

Région

% d'enfants en primaire

Nbre d'élèves par enseignant

1990-1991

2001-2002

2002-2003

Afrique subsaharienne

53,9

62,2

45

Amérique latine et Caraïbes

86,4

95,7

25

Asie de l'Est

97,7

92,1

32

Asie du Sud

92,4

90,8

40

Europe orientale et Asie centrale

81,4

82,9

17

Moyen-Orient et Afrique du Nord

81,7

91,9

23

Source : Nations Unies via alternative économique, n°237, juin 2005, page 5019(*).

En ce qui a trait à la mortalité infantile, les estimations de l`UNICEF ont démontré qu`il y a une baisse dans les pays en développement dont illustre le tableau ci-dessous.

Tableau 1-3

Mortalité infantile (0-1 an) pour 1000 naissances vivantes

Mortalité infantile (0-1 an) pour 1000 naissances vivantes

Région

1990

1995

2000

2003

Afrique subsaharienne

102

99

95

93

Amérique latine et Caraïbes

35

30

25

23

Asie de l'Est

56

49

44

42

Asie du Sud

91

79

70

65

Source : d'après des estimations de l'UNICEF20(*)

Un autre indicateur intéressant : le nombre de médecins pour 1000 habitants. D'après la banque mondiale, en 2004, il y en avait :

3,8 dans les pays riches, 3,1 en Europe centrale et Asie centrale, 1,8 en Amérique latine et Caraïbe, 1,3 en Asie de l'Est, 1,2 en Afrique du Nord et Moyen Orient, 0,5 en Asie du Sud, 0,1 en Afrique subsaharienne. Près de 40 fois plus de médecins entre les pays les plus pauvres et les plus riches (en moyenne).

a)- Causes de la pauvreté dans le monde

Selon Malcolm Gillis, économie du développement, page 30 <<Il n'y avait que 200 ans ou le niveau entre deux mondes séparés c'est à dire pays du nord et pays du sud étaient le même mais, il y a une cinquantaine d'années ce mécanisme était réduit et que les pays du nord possèdent les plus fortes richesses. On voyait des individus et des familles s'enrichir, mais les nations dans leur ensemble et la majorité de leurs habitants étaient pauvre. L'économie était considérée comme un gâteau de taille définie. On pouvait

couper pour soi une tranche plus grande, mais seulement en s'emparant d'un morceau qui, au départ, appartenait à quelqu'un d'autre. Rares étaient ceux qui voyaient la possibilité d'accroître la taille du gâteau, afin de permettre à tous d'avoir de plus gros morceaux21(*)>>.

Selon l'étude de 1989 des nations unies sur la distribution mondiale de richesses, 20% de la population du globe possèdent 82,7% du produit mondial brut, 81,2% du commerce mondial, 94,6% des prêts commerciaux, 80,6% de l'épargne interne et 80,5% des investissements mondiaux. Il reste donc très peu pour les 80% restant de la population de la planète. La tendance en ce domaine est aussi très alarmante, puisque la différence entre le revenu des 20% plus riches et celui des 80% plus pauvres a doublé entre 1960 et 1990. Donc, cette mauvaise répartition des richesses a provoqué de grandes inégalités dans le monde22(*). (Revue administrative des sciences économiques, Bruxelles)

Pour mieux cerner les causes de la pauvreté dans le monde en dehors des inégalités de richesses, il revient de les aborder plus particulièrement dans les pays en voie de développement dont les causes sont multiples et variées. Elles peuvent être groupées en deux grandes catégories, à savoir les causes naturelles et les causes humaines.

Par causes naturelles, nous considérons des phénomènes tels que le désert, les feux de brousse, les éruptions volcaniques, les séismes, les invasions d'insectes (criquets), les crues, les cyclones, etc. Ces phénomènes sont imprévisibles, car ils ne dépendent pas de l'homme, étant eux-mêmes au-delà de son contrôle. En vérité, ils rendent la vie des habitants d'une région difficile, voire même impossible. Le désastre du Tsunami en Asie est un exemple parlant, auquel nous pourrions même ajouter celui des pluies torrentielles qui s'étaient abattues sur un quartier de Kinshasa en Afrique en novembre 2005 et celui de la ville des Gonaïves (Haïti) en 2004 dans la Caraïbe avaient emporté des vies humaines, des denrées, des têtes de bétail et des biens matériels comme des maisons, des véhicules, etc.

Quant aux causes dites  humaines, selon un pasteur congolais «il s'agit de l'irresponsabilité de l'homme, de l'aveuglement et de l'ignorance, du manque du patriotisme, du manque de volonté à sortir de cet état. Certaines autres causes sont dues à l'oppression de l'homme, ce qui considère que l`homme est un loup pour l'homme. Il s'agit de l'injustice sociale, de la guerre, de la discrimination, de la violence»23(*). Il revient à ajouter qu`en dépit de tous ces maux, malgré le semblant abandon des anciennes puissances colonialistes, aujourd`hui, elles se recrutent de nouveaux colons ; ce qui constitue le plus souvent de grands handicaps à leur développement.

b)- Caractéristiques de la pauvreté

La pauvreté se manifeste par un ensemble de caractères qu`on peut décrire comme les suivants :

A l'échelle du monde, il existe une opposition entre les pays développés, dits du Nord (car ils se situent pour l'essentiel dans l'hémisphère Nord, à part l'Australie et la Nouvelle-Zélande), et ceux du tiers monde ou du Sud. Les pays développés sont des pays riches, qui jouissent d'un haut niveau de développement. Au contraire, ceux du Sud connaissent de nombreux problèmes et leurs populations sont très pauvres.

En ce qui a trait aux continents, il existe également de très grands écarts de richesse. Ainsi, l'Amérique du Nord est très riche, tandis que l'Amérique latine est, pour l'essentiel, composée de pays pauvres. De même, à l'intérieur de chaque continent, de grandes disparités se font jour : ainsi, en Europe, la Roumanie est beaucoup plus pauvre que la Suisse.

A l'échelle d'un pays, il est fréquent que des régions riches et des régions pauvres se côtoient. C'est le cas en Italie : les régions du Nord, qui constituent le coeur économique et industriel du pays, sont très riches ; au contraire, celles du Sud, plus rurales, sont nettement plus défavorisées (taux de chômage très élevé).

Ainsi, dans les grandes villes, il existe des quartiers riches et des quartiers pauvres, parfois très proches. A Mexico, les bidonvilles jouxtent les immeubles modernes. À New York, le centre des affaires, Manhattan, est voisin du quartier noir pauvre, Harlem.

Les éléments qui caractérisent la pauvreté sont le plus souvent remarqués dans les pays du Sud qui connaissent des problèmes économiques et sociaux considérables, liés à la faiblesse des revenus de l'État et des citoyens. Ils sont ainsi confrontés à des problèmes :

· d'alimentation : famines, malnutrition (alimentation insuffisante) fréquente ;

· de santé : forte mortalité des bébés, faible espérance de vie, état sanitaire défectueux ;

· d'éducation : les taux d'alphabétisation sont souvent faibles parce que l'État n'a pas les moyens d'éduquer le nombre très important d'enfants et que les parents ne peuvent pas les envoyer à l'école ;

· d'emploi : le chômage est très important, d'autant plus que la part de jeunes adultes (qui cherchent un travail) est élevée dans la population. Beaucoup sont obligés de travailler dans l'illégalité ou d'exercer des « petits boulots » ;

· de logement : les conditions de vie sont très difficiles, des familles sont obligées de vivre dans des bidonvilles, beaucoup n'ont pas accès à l'eau potable ou à l'électricité.

· Environnement : système écologique défavorable, déboisement, des ordures dans la rue ;

Les sociétés des pays du Sud sont très inégalitaires : une petite minorité très riche et une large majorité pauvre, qui vit dans des conditions très précaires, coexistent. Ces inégalités criantes s'observent notamment dans les grandes villes.

c)- Conséquences de la pauvreté dans le monde
Les conséquences de la pauvreté dans le monde peuvent être résumées comme les suivantes :

- Sur le plan interne, on a retenu la bidonvilisation, l'exode rural, politique instable, instabilité économique, détérioration sociale...

- Sur le plan externe, il s'agit de l`émigration clandestine, dépendance des PVD aux pays développés...

La pauvreté est un phénomène difficile à comprendre pour beaucoup d'autres, mais dans la réalité elle diffère de région à d'autres suivant leur potentialité, elle diffère aussi de personnes à personnes. Mais, nous pensons que pour développer, une société doit atteindre un certain équilibre macro-économique fondamental : éliminer l'inflation et parvenir à une certaine stabilité ; cependant, bien que ces objectifs soient essentiels, ils ne constituent pas une fin en soi. Et le résultat doit montrer qu'il ait vraiment une augmentation de l'espérance de vie à la naissance des personnes, amélioration de leur qualité de vie, renforcement du contrôle qu'elles exercent sur leur vie, accès aux biens culturels, ainsi qu'une série de facteur permettant à l'être humain considéré comme une entité pensante, d'être libre et de participer.

Donc, les efforts consentis par les nations unies pour promouvoir le développement économique dans le monde, doivent être par conséquent pris avec plus de considération possible en vue de réduire la pauvreté. Il faudrait qu'il y ait plus de rigueur dans la gestion des choses publiques, pourvu que dans la réalité, un ensemble d'irrégularités a toujours observé à travers les projets. Il revient également d'accompagner les pays pauvres dans leur rôle à jouer afin d'améliorer les conditions de vie de leur population.

2-1-2 Pauvreté en Haïti

La République d`Haïti s'étend sur une superficie de 27 750 Km2 pour une population de plus de 8 millions d'habitants dont l'Aire Métropolitaine, site géographique de notre intervention compte à elle seule environ 2.041.395 habitants. La densité de la population de l'Aire Métropolitaine est plutôt élevée (4000 hab/km2) et tend à augmenter avec un taux moyen de croissance de la population qui est de 5%24(*) selon l'IHSI. Ce phénomène démographique enregistré est causé par la centralisation des activités économiques, sociales et culturelles occasionnant un déplacement massif de la population rurale face à l'augmentation de la pauvreté à la recherche de meilleures conditions de vie.

La faiblesse de l'Etat a entrainé la majorité de cette population urbaine qui représente surtout les pauvres dans une vie de misère qui est devenue complexe et même compliquée.

En matière de développement humain, selon le dernier rapport publié par le PNUD, Haïti occupe actuellement le 153e rang alors qu'en 2003, il se classait au 145e rang. Le taux de croissance pour l'année 2005 est de 1,5% et le taux d'inflation se chiffre à environ 15%25(*).

Le pays fait actuellement face à une crise économique extrêmement aiguë d'où la production nationale se décline. Il vient d'être finalement admis, le 3 juillet 2005, à la communauté de la caraïbe (CARICOM). Elle y entre comme un paria. Elle a très peu de chose à offrir, tributaire qu'elle est déjà de l'étranger pour une large partie de son alimentation. Ses exportations sont pratiquement nulles, conséquence d'une agriculture débilitante.

Il convient de rappeler que la faiblesse de la production agricole a fortement affecté la majorité de la population. Et, parmi tous les secteurs de la vie nationale, le secteur agricole semble être la principale source d`emploi dans le milieu rural qui représente 68.4% et pour l`ensemble du pays 50.6 et fournit environ 30% du PIB selon l`IHSI26(*). Pouvons-nous imaginer un tel pourcentage par rapport au Costa Rica dont 20% de la population évoluent dans le secteur agricole selon la banque centrale du Costa Rica27(*), ils arrivent à satisfaire une grande partie de cette dernière.

Tout ce processus de production accrue de l`agriculture est obtenue grâce à la mécanisation du système, alors qu'Haïti évolue au même état primitif de pratique manuelle rendant le système improductif, résistant à l'innovation. Ce qui traduit une perte de ressources et occasionne une consommation totale de la production agricole.

Malgré ces effets négatifs observés dans l'agriculture, la libéralisation des marchés agricoles par le programme d`ajustement structurel (PAS) vient empirer le cas, c'est à dire les conditions nettes qu'auraient pu avoir, les efforts d'ajustement consentis sont compromettants, le développement socio-économique du pays piétine, régresse et le coût social s'alourdit conséquemment. Les filières de production agricole sont les principaux témoins de cette démarche mal maîtrisée.

Signalons quelques handicaps structurels du secteur :

Faiblesse des infrastructures d'irrigation et de mécanisation, précarité de l'outillage, insuffisance de recherche et de vulgarisation, absence de crédit à la production, faiblesse de l'utilisation d'engrais, manque de semences améliorées et de pesticides, exiguïté des parcelles de production, insécurité de la tenue foncière etc., sans oublier les problèmes liés aux cataclysmes naturels.

Le tarif douanier pour les produits agricoles qui se révise à la baisse et même nul pour certains produits importés, a conduit les producteurs haïtiens au découragement compte tenu des coûts élevés de la production et la présence des produits importés qui dévalorisent ceux locaux en terme de prix.

Nous vous présentons un tableau sombre des importations dans la consommation nationale et un tableau établissant la comparaison des tarifs douaniers d'Haïti avec ceux de la CARICOM (1998) en pourcentage.

Tableau 1-5

Importations dans la consommation nationale

1998 en pourcentage

Produits

Part estimée des importations dans la consommation totale

Produits

Part des importations dans la consommation totale

Riz

64 %

Sorgho

0 %

Sucre

85 %

Pois

20 %

Farine

100 %

Viande de porc

27 %

Banane

1 %

Viande de poulet

75 %

Maïs

5 %

OEufs

78 %

Sorgho

0 %

Lait

56 %

Pois

20 %

 
 

Source : IRAM & group croissance, 199828(*)

Tableau 1-6

Tarifs douaniers d`Haïti avec ceux de la CARICOM

En pourcentage

Produits

Haïti

CARICOM (tarifs extérieurs communs)

Riz

3

40

Farine

0

5

Sucre

3

25

Maïs

15

40

Banane

0

30

Sorgho

0

40

Pois

5

30-35

Viande de porc

5

5

Viande de poulet

5

40

Source : IRAM & group croissance (1998)29(*)

La majorité des problèmes auxquels est confronté le pays est liée essentiellement à la mauvaise gouvernance. Selon Ernst Bernardin dans la planification du développement « Les politiques publiques menées en Haïti sont qualifiées d'inefficaces, eu égard au fait qu'elles n'ont pas pu, dans la majorité des cas, trouver une solution adéquate et équitable aux divers problèmes auxquels est confronté la population : chômage endémique, analphabétisme généralisé, accentuation de la pauvreté et de la misère, bref, exclusion sociale de la majorité de la population.

Les raisons généralement évoquées pour expliquer les faibles performances des politiques publiques sont de divers ordres a-t-il souligné. Parmi ces raisons, il en retient deux :

1- la carence de cadres qualifiés pour concevoir et élaborer les politiques publiques,

2- la carence d'informations statistiques et d'indicateurs économiques et sociaux fiables permettant de formuler des politiques réalistes.

Si la plupart des mesures et des politiques adoptées en Haïti n'ont pas donné de résultats tangibles, en terme de transformation de la situation économique et sociale, c'est parce que, d'une part, elles n'étaient nullement adaptées à la réalité du pays et que, d'autre part elles visaient généralement au maintien du statu quo. Le refus du changement d'un système sociopolitique anachronique, sclérosé et rétrograde devait conduire inéluctablement à la reproduction continuelle d'un modèle de société axé sur la pénurie, l'incurie administrative, la dégradation accélérée de l'environnement, bref, la détérioration, au fil des ans, des conditions de vie de la population.

Pour suppléer au problème de la carence de cadres nationaux qualifiés, on fait souvent appel à l'expertise internationale dont l'aide technique efficace peut permettre d'élaborer des politiques publiques rationnelles. Mais, dans la pratique, on se heurte parfois à deux types de problèmes :

1.- Les politiques peuvent être bien formulées sur le plan technique mais parfois inefficaces par manque de réalisme et d'opportunité, parce qu'elles sont élaborées à partir des standards de références qui n'ont rien à voir avec la réalité du pays où elles s'insèrent. Elles peuvent être efficaces et donnent de bons résultats dans un pays donné et se révèlent inefficaces et inappropriées à la réalité spécifique d`un autre milieu obéissant à des normes et des règles particulières. Dans ce cas, le modèle devrait s'adapter aux conditions objectives du pays où l'on veut l`implanter. Si tel n'est pas le cas, on ne résoudra aucun problème et la situation peut être même, à la limite, empirée.

2.- Les politiques peuvent être bien formulées sur le plan technique, réaliste et opportun et cependant, ne pas être appliquées par manque de volonté politique réelle de changement, car les traditions ont la vie dure. Et le développement suppose un effort de dépassement30(*)>>.

Sur ce, nous tenons à dire que le manque de rigueur dans la gestion des choses publiques a, entraîné un ensemble de problèmes d'ordre structurels tels que : faible production nationale, baisse du pouvoir d'achat, croissance non orientée pour ne citer que ceux-là.

A cet effet, le pays présente des défaites dans toutes ses composantes qui rendent la vie socio-économique très fragile. Devant cette situation inquiétante, nous sommes incertains vu que certaines mesures qui doivent être prises par les autorités aux fins de corriger les problèmes sont le plus souvent inefficaces.

Malgré qu'une volonté se manifeste par les acteurs gouvernementaux en vue d'améliorer la situation, les crises politiques ne font que ralentir les investissements et discontinuer certains projets de développement. La situation s'aggrave de plus en plus d'où : la disparition de nombre d'entreprises en raison des actes de vandalisme et de banditisme que connaît le pays avant même le départ du président Jean Bertrand Aristide (Février 2004) a, conduit à des pertes d'emplois qui viennent augmenter le nombre de chômeurs et, il y a lieu de constater qu'une baisse du PIB. L'aggravation des problèmes mène le pays dans une situation ou tout est devenu urgent pendant qu'on ne sait où commencer.

Il serait important de trouver en quelque sorte un compromis entre les différents groupes politiques pour pouvoir relancer de nouveau le processus économique.

Tableau 1-5

Estimations de l`incidence de la pauvreté en Haïti

 

Aire Métropolitaine

Autres villes

Monde rural

Total

Pauvreté générale

575 000

420 000

2 825 000

3 820 000

Répartition

15 %

11 %

74 %

100 %

Pauvreté extrême

333 000

225 000

1 810 000

2 365 000

Répartition

14 %

10 %

76 %

100 %

Source : PNUD/FAO, d`après IHSI/EBCM 1999-200031(*)

En ce qui a trait à notre sujet d'études, la pauvreté monétaire est l'un des facteurs que nous mettons en évidence pour appréhender la pauvreté dans le contexte haïtien.

Selon une des définitions, la monnaie est un bien économique dont la fonction principale consiste à faciliter, par le truchement de l'échange, la satisfaction des besoins humains. On peut aussi la définir comme bien intermédiaire qui sert à déterminer la valeur de tous les autres biens et dont la propre valeur est reconnue et acceptée par tous.

La monnaie est à la fois la cause et l'effet du développement économique des sociétés, car contrairement au troc, elle permet les échanges indirects. Grâce à ses caractères, les fonctions qu'elle remplit sous différentes formes sont indispensables à l'économie.

IL peut y arriver qu'on est en situation de pauvreté monétaire où les habitants sont contraints à un certain nombre de services, faute de moyens financiers pour répondre à certains de leurs besoins humains essentiels notamment : le besoin d'envoyer leurs enfants à l'école, le besoin de se nourrir, le besoin de se vêtir, le besoin de santé, le besoin de se loger pour ne citer que ceux-là.

Les pays confrontés à ce genre de problèmes, sont le plus souvent les PVD dont les caractéristiques leur sont appropriées plus particulièrement le nôtre ; une faible partie de la population jouit d'un haut niveau économique contre une grande majorité. Or, l'essence de la croissance économique moderne est qu'en moyenne le revenu augmente pour tous les habitants du pays non pas pour une petite minorité de privilégiés, les changements structurels s'accompagnent et affectent le mode de vie des gens, disent certains économistes.

En économie, qui dit défaillance économique dit défaillance monétaire relativement liée au phénomène de la pauvreté. Avec tous les problèmes auxquels est confrontée l'économie haïtienne, il va de soi que la monnaie nationale se déprécie en raison de la baisse de la production nationale. Ceci dit qu'Haïti a une production tournée vers la consommation, la faible partie exportée est quasiment nulle par rapport à ce que nous importons. Donc, nous ne mobilisons pas assez de devises afin d'inverser la situation.

Le problème de chômage est l'un qui engendre le manque de revenus des gens, la faiblesse de l'investissement dans le pays entraîne une situation de monopole d'où la compétition est presque inexistante, ce qui occasionne un faible demandeur d'emplois contre un fort d'offreur d`emplois. Puisque le marché du travail est très restreint et que les offreurs d'emplois sont si nombreux, on a pu constater qu'un faible salaire est offert. A part quelques gens qui ont la possibilité de trouver un salaire plus ou moins acceptable dépendamment de leur niveau. De ce fait, il y a beaucoup de gens qui travaillent, mais dans la réalité restent pauvres (chômage déguisé) en dépit de faible salaire qu'ils en détiennent pendant que l'inflation ne fait qu`augmenter.

Par exemple, le salaire journalier est passé de 15 HTG vers les années 80 à 36 HTG vers les années 90, et aujourd'hui on parle de 70 HTG ; ceci ne résout pas le problème de la baisse du pouvoir d'achat en connaissance du nombre de besoins avec ce faible revenu, pendant que l'inflation ronge l'économie. La quantité de biens qu'on pourrait acheter se diminue. Cette situation pousse les gens à acheter des biens qui ne sont pas à leur préférence, or toute baisse du pouvoir d'achat signifie une baisse dans la cotation de la monnaie locale. La stabilité de la gourde dépend entre autres du pouvoir d'achat de la monnaie américaine, elle agit de manière inversement proportionnelle aux autres monnaies. On pense qu'une baisse du dollar fera l'affaire de la gourde. Il y a lieu de mentionner que la majorité de la population dispose de faibles revenus, ce qui crée des marchés restreints et des prix non favorables aux producteurs.

2-1-3 Perspectives de réduction de la pauvreté dans le monde

Après la deuxième guerre mondiale le monde se trouvait endommagé, avec le plan Marshall, on a reconstruit l'Europe, et l'Amérique du nord a connu sa croissance économique. Mais avec la décolonisation des pays de l'Afrique des années 60 et certains de l'Amérique latine, les nécessités de promouvoir le développement économique dans ces pays en difficulté avaient bien attiré l'attention des pays développés. A cet effet, ils ont mis sur pied des projets de développement en vue d'aider ces pays à améliorer leur situation économique en tant que stratégie. Des aspects négatifs ont été relevés de ces projets qui n'ont pas apporté des résultats escomptés. D'autres stratégies de développement ont été prises par les Etats parmi lesquelles : le programme d'ajustement structurel en est bien une qui n'a pas donné de résultats satisfaisants. Une nouvelle réalité émerge donc : l`Etat est appelé à travailler en adoptant un nouveau modèle, celui d'une coopération étroite avec les organisations non gouvernementales et les communautés pauvres, afin de faire face à la vague pauvreté qui déferle dans de nombreux pays.

Ces dernières années, la pauvreté a augmenté de façon constante en Afrique où près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le niveau de vie des classes moyennes où se recrutent les nouveaux pauvres, se détériore rapidement.

Devant cette situation, les Nations Unies ont fixé des objectifs pour 2015, tels :

Réduire la faim et l'extrême pauvreté, assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité des sexes, l'autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies, assurer un environnement durable, mettre en place un partenariat mondial pour le développement32(*).

Actuellement, la microfinance est l'une des stratégies adoptée par les nations unies en vue d`améliorer le sort des pauvres du monde, attirant de plus en plus l'attention sur son rôle vital dans l'éradication de la pauvreté, l'année internationale du microcrédit a publié récemment un rapport intitulé  << la microfinance et les objectifs du millénaire (ODM) : Guide du projet du millénaire et autres documents des nations unies à l'attention des lecteurs>> afin de fournir un contexte et de soutenir les initiatives de microfinance.

Le rapport souligne le rôle crucial de l'accès aux services financiers et le rôle de la microfinance dans l`atteinte des ODM et dans la réduction de la pauvreté. Avec la déclaration du G8 en 2004 sur l'élargissement de l'accès à la microfinance pour les entrepreneurs, ceci a provoqué l'esprit d'entreprise : faire que les affaires marchent pour les pauvres. De plus, le document avance que la microfinance sera plus efficace dans la contribution aux ODM lorsqu'elle est traitée comme la finance : le message par accumulation est un éloignement de la vision du développement comme simple réduction de la pauvreté vers la compréhension du développement et de la réduction de la pauvreté comme des résultats primordiaux pour la création de richesse.

Section II : Micro finance : vecteur de réduction de la pauvreté dans le monde

2-2-1 Historique et évolution des IMF dans le monde

Si nous nous référons aux siècles passés, nous voyons que ce concept qui se révèle des origines anciennes dans les mutuelles de crédit agricole crée en Europe à la fin du XIXe siècle, a été repris puis développé par le professeur Mohamed YUNUS (Bengladesh) de l'université Vanderbilt aux États-Unis.

Dans un cours d'économie à Chihagong au Bengladesh, lors d'une série de travaux pratiques d'un cours d'investissement, il propose à ses étudiants d'interroger des fabricants de tabourets en tambour des plus proches du village. Ils ont besoin de $27 dollars au total pour développer leur activité, toutes les banques qu'ils ont consulté refusent de financer à faible montant, des clients à priori insolvables. YUNUS déclare avoir honte de cette situation et leur prête la somme de sa propre poche en permettant aux fabricants d'acheter d'avance sans subir des variations de prix. Ils réussissent à créer des emplois et ils lui remboursent intégralement. Donc, ce comportement affiché par les banques commerciales classiques a nettement marqué YUNUS et lui porte à apporter son soutien aux gens qui ont grandement besoin de services financiers leur permettant de financer leurs activités, augmenter leurs revenus afin d'assurer leur survie, c'est ainsi que commençait timidement l'activité de microfinancement et de microcrédit33(*).

