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La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry

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par Ericbert TAMBOU
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011
  

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II. Nietzsche et la déconstruction des «idoles'' de la religion et de la métaphysique

Aux yeux des modernes et tout particulièrement de Nietzsche, l'humanisme des lumières demeure encore prisonnier des structures essentielles de la religion qu'il reconduit sans s'en rendre compte au moment même où il prétend les avoir dépassées. C'est la raison pour laquelle le but de sa philosophie est désormais de déconstruire les illusions dont s'est bercé l'humanisme classique.

1. Illusion du recours à la transcendance

Nietzsche s'est toujours érigé contre des valeurs humanistes. Il n'a cessé de pourfendre les idoles de la religion et de la science pour promouvoir « une vie enfin libérée des mirages de la foi en quelque «idéal'' supérieur que ce soit. »9(*) Une philosophie de la terre et non plus du ciel, voilà son désir précieux, ce qui à ses yeux a du prix. Il n'y a rien de plus grave, écrit Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra, que le blasphème de la terre10(*). L'éclipse du religieux que proclame Nietzsche présage une spiritualité nouvelle, celle de la terre : une spiritualité de l'immanence. Pour Luc Ferry, c'est une aurore nouvelle qui s'annonce avec la ruine des anciennes représentations de la vie réussie. Il reste que pour Nietzsche, « la destruction des illusions, la «philosophie du marteau'', est la première et plus urgente tâche de la pensée. »11(*) Nietzsche va ainsi développer sa pensée en partant du principe selon lequel il n'y a plus de transcendances, ni celle du cosmos grec, ni celle du Dieu des religions monothéistes, ni celles des grands idéaux laïcs révolutionnaires : la transcendance n'est qu'illusion.

Recourir à la transcendance c'est pour Nietzsche recourir à un idéal, un critère extérieur qui juge la vie. Il faut « s'en garder à son tour du mieux qu'il est possible, éviter de rentrer dans cette logique funeste. »12(*) L'ennemi de Nietzsche est la transcendance sous toutes ses formes. Parce que les transcendances ne sont que des projections subjectives, des expressions de nos états vitaux, il faut les détruire à coup de marteau. Il est donc nécessaire de manier le marteau sans pitié ni réticence et accepter l'idée qu'après la «mort de Dieu'', la divinisation de l'homme véhiculée par les idéaux modernes n'avait aucune chance de survivre...

2. Fondements et arguments du matérialisme nietzschéen

Dans la préface d'Ecce homo, Nietzsche établit son attitude philosophique, qui marque sa rupture complète avec l'humanisme moderne : «  «Améliorer'' l'humanité, voilà bien la dernière chose que, moi, j'irais promettre. Je n'érige pas de nouvelles idoles, moi ; (...) Renverser les idoles (c'est le mot que j'emploie pour les idéaux) - voilà bien plutôt mon métier... »13(*) Il n'est donc plus question de reconstruire un « règne des fins'' où les hommes seraient égaux en droit, devoir et dignité. La démocratie qui diffuse cette pensée n'est aux yeux de Nietzsche qu'une nouvelle illusion religieuse qui en se cachant derrière la laïcité cherche à inventer « un au-delà meilleur que l'ici-bas. »14(*)

C'est de cette manière qu'il faut comprendre cette thèse centrale de Nietzsche qu'établit Luc Ferry : « Il n' y a rien hors de la réalité de la vie, ni au-dessus d'elle, ni en dessous, ni au ciel, ni en enfer, et tous les idéaux de la politique, de la morale et de la religion ne sont que des «idoles'', des boursouflures, des fictions qui ne visent à rien d'autre qu'à fuir la vie, avant de se retourner contre elle. »15(*) De ceci, découlent les arguments du matérialisme nietzschéen : le réel est vie - l'essence la plus intime, la plus profonde de l'être16(*)- et cette vie est constituée de forces actives et réactives ; après la mort des idéaux c'est désormais dans l'immanence que l'homme doit trouver son salut ; tous les jugements que nous portons sur la vie n'ont aucun sens, ils sont les expressions de nos états vitaux17(*) ; il n'existe pas de fait en soi mais seulement les interprétations car il n'y a pas de sujet en soi libre, autonome qui transcende le réel dans lequel il se trouve et enfin, la généalogie est infinie car tant qu'existent les idoles et toutes formes de transcendance, la philosophie du marteau ne doit pas cesser d'être.

* 9 Luc FERRY, Qu'est ce qu'une vie réussie ?, Paris, Grasset, 2002, p. 85.

* 10 Friedrich NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, trad. Bianquis, Paris, GF-Flammarion, 1997, p. 48.

* 11 Luc FERRY, Qu'est ce qu'une vie réussie ?, op. cit., p. 88.

* 12 Ibid., p. 94.

* 13 Friedrich NIETZSCHE, Ecce homo. Nietzsche contre Wagner, trad. Blondel, Paris, GF-Flammarion, 1992, p.48.

* 14 Luc FERRY, Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations, op. cit., p. 178.

* 15 Idem.

* 16 Friedrich NIETZSCHE, La volonté de puissance, t.1, trad. Bianquis, Paris, Gallimard, 2007, p. 231.

* 17 Ibid., p. 133

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote