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Philanthropie et développement local à  Yaoundé. Cas des associations des quartiers Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble

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par Chrysleine Chantale KAMGA KAMGA
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études supérieures spécialisées en gestion urbaine 2008
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON Paix - Travail - Patrie Peace - Work - Fatherland

MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT MINSTRY OF HIGHER

SUPERIEUR EDUCATION

UNIVERSITE DE YAOUNDE II UNIVERSITY OF YAOUNDE II

UNITE DE FORMATION DOCTORALE

DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES (DESS)

EN GESTION URBAINE

PHILANTHROPIE ET DEVELOPPEMENT LOCAL A YAOUNDE :

CAS DES ASSOCIATIONS DES QUARTIERS

MELEN 4 ET MELEN 8 ONANA MEUBLE

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Gestion Urbaine

Option : Gestion de l'habitat et environnement urbain

Par :

KAMGA KAMGA Chrysleine Chantale

Maître ès sciences sociales

Sous la direction académique du :

Dr H.D.R. ESSOMBE EDIMO Jean Roger

Chargé de cours à l'Université de Yaoundé II - Soa

Année académique 2008-2009

« L'Université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire, ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs »

SOMMAIRE

Pages :

Sommaire ..........................................................................................iii

Dédicace...........................................................................................V

Remerciements..................................................................................Vi

Liste des abréviations......................................................................... Vii

Liste des cartes, des schémas et tableaux.......................................................Viii

Avant propos....................................................................................iX

Résume............................................................................................X

Abstract..........................................................................................Xi

Introduction générale............................................................................1

PREMIERE PARTIE : La philanthropie des organismes à but non lucratif et le développement local............................................................................13

Introduction de la première partie.................................................................14

Chapitre 1 : La philanthropie des Organismes à but non lucratif....................15

Introduction.....................................................................................15

Section 1 : Les sources de la philanthropie................................................15

Section 2 : Typologie des organismes à but non lucratif et leurs moyens d'actions..........................................................................................25

Conclusion du premier chapitre................................................................................33

Chapitre 2 : Les différentes approches du développement local .....................34

Introduction.......................................................................................34

Section 1 : Le développement local, un phénomène émergent ........................35

Section 2 : Le développement local à Melen 4 et Melen 8 OM.........................44

Conclusion du deuxième chapitre..............................................................56
Conclusion de la première partie...............................................................56

DEUXIEME PARTIE : L'action philanthropique des associations au développement de Melen 4 et Melen 8 OM.................................................58

Introduction de la deuxième partie................................................................59

Chapitre 3 : Présentation socio-économique de Melen 4 et de Melen 8 OM.......60

Introduction.....................................................................................60

Section 1 : Caractéristiques physiques et démographiques de Melen 4 et Melen 8 OM ................................................................................................60

Section 2 : Aspects socio-économiques de Melen 4 et Melen 8 OM..................71

Conclusion du troisième chapitre.................................................................75

Chapitre 4 : L'action des associations en faveur du développement de Melen 4 et de Melen 8 OM.................................................................................76

Introduction.......................................................................................76

Section 1 : Les formes de participations des associations de Melen 4 et Melen 8 OM................................................................................................77

Section 2 : Les différentes réalisations et l'appréciation des populations..........82

Conclusion du quatrième chapitre ...............................................................88

Conclusion de la deuxième partie.................................................................89

Conclusion générale...........................................................................90

BIBLIOGRAPHIE.............................................................................93

ANNEXES.......................................................................................99

TABLE DES MATIERES..................................................................110

A mes enfants,

A mon époux,

A mes parents.

REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail, nos remerciements vont en premier lieu à notre directeur de recherche, le Docteur H.D.R. Jean Roger Essombè Edimo qui a accepté de nous accorder de son précieux temps et de ses conseils judicieux, afin que nous menions ce travail à son terme.

Nous remercions également le Docteur Isaac Tamba, coordonnateur de notre formation, qui n'a ménagé aucun effort pour rendre notre formation plus opérationnelle.

Notre gratitude s'adresse également à tous les enseignants, qui nous ont dispensé sans relâche des enseignements afin de parfaire notre formation en Gestion Urbaine.

Nous n'oublions pas le Docteur Benoît Mougoué, Responsable de la Division Sociale à ERA-Cameroun, pour son encadrement technique et pratique.

Une pensée va aussi à tous les animateurs ainsi qu'à tout le personnel d'ERA-Cameroun et ISF d' Espagne pour leur bonne collaboration et leur soutien.

Nous pensons particulièrement à Monsieur Ngadjou Dominique qui nous a orientés et guidés dans la recherche documentaire et à Amadifo Caroline pour la relecture de ce travail.

Nos remerciements vont aussi à l'endroit du Colonel Youssa Gédéon, pour son encadrement et son soutien permanent.

Des remerciements particuliers vont à mes parents, Monsieur et Madame Kamga Jonathan, à mes frères et soeurs et leurs conjoints pour leur soutien affectif depuis notre tendre enfance.

Nous voudrions également remercier notre belle maman, Madame Djientcheu Victorine pour son sens affectif et sa présence effective pendant cette formation.

Une pensée va aussi à tous nos amis et camarades de la promotion pour leur collaboration permanente pendant cette formation.

Des remerciements sincères vont à mon époux le Docteur d'Etat Gérard Tchouassi qui m'a orientée vers cette formation, m'a soutenue financièrement et, surtout, pour toute son affection et sa disponibilité tout au long de mon apprentissage.

Nous finissons par nos enfants qui ont été les plus sacrifiés : nos filles Tchouassi Tchouassi Paule Gérarde, Tchouassi Kamga Joanes Géraude, Tchouassi Djientcheu Victorienne Eralde et notre bébé Djomani Tchouassi Joël Gérardin, non seulement pour leur tendresse de tous les jours, mais aussi pour avoir pu supporter toutes nos absences le long de cette formation.

Liste des abréviations

BM

:

Banque Mondiale

CAD

:

Comité d'animation au développement

CADEM 4

:

Comité d'animation au développement de Melen 4

CADEM 8 OM

:

Comité d'animation au développement de Melen 8 Onana Meuble

CL

:

Collectivités locales

CREDDA

:

Centre de recherche pour le développement durable en Afrique

CNUCED

:

Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

CTD

:

Collectivité Territoriale Décentralisée

CUY

:

Communauté urbaine de Yaoundé

EES

:

Economie sociale et solidaire

ERA-Cameroun

:

Environnement- Recherche et Action au Cameroun

GIC

:

Groupement d'Intérêt Commun

ISF d'Espagne

:

Ingénierie sans frontières d'Espagne

IST

:

Infections sexuellement transmissibles

LESEAU

:

Laboratoire Environnement et Sciences de l'eau

MINATD

:

Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

ONG

:

Organisation Non Gouvernementale

OSC

:

Organisation de la société civile

PME

:

Petites et Moyennes entreprises

SIDA

:

Syndrome Immuno-Déficience Acquis

WINGS

:

Worldwide Initiatives for Global Support

Liste des CARTES, DES schemas et tableaux

Carte n°1

:

Le Monde de la philanthropie

Carte n°2

:

La carte de Melen 4

Carte n°3

:

La carte de Melen 8 OM (Onana Meuble)

Carte n°4

:

Représentation schématique des réalisations des acteurs locaux à Melen 4

Carte n°5

:

Les différentes réalisations des acteurs locaux à Melen 8 OM (Onana Meuble)

 
 
 
 

Schema n°1

:

Caractérisation du rôle des Collectivités dans le développement local

Schema n°2

:

La relation entre les acteurs du développement local à Melen 4 et Melen 8 OM (Onana Meuble)

 
 
 
 

Tableau n°1

:

Les associations ciblées de Melen 4

Tableau n°2

:

Les associations ciblées de Melen 8 OM (Onana Meuble)

AVANT PROPOS

La rédaction de ce mémoire vient conclure la formation en « Gestion Urbaine » qui a débuté depuis plusieurs mois par des enseignements théoriques et s'est poursuivie dans le cadre d'un stage académique pratique.

L'incapacité de l'Etat à subvenir au problème de développement de toutes les régions a poussé plusieurs personnes à prendre en main l'amélioration des conditions de vie des populations dans leurs localités. C'est ainsi que l'esprit de donner, de partager, etc...., pour permettre le bien-être de tous a vu le jour. C'est ce constat qui a suscité en nous l'idée d'étudier l'action philanthropique des associations dans le développement local.

Dans cette étude nous avons examiné, tour à tour, le concept de philanthropie au travers des organisations de la société civile, le développement local dans son ensemble, et l'impact positif des associations de Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble dans l'amélioration de la qualité de vie dans ces localités. L'analyse des actions menées dans ces quartiers par ces organisations de la société civile nous a permis de comprendre que ces dernières peuvent apporter un début de solution au développement local.

RESUME

L'objectif de cette recherche est d'analyser la contribution philanthropique des associations des quartiers Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble au développement de ces localités.

Pour cela, la question majeure de notre travail est celle de savoir si les populations, regroupées en associations, oeuvrent volontairement à l'amélioration de la qualité de vie dans les quartiers à habitat spontané en général et, particulièrement, à Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble, deux quartiers de l'arrondissement de Yaoundé VI.

Pour mener à bien cette recherche, ce travail est organisé autour de deux parties composées chacune de deux chapitres. La première partie intitulée la philanthropie des organismes à but non lucratif et le développement local, et la deuxième partie est intitulée l'action philanthropique des associations locales pour le Développement des quartiers Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble.

Au vu des nombreuses réalisations effectuées dans les quartiers du champ de l'étude, la philanthropie des populations regroupées en associations est primordiale pour le développement en général et le développement local en particulier. L'Etat en effet, n'est plus en mesure de financer toutes ces réalisations et de s'occuper de l'amélioration de la qualité de vie de ces populations.

ABSTRACT

This study aims to analyse the philanthropic contribution of Melen 4 and Melen 8 Onana Meuble's Associations to the development of their respective areas.

The research question of our study is to understand and know whether or not, shanty towns Associations of residents in general and those of Melen 4 and Melen 8 Onana Meuble in particular voluntary undertake works aiming to improve the quality of their leaving.

The study is presented in two main parts of two chapters each. Part one, focuses on the « Philanthropy of non profit institutions and Local development », while part two deals with « The philanthropic contributions of Melen 4 and Melen 8 Onana Meuble's local associations' to the development of their areas ».

Considering the numerous achievements in the areas of study, it appears that the philanthropy of residents gathered in associations is essential to the development in general and to the «local development» in particular. This is particularly true in a context of financial drought whereby the government has given up from his responsibility to secure the welfare of some of its citizens.

INTRODUCTION GENERALE

I - CONTEXTE ET JUSTIFICATION

L'entrepreneurship, les PME1(*) et le développement local sont devenus dans nos sociétés des concepts à la mode. Non pas qu'ils soient nouveaux, au contraire, ils recouvrent des phénomènes identifiés depuis déjà fort longtemps (Dupuis, 1998). Toutefois, c'est leur importance stratégique dans le développement de l'emploi qui l'est. En effet, jusqu'à la fin des années 1970, les grandes entreprises et les gouvernements étaient considérés comme les seuls leviers économiques importants ou intéressants de la société. Les choses se sont toutefois considérablement modifiées dans les années 1980. Sur fond de mondialisation des marchés et d'accentuation de la concurrence internationale, deux crises majeures et l'endettement croissant de nos gouvernements ont provoqué une réorganisation en profondeur de nos grandes structures. Cette crise est diversifiée et a des implications majeures sur le développement, sur l'économie du monde en général et sur celle des pays du Sud en particulier, sur les pauvres chez nous et à l'étranger ainsi que sur l'aide étrangère.

Les Etats, garants de la société, deviennent incapables de mener tous seuls les actions indispensables au développement de leur territoire. Tous les aspects sont touchés au point que, dans un discours prononcé en novembre 2008, le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) observait que :

« Nous pouvons déjà prédire que le développement chez les populations les plus pauvres pourrait être considérablement affecté. Selon l'OIT, la crise financière réduira 20 millions de travailleurs au chômage, pendant que 40millions de personnes franchiront le seuil de la pauvreté extrême »2(*).

Dans cette situation, les gouvernements sont de plus en plus incapables de remplir leur devoir auprès des populations. Avec une crise alimentaire, une crise pétrolière et une crise financière, l'on se retrouve face à une « triple crise » qui pourrait anéantir tout le travail fait jusqu'ici. Globalement, les dépenses en aide publique stagnent. C'est pourquoi les Amis de l'Humanité, ou encore les philanthropes oeuvrent pour réduire les dégâts. A l'heure où les dépenses gouvernementales en matière sociale ont fondu comme neige au soleil, les apports tant en nature qu'en numéraires pourraient constituer la plus grande force de changement sociétal de notre monde.

En général au Cameroun, l'Etat s'occupe du développement de toutes les régions. Mais, depuis la décentralisation, le développement local est à la charge des collectivités territoriales décentralisées (ou CTD) que sont les communes. La Loi de l'orientation de la décentralisation du 22/07/2004 stipule que cette dernière consiste en un transfert par l'Etat aux collectivités territoriales décentralisées, des compétences et surtout des moyens appropriés, contrairement à la déconcentration qui consiste à transférer les pouvoirs aux unités administratives inférieures sans aucun dans le domaine financier. Nous avons aussi dans le même cadre, la communauté urbaine composée d'un minimum de deux communes. Ces unités sont les plus petites représentations administratives de l'Etat au Cameroun. La charge leur revient donc d'améliorer la qualité de vie dans leurs localités respectives.

Mais le constat sur le terrain montre qu'avec l'aggravation de la crise, cette institution ne peut plus à elle seule parvenir à l'amélioration du bien-être des populations, particulièrement dans les quartiers à habitat spontané. Elles ont besoin d'être assistées et secourues. C'est ce qui a favorisé le partenariat entre les associations de développement, aidées par des ONG3(*), et la commune. Aussi, avec cette incapacité à gérer seuls le problème du développement, plusieurs organismes nationaux et internationaux se sont proposés volontaires pour aider les populations à la base à prendre en charge le développement de leurs localités. C'est ce constat qui nous a poussés à étudier le degré de philanthropie de ces organismes : jusqu'où sont-ils prêts à aller dans leur aide et, surtout, quelle est la relève, ou encore qu'apportent réellement les associations sur le terrain ?

Pour ce travail, nous avons effectué un stage académique à ERA4(*) - CAMEROUN. Cette Organisation Non Gouvernementale travaille en relation avec une autre basée en Espagne appelée « ISF - Ingénierie sans frontières Catalogne », et elles oeuvrent dans des projets tels que « le Programme Quartier », « le programme AQUA », etc.

Le premier programme mis sur pied en 2002, est né de la volonté d'améliorer la qualité de vie des populations dans les localités qui donnent au bassin versant de la Mingoa, dans la commune d'arrondissement de Yaoundé VI. Au début, ce « programme quartier » a précisément pris en compte cinq quartiers. Ces derniers étaient des quartiers qui avaient déjà commencé à se prendre en main à travers des travaux d'aménagement de la localité. Pour sa part, le second programme prendra en charge quinze quartiers pour l'assainissement en eau potable. Notre étude se fera dans l'Arrondissement de Yaoundé VI, dans les quartiers Melen 4 et Melen 8 OM. Ces deux localités ont suivi les deux programmes.

II - ANALYSE CONCEPTUELLE

Pour une meilleure compréhension de notre travail, il est important d'en définir les mots-clés.

La philanthropie est un concept qui impose une générosité désintéressée. Du grec philos (ami) et anthropos (homme), la philanthropie est la philosophie ou la doctrine qui met l'humanité au premier plan de ses priorités. C'est un sentiment qui pousse les hommes à venir en aide aux autres. Le philanthrope n'aime pas voir son prochain souffrir, aussi il lui apporte son aide sans contrepartie. Il cherche à améliorer le sort de ses semblables par de multiples moyens et ce, de manière désintéressée. Par opposition à la misanthropie dans laquelle l'on manifeste de l'aversion pour son semblable ou encore, où l'on éprouve de la haine pour le genre humain, le Micro Robert définit la philanthropie comme l'amour de l'humanité5(*), c'est un acte moral, celui de donner, de partager. Sa spécialité réside dans le fait que le philanthrope est désintéressé et n'attend rien en retour, elle est aussi un acte volontaire et bénévole. Elle permet du moins à son donateur de laisser son nom à la prospérité, de constituer un réseau de relation et d'acquérir une notoriété dans le monde des affaires. Elle renvoie à des concepts d'altruisme, de bonté, de bienfaisance, de don, de générosité, de charité, etc.

Pour sa part, l'altruisme est une disposition à s'intéresser et à se dévouer à la cause d'autrui ; contrairement à l'égoïste, l'altruiste travaille non pour son propre intérêt, mais pour le bien-être de tout le monde. Et la bienfaisance est l'action de faire du bien dans un intérêt social. Traditionnellement, la philanthropie était l'oeuvre des riches qui donnaient d'importantes sommes à des causes sociales. Aujourd'hui, elle se fait plus englobante et se traduit, outre les dons d'argent, par le don de biens, de compétences, de services et de temps utilisés à favoriser le mieux-être des populations (OCDE, 2003). Au niveau international, nous avons la philanthropie mondiale qui renvoie au nombre grandissant d'organisations philanthropiques et de philanthropes dans le monde, ainsi qu'à la tendance de ces derniers à s'attaquer toujours davantage à des enjeux mondiaux tels que la pauvreté et le changement climatique.

Elle comprend les dons majeurs de particuliers mais aussi les dons plus modestes versés par de très nombreux individus. En fait, la philanthropie provient surtout des particuliers. Au-delà des donateurs traditionnels, elle s'étend à de nouveaux pays, ainsi qu'à de nouvelles populations à travers le monde.

Le secteur de la philanthropie dans le monde (Carte 1) regroupe d'un certain nombre de concepts voisins : économie sociale, économie solidaire, secteur coopératif, secteur du volontariat, etc.

Carte 1 : Le secteur de la philanthropie dans le monde%

Sources : carte concoctée à partir de Tsafack Nanfosso et Tchouassi (2009)

De son côté, le développement local est un mot composé qui laisse apparaître deux termes : le développement et la localité.

Le Lexique d'économie définit le développement comme l'évolution des mentalités et des institutions qui permettent l'apparition de la croissance et sa prolongation sur une longue période6(*). Il se présente comme une cause en même temps une conséquence de la croissance. Car pour obtenir cette dernière, il faut qu'il y ait des mentalités prêtes à accepter le changement. C'est pourquoi, dans le parler populaire, on mêle souvent croissance et développement. Or, ce ne sont pas des synonymes. Le développement implique accroissement de bien-être et changement dans la structure économique et sociale. Il engage une société sous tous ses aspects. La croissance est une notion plus simple. Elle se réfère à un accroissement des activités de production de biens et services mais n'implique pas nécessairement des changements dans la structure, ni n'engage une société sous tous ses aspects. Ainsi, la notion de développement englobe une multitude de composantes économiques, sociales et politiques et doit tenir compte des valeurs et attitudes d'une population. Certains parlent donc de croissance pour les pays industrialisés et de développement pour les pays pauvres, ceci en insistant sur le caractère quantitatif du premier et le caractère qualitatif du second.

Quant à elle, la localité se définit comme un lieu déterminé, une petite ville, un village, ou encore un quartier. L'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE, 1990) définit le niveau local comme:

« l'environnement immédiat dans lequel la plupart des entreprises (et en particulier les petites) se créent et se développent, trouvent des services et des ressources, dont dépend leur dynamisme et dans lequel elles se raccordent à des réseaux d'échange d'information et de relations techniques ou commerciales... Le niveau local, c'est-à-dire une communauté d'acteurs publics et privés offre un potentiel de ressources humaines, financières et physiques, d'infrastructures éducatives et institutionnelles dont la mobilisation et la valorisation engendrent des idées et des projets de développement. »

Loin d'être un espace abstrait, la localité renvoie donc à cet espace-plan sur lequel les acteurs locaux, mus par la volonté de s'en sortir, développent quotidiennement des stratégies spécifiques de production ou de survie et, même, d'adaptation à la mondialisation (Essombè Edimo, 2007a) Il serait aisé de conclure que le développement local est celui qui s'exprime sur un territoire donné, en l'occurrence ici, le niveau local. Le phénomène est toutefois plus complexe. Le développement local est un concept relativement nouveau dans le vocabulaire. Il est né de la prise de conscience des insuffisances des politiques d'aménagement du territoire, des déséquilibres géographiques et socio-économiques ne pouvant trouver un plein épanouissement qu'en s'appuyant sur une structure organisationnelle des volontés locales. En effet, ce concept repose sur deux dimensions : la correction du déséquilibre géographique et socio-économique (logique du marché) et les volontés locales (logique territoriale). Par ailleurs, en empruntant la définition de Xavier Greffe (1994) pour qui :

« Le développement local est un processus de diversification et d'enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de la coordination de ses ressources et de ses énergies. Il sera donc le produit des efforts de sa population. Il mettra en cause l'existence d'un projet de développement intégrant ses composantes économiques, sociales et culturelles. Il fera d'un espace de contiguïté, un espace de solidarité active »7(*).

On constate qu'un projet de développement local est un projet « Botton up » c'est-à-dire pensé à la base. Au vu de ces différentes définitions, nous pouvons donc définir le développement local comme la faculté de créer des richesses à la base dans le but d'améliorer les conditions de vie des populations dans un territoire bien circonscrit : un quartier, un village, ou une commune. Cette notion de développement local est également celle effectivement visée au Cameroun avec la décentralisation.

La décentralisation suppose une coopération, un partenariat entre le gouvernement central et les collectivités locales. La commune constitue le premier maillon des collectivités territoriales décentralisées; c'est l'échelon de base. Nous pouvons la classer comme suite :

· la communauté urbaine (qui correspond au département entier),

· la commune urbaine (renvoie à l'arrondissement, avec chef lieu de province ou de département),

· la commune urbaine d'arrondissement (arrondissement des départements du Wouri et du Mfoundi)

· la commune rurale (correspond à l'arrondissement ou au district en zone rurale).

III - PROBLEMATIQUE

Avec le système de la décentralisation, chaque localité camerounaise est appelée à s'unir à l'Etat pour mettre en place son développement. Le développement est donc devenu un processus à caractère social. Améliorer la situation économique et le bien-être des populations dans nos localités constitue de ce fait une tâche complexe impliquant de nombreux acteurs. Les populations sont donc appelées à travailler dés la base, et à oeuvrer en partenariat pour faciliter ce processus, ceci sans contrepartie, ou encore de façon totalement désintéressée. Pour cela elles doivent se mettre en association. Le cadre de l'intervention publique en matière de regroupement des personnes est défini par les lois n° 77/495 du 7 décembre 1977 et n° 90/053 du 19 décembre 1990 portant respectivement création et fonctionnement des oeuvres sociales privées et liberté d'association au Cameroun. L'association est ainsi au sens de ces lois « une convention par laquelle des personnes mettent en commun leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices ».

Alors, si la philanthropie est l'action de donner, de partager ceci de façon désintéressée et sans contrepartie et pour le bien-être de plusieurs personnes, participe-t-elle au développement local de Melen 4 et de Melen 8 OM8(*) au travers des associations ? En d'autres termes, les habitants de ces localités posent-ils des actes philanthropiques ou attendent-ils toujours l'aide de l'extérieur ? Pour le développement de leurs quartiers, sont-ils prêts à s'organiser en comité d'animation au développement et à mettre leur temps, leur expérience, leur expertise, leur personne, ou encore leur argent au service du bien-être collectif ?

V - QUESTION DE RECHERCHE

Notre attention est focalisée ici sur la contribution des associations philanthropiques des quartiers Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble à Yaoundé VI, au développement local et, plus exactement, sur la participation philanthropique des populations de ces localités à leur bien-être. La question majeure de notre travail est donc celle de savoir si les populations regroupées en associations oeuvrent volontairement à l'amélioration de la qualité de vie dans les quartiers à habitat spontané en général et, particulièrement, à Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble, deux quartiers de l'arrondissement de Yaoundé VI.

Cette question principale suscite elle-même des interrogations secondaires notamment :

· Comment reconnaît-t-on un organisme philanthropique, ou encore quels sont les caractéristiques de la philanthropie ?

· Quelle est la particularité du développement local, en d'autres termes, comment se déroule-t-il concrètement ?

· Comment se passe la participation des associations sur le terrain ; les populations sont-elles assez mobilisées pour cette cause ?

· Quel est le degré d'appréciation des travaux par le reste de la population?

VI - OBJECTIF GENERAL

Notre souci dans ce travail est de montrer l'implication des associations des quartiers dans l'amélioration des conditions de vie des populations, d'encourager l'entraide et le partage, le don de soi, l'esprit de participation dans les travaux dans nos régions respectives.

De ce fait, l'objectif principal de notre étude est d'analyser la contribution philanthropique des associations des quartiers Melen 4 et Melen 8 OM au développement de la localité.

VII - OBJECTIFS SECONDAIRES

A la fin de ce mémoire nous voulons être en mesure de cerner la différence entre la philanthropie et les aides au gouvernement.

Nous aimerions déterminer ce que sont le développement local et ses défis pour mettre en place le développement en général.

Nous voudrions aussi présenter l'apport sans contrepartie des associations locales au développement de leur localité et la réaction des populations dans nos quartiers-cibles.

VIII - HYPOTHESES DE RECHERCHE

H 1: L'Etat ne peut tout seul amener le développement dans les quartiers, il a besoin de la population c'est-à-dire, d'un développement pensé à la base.

H 2 : Les associations et les comités d'animation au développement des quartiers Melen 4 et Melen 8 OM mènent des actions philanthropiques respectives pour contribuer au développement dans leur localité. Ces associations sont les agents de l'économie sociale et solidaire. Ils ont par conséquent des activités multiples qui peuvent jouer sur le développement local.

IX - METHODOLOGIE

Pour traiter notre thème intitulé « Philanthropie et Développement Local : Cas des associations des quartiers Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble à Yaoundé VI. », nous nous sommes inspirées de la littérature existante sur le sujet (ouvrages, articles, rapports, mémoires, lois, journaux, etc.)

Sur le plan législatif, nous avons parcouru plusieurs lois :

· loi n° 77/495 du 7 décembre 1977 fixant les conditions de création et fonctionnement des oeuvres sociales privées,

· loi n° 90/053 du 19 décembre 1990 portant liberté d'association au Cameroun,

· loi n° 96-06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 2 juin 1972,

· loi n° 99/014 du 22 décembre 1999 relatives aux Organisations Non Gouvernementales,

· loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles de la décentralisation applicables aux communes,

· loi n° 2004/17 du 22 juillet 2004 portant relative à l'orientation de la décentralisation au Cameroun.

Sur le plan pratique, nous nous sommes inspirées du cadre juridique et des principes d'administration d'une organisation de la société civile, réalisés par le Centre de Recherche pour le Développement Durable en Afrique (CREDDA) en 2004. Nous nous sommes également appuyées sur le guide des relations entre les institutions et les organisations de développement local rédigé par ERA-Cameroun. De même que nous nous sommes appuyées sur les Actes de la Journée Annuelle de l'O.S.C, sur les programmes Municipaux intégrés de lutte contre la pauvreté dans la commune urbaine d'arrondissement de Yaoundé VI, nous avons utilisé les dossiers du comité d'aide au développement portant sur les « Fondations Philanthropiques et Coopération pour le Développement » de l'Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE, 2003), nous avons aussi utilisé, le guide des tendances et enjeux pour le conseil canadien pour la coopération internationale, portant sur la philanthropie mondiale et la coopération internationale (Décembre 2008) et, également, le rapport de la conférence publique sur le volontariat. Nous avons, en plus, effectué des recherches sur l'Internet.

Sur le plan de la recherche, un certain nombre de travaux nous ont permis d'avoir quelques pistes d'orientation. Parmi ceux-ci, nous citons : Essombé Edimo (2005a, 2005b, 2007a et 2007b), Fondo et Tchouassi (2007), Greffe (1992), Tamba (2004), Tchouassi (2004, 2005, et 2007), Tsafack Nanfosso (2007), Tsafack Nanfosso et Tchouassi (2009), Pecqueur (2002), etc.

Pour mener à bien notre recherche et atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous avons commencé par présenter la philanthropie et son impact sur le développement en général à travers les organismes à but non lucratif, puis leurs mécanismes de financement du développement local et une vision synoptique des associations dans nos quartiers cibles : Melen 4 et Melen 8 OM. Ensuite, avant de dégager la participation de manière philanthropique des associations dans le développement local, nous avons présenté notre cadre de travail. Pour réussir ce travail, la collecte des données sur le terrain était une étape fondamentale.

Pour obtenir les informations nécessaires dans le cadre de notre recherche, nous avons collecté des informations sur les données primaires auprès des dirigeants, membres des différentes associations et bénéficiaires des différentes réalisations. Nous les avons soumis à des questionnaires (voir Annexes 1 et 2) visant à identifier la contribution réelle des associations philanthropiques des quartiers Melen 4 et Melen 8 OM à la construction des ouvrages (pistes, routes, caniveaux, point d'eau, etc.), leur participation réelle au développement, et nous avons analysé leurs réponses tout au long de notre travail.

Ce travail est organisé autour de deux parties composées chacune de deux chapitres. La première partie intitulée « la philanthropie des organismes à but non lucratif et le développement local », comporte deux chapitres : la philanthropie des organismes à but non lucratif (Chapitre 1) et les différentes approches du développement local (Chapitre 2). La deuxième partie intitulée « l'action philanthropique des associations locales pour le développement des quartiers Melen 4 et Melen 8 OM » est aussi composée de deux chapitres: présentation socioéconomique de Melen 4 et de Melen 8 OM (Chapitre 3) et l'action des associations au développement de Melen 4 et Melen 8 OM (Chapitre 4).

PREMIERE PARTIE :
LA PHILANTHROPIE DES ORGANISMES A BUT NON LUCRATIF ET LE DEVELOPPEMENT LOCAL

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

Chez les néoclassiques et les classiques, l'économie était fondée sur l'homoéconomicus. Cette expression forgée par Adam Smith (1776), désignait l'agent typique de la théorie économique libérale. Un être libre doté d'une rationalité parfaite qui cherche toujours, à travers ses décisions, à maximiser ses satisfactions. L'homoéconomicus est un « calculateur général de plaisirs et de peines qui, comme une sorte de globule homogène fait de désir, de bonheur, aussi sous l'impulsion de stimulant qui le promène un peu partout sans le déformer. Il n'a ni passé, ni avenir, il est un fait humain isolé, immuable en équilibre stable sauf sous le contre coup de certaines forces agissantes qui le déplacent dans un sens ou dans l'autre »9(*) Cet être est guidé par l'appât du gain et il est, du reste, toujours prêt à maximiser. L'homoéconomicus apparaît ainsi comme « un être sans âme, uniquement intéressé par les mobiles élémentaires »10(*).

Avec la pauvreté et la crise économique, cet être égoïste et calculateur a laissé la place à l'homosociologius c'est-à-dire, un être social, doté d'une rationalité limitée. Au lieu d'être égoïste, il est altruiste. Pendant que le premier recherche le profit calculé avec une centralisation maximale des entreprises, le second recherche le profit social basé sur l'entraide, la solidarité, le partage, la générosité, sur le développement à la base qui profite à tous. C'est donc un philanthrope qui oeuvre sans contrepartie afin de participer au bien-être de ses semblables.

Dans cette première partie, nous présenterons cet être généreux, altruiste et désintéressé à travers la philanthropie et le développement local. Nous commencerons par l'historique de la philanthropie, ses défis et ses caractéristiques. Puis, nous terminerons par les approches conceptuelles du développement local, afin d'en extraire des éléments permettant la comparaison avec la réalité des comportements des acteurs des localités de notre champ d'analyse.

CHAPITRE I : LA PHILANTHROPIE DES ORGANISMES A BUT NON LUCRATIF

Introduction

Ces dernières années, l'arrivée d'acteurs nouveaux et les façons différentes d'approcher la lutte contre la pauvreté dans le monde ont changé l'allure du développement. Dans la seconde moitié du XXème Siècle, le développement était principalement financé par les pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Aujourd'hui, avec la crise économique, plusieurs acteurs, touchés par la misère de leurs semblables, ont décidé de partager, afin de permettre aux uns et aux autres de s'en sortir. Certains qui n'ont pas assez de moyens financiers, se sont mis aux services des autres en les assistant tout simplement. Alors, comment cet esprit de partage et de soutien a-t-il débuté ? Comment cela se manifeste-t-il et quels sont ses fondements théoriques et son organisation ?

SECTION 1 : LES SOURCES DE LA PHILANTHROPIE

Historiquement, la philanthropie est beaucoup plus d'origine religieuse. Mais ses caractéristiques sont d'autant plus nombreuses qu'on la retrouve chez les non religieux et au sein des organisations à but non lucratif oeuvrant pour le développement local.

I - HISTORIQUE DE LA PHILANTHROPIE

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Selon l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (2003), on distingue deux grandes formes de philanthropie :

- La première est essentiellement d'origine religieuse et a pour objectif premier d'atténuer les souffrances des pauvres.

- La seconde est laïque. Elle vient de la bienfaisance. C'est l'action de faire du bien à quelqu'un, une inclination au bien.

1 - LES ORIGINES RELIGIEUSES DE LA PHILANTHROPIE

Les origines de la philanthropie sont très anciennes. Pour être philanthrope, il faut connaître, aimer et accepter son prochain, ou encore son semblable. L'altruisme trouve ses racines dans les liens familiaux et de parenté, avec l'obligation de protéger les siens et d'offrir l'hospitalité aux étrangers. Ces comportements s'inscrivent dans le prolongement de certains réflexes fondamentaux, comme l'instinct de conservation et la protection par tout un chacun de sa progéniture, l'amour de sa personne et de son prochain, le rejet de la souffrance d'autrui ; il n'est donc pas surprenant que les habitudes altruistes constituent un aspect quasi-universel des sociétés humaines (OCDE, 2003). Seulement, ces facteurs instinctifs ou émotionnels n'apportent qu'une explication hypothétique de l'action philanthropique.

Le motif le plus visible et le plus direct est le devoir religieux. Fréquemment assimilée à la notion de charité, elle s'inscrit dans l'histoire, depuis les premiers textes éthiques jusqu'aux oeuvres caritatives que nous connaissons aujourd'hui, en passant par l'assistance qu'apportent les Eglises au fil des siècles. On considère généralement qu'il repose à la fois, sur le désintéressement et l'égoïsme, puisqu'il associe la notion de sacrifice personnel et la perspective d'une récompense ultérieure. Les principales religions du monde demandent à leurs membres de faire des dons aux oeuvres caritatives, de lutter contre la souffrance et la pauvreté, d'ouvrir leur porte à « l'étranger ». Le religieux est toujours prêt à faire des dons parce qu'il espère avoir une récompense dans l'au-delà. Dans le christianisme qui est l'une des religions les plus répandues dans le monde et dans le judaïsme, il y a la pratique de la dîme, qui consiste à consacrer un dixième de ses revenus aux dons caritatifs. Ceci est la condition pour un pratiquant de montrer qu'il est engagé.11(*) Cette dîme signifie un dixième de tous ses biens, sans distinction de qualité ou de quantité. Chaque croyant donne cette dîme pour dire merci à son créateur pour tous les biens qu'il lui procure. Ce don permet aux pasteurs et prêtres de vivre aisément, et de venir en aide aux pauvres. C'est dans ce sens que l'Eternel demande aux hommes de partager ce qu'ils possèdent avec les démunies, afin de recevoir beaucoup de bénédictions.

Quant à l'Islam, il impose aux Musulmans de consacrer 2,5 % de leurs biens, chaque année aux oeuvres de bienfaisance. C'est pourquoi les premiers grands hôpitaux ont été fondés par les chefs musulmans du Moyen-âge. Lors d'une conférence organisée au Pakistan en 2000, l'Aga Khan a déclaré :

« La philanthropie et le don caritatif occupent une place centrale dans les enseignements du Coran, dans les écrits des penseurs musulmans, ainsi que dans l'histoire des Musulmans, dans toutes les régions et toutes les cultures du monde islamique ... Très tôt, les donateurs musulmans fortunés ont conçu un système spécial - les dotations (Awqaf) -- afin que les activités caritatives puissent acquérir une certaine autonomie. Le financement du développement social par des organismes philanthropiques (qu'il ne faut pas confondre avec les oeuvres de bienfaisance) est un phénomène un peu plus récent. Il a d'abord pris la forme d'un soutien financier aux écoles et aux hôpitaux, le plus souvent au moyen de donations. »12(*)

En ce qui concerne les textes sacrés de l'hindouisme, ils prônent la charité : les pratiquants doivent savoir partager, venir au secours des autres sans toutefois en attendre de contrepartie, ils doivent pouvoir répondre présent si l'on a besoin d'eux. Et les Bouddhistes sont exhortés à suivre l'exemple du Bodhisattva, qui « laisse le meilleur de sa nourriture aux affamés,... protège ceux qui ont peur, ... soulage les maux de ceux qui souffrent, ... [et] partage ses richesses avec les pauvres»13(*) (OCDE, 2003, op. Cit.).

Bien que les sociétés laïques aient donc tendance à mettre de côté la religion, et à faire abstraction de son pouvoir de modeler les institutions et les comportements, la religion reste la « mère de la philanthropie ... en termes de concepts et de procédures»14(*). Les missionnaires chrétiens ont toujours été actifs dans certaines parties du monde figurant parmi les moins développées et les plus dangereuses. Leurs efforts pour améliorer le bien-être matériel des populations, servent de modèle et d'inspiration aux programmes de bénévolat parrainés par les pouvoirs publics. Aussi, il est manifeste que les préceptes bibliques sous-tendent les initiatives philanthropiques dans les pays occidentaux. Plusieurs oeuvres caritatives sont faites par les communautés religieuses. Ainsi, il importe de préciser que la chrétienté a toujours eu une influence majeure sur les politiques et les programmes officiels en matière d'aide aux nécessiteux, d'acte de générosité et de charité.

Toutefois, parler de la religion comme source unique de philanthropie serait nier l'existence des autres actions menées par certains acteurs de la société. En effet, la philanthropie tire ses sources dans des croyances religieuses et non religieuses. La preuve en est qu'au Cameroun, avant l'arrivée des courants religieux, nos ancêtres pratiquaient des actions philanthropiques. Ces dernières étaient basées sur l'entraide, la solidarité, etc. Il reste alors à présenter dans un cadre général la conception laïque de la philanthropie.

2 - LES ORIGINES LAÏQUES DE LA PHILANTHROPIE

La philanthropie est aussi en effet d'origine non religieuse. Elle relève de la fierté personnelle, car plusieurs donateurs veulent se faire connaître de la descendance future. Ce sont des gens qui aimeraient que la progéniture future reçoive ou garde des souvenirs marquant leur présence. C'est pourquoi, ils créent des institutions qui deviendront, par la suite, autant de « monuments » commémoratifs de leur générosité et de leur volonté de contribuer au bien-être de l'humanité. Ils mettent leur fortune à la disposition de leur fondation, afin de limiter les souffrances de leurs semblables.

Le plus grand philanthrope des temps modernes est Andrew Carnegie. C'est un homme d'affaires américano-écossais autodidacte qui, à l'âge de soixante cinq ans, s'est retiré de la vie active pour se consacrer à l'action philanthropique. Ce philanthrope avait un objectif précis : « installer des échelles afin de favoriser l'ascension de tous ceux qui le désirent »15(*). Pour atteindre son objectif, il avait dressé la liste des améliorations souhaitables à l'échelle communautaire, classées par ordre de priorité décroissant. La liste de Carnegie énumérait en fait les oeuvres de bienfaisances classiques. Des philanthropes à l'instar de Carnegie, insistaient sur la nécessité d'aider les gens à s'aider eux-mêmes, au lieu d'accepter qu'ils se conduisent comme des bénéficiaires passifs.

Un autre facteur qui favorise la philanthropie, peut être la recherche de l'intérêt personnel. Cette recherche peut prendre des formes diverses. Les dons caritatifs sont généralement exonérés d'impôts, y compris ceux que chacun peut faire à sa propre oeuvre de bienfaisance. C'est pourquoi, certains ont affirmé que Henry Ford avait créé la fondation qui porte son nom avec les biens de sa société, afin de soustraire sa fortune à l'impôt. Mais, quel que soit le bien-fondé de ces accusations (que les fondations se sont employées à réfuter) la marge est étroite entre les incitations fiscales à la philanthropie et les possibilités d'évasion fiscale et les conflits d'intérêts.

La philanthropie du XXI ème Siècle est beaucoup plus diversifiée et peut compter sur l'apport des hommes et des femmes. Elle n'est plus réservée aux riches à la retraite, ou encore aux pays dits développés. Elle s'est rajeunie et est de moins en moins la préparation d'un legs à la postérité que l'on réserve pour la retraite16(*). Bien que l'on associe souvent la philanthropie aux pays industrialisés du Nord, il y a des traditions de sollicitude, de don et de soutien communautaires dans le monde entier. On observe aujourd'hui une augmentation de la philanthropie formelle et informelle dans les pays du Sud, où le nombre des particuliers philanthropes et des nouveaux projets et institutions augmentent.

Les travailleurs migrants sont une source philanthropique à ne pas négliger (Fondo et Tchouassi, 2007). Ils ont toujours envoyé de l'argent pour aider leurs familles. Or, le nombre de migrants allant croissant, la technologie facilitant les transferts financiers et la collecte des données, on note un intérêt grandissant pour les envois de fonds comme moyen potentiel de développement. Les principaux pays à recevoir les envois de fonds sont les pays du Sud. Car, l'argent va du Nord et de l'Amérique Centrale vers les pays défavorisés. L'argent va principalement aux familles, mais aussi aux Etats, car des montants toujours plus élevés sont versés collectivement pour la résolution de problèmes communautaires. Les gouvernements de ces pays y trouvent aussi une source importante de devises. Dans les pays de résidence, les collectivités de migrants ont formé des associations dont l'une des finalités est souvent de fournir un appui à leur ville, ou région d'origine. En 2004, par exemple, plus de six cent de ces associations réparties dans trente villes étasuniennes ont mis en commun des fonds pour des activités diverses dans le pays d'origine, et elles ont obtenu l'appui financier des Etats et du gouvernement fédéral Américain17(*). Le lien entre les diasporas et leur communauté d'origine va au-delà des envois de fonds et englobe d'autres formes d'investissement économique et social. Des particuliers ont, en outre, créé des ONG qui s'occupent de problématiques plus larges dans leurs pays.

Avant de demander de l'aide aux autres, les populations doivent faire des efforts pour sortir de la misère. Il est vrai que certains reçoivent l'appui de fondations privées du Nord, ou du réseau en expansion des fondations communautaires, mais d'autres sont mis sur pied par les entreprises et les populations locales. Ce sont les organisations de la société civile. Ces dernières sont les agents de l'économie sociale et solidaire (ESS). L'économie sociale et solidaire désigne l'ensemble des activités économiques qui, dans une économie développée ou en développement, n'ont pas pour motif principal le profit. L'ESS recouvre des ensembles de tailles différentes, et la nature de leurs activités se caractérise également par une grande diversité.

Elle est constituée pour répondre à des besoins peu ou mal pris en compte par les institutions conventionnelles, notamment par l'Etat ou par le marché, tant au niveau national qu'au niveau international (Tsafack Nanfosso, 2007). Cette dernière est née dans les années 1830 et 1840, à travers un véritable fourmillement associatif (Tchouassi, 2007). Toutefois, pour mieux comprendre la philanthropie, nous devons connaître ses défis et ses caractéristiques.

II - DEFIS ET CARACTERISTIQUES MAJEURS DE LA PHILANTHROPIE

Pour parvenir à leur but, les philanthropes ont des défis à surmonter. C'est ainsi que les actions philanthropiques ont des caractéristiques spécifiques.

1 - LES MULTIPLES DEFIS DE LA PHILANTHROPIE

Traditionnellement, la philanthropie était l'oeuvre des riches qui donnaient d'importantes sommes pour des causes sociales. Aujourd'hui, elle se fait plus englobante et se traduit, outre les dons d'argent, par le don de biens, de compétences, de services et de temps utilisés à favoriser le mieux-être des populations. Elle comprend les dons majeurs de particuliers mais aussi les dons plus modestes versés par de très nombreux individus. Pour le philanthrope, le développement est un processus à caractère social ; aussi participer à l'amélioration de la qualité de vie de ses semblables lui est normal et très important.

Seulement, améliorer la situation économique et le bien-être général des populations constitue une tâche complexe. Il est donc nécessaire de travailler en partenariat, ceci en implique plusieurs acteurs. En s'associant, ils forment des organisations qui s'attellent à améliorer le mieux possible les conditions de vie de populations en difficulté. Confrontés pour cela à plusieurs défis dans la sélection et le suivi des projets, ils doivent ménager des efforts pour concilier les réalisations immédiates et le développement des capacités sur le long terme. Ils doivent aussi prendre en compte le développement durable. Cette notion apparue en 1980 dans un ouvrage intitulé, « la stratégie mondiale de protection de l'environnement » et présenté par l'Union Internationale pour la conservation de la nature, se définit comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Les philanthropes qui veulent changer en bien la qualité de vie de leurs semblables, ont donc le devoir de développer l'humanité, tout en respectant l'environnement et les équilibres écologiques fondamentaux. Sous l'impulsion de puissants facteurs internes et externes, la philanthropie opère actuellement une triple révolution placée sous le sceau de la transparence, de l'efficacité et de la coordination. Cette « grande transformation » n'est pas achevée et doit encore surmonter plusieurs défis, dont celui d'une légitimité renforcée dans l'espace social. Cette évolution constitue néanmoins une réelle opportunité, afin que les fondations puissent jouer un rôle plus important dans le paysage de l'aide au développement et pour amorcer une phase de coopération renforcée avec les bailleurs de fonds institutionnels du développement. S'ils constituent toujours une référence importante pour la communauté philanthropique, les Objectifs du Millénaire pour le développement ne semblent pas véritablement appelés à jouer un rôle unique dans cette coordination.

Il émerge partout dans le monde de nouvelles fondations. En Colombie, la fondation Alvar Alice finance l'organisme « Paz y Bien », qui accompagne les jeunes victimes de la violence urbaine et des déplacements forcés. Dans le Sud, le réseau des fondations communautaires grandit aussi, notamment en Afrique et en Thaïlande où l'on note une croissance de l'activité philanthropique. Cette émergence est possible grâce à la contribution des Worldwide Initiatives for Global Support (WINGS), avec les fonds de la Banque mondiale (BM) et de fondations étasuniennes. Celle-ci est complétée par les dons versés par des gens de classe moyenne et de riches particuliers de chaque pays18(*).

Pour ne pas rester en dehors de ce changement, plusieurs organisations ont vu le jour en Afrique. Ce sont les Organisations non gouvernementales (ONG) qui se concentrent généralement sur les activités liées à l'amélioration du bien-être et à l'allègement des souffrances des populations. Les fondations quant à elles, ont le plus souvent des objectifs de développement à long terme, ou s'emploient à éliminer les causes profondes du dénuement. Ces observations n'ayant cependant qu'une portée très générale, il va de soi qu'il existe des exceptions. Les contributions apportées au développement par les fondations sont aussi nombreuses et variées que celles des ONG ou des agences gouvernementales : elles peuvent aller de bourses d'études individuelles et de subventions destinées à la sauvegarde de l'héritage naturel et humain à des projets de développement dans pratiquement tous les domaines économiques et sociaux (OCDE, 2003, op. Cit.).

L'argent n'est donc pas la seule chose reconnue en philanthropie. Les préoccupations des organisations à but non lucratif ont évolué au fil du temps. Il est à noter que l'activité philanthropique actuelle met l'accent sur le soutien à la démocratie, à la participation de la société aux décisions, à l'amélioration de la qualité de vie des individus et à l'établissement de la paix. Tout ceci est primordial en philanthropie car, le maintien de la cohésion sociale permet la collaboration des acteurs sociaux et la mise en place d'un développement durable. La fondation Soros, l'une des principales qui soit de création récente, s'est spécialisée dans ce domaine (OCDE, 2003, Ibidem.).

D'autre part, Bill Clinton n'a pas une grande fortune, mais il a un pouvoir de convocation. En septembre dernier, l'assemblée annuelle de la « Clinton Global Initiative » a attiré quarante cinq Présidents directeurs généraux des entreprises mondiales, soixante chefs d'Etat, de très nombreux leaders de causes diverses et même quelques personnalités de Hollywood et qui ont engagé, au final, près de huit Milliards de dollars pour de nouveaux projets19(*). Bill Clinton fait partie de ces personnes, qui peuvent convaincre beaucoup d'acteurs, capables d'amener un grand nombre à prendre conscience de la nécessité d'améliorer les conditions de vie des individus démunis.

Dans le domaine du développement, la philanthropie n'oeuvre pas seule, il y a aussi des programmes d'aide gouvernementaux. Pour qu'une action soit reconnue philanthropique, ou encore pour qu'une oeuvre soit perçue comme une oeuvre philanthropique, elle doit respecter plusieurs caractéristiques.

2 - LES CARACTERISTIQUES DE L'OEUVRE PHILANTHROPIQUE

La philanthropie regorge de caractéristiques aujourd'hui largement reconnues. Les principales sont : le volontariat, le bénévolat, le désintéressement, etc.

Pour ce qui est du volontariat : c'est un statut juridique sous lequel des personnes engagent un travail, le plus souvent à vocation humanitaire, sociale, sportive, culturelle, etc. Ici, les tâches accomplies sont sans compensation pécuniaire. Le service volontaire est un échange entre une personne qui offre : son temps, son travail, son énergie au bénéfice d'un projet d'intérêt général. Pour cela, il suppose un engagement réciproque et formalisé, libre, désintéressé, au service de la collectivité, avec un horaire par semaine et une durée précise. Le service volontaire peut être une activité à plein temps. Cependant, les volontaires ne sont pas des employés, ils ne reçoivent pas de salaire.

Le service volontaire n'est donc pas un moyen de gagner sa vie au sens financier du terme, mais de s'enrichir d'une autre manière tout en apportant sa contribution concrète à un projet d'utilité collective. En effet, un volontaire est une personne, (homme ou une femme), majeure. Fortement motivée, la personne volontaire met bénévolement ses compétences au service de partenaires ou de populations qui en ont exprimé le besoin (avis du Conseil Economique et Social du 24 février 1993). L'interpellation d'un citoyen non indifférent, qui croise un problème, est toujours à l'origine de l'initiative qui va devenir une « cause ». La non indifférence est la principale caractéristique du volontariat, et c'est elle qui suscite les motivations.

En matière de bénévolat ensuite : Le bénévolat est une activité de service non rétribuée et choisie volontairement. Cette activité s'exerce en général au sein d'une association. C'est une activité qui consiste, pour un individu à offrir pour contribuer au fonctionnement d'une organisation sans exiger aucune rémunération. Le statut de bénévole n'existe pas de façon légale, toutefois il se distingue de façon claire. Le bénévole est celui là qui « fournit à titre gratuit une prestation de travail par sa participation au fonctionnement et à l'animation de l'association de son plein gré et d'une manière désintéressée »20(*).

Pour ainsi dire, un bénévole est « une personne qui s'engage librement à mener une action non salariée en direction d'autrui, en dehors de son temps professionnel et familial » (avis du Conseil Economique et Social du 24 février 1993). On peut donc dire sans risque qu'un bénévole est un citoyen engagé qui place son temps libre au service de toute la communauté.

Enfin, en ce qui concerne le désintéressement : C'est la qualité de celui qui est désintéressé, c'est le détachement de tout intérêt propre. Dans l'engagement désintéressé, je donne mon temps et rien n'est attendu en échange d'équivalence, rien n'est prévu, rien n'est négocié. Et pourtant un retour important se réalise souvent : « je reçois plus que je n'ai donné » ! Mais ce retour ne s'effectue pas par un transfert de valeurs au départ du projet, de la cause, mais bien par un échange interne, une transformation interne : « je transforme le contenu de mon temps en lui donnant du sens ». On retrouve d'ailleurs ici également la réciprocité fréquemment rencontrée dans l'usage et le recours au don que connaissaient déjà, jadis, les sociétés africaines (Meillassoux, 1975).

Ici donc, le désintéressement se transforme en échange. Le don de temps, de sa personne, de son argent ne peut en aucun cas être assimilé à une vente, même si la production est la même. La joie d'avoir permis à un grand nombre de personnes de sortir de la misère, nous donne la force de continuer. Les règles dans ce domaine sont celles de la vie en commun, les règles de bon sens ; celles qui sont d'application pour bien faire fonctionner une organisation.

Encore qu'il faille préciser, par ailleurs, que les termes de volontariat et de bénévolat sont souvent utilisés indifféremment même si seul le volontariat est encadré par un statut juridique et réglementaire. Au sens juridique du terme, le volontariat est à distinguer du bénévolat. Car en effet, le bénévole donne une fraction de son temps variable à tout moment, et n'a d'autre engagement que moral. Le plus souvent disposant d'un statut par ailleurs (salarié, étudiant, retraité, demandeur d'emploi, etc.), le bénévole n'est pas rémunéré, même si la structure qui bénéficie de son aide peut notamment lui rembourser des frais engagés.

Quant au volontaire, il est engagé à plein temps, pour une durée définie, en général dans un milieu différent, et sur une mission précise. Il est nécessaire de lui donner un statut et de subvenir à ses besoins, ce qui se traduit le plus souvent par un contrat qui précise notamment ses conditions d'accueil (logement, nourriture, éventuelle indemnité...). Ces deux notions sont réunies dans certaines langues pourtant, la langue française utilise deux termes différents pour la situation.21(*)

Toutefois, pour mieux cerner la notion de philanthropie et sa concrétisation sur le terrain, nous devons également nous attarder sur la typologie des organismes à but non lucratif. Car, ce sont eux qui permettent l'effectivité des actions philanthropiques.

SECTION 2 : TYPOLOGIE DES ORGANISMES A BUT NON LUCRATIF ET LEURS MOYENS D'ACTIONS

Les organismes à but non lucratif sont des organismes qui ne génèrent pas de profits. Ces organisations sont les agents de l'économie sociale et solidaire (ESS) et ont chacun leurs spécificités, de même qu'ils regorgent de principes parmi lesquels :

- Servir la collectivité plutôt que rechercher le profit ;

- Prendre des décisions démocratiques ;

- Donner une priorité aux usagers et aux travailleurs.

Lorsqu'on parle de ces organismes à but non lucratif, on voit de prime abord, les organisations de la société civile.

I- LES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE

Selon Tamba (2004), les organisations de la société civile (OSC) peuvent être considérées comme  des structures d'individus en vue de promouvoir des fins qui ne correspondent pas nécessairement à des intérêts personnels : protection de l'environnement, lutte contre la pauvreté, défense des droits de la personne, lutte contre les violences faites aux femmes22(*).

Ces organisations sont différentes des mouvements sociaux, car les premières sont des entités structurées et institutionnalisées et les seconds sont spontanés. Les OSC regorgent plusieurs organisations qui sont : les fondations, les organisations non gouvernementales (ONG), les associations, les groupes d'intérêt communautaire (GIC), les groupes d'intérêt économique, pour ne citer que ceux-là. Nous allons présenter quelques unes.

1 - LE CAS DES FONDATIONS

D'après Emerson Andrews (1967), il y a des critères qu'un organisme doit remplir pour être considéré comme une fondation. Il doit :

- être non gouvernemental,

- avoir un but non lucratif,

- être géré par ses propres administrateurs et responsables, et

- promouvoir des activités sociales, éducatives, caritatives, religieuses, ou autres, permettant d'améliorer le bien collectif.23(*)

Ces critères définis par Andrews s'appliquent aujourd'hui aux fondations que l'on qualifie de « privées ». Les fondations privées s'attachent à améliorer les conditions de vie de populations en difficulté, ainsi qu'à élargir leurs opportunités en la matière. Confrontées à des défis similaires en ce qui concerne la sélection et la supervision des projets, elles doivent également concilier la réalisation d'objectifs immédiats et la nécessité d'un développement des capacités sur le long terme. La notion de « fondation privée » suppose qu'il existe des fondations d'un autre type, dites « publiques ». Pourtant celles-ci, n'appartiennent pas au secteur public : elles se distinguent des fondations privées par le fait qu'elles ne disposent d'aucune dotation privée importante, mais collectent progressivement des fonds auprès de différentes sources, y compris des fondations privées, des particuliers et des organismes officiels, ou grâce à la rémunération de services rendus.

Par rapport aux organismes bilatéraux d'aide, et qui ont des comptes à rendre à l'Etat, ces dernières présentent une plus grande hétérogénéité. Elles ne sont pas appelées à rendre compte aux parlements et leurs bienfaiteurs peuvent demander une certaine discrétion quant à leur générosité. Contrairement aux programmes d'aide gouvernementaux qui évoluent progressivement en fonction de la situation de leurs bénéficiaires et qui peuvent subitement changer d'orientation avec un changement de gouvernement, les programmes des fondations sont plus stables et plus subtiles. Ici, le conseil d'administration est auto renouvelable, et ceci assure une parfaite continuité, surtout permet la réalisation des projets à long terme. Indépendantes des gouvernements, les fondations sont également plus libres de prendre des risques, de s'intéresser à des programmes dont les bénéfices ne seront perceptibles qu'à long terme et d'expérimenter des structures organisationnelles très décentralisées.

Les résultats de leurs expériences peuvent alors suggérer des innovations intéressantes pour les organismes officiels, et fournir des mises en garde utiles à propos de conséquences jusqu'alors imprévues. Les fondations épousent les idées de leurs fondateurs, mènent des actions sur le terrain en choisissant eux-mêmes leur population cible. Leurs contributions vont des bourses d'études individuelles aux projets de développement sociaux, en passant par des subventions destinées à la sauvegarde de l'héritage naturel et humain. En plus de cette diversité, les fondations possèdent des caractéristiques spécifiques qui leur font occuper une place à part dans le domaine du développement. Elles sont suffisamment dotées pour se lancer dans des activités à long terme innovants, non dénués de risques et parfois à contre courant de certaines opinions ; (OCDE, 2003). Qu'en est-il des associations et des ONG, surtout dans le cadre camerounais ?

2 - LES ASSOCIATIONS ET LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES

Les associations font partie des organisations de la société civile et sont régies au Cameroun par la loi N° 90/053 du 19 décembre 1990. Cette loi marque la libéralisation et, surtout, concrétise la liberté d'association proclamée par le préambule de la constitution de 1972, entérinée par la loi N° 96-06 du 18 janvier 1996, portant constitution de la République du Cameroun24(*). Une association se définit comme une convention par laquelle des personnes mettent en commun leurs connaissances ou leurs activités dans le but autre que de partager des bénéfices. L'association n'est pas une entreprise capitaliste, elle peut plutôt être vue comme une entreprise sociale, c'est-à-dire qui n'a pas pour objectif de réaliser des bénéfices. Au Cameroun, la loi requiert deux régimes de création des associations :

- le régime de la déclaration : ici, il s'agit pour les fondateurs de porter à la connaissance des autorités sa création et son existence sous le régime légal en vigueur.

- le régime d'autorisation : l'autorisation est une permission accordée par l'autorité compétente à une personne ou groupe de personnes d'accomplir un acte juridique qui, dans ce cas précis, est la création d'une association25(*).

Par ailleurs, l'on dénombre plusieurs types d'associations :

- les associations religieuses  (tout regroupement de personnes vivant en communauté conformément à une doctrine religieuse);

- les associations étrangères (association dont le siège est basé à l'étranger) ;

- les associations amicales (ici, les membres sont des amis ayant quelques objectifs communs, elles servent plus à l'entraide des membres) ;

- les associations de villages (ressortissant d'un village)...

D'autres associations aussi prennent le statut d'utilité publique. Une association est ainsi dite « d'utilité publique » quand elle joue un rôle considérable dans le développement des communautés, en rapport avec les orientations et les stratégies arrêtées par le gouvernement. Pour cela, elle doit contribuer à la réalisation des objectifs du gouvernement dans le cadre du développement. L'avantage ici pour l'association déclarée d'utilité publique est qu'elle aura la possibilité de recevoir les financements du gouvernement et des bailleurs de fonds. Tandis que les autres qui ne sont pas reconnues d'utilité publique n'ont pas d'autres sources que leurs cotisations, leurs frais d'adhésion...

Après un certain temps d'existence, une association peut se transformer en ONG. Pour cela, il lui suffit de faire la demande d'autorisation pour les ONG. Il faut néanmoins signaler qu'aujourd'hui, avec la loi sur les ONG, ces dernières ne sont plus obligées de passer par la dénomination des associations.

Une Organisation Non Gouvernementale (ou ONG) est donc une association déclarée ou une association étrangère autorisée conformément à la législation en vigueur, et agréée par l'administration en vue de participer à l'exécution des missions d'intérêt général. Elle a pour particularité de s'occuper des intérêts des autres. Elle est réglementée au Cameroun par deux textes en vigueur :

- La loi n°99/014 du 22 décembre 1999 qui régit spécifiquement les ONG ;

- La loi n°90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association, qui est une loi générale pour toutes les associations.

Il en résulte qu'il ne suffit pas d'une disposition légale pour être une ONG. Il faut en plus que l'association déclarée, soit sous l'égide de la loi de 1990 et obtienne un agrément de l'administration. En ce qui concerne une association étrangère, elle doit obéir, selon la loi sur les associations, au régime de l'autorisation. De même qu'elle doit aussi être agréée, conformément à la loi de 1999, pour jouir du statut d'ONG26(*). L'agrément est accordé par arrêté du MINATD, dans un délai de 75 jours à compter de la date de dépôt auprès du Gouverneur.

Enfin, une ONG peut aussi être dissoute. Au Cameroun, la loi prévoit deux types d'initiatives de dissolution d'une ONG :

- l'initiative de l'organisation, c'est-à-dire la volonté de ses membres, sous réserve de respecter les statuts alors librement constitués lors de la création ; et

- l'initiative judiciaire. Celle-ci est la résultante d'une décision rendue par la juridiction compétente.

En dehors de ces initiatives, le MINATD peut, par arrêté, dissoudre toute ONG dont les activités portent atteinte à l'ordre public et à la sécurité de l'Etat27(*).

Les ONG n'ont pas suffisamment de moyens pour mener à terme leurs projets. Elles bénéficient, le plus souvent, de la philanthropie internationale, des bailleurs de fonds et même des populations. Les ONG camerounaises n'ont pas la liberté d'action, car elles peuvent être dissoutes. Elles ont donc des comptes à rendre à l'Etat. Quels sont cependant les moyens mis en oeuvre par ces organisations sur le terrain ?

II-LES MECANISMES DE FINANCEMENT MIS EN OEUVRE SUR LE TERRAIN

La philanthropie requiert non seulement de la volonté, mais surtout les moyens financiers pour déployer son action de manière efficace et pérenne. Le financement peut être défini comme étant la recherche des ressources pouvant financer un projet. Il existe des mécanismes mis sur pied pour aider à mener à bien le développement. Toutefois conscients de l'incapacité de l'Etat à parvenir à tout cet aménagement, les organismes de la société civile et les populations se sont mis à l'oeuvre de façon informelle pour améliorer leurs conditions de vie. Alors quels peuvent être, dans l'ensemble, les moyens de financement de leurs activités ?

1 - LE FINANCEMENT DES ACTIVITES

Les fondations sont des institutions privées et il arrive qu'elles préfèrent opérer dans la discrétion. Certains philanthropes pensent qu'il n'est pas convenable de faire connaître publiquement leurs bonnes oeuvres. Par ailleurs, il est possible qu'un certain nombre de fondations craignent qu'une éventuelle notoriété de leurs activités ne les expose à l'ingérence des groupes de pression. Aujourd'hui, bon nombre de donateurs ne se contentent plus de faire un legs testamentaire, ou simplement un chèque, à une organisation caritative. Plus proactifs, ils repèrent les enjeux auxquels ils veulent s'associer, partent visiter les régions où ils pensent pouvoir faire changer des choses, et demandent conseil dans le but de prendre des décisions plus stratégiques. Les intérêts des donateurs sont de plus en plus ciblés; leur désir de s'engager, plus manifeste et plus urgent. En fait, on trouve chez eux de nombreux traits qui sont caractéristiques de l'approche d'entreprise.

En général, la vocation des fondations est plus spécifique que celle des organismes publics responsables de l'aide bilatérale, mais moins que celle des ONG qui se consacrent au développement. Cela s'explique par la différence de dimension ainsi que par les objectifs et les centres d'intérêt de leurs bienfaiteurs. Ainsi, les fondations portent un grand intérêt à l'action sociale et aux projets concernant l'environnement En même temps, de nombreuses fondations privilégient le contrôle des naissances dans l'action à l'égard des populations. Les fondations continuent aussi à prendre des initiatives notables en faveur du développement dans les domaines traditionnels de la recherche agricole et médicale. Ce sont les fondations américaines qui jouent de loin le rôle le plus important au service du développement. Elles le doivent en premier lieu à leur dimension et à leur expérience (OCDE, 2003, op. Cit.).

Les ONG travaillent dans le même sens que les fondations. Leurs activités ne doivent pas être menées en vue de générer des profits. Elles oeuvrent plutôt dans l'optique de réduire la pauvreté des bénéficiaires, d'améliorer leurs conditions de vie. Contrairement aux fondations qui supportent toutes seules leurs décisions et leurs réalisations sur le terrain, les bénéficiaires des ONG doivent être étroitement associés. Leur participation débute dés la sélection des projets, jusqu'à sa réalisation proprement dite.

Le financement des opérations à l'échelle des quartiers est stratégique pour l'accès aux logements et aux multiples services de base. Dans le cadre de l'amélioration et de l'assainissement des infrastructures de certains quartiers urbains, les financements octroyés ne transitent pas nécessairement par les caisses des organismes publics ou par les caisses des organismes bis ou multilatéraux. Quelques fois des fonds sont reçus par les associations nationales des associations soeurs implantées à l'étranger ou des élites intérieures ou extérieures des quartiers urbains. Ces fonds, le plus souvent considérés comme des aides, sont utilisés pour la viabilisation des pistes des quartiers ou pour l'entretien et le curage des caniveaux. Pour que des travaux soient effectifs, les populations doivent s'associer et participer aux travaux, car ils sont les premiers bénéficiaires.

En ce qui concerne les associations rotatives d'épargne et de crédit (ou AREC)28(*), les tontines permettent à plusieurs de se développer et de développer leur localité, car l'environnement est un facteur important au développement. Les tontines sont des regroupements informels de personnes qui mobilisent leurs épargnes dans le but de s'entraider mutuellement (Tchouassi, 2004). Au Cameroun, il existe plusieurs variantes de tontines selon la destination des fonds. Lorsque l'on constate par exemple que dans la localité, il y'a beaucoup de chômeurs et que ces derniers ne peuvent pas facilement avoir accès à un crédit, l'association peut décider de permettre aux membres d'avoir un capital. Cela se passe beaucoup plus dans les associations féminines. Au terme de la tontine, chaque membre doit être capable d'être au moins « bayam Sellam29(*) ».

Dans tous les cas la tontine constitue un des moyens de financement du développement personnel ou des infrastructures urbaines. Les fonds octroyés sont remboursés à court, moyen et long termes. L'inconvénient est que ces fonds sont réservés à une catégorie de personnes et aux participants des associations tontinières.

En ce qui concerne les associations caritatives, elles constituent un trait d'union entre l'église et les populations et continuent de favoriser à leur façon l'amélioration, l'assainissement et le développement des infrastructures urbaines (Tchouassi, 2004).

Ce type de financement doit toutefois être relayé par des cotisations des populations bénéficiaires des ouvrages construits ou entretenus pour leur pérennité.

2 - LES CONTRIBUTIONS DES POPULATIONS

A Yaoundé au Cameroun, le développement urbain comme local se fait à tous les niveaux. Tous les maillons de la chaîne se mettent ensemble pour améliorer la qualité de vie des populations ceci, en commençant par les populations elles mêmes. Et l'apport de ces dernières peut se faire de plusieurs manières.

A l'échelle du quartier, les comités d'animation au développement réalisent de nombreux microprojets communautaires qui ont un impact positif sur l'amélioration des conditions de vie des populations. Ces microprojets vont de l'éducation à la citoyenneté, en passant par la réalisation des infrastructures de base. Le mouvement associatif joue un rôle important dans la lutte contre la pauvreté. De nombreuses associations se déploient pour résoudre des problèmes aussi divers que l'entraide, l'insalubrité, les routes, l'eau potable et dans certains cas, de l'insécurité et de l'amélioration des revenus. Pour cela, il doit exister un plan de développement local (PDL). Un plan de développement local peut être défini comme « un cadre retraçant l'ensemble des programmes et projets cohérents et concertés de développement à exécuter en adéquation avec les orientations nationales, régionales et communales. Il précise le but, les objectifs, les stratégies et les résultats à atteindre dans un temps donné et éclaire sur les moyens nécessaires, etc. en fonction des potentialités et contraintes du milieu, des choix effectués par le conseil municipal, la société civile et les partenaires au développement, etc. »30(*). Aussi une collaboration est-elle nécessaire entre les associations à la base et les communes.

En finançant sur leurs fonds propres la construction ou l'amélioration des infrastructures notamment les logements, les pistes piétonnières, les ponts, les populations jouent un rôle très important dans le développement local au Cameroun. Ces dernières financent sur leurs fonds propres la construction d'ouvrages d'assainissement (égouts, puisards, caniveaux, puits, sources, etc.), les branchements aux réseaux d'eau potable et d'électricité. Néanmoins, cette forme de financement reste très limitée au Cameroun à cause de la pauvreté et de la précarité des ressources financières (Tchouassi, 2005).

Lorsque les populations n'ont pas les moyens de financer certains travaux, elles s'organisent pour le faire elles-mêmes (notamment par un investissement humain). Les populations à la base n'aiment pas rester inactives quand leur environnement est sale. Elles commencent parfois à rendre l'espace propre et salubre en attendant le secours du gouvernement ou des bailleurs de fonds. On ne peut aider que celui qui travaille déjà. Dans certains quartiers à habitat spontané, l'extension de ces infrastructures de base se fait individuellement ou en groupe. Dans certaines zones, la société HYSACAM, chargée du ramassage et de la traitance des déchets au Cameroun ne peut pas y accéder. Pour ne pas transformer le quartier en poubelles, les populations se regroupent et passent dans les ménages récupérer ces ordures qu'ils apportent ensuite dans les dépôts de la société. Cela permet aux familles de ne pas verser les ordures dans des rivières, ce qui créerait des problèmes de santé.

Pour résoudre les problèmes de sécurité il a été créé, dans certains quartiers, des comités de vigilance composés de jeunes désoeuvrés opérant avec une efficacité plus ou moins bonne selon les localités. Ces jeunes veillent la nuit, afin de repousser des bandits dans la zone. Dans d'autres localités, les habitants qui désirent le passage d'une route commencent à creuser eux-mêmes les caniveaux, afin de prouver à tous leur volonté d'oeuvrer pour leur bien-être. De même, pour pouvoir circuler dans le quartier sans affronter la boue en saison de pluies, la population s'organise de façon à faire des séances de travaux manuels pour arranger la route. On peut aussi parler des habitants des bas fonds qui vivent les inondations pendant les saisons de pluies, l'apport non numéraire des populations est la canalisation des eaux, le curage des zones à risque. Il reste néanmoins vrai que l'apport financier est important pour apporter des solutions durables mais l'apport en nature peut amener les bonnes volontés à financer l'ouvrage.

Conclusion du Premier Chapitre

Ce premier chapitre portait sur la philanthropie des organisations à but non lucratif. Après avoir présenté les sources de la philanthropie et ses caractéristiques, nous avons montré la spécificité de chaque organisation dans le développement local. Nous avons précisé que les organismes à but non lucratif font beaucoup de la philanthropie, parce que leur but n'est pas de générer de profits, mais de faire du social. Parlant de leurs moyens de financement, nous avons indiqué que les philanthropes n'attendent pas l'aide du gouvernement. Ils se donnent des moyens, ou encore créent des moyens pour financer leurs différentes réalisations. Hors d'Afrique, ils ont plus de moyens parce que des hommes, parmi les plus riches du monde, créent des fondations afin de partager leur richesse avec les démunis. C'est pourquoi, ils oeuvrent de façon internationale. Mais en Afrique, par contre, force est de constater qu'il y a aujourd'hui encore peu de financements.

CHAPITRE 2 : LES DIFFERENTES APPROCHES DU DEVELOPPEMENT LOCAL

Introduction

Face à la montée conséquente du chômage, aux problématiques d'exclusion et de pauvreté, les initiatives se sont multipliées pour minimiser les effets pervers des modifications profondes en cours. Aux initiatives de développement communautaire se sont ainsi ajoutées des préoccupations pour l'entrepreneurship, les PME et le développement de milieux dynamiques capables de les soutenir de façon cohérente (Prévost, 1993). Les gouvernements, les municipalités, les groupes intermédiaires, les universitaires ont tous tenté de comprendre le phénomène, de développer des réponses, des politiques et des initiatives pour relancer le développement de l'emploi et réduire la pauvreté. On a, de plus, assisté à la multiplication des organismes de support au développement et à l'épanouissement d'une nouvelle classe d'acteurs. C'est ainsi qu'on a pensé au développement local c'est-à-dire, celui qui vient d'en bas. Alors, qu'est-ce effectivement que « le développement local »?

SECTION 1 : LE DEVELOPPEMENT LOCAL : UN PHENOMENE EMERGENT

Le développement local apparaît comme une démarche novatrice de développement. Pour bien en cerner toutes les dimensions et saisir l'intérêt qu'il suscite, il faut tout d'abord analyser les facteurs ayant conduit à son émergence, ainsi que les facteurs de son assise théorique. Avant de montrer ensuite que, dynamique émergente, le développement local demeure néanmoins aussi et surtout un phénomène endogène c'est-à-dire, qui provient exclusivement de l'intérieur et qui est effectué par des acteurs précis.

I - L'EMERGENCE DU DEVELOPPEMENT LOCAL

Le développement local est la résultante d'une dynamique initiée et sans cesse entretenue par les acteurs locaux bien précis. Il a une inscription essentiellement territoriale (Essombè Edimo, 2005a et 2005b, pp. 112/13). Cette vision rompt avec le rôle centralisateur de l'Etat, auquel il revenait d'organiser le territoire et d'en régenter les modalités de développement. Quels sont son historique et ses caractéristiques dans sa réalisation.

1- CONDITIONS D'EMERGENCE DU « DEVELOPPEMENT LOCAL »

Depuis la fin des années 1970, on assiste à travers le monde à l'abandon d'un développement économique exclusivement centrifuge (Essombè Edimo, 2007b). Pendant cette même période, les stratégies de développement menées sous l'égide des Etats manifestent leurs limites. La concentration des pouvoirs économiques, culturels, techniques dans leurs mains ne permet plus d'assurer la cohérence nécessaire pour soutenir les processus de développement : c'est la crise de la centralisation à outrance, suite logique du fordisme. En ayant cultivé une organisation industrielle et du développement basée à la fois, sur le gigantisme des entreprises, au sein desquelles par ailleurs règne le Taylorisme, et une conception de l'espace fondée sur deux idées-forces à savoir, la polarisation et la domination, le fordisme avait en effet fini par conduire à l'idée que le développent « venait exclusivement d'en haut » (Pecqueur, 1992).

Dans les pays du Sud, les efforts des ONG et aussi ceux de très nombreux autres opérateurs, comme les sociétés de développement pour « organiser les populations », conduisent à l'apparition d'organisations réellement représentatives qui acquièrent des capacités de négociation avec le pouvoir central. Au Cameroun, comme dans de nombreux pays d'Afrique, la pauvreté ambiante ouvre un espace aux organisations de proximité. L'activité économique se spatialise. Plus généralement, responsables politiques et opérateurs de développement sont de plus en plus convaincus qu'il n'y a pas de développement possible sans prise en compte des références sociales et culturelles des populations concernées. Chaque région, chaque terroir même, a des traits qui lui sont spécifiques dont il faut tenir compte dans l'élaboration des processus de développement et, plus encore, dans leur conduite. Il s'agit dès lors de revitaliser des formes de solidarités locales face aux contraintes imposées par les mécanismes économiques (prix des matières premières, logique techniciste du développement, etc.) et par les instances politiques nationales (parti unique, remontées de toutes les décisions au niveau central, etc.).

Par ailleurs l'émergence des questions locales porte à un niveau politique des débats antérieurement limités aux techniciens. "Penser global, agir local" rend compte de la demande des acteurs locaux d'être partie prenante des décisions qui les concernent. Pendant des années, le fordisme a poussé à « la normalisation et à l'uniformisation des trajectoires de développement, tandis que les pratiques de développement local valorisent la richesse des différences comme facteur de développement (...).L'agent économique devient acteur... »31(*). Et, sous l'effet de plusieurs facteurs (comme les innovations technologiques, des attraits environnementaux particuliers, ou des externalités des collectivités territoriales organisées, voire de l'implication volontariste de celles-ci), on note qu'une nouvelle interaction apparaît désormais entre « le global » et « le local ». Puisqu'au fond, le développement local décrit finalement les différentes modalités d'adaptation des acteurs, des citoyens et autres producteurs locaux aux « forces hétéronomes extérieures et, surtout, à la mondialisation »32(*).

De même, l'action locale apparaît d'autant plus indispensable que les efforts demandés aux populations pour assurer le développement leur semblent sans résultat sur leur niveau de consommation et sur leurs conditions de vie. Il faut aussi préciser qu'en pratique, les réflexions sur le développement local naissent dans les territoires ruraux, marginalisés, enclavés, oubliés par les mesures nationales de soutien à la croissance et d'aménagement. Les démarches du développement local visaient donc à préserver ces territoires d'une destruction éventuelle. C'est dire, comme l'observe avec pertinence Gouttebel (2005), que c'est à la fois la crise du système d'organisation industrielle et spatiale fordiste, l'accélération de la mondialisation, ainsi que le développement des mouvements de décentralisation et le besoin des populations d'avoir une certaine autonomie et de se prendre en charge localement qui sont autant de facteurs ayant conduit à l'émergence des démarches de « développement local ».

Ces démarches suscitent d'ailleurs un certain enthousiasme et la compréhension nécessite une étude véritable des caractéristiques du « développement local ».

2 - LES CARACTERISTIQUES DU « DEVELOPPEMENT LOCAL »

Le développement local doit prendre en compte à la fois, les théories du développement « par en haut » (les choix économiques sont décidés au sommet de l'Etat selon une logique sectorielle fondée sur la dotation inégale en facteurs de production des territoires) et du développement « par en bas » (les ressources d'un territoire, les besoins ressentis par sa population et les initiatives qu'elle prend, combinées aux ressources disponibles, sont à l'origine d'une dynamique de développement) pour être crédible (Greffe, 1988). En poursuivant son raisonnement, ce même auteur parvient à isoler quelques caractéristiques relatives au concept de développement local, à savoir que :

- un projet de développement local est transversal : il doit intégrer les domaines économique, social et culturel pour que les représentations du territoire et les réalisations économiques interagissent les unes avec les autres,

- les territoires susceptibles de mettre en place un projet de développement local peuvent avoir des tailles et statuts diversifiés : l'important est qu'ils soient des « [...] espaces vécus [...] où l'on peut associer une identité culturelle et une originalité économique [...] »,

- un projet de développement local est une démarche collective nécessitant la mise en synergie de tous les acteurs du territoire (élus, entrepreneurs, associations, institutions, travailleurs ...),

- le développement local se fonde en priorité sur les capacités endogènes de production d'un territoire, ce qui n'implique pas une fermeture sur l'extérieur mais au contraire une ouverture propice à des échanges multiples.

Cette position est également défendue par Pecqueur (1992, op. Cit.) pour qui :

« En réalité, le développement local n'est pas « localiste », il propose une grille de lecture du développement qui a vocation à embrasser sous un même regard l'organisation des hommes en vue de produire et de répartir les biens matériels dans une perspective d'évolution mondiale. » 33(*)

De ce fait, il est nécessaire que l'information circule bien tant au sein du territoire en développement qu'à l'extérieur, pour que les initiatives des différents acteurs du développement s'enrichissent au contact les unes des autres. Par ailleurs, la formation est un enjeu décisif pour la réussite du projet, puisqu'elle permet de maintenir un niveau de savoir-faire tout en favorisant l'émergence de nouvelles compétences au sein de la population. Enfin, les pouvoirs publics locaux doivent participer au projet de développement local en facilitant les différentes interventions des acteurs locaux, ainsi d'ailleurs que ses différentes modalités d'expression industrielle. A ce sujet, en partant des « districts industriels », jadis, initiés par Alfred Marshall (1890), les économistes s'accordent en effet pour dire que les différentes manifestations industrielles du « développement local » représentent une organisation industrielle essentiellement bâtie sur des entreprises de petite taille et qui intègrent des processus de coopération localisée (ou organisation en réseaux).

On y distingue, notamment, les « clusters 34(*)», les « systèmes productifs localisés ou locaux 35(*)», les « espaces serviciels 36(*)», les « technopôles », les « pôles de compétitivité », etc.

 II - LE DEVELOPPEMENT LOCAL : UNE DYNAMIQUE INITIEE PAR DES ACTEURS LOCAUX

Le développement local apparaît comme un pacte scellé entre les différents acteurs (Etat, Collectivités locales, ONGs, populations, etc.) impliqués dans l'amélioration des conditions de vie des habitants. En milieu rural, par exemple, il se fait à plusieurs niveaux :

- au niveau des entreprises rurales et de leurs entrepreneurs;

- au niveau des agents de développement qui accompagnent les porteurs de projets ;

- au niveau des municipalités rurales elles-mêmes qui doivent devenir des milieux innovateurs et entreprenants, et même,

- au niveau des populations à la base.

Pour le moment, nous allons présenter les cas de l'entrepreneur et des collectivités locales.

1- L'ENTREPRENEUR : UN ACTEUR DU DEVELOPPEMENT LOCAL

Le développement local est la résultante d'un dialogue permanent des acteurs divers (entreprises, producteurs locaux, individus, etc.) avec le territoire, ou encore des politiques territorialisées des grandes entreprises. Ici, chaque entrepreneur veut et peut maîtriser une part de son environnement. A telle enseigne que la région, la ville et la commune deviennent des territoires pertinents pour redécouvrir, ou renouveler, une identité collective ou pour développer des solidarités (Essombè Edimo, 2005b, op. Cit., pp. 116/17). On remarque que l'économie locale et spatiale est aujourd'hui le fait d'entrepreneurs bien identifiés c'est-à-dire des entreprises (souvent de petite taille, respectant la situation locale, géographique, sociale des territoires concernés) et des partenaires divers. Ces éléments se conjuguent alors dans un jeu dans lequel le système productif local n'est plus une simple juxtaposition d'unités de production, mais un système d'articulation entre les instances politiques et économiques. Ceci montre donc que l'entrepreneur n'est pas passif, il contribue activement à l'amélioration du niveau de vie des populations. Lorsque les entreprises s'implantent dans une région, c'est la garantie que plusieurs chômeurs pourront avoir un métier, mais quand elles délocalisent, plusieurs citoyens deviennent des chômeurs. Le développement local lutte contre la délocalisation des entreprises. Les entrepreneurs sont donc importants, car ils peuvent jouer sur le changement économique dans une localité.

Loin d'être un « être passif » et uniquement mu par la recherche du profit, comme le suggérait jadis les théories néoclassiques, l'entrepreneur du développement local est un acteur qui, avec d'autres, cherchent avant tout les modalités d'adaptation du territoire à l'économie globale. Il s'agit pour lui, comme pour tous les autres acteurs locaux, de résoudre leurs problèmes spécifiques de production de manière à s'insérer le mieux possible dans la globalisation. Cette question renvoie d'ailleurs à celle, sous-jacente, de la localisation des entreprises et, surtout, à celle aujourd'hui béante de l'interprétation de la mondialisation. Puisqu'en effet, une des interprétations met en évidence la dimension globale de l'économie et où les spécificités locales des territoires sont supprimées par la mobilité des entreprises au niveau mondial. Alors que l'autre considère qu'un avantage concurrentiel des entreprises repose plutôt sur l'insertion locale des firmes sur la spécificité du territoire d'implantation37(*). L'entrepreneur du « développement local » ne choisit pas le milieu de localisation de sa firme en fonction des seuls critères de rentabilité. Sa localisation n'est pas non plus provisoire du fait, par exemple, de la plasticité des territoires. Car, ces derniers ne sont pas non plus de simples supports de facteurs de production. Mais le territoire, construit historique et de longue maturation, possède aussi des externalités créées par des acteurs. Il devient un espace central de coordination des acteurs cherchant à résoudre des problèmes de production inédits.  De sorte qu'on est bien « en présence d'une double combinaison entre activité ancrée et activité nomade des firmes »38(*).

Il reste certain cependant aussi que l'entrepreneur local ne pourrait pas grand chose sans l'efficacité des collectivités territoriales.

2 - LES COLLECTIVITES LOCALES

Traditionnellement, le rôle des instances municipales locales était voué à fournir les services de base aux populations. Aujourd'hui, les municipalités sont interpellées afin d'assurer un leadership dans l'animation du développement économique de la communauté. Les municipalités sont conviées à devenir entreprenantes, à entreprendre leur propre développement. Cette mobilisation des collectivités locales se caractérise à la fois, par la fourniture de services aux entreprises et par l'adaptation de l'organisation administrative de ces collectivités afin de promouvoir des structures directement chargées d'apporter ces services aux créateurs locaux de richesses (Essombè Edimo 2005b, op. Cit.). La municipalité a le devoir d'entreprendre un ensemble d'actions visant à l'amélioration de la qualité de vie des habitants.

Dans la ville de Yaoundé, par exemple, nous ne pouvons pas faire un inventaire de toutes les actions entreprises par la communauté urbaine de Yaoundé (CUY), et des communes d'arrondissement. Néanmoins, nous pouvons retenir :

· l'amélioration des conditions de développement des entreprises pour réduire le chômage,

· le bitumage des routes afin de permettre la bonne circulation des personnes et des biens,

· l'éclairage public pour réduire le banditisme et instaurer le sécurité, et autres.

Cette dynamique sert, entre autres, à la réhabilitation de l'environnement des entreprises, à la qualité des services et des équipements. C'est dans ce sens que l'on dit que l'action des collectivités locales dans l'animation économique est déterminante. Elles doivent prouver aux entreprises que leur territoire est meilleur que d'autres, et qu'elles peuvent y prospérer sans encombre en participant, comme les autres acteurs locaux (population, ONG, etc.) à la mise en place de ces « ressources territorialement construites » qui, avec l'innovation et le capital humain compétent, permettent aujourd'hui aux territoires d'avoir des « avantages différenciatifs » (Pecqueur, 2007, op. Cit., p. 50) capables de se construire une insertion optimale dans la globalisation.

Sous d'autres cieux encore, les collectivités locales pour y parvenir, ont eu recours à des interventions directes auprès des entreprises pour faciliter leur installation ou pour permettre la pérennité de leur activité sur son territoire (Essombé Edimo, 2005b, idem, pp. 117/18). Toutefois dans l'optique du développement local, et pour tenir compte des contraintes imposées par la mondialisation notamment, on se soucie plus de nos jours de l'environnement de l'entreprise. Ce rôle des collectivités locales peut d'ailleurs être matérialisé de la manière suivante.

Sources : J.R. Essombè Edimo (2007b) : p. 46.

Responsables

Politiques

Locaux

(ou C.L.)

Entreprises ou PME

Politiques d'implantation pour aménagement du territoire

Services aux entreprises

Schéma 1 : Caractérisation du rôle des C.L. dans le développement local

Pour le développement local :

Mobilisation des institutions diverses

c'est -à dire :

§ Création en leur sein de services chargés des affaires économiques avec des missions de développement précises, ...

§ Mise en place des « comité d'expansion » ou des « agences de développement »,

§ Promotion des « pépinières et/ou hôtels d'entreprises »,

§ Promotion des observatoires économiques locaux,etc.

Ainsi, le résultat de l'action des acteurs locaux (Collectivités locales, entrepreneurs, ONG, etc.), le « développement local » est donc aussi un construit rendu possible par la proximité vécue et entretenue par ces différents acteurs sur un espace-plan. A cet égard, l'on doit à deux approches la formalisation précise des dynamiques du développement local, à savoir :

- « l'économie de la proximité » (M. Bellet et al, 1993 ; B. Pecqueur et J.B. Zimmermann, 2004, entre autres), et qui analyse les modalités d'interaction entre les agents, et

- « l'économie du capital social » (N. Lin, 2001, par exemple) et qui, quant à elle, met l'accent sur l'ensemble des facteurs intangibles qui structurent les relations entre les individus (réseaux sociaux et professionnels, us, coutumes, etc.) et qui leur permettent d'accéder aux ressources révélées ou existant dans la structure sociale locale.

Pour tout dire, la proximité (organisée, matérielle ou géographique, sociale ou relationnel, etc.) des acteurs, leur permet de développer les logique d'appartenance et de similitude qui sont un puissant stimulant pour la construction d'un vécu et d'un avenir communs, mais aussi pour développer un projet de territoire commun pour les dynamiques locales de développement et de production (V. Angéon et J.M. Callois, 2005, P32). Qu'en est-il alors des quartiers-cibles de notre travail ?

SECTION 2 : LE DEVELOPPEMENT LOCAL A MELEN 4 ET MELEN 8 OM

Dans les quartiers suscités, plusieurs acteurs se sont mis ensemble pour améliorer la qualité de vie des habitants. Toutefois, pour réussir, le développement local doit respecter certaines conditions.

I - LES CONDITIONS D'UN DEVELOPPEMENT LOCAL APPROPRIE

Le développement local ne saurait s'épanouir sans un minimum de consensus entre les différents partenaires de l'espace socio-économique local, sans une mobilisation en vue d'objectifs précis et cohérents. Aussi, le développement local doit reposer sur la conscience que les acteurs concernés peuvent former un groupe cohérent, les rendant unis pour des objectifs communs et, surtout, liés par l'appartenance à la même unité spatiale : d'où l'importance des notions de partenariat et de participation.

1 - LA NOTION DE PARTENARIAT

Le développement local fait aujourd'hui l'objet de multiples discours. Des organisations sociales, des opérateurs économiques, des institutions publiques décentralisées y font régulièrement référence. Il n'est plus un programme d'actions initié uniquement par des collectivités territoriales. Des Etats eux-mêmes en font aujourd'hui un élément de leur politique de développement. Le développement local est avant tout une dynamique économique et sociale, voire culturelle, plus ou moins concertée, impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur un territoire donné.

En allant plus loin, on peut le définir comme un processus qui permet de faire mûrir des priorités, de choisir des actions à partir de savoirs et propositions des groupes de populations habitant un territoire donné, et de mettre en oeuvre les ressources disponibles pour satisfaire à ces dites propositions. Par temps de mondialisation d'ailleurs, il apparaît même comme une réponse, formulée par les acteurs d'un territoire et pour répondre à la nécessité d'une insertion optimale, en vue de proposer de formes adaptées de la production de leur territoire. Résultat d'une solidarité et d'une proximité agissante, le développement local incite à privilégier les acteurs plus que les infrastructures, les réseaux plus que les institutions établies, pour donner aux hommes et aux groupes directement intéressés une fonction de décision sur les actions qu'ils mènent.

Ces acteurs doivent se comporter en partenaires, ce qui veut dire qu'ils doivent pouvoir se faire confiance sans laquelle toute collaboration est voué à l'échec. Les cohésions des hommes entre eux et des hommes avec les lieux sont très importantes, car ce sont des supports actifs du développement local. Le développement local est donc une pratique du développement, une méthode de travail, non une nouvelle théorie qui compléterait ou se substituerait aux précédentes au prétexte qu'elles auraient échoué. Il ne vise pas à identifier les divers obstacles au développement ni à rechercher la combinaison optimale des ressources, rares par définition, mais à s'interroger sur les moyens de parvenir à leur combinaison ceci en s'unissant pour oeuvrer ensemble. Le développement local est donc de prime abord un processus décisionnel. Ce qui limite les actions, ce ne sont pas les pénuries elles-mêmes (capital, formation, énergie, etc.) mais les imperfections dans les processus de décision, dans la maîtrise de l'harmonie sur le terrain ; la difficulté majeure dans ce développement est la gestion de la complexité.

Ceci exige un partenariat sérieux et responsable, car la méfiance ou encore une erreur de la part d'un acteur peut causer la faillite de tout le processus. Dans cette perspective, la proximité est un atout essentiel parce qu'elle s'appuie sur une bureaucratie allégée, et permet l'implication d'un nombre élargi de groupes de population ; ce qui favorise des synergies entre eux. Les partenaires du développement local doivent pouvoir se faire confiance et travailler main dans la main. Mais, pour que ce partenariat soit possible, il doit encore pouvoir être participatif.

2 - LE CONCEPT DE LA PARTICIPATION

A l'aube du présent millénaire le développement, et particulièrement le développement local, est devenu participatif. Il réclame l'apport constructif de plusieurs intervenants dont l'Etat, les collectivités locales décentralisées, les organisations non gouvernementales, les associations communautaires de développement, les bailleurs de fonds, les églises, les populations, etc. Ces différents acteurs doivent tisser et entretenir entre eux des rapports d'entraide, de solidarité, de synergie pour que leurs efforts conjugués portent des fruits. Participer, c'est associer et ceci, dès la base. Et associer dès la base, c'est mettre ensemble sur pied un projet (comme un projet de territoire), le concevoir ensemble et le réaliser ensemble. Dans le système participatif, personne ne doit être lésée, que ce soit les bénéficiaires, ou que ce soit les réalisateurs.

Avec la participation de tous, le développement local n'est plus la conséquence d'une coopération entre des institutions détentrices de ressources financières et de compétences techniques avec des instances locales qui leur présentent des programmes à soutenir. Mais il apparaît davantage comme le résultat d'une coopération élargie entre groupes de population habitant un espace donné en vue de coordonner et de rationaliser l'emploi de leurs ressources pour construire un devenir commun. Lorsque l'on veut mettre sur pied un projet ou programme, la norme demande que tous les acteurs soient concertés ainsi que les bénéficiaires afin que chacun se sente concerné. La notion de participation impose donc la mise en place des dispositifs permettant aux populations concernées de débattre et conduire leur projet d'avenir.

Pour être participatif, le développement local doit reposer sur plusieurs propositions telles que :

- créer, revitaliser ou vivifier les solidarités réelles ou présumées pour organiser un débat autour d'un projet d'avenir ;

- considérer les groupes de population de l'espace de développement comme des ensembles humains multiformes, capables de s'organiser entre eux et non comme des ensembles isolés, disponibles lorsqu'ils sont sollicités ; et

- susciter la mise en place de structures de médiation et de négociation entre ces groupes pour que chacun exprime son point de vue et participe à la définition des priorités de développement. Le consensus à rechercher n'est pas un accord unanime de tous sur toutes les priorités, mais tous doivent trouver une part d'intérêt à leur réalisation.

La participation est donc plurielle et diverse. Elle ouvre la voie à la réalisation des oeuvres de grande importance. Elle possède ses tares et porte des germes de l'émulation ou de l'échec. La participation doit être fondée sur la transparence. Elle apparaît comme une étape, certes, difficile à franchir mais indispensable pour permettre une mobilisation autour d'une oeuvre collective ou d'un objectif commun fixé par les parties prenantes. Sa réussite dépend totalement des acteurs en présence.

II- LES DIFFERENTS ACTEURS DU DEVELOPPEMENT LOCAL A MELEN 4 ET MELEN 8 OM

Aujourd'hui, l'Etat tout seul ne peut plus subvenir à tous les besoins d'amélioration du cadre de vie des citoyens. Dans les quartiers de nos villes, des organisations se mettent en place. Ce sont des associations qui travaillent en partenariat avec des ONG ou encore des bailleurs de fonds. A Melen 4 et Melen 8 OM, on dénombre ainsi des associations mixtes et d'autres spécifiques de femmes, de jeunes, etc. Mais, il existe surtout le regroupement des habitants dans un organe unique dénommé Comité d'Animation au développement (CAD). Les CAD de nos villes, naissent, grandissent ou s'étiolent. De même, ceux qui subsistent, regorgent de grandes potentialités. Cependant, ils ne peuvent jouer leur rôle d'organe d'émulation des populations que s'ils sont soutenus et accompagnés. Dans nos quartiers suscités, une ONG camerounaise nommée Environnement, Recherche et Action en collaboration avec une autre qui, elle, est espagnole et se dénomme « Ingénieur sans frontières (ISF) », travaillent ensemble afin d'améliorer effectivement la qualité de vie des populations.

1 - L'ACTION DU TANDEM « ERA-CAMEROUN/ISF D'ESPAGNE »

.

Nous le disions précédemment, une ONG est une organisation qui travaille pour les autres39(*). Sa vocation première est d'oeuvrer pour les intérêts autres que ceux de ses membres. C'est le cas de « ERA-Cameroun » et de « ISF d'Espagne » à Yaoundé VI en général et à Melen en particulier. Avec l'appui d'ERA- Cameroun, les populations ont compris qu'ils pouvaient parvenir au développement de leur localité et ainsi, vivre dans la sécurité et dans la propreté. Pour cela « ERA-Cameroun » en partenariat avec « ISF » s'est engagé à s'associer aux quartiers organisés dans :

- la gestion et la valorisation des déchets solides et liquides,

- la promotion des techniques appropriées d'assainissement et d'approvisionnement en eau,

- l'électrification rurale décentralisée,

- les infrastructures de base dans les quartiers défavorisés,

- l'appui et l'accompagnement des populations dans les projets de développement, et

- l'éducation rurale et sanitaire...

« ERA-Cameroun » travaille dans les quartiers avec le consentement de la mairie de Yaoundé VI, dans le cadre du programme d'amélioration du cadre de vie des habitants des quartiers défavorisés ; c'est un programme dénommé en abrégé « Programme Quartier ». Mis sur pied par « ERA-Cameroun », il a pour principal objectif de susciter chez les populations, des actions philanthropiques dont la finalité est d'améliorer la qualité de vie dans la localité. Dans ce programme d'amélioration des conditions de vie des habitants des quartiers à habitat spontané de la ville de Yaoundé, des actions diverses et multiples ont été réalisées au cours des années 2005-2006 par les CAD, avec le concours technique et financier de « ERA-Cameroun/ISF d'Espagne ».

Ces différentes actions concernent des domaines aussi divers que l'ingénierie sociale, la réalisation des infrastructures communautaires, la construction des ouvrages individuels et l'encadrement des activités génératrices de revenus. Aujourd'hui, un autre projet est mis sur pied, c'est « le projet AQUA ». Ce dernier a pour objectif de permettre à plusieurs ménages d'avoir l'eau potable à domicile, afin d'éviter les maladies liées à l'eau. C'est donc un projet qui rentre dans le cadre de l'assainissement en eau potable. Ce partenariat des quartiers avec « ERA/ISF » a permis de constater que les relations entre les associations de développement à la base et les institutions publiques étaient indolentes, timides et mal cernées. Cette ONG est devenue l'intermédiaire entre les deux, afin de rétablir le dialogue.

2 - LES ASSOCIATIONS DE MELEN 4 ET DE MELEN 8 OM

Dans ces deux quartiers, il y a plusieurs associations. Certaines ne sont pas légalisées et, surtout, travaillent en partenariat avec les CAD qui sont légalisés. Les unes sont des associations au développement, les autres sont des associations des ressortissants indifféremment de leur quartier de résidence ou encore des GIC. Nous nous sommes rapprochés particulièrement des premières, qui oeuvrent pour le développement. Nous allons présenter quelques unes d'entre elles sous formes de tableaux. Par ailleurs, notre présentation ne concerne que les associations que nous avons rencontrées dans le cadre de notre travail (Tableau n°1 et Tableau n° 2). Précisons enfin, que nos enquêtes de terrain menées dans le cadre du présent travail de recherche se sont déroulées du 20 Janvier au 20 Mars 2009, dans les quartiers de Melen 4 et Melen 8 OM.

Tableau n°1 : Les associations ciblées de Melen 4

Dénominations

Typologie

Typologie II

Observations

Comité d'Animation au Développement de Melen 4 (CADEM 4)

Mixte

CAD

Ils rassemblent toute la population et coordonnent les initiatives au développement.

Amicale des Chefs de blocs et Notables de Melen 4

Mixte

Association de la chefferie

Ce sont les initiateurs du CAD, et oeuvrent particulièrement pour le développement

Amies Sincères

Femmes

Association

Ce sont des femmes qui s'entraident entre elles, et sensibilisent la jeune fille contre la prostitution

Cercle des Jeunes actifs de Melen 4

Jeunes

Association

Ils sensibilisent les jeunes contre le grand banditisme et pratiques les séances de travaux manuels

Sources : nos enquêtes menées sur le terrain dans le cadre de notre étude.

Pour plus amples explications, nous allons les présenter sous formes littéraires. A Melen 4 nous avons :

· Le comité d'animation de développement de Melen 4 (CADEM 4). C'est la structure qui sert de relais entre les habitants du quartier et les partenaires pour le développement  ERA/ISF. C'est une association légalisée et composée d'un bureau électif et représentatif. Car elle regroupe les membres de toutes les associations de développement. Le CADEM 4 a pour rôle de sensibiliser et de mobiliser la population autour des initiatives de développement du quartier. Il recueille les fonds versés pour le développement local dans les autres associations. Ses membres passent de porte en porte pour sensibiliser la population sur la nécessité de participer aux initiatives pour le développement.

En partenariat avec la population, il détermine les besoins des habitants. Et en partenariat avec « ERA - Cameroun et ISF d'Espagne », il détermine la participation de chaque partie (8 à 10 pour cent du montant des travaux à réaliser sont versés par les populations bénéficiaires et 90 à 92 pour cent par les partenaires ERA/ISF). Par la suite, les réalisations sont effectuées pour le grand bien des populations (voir ANNEXE 3). On peut dire qu'il y a la transparence dans la collecte des fonds. Parce qu'en effet, la liste de toutes les personnes qui ont contribué, est affichée sur un tableau public, afin que chaque habitant puisse faire les comptes.

· Amicale des chefs de blocs et notables de Melen 4. La localité de Melen 4 comprend six blocs dirigés par six chefs de blocs, et il existe à la tête du quartier, un Chef de troisième degré. Ici chaque bloc rassemble ses populations et rend compte à l'Amicale.  C'est la première association de la localité à avoir pour objectif de base, le développement du quartier. Elle est à l'origine de la création du CAD et des définitions des orientations du développement du quartier. Avant la création du CAD, cette association effectuait déjà les travaux dans la localité. Elle participait au curage d'eau au niveau du versant Mingoa, au maintien de la sécurité, à l'hygiène et à l'assainissement, à la réalisation des pistes piétonnes.

De nos jours, son objectif est l'établissement de la paix et de la sérénité dans le quartier, l'hygiène et la salubrité ; etc. Pour avoir le financement de leurs activités et participer aux travaux dans le quartier, les membres font des cotisations, des tontines... Entre eux aussi, il y a un esprit d'entraide, certaines personnes qui ne peuvent ouvrir un compte à la banque peuvent aussi y épargner un peu d'argent.

· Les Amis sincères de Melen4 : dans cette association, les membres sont particulièrement les femmes. Cette association a pour but de sensibiliser les femmes par rapport aux fléaux qui existent de nos jours. Ce sont : les IST et le SIDA, la prostitution, le banditisme, etc. Cette sensibilisation est importante dans ce quartier, parce que son îlot dit « Mini ferme », par exemple, est reconnu comme un lieu de prostitution. Cette association essaye donc de préparer la femme en général et la jeune fille en particulier à affronter la vie sans s'adonner à la facilité. Pour prospérer, les membres font des entraides entre eux, des tontines, ou encore des cotisations. C'est ainsi qu'elles se sont constituées une caisse d'épargne. En plus de la sensibilisation de la jeune fille, ces femmes contribuent au développement du quartier en faisant des cotisations et en assistant à la réunion du CADEM 4.

· Le cercle des jeunes actifs de Melen 4. Pour être membre de cette association, il faut être jeune (7-77 ans), être habitant du quartier et participer régulièrement aux activités de l'association, il faut aussi avoir sa carte de membre. L'objectif de ces jeunes est de promouvoir une jeunesse mobile, éduquée, responsable. Elle sensibilise aussi les jeunes pour une contribution au développement effectif du quartier. Les membres s'occupent donc de la salubrité et de l'assainissement général du quartier (investissement humain, sensibilisation), etc. Sur le terrain, les aînés rassemblent les cadets, pour les sensibiliser contre les fléaux tels que le grand banditisme, la délinquance sexuelle : tout ceci est mené à travers des séances d'éducation. Leur force repose sur les anciens, car en effet, les jeunes qui ont quitté le quartier demeurent membres de l'association.

Tableau 2 : Les associations ciblées de Melen 8 OM.

Dénominations

Typologie

Typologie II

Observations

Comité d'Animation au Développement de Melen 8 Onana Meuble (CADEM 8 OM)

Mixte

CAD

Siège tous les Lundis soir chez le chef de la localité, dans le but de discuter des problèmes du quartier. Il rassemble tous les sous CAD des 5 blocs.

L' Association des Femmes de Melen 8 OM

Femmes

Association

Rassemble les femmes unies auprès des associations de femmes de chaque bloc, essaye de résoudre les problèmes liés aux femmes et participe ainsi au développement.

Rassemblement des Associations de Jeunes de Melen 8 OM

Jeunes

Association

Sensibilise les jeunes à plus de responsabilité, regroupe les autres associations des jeunes et participe aux travaux dans le quartier.

Sources : nos enquêtes menées sur le terrain dans le cadre de notre étude

La présentation sous forme littéraire nous permettra de mieux les connaître :

· Le CADEM 8 OM ; c'est une association légalisée. Elle siège une fois par semaine pour réfléchir aux problèmes du quartier. Chaque chef de bloc est aussi président du « sous-CAD » et représente son bloc au niveau du CADEM 8 OM. Melen 8 OM est composé de cinq blocs dirigés chacun par un chef de bloc. Chaque bloc forme un sous-comité d'animation au développement. Les chefs de blocs sont les membres du CAD du quartier et sont placés sous la responsabilité d'un Chef traditionnel de troisième degré. Après les réunions au niveau du sous CAD, les chefs de blocs rendent compte au CAD. Chaque sous CAD pose ici les problèmes rencontrés dans son bloc et les solutions sont trouvées en commun. Ils gèrent les litiges à l'échelle de leur bloc respectif. Un litige n'est porté à la connaissance du chef de quartier que si les partis en conflit ne sont pas satisfaits du verdict prononcé au niveau du chef de bloc. Ceci permet de garder la paix et la sérénité dans le quartier. Ces chefs de blocs sont non seulement les personnes ressources du quartier, mais aussi les initiateurs de grands projets de développement de la localité.

Les fonds collectés dans les sous CAD sont remis au CADEM8 OM qui le dépose dans un compte ouvert au nom de la localité. Par souci de transparence, chaque sous CAD a un carnet de reçu qu'il remet à chaque participant et le double est remis au CAD avec la somme exacte encaissée. L'objectif recherché par tous les acteurs est l'amélioration de la qualité de vie de tous, dans la localité. Est membre du CAD tout propriétaire du quartier ou toute personne ayant un quelconque intérêt à oeuvrer dans le quartier. La composition de son bureau est aussi représentative que celle du CADEM 4.

· L'association des femmes de Melen 8 OM rassemble les associations des femmes des cinq blocs existant dans le quartier. Elle se réclame du CAD. Pour en être membre, il faut naturellement être femme, et résider dans la localité de Melen 8 OM. Cette association regroupe les femmes autour des actions du développement, l'amélioration de leur cadre de vie, et leur formation en activités génératrices de revenus. Les femmes peuvent apprendre des petits métiers ou la confection de certaines petites choses pouvant les aider au quotidien. Le financement est autonome et provient de la cotisation des membres. Pour gérer cet aspect financier dans la transparence, elles ont pour projet d'ouvrir un compte afin de bénéficier aussi des crédits. Pour le développement de la localité, les femmes contribuent au niveau du CAD et participent ainsi à la réfection du quartier.

· Le rassemblement des associations des jeunes de Melen 8 OM. Il regorge toutes les associations de jeunes du quartier. Il travaille dans la sensibilisation des jeunes sur les différents fléaux du siècle : le grand banditisme, la criminalité ambiante, la prostitution, le SIDA et les IST. Les jeunes participent aussi aux travaux dans la localité, en assistant au curage d'eau afin d'empêcher les inondations, en assistant les parents dans les séances de travaux pratiques volontaires dans le quartier.

Enfin, une représentation plus succincte permet de mieux cibler les relations entre les différents acteurs impliqués dans la collaboration avec les ONG concernées par le développement participatif en cours à Melen 4 et Melen 8 OM (Schéma 2).

Schéma 2 : les relations entre les acteurs du développement local à Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble

Associations des femmes par bloc

Associations des jeunes

ERA-Cameroun/ ISF Espagne

Légende

Relation d'information

Relation de financement

Relation participative

Relation de regroupement

Sources : nos enquêtes menées sur le terrain dans le cadre de notre étude

Comité d'Animation au Développement

Collectivités locales

Amicale des chefs de blocs

Sous comité d'animation au développement par bloc

Rassemblement des associations Jeunes

Rassemblement des associations

Femmes

Conclusion du deuxième Chapitre

Dans ce second chapitre, il était question du développement local, dont il fallait analyser l'assise théorique et en présenter la concrétisation sur le terrain et, plus précisément, à Melen 4 et Melen 8 OM. Nous avons constaté que le développement local est un phénomène qui grandit tous les jours et qui nécessite le partenariat, la participation et la collaboration de plusieurs acteurs dynamiques. Le développement local entraîne un changement positif des quartiers à habitat spontané. En effet, on constate que les associations de ces quartiers pauvres font des efforts pour créer et encourager les relations de proximité génératrices de citoyenneté. Ceci étant, le regroupement des habitants en petits groupes, sous forme d'associations, crée la cohésion sociale entre les membres et change le cadre de vie de la population.

Conclusion de la première partie

Cette première partie nous a permis de connaître la notion de philanthropie, à partir des organisations à but non lucratif et les approches du développement local. Ainsi, l'historique de la philanthropie nous aura-t-elle éclairé à la fois, sur ses origines très anciennes et, sur le fait qu'elle comporte des caractéristiques très particulières. Cette analyse de la philanthropie la présente comme un phénomène important voire, indispensable dans le développement en général et le développement local en particulier.

Pour sa part, l'analyse théorique du développement local nous a montré qu'ici, l'on recherche l'amélioration de la qualité de vie des habitants d'un territoire spécifique qui peut être soit un quartier, soit une ville, soit encore une région. Nous avons précisé l'incapacité des institutions de l'Etat à satisfaire les besoins de tous ses habitants et de toutes ses régions. D'où la nécessité des âmes généreuses pour palier ce manque, et aider ainsi à l'oeuvre de développement dans les localités qui en ont le plus besoin. Ce changement ou cette amélioration de la qualité de vie des populations n'est vraiment efficace que si tous les acteurs en jeu, se mettent véritablement ensemble dans les réalisations.

On peut donc aussi conclure à ce niveau que la philanthropie est très importante dans le cadre du développement local. Car en considérant l'impossibilité de l'Etat à satisfaire les besoins de tous et, surtout, à améliorer la qualité de vie dans tous les coins et recoins de la nation, des bonnes âmes, individuellement ou en groupes, sont appelées à mettre la main à la pâte pour le bien-être de tous et, plus spécialement, des plus démunis vivant dans les bidonvilles.

Ceci étant, il convient de voir à présent les actions philanthropiques des associations de Melen 4 et Melen 8 OM pour le bien-être des populations dans ces localités.

DEUXIEME PARTIE :
L'ACTION PHILANTHROPIQUES DES ASSOCIATIONS AU DEVELOPPEMENT DE MELEN 4 ET MELEN 8 OM

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

La deuxième partie de notre travail porte sur l'action philanthropique des associations au développement de Melen 4 et Melen 8 OM. Cette partie a pour objectif de présenter la situation actuelle de ces deux quartiers et les activités qui y sont menées. Elle est subdivisée en deux chapitres. Dans le premier chapitre, nous exposerons la présentation socioéconomique des quartiers Melen 4 et Melen 8 Onana Meuble. Cette analyse spatio-économique permet un recueillement de données dont le but est alors double, à savoir nous permettre de connaître les lieux en vue de mieux cerner les difficultés des populations de ces localités, et également nous conduire à mieux mettre à jour l'importance de ces actions philanthropiques pour l'amélioration des conditions de vie dans les quartiers concernés.

Dans le deuxième chapitre enfin, nous montrerons la participation des associations et des CAD de ces localités au développement de leur quartier. A partir du dépouillement des questionnaires, et des entretiens menés sur le terrain, nous répondrons ainsi à la question première de notre travail à savoir si les associations oeuvrent de façon philanthropique pour le développement local dans leur secteur.

CHAPITRE 3 : PRESENTATION SOCIOECONOMIQUE DE MELEN 4 ET DE MELEN 8 OM.

Introduction

Melen 4 et Melen8 OM sont deux quartiers de la ville de Yaoundé, situés dans la commune d'arrondissement de Yaoundé VI. Cette commune de Yaoundé VI est née par décret n°93/321 du 25 Novembre 1993, suite à la réorganisation administrative de la communauté urbaine de Yaoundé, dont le nombre est passé de 4 à 6 arrondissements. Elle est composée de 24 quartiers au poids démographique variable. Melen 4 et Melen 8 OM sont deux quartiers à habitat spontané d'où notre choix de ces quartiers, afin de montrer leurs difficultés réelles et ainsi, percevoir les besoins sensibles des habitants et les essais de solutions qu'ils apportent par eux-mêmes, notamment en se mettant en groupes et de façon désintéressée pour l'amélioration de leur site. Avant d'y arriver toutefois, il nous semble utile de voir d'abord quels sont les aspects géographiques et démographiques de ces zones.

SECTION 1 : CARACTERISTIQUES PHYSIQUES ET DEMOGRAPHIQUES DE MELEN 4 ET MELEN 8 OM

A Melen 4 tout comme à Melen 8 OM, les caractéristiques physiques et démographiques sont déterminantes dans toutes études. Car ce sont ces données qui précisent les difficultés rencontrées par les habitants, en même temps d'ailleurs qu'elles montrent leur besoin de s'en sortir.

I- LE QUARTIER DE MELEN 4

Melen 4 est l'un des quartiers les plus vastes du VIème arrondissement de la ville de Yaoundé. De part son îlot surnommé « Mini ferme », il est aussi un quartier très bouillant. Quelles sont ses spécificités ?

1 - DE « LA ROUTE DES PALMIERS » A MELEN 4

Avant l'arrivée des allemands, la zone s'appelait ELIG MEBAMA. L'origine du nom date de l'époque allemande. La route centrale qui traversait cette localité était bordée de palmiers ; Les Ewondo la baptisèrent « Djong melen » qui signifie « route des palmiers », ce qui servit d'inspiration aux colons. Plus tard, les autorités administratives le baptiseront du nom de « quartier Melen 4 ». De leur côté d'ailleurs, les citadins de la ville l'appellent aussi « mini ferme », en référence à la ferme avicole qui existait juste en face de l'hôtel Feuguif.

Avant 1974, il y avait un seul Melen. On parlait de « Djong melen », et qui allait de Ngoa Ekelle à Obili. Ce territoire était occupé par la famille Mvog Atemengue et dirigé par un seul Chef Traditionnel. Après l'indépendance il y a eu l'éclatement de Djong melen par l'administration pour créer Melen 1, 2, 3, 4... La première famille qui s'est installée sur le site actuel de Melen 4 est la famille Fouda, une descendance des Mvog Atemengue. Cette grande famille est propriétaire de tout le terrain à Melen 4 sur lequel elle a un titre foncier.

Aujourd'hui, la population du quartier est hétérogène. On y retrouve des ressortissants de toutes les provinces camerounaises et des étrangers. Ici, il y a très peu d'autochtones. La localité est située au centre ville, et attire beaucoup de locataires. Dans chaque domicile, il y a au moins une chambre à louer malgré la promiscuité.

2 - SITUATION GEOGRAPHIQUE ET HUMAINE

Sur le plan géographique, Melen 4 est situé sur le versant du plateau Atemengue au centre de la ville de Yaoundé (Carte 2 infra). Les quartiers limitrophes sont : Melen 3, Elig Effa 2, Melen 7A et Melen 7B.

Melen 4 peut être divisé en trois zones : une zone de bas fonds, où les habitations sont régulièrement inondées par les eaux en saison des pluies à cause, notamment, de la mauvaise canalisation. Cette zone est à pente nulle. Ensuite, nous avons la zone à pente faible où les terrains sont stables et bons, ici les bâtiments ne sont pas à risque. Et enfin la zone à forte pente. Les terrains situés dans cette zone sont accidentés. Pour y construire, des travaux de drainage et de terrassement sont nécessaires au préalable. Pendant les saisons des pluies, les habitations situées dans les bas fonds sont inondées, tandis que celles situées sur les pentes, subissent l'érosion. Les occupants des bas fonds s'organisent de façon individuelle ou collective pour limiter les inondations. Pour permettre la circulation, sept principales voies desservent le quartier. Les unes sont des voies carrossables, tandis que les autres sont des chemins piétons. La majorité des habitations n'est accessible qu'à pied. Les autres voies d'accès sont de petits sentiers qui se terminent généralement devant un domicile ou des impasses. Les routes sont très étroites pour les véhicules.

Le climat de Melen 4 est celui de la ville de Yaoundé. Il est marqué par l'alternance des saisons. Une petite saison des pluies, qui va de mars à juin, puis une petite saison sèche, qui va de juillet à août. Ensuite arrivent, tour à tour, une grande saison des pluies, qui couvre la période de septembre à novembre, puis une grande saison sèche qui va de novembre à février.

A Melen 4, il y a très peu d'espaces pour l'agriculture. Comme, par ailleurs, le quartier se situe désormais en plein centre-ville, les populations construisent même sur les zones accidentées. Presque dans la rivière Mingoa (qui arrose la zone), on peut observer quelques plantes vertes, mais elles restent néanmoins rares. Toutefois aussi, quelques personnes sèment des condiments et des pieds de maïs dans leur cour et qui, souvent, fait ici office de « potager familial ». La principale rivière de la zone (appelée « Mingoa ») constitue la limite naturelle avec le quartier Elig effa. La rive est occupée par des constructions : habitations, latrines ou de petites fermes (particulièrement des porcheries). En réalité, la rivière Mingoa (Carte 2) n'est plus sur son lit naturel. Les habitants du quartier l'en ont en effet déviée avec les maisons et autres constructions.

Pour ce qui est de la Situation humaine ensuite : la population du quartier Melen 4 est estimée à 3095 habitants, répartis dans 844 ménages d'après le recensement réalisé en 2007 par le LESEAU40(*)de l'école nationale polytechnique pendant un projet portant sur « La maîtrise da l'assainissement dans un écosystème urbain et impacts sur la santé des enfants âgés de moins de cinq ans », mis en oeuvre dans le bassin versant de la Mingoa à Yaoundé. Cette population est composée beaucoup plus des membres de l'armée et des étudiants. Néanmoins, l'on y retrouve aussi quelques fonctionnaires, des sans emplois fixes, des commerçants, des artisans, etc. Cette importante présence des hommes en tenue et des étudiants se justifie par le fait que le quartier est proche des casernes militaires (Gendarmerie Nationale, Garde Présidentielle, l'Ecole Militaire Interarmées et quartier général de l'armée, etc.), de l'Université et des grandes écoles, notamment, l'Université de Yaoundé I, l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique, le Centre Universitaire Biomédicale, , l'Institut National de la Jeunesse et des Sports, l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature, l'Ecole Normale Supérieure, l'Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics, bref, pratiquement toutes les grandes écoles de la ville.

C'est aussi pourquoi, le quartier regorge plus de locataires que de propriétaires. Et, presque dans chaque domicile, on compte au moins un locataire. Par ailleurs, de nombreuses personnes parmi les étrangers, se comportent comme des passants. Elles se soucient peu de la qualité de l'environnement dans lequel elles vivent. La chefferie fait des efforts dans ce sens pour les intégrer et ainsi les amener à avoir un sentiment d'appartenance au quartier. Pour se faire la nomination des chefs de blocs, par exemple, est faite indifféremment de leur appartenance ethnique. Les sans emplois font de petits jobs pour survivre et quand ils n'ont rien à faire, ils jouent aux cartes pendant la journée. Ceux qui ont reçu une formation, et qui ne sont pas intégrés dans la fonction publique, s'installent dans le secteur privé. Par exemple, les personnes qui ont suivi la formation des infirmiers diplômés d'Etat et qui ne sont pas recrutées dans un hôpital ou un établissement hospitalier font des soins, des consultations, de la petite chirurgie et autres prestations à domicile. Ceci est parfois illégal, mais leur permet de subsister. Il en est de même des autres secteurs d'activités.

En ce qui concerne l'habitat, il est le plus souvent fait de « poto-poto »41(*) et regorge de familles nombreuses. On y trouve ici peu de maisons en produits finis. La manière de se loger importe peu. Pour les habitants du coin, l'important est de trouver une place pour chaque membre de la famille. La maison est peu aérée. Pour loger tout le monde, l'on est d'ailleurs souvent obligé d'utiliser toute la surface du terrain. L'accès au domicile est impossible aux voitures, car les maisons sont très serrées les unes aux autres. Ainsi, les propriétaires de voitures sont obligés de laisser leur véhicule dans des garderies.

Parlant de l'approvisionnement en eau potable, le réseau de l'Ex Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) devenue CAMWATER existe dans le quartier Melen 4. Mais peu de ménages y ont accès. En effet, moins de 20% des ménages sont branchés au « réseau SNEC ». Nombreux sont ceux qui se ravitaillent aux bornes fontaines à gérance libre au prix de 20 Francs CFA les 10 litres, ou qui puisent l'eau chez le voisin le plus proche (et qui, lui, est client de CAMWATER), contre une rétribution mensuelle négociée. Les habitants peu fortunés se ravitaillent aux sources telles que celle de "Tap Tap" (voir ANNEXE 3, Photo 2), ou encore aux puits, malgré le fait que cette eau soit impropre à la consommation.