D'après certains experts en la matière, il y a au moins 30 ans environ, les banques à l'époque, aussi bien les banques publiques (banques de développement) que privées (commerciales) n'offraient pas de services financiers à une très grande majorité de la population des pays du sud, jugés « non bancables » et non rentables. Pour palier ce vide, les ONG ont elles mêmes des microcrédits à toute une diversité d'exclus du système bancaire, et en particulier au plus défavorisé d'entre eux : Les pauvres, les femmes et les ruraux. En ce faisant, elles ont inventé le concept de la micro finance.

Tenant compte des effets négatifs enregistrés de la pauvreté sur la population mondiale, les Etats ont conjugué leurs efforts en adoptant de nouvelles stratégies en vue d`atténuer la pauvreté. Pour cela, ils utilisent la microfinance comme outil pour insérer les populations dans le développement économique de leur pays à travers la création d'emplois, l`augmentation de revenus et donc le pouvoir d'achat.

Ce nouvel ordre mondial crée une rareté de ressources financières disponibles, où les perspectives de financement des institutions de microfinance ont subi une nette évolution. Elles passent d'un système à forte implication de subventions extérieures à un modèle plus proche du système institutionnaliste. Ce dernier est fondé sur un financement par appel au marché financier. Ce qui traduit une prise en compte effective de l'importance de l'automatisation du secteur par les acteurs de la microfinance (praticiens, donateurs, pouvoir publics, clients, etc.). A cet effet, les organismes financiers internationaux, dont dépendent économiquement la plupart des Etats du Sud, ont formellement pris en compte cette problématique dans leurs panoplies d'objectifs et de moyens d'actions pour alléger la pauvreté.

Vu la croissance du nombre d'institutions de micro finance qui ont fait de grand exploit en donnant des services financiers aux pauvres jusque là non accessibles au circuit de financement traditionnel, ce domaine se révèle d'une importance capitale au point que dans les pays africains, des institutions comme le GRAMEN BANK on fait un travail colossal en matière d'épargne et de micro crédit. Au Canada, le Développement International Desjardins, à travers un réseau de caisses populaires, a connu un essor vertigineux qui, jusqu'à présent a servi de modèle au monde entier. Au Nicaragua, la Fondation pour l'Appui Micro entreprise (FAMA), dans moins de huit (8) ans de son existence a financé plus de 160,000 clients pour une valeur de plus de 56,000,000 dollars américains. D'un autre coté, depuis 1987, la Caisse Française au Développement a consacré plus de 300,000,000 de francs français au développement du système d'épargne et de crédit.

Selon des informations fournies par le Fonds d`Equipement des Nations Unies (FENU) sur le portail de la microfinance à travers le monde, certaines IMF des pays ci-après ont connu une nette évolution34(*) :

Au Guatemala : Deux banques commerciales (Bancafe et Banrural) ont reçu une assistance technique d'Innova, un prestataire de services techniques bolivien, grâce à une subvention MicroStart de 500.000$. Ces fonds ont permis à la banque Bancafe de mettre en place un nouveau service de microfinance avec 11.000 nouveaux emprunteurs, la plupart engagés dans le commerce et dans le secteur des petites entreprises. La banque Banrural était, quant à elle, déjà engagée dans la microfinance, mais elle a acquis plus de 9.000 emprunteurs supplémentaires en mettant en place un système d'identification sur la base d'empreintes digitales qui permet aux clients illettrés d'accéder aux crédits et à l'épargne.

Au Malawi : Grâce à une subvention de 3 millions de dollars octroyée par le FENU, Pride Malawi, une « start-up » de microfinance, est devenue le leader sur le marché avec plus de 5.000 emprunteurs. Pride Malawi s'est développée et a ouvert des bureaux à travers tout le pays tout en observant scrupuleusement les principes et les bonnes pratiques de la microfinance. Le succès de ces pratiques et l'utilisation de hauts standards d'opérations ont un effet catalyseur sur l'ensemble du secteur de la microfinance dans le pays.

Au Nigeria : Plus de 53.000 nouveaux clients ont bénéficié des services fournis par les opérateurs de microfinance durant la première phase du projet MicroStart. Le programme était sur le point d'atteindre son objectif de 100.000 clients en 2005 tout en conservant une viabilité financière. A l'aide d'une équipe technique d'ASA, (une institution de microfinance réputée du Bengladesh), des institutions clés sont en train de se renforcer pour jouer un rôle prédominant sur le marché Nigérien.

En Sierra Leone : Les conflits que connaît le pays depuis ces dernières années n'ont pas facilité l'accès des pauvres à la microfinance. Cependant, le FENU, dans un but de croissance économique et de reconstruction durable, a mobilisé d'autres bailleurs de fonds pour travailler avec le gouvernement sur une période de cinq ans afin de construire un secteur financier national intégrant la microfinance. Pour ce faire, la banque de développement allemande (KfW) a versé 3.3 millions dollars, le FENU, 3 millions de dollars et le PNUD, 2.5 millions de dollars. Le principal objectif est de mettre en place une industrie de microfinance compétitive qui réponde aux besoins des clients.

L`importance de ce secteur a conduit même des ONG qui n'avaient pas de micro crédit dans leurs activités, tendent à faire de celui-ci, une activité à part entière. La banque mondiale quant à elle, dispose des fonds importants pour donner un coup de pouce à ce secteur qu'est la microfinance. Et ceci apporte une grande professionnalisation du secteur au point qu'en France, des organisations comme le GRET, le CIRAD ou l'IRAM, ont participé à la création de nombreuses IMF. Aux Etats Unis, des réseaux comme ACCION, Opportunity International ou FINCA ont participé à la création de ces IMF, avec des financements venant de la coopération Internationale. On estime qu'en 2004 le nombre de clients de ces Institutions de Microfinance se chiffre à plus de 80 millions de personnes (le besoin étant estimé à 500 millions de personnes)

De plus, Les banques publiques et les banques de développement nationales ont été impliquées dans ce secteur. Les institutions publiques nationales jouent souvent le rôle de « financier » des institutions de microfinance. Par exemple, au Mali, une Institution comme la BNDA (Banque Nationale de Développement Agricole) finance près de 80% des IMF, au Mexique des Institutions comme FIRA ou Financiera Rural refinance un grand nombre d'IMF. Parfois les banques publiques développent directement une activité de microfinance, comme l'a fait par exemple DEL BancoEstado au Chili (c'est en 2005 un des tous premiers programmes de microfinance d'Amérique Latine avec plus de 150 000 clients)

D'autres institutions financières ne sont pas restées indifférentes, comme les banques commerciales : Elles apportent leur appui financier à ce secteur en jouant un rôle à plusieurs niveaux. Elles peuvent appuyer les IMF, soit en les refinancant soit en leur apportant un appui technique, c'est le cas par exemple en Inde de la seconde banque Commerciale du Pays : ICICI. Elles peuvent aussi directement développer leur propre activité de Microfinance comme l'ont fait Financial Bank via sa filiale FINADEV au Bénin et BanColombia via MicroEmpresarios en Colombie.

Les Bailleurs de Fonds qui ont soutenu ce programme sont présentés ainsi: Coopération Bilatérale (USAID, AFD, KFW, DFID), Coopération Multilatérales (Commission Européenne, Nations Unies, Banque Mondiale, banques régionales de développement) l'ensemble des bailleurs de fonds est actif dans le développement du secteur et apporte son soutien au développement de ce dernier.

En matière de coopération, la plupart des financements du FENU Microfinance sont mis en place en collaboration avec des partenaires tels que le PNUD, la Banque Mondiale, la Fondation des Nations Unies, la Banque Africaine de Développement, le Département du Royaume-Uni pour le Développement International (DFID), la Banque Allemande pour le Développement (KfW), l'Agence Américaine pour le Développement International (USAID), les gouvernements des Pays-Bas, du Canada, de Finlande et d'Australie, ainsi que les gouvernements et les banques centrales des pays dans lesquels le FENU intervient.

A savoir que le FENU Microfinance, appuie les opérations mondiales du PNUD en favorisant l'accès durable aux services financiers pour les pauvres et les personnes à faibles revenus. Donc ses services-conseils sont offerts aux bureaux du PNUD sur le terrain sur une base payante permettant le recouvrement des coûts. Les services offerts par le FENU couvre une large gamme d'activités : évaluation de portefeuilles de microfinance, évaluation institutionnelle, conception de projets, formulation ou évaluation de projets, politiques gouvernementales, développement de stratégies nationales qui intègrent l'approche de développement sectoriel, etc.

Sur le plan opérationnel du secteur, le FENU, le PNUD et ses bureaux sur le terrain par un programme microstart s'associent pour aider les opérateurs individuels de microfinance dans les pays en développement. Grâce au projet MicroStart, le FENU Microfinance offre chaque année des conseils techniques aux Bureaux de Pays du PNUD et aux gouvernements nationaux dans plus de 35 pays. Par exemple :

Au Kenya : La société « Equity Building Society » (EBS) avec l'appui du FENU via les projets Microstart et Microsave, est passé d'un système manuel à un système informatisé, ce qui a permis d'accroître de manière significative le niveau de ses prestations. EBS a attiré plus de 26.000 nouveaux emprunteurs et plus de 85.000 nouveaux épargnants. Cette rapide expansion a eu un impact significatif sur le secteur de la microfinance et l'industrie bancaire au Kenya.

En Egypte : Sur la lancée du succès du projet initial MicroStart, le FENU a élargi son champ d'action pour aborder les questions de politiques liées au développement de l'industrie dans tout le pays. En commençant par un dialogue très large avec les partenaires clés, le FENU Microfinance a dirigé une initiative commune avec le PNUD, la KfW et USAID pour aider la Banque Centrale à développer une politique nationale et des plans d'action pour le développement d'un secteur financier accessibles à tous.

En Mongolie : Le FENU fournit un appui technique à l'organisation X.A.C pour l'aider à passer du stade de jeune institution de microfinance à celui de leader sur le marché et être la première banque commerciale de microfinance réglementée du pays. Par la suite, le FENU a été invité par la Banque Centrale à établir une politique nationale de microfinance qui structurera un environnement favorable à une industrie de microfinance compétitive.

En Turquie : Le FENU a réalisé, pour le bureau du PNUD, une première estimation des besoins en microfinance dans ce pays. Suite à ses conclusions, le FENU a contribué à la création d'une nouvelle législation de microfinance et au développement d'une stratégie globale pour les interventions du PNUD dans le secteur. Cette stratégie a inclus un programme de formation des bailleurs de fonds et des partenaires.

2-2-2 Microfinance en Haïti

Le développement de la microfinance en Haïti est lié à l'émergence du mouvement coopératif. Les opérations de microfinance ont été lancées en 1946 avec la création de la première coopérative d'épargne et de crédit inspirée du modèle des caisses populaires Desjardins. Au cours des années 50, le nombre de caisses populaires évolue rapidement passant à 52 en 1953 selon les informations du CNC35(*). L'intervention de l'État à travers des institutions spécialisées dans l'octroi de prêts aux petits exploitants a connu un échec important lié aux risques inhérents à l'activité agricole et le peu de prise en compte de la spécificité d'un tel secteur. Par ailleurs, les problèmes de clientélisme favorisant les paysans aisés, ont eux aussi été à la base de cet échec. Ce n'est qu'au début des années 80 que les premières institutions de microfinance non coopératives firent leur apparition.

Pendant la décennie 1990-2000, sous l'impulsion des ONG qui lancent des programmes de microcrédit, la microfinance non coopérative se développe considérablement. Ce secteur connaît une croissance exponentielle avec la libéralisation des taux d'intérêt par les autorités monétaires en 1995. De nos jours, l'offre de services financiers est diversifiée que ce soit en termes de méthodologie ou de statut juridique des opérateurs (coopérative, association, fondation, ONG, institution religieuse, société de droit privé, banque commerciale). On compte plus de 350 caisses populaires et 22 IMF de type non coopératif ayant un volume d'activités significatif. Le secteur coopératif demeure dominant en termes d'offre de crédit. Les 22 IMF représentent un portefeuille de crédit de 1,086 milliards de gourdes (soit environ 25 millions de dollars). Avec l'apparition des banques commerciales, c'est la méthodologie de crédit direct individuel qui est la plus pratiquée dans le secteur non coopératif. Les opérateurs utilisant cette approche offrent des prêts d'un montant plus élevé (28 931 gourdes soit USD 688) alors que ceux privilégiant les méthodologies de crédit solidaire font des crédits de l'ordre de 9 725 gourdes (soit USD 231)36(*).

La présence des prestataires de services financiers est très concentrée à Port-au-Prince et dans ses environs. Cette situation n'est pas sans lien avec la part considérable de l'informel dans l'économie (plus de 70%). Par ailleurs, le système bancaire traditionnel est très focalisé autour d'acteurs économiques impliqués dans le commerce dans la zone métropolitaine. Ainsi, la microfinance est le vecteur essentiel du financement en milieu rural. Le taux de pénétration de la population par les services de la microfinance reste encore très faible comparé à d'autres pays de la région, ceci même en milieu urbain où il ne dépasse pas 10% démontrant dans les études réalisées sur les besoins de la microfinance non coopérative. On observe une nette tendance au financement des activités commerciales en particulier du petit commerce (90 à 95% des services financiers) au détriment des secteurs productifs. Les femmes constituent environ 67% de la clientèle par rapport à 55% en 2000.

2-2-3 Place de la microfinance dans le secteur financier haïtien

Le sommet mondial pour le développement social tenu à Copenhague en 1995, a consacré les liens étroits qui existent entre la pauvreté et le chômage. A cet effet, il a engagé les gouvernements à renforcer les capacités de création d'emplois et à combattre la pauvreté et l'exclusion sociale. Des actions concrètes ont été identifiées pour encadrer les entreprises de microfinance qui ont démontré leur capacité à développer l'emploi, à améliorer le revenu du travail et à changer les conditions de vie des populations tant rurales qu'urbaines.

Pour mieux mesurer le rôle effectif et l'impact des institutions de microfinance dans la lutte contre la pauvreté, plus particulièrement les coopératives, il suffit de les placer en amont et en aval des problèmes auxquels sont confrontées les populations urbaines et surtout rurales. Dans le domaine agricole, les entreprises coopératives sont de nature à engendrer le développement des activités paysannes. La disponibilité et la fourniture des intrants à bas prix, la commercialisation et la transformation des produits agricoles sont des services indispensables au monde rural que les coopératives sont à même d'apporter.

Les coopératives de production sont, de leur coté, plus à même de créer des emplois. Pouvant réunir les artisans et les petits métiers toutes branches confondues, elles apparaissent comme le modèle d'organisation le plus viable pour cette catégorie d'entrepreneurs. En effet, organisés dans une telle structure, ces derniers sont à même de répondre à des commandes importantes dans des conditions de qualité et de délai tout en bénéficiant des économies d'échelle37(*).

En Haïti, depuis quelques temps la microfinance a connu un essor considérable, elle ouvre la voie à une grande partie de la population qu'aujourd'hui même les banques classiques ne peuvent atteindre en matière de crédit. Malgré les contraintes macroéconomiques auxquelles fait face ce secteur, son apport aux micro entrepreneurs sur le marché se révèle d'une importance capitale. Donc, les gens qui n'avaient pas d'accès au crédit bancaire en raison de l'absence de garantie peuvent en avoir actuellement sans trop grande difficulté.

Selon les études réalisées sur le secteur de la microfinance en Haïti, en particulier celles des institutions de microfinance non coopératives représentent 4% du marché potentiel avec une demande croissante. Il convient de rappeler que 90% des gens fonctionnent dans le secteur informel selon les données statistiques, mais ils constituent les piliers de l'économie haïtienne. L'arrivée de la microfinance a bien démontré qu'il existait des produits non exploitables de l`économie, elle offre une plus large accessibilité au crédit aux gens de moyenne condition qui ne pourrait, en aucune façon, prétendre à un prêt dans les banques commerciales classiques.

Elle est également porteuse de revenu, elle contribue fortement à la création d`emplois ; le produit qu'elle offre sur le marché se trouve à la portée du consommateur ; elle élargit le marché de l`offre en établissant une certaine concurrence, une certaine compétitivité et facilite les gens de bas revenus qui conditionnent l'enveloppe de l`économie. Elle joue le rôle d'intermédiaire financier entre les institutions financières formelles de la place.

Deuxième partie

Chapitre III : Le système financier haïtien

Chapitre IV : Apport des IMF non coopératives (ACME ; étude de cas)

Chapitre III : Système financier haïtien

Section I : Les banques, les compagnies d`assurance, les maisons de change et de transfert

Le système financier haïtien se compose d`un réseau d'institutions financières variées à la fois officielles (organisées) et non officielles (inorganisées). Cela veut dire que celles qui sont organisées fonctionnent selon les normes établies par la banque centrale qui se trouve au coeur du système financier organisé et assure le contrôle de la masse monétaire, ainsi qu'une tutelle générale sur l`activité financière organisée. Tandis que celles qui sont inorganisées, s'échappent dans une large mesure, à la réglementation, mais qui coexistent avec ces institutions classiques. Sur ce, nous tenons à vous présenter les caractéristiques du secteur financier haïtien.

3-1-1 Historique et évolution des banques commerciales en Haïti

L'idée de banque a commencé le lendemain de l'indépendance, c'était en septembre 1825 qu'une brève correspondance échangée entre un commerçant étranger, M. Nicolas M. Kane, et le secrétaire d'État Balthazar Inginac. Il s'agissait d'une proposition faite par M. George Clark au nom d'un groupe allemand, Hermann Hendrick et Co., d'établir une banque en Haïti. Ce processus était difficile à mettre en oeuvre vu qu'il existait de nombreux étrangers sur le sol. En 1826 sous la présidence de Jean Pierre Boyer on a créé une institution financière qui devait émettre des billets de banque, permettant ainsi de retirer le numéraire de la circulation pour l'employer à amortir la dette de l'indépendance exigée par la France. Tel fut l'objet de la loi du 26 avril 1826 qui créa la Banque d'Haïti dont les statuts ont été en partie inspirés de ceux de la Banque de France. Avec un capital de six millions de gourdes, ses principales activités devaient être l'escompte des titres de commerce à deux signatures, à 90 jours d'échéance et au taux de 6% maximum. Cette banque ne vit jamais le jour. IL faudrait attendre plusieurs années pour qu'elle devienne une institution de l'Etat structurée en la nommant Banque de la République d'Haïti (BRH). Au cours des années 70, certaines banques étrangères, notamment américaines, ont intégré le circuit bancaire haïtien en ouvrant des succursales dans le pays, rejoignant ainsi la Banque Royale du Canada qui s'y était déjà installée depuis 1919. Parallèlement, en tant que banques domestiques récemment créées, on retrouvait la Banque Populaire Haïtienne (BPH), la Banque de l'Union haïtienne (BUH), la Banque Industrielle et Commerciale d'Haïti (BICH) et, un peu plus tard, la Banque Nationale de Crédit (BNC), issue de la refonte de la Banque Nationale de la République d'Haïti (BNRH) en 1979.

À l'exception de la BNC qui avait hérité des succursales de province de l'ex-BNRH et de la BUH qui était présente dans deux villes de province (Cap-Haïtien et Cayes), les banques commerciales et leurs agences, au nombre de treize en 1979, se retrouvaient principalement à Port-au-Prince, avec en position dominante les succursales de banques étrangères. Cette domination commença à s'affaiblir à partir de la deuxième moitié des années 1980, après que les succursales de banques étrangères eurent choisi de se désengager progressivement du marché haïtien38(*).

Des investisseurs haïtiens entreprirent d'acquérir le patrimoine local des banques étrangères qui se retiraient. Ceci occasionna la création de nouvelles banques domestiques. Le tableau Evolution du système bancaire permet de suivre le processus. En 1986, la Banque Royale du Canada cédait ses activités à la Société Générale Haïtienne de Banque (Sogebank). Pendant la deuxième moitié de la décennie 1980, deux banques d'épargne et de logement (BEL) à capitaux privés haïtiens furent créées : la Banque de Crédit Immobilier (BCI) en 1985 et la Société Générale Haïtienne de Banque d'Épargne et de Logement (Sogebel) en 1988.

Au cours de la décennie suivante, de nouvelles banques à capitaux privés haïtiens émergèrent. Il s'agit de la Unibank (1993), la Société Caraïbéenne de Banque (Socabank, 1995) et la Banque Métropolitaine d'Haïti (BMH ou Métrobanque, 1996). La Banque de Promotion Commerciale et Industrielle (Promobank) reprenait les activités de la Banque Nationale de Paris (1994); la Banque Intercontinentale de Commerce (BIDC) celles de la First National Bank of Boston (1996) et de la Métrobanque (1997). L'acquisition, en novembre 1998, de la BIDC et de sa filiale, la BMH, par la Sogebank porta le système bancaire à douze établissements : 2 banques commerciales d'État, 2 succursales de banques étrangères, 7 banques commerciales à capitaux privés haïtiens et une BEL. La BCI a changé de dénomination en 1996 pour devenir la Capital Bank qui a acquis, en mars 1999, le statut de banque commerciale.

Au nombre de 28 à la fin de l'année 1979, les succursales et agences de banques, sous l'impulsion de la concurrence, sont passées à 95 en mars 1999. Elles sont disséminées surtout dans la région métropolitaine de Port-au-Prince (Carrefour, Pétion-Ville, Plaine du cul-de-sac, Delmas, etc.), et aussi dans les principales villes de province.

Actuellement, dans le secteur bancaire on dénombre neuf (9) banques commerciales reparties ainsi : 5 banques privées haïtiennes (BICH, Sogebank, Unibank, BUH, Capital Bank), 2 banques privées étrangères (Scotiabank et Citibank) et 2 banques publiques (BPH et BNC). Sans oublier 2 banques d`épargne et de logement (Sogebel et la Unibel)

A part les institutions de banques, il existe des institutions financières non bancaires qui sont au nombre de 3 : le fonds de développement industriel (FDI), la société de financement haïtien de développement économique et social (SOFIHDES) et le bureau de crédit agricole (BCA), qui interviennent à travers des refinancements, des prises de participation ou des opérations de capital de risque.

Ces trois institutions regroupent deux fonds spécialisés et une initiative de l'Etat haïtien. En ce qui concerne le FDI, il est crée en 1981 à partir de négociation entre le gouvernement haïtien et la Banque Mondiale, et placé sous la tutelle de la BRH, ce fonds de développement industriel FDI sert d`instrument financier aux interventions de l'Etat dans le secteur industriel. Il a en effet, comme objectif de promouvoir le développement industriel par le financement à court, à moyen et à long terme sous forme de réescompte, de participation directe au capital des sociétés, de participatifs, de garantie, d`assistance technique et d'interventions ponctuelles.

Quant à la Société Financière Haïtienne de Développement Economique et Social (SOFIHDES), elle est crée en 1983. Elle a les mêmes objectifs que le FDI, mais contrairement à ce dernier, elle peut faire des prêts directs aux PME. La clientèle de la SOFIHDES est constituée des petites et moyennes entreprises, oeuvrant dans différents secteurs (commerce excepté) pouvant absorber un crédit au moins égal à 800 000 HTG (20 .000 US au taux de change actuel) avec une durée minimum de 5 ans à des taux d'intérêt pratiqué sur le marché financier formel.

Finalement, le BCA est une institution financière qui a pris naissance en 1963, au sein du ministère de l'agriculture des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR). Son objectif était d`octroyer du crédit aux paysans évoluant dan le milieu rural en vue de promouvoir le développement agricole. A présent, le BCA accorde des prêts à des institutions de coopérative ou non, des ONG et des associations.

Suivant les informations fournies on a retenu 2 quasi-banques : la société haïtienne d'épargne et de crédit (SHEC) et le crédit coopératif (CREDICOOP), qui sont des coopératives ayant développé une offre de service bancaire39(*).

3-1-2 Les compagnies d`assurance

Quant aux compagnies d`assurance, elles se regroupent en deux parties : les compagnies d`assurance avec des capitaux étrangers fonctionnant selon les lois haïtienne en vigueur et celles avec des capitaux haïtiens. Elles ont pour organisme de tutelle le ministère de l`économie et des finances et supervisés par la BRH.

La différence qui existe entre les compagnies d`assurance et les autres institutions financières opérant sur le marché, c'est que la nature des services fournis est axée sur une police d`assurance allouée soit à un individu couvrant certaines dépenses ou pertes en cas de maladie ou de mort, soit à des biens immobiliers en cas d`incendies et de désastre naturel, soit à des matériels roulants en cas d'accident etc.

D'après des données statistiques d`un rapport sur les assurances et les fonds de pension, volume II, Janvier 2001 << quarante (40) compagnies sont autorisées à fonctionner dont vingt quatre (24) soit 60% sont à base de capitaux étrangers et seize ( 16 ) soit 40% sont à base de capitaux haïtiens40(*).

3-1-3 Les maisons de transfert et bureaux de changes

Les maisons de transferts et les bureaux de change sont des institutions financières qui s'occupent à des opérations de transfert d`argents venant soit de l'étranger en terme de devises ou soit envoyés à l'extérieur. Elles sont toutes placées sous la supervision de la BRH. Selon les inventaires, elles sont au nombre de 14 qui sont : ACRA FINANCIAL, BOBY, HACOTRANS, CAM, WESTERN UNION, MARC EXPRESS, CARRIBEAN TRANSFERT, HATREXCO, MONEYGRAM, MELIS, SOCATRANSFERT, UNITRANSFERT, VIGOCAPITAL TRANSFERT, WESTERUINION/SOGEBANK. Pour le mois de septembre 2006, ce secteur accusait un montant de 72,084,553.50 dollars américains, des transferts d'argents venant de la diaspora aux supports de leurs familles41(*).

Section II : institutions financières desservant le secteur informel

3-2-1 Les coopératives d`épargne et de crédit (CEC) et les autres coopératives

La coopérative a pris naissance à partir des petites organisations de l'Europe, de l'ouest de l'Amérique du nord et du Japon au milieu des derniers centenaires. Cependant, l'organisation des pionniers de Rochdale sont considérés comme étant le prototype de la société coopérative moderne eux-mêmes comme les fondateurs du mouvement coopératif international.

En 1844, un groupe de vingt huit (28) artisans travaillant dans les champs de coton de la petite ville de Rochdale dans le nord de l'Angleterre ont été la première coopérative moderne qu'ils ont appelé la société des équitables pionniers de Rochdale. Ils devraient faire face à leur condition misérable et débutèrent avec quatre (4) principaux produits : farine, sucre, avoine et beurre.

En ce qui a trait à son évolution, l`alliance coopérative internationale (ACI) fondée en 1895 qui compte deux cent vingt et un (221) organisations dans 88 pays est une association indépendante et non gouvernementale qui regroupe les coopératives dans le monde entier.

En Haïti, le mouvement coopératif date depuis 1937 avec la création de la coopérative agricole de source chaude. Celle-ci était bien accueillie par la population au point que d'autres venaient de suivre le chemin qu'on peut citer, entre autres : 1946, Petite Epargne de la vallée de Jacmel, 1951 Nouvelle Organisation Coopérative Agricole de Ternier (NOCAT), 1948 Caisse populaire de Cavaillon, 1949 Caisse populaire des cayes, 1949 Caisses Populaire de Camp Perrin, 1951 Caisse populaire St Anne de Port-au-Prince.

Ce mouvement est régie par trois textes de loi

31 mars 1981---------la loi organique du CNC

02 avril 1981----------la loi concernant toutes les coopératives

26 juin 2002-----------la loi sur les caisses populaires

En outre, il y a lieu de noter en regard aux lois existantes et en vigueur deux grandes catégories de coopératives : les coopératives d`épargne et de crédit (CEC) communément appelées caisses populaires qui sont régies par la loi du 26 juin 2002 et les autres types de coopératives celles qui ne sont pas des caisses d'épargne et de crédit (non CEC) qui peuvent être des coopératives agricoles, artisanale, pêches et autres fonctionnant selon la loi du 2 avril 1981.

Au point de vue de Fonctionnement, une coopérative d`épargne et de crédit (CEC) ou caisse populaire fonctionne avec un conseil d`administration, et les comités de crédit et de surveillance. Leur pouvoir vient de l'assemblée générale.

Une coopérative non épargne et de crédit fonctionne avec un conseil d`administration et un comité de surveillance. Dans les deux types de coopérative le conseil d`administration peut déléguer une partie de son pouvoir à un directeur ou gérant pour exécuter les décisions prises.

En ce qui concerne le dénombrement des institutions de coopératives, 363 coopératives d'épargne et de crédit ont été répertoriées par un recensement de la direction générale des caisses populaires (DIGCP) de la BRH, seules les zones à haut risque n'ont pas été couvertes. Pour ces coopératives, l'actif recensé totalise deux (2) milliards trois cent cinquante (350) millions de gourdes.

Pénétration coopérative par département (rapport partiel avril 2006)

Types/DPT

Ouest

Artib

Nord

N-o

N-E

S.E

Sud

Nippes

G-A

Centre

Tot

Caisses populaires

68

20

13

6

7

17

9

4

6

18

168

Coop. Agricoles

19

14

8

2

2

10

3

2

3

8

71

Autres types

53

19

7

9

1

9

10

1

5

10

124

G. Total

140

53

28

17

10

36

22

7

14

36

363

Source : Conseil National des Coopératives (CNC)42(*)

IL est à noter que l'accès au crédit coopératif exige que 30% soient épargné du montant demandé.

Plusieurs de ces CEC allaient bénéficier à partir de 1995, d'un souffle rénovateur de Développement International Desjardins (DID), qui exécutait lors d'un projet de Revitalisation du Mouvement Coopératif Haïtien (RMCH). Elles sont maintenant près de 42 reparties dans 9 départements du pays à se regrouper au sein d'une Association Nationale des Caisses Populaires Haïtiennes (ANACAPH) qui date de 1998 dont d'après des statistiques datées de 2002 totalisent un actif supérieur à un demi-milliard de gourdes pour une population de 135.000 sociétaires. Elles accusent un portefeuille de crédit se chiffrant à plus de 285 millions de gourdes.

Ces caisses offrent à leurs membres une gamme de produits adaptés à leur réalité. A coté des produits d'épargne jugés essentiels pour améliorer les conditions de vie des sociétaires et assurer la pérennité de l'entreprise, des produits de crédit variés sont, de plus en plus offerts en fonction des besoins ; crédit à la production, crédit à la consommation, à la construction, à la commercialisation, crédit scolaire etc.

3-2-3 Institutions de microfinance non coopératives

Les informations sur les institutions de microfinance non coopératives en matière de dénombrement, d'organisation et de typologie ont été retrouvées dans un rapport du PNUD titré <<des besoins de la microfinance non coopérative>> et complétées par d'autres informations venant de l'ANIMH.

Au total, on dénombre vingt deux (22) IMF non coopératives ou réseaux d'institutions d'importance. Elles sont très diverses, tant du point de vue de leur nature juridique, que celui de leur organisation ou du mode d'octroi des crédits qu'elles ont choisi de privilégier.

Les institutions de microfinance sont de trois types, reparties comme les suivantes :

- Six associations (GTIH, ACME, CODE, GRAIFSI, APTECH, KOFIP)

Sept ONG ou organisation internationales (CRS, MEDA, ACLAM, World Relief, ID, SADA, FHAF)

- Trois fondations (FODEPE, FONKOZE, FHD)

- Cinq sociétés commerciales : services de banques commerciales (BUH, Capital Bank, BPH), filiales de banques (SOGESOL) ou sociétés spécifiques mises en place pour faire du micro-crédit (MCN de Unibank)

- Une institution religieuse (COD-EMH).

Du point de vue de l'organisation interne, on retrouve des institutions dans lesquelles la gestion se fait sans participation des bénéficiaires, à partir d'une organisation entrepreneuriale (indépendamment du statut légal) : ACME, FONKOZE, les filiales des banques commerciales

Les institutions dans lesquelles la gestion se fait, à la base, par les bénéficiaires dans des groupes de base autogérés regroupées en réseaux gérés ou appuyés par des ONG : FIPO (Cod-Emb), ACLAM, GRAIFSI,...)

A noter que dans le cadre de cette classification, les caisses populaires occuperaient une place intermédiaire, puisque leur gestion se fait avec participation de bénéficiaires, mais indirecte car par délégation (les élus aux conseils d'administration et de surveillance).

En ce qui a trait à la méthodologie de crédit privilégié, elle reflète la stratégie choisie par l'institution pour minimiser les risques de non-remboursement. Si les coopératives (caisses populaires) utilisent de manière presque exclusive la méthodologie de l'épargne crédit (une épargne préalable importante est requise avant d'accéder au crédit ; elle peut présenter jusqu`à 30 % du montant du prêt), les institutions de microfinance non coopératives utilisent selon les cas les différentes méthodologiques suivantes :

le crédit individuel : approche peu différente du crédit bancaire classique dans laquelle le client est sélectionné à partir de garanties préalables et est suivi pendant toute la durée du prêt ; les filiales des banques et les institutions intervenant en milieu urbain (ACME. GTIH) utilisent une telle approche.

le crédit solidaire : pratiqué dans des groupes de 3 à 5 personnes solidairement responsables des prêts de chacun est relativement peu utilisé en Haïti. FONKOZE est le principal représentant de cette approche.

Les banques communautaires : sont des institutions de microfinance locales regroupant 25 à 50 personnes qui vont cotiser ensemble pour créer un fonds de crédit utilisable par la suite par chacun des membres. Ces banques sont regroupées en réseaux et appuyées par des ONG qui apportent un financement complémentaire pour augmenter les fonds disponibles pour faire du crédit. Cette méthodologie est principalement utilisée en milieu rural, là où les coûts d'intermédiation sont très élevés (transport et communication difficile) ce qui limite la possibilité de mettre en oeuvre des approches beaucoup plus classiques avec des exigences de suivi importantes. Les principaux réseaux de banques communautaires qui fonctionnent en Haïti sont ceux appuyés par COD-EMH (le réseau FIPO), MEDA, CRS, et ACLAM.

Les mutuelles de solidarité : sont très proches des banques communautaires ; la seule différence est le fait qu'on accorde la priorité au financement interne, à partir des cotisations des membres, dans cette approche, alors que les banques communautaires peuvent disposer un financement externe apporté par le réseau beaucoup plus important que les ressources internes des groupes. En Haïti, cette approche est également pratiquée surtout en milieu rural dans le cadre de réseaux appuyés par des ONG comme GRAIFSI, KOFIP ou ID (dans le Nord-Ouest)43(*).

3-2-3 Les Usuriers et autres (tontine, prêt personnel)

Quant aux usuriers, ils constituent des micro entrepreneurs fonctionnant dans l'informel. Ils s'échappent au contrôle en octroyant du crédit à des taux exagérés de 20 à 25% le mois et tiennent parfois en dépôt des objets de valeur. Donc, le crédit accordé par ces gens là est très coûteux.

Les systèmes de tontine, appelés sabotage (tour quotidien) et les prêts personnels à taux nuls ou sol (tour hebdomadaire ou mensuel) ; offrent des possibilités de financement à très faible coût, mais limitées, puisqu'il s'agit en fait d'un système d'épargne obligatoire et que le montant prêté au bénéficiaire du tour est égal à la somme des montants qu'il a déjà ou qu'il aura épargné.

Les bailleurs de fonds et les projets en cours

La plupart des IMF dépend toujours du financement de donateurs et autres subventions. Le PNUD, à travers son programme Microstart, le FIDA, à travers le programme PAIP mis en oeuvre par le FAES, et l`USAID, à travers le projet DAIFFINET, sont les organisations internationales les plus présentes dans le secteur de la microfinance non coopérative. De manière plus timide on retrouve : l`Union européenne à travers son programme de crédit binational et son futur programme d'appui au secteur privé, qui pourrait contenir un volet d'appui à la microfinance (la formulation définitive du projet n'est pas encore finalisée) et la banque inter-américaine de Développement (BID) qui finance directement des IMF et des banques commerciales intervenant dans la microfinance, à travers des prêts et de l'assistance technique.

Chapitre IV : Apport des institutions de microfinance non coopératives (le cas de ACME)

Section I : Présentation de ACME

4-1-1 Environnement légal et structure organisationnelle

L'Association pour la coopération avec la Micro Entreprise (ACME) est une institution de microfinance enregistrée à la Mairie de Port-au-Prince et au Ministère des Affaires Sociales.  Fondée le 17 avril 1997, ACME a débuté ses opérations de microcrédit à Port-au-Prince en juin 1997.  En plus du bureau central, ACME compte aujourd'hui 10 agences réparties à travers la région métropolitaine de Port-au-Prince qui, au 31 décembre 2005, desservent 9.000 clients pour un portefeuille de 165 millions de gourdes. 

La mission d'ACME est d'aider les micros entrepreneurs qui n'ont pas accès au crédit bancaire à développer leurs activités en apportant une solution rapide aux besoins de capitalisation du plus grand nombre d'acteurs moyens et petits du secteur informel quel que soit leur type d'activité.

ACME est dirigée par un Conseil d'administration qui délègue ses pouvoirs à un directeur exécutif, Mr Sinior Raymond.  Mr Bernard de Brouwer, fondateur d'ACME, est l'actuel président du conseil d'administration. Voir ci-après l`organigramme de la ACME44(*).

a- organigramme de l`institution

Contrôle interne

Conseil d'administration

Directeur Exécutif

Direction Crédit

Direction Financière

DRH

Direction Informatique

Directeurs Régionaux

Directeurs d'agence

Superviseurs de crédit

Agents de crédit

Comptabilité

Secrétariat

b- Secteurs d`activités

Les secteurs d'activités auxquels les IMF interviennent sont multiples ; chacune de ces institutions développent sa propre philosophie en vue d'atteindre une certaine autonomie financière dans une atmosphère comportant moins de risque possible. Certaines d'entre elles interviennent dans le milieu rural, financent des activités agricoles, de pêche, de commerce. Les autres qui se trouvent installées dans la capitale, financent des activités de production, de commerce, de service et tant d'autres. Suivant la philosophie de l'ACME, les secteurs d`activités qu'elle intervient sont les suivants :

- Production

- Commerce

- Service

c- Technologies utilisées

Contrairement à d'autres institutions de la place, ACME utilise des logiciels de haut niveau en vue d'une meilleure gestion des prêts et qui facilitent aussi le contrôle. Les types utilisés sont les suivants :

- Laon performer (LPF) pour la gestion des prêts

- Accpac pour la comptabilité

- Agences reliées entre elles depuis décembre 2004 (on time real time)

d- Evaluations Externes

En plus de structure, pour une meilleure transparence, ACME se fait contrôler par les firmes externes suivantes :

Audit Firme

2000-2001 Pierre André Guillaume et Associés (PAGS)

2001-2002 Pierre André Guillaume et Associés (PAGS)

2002-2003 Pierre André Guillaume et Associés (PAGS)

2003-2004 Cabinet Mérové Pierre et Associés

e- Développement de projets

En ce qui a trait au développement de projet, ACME établit des relations avec des partenaires suivants qui lui accorde des encadrements techniques et financiers : PNUD, UE, BID, USAID (projets PRET et FINNET), SOFIHDES, Groupe Développement (ONG française), Fondation SOROS45(*)

3-1-2 Environnement du crédit

f- Méthodologie de crédit

Parmi toutes les méthodologies utilisées, on compte : le crédit individuel, le crédit solidaire, les banques communautaires et les mutuelles de solidarité développés dans le chapitre III section II (point 3-2-3 Institutions de microfinance non coopératives). Comme meilleure stratégie, l`ACME adopte la méthodologie de crédit individuel.

g- Modalité de crédit

Le crédit regroupe des prêts pour des activités économiques génératrices de revenus et l`augmentation progressive en fonction du développement de l`activité telles sont présentées ainsi :

- Prêt minimum : 1.500 HTG

- Prêt moyen : 100.000 HTG

- Prêt maximum : 1.500.000 HTG

- Taux : 3.5% (peut varier selon le prix du marché)

- Durée moyenne : 6 mois

- Remboursement : une partie du capital et intérêt de manière linéaire

Comme critères pour qu`une personne puisse éligible, il faut :

- Avoir déjà commencé une activité commerciale (sauf exception)

- Avoir un emplacement fixe

- Avoir 40% du fond de roulement du montant demandé

h- Structure du crédit

La méthode de calcul adoptée est l`amortissement linéaire, on n'accorde pas de jours de grâce et, tout retard de paiement dépassant 8 jours retient une pénalité de 2%.

i- Part de marché actuelle

Si l`on compare à d`autres IMF non coopératives haïtiennes adoptant le crédit individuel, elle se trouve en tête de liste avec 16.606 comme le nombre de prêts actifs pendant que la SOGESOL a 11.617 et le MCN a 10.597

Tel n`est pas le cas pour l`encours de crédit : la SOGESOL a 422.765 et le MCN a 420.048 en revanche, elle a 261.521

j- Concentration du crédit

Selon l`étude du porte feuille du mois de décembre 06, une forte concentration de crédit a été observée dans le secteur commerce avec 15,470 prêts pour une valeur de 245,214,177.65 HTG ce qui représente 93.16%.

En ce qui a trait au sexe, le sexe le plus remarqué dans le portefeuille est le féminin avec 11,426 prêts pour une valeur de 172,686,875.38 HTG soit 69.02%. Pour le sexe masculin, il est au nombre de 5,144 pour une valeur de 88,834,165.27 HTG.

En ce qui a trait au cycle, une forte concentration a été observée au niveau des périodes (1, 2, 3, 4, 5, 6,7) mais les plus fortes restent au niveau des cycles 1 avec 3659 prêts pour une valeur de 41,370,099.30 HTG soit 23.03% ; cycle 3 avec 1913 prêts pour une valeur de 33,530,154.50 HTG soit 11.52%. En ce qui a trait au classement des montants de prêts, dans l`intervalle de 1000 à 7500, on retrouve une forte concentration de crédit avec 6350 clients pour une valeur de 20,423,621.40 HTG soit 38.24%.

Cependant, la plus forte valeur est accordée aux gens qui se trouvent dans l'intervalle supérieur à 100.000 dont le nombre est de 619 pour une valeur de 74,537,560.75 HTG46(*)

Section II : Résultat de l`enquête

Toute démarche scientifique s`accentue sur des enquêtes menées sur un groupe cible afin de confirmer ou d`infirmer les hypothèses qui ont été posées au préalable. C`est ainsi que dans le cadre de notre travail, nous avons choisi de mener une enquête ce qui nous a permis d'arriver à la validation des hypothèses.

4-2-1 Processus de réalisation de l`enquête

a- Objectif de l`enquête

L'objectif de l`enquête était de chercher à démonter si les crédits octroyés aux pauvres apportent une certaine amélioration des conditions de vie.

b- Méthode et technique de l'enquête

En ce qui concerne la méthodologie, un fait c'est qu'entre le crédit et les pauvres, il existe une relation. Pour démontrer cette dernière, nous utilisons le structuralisme comme modèle opératoire. Il est à noter qu'il y a structure, quand il existe des rapports déterminés vérifiables entre deux ou plusieurs faits d`une même réalité et que la modification de l'un entraîne automatiquement la transformation de l'ensemble de cette réalité. En effet, une bonne illustration de cette méthode nous a permis d`expliquer ou d'interpréter la corrélation qui existe entre le crédit octroyé et son impact sur les bénéficiaires. Dans le cadre de ce travail, l`enquête porte sur les bénéficiaires directs de l'institution, on procédait à un questionnaire pour qu'on puise réaliser cette dernière. Les données collectées sont analysées et interprétées en vue d'arriver à la validation de l'hypothèse.

c- Limite de l`enquête

La réalisation de l`enquête n`était pas tout à fait exhaustive vu que nous n`avions pas assez de moyens à notre disposition et l`accès à certaines informations étaient ignorées par les responsables pour des raisons d`ordre confidentiel. Ils ont jugé que c`est un travail tout à fait personnel, c'est-à-dire que nous n`avions pas assez de crédibilité pour avoir accès surtout au dossier du client. Nous n'avons pas tenu compte seulement des informations fournies par l'institution mais nous avons jugé qu`un sondage auprès des clients était nécessaire pour mesurer l`impact des prêts sur ces derniers. La réalisation de cette enquête s'est avérée très difficile parce que le nombre de clients que nous avons visé pour le sondage n'y répondait pas en dépit de la durée exigée i.e le client doit au moins trois (3) prêts consécutifs. Nous avons choisi un échantillon de 50 clients, seulement 30 étaient validés parce qu'il nous était très difficile de les dénicher. Mais, au moment même de l`interrogatoire, ils ont saisi de l'occasion pour présenter leurs doléances donc, ils confrontent pas mal de problèmes. Ces informations se révèlent d`une importance capitale parce qu'elles nous permettaient de faire connaissance aux problèmes auxquels ils font face pendant la période du prêt.

L`Enquête a été menée auprès des clients du marché de Pétion-ville, route de Frères (marché Télélé), Port-au-prince (rue des Fronts Forts et rue Bonne foi)

Nous avons construit des tableaux pour présenter les résultats obtenus à partir du questionnaire. Ces derniers traduisent la situation dans laquelle se trouvent les clients.

d- Choix de l`échantillon

Quel que soit l'étude en question, on ne prétend pas enquêter toute la population dans son ensemble. C'est pourquoi on fait le choix d`un échantillon représentatif puis l`extrapoler à la population mère. Donc, le résultat final traduit la réalité sur l'ensemble. Pour la réalisation de ce travail sur les IMF non coopératives, nous avons choisi ACME (Association pour la Coopération avec la Micro Entreprise) comme échantillon.

e- analyse des données collectées et vérification de l`hypothèse

Les données collectées sont présentées dans des tableaux puis analysées pour enfin d'en tirer des conclusions.

Tableau I

Motivations du client pour le prêt

Réponses uniques

Valeur absolue

Valeur relative

Pou`m obmante biznis mwen

30

100%

100% des clients interrogés ont répondu qu'ils prêtent de l'argent pour augmenter leur stock ou du moins leur business selon la question47(*) << pou ki sa ou prete ?>> Donc la motivation pour le prêt n'est autre qu'une augmentation du chiffre d'affaire.

Tableau II

Impact des prêts sur le client

Catégories de réponses

Valeur absolue

Valeur relative

Li kenbe`m nan aktivite

15

50%

Li pa pote fwi pou mwen

4

13.34%

Li pote satisfaksyon pou mwen

11

36.66%

Total

30

100%

En ce qui a trait à la question <<ki sa prè sa yo fè pou ou ?>>, ils ont répondu différemment. Ce qui nous porte à classer les réponses en trois catégories : 15 personnes sur 30 soit 50% ont répondu que <<li kenbe`m an aktivite>>. Sur ce, ils vont plus loin pour expliquer qu'ils ne tirent pas vraiment grand-chose de ces prêts ; c'est comme si on travaille tout simplement pour l'institution, on ne profite de rien. Pour ne pas rester à la maison parce qu`ils ont des bouches à nourrir et de l'écolage à payer ; lors ce qu'on est dans la rue, on est entrain de <<bwase>> juste pour apporter un pain à la maison. Ils ont déclaré que ce problème est dû à cause de <<move lavant>>, les marchandises ne s'écoulent pas aussi rapides. Cette situation les pousse parfois à prendre du <<ponya>> pour effectuer certain paiement afin de ne pas perdre leur crédibilité auprès de leurs créanciers.

4 personnes sur 30 soit 13,34% ont répondu que <<li pa pote fwi pou yo>> c'est-à-dire rien de spécial. Ils ont témoigné que ce crédit est un fardeau au point que celui-ci leur rend à perdre même le capital initial et leur porte à recommencer à zéro. Ils conçoivent que ce crédit comme quelque chose qui peut appauvrir quelqu'un.

11 personnes sur 30 soit 36,66% ont répondu que <<prè yo poté satisfaksyon pou yo>>, ils ont déclaré que c'est grâce à ces prêts qu`ils ont élargi leurs activités de commerce. Et c'est dans ces mêmes activités qu'ils tirent du profit non seulement qui leur permettent de rembourser mais aussi leur aident à prendre soin de leur famille48(*).

Tableau III

Autres sources de revenus

Réponses affirmatives

Valeur absolue

Valeur relative

Transfè

8

66.66%

Lwaye

5

41.66%

Salè

6

50%

Sèlman biznis mwen

18

60%

Dans l'étude, il était question de démontrer aussi s'il n'y a pas d'autres sources financières qui les rapportent de l'argent. Donc, celle-ci nous révèle que sur 30 personnes interrogées, 12 ont d`autres sources de revenus dont 8 clients soit 66,26% reçoivent des transferts venant de l`étranger, 5 personnes soit 41,66% reçoivent l`argent du loyer, 6 personnes sur 12 soit 50% reçoivent un salaire et 18 personnes soit 60% tirent du revenu seulement de leur business. Il est à signaler qu`il y a des clients qui ont ces trois sources de revenus. Par conséquent, une certaine amélioration de vie a été déjà constatée chez eux mais non pas à cause du crédit ; bien peut être, ils le font juste pour qu`ils puissent avoir une plus bonne gestion de leur business. Et cela les porte à faire beaucoup plus d`efforts en prenant l`affaire au sérieux parce qu`ils ont des dettes à honorer49(*).

Tableau IV

Régularité de remboursement

Catégories de réponses

Valeur absolue

Valeur relative

Mwen peye avèk difikilte

7

23.34%

Mwen peye san difikilte

23

76.66%

Total

30

100%

Pour le remboursement des prêts, 7 clients sur 30 soit 23,33 ont répondu qu`ils payent avec difficulté et 23 sur 30 soit 76,66% ont répondu positivement ; ils ont expliqué qu`ils déploient leur effort non seulement pour trouver des entrées en provenance de leurs activités mais aussi rembourser le prêt à la date d`échéance en vue de leur assurer d`un autre prêt de montant plus élevé50(*). Selon l`hypothèse ; plus les clients payent avec facilité, plus on leur octroie du crédit se trouve vérifiée.

Tableau V

Autres besoins

Catégories de réponses

Valeur absolue

Valeur relative

Bese to enterè ya

11

36.67%

Ede`m nan lekol

5

16.66%

Ede`m nan sante

3

10%

Fè`m jwen`n asirans

4

13.34%

Ban mwen ankadreman

2

6.67%

Mwen pa deside repon`n

5

16.66%

Total

30

100%

A la question posée <<ki sa ou ta bezwen anplis ke krédi ya>>, 11 des 30 clients soit 36,66% interrogés ont demandé de baisser le taux d`intérêts : parce qu`ils estiment ce qu`ils pourraient réaliser en matière de revenu sur le prêt est retourné aux créanciers, donc, il n`en profite pas de grand-chose, au contraire, ils font savoir qu`on enlève au préalable 6% comme frais de dossier en plus vous payez un taux d`intérêt constant sur le montant global pendant toute la durée du prêt. 5 des clients soit 16,66% ont demandé de leur aider au niveau d`éducation de leurs enfants, 3 sur 30 soit 10% ont opté pour les soins de santé, 4 clients soit 13,33% ont opté pour l`assurance et 2 soit 6,66% ont besoin de l`encadrement. Et les 5 qui restent dans l`échantillonnage préfèrent de ne pas donner de réponses51(*).

f- Evolution et analyse des indicateurs de performance de l`institution de 1996 à 2006

Les indicateurs de performance retenus se trouvent dans les rapports financiers de l`institution sur une période de 9 ans que nous décrivons ci-après:

- Valeur totale des prêts décaissés

- Nombre total des prêts décaissés

- Nombre de prêts actifs

- Valeur des prêts en circulation

- Qualité du porte feuille : porte feuille à risque (PAR) > 30 jours

- Nombre total des employés

Les résultats obtenus ont été présentés et analysés de la manière suivante :

Graphique I

Ce graphique traduit une évolution considérable de la valeur des prêts décaissés. Cette évolution s`explique par une demande croissante des clients comme l`indique le graphique II (nombre total des prêts décaissés)52(*). Si l`on tien compte des informations fournies par les responsables sur l`ensemble des facteurs de motivation qui incite les clients à entreprendre une telle initiative, selon eux, ils ne sont pas plus que des besoins financiers pour augmenter leurs activités tant commerciales que productives. Puisque la demande est sans cesse croissante, l`institution a besoin plus de moyens financiers pour pouvoir la satisfaire, malgré toutes les demandes de crédit ne sont pas toutes validées.

Graphique II

Ce graphique indique le nombre de prêts accordés à des clients en milliers, le calcul se fait sur une période trimestrielle53(*). Il traduit une évolution grandissante qui nous porte à faire certains commentaires : si le nombre de prêts augmente de manière croissante, cela traduit une certaine confiance des IMF de la place face aux micro entrepreneurs et une certaine volonté de les assister en moyens financiers afin d`augmenter leur revenu. Nous en déduisons plus le nombre de prêts augmentent, plus la valeur décaissée augmente aussi.

