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La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry

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par Ericbert TAMBOU
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011
  

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II. Les limites de l'humanisme de l'homme-dieu

Il faut préciser que les victimes du «désenchantement du monde'' dont parle Luc Ferry se repèrent dans l'Occident chrétien et plus exactement dans les milieux catholiques européens. Comme le dit Jean Daniel, « ni les musulmans d'occident, Turcs, Marocains ou immigrés, ni les juifs de partout, ni même la majorité des protestants d'Amérique ne paraissent courir, angoissés, après leurs repères perdus. »67(*) Il convient donc de relativiser les choses et de se garder de tomber dans la généralisation. Toutefois, à quel niveau faut-il situer les limites de l'humanisme de l'homme-dieu ?

1. Un Dieu présent en l'homme

L'erreur de Luc Ferry est de croire que le Dieu des chrétiens ne se manifeste que comme transcendance extérieure à l'homme et donc de vouloir s'en protéger au nom d'une raison suffisante et d'une sensibilité démocratique récusant toute autorité supposée aliénante. « L'obéissance à Dieu, écrit Jean Paul II, n'est pas, comme le croient certains une hétéronomie, comme si la vie morale était soumise à la volonté d'une toute puissance absolue, extérieure à l'homme et contraire à l'affirmation de sa liberté. »68(*)

Par une étrange méconnaissance du christianisme, Luc Ferry, agnostique, oublie que Dieu se manifeste autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'homme. C'est ce que dit admirablement Saint Augustin dans Les Confessions : « Dieu plus intérieur que l'intime de moi-même »69(*), soulignant ainsi à la fois la présence divine aux tréfonds de tout homme et l'absolue transcendance de Dieu incompréhensible. C'est également ce que nous donne de comprendre cet autre passage des Confessions où Saint Augustin montre que Dieu est présent au coeur de l'homme : « Je t'ai aimée bien tard, Beauté ancienne et toujours nouvelle, Je t'ai aimée bien tard ! Tu étais au-dedans de moi-même, et moi j'étais au-dehors de moi-même, c'était en ce dehors que je te cherchais (...). »70(*) C'est la présence de Dieu en l'homme qui confirme et rétablit l'homme dans sa dignité. « La dignité [de l'homme] n'existe pas sans ce conte [le récit de la création], car elle a été découverte ou inventée avec lui, et tous nos efforts pour la fonder sur d'autres socles se sont révélés bien piètres. »71(*)

Si je peux découvrir la vérité ou la beauté en moi, c'est parce qu'elle a été mise en moi. Comme le pensait René Descartes, Dieu n'a pas seulement créé les existences (hommes, plantes, animaux...), mais il a aussi créé les essences (lois physiques, vérités logiques et mathématiques, esthétique, amour...). Il a créé les vérités éternelles d'une manière parfaitement libre. Il dira à cet effet, « les vérités mathématiques lesquelles vous nommez éternelles ont été établies par Dieu et en dépendent entièrement aussi bien que tout le reste des créatures. (...) Ne craignez point (...) de publier partout que c'est Dieu qui a établi ces lois en la nature ainsi qu'un roi établit des lois en son royaume. »72(*) Dieu apparaît ainsi aux yeux de René Descartes comme le créateur de la vérité. L'humanisme de l'homme-dieu en se limitant à la reconnaissance du mystère des valeurs, ne cherche pas à les fonder mais se contente de les éprouver parce qu'au nom d'une certaine laïcité, il ne veut pas remonter à Dieu, créateur et donneur de sens aux valeurs.

* 67 Jean DANIEL, «Le seul bagage qui vaille...'' in Le Nouvel Observateur, Hors série, n°28, Novembre 1996.

* 68 JEAN PAUL II, Lettre encyclique «Veritatis Splendor'', n°41.

* 69 Saint AUGUSTIN, Confessions, III, 6, 11.

* 70 Ibid., X, 27, 38.

* 71 Chantal DELSOL, Éloge de la singularité. Essai sur la modernité tardive, Paris, La Table Ronde, 2007, p. 37.

* 72 René DESCARTES, Lettre à Mersenne, 15 avril 1630.

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