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Etude systémique du bassin versant de la rivière N'Djili à  Kinshasa

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par Joseph- Dieudonné Dr LUBOYA KASONGO MUTEBA
Ecole régionale post- universitaire d'aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux - Présenté en vue de l'obtention du diplôme d'études supérieures spécialisées en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2002
  

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1.11.- ACTIVITES REALISEES DANS LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE N'DJILI

1.11.1.- AGRICULTURE, ELEVAGE ET PECHE

Une production agricole et d'élevage suffisant permettent d'assurer la sécurité alimentaire dans les meilleures conditions. Pour qu'il y ait sécurité alimentaire, la nourriture doit être suffisante en quantité et en qualité, être facilement accessible à tous avec l'assurance d'un approvisionnement continu sans rupture de stocks et ne pas être nocif. Dans l'approvisionnement alimentaire, on doit tenir compte de quatre éléments (Sachs et al., 1981) : de l'ensemble alimentaire (calories, protéines, sels minéraux, vitamines...), de l'efficacité biologique des nutriments, de la qualité hygiénique et organoleptique et de l'accès effectif à la nourriture.

En Afrique, le nombre des personnes qui souffrent d'insécurité alimentaire c'est - à - dire celles qui n'ont pas assez de nourritures pour bénéficier d'une santé et d'une activité physique normale se montait à 100 millions en 1989. Au Tchad, Mozambique, Somalie, Ouganda, en République Démocratique du Congo et en Zambie au moins 40 % de la population souffrait d'une insécurité alimentaire chronique (Brown et al., 1989). Dans notre pays, la situation est aujourd'hui plus dramatique en raison des difficultés occasionnées par les guerres sur l'ensemble du Pays. La FAO (2001) estime la population souffrant de l'insécurité alimentaire à 16 millions d'habitants en République Démocratique du Congo. Cependant, celles-ci sont inférieures à la réalité et ne semblent pas prendre en compte tous les pauvres des milieux urbains et la totalité des personnes vivant dans les zones où sévit la guerre.

La notion d'insécurité alimentaire a considérablement évolué depuis le sommet mondial qui s'est tenu à Rome sous l'égide de la FAO en 1974. Au début, elle était considérée comme une défaillance temporaire dans les approvisionnements alimentaires notamment au niveau de la production nationale causée par une catastrophe naturelle comme la sécheresse ou les inondations. Les expériences de ces dernières années ont montré que la cause fondamentale de l'insécurité alimentaire est plutôt un problème chronique d'accès à la nourriture lié à un pouvoir d'achat trop faible des ménages et groupes vulnérables ou à ce que l'on appelle actuellement « l'inégalité des droits face à la nourriture ». L'insécurité alimentaire peut être temporaire ou chronique (CTA, 1998).

Aujourd'hui, on estime que la sécurité alimentaire existe quand toute personne a, à tout moment, physiquement et économiquement accès à suffisamment de nourriture, saine et nutritive pour répondre à ses besoins nutritifs quotidiens en tenant compte de ses préférences alimentaires afin qu'elle puisse mener une vie saine et active (Sommet mondial de l'alimentation à Rome, 1996 cité par CTA, 1998).

Cependant, il faut noter qu'à Kinshasa, le pouvoir d'achat de la population ne fait que s'effriter d'années en années. Le mouvement s'est accéléré au cours de ces dernières années en raison de la guerre qui engloutit l'essentiel des ressources nationales. Une grande partie de la population vit aujourd'hui en dessous du seuil de la pauvreté. L'accès à la nourriture est donc devenu hypothétique pour la majorité des ménages. La situation est plus grave et dramatique pour les populations défavorisées résidant dans les zones d'extension.

L'approvisionnement de la ville en denrées alimentaires est essentiellement exogène. L'importation concerne les produits alimentaires d'origine animale surgelés : le poisson (chinchards surtout), la viande de boeuf, de porc et du poulet. Cependant, le commerce de produits alimentaires de faible valeur alimentaire a pris une ampleur regrettable. On voit aujourd'hui sur le marché à Kinshasa des croupions de dinde, les pattes de porcs et des poules, ainsi que d'autres parties des animaux qui sont généralement considérées comme des déchets alimentaires notamment la peau de grands animaux, les organes génitaux...Seuls les poils, les plumes et la substance cornée n'ont pas encore trouvé d'usage alimentaire. Les produits alimentaires d'origine végétale proviennent des autres provinces de la République : manioc, maïs, légumes...

Par suite de l'extrême pauvreté et du profond déficit alimentaire, la population urbaine de Kinshasa se trouve dans une situation nutritionnelle catastrophique qui exige des solutions urgentes.

Parallèlement à cet approvisionnement exogène en denrées alimentaires, il se développe de plus en plus mais timidement une production intra- urbaine grâce à l'agriculture et à l'élevage. La population prend de plus en plus conscience que le « bien - être de l'humanité reste étroitement lié à la terre » (Postel, 1989) et que « l'agriculture est l'épine dorsale des économies en développement » (Jacobson, 1989).

1.11.1.1.- AGRICULTURE URBAINE

L'agriculture urbaine est donc devenue omniprésente et se généralise de plus en plus parce qu'elle est considérée comme un appoint indispensable dans l'alimentation familiale pour les uns et comme une source principale de revenus pour les autres. Elle repose principalement sur les cultures maraîchères et le petit élevage et accessoirement sur la culture des arbres fruitiers. Pour certains, l'activité maraîchère est même devenue un métier ou mieux une profession. Dans le périmètre de Kinshasa, on trouve 13 centres maraîchers occupant une superficie totale estimée à 719 hectares. La commune de Kimbanseke compte à elle seule 6 centres maraîchers sur une superficie de 373 hectares soit près de 52 %. Le tableau 16 donne la répartition des centres maraîchers à Kinshasa.

Tableau 17 : Répartition des principaux centres maraîchers dans la ville de Kinshasa

Centres

Commune

Nombre des maraîchers

Superficies disponibles en Ha

Surfaces

cultivées en Ha

Production en kg

N'Djili

N'Djili

647

62

59

3169

Manzanza

Kimbanseke

444

28

23

1235

Kimbanseke

Kimbanseke

600

76

33

1772

Lemba Imbu

Mont - Ngafula

650

60

50

2685

Tadi

N'sele

250

19

9

1161

Tshangu

Kimbanseke

750

84

58

3114

Funa

Mont - Ngafula

850

81

62

3329

Mangu

Kimbanseke

701

70

55

2953

Mokali

Kimbanseke

365

60

45

2416

Bono

Kimbanseke

328

55

50

2685

Kisenso

Kisenso

370

49

46

2470

Masina Pool

Masina

325

64

60

3222

Bandal/Camp Kokolo

Bandal

1200

11

8

430

Total

7411

719

558

30641

Source : Kinkela (2001) revu et complété.

La vallée de la rivière N'Djili est très riche en terre alluviale. C'est pourquoi, elle est le siège d'une intense activité dans le domaine des cultures maraîchères et vivrières. Pain (1984) a recensé 1785 maraîchers implantés dans la vallée

Selon le B.E.A.U., le secteur de maraîchage, l'agriculture, la sylviculture et la pêche occupaient 24 250 personnes en 1990 ce qui représentait 3,5 % en proportion d'emploi. Il est évident que cette proportion a fortement augmenté depuis lors par suite du chômage et surtout après les deux pillages de 1991 et 1993 qui ont complètement désorganisé le secteur économique à Kinshasa.

Si à l'origine, cette activité était essentiellement laissée aux femmes, aujourd'hui, les hommes sont devenus familiers à ces techniques. C'est ce qui explique le développement de l'agriculture urbaine à Kinshasa. Les activités agricoles sont à la mode partout dans la ville et surtout à proximité des cours d'eau. Toutes les vallées des rivières de Kinshasa ont donc fait l'objet d'une colonisation agricole intensive. Luboya (1997) a dénombré 500 maraîchers dans la vallée de la rivière Tshangu et 850 dans celle de la rivière Funa (Photos 9 et 10).