Graphique III

Ce graphique représente le nombre de prêts actifs c`est-à-dire des prêts qui sont déjà octroyés et qui tient une existence pendant une période donnée.

Il traduit une évolution considérable des prêts actifs dont le calcul se fait sur une base trimestrielle. Cette évolution s`explique par le renouvellement des clients et de nouveaux clients.

Graphique IV

Ce graphique traduit la valeur des prêts en circulation54(*). Ceci représente des montants non encore recouvrés qui se trouvent entre les mains des clients dans des activités. On observe une nette évolution des prêts en circulation évalués en million de gourdes où l`exercice de décembre 2006, avance un montant de 1,858,629.18 HTG injecté dans l`économie. Nous en déduisons, plus le nombre de prêts actifs augmente plus la valeur des prêts en circulation augmente aussi.

Graphique V

Ce graphique traduit le portefeuille de crédit en délinquance c`est-à-dire des prêts ayant des retards de plus de 30 jours. Ces pourcentages indiquent le niveau de perte probable sur les crédits au cours des années, c`est-à-dire les clients cessent de payer à ces dates. Ces retards de paiement s`expliquent par :

1- la dégradation de la situation économique et politique du pays.

2- l`incapacité de gestion des petits entrepreneurs (manque d`accompagnement).

3- les catastrophes et autres (incendies des marchés, vol, insécurité...)

4- les clients qui ont parfois trop d`engagements financiers (plusieurs prêts)

5- la faiblesse du travail de suivi de l`institution

6- la mauvaise foi

Plus le portefeuille à risque est faible, plus le portefeuille de crédit est rentable, plus l`IMF pourra s'autofinancer, ce qui permettra de satisfaire un marché plus important en terme de crédit. Suivant la norme internationale, pour qu'une IMF soit importante, son PAR doit être = 5%. Ce que durant la période analysée, ACME s'est restée accrochée sensiblement en dessous de la cible. En dépit du niveau élevé qu'a connu cet indicateur en 2004, 2005, des résultats qu'on ne peut pas juger comme décevante par rapport aux instabilités politiques qui ont secoué l'économie en 2004, par tout un ensemble d`actes de vandalisme et de banditisme. Selon l`hypothèse ; plus les clients sont solvables, plus les IMF connaitront un développement plus important est vérifiée.

Graphique VI

Ce graphique indique le nombre d'employés de l'institution55(*). On constate une augmentation du nombre d'employés. Pour la seule année 2006, on compte un effectif de 189 employés, laquelle augmentation est liée directement par un élargissement de l'entreprise à travers un ensemble de succursale couvrant largement la zone métropolitaine (augmentation de la part de marché)

Au point de vue social, l'institution contribue à la diminution du chômage dans le pays bien que sa part est presque insignifiante par rapport au nombre de chômeurs. Il existe 22 IMF non coopératives, si en moyenne, ces IMF emploient 150 personnes au moins, le nombre de travailleurs serait 3300 employés sans tenir compte des emplois indirects. Selon l'hypothèse ; plus on élargi le cadre de la microfinance, plus le taux du chômage sera diminué et les conditions de vie des bénéficiaires seront améliorées se trouve vérifiée.

Le résultat trouvé dans le cadre de cette enquête prouve en grande partie que les clients des IMF non coopératives bénéficient du service financier de ces dernières le peut qu'il soit. Cependant, ceux qui l'utilisent de façon correcte, arrivent à maintenir un bon équilibre entre le prêt et les activités. Il est vrai que bon nombre d'entre eux utilise le crédit comme d'autres sources de financement autre que le capitale initiale, mais il existe plusieurs sources de revenus pour certains, c'est-à-dire que ce n'est pas en fonction du crédit qu'ils améliorent leur business, ils prêtent de l'argent pour qu'ils puissent avoir le souci de gérer leur affaire, mais ce crédit n'est pas une cause de leur amélioration de vie.

En général, la motivation pour le prêt n'est que pour augmenter leur business même si pour beaucoup dans la réalité ce n'est plus l'affaire, La plupart d'entre eux ont fait de maximum d'efforts pour rembourser la dette au point que certaine fois, ils prennent des escomptes entre les mains des usuriers pour ne pas perdre leur crédibilité devant leur créancier afin de trouver de prêts à nouveau. Donc, toutes nos hypothèses se trouvent vérifiées.

4-2-2 Constats et évaluation

D'une manière générale, les micro-entreprises haïtiennes, qu'elles soient informelles ou formelles, se confrontent à beaucoup de problèmes d'ordre interne et externe. Au point de vue macroéconomique, la situation sociopolitique et même économique dans laquelle émerge le secteur de la microfinance se trouve dégradée. L'incapacité de l'Etat d'intervenir sur le marché a conduit à des échecs dans tous les secteurs de la vie nationale. Une situation presque défavorable pour les entrepreneurs oeuvrant dans les activités commerciales ou productives du secteur informel. Il est vrai que les IMF non coopératives desservent ces micro entrepreneurs du secteur informel, cependant, ils constituent non seulement un gain pour l'économie mais aussi une perte pour l'Etat faute d'une politique de réglementation de ce marché.

Il est à noter qu'il existe un vide légal et réglementaire au niveau des IMF bien qu'elles soient reconnues par le ministère des affaires sociales et la mairie. Nous pensons que l'institution la mieux placée pour contrôler ce secteur est la BRH, mais il serait mieux aussi que le parlement puisse voter des lois en leur faveur et dans l'intérêt des clients. Cette contrainte, une fois résolue, les IMF deviendront plus efficaces dans leurs actions sur le terrain.

Quant à l'environnement interne des IMF, leur diagnostic révèle une certaine carence dans la gestion de l'information. Par exemple, l'absence d'échanges systématiques entre institutions sur la clientèle ne facilite pas la lutte contre le surendettement des ménages qui ont recours à plusieurs IMF pour financer officiellement un projet ; ce qui fait que le client a trop d'engagement financier et n'arrive pas le plus souvent à rembourser ses dettes. Nous avons pu remarquer que la gamme de services fournis est trop restreinte, c'est-à-dire qu`ils se résument à une simple question de business, si non la personne ne pourra pas bénéficier du service. Cela attire notre attention au point que les études réalisées par l'IHSI présentées dans le tableau 1-5 page 33 du travail : estimations de l'incidence de la pauvreté en Haïti, démontre clairement que les pauvres sont plus nombreux dans le milieu rural et gagnent leur revenu principalement de la terre. Pourtant, le crédit est octroyé aux gens évoluant dans le commerce, la production et le service tels que décrits dans les secteurs d'activités de l'institution page 60 du travail, c'est pour vous dire que le secteur agricole se trouve négligé. Nous pensons qu'ils ont besoin du crédit pour qu'ils puissent produire davantage.

Les pays qui ont connu un bas taux de chômage sont ceux où l'Etat crée un environnement favorable à l'investissement en facilitant la création d'emploi dans différents domaines. C'est pour dire que la microfinance à elle seule ne peut pas toucher tout le monde. Mais nous avons constaté qu'il existe beaucoup de jeunes qui n'ont pas accès au service de crédit faute de collatéral pendant que la majorité vit dans le chômage ; or, quelqu'un qui ne gagne pas un dollar américain par jour d'après FMI est considéré comme pauvre. Comment la microfinance peut intégrer ces gens là dans le programme si on veut réduire effectivement la pauvreté? 

Le besoin de prêts á la consommation se fait sentir grandement à savoir qu'au cours de l'interrogatoire, certains clients ont déclaré que beaucoup de gens qui se trouvent en difficulté de rembourser le prêt utilisent l'argent á des fins de consommation. En Haïti, nous assistons à une inflation grimpante. Quelqu'un qui n'a pas suffisamment d'argent pour consommer un bien aujourd'hui risque de ne pas avoir ce même bien dans le futur, faute de l'augmentation de prix même s'il épargne son argent.

Nous avons pu constater des décaissements qui sont effectués pour les activités de charbon de bois, mais si on veut réduire le déboisement dans le pays et améliorer les conditions de vie ce n'est pas un bon usage d'encourager une telle activité. En effet, nous assistons à une situation environnementale dégradante qui a causé beaucoup de pertes tant au point de vue humain que matériel.

Enfin, nous avons estimé que l'octroi de microcrédits n'est pas nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans toutes les situations. Les indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n'ont ni revenus ni moyens d'accéder à un prêt devraient recevoir d'autres formes de soutien pour qu'ils puissent bénéficier le programme si on veut réduire effectivement la pauvreté en Haïti.

Conclusion générale

En dépit de tous les maux sociaux que connaît la population haïtienne, c'est la faiblesse du pouvoir d'achat qui influe négativement sur la capacité de nombreux citoyens à avoir accès aux biens et services devant satisfaire leurs besoins. Ils ne mangent pas à leur faim ni boire à leur soif. Ils ne consomment pas des aliments nutritifs et calorifiques. Ils vivent dans la promiscuité et d`extrême pauvreté.

Les conséquences à tout cela entraînent la baisse de la production et un taux de chômage très élevé. Ainsi, ces gens à faible revenu voulant accroître leur revenu soit en vendant leur force de travail ou bien en investissant dans des activités de production et de commerce, ont décidé, sans le vouloir, de s'intégrer les institutions financières surtout celles des non coopératives. Et c'est l'ACME, dont la mission est d'aider les micro entrepreneurs qui n'ont pas accès au crédit bancaire à développer leurs activités en apportant une solution rapide aux besoins de capitalisation du plus grand nombre d'acteurs moyens et petits du secteur informel quelque soit leur type d'activité, que nous privilégions.

A partir des enquêtes réalisées sur le terrain et des interrogatoires avec des témoins de premier ordre rencontré au niveau de certains marchés (marché de Pétion-ville, marché Télélé, centre ville (rue des fronts-forts et rue bonne foi) nous arrivons à vérifier nos hypothèses de départ. Nous en déduisons que les institutions de microfinance non coopératives en Haïti peuvent offrir de meilleurs services toutefois que les recommandations suivantes seront appliquées :

? la création d'un bureau de collecte de données : ce bureau a pour responsabilité de collecter les informations en vue de faciliter les acteurs du secteur à la prise de bonne décision. Ces informations doivent être mises à la portée du public en général et les bénéficiaires en particulier pour une meilleure vulgarisation du secteur. Donc, l'IHSI devrait se charger de la collecte de données sur les IMF non coopératives

? La mise en place d'un centre de formation adaptée : en matière de ressources humaines, la carence de cadre qualifié pose de grands problèmes à la croissance des IMF. Il y a beaucoup de gens qui travaillent dans les IMF et ont effectivement une formation universitaire, mais laquelle formation ne s'adapte pas aux activités de microfinance. Ce centre de formation adaptée devra donner une formation spécifique et adéquate aux gens qui veulent faire une spécialisation dans le domaine de la microfinance, et les praticiens en microfinance devraient se préoccuper d`une formation continue pour améliorer leur capacité de gestion, de même que les milieux académiques et de la recherche devraient s'intéresser aux activités de microfinance comme complément, afin d'en analyser et d'en améliorer les instruments de gestion.

? La mise en place d'un centre de documentation : ce centre doit mettre à disposition des lecteurs des informations nécessaires sur le fonctionnement du secteur. Plusieurs possibilités devraient envisager pour avoir accès aux informations. De nos jours, l'Internet représente une large accessibilité à l'information. Les IMF haïtiennes peuvent utiliser ce moyen en vue de mettre à la portée du grand public une base de données fournissant d'importantes informations sur ces dernières. Une telle initiative permettra aux gens éloignés du centre de trouver les informations. Quant aux possibilités internationales, la mise en réseau des IMF haïtiennes avec d'autres institutions de microfinance étrangères permettra de tirer des fruits de l'expérience pour une meilleure compétition. Ainsi que celles du pays peuvent partager des informations qui concernent le secteur.

? La promotion de l`innovation : on ne doit pas s'accentuer sur une simple question de prêts pour business, nous avons estimé que les gens ont besoin d'autres formes de prêt tels que : prêt à la consommation, prêt à l'éducation etc. Et de même pour les IMF, l'octroi du crédit à ces dernières deviennent indispensables et finalement d'autres initiatives peuvent être favorisées l'association d'institutions spécialisées pour faire face à des problèmes communs sont fortement recommandées.

? La gestion des risques : il faut favoriser l'intégration aux institutions de microfinance de systèmes d'assurances (contre la maladie et les accidents d'abord mais aussi en cas de décès, vol, incendie), en tant que préoccupation pour le capital humain si important dans toute activité économique.

? La définition d`un cadre légal et réglementaire : il faut définir un cadre légal et réglementaire pour les IMF ce qui leur permettra de fonctionner sous aucune contrainte juridique. De meilleures lois devraient être envisagées en concertation avec les différents acteurs jusqu'à l'authenticité en vue du développement du secteur.

? Octroi de crédit agricole : il faut octroyer du crédit aux pauvres ruraux en vue de la promotion de la production agricole. Et ceci devrait accompagner des activités d'alphabétisation fonctionnelle tant pour leur épanouissement et évolution comme objectif social que pour l'acquisition d'un minimum de connaissances en gestion quotidienne.

? Octroi de crédit aux jeunes : il faut octroyer du crédit aux jeunes par la mise en place d'une politique de crédit qui devrait prendre en compte le développement de l`esprit d'entreprenariat sous forme de projets pour qu'ils puissent s'évoluer dans leur milieu.

? Octroi de prêts à la consommation : les IMF devraient octroyer des prêts à la consommation pour que les gens puissent satisfaire leurs besoins présentement.

Le développement de la micro-finance ne permettra pas à lui seul, dans le contexte actuel, de sortir Haïti de sa situation de grande pauvreté. Il reste fondamental de créer les conditions d'une véritable relance des investissements et de la croissance, pour que les instruments de la micro-finance puissent à leur tour jouer leur rôle et dynamiser les acteurs économiques.

En réalité, nous savons qu'en Haïti, l'Etat présente des faiblesses dans toutes ses composantes qui empêchent la normalisation des choses. Etant donné que la microfinance représente qu'un élément de la réduction de la pauvreté, l'Etat doit faciliter la prestation de services financiers en menant une action favorable au développement du secteur tout en protégeant l'épargne des pauvres, les investissements des IMF et les micro-entrepreneurs.

Les mesures les plus favorables au microfinancement que le gouvernement peut prendre consistent à assurer la stabilité macroéconomique. Les autorités doivent appuyer les services financiers destinés aux pauvres en améliorant le climat des affaires parce qu'il y a trop de variations dans les prix, en luttant contre la corruption, et en améliorant l'accès au marché et à l'infrastructure.

Il est récommandé à l'Etat également d'inviter les entrepreneurs haïtiens et étrangers à venir investir massivement et officiellement en Haïti pour qu'elle puisse devenir un paradis fiscal et touristique. En ce sens, il faut améliorer le climat sécuritaire, implanter les infrastructures de base et normaliser la situation politique chronique. Quant aux plus pauvres, il vaut mieux mettre en place des programmes d'emploi et de formation et fournir d'autres services non financiers pour lutter contre la pauvreté.

Les IMF sont très prisées de nos jours. Le monde du secteur informel utilise fréquemment leurs services. L'Etat haïtien et le secteur privé des affaires doivent encourager ces micro entreprises dont le but final est la libération de toute forme d'oppression ou d`exploitation et la redistribution des richesses et du pouvoir.

Bibliographie

1- Anold Antonin, et al... l'avenir de la lutte contre la pauvreté en Haïti, Forum libre, Port-au-Prince, Haïti. 1999, 84 pages

2- Association Nationale des Institutions de Microfinance d'Haïti, Indicateurs de performance des IMF, années 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006, 20 pages

3- Banque mondiale (2000), La pauvreté dans le monde : rapport sur le développement dans le monde, Paris, p 322, 323

4- Calixte Clerisme, carte de la pauvreté, version préliminaire, Ministère de la planification et de la coopération externe, janvier 2001, port-au-prince. 298 pages.

5- CGAP, principes clés de la microfinance, Washington, DC, SD.

6- Damian Von Stauffenberg, Définition de certains termes, ratios et retraitements financiers dans le domaine de la microfinance, S.L, 19 novembre 2002, 31 pages

7- Ernst A. Bernardin, Cours de géographie économique, les classiques de l'université, volume I, janvier 1996, 115 pages

8- Fred Doura, économie d`Haïti Dépendance, crise et développement, les éditions Dami, Septembre 2003, 334 pages.

9- François Latortue, L'économie rurale et les problèmes de développement en Haïti, Port-au-Prince, 1998, 391 pages

10- Forum libre, Politique Industrielle et Développement, Port-au-Prince, Haïti, 1993, 72 pages

11- Forum libre, Rôle des micro entreprises dans l'économie haïtienne, Port-au-Prince, Haïti, 1994, 98 pages

12- FENU, Microfinancement et microcrédit ; brochure de l'année internationale de microcrédit, 2005.

13- Haïti ; les défis de la lutte contre la pauvreté, rapport no.17242-Haïti, volume II ; documents techniques, Aout 1998, 9 sections

14- Le mouvement coopératif haïtien, bulletin trimestriel du conseil national des coopératives CNC no.1, Mai 2005

15- Le mouvement coopératif haïtien, bulletin trimestriel du conseil national des coopératives CNC no.2, Septembre 2005

16- Ministère de la planification et de la coopération externe, Carte de la pauvreté d'Haïti, version 2004, 124 pages.

17- Ministère de l'Agriculture et des Ressources naturelles, Atelier National sur le Financement Décentralisé, Hôtel Christopher. 12-13 juillet 1999, 66 pages

18- Malcolm Gillis <<et al>> Dwight H. Perkins, Michael Roemer, Donald R. Snodgrass, Economie du développement, Bruxelles, De boeck-Wesmael, 1990, 734 pages.

19- marguerite, S. Robenson, La révolution de la microfinance, version anglaise, Juillet 2001, 319 pages

20- Pail Mosley et Brigil Helms, Pérennité financière, ciblage des plus pauvres et impact sur le revenu. Quels compromis pour les IMF ? Avril 2003, 5 pages

21- Richard Matelier [INESA] et Gilles Damais [IRAM], PNUD, Des besoins du secteur de la microfinance non cooperatives en Haïti, rapport final, 60 pages

22- Robert Peck Christen, A la recherche d'une crédibilité ; la transparence et le secteur de la microfinance, novembre 2001, 25 pages

23- Robert Peck Christen, Commercialisation de dérive de la mission des IMF. La transformation de la microfinance en Amérique latine, octobre 2002,

24- S. Khandker, Est-ce que la microfinance est réellement bénéfique pour les pauvres, version anglaise, octobre 2001. 18 pages

25- Strathy et Henderson, capital consult S.A/Gowling, Etude du secteur des assurances et des fonds de pension, volume II, janvier 2001, pp. 22, 23.

26- William Grant <<Le marketing dans les institutions de microfinance : l'Etat de la pratique>> Développement alternatives, Inc. [DAI], S.L., novembre 1999, 35 pages.

Annexe

Questionnaire

Questionnaire

Keksyonè

1- Kouman ou rele?

2- Ki eta sivil ou?

Pou kont ou ? Marye ? plase ?

3- Eske ou genyen pitit?

Wi ? non ?

4- Konbyen moun ou genyen sou reskonsabilite ou?

R...................................................................

5- Ki kote ou abite?

R....................................................................

Fich nimewo II

6- Ki aktivite prensipal ou?

R............................................................................

7- Depi konbyen tan wap prete nan ACME?

R...............................................................................

8- Pou kisa ou prete?

R.................................................................................

9- Ki sa prè sa yo fè pou ou ?

R....................................................................................

10- Aprè prè sa, kisa`w santi ou gen bezwen anplis

R....................................................................................

Fich nimewo III

11- Eske ou gen fanmi a letrange ki kon`n voye lajan pou ou ?

Wi ? non?

12- Eske ou genyen kay nan lweyaj?

Wi ? non ?

13- Eske ou pa genyen oken`n lot bagay ki ba ou lajan ke sèlman biznis la?

Wi ? non ?

14- Eske ou prete lajan lot kote pandan ke ou gen prè nan ACME?

Wi ? non ?

15- Eske ou kon`n genyen difikilte pou ranbouse lajan sa?

Wi ? non ?

Liste des abréviations

ACME Association de Crédit pour la Micro Entreprise

ACLAM Action Contre la Misère

ANIMH Association Nationale des Institutions de Microfinance non coopératives d`Haïti

BCA Bureau de Crédit Agricole

BICH Banque Industrielle et Commerciale d`Haïti

BIT Bureau International du Travail

BNC Banque Nationale de Crédit

BPH Banque Populaire d`Haïti

BHR Banque de la République d`Haïti

BUH Banque de l`Union Haïtienne

COD-EMH Coordination des Opérations de Développement de l`Eglise Méthodiste d`Haïti

CREDICOOP Crédit Coopératif

CRS Catholic Relief Services

DAI-FINNET Développent Alternative Incorporate-Finance Networking

FAES Fonds d`Assistance Economique et Sociale

FDI Fonds de Développement Industriel

FHAF Fonds Haïtien d`Aide à la Femme

FHD Fonds Haïtien de Développement

FIDA Fonds International pour le développement Agricole

FIPO/COD Financement Populaire du COD

FODEPE Fonds pour le Développement des Petites Entreprises

FONKOZE Fondasyon Kole Zepol

GRAIFSI Groupe de Recherche et d`Appui Institutionnel à la Femme du Secteur Informel

GTIH Groupe Technologique Intermédiaire

ID Initiative Développement

IMF Institution de Micofinance

IMOFOR Institut Mobile de Formation

KNFP Collectif National de Financement Populaire

KOFIP Kolektif Finansman Popilè

MCN Microcrédit National

MEDA Mennonite Développent Association

MARNDR Ministère de l`Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural

ONG Organisation Non Gouvernementale

PAIP Programme d`Appui Aux Initiatives Productives

PALP Programme d`Appui à la Lutte contre la Pauvreté

PME Petite Moyenne Entreprise

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

SHEC Société Haïtienne d`Epargne et de Crédit

SOFIHDES Société Financière Haïtienne de Développement Economique et Social

USAID United States Agency for International Development

* 1 Note de presse de l`ONU en 2003 sur la microfinance

* 2 Rapport du PNUD sur le développement humain, publié en 2004

* 3 Recensement sur les conditions de vie, 2004, IHSI

* 4 Besoins du secteur de la microfinance non coopérative, PNUD, rapport 2004

* 5 Dictionnaire Petit Robert

* 6 Fonds monétaire International (FMI), net

* 7 Definition de la pauvrete, Wilkipedia, net

* 8 L'entreprise d'aujourd'hui, structure et dynamique, Louis E. Boone et David L. Kurtz, page 8

* 9 Loi sur les coopératives d'épargne et de crédit, le moniteur, 10 Juillet 2002

* 10Micro financement et microcrédit, comment 100 dollars peuvent-ils transformer l`économie? Brochure de l`année internationale du microcrédit, 2005

* 11 Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), statistiques sur la pauvreté à travers le monde, année 2006. Net

* 12 Cours de géographie économique, classique de l'université, professeur Ernst Bernardin, page 31.

* 13 Sommet Mondial sur l`Alimentation, populationdata.net : pauvreté

* 14 ONU, BIT (populationdata.net : pauvreté)

* 15 Office statistiques de l`Union Européenne (Eurostat), pauvreté en Europe, net

* 16 Paul Ehrlich, (la Bombe P) année 1968, net

* 17 Malcom Gillis, Economie du développement, page 198

* 18 Statistiques sur la pauvreté dans le monde, banque mondiale, juin 2005, Net

* 19 Statistiques sur la pauvreté dans le monde, banque mondiale, juin 2005, Net

* 20 Estimations de l`UNICEF sur la mortalité infantile a travers le monde, net

* 21 Malcolm Gillis, économie du développement, page 30

* 22 Revue administrative des sciences économiques, Bruxelles

* 23 Pauvreté dans le tiers-monde, op. cit. Pasteur congolais, net

* 24 IHSI, résultats préliminaires du recensement 2003

* 25 Rapport sur le développement humain, PNUD 2005

* 26 IHSI données sur le secteur agricole

* 27 Banque centrale du Costa Rica, emploi dans le secteur agricole (net), année 2000

* 28 IRAM et groupe croissance, 1998, rapport sur le secteur de l`agriculture

* 29IRAM et groupe croissance, 1998, rapport sur le secteur de l`agriculture

* 30 Planification du développement, Ministère de la planification et de la coopération externe, Ersnt Bernardin

* 31 Données sur la pauvreté en Haiti, PNUD/FAO d`après IHSI/EBCM 1999-2000

* 32 La microfinance et les objectifs du millénaire, net

* 33 Origine de la microfinance, Mohamed YUNUS, net

* 34 Portail de la microfinance, FENU, net

* 35 Informations venant du CNC

* 36 Informations venant de l`ANIMH, net

* 37 Rapporté par Jean Alix Boyer dans le mouvement coopératif Haitien, no 1- Mai 2005, bulletin trimestriel du CNC

* 38 Origine des banques en Haiti, site BRH.net

* 39 Informations additionnelles rapportées dans les besoins du secteur de la microfinance non coopérative, PNUD 2004

* 40 Les assurances et les fonds de pension volume II, janvier 2001

* 41 Ministère de l`économie et finance, données sur les maisons de transfert et bureaux de change, Dec 2006

* 42 Source : Conseil National des Coopératives (CNC)

* 43 Informations tirées dans les besoins du secteur de la microfinance, PNUD 2004 et complétées par d`autres informations venant de l`ANIMH

* 44 Source : Association pour la Microentreprise ( ACME )

* 45 Source : Association pour la Microentreprise ( ACME )

* 46 Source : Association pour la Microentreprise (ACME)

* 47 Source : résultat de l`enquête

* 48 Source : résultat de l`enquête

* 49Source : résultat de l`enquête

* 50Source : résultat de l`enquête

* 51Source : résultat de l`enquête

* 52 Source : Association pour la Microentreprise ( ACME )

* 53 Source : Association pour la microentreprise (ACME)

* 54Source : Association pour la Microentreprise (ACME)

* 55 Source : Association pour la Microentreprise (ACME)






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus