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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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3.5 AU-DELA D'UN TRAUMATISME IDENTIFIABLE, UNE CARENCE

AFFECTIVE

L'idée générale qui a pu se dégager des précédentes statistiques est que « tout le monde peut faire un déni de grossesse ». Si effectivement les chiffres ont prouvé que le déni se retrouvait dans toutes les catégories de population, dans tous les milieux socio-économiques et dans toutes les situations conjugales, il faut cependant préciser que le phénomène ne touche pas non plus n'importe qui.

Au cours de leurs observations, I. Nisand et S. Marinopoulos ont constaté que le déni de grossesse se trouvait bien souvent précédé d'une autre forme de déni, celui-ci étendu à la majorité de la famille : « le déni de la vie corporelle et affective (...) dans une famille où justement les émotions ne se parlent pas » [25]. Définir en quelques mots un environnement familial en pauvreté affective n'est pas simple : ce peut être des proches trop peu démonstratifs ; une éducation stricte se refusant à évoquer des sujets sensibles comme la sexualité mais aussi à exprimer les plus simples gestes d'amour ou d'affection ; ce pourrait être des figures d'autorité parentale déficientes car absentes - une mère dépressive, un père physiquement absent ? - ou effrayantes. Ce peut être une famille marquée par le décès d'un enfant, pour qui le silence et l'absence d'émotions est le seul moyen d'endiguer la souffrance. [7]

Les besoins d'un enfant ne se résument pas à manger et dormir à heures fixes : c'est par les interactions qu'il a avec son entourage que l'humain se construit, ressent et évolue, c'est dans son contact avec l'autre qu'il bâtit son Moi et son corps psychique. C'est avec l'amour et l'attention que sa mère puis ses proches lui prodiguent à chaque instant qu'il apprend à ressentir, à exister par lui-même, à décoder ses propres affects et à vivre en société : son corps sensoriel évolue au fil de ses rencontres émotionnelles et affectives.[22]

Mais si sa mère est indisponible psychiquement, se limitant à combler ses besoins d'ordre physique, alors l'enfant grandit et perdure tout en restant en manque de

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 50/89

« nourriture affective ». Las de rechercher des émotions, de l'attention auprès d'un entourage qui ne peut les lui fournir, l'enfant se renferme peu à peu, apprend à « ne pas ressentir pour survivre ». C'est son Moi psychique qui souffre derrière une apparente normalité. Il mène une existence qui semble tout à fait banale et qui en réalité, est marquée d'un effroyable vide, émotionnel, sensoriel, affectif.

Au-delà d'un passé de violence ou d'agressions sexuelles, le traumatisme réside ici en ce « déni de la vie affective de l'enfant », vécu comme une véritable amputation silencieuse de son Moi psychique. Ces enfants livrés à la pauvreté affective de leur milieu se font discrets, sans exigences : des années plus tard ils sont ces gens qu'on dit « sans histoires », « agréables », « aimés de tous », en réalité effacés et insaisissables, prisonniers d'un contrôle massif de leurs affects installé dès leur plus jeune âge, dans un contexte familial où l'expression émotionnelle est réduite, voire inexistante. [22]

C'est ainsi que des mères de familles « tout à fait banales », considérées comme « sans histoires », aimantes et « s'occupant bien de leurs enfants », se révèlent victimes de déni de grossesse et responsables d'un voire plusieurs néonaticides. Emmurées des années durant dans le silence de leur vie affective et sensorielle, souvent encore victimes de la même pauvreté affective dans leur relation à leur conjoint, elles n'ont pas su reconnaître leur état de grossesse, n'ont pas pu exécuter le travail psychique qui accompagne normalement toute gestation physique, les conduisant ainsi au déni total et au drame de l'accouchement inopiné. [23] [25] [29]

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