Dans ce cadre et comme l'indique le tableau 39, étant donné son importance stratégique et géographique ainsi que son étendue, le bassin versant de la rivière N'Djili est appelé à jouer un rôle déterminant dans l'approvisionnement de la population de Kinshasa en denrées alimentaires et contribuer ainsi à assurer la sécurité alimentaire de la population de la ville.

1.11.1.1.1.- EVOLUTION DU PROJET MARAICHAGE DANS LA VALLEE DE LA RIVIERE N'DJILI ET SES DEPENDANCES

Le Projet Maraîchage et Pisciculture de Kinshasa a commencé en 1954. A cette époque, l'Administration coloniale créa un périmètre horticole dans la vallée de la rivière N'Djili en rive droite de la rivière. En 1956, le périmètre de Kimbanseke va prolonger ce dernier portant les superficies maraîchères exploitées à une centaine d'hectares. Malheureusement au lendemain de l'indépendance, l'action entreprise est abandonnée.

En 1967, la République Démocratique du Congo, conscient du problème d'approvisionnement en produits vivriers posé par l'accroissement démographique exceptionnellement important de la ville de Kinshasa et se référant aux accords de coopération culturelle et technique de 1963, demande de l'aide au Gouvernement français pour la relance des activités maraîchères dans ce secteur. Le Bureau pour le Développement des Productions Agricoles en sigle « BDPA » sera alors chargé par le Gouvernement français d'étudier, d'intensifier, et de développer les cultures maraîchères dans les périmètres environnant de la ville de Kinshasa. Ce sera la naissance du projet « Ceinture verte de la ville de Kinshasa ».

En 1972, par arrêté ministériel, la structure de l'opération devient le « Centre de Commercialisation des Produits Maraîchers et Fruitiers de la ville » en sigle CECOMAF.

Aujourd'hui, dans le bassin versant de la rivière N'Djili, on trouve beaucoup d'organisations maraîchères : Masina, Lemba Imbu, Kisenso, AFMAD/N'Djili regroupées en 14 vallées, l'Union des Coopératives Maraîchères en sigle UCOMA...

1.11.1.1.2.- CULTURES REALISEES DANS LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIERE N'DJILI

La vallée de la rivière N'Djili et ses dépendances présentent un intérêt particulier en raison de son importance économique et démographique. Le tableau 17 note quelques cultures et arbres fruitiers cultivés dans cette vallée :

Tableau 18 : Principales cultures réalisées dans le bassin versant de la rivière N'Djili

Cultures prédominantes

Nom scientifique

Nom commun

Nom vernaculaire

(en langue lingala)

Cultures maraîchères

Hibiscus sabdarifa

Oseille

Ngaingai

Hibiscus esculentus

Gombo

Dongodongo

Amaranthus hybridus

Amarante

Bitekuteku

Daricus carota

Carotte

-

Apium graveolus

Céleri

-

Brassica campestri

Chou de chine

-

Brassica oleracea

Chou pommé

-

Allium tuberosum

Ciboule chinoise

-

Allium fistolosum

Cive

Ndembi

Cucomis sativa

Concombre

-

Petroselinum sativum

Persil

-

Psiphocarpus scandens

Pois carré africain

Kikalakasa

Capsicum annum

Poivron

-

Lactuca sativa

Laitue

-

Solanum esculentum

morelle

Bilolo

Hibiscus asper

Oseille de Guinée

Ngaingai

Allium schoenoprusum

Ciboulette

Ndembi

Amaranthus amer

 

Bilolo

Ipomoea batatas

Patate douce

Mbala ya sukali

Piper nigrum L .

Poivrier

Pilipili

Capsicum fructescens

Piment

Plilipili

Solanum melongena

Aubergine

Solo

Manihot glaziovii ou M. utilissima

Manioc

Pondu

Phaseolus vulgaris

Haricot

Madesu

Rosella alba

Epinard-

-

Lycopersicum esculentum

Tomates

-

Colocasia esculenta

Tarot

Langa

Allium porrum

Poireau

-

Zea mays

Maïs

Masangu

Oryza sativa ou O.glaberrina

Riz

Loso

Arboricultures

(arbres fruitiers)

Cocos nucifera

Cocotier

-

Garcinia mangostana

Mangoustanier

-

Mangifera indica

Manguier

Manga

Elaeis guineensis

Palmier à huile

Libila

Carica papaya L.

Papayer

Payipayi

Musa sp.

Bananier

Makemba, Bitabe

Dacryodes edulis

Safoutier

-

Citrus sinensis (L.) osb.

Oranger

-

Citrus limon (L.) Burm

Citronnier

-

Citrus reticulatus

Mandarinier

-

Opuntia sp.

Figuier de barbarie

-

Anona reticulata

Coeur de Boeuf

-

Persea americana

Avocatier

-

Psidium guajava

Goyavier

Mapela

Eugenia jambos

Pomme rose

-

Coffea arabica et C. canephora

Caféier

-

 

Saccharum officinarum

Canne à sucre

Coco


Photo 5: Espace maraîcher le long de la rivière N'Djili: on voit à l'arrière-plan un abri temporaire.

Photo 6: Espace maraîcher le long de la rivière N'Djili: on voit dans le fond une maison érigée en matériaux durables ce qui est un indice d'occupation permanente d'un site qui était à l'origine réservé uniquement à l'agriculture urbaine.

Parmi les cultures maraîchères, quelques cultures ont pris une importance certaine : Amarantes, Oseilles, les feuilles de patates douces, le Gombo...Ce sont des plantes autochtones qui sont prisées par la population ; elles ont l'avantage d'avoir un cycle de développement court (plus ou moins un mois) et peuvent être cultivées en toute saison à condition de disposer de l'eau en permanence. L'eau constitue un facteur limitant.

L'eau d'arrosage des légumes est puisée directement dans les cours d'eau voisins à l'aide des récipients tels que seaux, arrosoirs, bassins...(Photo 7).Les légumes récoltées sont lavées directement plongées dans les eaux de la rivière à proximité des berges pour leur lavage (Photo 8). Ces pratiques exposent les produits maraîchers à la contamination étant donné que les eaux des rivières sont polluées ce qui présente un risque certain pour la santé des consommateurs.

Depuis de nombreuses années, les cultures sont réalisées sur les mêmes espaces. Les sols sont appauvris et dans certains endroits, les plantes sont rabougries visiblement mal nourries et présentent des feuilles jaunies. C'est pourquoi, les maraîchers font recours aux engrais naturels (lisiers de porcs, fientes de poule, feuilles mortes, déchets d'arachides, résidus résultant de la torréfaction de café...) et, à l'occasion quand cela est possible par suite du coût exorbitant, aux engrais chimiques.

Luboya (1997) a réalisé une enquête auprès de 150 maraîchers pris au hasard dans la vallée de la rivière N'Djili. Cette dernière a permis d'obtenir des renseignements suivants :

a) En ce qui concerne le lieu de résidence :

§ 59 soit 39,3 % habitent la Commune de N'Djili

§ 47 soit31 % habitent Matete ;

§ 34 soit 22,6 % habitent la Commune de Kimbanseke ;

§ 10 soit 6,6 % résident dans d'autres communes de la capitale.

b) En ce qui concerne l'impact des activités maraîchères

§ 110 personnes soit 73,3 % se livrent à cette activité à titre principal.

Le maraîchage est donc pour eux une profession. Ils y passent tout leur temps. La plupart d'entre eux ont même construit des abris leur permettant de se protéger des intempéries et de se nourrir pendant la journée.

L'arboriculture semble une activité moins importante que le maraîchage voire même marginale dans le bassin versant de la rivière N'Djili. En effet, les arbres demandent beaucoup de temps pour atteindre la maturité et leur production est saisonnière. En outre, la population n'a pas l'habitude de consommer des fruits.

Photo 7: Arrosage des Légumes avec de l'eau puisée dans la rivière N'Djili

Photo 8: Les légumes récoltées sont plongées directement dans les eaux de la rivière N'Djili pour leur lavage

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille