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La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry

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par Ericbert TAMBOU
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011
  

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2. La divinisation de l'humain

Ce second processus se fait par le biais de l'humanitaire ; il justifie et renforce l'engagement de l'homme en faveur du bien. Pour se justifier, Luc Ferry souligne la soif d'éthique qui caractérise notre époque et qui se traduit par la prolifération des organisations humanitaires, leur combat incessant pour le respect des Droits de l'homme, contre le racisme et l'exclusion. L'éthique est à la mode, une éthique de « l'éradication de tous les dogmatismes, qu'ils soient d'origine morale ou religieuse. »21(*) Cette divinisation de l'humain est « l'aboutissement ultime d'un long processus de sécularisation qui mène, depuis le XVIIe siècle, vers la laïcité achevée. »22(*) Cette éthique qui anime les organisations implique toujours l'idée de sacrifice. Pour Luc Ferry, l'éthique renforce l'idée du devoir, en ce sens que le sacrifice de soi ne s'exerce plus au nom de Dieu, de la patrie ou d'une idéologie quelconque, mais il est librement consenti et ressenti comme une nécessité intérieure. En d'autres termes, « c'est désormais pour l'autre homme que nous pouvons, le cas échéant, accepter de prendre des risques, certainement pas pour défendre les grandes entités d'antan comme la patrie ou la révolution parce que nul ne croit plus, comme l'hymne cubain, que «mourir pour elles, c'est entrer dans l'éternité.'' »23(*)

Le dévouement humanitaire trouve sa source exclusive dans l'homme lui-même et le sacrifice - qui est manifestation du soi de l'autre - agit comme un indispensable contre poids au seul souci de soi. Le sacré devient humain et le sacrifice ne vaut que s'il concerne l'autre : l'homme est ainsi sacré, voire divinisé. L'homme sacralisé est le point de départ et le point d'arrivée du nouvel humanisme qui fera de l'amour et particulièrement celui d'autrui, le lieu privilégié du sens de la vie.

3. Le sacré à visage humain

Par sacré, Luc Ferry entend « ce pourquoi on pourrait se sacrifier », une valeur perçue comme supérieure à sa propre vie. L'avenir de ce fait devient impensable sans référence au sacré. Nous sommes, affirme Luc Ferry, dans une phase qui donne une place au sacré, peut-être plus importante que jamais. Ce n'est pas que le sacré subsiste comme une survivance, mais plutôt nous découvrons le sacré sous des formes inédites, inouïes et notamment par le biais de l'amour qu'il soit amical ou filial car dans l'amour, il y a évidemment un rapport à l'autre qui dépasse l'individu, celui-ci restant une transcendance au plus intime de son être, dans son coeur, en aval de la conscience.

Le corps humain est sacré : « une nouvelle religion, celle de l'humanité vient de naître »24(*) et « la nouvelle formule du devoir d'assistance `ne laisse pas faire ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse', marque peut être un progrès par rapport à ce qu'elle démarque. »25(*) Voilà le commandement de cette nouvelle religion, que Luc Ferry considère comme un progrès. Les héros sont les champions humanitaires et l'action humanitaire est perçue par ceux qui la pratiquent comme pourvoyeuse de sens. Trouver le sens de sa vie par autrui : c'est l'amour de l'autre qui donne sens à mon existence.

« Si les hommes n'étaient pas en quelque façon des dieux, ils ne seraient pas non plus des hommes. Il faut supposer en eux quelque chose de sacré ou bien accepté de les réduire à l'animalité. »26(*) Le sacré à visage humain de Luc Ferry, est un sacré qui est pensé à partir de l'homme et qui découle de ses expériences vécues. C'est dorénavant dans le coeur de l'homme, dans l'être lui-même qu'il faut situer le divin et même dans le corps humain qui constitue un nouvel espace du sacré.

« La liberté peut mériter que l'on risque sa vie pour elle. C'est cela la sacralisation de l'humain ! Cela ne consiste pas à idolâtrer l'être humain ou à dire qu'il est formidable (il suffit en effet d'ouvrir les yeux pour constater qu'il n'est pas si formidable que ça !). Il s'agit simplement de ne pas occulter ces aspirations qui, au sein de toutes nos relations, révèlent une dimension sacrée. Sans ce sacré-là, sans cet absolu-là, notre vie n'aurait strictement aucun sens. Encore n'ai-je pas évoqué sa forme la plus haute, qui est bien sûr celle de l'amour. »27(*)

Le monde laïc ne fait pas l'économie du sacré : le sacré a simplement changé de visage et de forme. Nous vivons, pense Luc Ferry, non pas la disparition du sacré, mais son déplacement de l'ancienne transcendance verticale vers une transcendance horizontale.

* 21 Ibid., p. 84.

* 22 Ibid., p. 85.

* 23 Luc FERRY, Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations, op. cit., p. 282.

* 24 Luc FERRY, L'homme-dieu ou le sens de la vie, op. cit., p. 132.

* 25 Ibid., p. 133.

* 26 Ibid., p. 177.

* 27 Ibid., p. 66.

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