Pour l'éclairage aussi, tous les ménages du quartier ne disposent pas d'un compteur AES-SONEL. Certains prennent l'électricité chez le voisin, suivant des conditions négociées au cas par cas et au moyen d'un compteur divisionnaire. Il existe peu d'éclairage public dans le quartier, car les lampadaires existants sont, de temps en temps, vandalisés ou volés par les bandits.

En matière de couverture sanitaire, celle-ci demeure à proprement parler inexistante dans le quartier, même si l'on dénombre la présence de plusieurs établissements sanitaires à la périphérie. Néanmoins, il est à noter la présence, dans Melen 4, des petits centres de soins, ou encore des GIC santé, ouverts par des agents de la santé.

En ce qui concerne les établissements scolaires, le quartier n'a aucune école. Les enfants du quartier se rendent dans les établissements situés à la périphérie. Il n'existe non plus de terrains de jeux pour la détente des jeunes, ces derniers sont appelés à demander un site de jeu à la périphérie. De même, il n'y a non plus de salles de cinéma ou de loisirs à Melen 4. Les seuls pôles d'attraction dans cette localité fonctionnent de nuit et ne sont pas conseillés aux individus de bonne moralité. Ici en effet, prostitution et banditisme vont de pair. C'est pourquoi, il y a plus de snack bars, de bars dancings, de restaurants, de boites de nuit, d'hôtels, de motels, et autres, le long de l'axe principal.

Carte n°2 : Présentation de Melen 4

Sources : ERA- Cameroun, 2009, Yaoundé

Toutefois, ayant effectué le tour de Melen 4, il convient également de présenter l'autre quartier du champ de notre analyse, à savoir Melen 8 OM.

II-PRESENTATION DE MELEN 8 OM

Tout comme Melen 4, le quartier dit Melen 8 OM est un quartier à habitat spontané de la ville de Yaoundé. Pour cerner ses problèmes, nous devons au préalable connaître son histoire et sa géographie.

1 - BREF APERÇU DE L'ORIGINE DU QUARTIER

Le quartier Melen 8 OM est issu de l'éclatement de Melen 8B qui était composé des familles Mvog Atemegué et Ndong. Avec la création de l'arrondissement de Yaoundé VI, le quartier Melen 8B qui comptait sept blocs s'est éclaté en deux parties. La première partie constituée de deux blocs s'est rattachée au quartier Obili dans la commune de Yaoundé III. La seconde constituée de cinq blocs s'est rattachée à l'arrondissement de Yaoundé VI. Le siège de l'ancienne chefferie de Melen 8B étant resté dans l'arrondissement de Yaoundé III, la plus grande partie a donc obtenu son autonomie et a pris le nom de Melen 8 OM. Aujourd'hui, elle a un chef de troisième degré qui dirige la localité et elle garde ses cinq blocs.

Tout comme Melen 4, son nom date de l'époque allemande et est dérivé de « Djong melen », car elle fait partie du grand quartier Melen avant son éclatement en 1974. « Djong melen » qui veut dire rue des palmiers, a inspiré les colonisateurs, car dans le but de prononcer le nom de ce quartier comme les autochtones, il est devenu Melen. Certes, de nos jours, il n'y a plus beaucoup de palmiers dans ces rues, mais le quartier garde son nom. Avec l'exode rural, les premiers allogènes arrivèrent dans ce quartier vers 1950. Ils étaient Béti mais non originaires de Yaoundé. Ils seront suivis, plus tard, par des ressortissants des provinces de l'Ouest et du Nord Ouest. A présent, on distingue par ordre d'importance les groupes ethniques suivants : les Bamiléké, les Anglophones, les Bassa et les Bétis.

Les autochtones sont aujourd'hui minoritaires par rapport aux allogènes. Ces derniers se retrouvent dans tous les blocs. Seulement, les terres appartiennent toujours aux autochtones, et ils sont les seuls à pouvoir les vendre. Si l'on achète une parcelle de terrain sans passer par ces derniers, cela veut dire que « c'est une vente de seconde main »42(*)

2 - SITUATION GEOGRAPHIQUE ET HUMAINE

Au niveau géographique, le quartier Melen 8 OM est situé à l'Ouest de la ville de Yaoundé, entouré des quartiers Obili, Melen 8 C, Eba et le camp de la Garde présidentielle (GP) (Carte 3 infra). Le relief dans son ensemble est accidenté. On y dénote des zones à accès difficile qui ne permettent pas la communication entre les habitants des blocs voisins. Pour permettre la circulation, plusieurs pistes desservent le quartier. Auparavant, les pistes étaient accessibles par saison. Elles étaient boueuses et les difficultés d'accès étaient multiples. Car, elles étaient très dégradées et dépourvues de rigoles. Il fallait de ce fait sortir de sa maison avec deux paires de chaussures pour se rendre au centre-ville. Mais aujourd'hui, elles ont été aménagées et sont devenues carrossables. Les véhicules y circulent avec plus de facilité, mais il leur reste impossible d'aller plus loin, car en dehors des pistes centrales, il n'y a plus d'accès (existence de nombreux « culs de sacs »).

Plus de la moitié des ménages du quartier accèdent à leur parcelle en circulant autour des habitations. Dans cette localité beaucoup de terrains sont accidentés. Pour y construire, des travaux de drainage et de terrassement sont nécessaires au préalable. Aussi, les fondations doivent être solides surtout dans les bas fonds du quartier et qui sont aussi, les lieux les plus exposés aux inondations. Pendant les saisons des pluies, les habitations situées dans ces bas fonds sont en effet inondées, tandis que celles situées sur les pentes subissent l'érosion. D'où la nécessité, pour les occupants des bas fonds, d'oeuvrer de façon individuelle ou collective pour limiter les inondations. Comme à Melen 4, on retrouve ici aussi des voies carrossables et des chemins piétons.

La végétation est essentiellement artificielle. Elle est faite d'arbres fruitiers, de quelques tiges de cacaoyers et des plantes vivrières. Elle devient aussi rare parce que, les populations transforment les champs en habitations afin de les mettre en location.

Comme à Melen 4 également, le climat de Melen 8 OM est le même que celui de la ville de Yaoundé en général. On remarque néanmoins que ce climat change de temps en temps, certainement à cause du changement climatique mondial. Bien entendu toutefois, l'on ne dispose pas encore suffisamment de données scientifiques pour soutenir « mordicus » cette dernière hypothèse.

Enfin, les principales rivières de cette localité sont la « Mingoa » et le « Biyeme » (Carte 3, infra). Elles sont cependant très mal entretenues. Car, les déchets des ménages sont le plus souvent déversés dans les cours d'eau, et nous pouvons dire que cela augmente également les risques d'inondations du quartier.

Pour ce qui est de la situation humaine, la population de Melen 8 OM est cosmopolite. Aujourd'hui, ce quartier compte d'après le recensement effectué par ERA-Cameroun dans le cadre du Programme quartier, environ 6.052 habitants répartis dans 1.678 ménages inégalement répartis dans les cinq blocs. Le nombre des ménages des quatre derniers blocs est plus important. Le statut socioprofessionnel des populations est diversifié. Il va des cadres de l'administration aux étudiants, en passant par les artisans, les commerçants, les fonctionnaires de l'Armée, etc. Comme à Melen 4, ce quartier regorge de locataires. Car plusieures écoles supérieures se trouvent à la périphérie. Cependant, le quartier Melen 8 OM n'a pas d'établissements scolaires : les élèves (de la maternelle, du primaire comme du secondaire) doivent se rendre à l'école à la périphérie.

Melen 8 OM n'a pas non plus de structures sanitaires publiques. La « SPERANDIO Maternity Clinic » qui s'y trouve, est une clinique privée. Plusieurs « GIC santé » permettent néanmoins, à plusieurs habitants démunis, de se soigner. Mais ceux des habitants qui ont quelques moyens peuvent se rendre à la périphérie où l'on trouve soit le centre universitaire hospitalier soit, un peu plus loin, l'hôpital d'arrondissement de Biyem-Assi. En outre, Melen 8 OM abrite aussi sur son sol des infirmiers qui opèrent clandestinement en clientèle privée.

En ce qui concerne les espaces et loisirs, il faut dire que Melen 8 OM ne dispose pas de bibliothèques ni d'aires de jeux. Ce quartier compte quand même, un vidéo club situé en contrebas de l'agence de voyage « Patience Express », au lieudit « carrefour Obili ». Il ouvre ses portes tous les jours à dix heures et recrute ses clients particulièrement parmi les enfants en âge scolaire. Beaucoup d'enfants manqueraient les classes pour visionner les films dans ce vidéo club. Il convient de noter que les films que l'on y présente sont plus ou moins critiqués par les parents.

L'approvisionnement en eau demeure très insuffisant. Puisque près de 31,29% de la population seulement sont connectés au réseau SNEC ou CAMWATER. Plusieurs personnes achètent l'eau au prix exorbitant de 25 Francs CFA les 10 litres. Par contre plus de 96% de ménages s'éclairent au moyen de l'électricité. Cet « exploit » est réalisé grâce à la solidarité entre les habitants. Car les ménages qui disposent d'un compteur AES-SONEL fournissent l'énergie aux populations dépourvues de branchement. Mais les conditions de revente d'énergie ne sont pas toujours connues du grand public. Elles relèvent en effet des contractants. Notons que le reste des ménages, soit 4%, s'éclaire à l'aide de la lampe-tempête. Comme au bon vieux temps ! Mais en plein XXIème Siècle. Avec ce que cela comporte en termes de risques d'incendie et d'embrasement, notamment à cause de la manipulation du pétrole lampant en pleine zone résidentielle.

En ce qui concerne l'habitat, les maisons situées dans les bas fonds sont faites de « poto poto », et sont du reste à moitié détruites. Elles manquent de s'effondrer complètement parce que retenues pas des piquets. Toutefois, en bordure de route, les maisons sont bien construites, ce qui contribue à rendre les lieux plus accueillants.

Carte 3 : présentation du quartier Melen 8 OM de Yaoundé

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Sources : ERA-Cameroun, 2009, Yaoundé

Quelles sont les principales activités des différents quartiers du champ de notre analyse ? Par ailleurs, leurs habitants entretiennent-ils des interrelations avec les localités voisines ? Au-delà de tout, y aurait-il une sorte de dynamique ou « d'effet territoire43(*) » ayant abouti à la prise en charge de la nécessité du changement de leur milieu de vie par les habitants eux-mêmes ?

SECTION 2 : ASPECTS SOCIOECONOMIQUES DE MELEN 4 ET MELEN 8 OM

Avec la crise économique ambiante, la fonction publique recrute peu. Raison pour laquelle plusieurs personnes s'auto-emploient, afin de subvenir à leurs besoins de première nécessité.

I- LES ACTIVITES ECONOMIQUES DE MELEN 4

De nombreuses activités génératrices de revenus s'exercent dans le quartier. Elles peuvent être regroupées en deux catégories : Les activités commerciales et, les activités artisanales.

1 - LES ACTIVITES COMMERCIALES

Le petit commerce est l'activité dominante dans le quartier. On part de la vendeuse des beignets au petit boutiquier en passant par la tenancière d'une gargote ou d'un call-box. Généralement leur bureau ou entreprise n'est rien d'autre qu'une petite tablette posée devant la cour ou en bordure d'une piste sur laquelle, par ailleurs, ils exposent des produits de premiers nécessité : piments, savons, tomates, pétrole, sucre, cigarettes, pain huiles, etc. Il peut également s'agir d'un sac ou plastique étalé à même le sol sans soin particulier et sur lequel sont exposées les marchandises de toutes sortes telles les vêtements, les chaussures... Les activités s'exercent de jour comme de nuit. Certaines activités sont exercées par des femmes d'autres par des hommes.

Les activités de femmes, par exemple, comprennent entre autres :

- La vente des beignets avec la bouillie et le haricot.

Elle se fait généralement le matin ou le soir, en particulier lorsqu'il ne fait pas chaud, les femmes préfèrent le plus souvent les faire sur place, afin que les clients les mangent encore chauds. Cependant il y a des enfants qui se baladent avec des seaux de beignets sur la tête, ces enfants peuvent venir de partout.

- La vente des fruits

Elle se fait dans la journée. Les fruits généralement exposés sont la banane mure, la pomme, les oranges, la papaye, les avocats.

- Le poisson braisé

Certaines exercent cette activité, le jour d'autres la nuit. Elles se placent généralement à coté des bars ou autres endroits de forte concentration humaine afin d'accueillir beaucoup de personnes venues se rafraîchir.

- La grillade de plantain, du macabo, du maïs et des prunes

Ces femmes permettent à plusieurs individus de calmer leur famine en attendant un repas plus lourd.

- La vente de la nourriture, etc.

En fait, il s'agit d'un ensemble de petits boulots ou petites activités informelles et dont le but est d'assurer la survie de ceux qui les pratiquent. Les activités ne permettent pas forcément une accumulation, à proprement parler du capital, pouvant générer ensuite le passage à une exploitation « moderne »44(*).

Dans le quartier, on retrouve beaucoup d'étudiants. Très souvent, ces derniers n'ont pas les moyens ni le temps de se faire la cuisine. Ils se rabattent donc auprès de ces mamans pour se nourrir. Ils ne sont cependant pas les seuls à s'approvisionner ainsi auprès de ces vendeuses. Puisqu'en effet, même les clients des bars voisins ont coutume de d'y servir.

Les activités des hommes sont  également nombreuses et permettent surtout, là encore, de survivre. On y recense, entre autres fournitures de produits et prestations comme :

-La viande braisée

Pendant que les femmes braisent le poisson, les hommes braisent la viande de porc ou du poulet ou autres viandes encore. Leurs clients viennent de partout et emportent souvent à domicile.

-La vente des médicaments (produits pharmaceutiques)

Malgré le danger que l'on court en achetant les remèdes en bordure de la route, ce commerce reste florissant, car les populations sont démunies.

-La vente des produits de l'alimentation et de quincaillerie porte sur tout.

Ceci concerne particulièrement les produits de premières nécessités.

-La vente de boisson

Melen 4 est un quartier très brouillant dans la soirée, raison pour laquelle les propriétaires des bars ne sont jamais en repos...

2 - LES ACTIVITES ARTISANALES

Le quartier regorge en effet des artisans qui rendent des services à la population. Parmi les prestations ainsi proposées et métiers concernés, on peut citer :

- les coiffeurs : ils ont le devoir d'embellir les habitants de la localité, et des localités environnantes,

- les tailleurs : ils sont des deux sexes, et permettent aux uns et aux autres de s'habiller autrement qu'avec la friperie,

- les menuisiers : ce sont généralement les hommes. Ils fabriquent, à partir du bois, de nombreux produits comme des lits, des canapés, des chaises, des fauteuils, etc.

Mais, on y retrouve également :

- les cordonniers : ce sont encore des hommes. Ils cousent les chaussures déchirées, fabriquent aussi d'autres prêts-à-porter,

- les horlogers : ce sont ceux qui arrangent les montres et les réveils,

- les mécaniciens : pour les réparations automobiles et, parfois, des motos,

- les plombiers : ces derniers débloquent les tuyaux d'eau permettant ainsi l'évacuation des eaux usées.

- les réparateurs d'appareils électro ménagers : ceux-ci dépannent les appareils en panne, permettant ainsi aux ménages d'acheter les appareils neufs plus tard quand ils auront des moyens financiers.

- les tapissiers : travaillent dans le recouvrement des chaises et la confection des tapis et autres mobiliers et objets divers,

- les établissements d'épargne et de crédits : ce sont, généralement, des coopératives qui permettent aux petits commerçants d'épargner un peu d'argent pour les jours futurs, ou encore

- des stations services, etc.

 La proximité de nombre de ces stations services avec les habitations pose d'ailleurs, depuis peu, des problèmes supplémentaires de pollutions (sonores, atmosphérique, etc.), et qui aujourd'hui apparaissent aussi désormais comme une problématique environnementale essentielle pour le cadre de vie des habitants45(*).

De manière générale, tous ces artisans recherchent la proximité de l'axe bitumé pour l'installation de leurs activités. Mais les tailleurs, les coiffeurs femmes et hommes, les plombiers, les cordonniers et les réparateurs d'appareil électro ménagers exercent à l'intérieur du quartier. L'essentiel ici est que leur atelier soit repérable grâce à une petite plaque publicitaire. Notons, par ailleurs, qu'en l'absence de toutes statistiques de la part de l'Institut National de la Statistique, il demeure encore difficile d'estimer ou de connaître la part de ces activités dans le produit intérieur de la ville de Yaoundé, par exemple.

II- LES ACTIVITES ECONOMIQUES DE MELEN 8 OM

Tout comme à Melen 4, celles-ci sont multiples et permettent aux habitants de s'occuper soit dans le commerce, soit dans des activités artisanales.

1 - LES ACTIVITES COMMERCIALES

Dépourvue de marché, La localité de Melen 8 OM est située à 4 km environ du marché Mokolo et à, environ, 2 km du marché de Biyem-Assi. Ces deux marchés sont les principaux points de ravitaillement des ménages de Melen 8 OM. Cependant, on peut aussi se ravitailler au bord de la route pour le repas d'une journée. Ces petits marché ne sont pas très développés mais permettent néanmoins aux populations de subvenir à certains besoins rapides. Ce sont : des bars - alimentations ; des pâtisseries, des boulangeries, des comptoirs de « bayam sellam » ou revendeuses des vivres de première nécessité (les tomates, les bananes-plantains, les légumes, le riz, les condiments, la farine ; etc.). Ici, aussi il y a des activités pour hommes et des activités pour femmes comme à Melen 446(*).

En plus de ces activités commerciales, on retrouve aussi celles suscitées à Melen 4. Comme dans le quartier précédemment étudié, par ailleurs, les activités s'exercent de nuit comme de jour. Il est vrai qu'avec la multitude de prostituées et autres dames et demoiselles de « petite moralité » qu'on trouve à Melen 4, le commerce des aliments tels que le poisson braisé, la viande braisée, etc., demeure florissant dans le quartier. A Melen 8 OM, par contre, c'est un autre genre de marché qui est plus prisé, à savoir celui des chaussures. Des commerçants installent de petites ampoules en bordure de route, et où ils proposent des souliers de tous genres. Ce petit commerce de nuit s'installe un peu de partout dans le quartier. La Communauté Urbaine de Yaoundé détruit actuellement toutes les petites cases qui longent les trottoirs, dans le souci d'une ville plus propre. Les commerçants en tous genres profitent donc de la tombée de la nuit (et en l'absence des agents de la Mairie et autres personnels des impôts) pour étaler leurs marchandises sur les trottoirs.

2 - LES ACTIVITES ARTISANALES

Les activités artisanales dans cette localité ne sont pas très développées. Il en existe néanmoins quelques-unes en bordure des routes. Mais au vrai, Melen 8 OM n'en fourmille cependant pas comme c'est le cas dans Melen 4. On peut retenir ici, entre autres :

- des librairies tant formelles qu'informelles encore appelées le « poteau ». Ici, on retrouve des livres et documents, du neuf et de seconde main.

- des merceries : les habitants du quartier peuvent s'approvisionner en boutons et en aiguilles de toutes sortes, ...pour raccommoder les habits usagés,

- des quincailleries pour la vente des tôles et autres produits de construction, etc.

Bref l'on peut y trouver pratiquement les mêmes activités suscitées dans le cas de Melen 4. Même si, il est vrai, elles ne sont pas aussi nombreuses et aussi développées que leurs semblables de Melen 4.

Conclusion du troisième chapitre

Le troisième chapitre de notre travail portait sur la présentation socioéconomique de Melen 4 et Melen 8 OM. Cette présentation nous a confirmé que dans ces quartiers de Yaoundé, il y a beaucoup à faire pour faciliter la qualité de vie des habitants. Il en ressort que, ces localités à habitat spontané ont plusieurs problèmes tels que l'excès de boue en saison des pluies, la géographie accidentée, la prostitution ambiante, des problèmes d'alimentation en eau et électricité, d'inondation, etc.

On peut donc aussi parler d'une sorte « d'effet territoire », en ce sens que c'est, précisément, l'existence de ces différents problèmes sur ces quartiers qui conduit leurs habitants à « se retrousser les manches » pour trouver des solutions et participer à l'amélioration de leur propre cadre de vie. La crise économique aidant, l'Etat ne peut en effet, à lui tout seul, s'occuper de ces problèmes dans tous les quartiers du pays. Il convient, de ce fait, de voir à présent l'apport des associations des quartiers, en partenariat avec le tandem ERA-Cameroun/ISF d'Espagne, dans la lutte pour l'amélioration du cadre de vie des populations concernées.

CHAPITRE 4 : L'ACTION DES ASSOCIATIONS EN FAVEUR DU DEVELOPPEMENT DE MELEN 4 ET MELEN 8 OM

Introduction

Le développement a été longtemps pensé par les institutions nationales et/ou internationales. Mais aujourd'hui, avec le « développement local », les populations à la base ont compris la nécessité pour elles de se mettre en groupes, pour se prendre en main. Pour apprécier ceci, nous avons fait une descente sur le terrain, afin d'aller à la rencontre des associations et des habitants des deux quartiers. Nous avons préparé un questionnaire pour les associations, et un autre pour les habitants.

Comme méthodologie, nous avons utilisé la méthode dite des « entrevues » en combinant les variables qualitatives et quantitatives. Cette méthode consiste à monter un questionnaire semi-ouvert et semi-fermé c'est-à-dire, ayant des questions ouvertes et des questions fermées (voir ANNEXES 1 et 2). Cette méthode permet à l'enquêteur de faire en même temps un entretien, car il doit en effet expliquer des questions. Ce qui lui permet de faire parler son interlocuteur, et de recueillir les informations sur les interrogations sur lesquelles l'enquêté aura été réticent. Le questionnaire n'a été pour nous qu'un guide d'entretien. L'analyse de ces données recueillies nous montre d'un côté, les formes de participation et, de l'autre, l'appréciation de la base.

SECTION 1 : LES FORMES DE PARTICIPATION DES ASSOCIATIONS DE MELEN 4 ET MELEN 8 OM

Cette participation présente de nombreuses facettes. Dans le cadre de notre travail, nous allons les grouper en deux formes c'est-à-dire, la participation non monétaire et la participation monétaire et financière.

I - LA PARTICIPATION NON MONETAIRE DES ASSOCIATIONS

La plupart de gens en sont encore à penser que le développement se limite aux activités comme la construction des routes, des ponts, des usines, des entreprises, etc. Dans cette optique aussi, l'on balaie alors du revers de la main l'action sociale qui, pourtant, encourage et sensibilise les populations et concerne aussi bien la nécessité du changement des mentalités que des réalisations précises.

1 - LA SENSIBILISATION DES POPULATIONS

L'implication des uns et des autres débute par la sensibilisation, car c'est ici que l'on éduque les populations. Comme l'observe Kamga (2008), le développement authentique est d'abord celui de la personne, il est spirituel. La sensibilisation se fait de plusieurs manières. Et on y relève, par exemple, la sensibilisation contre divers fléaux ou contre des maladies de toutes sortes.

Pour ce qui est de la sensibilisation contre les différents fléaux : les associations des jeunes ont des objectifs précis comme, par exemple, lutter contre le grand banditisme dans leur quartier et la prostitution des jeunes filles de la localité. Ils font donc des séances d'éducation, pour montrer aux uns et aux autres les méfaits de ces derniers dans la société. Ils présentent à ces derniers les dégâts causés par ces différents fléaux tels que les maladies sexuellement transmissibles, la prison, etc.

En ce qui concerne la sensibilisation contre les maladies de toutes sortes : en effet, la santé est un aspect primordial de la vie, sans celle-ci, l'on ne peut rien faire. Les associations sensibilisent aussi les parents contre les maladies facilement évitables grâce à certaines règles pratiques. Des actions sont donc entreprises pour éveiller la conscience des populations sur les conséquences du manque d'hygiène de vie, de l'environnement et de la mauvaise gestion de l'eau. Ceci est la conséquence des maladies telles que : la diarrhée, le paludisme, le choléra, etc. Pour les maladies liées à l'eau sale, l'on présente aux populations les diverses attitudes et manières permettant d'éviter ces maladies. De même qu'on leur explique pourquoi éviter de boire telle ou telle eau,... Pour le paludisme, des leçons sont données dans le sens de la propreté, tout comme des plaques sont posées pour sensibiliser (ANNEXE 3, photo n°10). Car les moustiques se reproduisent, le plus souvent, quand il y a beaucoup d'herbes, d'où l'importance des séances de travaux manuels dans le quartier, d'où l'importance des latrines ventilées ou encore améliorées, mais également la nécessité des actions comme le curage d'eau (ANNEXE 3, photo n°11) etc. Pendant un projet portant sur « La maîtrise da l'assainissement dans un écosystème urbain et impacts sur la santé des enfants âgés de moins de cinq ans », que met en oeuvre le LESEAU47(*) dans le bassin versant de la Mingoa à Yaoundé, l'on constate que plusieurs pathologies et la prévalence des maladies suscitées sont dues à l'eau de la consommation, aux aliments souillés, aux mauvaises conditions d'hygiène et de salubrité et à l'ignorance des populations qui ont peu de connaissances sur le mode de transmission et de prévention des maladies, le cycle de l'eau et les facteurs pouvant la détériorer. Nous voyons donc que cette sensibilisation est indispensable pour le développement de la localité, car seuls les hommes en santé peuvent oeuvrer.

Du côté de l'apprentissage des petits métiers : dans les réunions des jeunes et des femmes, l'on apprend souvent les petits métiers afin de contourner la pauvreté et le manque d'emploi. Pour leur usage personnel ou commercial, les femmes apprennent comment confectionner les savons, comment arranger les jus naturelles, comment faire de la teinture, etc. Ainsi, certaines peuvent nourrir leurs familles et aussi participer financièrement au développement de la localité, grâce à ces activités. D'autres peuvent finir par créer une PME, qui sortira plusieurs personnes du chômage.

Enfin, on note aussi la sensibilisation pour la collecte de fonds. En effet, avant une collecte de fonds, les chefs de blocs et le bureau du CAD descendent sur le terrain, pour sensibiliser les populations et leur montrer le bien-fondé des quêtes. Pendant ces descentes, les chefs de blocs et le CAD font souvent du porte-à-porte, afin de conscientiser le plus de personnes. Mais pour que ces personnes soient ouvertes au dialogue avec les associations, il faut qu'elles participent à l'élaboration des projets.

2 -L'ELABORATION DES PROJETS ET SUIVIS DIVERS

Un projet se fait en trois phases :

-l'expertise sociale et participative pour la conception et la mise en oeuvre du projet,

-la réalisation et l'évaluation du projet,

-l'appropriation ultérieure qui garantie l'entretien et la pérennisation du projet.

Premièrement, personne ne doit se sentir exclu du projet. Dans nos deux quartiers, le projet se fait sous forme de consensus. Le CAD discute avec les populations à la base à partir des associations. Ensuite, il discute avec les partenaires qui sont ERA-Cameroun et ISF d'Espagne. La deuxième phase, est la réalisation et l'évaluation du projet. Après les collectes de fonds, les populations attendent que les travaux soient faits. Le plus souvent, elles participent même en amenant la main-d'oeuvre attendue. Le travail est ensuite évalué pour déterminer si les attentes sont comblées. Enfin, les populations une fois de plus, ont le devoir de veiller sur la pérennisation du projet. Si un ouvrage n'est pas entretenu, il se détériore, c'est pourquoi, les travaux faits doivent être bien gardés pour que cela puisse durer.

Nous constatons donc qu'à tous les niveaux, tous les acteurs du développement local, à Melen 4 et Melen 8 OM, sont présents, afin que le projet réussisse. C'est ainsi qu'en ce qui concerne les finances aussi, ils sont toujours ensemble.

II- LA PARTICIPATION MONETAIRE ET FINANCIERE

Les associations à la base peuvent participer financièrement au développement local. Ceci se fait, le plus souvent, par les cotisations des membres. Un compte est généralement ouvert dans un établissement financier48(*) au nom de l'Association. Ce compte, différent de ceux du président et des membres du bureau de l'Association, est la plupart du temps alimenté de plusieurs manières.

1 - LES COTISATIONS DES POPULATIONS DU QUARTIER

A Melen 4 comme à Melen 8 OM, après la phase de sensibilisation auprès des populations, il y a une phase de collecte de fonds. Contrairement aux associations qui font des cotisations sous forme de tontine et dont le bénéfice de la cagotte est rotative, les cotisations sont faites ici pour le développement. Les cotisations sont dont faites ici pour que le CAD, en partenariat avec les associations à la base c'est-à-dire tous les habitants, le reverse ensuite à ERA-Cameroun pour le développement de la localité.

Ici, chaque épargnant dépose à sa guise un montant quelconque. Chaque personne donne ce qu'il peut et ce qu'il veut à chaque séance. La collecte de fonds se fait en plusieurs séances. Tous ces dépôts, du reste non remboursables, seront effectués dans le compte du CAD. Les fonds recueillis sont gérés dans la transparence pour le bien-être de tous. La liste des personnes qui ont contribué est généralement affichée sur un tableau public, afin que chaque habitant puisse faire les comptes.

Pendant cette collecte de fonds qui se fait sous forme de cotisations, tous les habitants du quartier sont conviés. Nous avons assisté à une collecte de fonds à Melen 8 OM pendant nos descentes sur le terrain. Elle se fait en plein air, éclairée par la lune et quelques ampoules installées pour la circonstance. Les bancs sont installés sur la piste. Le début des cérémonies est fixé à 17 heures. Cependant, comme on le dit en Afrique, 17 heures égales 19 heures voire, 20 heures. Pendant l'attente des populations, le chef de bloc est en place, avec son micro à la main. Il incite la population à venir à la séance de réunion. Les populations arrivent à comptes gouttes, mais arrivent quand même pour la collecte. Certaines personnes occupées envoient des membres de leur famille pour les remplacer ou pour verser directement leur participation. Elles reçoivent un reçu en contre partie, ce qui prouve qu'elles ont participé financièrement. Souvent, les parents cotisent et donnent même l'occasion à leurs enfants de cotiser.

Les enfants qui reçoivent l'argent de poche le divisent et, volontairement, ils participent aux travaux dans leur localité. Le jour suivant la collecte, le chef de bloc ou le trésorier du bureau du sous-CAD du bloc se rend à la chefferie, siège du CAD pour y reverser les fonds recueillis en échange d'un reçu. Ces fonds sont déposés par le CAD dans un compte ouvert pour la circonstance. Ces séances se font de façon répétée dans tous les blocs, pour que le quota du quartier, qui est de 8 à 10%, soit respecté. Mais tout seul, il ne peuvent atteindre ce quota. C'est pourquoi, ils font recours aux aînés qui ont résidé dans le quartier, ou encore à tous ceux qui y sont propriétaires fonciers ou bailleurs.

2 - LA PART DES ELITES

La plupart des habitants de ces quartiers ayant migré, se sont toujours montrés généreux en ce qui concerne le dévelopement de leur ancienne localité. Ils ont le plus souvent envoyé de l'argent pour aider les familles restées sur place dont le but est d'améliorer leur qualité de vie. Ces migrants, considérés par les habitants restés comme des élites, constituent des donateurs philanthropes, dont les parts de financements assez importantes participent à l'amélioration des conditions de vie des populations.

C'est ainsi que les aînés qui sont passés dans l'association des jeunes dans ces quartiers sont toujours des membres actifs du groupe, et surtout participent au financement des activités de façon constante. Ils permettent de ce fait aux cadets restés au quartier de résoudre les problèmes liés à la jeunesse et, ainsi, améliorer la qualité de vie des uns et des autres.

Nous avons aussi le soutien ou l'appui multiforme des institutions publiques locales d'encadrement de la population, aux projets réalisés dans les quartiers. Avant de réaliser un projet dans ces quartiers d'investigations, le CAD écrit une lettre de demande d'aide à la mairie d'arrondissement de Yaoundé VI, qui peut répondre favorablement ou négativement. Dans chacune de ces localités, la commune a déjà eu à participer financièrement aux réalisations. A Melen 8 OM particulièrement, il y a une piste totalement faite avec le concours de la mairie. Elle porte le nom de la rue du Maire, en récompense à leur don.

Parfois, l'on a aussi des dons de matériels et matériaux offerts par les bonnes volontés habitant ou non le quartier. Lorsque quelqu'un sait qu'il a un profit quelconque à tirer d'un investissement dans le quartier, soit qu'il est propriétaire, soit qu'il y a grandi, soit que ses parents y vivent, il participe volontairement au développement local.

En bref, on observe donc une participation sollicitée auprès de divers autres acteurs comme, par exemple :

- des bailleurs de fonds nationaux et internationaux, ou encore,

- le soutien des opérateurs économiques aux projets réalisés dans les quartiers, ou enfin,

- les dons de matériels et matériaux offerts par les bonnes volontés habitant ou non le quartier,

- l'appui multiforme des institutions publiques locales d'encadrement de la population (communes et autres),

Concrètement dans la suite de ce travail, nous allons parler des réalisations et de leur amélioration dans la vie des populations.

SECTION 2 : LES DIFFERENTES REALISATIONS ET L'APPRECIATION DES POPULATIONS CONCERNEES

La participation de tous ces acteurs se vérifie sur le terrain, par des réalisations concrètes. Seulement, ces réalisations se concrétisent par une appréciation ou une indifférence des bénéficiaires.

I - LA DIVERSITE DES REALISATIONS

A Melen 4 et Melen 8 OM, on décompte plusieurs réalisations. Elles sont diversifiées et se retrouvent dans tous les cadres.

1 - LE CAS DES REALISATIONS A MELEN 4

Les principales réalisations à Melen 4 sont les latrines améliorées. Après le constat que les latrines traditionnelles étaient sources de plusieurs maladies telles que les diarrhées, à cause de la proximité de celles-ci avec les puits d'eau, ou du paludisme à cause de l'abondance des mouches, il y a eu nécessité d'apporter un changement. La différence entre les latrines améliorées et les latrines traditionnelles est énorme. Les latrines traditionnelles dégagent de mauvaises odeurs, elles attirent les mouches, elles polluent la nappe souterraine, etc...., alors que les latrines améliorées (encore appelées latrines à doubles fosses) ne dégagent pas de mauvaises odeurs, n'attirent pas les mouches, n'hébergent pas les cafards et les petits rongeurs. Ceci, parce qu'elles sont ventilées et ne condensent par l'air. Elles ne reçoivent pas d'eau, vu qu'un tuyau sert à rejeter les eaux sales dans les caniveaux (eau de toilette et autres). De plus, elles sont économiques pour la famille, car une famille qui choisit une latrine améliorée peut la conserver à vie si elle l'utilise dans les normes. Et ceci permet aussi au ménage de stabiliser la latrine dans un coin de la parcelle (voir ANNEXE 3 Photo 1).

Ensuite, nous avons la source « Tap-Tap ». Celle-ci existait déjà depuis longtemps. Mais, elle n'était ni construite, ni canalisée. Avec l'appui de « ERA-Cameroun » et des associations, elle est aujourd'hui bien canalisée et coule de façon ininterrompue pendant toute la journée. Malgré le fait qu'une inscription interdise la consommation de cette eau, elle sert à désaltérer certaines personnes démunies (voir ANNEXE 3 Photo 2)

Nous avons aussi les chemins piétons bétonnés. Ils sont étroits, car les maisons sont trop serrées, mais ils desservent quand même le quartier, et permettent aux uns et aux autres de sortir sans se faire salir par la boue. Des caniveaux, construits à côté des passages piétons, permettent en effet l'écoulement des eaux usées (voir ANNEXE 3 Photo 3). Pour bien présenter ces réalisations à Melen 4, voici une carte représentative des réalisations sur le terrain (carte n°3).

Carte n° 3 : Représentation schématique des réalisations des acteurs locaux à Melen 4

Sources : Era-Cameroun, 2009, Yaoundé

2 - LES REALISATIONS EFFECTUEES A MELEN 8 OM

Les réalisations faites à Melen 8 OM sont beaucoup plus nombreuses. Elles partent des pistes aux ponts, en passant par l'adressage des maisons.

- La piste « Poulet » est la première entrée de Melen 8 OM (voir ANNEXE 3, photo 4), lorsque nous partons du carrefour Biyem-assi. Elle est rechargée et compactée sur 286 mètres. Elle se termine par un pont qui facilite la traversée de la rivière Biyeme. Ce pont mesure 5 mètres de portée et 4 mètres de large (voir ANNEXE 3, photo 5). De part et d'autre de la piste, des caniveaux en béton armé assurent l'écoulement des eaux.

- La piste « Major » est la seconde entrée et est, rechargée, compactée, et pavée de pierres maçonnées, sa longueur est de 342 mètres (voir ANNEXE 3, photo 6). Elle se termine par un pont sur la rivière Biyeme, suivi d'une plate forme faite en pavée de pierre (voir ANNEXE 3, photo 7).

- La piste « Mvé », se situe juste au carrefour Obili, et sépare le quartier Melen 8 OM de la garde présidentielle. Elle est pavée de pierres maçonnées, son emprise moyenne est de 6 mètres et sa longueur est de 265 mètres. De part et d'autres aussi, il y a les caniveaux en pierres maçonnées (voir ANNEXE 3, photo 8). Elle se termine par un petit pont (voir ANNEXE 3, photo 9).

En dehors de ces ouvrages, nous avons l'adressage du quartier, permettant d'identifier chaque maison par un numéro.

Les réalisations effectuées à Melen 8 OM sont représentées ci-après (Carte n°4)

Carte n°4 : Les différentes réalisations des acteurs locaux à Melen 8 OM :

Sources : Era-Cameroun, 2009, Yaoundé

II-L'APPRECIATION DES POPULATIONS CONCERNEES

On distingue généralement deux types d'attitudes de la part de la population concernée, face aux réalisations effectuées et dont elles doivent en principe pouvoir en bénéficier. Il s'agit d'une part, des réactions positives (ou d'approbation) et, d'autre part d'un sentiment d'indifférence. Ce dernier sentiment peut d'ailleurs amener à se questionner, dès lors qu'il s'agit pourtant des réalisations qui, au préalable, avaient été initiées par ces mêmes populations.

1 - LES REACTIONS POSITIVES

Plusieurs personnes apprécient les travaux réalisés dans leur quartier. Ces personnes sont principalement des propriétaires qui participent à tous le processus dès l'élaboration du projet, au suivi après réalisations. Ces habitants trouvent que les réalisations effectuées par l'appui des associations améliorent leur qualité de vie et participent au bien-être de tous. Pour eux, l'on peut désormais sortir de la maison sans problème quelque soit la saison, car il n'y a plus de boue. Ces gens sont contents de pouvoir conduire leurs malades dans les hôpitaux de la périphérie, avec plus de facilités, car les voitures peuvent venir en urgence les chercher à domicile (Melen 8 OM).

Aussi dans les quartiers, il y a moins de maladies. Ce qui permet aux uns et aux autres de faire un peu d'économie et de rallonger leur espérance de vie. Les latrines améliorées et la réfection de la source « Tap-Tap » sont d'un très grand appui pour toute la population, ceci parce que les maladies causées par l'eau deviennent de plus en plus rares. En plus, avec le projet AQUA, plusieurs ménages qui ont contribué, bénéficieront des bornes-fontaines à domicile. Les habitants se réjouissent car pour les moins nantis, les bornes-fontaines publiques seront installées, avec la participation de « ERA-Cameroun », des CAD et d'autres partenaires.

En ce qui concerne les ordures ménagères, plusieurs ménages sont contents de l'opportunité que leur donnent les associations de vider leur poubelle. Car, la modique somme perçue n'est qu'une contribution de ceux-ci pour un quartier propre, et les populations en sont conscientes. Nous ne pouvons pas oublier la joie de celles-ci, par rapport à la diminution des inondations. Car, avec le curage d'eau, plusieurs maisons sont à l'abri (voir ANNEXE 3 photo 11).

L'adressage des maisons réjouit aussi les populations, parce que les visiteurs peuvent retrouver la maison, uniquement avec le numéro qui y est indiqué. En somme, il y a beaucoup de motifs de réjouissances, de la part des populations bénéficiaires, des réalisations mais certaines personnes réussissent quand même, à être indifférentes. Il faut dire, dans ce cas d'ailleurs aussi, qu'il s'agit de ceux qui ne voudraient aucunement financièrement participer aux projets locaux.

2 - l'INDIFFERENCE D'UNE CERTAINE PARTIE DE LA POPULATION

Pour confirmer la règle qui voudrait qu'il y ait toujours des mécontents, ou encore des indifférents, certaines personnes (surtout les locataires qui ne voudraient pas financièrement participer aux programmes locaux) dans nos quartiers ciblés, trouvent qu'ils n'ont rien à faire des travaux effectués dans le quartier. Après 13 ans dans la localité, quelqu'un déclare : « ça ne me concerne pas », ceci tout simplement parce qu'il est un locataire. Certes, la population à la base participe de manière philanthropique au projet dès son élaboration. Mais à ce niveau déjà, certains locataires sont indifférents. Ceci nous montre que ces locataires ne peuvent être comptés parmi les philanthropes, parce qu'ils ne font rien pour rien. Ils calculent tous les contours de leur don.

Ces derniers ne participent pas le plus souvent car, disent-ils, ils sont des « passants » dans la localité, et peuvent d'un moment à l'autre s'installer ailleurs. Ils estiment donc ne pas devoir participer au développement, partout où ils s'installent. Rien ne les attache au quartier.

Conclusion du chapitre quatre

Dans ce chapitre, il était question de l'action philanthropique des associations de Melen 4 et Melen 8 OM. Nous avons présenté les différentes formes de participation, que les divers acteurs du développement local dans nos localités ciblées mettent sur pied pour mener à bien le changement dans le quartier. Ensuite, nous avons montré que certaines populations se réjouissent de leurs efforts partagés et d'autres s'en moquent. Néanmoins , tout au long de cette analyse, nous avons compris que, le développement local dans les quartiers se présente comme une oeuvre lente, mais une oeuvre positive qui fait penser à un développement durable, une oeuvre qui allie la modicité des moyens aux aspirations légitimes, grandioses, mais non démesurées des populations.

Conclusion de la deuxième partie

Cette partie nous a montré les contributions philanthropiques des associations au développement local de Melen 4 et Melen 8 OM.

Nous sommes parties, des données socio-économiques de ces localités pour cerner les différents problèmes de ces quartiers. Cette présentation nous a permis de constater que, les quartiers spontanés de la ville de Yaoundé sont des quartiers à problèmes. Ici, les constructions sont anarchiques, d'où la nécessité pour les différents acteurs (populations des quartiers, associations, collectivités territoriales, Etat) de s'organiser pour son développement.

Nous avons présenté dans cette partie les différentes formes de participation, qu'emploient les populations regroupées en associations pour le développement des leurs quartiers. Les différentes réalisations déjà effectuées dans ces localités pour le bien-être des habitants, aussi appréciées par les uns et les autres, sont présentées sur des photos en annexes.

CONCLUSION GENERALE

Il était question dans ce travail de montrer la relation entre la philanthropie et le développement local. Nous avons en particulier montré l'action philanthropique des associations de Melen 4 et Melen 8 OM, deux quartiers de l'arrondissement de Yaoundé VI au Cameroun, à leur développement.

Pour cela, la question majeure de notre travail était celle de savoir si les populations regroupées en associations oeuvrent spontanément et de façon volontaire à l'amélioration de la qualité de vie dans leurs quartiers. cette question a trouvé une réponse dans l'analyse de la participation de ces dernières dans l'amélioration des conditions de vie des populations résidentes. En effet, avec la crise économique et la fin du fordisme, l'Etat n'est plus capable d'oeuvrer au développement de toutes les localités du pays, d'où l'émergence des comportements charitables, altruistes, philanthropiques, volontaires des populations que l'on retrouve au sein des associations de développement local.

Nous nous sommes inspirés de la littérature existante sur le sujet (ouvrages, articles, rapports, mémoires, lois, journaux, etc.), du cadre juridique et des principes d'administration des organisations de la société civile. Sur le plan de la recherche, un certain nombre de travaux scientifiques nous a permis d'avoir quelques pistes d'orientation. Nos multiples descentes sur le terrain (avec deux questionnaires) nous ont permis de comprendre le lien entre la philanthropie et le développement local.

Ce travail est organisé autour de deux grandes parties composées chacune de deux chapitres. La première partie intitulée la philanthropie des organismes à but non lucratif et le développement local nous a plongé dans la philanthropie et le développement local, dès leurs racines originelles jusqu'à nos jours. Surtout nous avons présenté le lien indispensable qui se trouve entre ces deux concepts et donc le seul but est l'amélioration des conditions de vie des populations. La deuxième partie, intitulée l'action philanthropique des associations locales pour le développement des quartiers Melen 4 et Melen 8 OM a permis de montrer l'apport des populations regroupées en associations au développement dans ces localités. Nous avons pour cela apprécié leur sens de charité, philanthropique, de partenariat et de participation volontaire dont la seule contrepartie est l'amélioration des conditions et de la qualité de vie.

Au vu des nombreuses réalisations (les ponts, les pistes carrossables, les chemins piétons bétonnés, les caniveaux, les latrines améliorées, les points d'eau) effectuées dans ces différents quartiers, la philanthropie des populations regroupées en associations est quasi importante pour le développement local. L'Etat n'étant plus le seul acteur de développement ; il n'est plus en mesure de financer toutes ces réalisations et de s'occuper de l'amélioration de la qualité de vie de ces populations.

Dans la conduite de ce travail, nous avons connu quelques difficultés :

- Difficultés de rencontrer les leaders des associations qui n'étaient pas toujours accessibles malgré les rendez-vous fermes obtenus.

- Difficultés d'interroger les populations qui nous suspectent toujours d'espions, pensant que nous sommes envoyées par la Communauté Urbaine.

Ainsi donc, il en ressort après cette étude que, la philanthropie, acte d'échanger, de donner, de recevoir, de l'argent, du temps, etc. reste « encastrée » dans la culture des associations des quartiers Melen 4 et Melen 8 OM. A travers les actes altruistes et de charité, les associations des quartiers Melen 4 et Melen 8 OM contribuent à développer leur localité en participant à la construction des ouvrages.

BIBIOGRAPHIE

1-OUVRAGES ET ACTES DE COLLOQUES

Actes de la Journée Annuelle de l'O.S.C (Juillet 2004) : Projet d'appui aux Organisations de la société civile au Cameroun (Pro-OSC), 1ére édition, Yaoundé.

Actes de colloque (2005) : Séminaire International Villes et territoires (SiViT), Mutations et enjeux actuels, PUVIT, Sétif.

Albou P. (1984) : Les psychologues économiques, PUF, Paris.

Courlet C. (2007) (sous la dir. de) : Territoire et développement économique au Maroc : le cas des systèmes productifs localisés, Ed. L'Harmattan, Paris.

Emerson Andrews F. (1967) : cité par Weaver W. (1967) : U.S. Philanthropic Foundations - Their History, Structure, Management and Record (Les fondations philanthropiques aux Etats-Unis - Histoire, structure, gestion et palmarès), New York. Infra.

Essombè Edimo J.R. (1995) : Quel avenir pour l'Afrique?...., Ed ? Silex/Nouvelles du Sud, Paris

Essombè Edimo J.R. (2007b) : Spatialité et développement économique à Douala : entre le hasard et la nécessité, L'Harmattan, Paris.

Gouttebel J.Y. (2001) : Stratégie de développement territorial, Economica, Paris.

Greffe X. (1984) : Territoires en France, les enjeux économiques de la décentralisation, Economica, Paris.

Greffe X. (1988) : Décentraliser pour l'emploi, les initiatives locales de développement, Economica, Paris.

La Bible : Genèse 28:22; Deutéronome 14:28-29 et 26:12f.

LIN N. (2001) Building a theory of social capital, dans N. LIN, K.S. Cook et R.S. Burt (eds) : «Social capital, theory and research, Eds. Paperback.

Marshal A. (1890): Principles of economics, Trad. Française de la 4ème édition, 1871, LGDJ, Paris.

Meillassoux J.C. (1975) : Anthropologie des sociétés africaines précapitalistes, Ed. Ouvrières, Paris.

Nihan G. E. Demol et Bodo Tabi (1979) : Le secteur non- structuré moderne de Yaoundé, OIT, Genève.

Tsafack Nanfosso R.A. (Sous la direction de) (2007) : L'Economie Solidaire dans les pays en voie de développement, Edition Harmattan, Paris.

Pecqueur B. (1992) : Le développement local, Syros, Alternatives, Paris.

Pecqueur B. et J.B. Zimmerman (2004) : Economie de proximités, Ed. Hermès, Paris

Plewes B. (Préparé par) (2008) : La philanthropie mondiale et la coopération internationale, Guide des tendances et enjeux, Pour le conseil canadien pour la coopération internationale.

Porter M. E. (2004) : La concurrence selon Porter, Village Mondial, Paris.

Prévost P. (1993) : Entrepreneurship et développement local: quand la population se prend en main, Ed. Transcontinentales inc.

Proulx M.A. (sous la direction de) (1998) : Territoire et Développement Économique, Harmattan.

Smith A. (1776) : Recherches sur les causes de la richesse des Nations, Gallimard, Paris

UICN (1980) : la stratégie mondiale de protection de l'environnement, Gland, Suisse.

Weaver W. (1967) : U.S. Philanthropic Foundations - Their History, Structure, Management and Record (Les fondations philanthropiques aux Etats-Unis - Histoire, structure, gestion et palmarès), New York.

2- ARTICLES

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Bellet M. et al. (1993) : « Economie des proximités », in R.E.R.U., n° Spécial, n° 3,

Bouman F.J.A. (1979) : « The ROsCA ; financial technology of an informal savings and credit institution in developing countries », dans Revue Savings and Development, n°4.

Dupuis J.P. (1998) : « Le Rôle des Acteurs Locaux et Régionaux dans la Construction du modèle québécois de Développement Économique », in Proulx M.A. (sous la direction de) Territoire et Développement Économique, Harmattan. p. 129-142.

Essombè Edimo J.R. (2005a) : « Le développement territorialisé à Douala : le projet de création des « jardins d'entreprises », étude d'expertise, CUD, sept.

Essombè Edimo J.R. (2005b) : « Le développement territorialisé à Douala : fondements et modalités institutionnelles d'une dynamique nouvelle », in Monde en développement, n° 130, vol.33.

Essombè Edimo J.R. (2007a) : « Localisation des entreprises industrielles et création de nouvelles centralités à Douala », dans la Revue Monde en développement, n° 137, vol.35-2007/1.

Favreau L. et Saucier C. (1996) : « Economie sociale et développement économique communautaire : de nouvelles réponses à la crise économique de l'emploi, Economie et solidarités », vol 28, no 1, p. 5-19, PUQ.

Fondo S. and G. Tchouassi (2007): « Diaspora Remittances and the Financing of Basic Social Services and Infrastructure in Francophone Africa South of the Sahara », in Rubin Patterson, (ed), African brain circulation: beyond the drain-gain debate, Leiden, Boston: Brill.

Moe H. A. (1961): « Notes on the Origin of Philanthropy in Christendom », Proceedings of the American Philosophical Society.

Pecqueur B. (2007) : « L'économie territoriale : une autre analyse de la globalisation », in Revue l'Economie Politique, n° 33.

Nihan G. (1980) : « Le secteur non-structuré moderne : signification, aire d'extension du concept et application expérimentale », in Revue Tiers-Monde, n° 82, avril-juin.

Tamba I. (2004) : « La société civile : Des débats théoriques aux enjeux socio politiques et économiques », in Actes, Journée annuelle de l'O.S.C. (JANOSC), CREDDA, Pages 53-66.

Tchouassi G. (2004) : « Mécanismes et stratégies de financement des actions en faveur des individus, des groupes d'individus ou des municipalités urbaines dans les domaines suivants : logements urbains, accès aux services urbains de base, protection des groupes vulnérables en milieu urbain, activités génératrices de revenu en milieu urbain », Rapport d'expertise, Environnement, Recherche - Action (ERA), Yaoundé, 19 pages.

Tchouassi, G. (2005) : « Opportunités et contraintes actuelles des sources de financement des projets urbains au Cameroun », in Séminaire international Villes et territoires (SiViT) : Mutations et enjeux actuels, PUVIT, Sétif, Pages 26-32.

Tchouassi G. (2007) : « L'entrepreneuriat social et solidaire : cas du commerce équitables entre le Nord et le Sud », in Tsafack Nanfosso R. A. L'Economie Solidaire dans les pays en voie de développement, Edition Harmattan, Paris, Pages 61-84.

Tsafack Nanfosso R. A. (2007) : « La culture africaine et l'économie sociale et solidaire », in Tsafack Nanfosso R. A. L'Economie Solidaire dans les pays en voie de développement, Edition Harmattan, Paris, Pages 37-60.

Tsafack Nanfosso R. A. et Tchouassi G. (2009) : « De la marginalisation économique de l'Afrique », in L'Afrique dans un monde en mutation, (sous presse).

3-MEMOIRES ET THESES

Etoundi L. P. (2008) : Participation des habitants et développement des quartiers à habitat spontané : Le cas de la commune d'arrondissement de Yaoundé VI, Mémoire de DESS en Gestion urbaine, Université de Yaoundé II.

Feugang N. (2008) : Proximité des activités et des zones d'habitation : cas des stations service dans l'arrondissement de Yaoundé VI, Mémoire de DESS « gestion Urbaine », Yaoundé II-Soa.

Kamga Kamga Ch. C.  (2008) : L'Ethique du développement dans « De la médiocrité en excellence d'Ebenezer Njoh-Mouelle », Mémoire de maîtrise en philosophie.

Ngadjou D. (2007) : Les foyers communautaires dans la ville de Yaoundé et le développement périurbain, Mémoire de DESS et MASTER II en Evaluation des projets.

4-DOSSIERS ET RAPPORTS

- CCCI (2008) : La Philanthropie Mondiale et la coopération internationale, guide des tendances et enjeux pour le conseil canadien pour la coopération internationale, Décembre .

-CREDDA (2004) : Créer et Administrer une OSC au Cameroun, cadre juridique et principes d'administration.

- OCDE (1990) : Réussir le changement : Entrepreneuriat et initiatives locales, Organisation de coopération et de développement économiques, Paris.

- OCDE (2003) : Fondations Philanthropiques et coopération pour le développement, dossiers du comité d'aide au développement, Organisation de Coopération et de Développement économiques.

5- JOURNAUX DE VULGARISATIONS DES ACTIVITES DES ASSOCIATIONS

- Alliance Magazine.

- Démarche méthodologique pour la planification locale, SNV, 2000

- Le guide des relations entre les institutions et les organisations de développement local rédigé par ERA Cameroun

- La gazette du quartier, L'authentique du développement local, ERA Cameroun / ISF d'Espagne, N° 11, 12, 13, etc.

- Revue Agridoc n°1, juillet 2001

6- LOIS ET REGLEMENTS

- La loi n°2004/17 du 22 juillet 2004 portant relative à l'orientation de la décentralisation au Cameroun.

- La loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles de la décentralisation applicables aux communes,

- La loi n° 99/014 du 22 décembre 1999 relatives aux Organisations Non Gouvernementales,

- La loi n° 96-06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 2 juin 1972,

- La loi n° 90/053 du 19 décembre 1990 portant liberté d'association au Cameroun,

- La loi n° 77/495 du 7 décembre 1977 fixant les conditions de création et fonctionnement des oeuvres sociales privées,

- Décret n° 98/263/PM du 12 août 1998 portant système de répartition des centimes additionnels communaux,

- Décret n°93/321 du 25 Novembre 1993 portant réorganisation administrative de la communauté urbaine de Yaoundé.

7- ETUDES ET PROGRAMMES

- Monographie de Melen 4 (ERA-Cameroun)

- Monographie de Melen 8 Onana Meuble (ERA-Cameroun).

- Plan d'actions prioritaires de Yaoundé VI.

-Programme quartier (ERA-Cameroun)

-Projet AQUA (ERA-Cameroun)

- Projet de La maîtrise da l'assainissement dans un écosystème urbain et impacts sur la santé des enfants âgés de moins de cinq ans », dans le bassin versant de la Mingoa à Yaoundé (LESEAU, Polytechnique)

8-WEBOGRAPHIE

http://www.justanotheremperor.org/edwards_WEB.pdf

http:// www.unification /net/ws/theme141htm

http://www.alliancemagazine.org/node/967

http://causeglobal.blogspot.com/ 

www.akdn.org/agency/philanthropy/ingphilHHADD.htm

http://findarticles.com/p/articles/mi_m0EIN/is_2004_Nov_10/ai_n6340602

www.prosport69.com/documents/foire_aux_questions/le_volontariat.pdf

fr.wikipedia.org/wiki/Bénévolat

http://fr.wikipedia.org/wiki/D(c)veloppement_local

www.chru-lille.fr/assochru/associations/Definitions/65701.shtml - 21k

ANNEXES

ANNEXE 1 :

QUESTIONNAIRE PORTANT SUR LA PHILANTHROPIE ET LE DEVELOPPEMENT LOCAL A YAOUNDE : CAS DES QUARTIERS DE MELEN 4 ET MELEN 8 ONANA MEUBLE

Réservé aux associations

La philanthropie est un acte moral, celui de donner, de partager sans contrepartie et de façon désintéressée. L'on peut donner, sans contreparties, de son temps, de son expérience, de son expertise, de sa personne, ou encore de son argent.

Le développement local porte sur l'amélioration des conditions de vie des populations dans la localité.

Ce questionnaire est confectionné pour les membres des associations et des comités d'animation au développement des quartiers retenus.

I - IDENTIFICATION DE L'ASSOCIATION

* Nom de l'association :............................................................................................

* Date de création de l'association : ..................................................................

* Quelle est la structure de votre association ? (composition du bureau).......................

.............................................................................................................

* Association légalisée : Oui

Non

* Membre du bureau :

Oui

Non

* Membre actif : Oui

Non

* Genre : Féminin

Masculin

* Age : 20-25 ans ; 25-30 ans ; 30-35 ; 35-40 ; 40-45 ; 45-50 ; 50 et plus.

*Nombre de membres ou d'adhérants de l'association :

Hommes...............................................................

Femmes...............................................................

II - VIE DE L'ASSOCIATION

*Quelle est la procédure d'adhésion à l'association.............................................

...........................................................................................................

*Quels sont les objectifs de l'association ?.........................................................

............................................................................................................

* Combien de fois vous réunissez-vous ?

Une fois par mois

Deux fois par mois

Plus de deux fois par mois

* Les membres font-ils :  du volontariat

du bénévolat

reçoivent-ils un revenu

* Vous considérez vous comme une association philanthropique ?

Oui

Non

*Si oui pourquoi...........................................................................................

*Si non pourquoi ?...................................................................................................................

*Entretenez-vous des relations avec d'autres associations ?

Oui

Non

Si oui lesquelles......................................................................................

..........................................................................................................

III - ASSOCIATION ET DEVELOPPEMENT LOCAL

* Quelles sont vos actions concrètes sur le terrain ?...............................................................

.............................................................................................................

*Faites-vous des propositions de projets ? Donnez quelques exemples.........................

............................................................................................................

............................................................................................................

*Quels sont les difficultés rencontrées .sur le terrain ?...........................................

...........................................................................................................

* Comment est géré l'aspect financier ?...............................................................................

.............................................................................................................

* Participez-vous au financement de vos actions ? De quelle manière ?.............................

.............................................................................................................

* Avez-vous d'autres sources de financement ? (Citez quelques unes)................................

............................................................................................................

.............................................................................................................

*Quels sont les motifs de vos interventions ?........................................................................

............................................................................................................

..........................................................................................................

* Donner quelques exemples de vos réalisations sur le terrain ..................................

..............................................................................................................

*Quelle est la population cible de votre intervention ?.........................................................

.................................................................................................................................................

* Participez-vous réellement à l'amélioration des conditions de vie ou au développement de votre localité ?

Oui

Non

* Pensez-vous que votre intervention dans les quartiers améliore la qualité de vie des populations ? (donner des explications).............................................................

............................................................................................................

Nous vous remercions pour votre compréhension et pour votre disponibilité !!!

ANNEXE 2 :

QUESTIONNAIRE PORTANT SUR LA PHILANTHROPIE ET LE DEVELOPPEMENT LOCAL A YAOUNDE : CAS DES QUARTIERS DE MELEN 4 ET MELEN 8 ONANA MEUBLE

Réservé aux populations

La philanthropie est un acte moral, celui de donner, de partager sans contrepartie et de façon désintéressée. L'on peut donner, sans contreparties, de son temps, de son expérience, de son expertise, de sa personne, ou encore de son argent.

Le développement local porte sur l'amélioration des conditions de vie des populations dans la localité.

Ce questionnaire est confectionné pour les populations des quartiers précités afin d'apprécier leur jugement et leur participation dans les actions menées dans leur localité.

I - IDENTIFICATION

*Nom du quartier..........................................................................................

* Genre : Féminin

Masculin

* Age : 20-25 ; 25-30 ans ; 30-35 ; 35-40 ; 40-45 ; 45-50 ; 50 et plus.

*situation familiale : Marié

Célibataire

*Etes-vous propriétaire

locataire

*Depuis combien d'années vivez-vous dans ce quartier ?....................................................

II - POPULATION ET DEVELOPPEMENT LOCAL

*Comment se passe le développement local dans votre localité ?.......................................

...........................................................................................................

*Participez- vous au développement de votre quartier ?........................................

Si oui de quelle manière ?.........................................................................

............................................................................................................

Si non pourquoi ?......................................................................................

*Que pensez-vous des associations et du CAD de votre quartier ?..............................

..........................................................................................................

............................................................................................................

*Mènent-ils des actions pour le développement du quartier ?...................................

Si oui, lesquelles ?.....................................................................................

........................................................................................................

*Comment trouvez-vous les actions menées sur le terrain : sont-elles bien réalisées ?.....

.........................................................................................................

.........................................................................................................

*Pensez-vous que ces réalisations améliorent votre qualité de vie ? Expliquez-vous .... .........................................................................................................

.........................................................................................................

*Votre quartier est-il de plus en plus propre et accessible ?...................................

Nous vous remercions pour votre compréhension et pour votre disponibilité !!!

TABLE DES MATIERES

Sommaire......................................................................................iii

Dédicace.......................................................................................V

Remerciements...............................................................................Vi

Liste des abréviations......................................................................Vii

Liste des cartes, des schémas et tableaux................................................Viii

Avant propos..................................................................................iX

Résumé.........................................................................................X

Abstract........................................................................................Xi

Introduction générale.........................................................................1

PREMIERE PARTIE : La philanthropie des organismes à but non lucratif et le développement local.........................................................................13

Chapitre 1 : La philanthropie des Organismes à but non lucratif.................15

Introduction...................................................................................15

Section 1 : Les sources de la philanthropie.............................................15

I- Historique de la philanthropie .........................................................15

1 - Les origines religieuses de la philanthropie........................................16

2 - Les origines Laïques de la philanthropie...........................................18

II- Défis et caractéristiques majeurs de la philanthropie...........................20

1 - Les multiples défis de la philanthropie..............................................20

2 - Les caractéristiques de l'oeuvre philanthropique.................................23

Section 2 : Typologie des organismes à but non lucratif et leurs moyens d'actions.......................................................................................25

I- Les organisations de la société civile...................................................26

1 - Le cas des fondations....................................................................26

2 - Les associations et les organisations non gouvernementales...................27

II- Les mécanismes de financement mis en oeuvre sur le terrain...................30

1 - Le financement des activités...........................................................30

2- Les contributions des populations ...................................................32

Conclusion du premier chapitre..........................................................33

Chapitre 2 : Les différentes approches du développement local .............................................................................................34

Introduction...................................................................................34

Section 1 : Le développement local, un phénomène émergent .....................35

I -L'émergence du développement local................................................35

1 - Conditions de l'émergence du développement local..............................36

2 - Les caractéristiques du développement local ..................................37

II - Le développement local, une dynamique initiée par des acteurs locaux ....39

1- L'entrepreneur : un acteur du développement local..............................39

2- Les collectivités locales..................................................................41

Section 2 : Le développement local à Melen 4 et Melen 8 OM......................44

I - Les conditions d'un développement local approprié..............................44

1- La notion du partenariat...............................................................45

2- Le concept de la participation.........................................................46

II- Les différents acteurs du développement local à Melen 4 et Melen 8 OM...47

1 - L'action du tandem « ERA-Cameroun/ISF d'Espagne »........................48

2 - Les associations de Melen 4 et Melen 8 OM.......................................49

Conclusion du deuxième chapitre........................................................56
Conclusion de la première partie.........................................................56

DEUXIEME PARTIE : L'ACTION PHILANTHROPIQUE DES ASSOCIATIONS AU DEVELOPPEMENT DE MELEN 4 ET MELEN 8 OM.............................................................................................58

Introduction de la deuxième partie.......................................................59

Chapitre 3 : Présentation socio-économique de Melen 4 et de Melen 8 OM.....60

Section 1 : Caractéristiques physiques et démographiques de Melen 4 et Melen 8 OM ...........................................................................................60

Introduction...................................................................................60

I- Le quartier de Melen 4..................................................................60

1 - De « la route des palmiers » à Melen 4..............................................60

2 - Situation démographique et humaine...............................................61

II- Présentation de Melen 8 OM...........................................................66

1 - Bref aperçu de l'origine du quartier.................................................66

2 - Situation géographique et humaine...................................................67

Section 2 : Aspects socio-économiques de Melen 4 et Melen 8 OM................71

I - Les activités économiques de Melen 4...............................................71

1 - Les activités commerciales.............................................................71

2 - Les activités artisanales.................................................................72

II - Les activités économiques de Melen 8 OM.........................................74

1 - Les activités commerciales.............................................................74

2 - Les activités artisanales.................................................................75

Conclusion du troisième chapitre.........................................................75

Chapitre 4 : L'action des associations en faveur du développement de Melen 4 et de Melen 8 OM...............................................................................76

Introduction...................................................................................76

Section 1 : Les formes de participations des associations de Melen 4 et Melen 8 OM..............................................................................................77

I- Participation non monétaire ............................................................77

1 - La sensibilisation.........................................................................77

2 - L'élaboration des projets et autres formes..........................................79

II- Participation monétaire et financière................................................79

1 - Les cotisations des populations du quartier........................................80

2 - La part des élites.........................................................................81

Section 2 : Les différentes réalisations et l'appréciation des populations.........82

I - La diversité des réalisations............................................................82

1 - Le cas réalisations à Melen 4..........................................................82

2 - Les réalisations effectuées à Melen 8 OM..........................................84

II - L'appréciation des populations concernées.......................................86

1 - Les réactions positives..................................................................87

2 - L'indifférence d'une certaine partie de la population...........................88

Conclusion du quatrième chapitre .......................................................88

Conclusion de la deuxième partie.........................................................89

Conclusion générale.........................................................................90

BIBLIOGRAPHIE...........................................................................93

ANNEXES.....................................................................................99

TABLE DES MATIERES................................................................110

* 1 Petites et Moyennes Entreprises

* 2 Déclaration du Secrétaire général de la CNUCED, Conseil sur le commerce et le développement, Exécutif, 13 novembre2008.

* 3 Organisations non Gouvernementales

* 4 Environnement - Recherche et Action

* 5 Alain Rey (dirigé par), (1998) : Dictionnaire Micro Robert, Dicorobert, Canada, p 980.

* 6Silem et Albertini (Sous la direction), (1987) : Lexique d'Economie, Dalloz, Paris, P 182.

* 7 Greffe Xavier, (1994) : Les enjeux économiques de la décentralisation, 2ème édition.

* 8 Dans la suite de notre travail, Melen 8 OM veut dire Melen 8 Onana Meuble.

* 9 Albou P. (1984) : Les psychologues économiques, PUF, Paris, p.123.

* 10 Essombè Edimo (2005b) : Op. Cit. p. 116.

* 11 Genèse 28:22; Deutéronome 14:28-29 et 26:12f.

* 12 www.akdn.org/agency/philanthropy/ingphilHHADD.htm.

* 13 Commandements religieux en matière de charité et d'hospitalité : www.unification net/ws/theme141htm.

* 14 Moe H. A. (1961) : «Notes on the Origin of Philanthropy in Christendom», Proceedings of the American Philosophical Society 105:2, p. 141.

* 15« Fondations philanthropiques et coopération pour le développement », in Comité d'aide au développement, OCDE, 2003 p15.

* 16 http://www.alliancemagazine.org/node/967

* 17 http://findarticles.com/p/articles/mi_m0EIN/is_2004_Nov_10/ai_n6340602

* 18 Betty Plewes, (2008) : La philanthropie mondiale et la coopération internationale, Guide des tendances et enjeux, Pour le conseil canadien pour la coopération internationale, p7.

* 19 http://causeglobal.blogspot.com/

* 20 www.chru-lille.fr/assochru/associations/Definitions/65701.shtm

* 21 www.prosport69.com/documents/foire_aux_questions/le_volontariat.pdf

* 22 Tamba I. (2004) : « La société civile : Des débats théoriques aux enjeux socio politiques et économiques », in Actes, Journée annuelle de l'O.S.C. (JANOSC), CREDDA, Yaoundé, P55.

* 23 F. Emerson Andrews Cité par Warren Weaver (1967): U.S. Philanthropic Foundations - Their History, Structure, Management and Record (Les fondations philanthropiques aux Etats-Unis - Histoire, structure, gestion et palmarès, New York, p39.

* 24 Créer et Administrer une OSC au Cameroun, cadre juridique et principes d'administration, p. 45.

* 25 Idem p53.

* 26 Créer et Administrer une OSC au Cameroun, cadre juridique et principes d'administration, p. 22.

* 27 Créer et Administrer une OSC au Cameroun, cadre juridique et principes d'administration, p28.

* 28 Ce que les Anglo-Saxons appellent aussi ROsCA (Rotative Savings and Credit Association), pour désigner également les tontines. Voir à cet effet, F.J.A. Bouman (1979) : The ROsCA ; financial technology of an informal savings and credit institution in developing countries, dans Revue Savings and Development, n°4. Cité par Essombè Edimo J.R. (1995) : Quel avenir pour l'Afrique?...., Ed ? Silex/Nouvelles du Sud, p. 62.

* 29 Acheteurs-Revendeurs à la sauvette

* 30 Démarche méthodologique pour la planification locale, SNV, 2000.

* 31 Pecqueur (1992) : Le développement local, Syros, Paris, op. Cit., pp. 137/38.

* 32 Essombè Edimo, 2007b, op. Cit.

* 33 Pecqueur,(1992), Le développement local, Syros, Paris, p. 138.

* 34 Le cluster est définit par M. Porter (2004, p. 207), comme « un groupe géographiquement proche d'entreprises liées entre elles et d'institutions associées relevant d'un domaine donné, entre lesquelles existent des relations et des éléments communs et des complémentarités »

* 35 Courlet C. (2007) (sous la dir. de) : Territoire et développement économique au Maroc : le cas des systèmes productifs localisés, Ed. L'Harmattan, Paris.

* 36 Pecqueur B. (2007) : L'économie territoriale : une autre analyse de la globalisation, in Revue l'Economie Politique, n° 33, p. 47.

* 37 Dans un article de vulgarisation intitulé « Douala et l'attractivité territoriale en zone CEMAC à l'heure de l'économie globale », in Revue ENJEUX, n° 34-35, Jan-Juin 2008, pp. 40-51, J.R. Essombè Edimo montrait également que ces deux interprétations de la mondialisation traduisaient d'ailleurs une opposition entre deux logiques précises qui sont, la logique de nomadisme des entreprises et celle d'ancrage des firmes dans leur espace d'implantation.

* 38 B. Pecqueur (2007) : op. Cit. p. 51 .

* 39 Cf PREMIERE PARTIE du présent Mémoire infra.

* 40 Laboratoire Environnement et Sciences de l'eau

* 41 ce sont des maisons faites de bambous et de terres battues : La terre est au préalable mélangée sous forme de boue, avec laquelle l'on recouvre les bambous.

* 42 « Vente de seconde main », ici signifie que c'est un premier acheteur qui remet son terrain à la vente pour la seconde fois.

* 43 Expression empruntée à Essombè Edimo (2007b), op. Cit. et qui signifie dynamique d'un territoire, indépendamment de celle des acteurs qui le composent, et qui peut être la résultante d'un construit socioéconomique, infrastructurel, ... acquis le long de l'histoire du territoire, et facilite l'action des hommes installés sur ledit territoire.

* 44 On peut aussi voir, sur ce sujet du secteur informel, G. Nihan, E. Demol et Bodo Tabi (1979) : Le secteur non- structuré moderne de Yaoundé, OIT, Genève. Mais également G. Nihan (1980) ; le secteur non-structuré moderne : signification, aire d'extension du concept et application expérimentale, Revue Tiers-monde, n° 82, Paris.

* 45 On peut également se référer ici, notamment à Feugang N. (2008) : Proximité des activités et des zones d'habitation : cas des stations service dans l'arrondissement de Yaoundé VI, Mémoire de DESS « gestion Urbaine », Yaoundé II-Soa.

* 46 Cf partie précédente intitulée « les activités économiques de Melen 4 », infra.

* 47 Laboratoire Environnement et Sciences de l'Eaux de l'Ecole Polytechnique de Yaoundé.

* 48 Les banques publiques, parapubliques ou privées






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