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Gratuité de l'enseignement primaire et qualité des apprentissages au Cameroun: une perception des enseignants et des parents.

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par Emile MESSI
Université de Yaoundé 1 - Diplôme d'études approfondies 2010
  

Disponible en mode multipage

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DEDICACE

A

- Ma chère épouse AVOUZOA Jacqueline Marlyse, pour tout le soutien et les sacrifices consentis dans cette oeuvre et

- Au Regretté Professeur Gilbert TSAFAK, Premier Coordonnateur National de la Chaire UNESCO au Cameroun, pour son immense oeuvre qui constitue pour nous, une source d'inspiration et d'admiration.

REMERCIEMENTS

Qu'il nous soit permis de remercier ici en premier lieu,

Le Professeur Louis MAMOZ titulaire de la Chaire UNESCO des Sciences de l'Education en Afrique centrale ;

Le Recteur de L'Université de Yaoundé I ;

Le Directeur de l'Ecole Normale Supérieure ;

Le Coordonnateur National de la Chaire UNESCO Antenne de Yaoundé, Professeur Pierre FONKOUA

Pour tout ce qu'ils ont fait pour permettre et faciliter l'ouverture de l'Ecole doctorale internationale en Sciences de l'Education au Cameroun.

Ensuite, nous voulons témoigner notre reconnaissance au Professeur Pierre Marie NJIALE, notre Encadreur qui n'a ménagé aucun moyen pour nous introduire définitivement dans le chemin de la recherche.

Par la même occasion, nous remercions tous les enseignants de la Chaire UNESCO pour leur disponibilité et leur dévouement dans l'oeuvre de formation si bien accomplie.

Nous pensons à tous ceux qui nous ont aidé dans la collecte des informations, notamment à :

- Monsieur ETOUA AZO'O, Inspecteur Général de Pédagogie, MINEDUB

- Monsieur OWOTSOGO ONGUENE, Chef de Division de la planification, des projets et de la coopération, MINEDUB

- Monsieur EKOBENA, Chef de Division des Affaires Juridiques, MINEDUB

- Monsieur MAMA CHANDINI, Chef de Service des logements à l'Université de DSCHANG.

- A tous les Inspecteurs d'Arrondissement, les Directeurs d'écoles, les Enseignants du primaire ainsi que les parents d'élèves qui nous ont manifesté leur disponibilité. Qu'ils trouvent ici, l'expression de notre gratitude.

Nous n'oublions pas tous nos camarades et collègues de promotion qui ont su faire montre de dynamisme et de solidarité dans l'accomplissement de cette lourde et exaltante tâche. Nous pensons à notre Délégué OKENE Richard et à TAZANOU Irène pour tout le soutien à nous apporté.

Enfin que tous ceux qui de près ou de loin dont les noms ne figurent pas ici, trouvent dans ce travail le résultat de leur soutien.

A toutes et à tous, nous disons une fois de plus MERCI.

SOMMAIRE

Pages

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

ABREVIATIONS ET SIGLES vi

LISTE DES TABLEAUX viii

RESUME x

ABSTRACT xii

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE 4

I.1. CONTEXTE DE L'ETUDE 6

I. 2. POSITION DU PROBLEME 15

I. 3. OBJECTIFS DE L'ETUDE 17

I. 4. QUESTIONS DE RECHERCHE 18

I. 5. JUSTIFICATION DE L'ETUDE 19

I. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE 20

CHAPITRE II : INSERTION THEORIQUE DU SUJET 4

II. 1. DEFINITION DES CONCEPTS 23

II. 2. LA RECENSION DES ECRITS 32

II. 3. LES THEORIES EXPLICATIVES DU SUJET 44

CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE 4

III. 1. TYPE DE RECHERCHE 53

III. 2. POPULATION ET ECHANTILLON DE L'ETUDE 54

III.3. INSTRUMENTS DE MESURE ET COLLECTE DES DONNEES 55

III. 4. MODELE D'ANALYSE DES DONNEES 58

CHAPITRE IV : PRESENTATIION DES RESULTATS 4

IV. 1. RESULTATS DE L'ETUDE DOCUMENTAIRE 61

IV. 2. PRESENTATION DES DONNEES DESCRIPTIVES DE L'ETUDE 66

IV. 3. PRESENTATION DES RESULTATS EN FONCTION DES QUESTIONS DE RECHERCHE 74

IV.4. PRESENTATION DES DONNEES ISSUES DE L'ENTREVUE 92

CHAPITRE V : INTERPRETATION DES RESULTATS 4

V.1. DE LA SUPRESSION DES FRAIS EXIGIBLES A LA QUALITE DES APPRENTISSAGES 97

V.2. LES ELEMENTS DE LA GRATUITE ET LEUR IMPACT SUR LA SCOLARISATION A L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE 102

V. 3. RECOMMANDATIONS 106

CONCLUSION GENERALE 111

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 115

TABLE DES MATIERES 121

ANNEXE 4

ABREVIATIONS ET SIGLES

APC : Approche par Compétence

APE : Association des Parents d'Elèves

BAD : Banque Africaine de Développement

BID : Banque Islamique de Développement

BM : Banque Mondiale

CAPIEMP : Certificat d'Aptitude Professionnelle d'Instituteurs de

l'Enseignement Maternel et Primaire

CDMT : Cadre des Dépenses En Moyen Terme

CEP : Certificat d'Etudes Primaires

CE1 : Cours Elémentaire Première Année.

CE2 : Cours Elémentaire Deuxième Année.

CM1 : Cours Moyen Première Année.

CM2 : Cours Moyen Deuxième Année.

CNE : Conseil National de l'Education.

CONFEMEN : Conférence des Ministres de l'Education ayant le

Français en partage.

CP/CPS : Cours Préparatoire/ Cours Préparatoire Spécial

DDEB : Délégation Départementale De l'Education de Base.

DSCE : Document de Stratégie de Croissance et de l'Emploi.

DREB : Délégation Régionale de l'Education de Base

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

ECAM 1 : 1ère Enquête Camerounaise Auprès des Ménages

ECAM 2 : 2e Enquête Camerounaise Auprès des Ménages.

ENS : Ecole Normale Supérieure.

ENIEG : Ecole Normale des Instituteurs de l'Enseignement Général.

EPT : Education Pour Tous.

FCFA : Franc de la Communauté financière d'Afrique

FIT : Fast Track Initiative.

FSLC: First school living certificate.

IAEB: Inspection d'arrondissement de l'éducation de base

MINEDUB : Ministère de l'Education de Base.

NTIC : Nouvelles technologies de l'information et de la communication

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement.

ONU : Organisation des Nations Unies.

PASEC : Programme d'analyse des systèmes éducatifs de la Confemen

PIB : Produit intérieur brut.

PPTE : Pays Pauvres et très Endettés.

RDC : République Démocratique du Congo

RESEN : Rapport d'Etat du système éducatif national

ROCARE : Réseau Ouest africain de recherche en éducation

SIL : Section d'initiation à la lecture.

TAP : Taux d'achèvement du primaire

TBS : Taux brut de scolarisation.

TMR : Taux moyen de redoublement.

TNS : Taux net de scolarisation.

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science

et la Culture.

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance.

ZEP : Zone d'éducation prioritaire.

LISTE DES TABLEAUX

Pages

Tableau 1 : Récapitulatif des questions de recherche et leurs indicateurs............ 51

Tableau 2 : Effectifs globaux des élèves, enseignants, écoles et salles de classe à l'enseignement primaire au Cameroun......................................61

Tableau 3 : Distribution de la population scolaire par région au Cameroun..........62

Tableau 4 : Distributions des taux net de scolarisation et des taux bruts

d'admission par région...........................................................63

Tableau 5 : Distribution du taux d'achèvement par sexe et par

région au Cameroun.............................................................63

Tableau 6 : Répartition des enseignants du primaire public par sexe et par région

au Cameroun.....................................................................64

Tableau 7 : Répartition du nombre d'écoles publiques, salles de classe et

places assises par région........................................................64

Tableau 8 : Répartition des ratios élèves/maîtres et élèves/salles de classe par

région dans l'enseignement public............................................65

Tableau 9 : Distribution du taux moyen de redoublement par sous/système

et par classe à l'enseignement primaire public..............................65

Tableau 10 : Taux de redoublement à l'école dans le monde...........................66

Tableau 11 : Présentation de la population d'étude selon le sexe.......................67

Tableau 12 : Présentation de la population d'étude suivant les régions d'origine...67

Tableau 13 : Répartition des enseignants suivant leur statut professionnel...........68

Tableau 14 : Répartition des parents selon leur statut professionnel...................68

Tableau 15 : Répartition des parents ayant au moins un enfant a l'école

primaire publique...............................................................69

Tableau 16 : Distribution des scores de nos sujets enseignants aux 30

items du questionnaire.........................................................70

Tableau 17 : Distribution des scores de nos sujets parents d'élèves aux 30

items du questionnaire.........................................................72

Tableau 18 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités

de l'Item 1.......................................................................74

Tableau 19 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités

de l'Item 6.......................................................................75

Tableau 20 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités

de l'Item 14.....................................................................75

Tableau 21 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 1...76

Tableau 22 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 2...76

Tableau 23 :Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 4...77

Tableau24 :Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 25..77

Tableau 25 : Evolution des effectifs d'élèves entre 1996 et2006 modalités de

l'item 3..........................................................................78

Tableau 26 : Répartition de l'échantillon des enseignants selon les

modalités de l'item 3..........................................................79

Tableau 27 : Répartition de l'échantillon des enseignants selon les

modalités de l'item 10.........................................................80

Tableau 28 : Répartition de l'échantillon enseignant selon les modalités

de l'item 18......................................................................80

Tableau 29 : Répartition l'échantillon des parents selon les modalités

de l'item 21.....................................................................81

Tableau 30 : Résultats récapitulatifs de l'impact du paquet minimum

sur les apprentissages. ........................................................81

Tableau 31 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités

de l'Item 21.....................................................................82

Tableau 32 :Répartition de l'échantillon parents suivant les modalités de l'Item 5..83

Tableau 33 :Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 7...83

Tableau 34 :Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de

l'Item 17........................................................................84

Tableau 35 : Résultats récapitulatifs des items 5, 7, 17, (parents) et 21

(enseignants) en %............................................................84

Tableau 36 : Répartition de l'échantillon enseignants suivant les modalités

de l'Item 7.......................................................................86

Tableau 37 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de

l'Item 12..........................................................................86

Tableau 38 : Répartition de l'échantillon enseignants suivant les modalités

de l'Item 13......................................................................87

Tableau 39 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités

de l'Item 11......................................................................87

Tableau 40 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités

de l'Item 29.....................................................................88

Tableau 41 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 9...88

Tableau 42 : Répartition de l'échantillon parent suivants les modalités de

l'Item 26..........................................................................89

Tableau 43 : Résumé des items 12 et13....................................................90

Tableau 44 : Evolution des effectifs d'enseignants tous grades confondus..........90

Tableau 45 : plan de contractualisation des titulaires du CAPIEMP. .................91

RESUME

La présente étude porte sur la gratuité de l'école primaire et la qualité des apprentissages. Elle s'est effectuée dans un contexte national et international prônant l'accès à 100 % de tous les enfants à l'école primaire au plus tard en 2010.

A la veille de cette échéance, il était nécessaire pour nous de faire une évaluation de ce qui a marché et de ce qui reste à faire dans la perspective d'une contribution à l'amélioration qualitative de l'offre éducative au Cameroun.

Après avoir fait l'état des lieux de la question, état des lieux marqué par les dispositifs juridiques et réglementaires de la problématique de la gratuité, nous avons formulé une question principale de recherche déclinée en quatre questions spécifiques. L'objectif général était d'analyser les mécanismes de fonctionnement et des effets de la gratuité sur les résultats scolaires depuis sa mise en application à l'enseignement primaire. Notre population d'étude était constituée des enseignants, des parents et des responsables des services centraux et extérieurs du MINEDUB.

L'exploitation des données descriptives et documentaires nous a permis de faire une analyse quantitative et qualitative des résultats. Il ressort de ces résultats que :

- la suppression des frais exigibles a entraîné une augmentation importante des effectifs d'élèves avec un impact négatif sur la qualité des apprentissages.

- Le paquet minimum a eu un impact sur la qualité des apprentissages, mais l'insuffisance quantitative et qualitative et les retards accusés pour son acquisition compromettent sérieusement la qualité de l'éducation.

- Les contributions financières des parents ont eu un impact positif sur la qualité des apprentissages, cependant, elles constituent une entrave sérieuse à la gratuité de l'école.

- Enfin, la contractualisation des instituteurs a également eu un impact positif sur la qualité des apprentissages, seulement, cet impact n'est pas encore perceptible à cause du mode de gestion et d'affectation des instituteurs qui n'obéit pas aux exigences et normes de la gouvernance en matière d'éducation.

Ces résultats nous ont permis de formuler des recommandations et suggestions à l'endroit des pouvoirs publics, des responsables d'écoles, des Enseignants, ainsi qu'aux parents d'élèves pour plus de synergie autour de l'oeuvre éducative avec en toile de fond l'impératif de la décentralisation de notre système éducatif. Celle-ci permettra à coup sûr une meilleure gestion des ressources éducatives.

ABSTRACT

This research is centred on the free nature of primary education and the quality of learning. It was conducted in a national and international scale whose goal is 100% access of children in primary school by 2010.

At the eve of this objective, we deemed it necessary to make an evaluation of what have been achieved and what is still left to be done in order to ameliorate the quality of education offered in Cameroon.

Haven investigated on this nature of this question backed by judicial rules and regulation in relation to the problem of free primary education, we formulated a principal research question which leads to four specific research questions.

The general objective was based on analysing on the functioning mechanism and the effect of primary education. Our population of study was made up of teachers, parents and administrative heads of externals services attached to the ministry of basic education.

The exploration of documents and descriptive data enabled us to make a qualitative and quantitative analysis out of which the following points were recorded:

- The cancelling of ignition fees in primary school lead to an important rise on pupils enrolment thus having a negative impact on the learning quality.

- Governmental subventions known as «paquet minimum» had an impact on the learning quality, but, the qualitative and quantitative insufficiency coupled with lateness in their acquisition seriously compromise the quality of education.

- Parent's financial conditions had a positive impact on the quality of learning and thus constitute a serious impediment on the free nature of primary school.

- Finally, teachers' contractualization equally have a positive impact on the quality of learning but however, this impact is not yet felt because of the nature of transfer and management of teachers which does not obey to governmental policies in the domain of education.

From these results, we formulated suggestions and recommendations to the government school administrators, teachers and parents inviting them to a better synergy in the education domain taking into consideration the decentralisation of our educational system. This decentralisation will enable a better management of our educational resources.

INTRODUCTION GENERALE

Les analyses faites à partir des données de la deuxième enquête sur les ménages au Cameroun (Gouvernement : 2003) ont permis de dégager les principaux déterminants de la pauvreté au nombre desquels le niveau d'instruction du chef de famille. Selon le rapport issu de cette enquête, « parmi les ménages pauvres, 50% sont sans niveau d'instruction. » En insistant sur l'importance de l'éducation le même rapport souligne que « un pauvre sur deux vit dans un ménage où le chef de famille est sans instruction primaire ». Ainsi, les populations enquêtées ont suggéré que les autorités accordent une plus grande attention et engagent plus de ressources en vue de l'amélioration de la qualité de l'éducation.

La lecture du rapport d'ECAM2 (2002) laisse présager qu'il y a un lien apparent entre le niveau d'instruction et la pauvreté. Ce même rapport établit la relation entre la pauvreté et le niveau d'instruction en ces termes : « plus le niveau d'instruction est élevé, plus la chance de saisir les opportunités, de générer les revenus et de sortir de la pauvreté augmente ». L'éducation apparaît donc comme une consommation nationale, mais également, un bien rare.

Le Gouvernement du Cameroun, conscient du rôle et des enjeux de l'éducation dans la lutte contre la pauvreté, a pris un certain nombre de mesures visant à atteindre l'universalisation du cycle primaire pour réaliser au plus tard à l'horizon 2015 l'achèvement universel de six années de scolarisation tout en améliorant, dans le même sens, la qualité des services éducatifs offerts.

C'est dans ce contexte qu'on peut comprendre les mesures gouvernementales prescrivant la suppression des frais exigibles à l'enseignement primaire public. Il faut signaler que ces frais ont été frauduleusement introduits en 1996 par le Ministère de l'éducation nationale en violation des dispositions relatives à la gratuité de l'école primaire au Cameroun.

Dans un contexte d'ajustement structurel, la volonté manifeste des pouvoirs publics de rendre l'école primaire gratuite nous a amené à nous interroger sur l'effectivité de celle-ci. Cette préoccupation justifie le choix de notre thème de recherche à savoir « gratuité de l'enseignement primaire et qualité des apprentissages au Cameroun ». Les enseignants et les parents d'élèves étant les acteurs de choix dans le processus des apprentissages, nous avons voulu voir comment ces derniers perçoivent la problématique de la gratuité en relation avec la qualité de l'éducation.

Chaque année, l'Etat du Cameroun consacre d'importants moyens pour construire les salles de classe et assurer leur équipement, pour la formation et l'intégration des enseignants, ainsi que le payement des salaires de ces derniers. Tout ceci se fait dans l'optique d'optimiser l'offre éducative suivant les objectifs du millénaire en matière d'éducation.

C'est au regard de toutes les actions en faveur de l'école gratuite que nous nous sommes posé un certain nombre de questions relatives à la mise en oeuvre effective d'une telle politique.

Dans sa structuration, le présent travail est organisé autour de cinq chapitres essentiels. Le premier chapitre présente la problématique de l'étude, les objectifs de l'étude ainsi que les questions de recherche qui ont guidé notre travail. Le deuxième chapitre expose l'approche théorique où nous avons eu l'opportunité de définir les concepts, de présenter la revue de la littérature ainsi que les théories explicatives du sujet.

Le troisième chapitre décrit le cadre méthodologique notamment la population d'étude, les techniques de collecte des données et le mode de traitement et d'analyse de ces dernières. Le quatrième chapitre est consacré à la présentation et à l'analyse des données documentaires et descriptives issues de nos investigations. Le cinquième chapitre enfin, se rapporte à l'interprétation des résultats qui débouche sur des conclusions et des recommandations.

La présente étude loin d'être le fruit d'une expérience avérée dans la recherche, dans ce sens qu'elle comporte sans doute des lacunes liées à la méthodologie et à l'opérationnalisation de nos instruments de recherche, au contraire, tente de donner un sens pour nos futures travaux dans le domaine des sciences de l'éducation.

CHAPITRE I :

PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

« Pour vous, chers jeunes compatriotes, il n'y a, je le répète, d'autre voie que d'acquérir la meilleure qualification possible pour entrer dans la compétition ».

Biya Paul, message à la jeunesse, le 10 février 2009

Ce chapitre aborde la problématique de l'étude. Successivement, il présente le contexte, la position du problème, les objectifs visés et les questions de recherche.

I.1. CONTEXTE DE L'ETUDE

Dans la lutte contre la pauvreté, tous les acteurs au développement sont unanimes sur le rôle que peut jouer l'éducation. Il n'est donc plus étonnant de constater que les pays en développement dans leurs différentes stratégies pour sortir les populations de la pauvreté placent au centre des politiques, l'amélioration de l'offre éducative.

Au Cameroun cette amélioration de l'offre éducative constitue un fait à la fois soutenue par les organismes internationaux et les politiques nationales.

Au niveau international, l'Assemblée Générale des Nations Unies a adopté et proclamé le 10 décembre 1948 la déclaration universelle des droits de l'homme. Cette déclaration précise en son article 26 ce qui suit : « l'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire... »

Par ailleurs, la convention relative aux droits de l'enfant adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le 20 novembre 1989 énonce en son article 28.1a que

« Les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de l'égalité de chance, ils rendent l'enseignement obligatoire et gratuit pour tous. »

Il ressort donc de la législation internationale que la gratuité et l'obligation de l'enseignement élémentaire constituent le principal cheval de bataille. Il est également nécessaire de souligner que le Cameroun a ratifié tous les accords et conventions internationaux en matière d'éducation

Au niveau national, plusieurs lois ont été votées relativement à l'obligation et à la gratuité de l'enseignement primaire. A ce compte, on pourrait citer :

- La loi n°63/cor/5 du 3 juillet 1963 portant organisation de l'enseignement primaire élémentaire. L'article 1 de ladite loi stipule clairement et sans équivoque que « l'enseignement primaire est laïc et gratuit. Il est ouvert à tous sans discrimination de sexe, de confession ou de race ».

- La loi n°2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 2 juin 1972, précise dans son préambule que « l'Etat assure à l'enfant le droit à l'instruction. L'enseignement primaire est obligatoire. L'organisation et le contrôle de l'enseignement à tous les degrés sont des devoirs impérieux de l'Etat ». On peut cependant regretter que la constitution même révisée de 2008 n'intègre pas la notion de gratuité de l'enseignement primaire.

- La loi n°98/004 du 14 avril 1998 sur l'orientation scolaire au Cameroun stipule en son article 7 que « l'Etat garantit à tous l'égalité de chance d'accès à l'éducation sans discrimination de sexe, d'opinion politique et religieuse, d'origine sociale, culturelle, linguistique ou géographique. » l'article 9 précise que « l'enseignement primaire est obligatoire. »

Outre les législations internationales et nationales, plusieurs conférences et fora ont été organisés par les Organisations internationales oeuvrant dans l'éducation pour réfléchir sur une offre quantitative et qualitative de l'éducation. Nous revisitons ici la conférence mondiale de Jomtien et le forum de Dakar.

Convoquée conjointement par les chefs de secrétariat de l'UNICEF, du PNUD, de l'UNESCO et de la Banque Mondiale, la conférence mondiale de l'éducation pour tous s'est tenue à Jomtien en Thaïlande du 5 au 9 mars 1990.

Le consensus réalisé à cette occasion a relancé le combat mené partout dans le monde pour universaliser l'enseignement primaire et éliminer l'analphabétisme des adultes. Il était également question de s'efforcer d'améliorer la qualité de l'éducation de base et trouver des méthodes d'un coût/efficacité pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de diverses catégories défavorisées.

Dans la déclaration de Jomtien, l'article 1 souligne que

«Toute personne, enfant, adolescent ou adulte doit pouvoir bénéficier d'une formation conçue pour répondre à ses besoins éducatifs fondamentaux. Ces besoins concernent aussi bien les outils d'apprentissage essentiels (lecture, écriture, expression orale, calcul, résolution de problème) que les contenus éducatifs fondamentaux (connaissances, aptitudes, valeurs, attitudes) dont l'être humain a besoin pour survivre, pour développer toutes ses potentialités, pour vivre et travailler dans la dignité... »

En somme, la conférence a recommandé d'universaliser l'accès et promouvoir l'équité, de mettre l'accent sur la réussite de l'apprentissage, d'élargir les moyens et le champ de l'éducation fondamentale. A la suite de Jomtien, un forum a été organisé à Dakar pour évaluer les résolutions prises.

Le forum de Dakar sur l'éducation s'est tenu du 26 au 28 avril 2000 au Sénégal. Les 185 pays qui y participent, partent d'un constat alarmant. Sur les 113 millions d'enfants qui n'ont jamais été à l'école dans le monde, 42 millions vivent en Afrique. Koichiro Matsura (2000) affirme que « nous sommes bien loin d'une éducation de base pour tous, ce n'est encore qu'un rêve pour des centaines de millions d'enfants, de femmes et d'hommes. »

Le sommet de Dakar a mis l'accent sur l'éducation de base pour tous. Le cadre d'action de Dakar affirme que d'ici 2015, tous les enfants doivent pouvoir suivre et terminer un cycle d'étude primaire. Il préconise l'élimination des disparités entre les sexes. Alors que la déclaration de Jomtien ne mentionne pas la gratuité de l'école primaire, le cadre de Dakar souligne que d'ici 2015, tous les enfants devraient pouvoir suivre jusqu'au bout « une éducation primaire de bonne qualité, gratuite et obligatoire. »

A la suite de Jomtien et de Dakar, les autorités camerounaises ont adopté en octobre 2000 et faisant suite au discours présidentiel annonçant la gratuité de l'école primaire public, une stratégie sectorielle de l'éducation visant à élargir l'accès à l'éducation en corrigeant les disparités entre les filles et les garçons et à accroître la qualité de l'offre d'éducation de base.

C'est dans ce contexte qu'un Ministère de l'Education de Base a été crée le 8 décembre 2004 à la suite d'un remaniement du gouvernement dans le tout de rendre plus visibles et lisibles les actions de ce secteur de l'éducation.

Dans le cadre du document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP, 2003) confectionné avec l'aide des Bailleurs de Fonds, qui restent des partenaires privilégiés du Cameroun et s'inspirant des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en matière d'éducation, il est prévu d'assurer une éducation pour tous, un taux d'accès et d'achèvement à l'école primaire à 100% à l'horizon 2015.

Au Cameroun, lorsque la déclaration de 2000 sur l'école gratuite par le Président de la République est faite, le volet qualité de l'éducation est totalement absent de tous les discours politiques de l'éducation de base. Il a donc fallu attendre près de dix ans pour que les séminaires se tiennent pour réfléchir sur la notion de qualité dans l'éducation pour tous.

Dans le rapport mondial de suivi de l'éducation pour tous (2005), l'UNESCO met l'accent sur l'importance de la qualité de l'éducation. Le rapport souligne que

« La qualité de l'enseignement dispensé aux élèves et la quantité de ce qu'ils apprennent peuvent avoir un impact crucial sur la durée de leur scolarité et sur leur assiduité à l'école. De plus, la décision des parents d'envoyer ou non leurs enfants à l'école a des chances de dépendre de l'opinion qu'ils se font de la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage qui y sont dispensés ».

On peut donc dire que la qualité de l'éducation détermine ou influence fortement le maintien ou l'achèvement dans un cycle d'étude. De ce fait, les parents sont prêts à ajouter des frais supplémentaires s'ils sont rassurés de la qualité des apprentissages.

Ainsi, l'UNESCO dans son rapport recommande-t-il de

« faire en sorte que d'ici 2015, tous les enfants en particulier les filles, les enfants en difficulté et ceux qui appartiennent à des minorités ethniques, aient la possibilité d'accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu'à son terme ».

Il est donc question ici, d'améliorer sur toutes ses formes la qualité de l'éducation dans un souci d'excellence, de façon à obtenir des résultats d'apprentissage reconnus et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante.

La fermeture par les pouvoirs publics à la suite de la crise économique, des écoles de formation des instituteurs entre 1989 et 1995 a crée un déficit assez énorme en enseignants. La reprise de la formation dans ces écoles et surtout l'intégration ou la contractualisation de ces instituteurs s'est faite dans la douleur. Les maîtres d'écoles formés ont attendu entre 5 et10 ans voire plus pour se faire recruter dans la fonction publique camerounaise. Cette longue attente peut s'expliquer par le fait que le Cameroun était encore sous ajustement structurel au vue des différents accords avec les Institutions de Breton Wood.

Les recrutements massifs de ces instituteurs ces dernières années (13000 en 2007 ; 5500 en 2008 ; 5525 en 2009 et 6492 en 2010) ont été possibles grâce à un accord de partenariat avec la France dans le cadre du contrat développement désendettement (D) et la Banque mondiale. Dans la même logique, le Japon a construit plusieurs salles de classes connues sous le vocable « don japonais ».

Dans le budget d'investissement, l'Etat a entrepris de construire 2500 salles de classe par an dans le primaire. Les écoles de formation des instituteurs qui étaient menacées de fermeture pour manque d'engouement des candidats dû au traitement frustrant des produits issus de ces écoles, ces dernières ont repris de l'ampleur depuis la contractualisation massive desdits produits.

Au regard de ce qui précède, il est indéniable que le gouvernement du Cameroun consacre d'importants moyens pour améliorer l'offre d'éducation, car plus d'un tiers du budget national est alloué à l'ensemble des Ministères en charge de l'Education. Cependant, il est regrettable de constater que « les aspects quantitatifs de l'éducation aient mobilisé l'attention des Responsables de la formulation des politiques », comme le souligne le rapport de l'UNESCO. Malgré les gros moyens qui sont déployés en faveur de l'éducation de base, nous constatons que rien n'est réellement fait pour améliorer la qualité de l'éducation.

C'est sans doute pour toutes ces bonnes intentions que dans son traditionnel message à la jeunesse, le 10 février 2000, Paul Biya annonçait à la Nation que « l'enseignement primaire sera désormais gratuit au Cameroun ». Cette mesure dès la rentrée scolaire 2000/2001 était officiellement appliquée dans les écoles primaires publiques de l'ensemble du territoire camerounais.

Dans un environnement mondial prônant une école gratuite et de qualité telle que recommandée et soutenue par les bailleurs de fonds qui en font une conditionnalité pour l'aide au développement, la décision de revenir à l'école primaire gratuite est prise au Cameroun sous la pression de l'obligation d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative Pays pauvres très endettés (IPPTE). Signalons que l'IPPTE est un programme d'aide économique de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International visant à soulager le poids de la dette des pays en difficulté. Cette aide se fait sous un ensemble de conditionnalités dites « facilités » que le pays demandeur doit remplir.

Le fait le plus marquant dans cette décision va être la suppression des frais d'écolage dans l'enseignement primaire public. Cette décision n'est pas fortuite. Elle découle de l'opportunité qu'offre la constitution au Président de la République.

A ce sujet, le préambule de la loi n°96/06 du 15 janvier 1996 portant révision de la constitution dispose que « l'Etat assure à l'enfant le droit à l'instruction. L'enseignement primaire est obligatoire.».

De même, l'article 2 alinéas 1 et 2 de la loi n° 98/004 du 14 avril 1998 précise que « l'éducation est une grande priorité nationale. Elle est assurée par l'Etat. »

On constate cependant que la notion de gratuité n'est pas une nouveauté même si Ntchamande (2006) pense que « la gratuité de l'école primaire n'a jamais été une option politique du gouvernement », on constate cependant comme nous l'avons vu, qu'elle est inscrite dans la loi n° 63/cor /5 du 03 juillet 1963 portant organisation de l'enseignement primaire élémentaire. L'Etat avait-il simplement oublié cette loi ? Ou faisait-il semblant de l'oublier ? De toutes les façons, on peut dire que l'Etat a pris ses responsabilités pour rendre l'école gratuite et accessible à tous. Mais qu'en est-il réellement ?

L'élaboration de la stratégie sectorielle de l'éducation a révélé un certain nombre de points faibles concernant l'enseignement de base en dépit de toutes les mesures salutaires prises par l'Etat.

Il ressort du Document de stratégie sectorielle de l'éducation (2006) que l'éducation de base (enseignement primaire) est loin d'être assurée pour tous les enfants d'âge scolaire. Le taux de scolarisation dans l'enseignement primaire reste faible soit 78 % en 2004. Par contre, le taux d'achèvement avoisine les 60 %. Il existe toujours une inégalité d'accès à l'école notamment des filles ainsi que les enfants issus des milieux défavorisés. Les disparités régionales sont encore importantes tant en ce qui concerne la localisation des structures d'accueil, des équipements que la distribution des enseignants. Les taux moyens de redoublement approchent les 30 %. L'efficacité interne reste faible à tous les niveaux d'enseignement.

« Pire, depuis la suppression des 1500 fcfa, les Directeurs d'Ecoles, les inspecteurs de l'enseignement primaire et les Présidents d'APE conditionnent l'inscription des élèves au versement obligatoire des frais parfois 3 fois supérieurs à ceux supprimés. Bref, l'école primaire public est abandonnée aux parents d'élèves », conclut Ntchamande (2005).

Les conditions d'apprentissage et de travail sont mauvaises. La faible possession des manuels et autres matériels didactiques essentiels par les élèves et les enseignants reste préjudiciable au système éducatif camerounais.

Le ratio maître/élèves est fortement diversifié. Il existe une forte concentration des enseignants dans les zones urbaines alors qu'en milieu rural, le manque d'enseignants qualifiés se pose avec acuité.

Siakeu (2006) analyse les disparités observées dans la gestion des enseignants en faisant savoir que 

« les indemnités qui étaient auparavant accordées aux enseignants travaillant dans les provinces qui ne sont pas leur province d'origine ont été supprimées, ce qui a provoqué un repli graduel des enseignants des régions les plus éloignées vers les grandes villes et par conséquent, la fermeture d'école rurale».

Devant une telle situation, les parents les plus pauvres doivent payer les salaires des enseignants dits vacataires ou temporaires dans les écoles pour une « qualité d'éducation inférieure à celle des villes. Dans l'Extrême Nord, région la plus sinistrée, 61% des enseignants sont rémunérés par les parents...contre 13% dans le centre».

Dans les grandes villes, la situation n'est pas très reluisante même s'il y a un effectif assez élevé d'enseignants. On observe des classes à effectif pléthorique parce qu'il n'existe pas de salles de classe en nombre suffisant. A Yaoundé par exemple ou dans les environs immédiats, il n'est pas rare de rencontrer de salles où les effectifs avoisinent ou dépassent 120 élèves. Alors que le ratio institutionnel souhaité est de 1 maître pour 40 élèves maximum.

Ces disparités sont confirmées par une étude des coûts et financements du Ministère de l'Education de Base. Cette étude (2005) révèle que « le coût par élève supporté par le gouvernement varie de 3567 FCFA dans les écoles primaires de l'extrême nord, à 30000 FCFA dans les écoles urbaines du centre avec une moyenne nationale de 22409 FCFA. 

Cette situation fait que beaucoup d'écoles primaires publiques en zone rurale manquent toujours d'Enseignants qualifiés. Quand bien même ces derniers sont affectés, ils s'obstinent parfois à rester à leur poste de travail à cause des conditions de vie qu'ils jugent très peu favorables. Comme le souligne Siakeu (2005) dans son étude du temps d'apprentissage dans les écoles qu'« à cause de l'absentéisme des Enseignants, les enfants reçoivent en moyenne les deux tiers de l'instruction qu'ils sont supposés recevoir. »

Pour les enseignants non qualifiés, nous assistons à une baisse de niveau des acquisitions à cause de la faiblesse des méthodes pédagogiques. La rareté des matériels pédagogiques, notamment les manuels scolaires, menace à la fois la qualité de l'éducation et l'équité de l'accès à l'éducation.

I. 2. POSITION DU PROBLEME

La gratuité de l'école comme politique éducative doit être fondée sur la qualité des apprentissages. Une éducation de qualité est celle qui minimise l'échec scolaire à défaut de l'annuler et elle doit également permettre à l'individu de s'insérer de manière harmonieuse dans son milieu tout en restant ouverte aux autres et de s'adapter aux transformations de son environnement.

Dès l'annonce du chef de l'Etat à la jeunesse le 10 février 2000 sur la gratuité de l'enseignement primaire au Cameroun, un certain nombre de mesures avaient été prises pour accompagner la gratuité en question. Parmi les mesures phares, nous avons la suppression des frais exigibles à l'école primaire publique. Nous rappelons que ces frais s'élevaient à mille cinq cents (1500frs CFA) avant leur suppression conformément aux dispositions de l'article 2 (voir arrêté n°20/B1/14-64 du 13 mai 1996 en annexe). Les parents pouvaient donc inscrire désormais leurs enfants à l'école sans débourser un sous.

La conséquence immédiate de cette mesure a été l'augmentation des effectifs des élèves à l'école avec un taux d'accroissement en valeur absolue de 17,4% pour l'année scolaire 2000 /2001 selon une étude de Onana (2005).

Une autre mesure très importante a été l'introduction du paquet minimum dans le fonctionnement des écoles. Selon le Ministre de l'Education Nationale (2000), la décision du Chef de l'Etat « implique la gratuité des écoles primaires publiques, les charges y relatives incombant à l'Etat ». (Voir circulaire du 24 juillet 2000 en annexe). Le paquet minimum dans sa version officielle comble les besoins de l'école issus de la suppression des frais exigibles.

Fozing (2009) pour sa part, voit dans cette mesure gouvernementale, une sorte d'improvisation de la gratuité par les pouvoirs publics. Pour lui en effet, « la gratuité de l'enseignement primaire public annoncée pour l'année scolaire 2000/2001 au Cameroun est intervenue sans préparation adéquate. » Pour Fozing, à travers la gratuité, l'Etat se désengage de ses missions vis-à-vis de l'école primaire. Il souligne que « la gratuité dans son application actuelle a contribué à compenser par les contributions additionnelles des frais d'APE, la diminution du budget de financement des établissements publics d'enseignement primaire ».Ntchamande (2005) partage la même vision des choses lorsqu'il affirme que

« malgré la suppression des frais de scolarité somme toute modique par le Président de la République pour répondre aux exigences d'un contexte mondial prônant une école primaire gratuite « Education pour tous », la gratuité de l'école primaire n'a jamais été une option politique du Gouvernement, car elle est obligatoire certes, mais pas gratuite. »

En dehors de la suppression des frais exigibles et l'introduction du paquet minimum, l'Etat a également entrepris de renforcer l'encadrement pédagogique des élèves par la formation et les recrutements massifs des instituteurs dans la fonction publique. Comme l'atteste Njiale (2006), « pour accroître l'accès à l'éducation de base versus la demande, on devrait renforcer les mesures tendant à la gratuité de l'enseignement et garantissant le droit à l'éducation ». Pour Njiale, la condition première de la gratuité passe par la formation des Enseignants en nombre et surtout en qualité.

L'Etat dans cette optique, envisage dans sa nouvelle politique de l'éducation de base, offrir une éducation de qualité tout en faisant l'accès à tous, une priorité selon les recommandations de Jomtien et de Dakar.

C'est à la suite de ce qui précède, que nous avons voulu savoir ce qui a changé en termes d'amélioration quantitative et qualitative de l'offre éducative, Autrement dit, quelle est l'effectivité de la gratuité de l'enseignement primaire au Cameroun et son impact sur la qualité des apprentissages ?

I. 3. OBJECTIFS DE L'ETUDE

La volonté des pouvoirs publics de rendre l'enseignement primaire gratuit en vue de permettre un accès à tous, repose sur des bonnes intentions de lutter pour le développement en améliorant les conditions de vie des populations par l'éducation. Le but de cette étude, est d'analyser la mise en oeuvre effective de la gratuité dans l'enseignement primaire au Cameroun.

Notre ambition est de voir si la gratuité prônée par le discours officiel est effective. Sinon comment la rendre effective. Autrement dit, nous voulons étudier les conditions d'une école véritablement gratuite. Une gratuité qui ne se limite pas à la suppression des frais d'écolage, mais qui intègre ou qui prend en compte la dimension de la qualité des enseignements et des apprentissages et selon les exigences de la charte de la gratuité.

Il s'agit donc pour nous de démasquer les réalités occultées par un discours idéologique visant à faire comprendre à la masse que l'accès à l'école est aussi simple voire gratuit qu'on puisse le penser. Car, «  très souvent, les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être ». Comme l'observe Berger (1973 :40)

Si l'objectif général est l'analyse des mécanismes de fonctionnement et des effets de la gratuité sur les résultats scolaires depuis sa mise en application dans l'enseignement primaire, un certain nombre d'objectifs spécifiques vont nous permettre de réaliser notre recherche. Il s'agit notamment de :

F Décrire le processus de mise en oeuvre de la gratuité de la scolarisation à l'enseignement primaire ;

F Cerner la perception des parents et des enseignants en ce qui concerne la mise en oeuvre de la gratuité et ses effets sur la qualité des apprentissages ;

F Arriver à une meilleure compréhension de la mise en oeuvre des éléments de la gratuité de l'école primaire.

Pour atteindre ces objectifs, des questions de recherche ont guidé nos investigations.

I. 4. QUESTIONS DE RECHERCHE

Entre le discours officiel et la réalité des faits, il y a souvent un fossé. Ainsi, pensons nous que la gratuité prônée par les pouvoirs publics mérite d'être évaluée à partir d'un certain nombre de questionnements qui vont guider notre recherche. Nos questions se déclinent en question principale et en questions spécifiques de recherche.

I.4.1. Question principale de recherche

La question principale de recherche que nous formulons ici constitue le centre d'intérêt de notre problématique. Elle est formulée ainsi qu'il suit :

Existe-t-il un lien entre la suppression des frais exigibles, le paquet minimum, les contributions financières des parents et le recrutement des enseignants d'une part, et la qualité des apprentissages d'autre part ?

De cette question principale de recherche, découlent quatre questions spécifiques de recherche plus pratiques et plus opérationnelles.

I.4.2. Questions spécifiques de recherche

Les questions spécifiques se déclinent de la manière suivante :

1. La suppression des frais exigibles a-t- elle influencé la qualité des apprentissages ?

2. La remise du paquet minimum a-t-elle eu un impact sur la qualité des apprentissages ?

3. Les contributions financières des parents d'élèves influencent-elles la qualité des apprentissages ?

4. Le recrutement des instituteurs a-t-il une influence sur la qualité des apprentissages ?

.

I. 5. JUSTIFICATION DE L'ETUDE

L'importance de mener cette recherche peut se situer sur un double plan : social et institutionnel.

Sur le plan social, les parents sont confrontés à une difficulté méthodologique et sémantique de la notion de gratuité. Ils ne savent pas toujours jusqu'où l'école est gratuite et jusqu'à quelle période elle ne l'est plus. Comment faire comprendre par exemple aux parents qu'une éducation de qualité ne saurait être gratuite. Et qu'il y aurait toujours des frais à payer sous diverses formes malgré le discours sur la gratuité. C'est donc un travail de prise et d'éveil de conscience.

Sur le plan institutionnel, on note l'absence d'une véritable politique nationale axée sur la gratuité. Comme Fozing l'a souligné, la gratuité est arrivée sans préparation adéquate. Il s'agit pour nous de jeter les balises aux décideurs en vue d'une reformulation de la politique de la gratuité qui doit intégrer le volet qualité de l'éducation pour atteindre les Objectifs du Millénaire et pour un Développement durable.

Enfin, une telle étude peut contribuer à apporter une modeste contribution pour tout chercheur qui voudrait s'intéresser sur le sujet tant il est vrai que très peu d'études ont été consacrées à l'étude des effets de la gratuité de la scolarisation en Afrique en général, et en particulier, au Cameroun.

I. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE

Dans cette partie, nous essayons de fixer les bornes de notre recherche. Nous pensons donc que la délimitation de notre étude se situe sur un triple plan conceptuel, chronologique et géographique.

Sur le plan conceptuel il y a lieu de relever qu'en général, l'enseignement institutionnel se subdivise en quatre cycles :

- Le préscolaire (la maternelle)

- Le primaire (l'enseignement primaire)

- Le secondaire (l'enseignement secondaire)

- Le supérieur (l'enseignement supérieur)

Au Cameroun, comme partout dans les pays africain, la gratuité de l'école ne concerne que l'enseignement de base ou primaire. Ce qui suppose que le préscolaire, le secondaire ou le supérieur ne sont pas concernés par la gratuité. Cette réalité des faits nous amène à axer notre recherche sur l'enseignement primaire public uniquement C'est sans doute pour cette raison qu'un ministère de l'éducation de base a été crée en 2004 dans le but de rendre les actions de cet ordre d'enseignement plus visibles et plus efficaces.

Sur le plan chronologique, au Cameroun, le discours sur la gratuité de l'enseignement primaire n'est pas nouveau. En effet comme nous l'avons souligné plus haut, la loi relative à la gratuité de l'enseignement primaire a été adoptée et promulguée en 1963. Cependant, le 10 février 2000, le Président de la République lors de son traditionnel message à la jeunesse, déclarait que l'enseignement primaire sera désormais gratuit. Dès la rentrée scolaire 2000/2001, cette gratuité a été effective du moins sur le plan officiel à l'enseignement primaire public. L'enseignement privé n'étant pas concerné, il est question pour nous de voir comment cette gratuité s'est opérée depuis l'année scolaire 2000/2001 jusqu'à nos jours.

Sur le plan géographique, notre étude porte sur la gratuité et la qualité de l'éducation à l'enseignement primaire. Nous ne souhaitons pas faire l'étude d'une région ou d'une localité précise. Les réalités éducatives en matière de gratuité pouvant être les mêmes d'une localité à une autre pensons-nous, à des exceptions près.

Cependant, dans l'impossibilité et faute de moyens, de faire une étude de terrain sur toute l'étendue du territoire, nous nous limiterons à certaines écoles des zones urbaines et rurales pour analyser et comprendre les complexités et les variations de la mise en oeuvre de la politique de la gratuité à l'enseignement primaire public.

CHAPITRE II :

INSERTION THEORIQUE DU SUJET

« Le système éducatif institué par Jules Ferry relevait des intentions les plus pures. L'école gratuite, ouverte à tous au nom de l'égalité ».

Baehrel et Henderson (1990 : 16)

Ce chapitre est consacré à l'insertion théorique. Successivement sont ici abordés les aspects liés à la définition des concepts, à la recension des écrits et à la présentation des théories explicatives relatives au sujet.

II. 1. DEFINITION DES CONCEPTS

Tout problème de recherche est saisi à partir des concepts. Ainsi, les concepts n'ont de sens que dans la puissance qu'on leur donne. Il apparaît donc important et indispensable de définir au préalable les notions qui sont utilisées pour éviter toute ambiguïté ou équivoque.

Parmi les concepts que nous nous proposons de définir, nous avons : la gratuité, l'enseignement primaire, la qualité des apprentissages, la perception, l'enseignant, le parent d'élève.

II. 1. 1. Gratuité

Le substantif gratuité au féminin est défini par Quillet (1990) comme « le caractère de ce qui est gratuit ». C'est-à-dire sans y être tenu. On parle alors d'une leçon gratuite, un enseignement gratuit, ou une école gratuite où l'accès n'est pas conditionné par le payement des frais quelconque. On perlera aussi d'une école gratuite et obligatoire pour favoriser l'accès pour tous. La gratuité est une condition préalable de l'Education Pour Tous.

Pour IMBS (1971), la gratuité est « le caractère de ce qui est fait ou donné, ce dont on peut profiter sans contre partie pécuniaire ». C'est aussi ce qui est fait ou donné sans contre partie, sans recherche de compensations. Par exemple, la gratuité absolue des dons de Dieu. La bible dit : « donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. »

La gratuité a également un sens péjoratif dans la mesure où elle renvoie à quelque chose qui manque de valeur ou d'importance. L'accès gratuit d'une cérémonie dénote du manque de sérieux et de qualité de cette cérémonie, car la qualité a toujours un prix. D'où l'opinion populaire se méfie toujours de ce qui est gratuit.

Au Cameroun, la politique de la gratuité actuelle concerne uniquement la suppression des frais de scolarié qui étaient versés par les parents. Ces frais permettaient à l'établissement scolaire de supporter un certain nombre de charges. Avec la suppression desdits frais, les pouvoirs publics ont décidé de supporter les différentes charges conformément à la circulaire du 24 juillet 2000 portant organisation des modalités pratiques d'approvisionnement des écoles en matériels didactiques et pédagogiques. De la notion de paquet minimum en contexte camerounais découlent deux termes couramment usités dans le milieu scolaire. Il s'agit du paquet minimum et de la caisse d'avance.

Par paquet minimum, on entend une enveloppe qui contient un ensemble de matériel didactique et pédagogique qu'on remet à chaque école publique en début et en milieu d'année scolaire pour permettre un démarrage effectif et un fonctionnement normal des activités d'enseignement. En principe, le contenu du paquet minimum est fait de :

- cahiers de préparation pour maître ;

- boîtes de craie ;

- stylo à billes

- enveloppes, trombones, punaises, chemises cartonnées ;

- papiers quadrillés ;

- rames de papier (1ère et 2ème frappe) ;

- une boîte de colle ;

- Médicaments de première intervention.

Il faut signaler que l'épaisseur du paquet minimum varie d'une école à une autre.

La caisse d'avance constitue les crédits que l'Etat accorde à chaque école pour son fonctionnement. C'est une espèce de budget de fonctionnement qui est généralement géré par les Délégués départementaux. A ce niveau également, l'enveloppement alloué à une école tient compte des effectifs des élèves et enseignants. Ces crédits sont calculés en principe à 2 500 Francs CFA/élève.

Les rubriques qui sont concernées par la caisse d'avance sont :

- le projet d'école ;

- les activités culturelles ;

- la FENASCO ;

- le conseil d'école ;

- la maintenance des équipements ;

- le fonctionnement ;

- les manuels scolaires ;

- les primes de rendement ;

- les activités pratiques ;

- l'assurance ;

En principe, les Directeurs d'école reçoivent la caisse d'avance en deux tranches, généralement au mois de novembre et au mois de mai.

La charte de la gratuité

Une charte de la gratuité a été adoptée par les Organisations Internationales telles que l'UNESCO et l'UNICEF. Les organisations signataires de la charte de la gratuité ont arrêté un certain nombre de principes et d'exigences concernant la gratuité de l'école.

En bref, ces organisations souhaitent la mise en place dans le cadre scolaire, d'action pédagogique, d'aides et de soutien aux élèves en difficulté afin de limiter le recours à l'achat, par les familles de divers matériels de remédiation et aux cours particuliers. La charte de la gratuité met un accent particulier sur les points suivants :

- La prise en charge par l'Etat des frais occasionnés par les stages et périodes de formation en entreprise qui font partie du contenu obligatoire de la formation.

- La gratuité des inscriptions aux examens et concours publics.

- Le maintien ou l'accession à la gratuité des transports scolaires.

II. 1. 2. Enseignement primaire

Comme nous l'avons évoqué dans la délimitation conceptuelle, l'enseignement primaire, parfois appelé enseignement élémentaire, fondamental ou de base, est le deuxième niveau dans la hiérarchie du système éducatif. Il vient après le préscolaire et désigne selon les bulletins de l'UNESCO (1998 : 27)

« des programmes éducatifs qui sont normalement conçus sur la base des unités ou des projets destinés à dispenser aux élèves, une bonne formation de base à la lecture, l'écriture, au calcul ainsi que des connaissances élémentaires dans d'autres matières telles que l'histoire, la géographie, les sciences naturelles, les sciences sociales, les arts plastiques, la musique etc. »

Les matières énumérées par l'UNESCO servent à développer chez l'élève la capacité d'obtenir les informations dont il a besoin pour vivre harmonieusement dans son foyer, sa communauté, son pays etc. ...

La loi de 1963 (voir en annexe) portant organisation de l'enseignement primaire élémentaire stipule à son article 2 que l'enseignement primaire est donné dans les écoles primaires élémentaires qui comportent six années d'étude :

- une section d'initiation,

- une cours préparatoire,

- deux cours élémentaires,

- deux cours moyens.

II. 1. 3. Qualité des apprentissages

Dans le cadre de cette étude, les concepts qualité des apprentissages ou qualité de l'éducation ou qualité de la scolarisation désignent une même réalité. On peut définir la qualité comme une « manière d'être, bonne ou mauvaise, de quelque chose ». Selon le Larousse, la qualité des apprentissages renvoie à l'état des savoirs issus du processus enseignement apprentissage dans le cadre scolaire.

La notion de qualité de l'éducation a été fortement soutenue à Jomtien (1990) et Dakar (2000). La déclaration de Jomtien a mis l'accent sur le renforcement cognitif des enfants par l'amélioration de la qualité de leur éducation de façon à obtenir pour tous, de meilleurs résultats d'apprentissage « notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante ». Le cadre d'action de Dakar dans la définition de la qualité, a énoncé les caractéristiques souhaitables des apprenants à savoir des élèves sains et motivés, des processus, c'est-à-dire des enseignants compétents utilisant des pédagogies actives, des contenus aux programmes adaptés et des systèmes politiques pratiquant la bonne gouvernance et une allocation équitable des ressources.

En somme, une éducation de bonne qualité exige entre autre, une bonne formation des enseignants et des programmes pédagogiques adaptés, des élèves en bonne santé et disposant des manuels scolaires.

Cette notion implique aussi les produits de l'enseignement qui sont aussi fonction des processus tels que curriculum réellement mis en oeuvre, le mode de gestion de la classe, les pratiques pédagogiques, l'engagement des élèves et du maître.

La qualité des apprentissages peut également se mesurer à l'aide d'un certain nombre d'indicateurs dont nous nous proposons de définir ici.

Taux brut de scolarisation

Cet indicateur mesure, pour un niveau d'étude donnée, la population d'élèves scolarisés par rapport à la population scolarisable de cette tranche d'âge. Par exemple, dans le primaire, ce taux est égal au nombre d'élèves du primaire, multiplié par 100 et divisé par la population de six à onze ans (dans le système francophone).

Taux net de scolarisation

C'est le rapport entre le nombre total d'élèves en âge d'être dans le système scolaire et l'effectif total de la population scolarisable de la même tranche d'âge.

Taux d'achèvement

C'est la proportion de la classe d'âge qui accède à un âge quelconque à la dernière année du cycle. On l'estime par le taux d'accès en dernière année du cycle.

Taux de rétention

Pour un cycle d'étude, il est égal au pourcentage des élèves d'une classe d'âge qui ayant été inscrits en première année du cycle au cours d'une année scolaire donnée sont parvenus finalement jusqu'à la dernière année de ce cycle.

Taux moyen de redoublement

Il s'agit du rapport du nombre des redoublements d'une année sur l'effectif total des inscrits de l'année précédent.

Taux d'encadrement

Pour une école primaire, il s'agit du rapport du nombre d'élèves de l'école à son nombre d'enseignants. Il peut être calculé pour un groupe d'écoles et plus largement pour toutes les écoles d'une circonscription administrative.

II. 1. 4. Perception

En psychologie générale, la perception est un ensemble des mécanismes et des processus par lesquels l'organisme prend connaissance du monde et de son environnement sur la base des informations élaborées par les sens. La perception a essentiellement une fonction cognitive d'interprétation des informations sensorielles. C'est également une manière de saisir les choses dans le but de connaître la réalité.

Les constitutionnalistes (1972) affirment que les stimuli, les contextes et les expériences stockées en mémoire déterminent la nature de nos perception plutôt que la tendance du cerveau aux organismes. Pour le cas de notre étude, on peut dire que la perception de la gratuité dépend également de plusieurs variables qui sont en rapport avec l'expérience, le milieu ou la connaissance du sujet perçu. Autrement dit, les enseignants et les parents d'élèves perçoivent la gratuité de l'école en fonction du degré de connaissance qu'ils ont de celle-ci ou en fonction du milieu dans lequel s'opère cette gratuité. Par exemple, la suppression des frais exigibles dans les écoles est pour certain, synonyme de la gratuité. Par contre, ceux qui savent que la gratuité ne devrait pas s'arrêter à la seule suppression des frais exigibles, remettent facilement en question la gratuité de l'école dans le contexte camerounais. Ainsi, un parent d'élève de la ville et celui de la campagne ont-ils la même conception (perception) de la gratuité ?

En somme, la perception apparaît comme la source de la connaissance. La sensation résulte d'un contact entre un objet et un sens. La perception quant à elle, désigne ce qui se passe dans l'esprit lorsqu'il est en contact avec le monde qui l'environne. Selon Arnaud (1972), la perception apparaît comme le point de contact entre le monde et l'homme, entre la conscience et les choses, entre le sujet et l'objet selon. Le scientifique par exemple, ne perçoit pas le même monde que l'homme de la rue. La perception suppose une relation entre le sujet et quelque chose d'extérieur. Dans la vie courante nous faisons confiance à nos perceptions de sorte que nous nous comportons comme si sans perception, nulle connaissance scientifique ne serait possible. Il est donc question de voir dans le cadre de cette recherche, comment les enseignants et les parents d'élève saisissent ou conçoivent la gratuité de l'école primaire publique.

II. 1. 5. Enseignant

Un enseignant est toute personne chargée de faire acquérir le savoir aux élèves dans le cadre d'un établissement scolaire. Les enseignants qui nous intéressent ici sont ceux de l'enseignement primaire public. Ils sont composés d'instituteurs aux statuts variés à savoir les fonctionnaires, les contractuels, les vacataires et les maîtres des parents.

Les fonctionnaires sont des instituteurs qui ont été formés dans les écoles normales d'instituteurs et qui sont directement intégrés dans la fonction publique.

Les contractuels sont des instituteurs formés qui sont recrutés dans le cadre du contrat entre l'Etat camerounais et un programme de financement français dit Contrat Développement Désendettement (D) qui a une durée de cinq ans.

Les vacataires sont ceux des instituteurs formés et recrutés au niveau des délégations départementales et financés soit par le budget de l'Etat, soit par les fonds PPTE. Avec les grandes opérations de contractualisation engagées par l'Etat, cette catégorie d'enseignants est appelée à disparaître au fil des années à venir

Les maîtres des parents sont des enseignants recrutés et pris directement en charge par les APE des écoles et dont le traitement salarial est dérisoire et instable. Ils sont recrutés parmi les instituteurs formés et non formés. Notons également que à côté des maîtres des parents, il y a aussi des maîtres communaux qui restent à la charge des communes et dont le traitement n'est pas différent de celui des maîtres des parents.

II. 1. 6. Parent d'élève

Un parent d'élève est toute personne qui a en charge un enfant à l'école. Il peut être le père légitime ou non. Les caractéristiques d'un parent d'élève repose sur ses responsabilités vis-à-vis de l'enfant. Pour cela, il a des obligations envers son enfant et envers l'école. Un parent responsable doit fournir du matériel scolaire à son enfant. Il s'agit de lui acheter les fournitures et les manuels scolaires, assurer son alimentation, sa sécurité et son encadrement sanitaire. Envers l'école, le parent participe aux charges liées au bon fonctionnement de celle-ci dans le cadre de l'APE. Il doit suivre l'évolution des acquisitions des apprentissages de son enfant par une étroite collaboration avec l'équipe éducative.

II. 2. LA RECENSION DES ECRITS

Cette partie aborde l'analyse des écrits relatifs à la problématique de notre étude. Elle s'attache à présenter les travaux de certains auteurs qui ont abordé d'une manière ou d'une autre la question de la gratuité de l'école ou de la qualité de l'éducation.

II. 2. 1. Les travaux sur la gratuite de la scolarisation

La gratuité de l'enseignement primaire remonte à une époque lointaine. Elle a toujours été au centre des réflexions philosophiques et politiques. Il ne faudrait donc pas penser qu'elle est marquée par la déclaration des droits de l'homme (1948) moins encore par la conférence de Jomtien (1990) ou le forum de Dakar (2000) pour ne pas citer la loi de 1963 ou la décision présidentielle de 2000 pour le cas du Cameroun.

Parlant de la gratuité de l'école, Platon et Jules Ferry en ont fait une préoccupation particulière.

II.2.1.1. La thèse de Platon

Les positions de Platon sur l'instruction publique gratuite et obligatoire sont présentées par Palmèro (1958) dans l'ouvrage Histoire des institutions et des doctrines pédagogiques par les textes.

Pour Platon, l'instruction publique doit être gratuite et obligatoire. Il procède par une démonstration logique. En effet, l'éducation selon lui, vise à apporter à la jeunesse ce qui est beau, noble, bon et vrai. En même temps, elle doit écarter de cette jeunesse ce qui est laid, indigne, mauvais et faux. Platon pense que « l'instruction scolaire ne doit pas être soumise aux caprices du père et abandonnée si celui-ci s'y refuse ». Selon lui, tout enfant selon ses facultés doit recevoir une instruction obligatoire dans la mesure où il est d'abord le fils de sa patrie avant d'être celui de ses parents. L'Etat doit donc organiser l'évolution des aptitudes de chacun et veiller à la mobilité sociale de tous. La mission principale de l'Etat étant le bien-être de tous, il revient donc à celui-ci de prendre en charge l'éducation de tous les enfants pour l'équilibre de la société.

Comme on le voit, Platon place l'Etat comme acteur principal et essentiel de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui «l'éducation pour tous ». Il est du devoir de l'Etat de tout mettre en oeuvre pour assurer l'éducation de tous les enfants. La patrie étant supérieure à la famille, il serait imprudent et maladroit d'abandonner l'éducation des enfants à une tierce personne ou en faire une affaire des parents. C'est un devoir de l'Etat. A ce titre, l'école publique doit être gratuite et obligatoire pour favoriser l'accès et le bien de tous pour un fonctionnement harmonieux de la cité.

On peut cependant reprocher à Platon d'avoir favoriser la naissance des classes sociales dans la société en pensant que celle-ci devrait être composée pour son bon fonctionnement, de philosophes qui gouvernent, des guerriers qui défendent la cause du pays et des ouvriers qui produisent les biens et services. Chaque enfant ne devant alors recevoir qu'une éducation qui tient compte de ses aptitudes à devenir philosophe, guerrier ou ouvrier.

II.2.1.2. Les lois de Jules Ferry

En France à la fin du 19ème siècle, les grandes lois sur l'enseignement primaire sont adoptées par les chambres sur proposition et avec le soutien de Jules Ferry, Ministre de l'Education Nationale (1881). La loi sur l'obligation scolaire et la laïcité de l'enseignement primaire a été adoptée le 28 mars 1882. L'article premier stipule que « il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans les écoles primaires laïques, ni dans les écoles d'asile publiques, le prix de pension dans les écoles normales est supprimé. »

En fait, avant les lois de Ferry, le système éducatif était fortement influencé par les positions de l'église. Ainsi, les programmes scolaires avaient une forte dose de la doctrine religieuse avec les implications qu'une telle situation pouvait entraîner. L'Etat devant être laïc et impartial, cette laïcité devant ressortir dans le système éducatif et pour que tout le monde puisse bénéficier d'une éducation, il fallait rendre celle-ci gratuite et obligatoire. Les lois de Jules Ferry sont considérées comme un moment historique très capital dans les politiques de Etats en matière de gratuité.

De ce qui précède, la question qui se pose est de savoir si après plus d'un siècle des lois de Jules Ferry, l'école a épousé tous les contours de la gratuité partout dans le monde ? Baehrel et Henderson (1990 :16) dans changer l'école, un pari possible, pensent que « le système éducatif institué par Jules Ferry relevait des intentions les plus pures. L'école ouverte à tous au nom de l'égalité. » Si Jules Ferry a le mérite d'avoir constitutionnellement fait de l'école gratuite, obligatoire et laïque une nécessité, il n'a cependant pas abordé les aspects qualificatifs de l'éducation à donner aux enfants.

Que disent les études contemporaines sur la qualité de l'éducation ?

II.2.2. Les recherches actuelles sur la qualité de l'enseignement

L'abondante littérature sur l'éducation et le système éducatif a peu ou très peu abordé la dimension qualitative de l'éducation. Dans son rapport de suivi de l'EPT en 2005, l'UNESCO consacre tout un chapitre sur « comprendre ce qu'est la qualité de l'éducation. » Il ressort de ce rapport jusqu'en 2000, beaucoup d'études n'étaient pas faites en matière de qualité de l'éducation. Certains traités internationaux, en spécifiant la nécessité de dispenser une éducation aux droits de l'homme, à la santé, au sport ou aux questions de genre ont abordé la qualité de l'éducation. Ils n'ont cependant, comme le souligne le rapport de l'UNESCO (2005), « rien dit des performances qu'on pouvait et devait attendre des systèmes éducatifs quant à cet objectif. » Le constat est que en mettant l'accent sur l'éducation universelle, les acteurs au développement se sont focalisés sur les aspects quantitatifs de la politique d'éducation. Et pourtant, comme l'indique le rapport de l'UNESCO, « il semble très probable que la réalisation de la participation universelle à l'éducation dépendra fondamentalement de la qualité de l'éducation. »

Il est donc urgent de mettre un accent sur la qualité, ce d'autant plus que la qualité de ce que les élèves apprennent peut avoir un impact crucial sur la durée de leur scolarité et sur leur assiduité à l'école.

La déclaration de Jomtien En 1990 et surtout le cadre d'action de Dakar en 2000 ont reconnu que la qualité de l'éducation est un déterminant primordial de la réalisation de l'éducation pour tous. Ainsi, le deuxième des six objectifs énoncés à Dakar engage les pays à assurer un enseignement primaire de qualité. Cette qualité doit être améliorée sous tous ses aspects de façon à obtenir pour tous de meilleurs résultats d'apprentissage « notamment en ce qui concerne la lecture, l'éducation, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante. »

Le cadre d'action de Dakar a déclaré que l'accès à une éducation de qualité était un droit de chaque enfant. Sa définition élargie de la qualité a énoncé les caractéristiques souhaitables des apprenants à savoir des élèves sains et motivés, des processus c'est-à-dire des Enseignants compétents utilisant des pédagogies actives, des contenus aux programmes adaptés et des systèmes politiques pratiquant la bonne gouvernance et une allocation équitable des ressources.

Par ailleurs, le développement cognitif est identifié comme un objectif majeur de tous les systèmes éducatifs. Le degré de réussite des systèmes dans la réalisation de cet objectif est un indicateur de leur qualité d'une part, d'autre part, le développement créatif et affectif des apprenants de soutenir les objectifs de paix, de citoyenneté et de sécurité, de promouvoir l'égalité et de transmettre les valeurs culturelles universelles et locales aux générations futures.

En somme la nécessité d'une éducation de qualité s'impose dans un système qui se veut efficace. On pourrait dire que la qualité de l'éducation détermine le choix de celle-ci. En d'autres termes, l'hypothèse centrale serait donc : la décision des parents d'envoyer leurs enfants à l'école dépend plus de l'opinion qu'ils se font de la qualité des apprentissages que de la gratuité de celle-ci.

En dehors de Platon et Jules ferry, il existe une littérature aussi abondante que variée sur l'éducation. Plusieurs auteurs ont mené des réflexions et des recherches en la matière. Nous retenons et présentons ici les travaux des auteurs qui semblent plus proches de notre étude.

II.2.3. Les travaux connexes sur l'éducation

Plusieurs travaux en rapport avec la gratuité de la scolarisation ou la qualité de l'éducation ont été effectués par d'autres auteurs contemporains. Nous présentons ici ceux d'Ivan Illich, de Mvesso, Lessard et Meirieu et de Fonkoua.

Dans son oeuvre Une société sans école, Ivan Illich (1971) décrit le rôle néfaste de l'école dans la société. Selon cet auteur, l'institution école est le vecteur des plus grands maux dont souffre la société d'aujourd'hui. Ces maux sont la concurrence déloyale, l'aliénation et la dépersonnalisation de l'homme. Dans l'un des paragraphes de son livre intitulé « La phénoménologie de l'école » (1971 : 1), il présente l'école tour à tour comme le jeu rituel de la religion du monde nouveau, le mythe des valeurs conditionnées ou le mythe du progrès éternel.

En effet, l'école est la plus grande industrie qui soit. Elle fabrique des produits qu'elle emballe et les vend obligatoirement aux consommateurs que sont les élèves sans leur avis. Il souligne que les programmes scolaires sont comme des drogues. Vous n'avez qu'à goûter le premier paquet en suivant le mode d'emploi qui se termine par l'injonction de passer au suivant. C'est une vraie religion qui a ses mythes et ses mystères.

Illich propose l'abolition pure et simple du système école. Il propose ce qu'il appelle

« les réseaux du savoir». Dans sa thèse, il déclare que : « si l'on veut cesser de dépendre des écoles, ce n'est pas en envahissant les ressources dans un nouveau système destiné à faire apprendre que l'on y parviendra. Ce qu'il faut plutôt faire, c'est créer de nouveaux rapports entre l'homme et ce qui l'entoure, qui soit source d'éducation ».

Il est clair que l'auteur pose les bases des nouveaux canaux d'éducation dont les caractéristiques sont les suivantes :

- Donner accès à tous aux ressources existantes et ce, à n'importe quelle époque de leur existence ;

- Permettre au porteur d'idées nouvelles et à ceux qui veulent affronter l'opinion publique de se faire entendre.

Le monde que façonne Illich dans son oeuvre nous semble chimérique. Ses idées sont celles d'un révolutionnaire utopiste et anarchiste. Si nous convenons avec l'auteur que les programmes scolaires ne cadrent pas très souvent avec les réalités de l'environnement, force est de reconnaître qu'une société « sans école » dans notre temps, où une éducation se passerait dans les fameux réseaux, on ne sait sur quelle base, est inimaginable dans la forme et dans le fond.

Mvesso n'est pas du même avis qu'Illich. Il pense que l'école doit garder sa place dans la société malgré tout.

Dans son oeuvre, L'école malgré tout, Mvesso (1998) présente un tableau pas très reluisant de l'école en Afrique. L'école à l'aube de son entrée en Afrique avait pour mission avouée la civilisation des peuples primitifs. Mais derrière cette façade, l'école était aussi un puissant instrument de conquête et de domestication des peuples colonisés. Elle a contribué à détruire les cultures africaines et à dépersonnaliser ses populations.

En effet, les politiques africaines ont mis au point l'école du « comment », qui est la copie conforme du modèle laissé par le colonisateur. C'est l'univers de l'éducation de surface, où les individus labellisés sortent de l'usine école sans « arêtes » personnelles.

L'auteur propose que l'on substitue cette école du « comment » par une école du « pourquoi » si l'Afrique veut donner un sens à son histoire. Ce sens se situe à l'interface de deux exigences qu'il faut impérativement concilier à savoir, la revalorisation des cultures africaines authentiques et l'ouverture à la modernité. Repenser l'école africaine, c'est répondre à la question du pourquoi l'école ? Et la seule réponse possible est « retrouver la dignité perdue, prendre la place à part entière dans le concert des Nations ».

Cependant, même si l'analyse et la perception de l'école en Afrique de Mvesso sont pertinentes, elles restent néanmoins abstraites, philosophiques, il n'y a pas de propositions concrètes sur le plan pédagogique, sur les programmes et leurs contenus, ceci tenant compte des cultures africaines. Lessard et Meirieu vont approfondir la réflexion.

Dans leur ouvrage, L'obligation des résultats en éducation, Lessard et Meirieu (2005) présentent la nécessité d'une réforme en profondeur du système scolaire. Meirieu dans son article « l'école entre la pression consumériste et l'irresponsabilité sociale » nous décrit l'école comme un vaste marché où tout le monde trouve son compte. Il dit à propos, « le marché scolaire est déjà là. C'est par exemple le marché de construction scolaire, celui des manuels scolaires, du soutien scolaire. C'est aussi le marché des filières, des langues, des établissements scolaires ... marché dans lequel les enseignants se trouvent particulièrement à l'aise quand il s'agit des intérêts de leurs progénitures ». Devant cette situation, les parents exercent une pression sur l'école en terme de résultats de leurs enfants ils exigent les bons résultats. L'auteur souligne que « la pression consumériste amène à céder à l'inquiétude des parents, pour fournir toujours ce que les parents demandent ».

Après avoir fait l'autopsie des maux qui minent l'école, Meirieu arrive à distinguer « l'école service » de « l'école institution »

En effet, l'école service « c'est l'école telle qu'elle a été fondée dans le prolongement de la demande familiale ».

Historiquement, l'école service est née avant l'école institution. L'école était au service des parents qui voulaient en faire un outil pour la promotion de leurs enfants. A l'opposé, « l'école institution » a été proclamée par Jules Ferry (1881) qui affirme que « Seule l'école a le droit d'éduquer », dans ce sens que l'école c'est la raison et la famille c'est la superstition et la religion. Par conséquent, l'école ne peut pas être un service dans la société et que sa qualité ne peut pas être jugée à la satisfaction des usagers. Ainsi, la qualité d'une école ne saurait se mesurer à la satisfaction des élèves et des parents, « mais à sa capacité à promouvoir les valeurs qu'elle affiche et qu'elle cherche à incarner ». Tout comme la qualité d'une justice ne se mesure pas à la satisfaction des justiciables, ou la qualité d'une armée à la satisfaction des militaires, l'école ne saurait être à la satisfaction des parents.

L'école reste un bien commun pour Meirieu. Pour cela, il faut résister à la montée de « l'école marché » du primaire au supérieur. Pour y parvenir, il propose une pédagogie « du monde commun » fondée sur dix principes :

1. Contre une pédagogie bancaire, promouvoir une pédagogie du sens c'est-à-dire une pédagogie qui s'attache à dégager des savoirs qui font sens pour les élèves et non pas simplement qui sont utiles pour celui qui les approprie ;

2. Contre une pédagogie du produit, développer une pédagogie de processus ;

3. Contre une pédagogie des règlements arbitraires, pour une pédagogie de la construction de la loi ;

4. Contre une pédagogie de la sujétion, pour une pédagogie de la construction progressive de l'objet ;

5. Contre une pédagogie de rapport de force parents- professeurs et pour une pédagogie de la complémentarité des rôles : les parents c'est la filiation ; l'école c'est l'instruction ;

6. Contre une pédagogie des parents usagers et pour une pédagogie des parents citoyens ;

7. Contre une pédagogie de la concurrence et pour une pédagogie du recours ;

8. Contre une pédagogie du palmarès, pour une pédagogie de l'évolution plurielle et négociée ;

9. Contre une pédagogie libérale, pour une pédagogie de qualité.

10. Contre une pédagogie de l'isolement dans le confort et pour une pédagogie de la solidarité active ;

Au demeurant, les travaux de Meirieu interpellent tous les acteurs à une réflexion et un dialogue entre les décideurs, les praticiens et chercheurs autour d'un des enjeux les plus importants de l'éducation actuelle à savoir l'obligation des résultats.

Lessard et Meirieu se sont intéressés aux système éducatifs de l'occident et particulièrement de la France, qu'en est-il de l'Afrique ? Pierre Fonkoua prend position.

Dans une publication récente, Fonkoua (2006), dans quels futurs pour l'éducation en Afrique ? fait une autopsie sans complaisance de la crise de l'éducation en Afrique, crise marquée du sceau des vicissitudes et des conjonctures historiques tels que l'esclavage, la colonisation et le néocolonialisme, l'auteur aboutit au constat que la domination des puissances européennes a entraîné le découpage arbitraire des états nations de l'Afrique. La religion et les langues occidentales ont également participé à l'émiettement du continent. Dans cette situation de misère permanente, l'auteur se demande bien « quelle politique d'éducation pour l'Afrique ? » Il suggère un ensemble de propositions stratégiques.

Il préconise d'abord que les décideurs tiennent en compte des spécificités de l'Afrique qui se trouvent dans la diversité culturelle, ethnique et linguistique. La réforme des programmes scolaires devra donc tenir compte de cette diversité pour aboutir à une éducation multiethnique gage du progrès et de la cohésion sociale. Il précise à cet effet qu' « il est urgent que chaque pays africain mette sur pied une politique d'éducation à la pluriethnicité pouvant poser les fondations d'une éducation durable pour une Afrique unie » (2006 : 39). Fonkoua insiste sur la nécessité d'une « veuille prospective en matière d'éducation ». Il s'agit d'avoir une vision futuriste pour mieux anticiper sur les événements. Il préconise également une planification stratégique des systèmes éducatifs africains pour y arriver. La décentralisation du système éducatif est incontournable dans la mesure où elle permet de prendre en compte tous les acteurs de l'éducation dans la formulation des politiques éducatives dans ce sens qu'elle permet et garantit la « rationalité, l'efficacité, la concurrence saine » (2006 : 73).

Par ailleurs, les Etats devront mobiliser les ressources humaines et financières importantes ? Ces ressources permettent de former des cadres ou spécialistes en éducation, la formation des enseignants et leur gestion doivent être efficaces. Un meilleur traitement des Enseignants doit stimuler ces derniers à améliorer le rendement. Une gestion et une planification des établissements doivent permettre un bon quadrillage des dépenses. L'accès aux nouvelles technologies de l'information et la communication doit être vulgarisé en vue de favoriser des formations à distance. Une refonte des contenus des programmes doit tenir compte de l'éducation à l'environnement pour aboutir à une éducation de qualité gage de la formation réussie des africains.

II. 2. 4. La gratuité de l'enseignement primaire en R.D.C

La gratuité de l'enseignement primaire en R.D.C est une étude qui a été réalisée par Kandolo P.F (2007). Kandolo est avocat au Barreau de Lubumbashi en R.D.C. L'étude a été menée en vue de l'obtention du diplôme universitaire de 3ème cycle en droit de l'homme. Il s'agit d'une étude faite sous l'angle juridique. L'objectif de l'auteur est de montrer que l'éducation est un droit inaliénable qui fait partie des chartes et organisations internationales en matières des droits de l'homme et de l'enfant. Il rappelle que la gratuité a été instituée en R.D.C en 2006 dans un contexte international prônant la gratuité et l'obligation de l'école fondamentale pour permettre l'accès à tous. L'article 43 alinéas 4 de la constitution congolaise du 18 février 2006 stipule que « l'enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics. »

L'auteur constate que la R.D.C accuse un retard considérable dans la politique de la gratuité, car celle-ci ne concerne que l'enseignement primaire, elle exclue la maternelle, le secondaire, l'université et tout le secteur privé. Une note circulaire du 21 juin 2007 du Ministère congolais de l'enseignement primaire supprime certains frais scolaires pour rendre effective la gratuité, il s'agit notamment :

1. des frais d'inscription de réinscription ou de confirmation d'inscription ;

2. des frais d'admission en classe supérieure ;

3. des frais d'évaluation interne ;

4. des frais de motivation des enseignants ;

5. des frais de transport des enseignants ;

6. des frais de contrôle des dossiers des finalistes ;

7. des frais de suivi de la passation des épreuves de fin de cycle.

D'après la circulaire en question, la gratuité ne concerne pas tous les frais. Le taux de minerval est fixé par exemple à 100 francs congolais. Les frais d'assurance scolaire 100 francs congolais par élève et par an. Les frais administratifs (frais des pièces scolaires, les frais techniques et autres comme avocat, écusson, journal de classe, communication, promo scolaire ...) s'élèvent à 200 francs congolais par an et par élève. Les frais d'internat sont à fixer par le comité sous- provincial, précise la circulaire.

En somme, « les membres de direction, le corps enseignant et même les parents d'élèves des écoles congolaises trouvent utopique et même un rêve la position gouvernementale. » En effet, comment concevrait-on la gratuité dans une situation où « l'Etat n'a pas de moyens pour payer les enseignants ? » Se demande Kandolo. Pour des parents interrogés, ceux-ci affirment qu'il existe encore des frais exigibles qui dépendent d'une école à une autre. « Les frais d'inscription, sous des dénominations diverses, destinées à couvrir des dépenses de fonctionnement, de motivation des enseignants continuent à faire surface, » conclut-il.

II. 3. LES THEORIES EXPLICATIVES DU SUJET

Nous entendons par théorie un schéma explicatif ou un cadre de référence qui apporte une compréhension à des phénomènes identiques. Pour notre étude, nous retiendrons quatre théories qui sont plus proches de notre problématique. Il s'agit de la théorie humaniste de l'école qui met en exergue l'idée de l'éducation pour tous et par conséquent sa gratuité pour tous pour son accomplissement. La théorie de la reproduction affirme que c'est une illusion de penser que tout le monde peut accéder à l'école indifféremment des considérations socio-économique. En fin, nous allons aborder les théories de la pédagogie de la maîtrise de bloom et de l'approche par compétence de Rey qui par leur nature mettent un accent sur la qualité de l'éducation.

II. 3. 1. La théorie humaniste de la l'éducation

Cette théorie est fondée sur les idées selon lesquelles la nature humaine est fondamentalement bonne. Chaque individu est unique, tous les êtres humains sont nés égaux et les inégalités qui surviennent ensuite sont le produit des circonstances.

Emile Durkheim, un des défenseurs de cette théorie pense que l'éducation est ce par quoi l'individu devient un être social. En citant Kant (1989 : 42), il précise que « le but de l'éducation est de développer dans chaque individu toute la perfection dont il est perfectible ». Dans le même sens, James Mill toujours cité par Durkheim (1989) affirme que « l'éducation a pour but de faire de l'individu un instrument de bonheur pour lui-même et pour ses semblables. » Sans éducation, l'individu ne peut acquérir le statut d'homme. « L'homme, en effet, n'est homme que parce qu'il vit en société » (op.cit).

Durkheim dans Education et sociologie (1989 : 51) pense que

« chaque société, considérée à un moment déterminé de son développement, à un système d'éducation qui s'impose aux individus ». Chaque société se fixe un certain idéal de l'homme, de ce qu'il doit être du point de vue intellectuel, physique et moral. La société ne peut vivre que s'il existe entre ses membres une suffisante homogénéité en fixant à l'avance dans l'âme de l'enfant des appartements fondamentaux qu'exige la vie collective ».

Il résulte de ce qui précède que l'éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération. Cette socialisation s'opère dès la naissance, au sein de la famille certes, mais c'est à l'école qu'elle est systématisée et opérationnalisée de sorte que celle-ci devienne le lieu central de continuité sociale lorsqu'il s'agit de la transmission des valeurs, des normes et des savoirs.

D'autres auteurs ont également abordé la théorie humanisante de l'école. Il s'agit notamment de John Dewey (1990 : 16) qui, dans Démocratie et éducation, essaye de montrer le rôle capital que joue l'école dans la société. Il souligne que

« L'école est en premier lieu une institution sociale. L'éducation étant un processus social, l'école est simplement cette forme communautaire dans laquelle sont concentrés tous les moyens d'action qui seront les plus efficaces pour amener l'enfant à tirer profit des biens hérités de la race et à employer ses propres capacités à des fins sociales ».

Pour les auteurs de la théorie humaniste, l'école a une fonction sociale très importante. Elle favorise l'égalité des chances pour tous en apportant des corrections aux inégalités sociales existantes. L'école reste donc à la base de la mobilité sociale. Cette école d'après ces théories doit être gratuite pour permettre à tous d'y accéder et de pouvoir bénéficier de toutes les vertus qu'elle y incarne.

- La qualité dans la tradition humaniste

La notion de qualité de l'éducation est au centre des préoccupations de la théorie humaniste. Elle met un accent sur les programmes d'enseignement. Ainsi, les programmes d'enseignement standardisés, prescrits, définis ou contrôlé de l'extérieur doivent être « bannis » selon l'expression du rapport de l'UNESCO (2005) car ils sont considérés comme « nuisant » aux possibilités pour les apprenants, de construire leurs propres interprétation et, pour les programmes d'éducation, de rester à l'écoute des situations et des besoins individuels des apprenants. Le rôle de l'évaluation est de donner aux apprenants des informations et des avis sur la qualité de leur apprentissage individuel. Ici, l'autoévaluation et l'évaluation par les pairs sont bienvenues en tant que moyens de favoriser une prise de conscience plus profonde de l'apprentissage.

Le rôle de l'enseignant est davantage celui d'un facilitateur que celui d'un instructeur.

II. 3. 2. Théorie de la reproduction

La théorie de la reproduction est riche aussi bien en idées qu'en auteurs qui la défendent. En effet, la théorie de la reproduction postule que l'école n'est pas, comme le prétend le discours officiel, cette institution juste et neutre dans ses règles, ses épreuves, son mode de transmission de connaissances ou son fonctionnement tout court. Parmi les auteurs les plus en vue de cette théorie, nous retenons Bourdieu et Passeron, Berthelot, Mbala Owono.

La question fondamentale qui guide les analyses de ces sociologues de l'éducation est : qui réussit et qui échoue à l'école ?

Bourdieu et Passeron (1971 : 31) sont catégoriques lorsqu'ils précisent que « le système d'enseignement contribue de manière irremplaçable à perpétuer la structure des rapports de classe et de même coup à la légitimer. » Autrement dit, la société étant fondée sur la base des classes, l'école étant le reflet de la société, elle comporte également des inégalités, des injustices et des tares qui minent la société. L'école n'est pas une institution neutre, elle crée et accentue les inégalités sociales. L'école est considérée dans ici, comme un instrument de sélection sociale où les riches seuls pourront toujours avoir la possibilité d'envoyer leurs enfants à l'école pour recevoir une éducation de qualité, alors que les pauvres verront leurs enfants exclus du circuit scolaire. La réussite et même l'inscription à l'école apparaissent alors déterminées par l'appartenance à une classe. Mbala Owono (1986), dans une étude réalisée au Cameroun sur les facteurs de réussite scolaire au secondaire a confirmé l'hypothèse selon laquelle la réussite au secondaire est déterminée par l'origine sociale des élèves. Les enfants qui réussissent sont ceux qui sont issus des familles aisées.

En somme, contrairement au discours officiel qui proclame l'égalité des chances et la mobilité sociale à l'école, et pour notre étude de la gratuité, l'école semble ne pas fonctionner sur des logiques des apparences. Dans notre cas, la gratuité de l'école primaire semble fonctionner sur la base de l'école productrice des inégalités. Autrement dit, qui inscrit l'enfant à l'école publique et qui inscrit son enfant à l'école privée ? En clair, les parents auront toujours à débourser des sommes d'argent pour l'éducation de leurs enfants soit pour payer les enseignants dits maîtres des parents dans le cadre des A.P.E.E, soit pour payer des uniformes ou des fournitures scolaires, soit alors pour participer à la construction des salles de classe qui n'existent toujours pas et surtout en zone rurale.

La théorie de la reproduction défend la thèse selon laquelle la gratuité reste une illusion. C'est un piège pour les pauvres, car la qualité de l'éducation a un prix. « Il faut dénoncer cette tromperie pas très morale, pas très honnête qui consiste à faire croire que tous sont égaux devant la formation initiale. Pays de droits de l'homme oblige », soulignent Baehrel et Henderson (op.cit)

II. 3. 3. Approche par compétence

Si les théories humanistes et de la reproduction posent la problématique de la gratuité, l'approche par compétence soulève la nécessité d'une éducation de qualité. Dans le cadre de notre étude, nous nous inspirons des thèses de Bernard Rey et al (2006) dans leur ouvrage Les compétences à l'école.

Les auteurs pensent qu'une révolution doit s'opérer à l'institution scolaire dans le processus enseignement apprentissage. L'école ne doit plus être le seul lieu d'acquisition des savoirs, elle doit avoir un objectif plus large. Et comme le soulignent les auteurs : « faire apprendre des compétences, telle semble être désormais la mission de l'école. »

Définissant la compétence, ils pensent que celle-ci « est le fait de savoir accomplir efficacement une tâche, c'est-à-dire une action ayant un but ».

Dans notre contexte, les méthodes d'enseignement ont évolué. Nous sommes passés de la vieille approche pédagogique à l'approche par compétence en passant par la nouvelle approche pédagogique. L'approche par compétence apparaît donc comme la méthode par excellence dans ce sens qu'elle évite la parcellisation des tâches et la perte de sens aux yeux des élèves. Elle incite à l'apprentissage en situation active. Elle redonne de la finalité et du sens aux savoirs scolaires. Elle contribue à faire de l'apprentissage une transformation en profondeur du sujet apprenant. Elle peut contribuer à réduire la sélectivité scolaire et la culture de l'échec tout en préservant la qualité de l'éducation.

Les défenseurs de cette approche distinguent trois degrés de compétence :

- Les compétences du premier degré qui consistent à savoir exécuter une action en réponse à un signal préétabli après entraînement. Il s'agit des compétences élémentaires.

- Les compétences du second degré qui consistent à savoir choisir, parmi les procédures qu'on connaît, celle qui convient à une situation ou à une tâche non connue. Elles sont aussi appelées compétences élémentaires avec interprétation de la situation.

- Les compétences du troisième degré qui consistent à savoir, parmi les procédures qu'on connaît, choisir et combiner celles qui conviennent à une situation ou à une tâche non connue et complexe. Elles sont aussi appelées des compétences complexes.

L'approche par compétences se fonde sur un référentiel officiel qui définit les types de compétence à acquérir. Cependant, comme le notent les auteurs « La notion de compétence ne chasse pas les savoirs ; elle est là pour rappeler qu'un savoir est avant tout une pratique intellectuelle. Ce qu'elle exclut, ce sont des savoirs morts. »

II. 3. 4. Modèle de maîtrise

Le modèle de maîtrise que nous traitons ici est celui de Bloom présenté par Franc Morandi (1997) dans Modèles et méthodes en pédagogie.

Le modèle de maîtrise de Bloom aussi appelé pédagogie de la maîtrise, met en scène et finalise la liaison objectif action éducative. En effet, Bloom pense que dans les conditions appropriées d'enseignement, presque tous les élèves (95 %) peuvent maîtriser la matière, et ceci jusqu'à la fin de la scolarité obligatoire (enseignement primaire). Il dit à propos : « ce sont les conditions du système d'enseignement qui deviennent des paramètres pédagogiques que l'on doit adopter à la réalisation des objectifs ». Pour Bloom, il n'existe pas d'élèves doués pour les études. « Certains élèves maîtrise la matière en peu de temps alors que d'autres sont plus lents ». Quand on parvient à disposer du temps et de l'aide dont les élèves lents ont besoin, ceux-ci réussissent à atteindre le même rendement que les plus rapides. Les élèves lents se révèlent capables de comprendre des idées complexes et abstraites, d'appliquer les idées à de nouveaux problèmes.

La pédagogie de la maîtrise propose qu'on accorde les conditions d'étude aux élèves en fonction de leur aptitude. Autrement dit, le facteur temps doit être primordial dans l'acquisition des savoirs dans ce sens que tous les élèves n'ont toujours pas les mêmes facultés de compréhension. Certains sont rapides et d'autres lents. L'enseignant doit donc tenir compte de tous ces paramètres pour que certains élèves ne se sentent pas disqualifiés par l'échec. Cette pédagogie vise justement à faire disparaître l'échec en assurant un rendement de qualité pour tous les élèves.

Dans notre contexte, une telle pédagogie est à encourager surtout dans le cadre des promotions collectives qui sont déjà en vigueur à l'enseignement de base. Les promotions collectives visent à réduire significativement les échecs scolaires.

Le tableau 1 ci-dessous nous permet de faire la récapitulation des questions de recherche ainsi que leurs indicateurs.

Tableau 1 : Récapitulatif des questions de recherche et leurs indicateurs

Question principale de recherche : Existe-t-il un lien entre la suppression des frais exigibles, le paquet minimum, les contributions des parents et le recrutement des enseignants d'une part, et la qualité des apprentissages d'autre part ?

Questions de recherche

Indicateurs

Modalité

Items

1

La suppression des frais exigibles a-t-elle influencé la qualité des apprentissages ?

-Accès de tous à l'école

-Taux de fréquentation

-Acquisition des manuels scolaires par les élèves

-Matériels didactiques pour enseignants.

-tout à fait pas d'accord

- pas d'accord

-plutôt d'accord

- tout à fait d'accord

E1, E6, E14 E17, P1, P2, P4 P25,

2

La remise du paquet minimum a-t-elle un impact sur la qualité des apprentissages ?

-Contenu du paquet minimum

-Fréquence de distribution du paquet minimum

-Résultats scolaires

*Taux de réussite

*Taux d'achèvement

*Taux de couverture

Idem

E3, E10,

E18, E21,

3

Les contributions financières des parents influencent-elles la qualité des apprentissages ?

-Contributions effectives des parents

-Réalisations de l'APE.

-Prise en charge des maîtres des parents par les A.P.E..

Idem

E21,

P5, P7,

P17,

4

Le recrutement des instituteurs a-t-il une influence sur la qualité des apprentissages ?

-Nombre d'instituteurs contractualisés

-Gestion et affectation des instituteurs

-Ratio maître/élèves

-Méthodes pédagogiques en vigueur

-Pratique de l'A.P.E.E.

Idem

E7, E12, E13, E11

P9, P26. P29

NB : P = questionnaire pour Parent ; E = questionnaire pour Enseignant

CHAPITRE III :

CADRE METHODOLOGIQUE

Cette partie de l'étude est consacrée à la description et présentation de la méthodologie utilisée. Tout travail de recherche trouve sa valeur et la pertinence scientifique dans la méthode que le chercheur utilise pour expliquer la réalité des faits. Parlant de la méthode, Grawitz (1990 :384) précise qu'elle « est constituée de l'ensemble des opérations intellectuelles pour lesquelles une discipline cherche à atteindre des vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie ». Elle poursuit en disant que « la méthode dicte toujours les façons concrètes d'envisager ou d'organiser la recherche ». Ainsi, aucun crédit n'est accordé à un travail de recherche si la méthode de recherche et les instruments de mesure ne sont pas clairement définis au départ. Pour ce faire, notre étude emploie une méthode claire, s'appuie sur une population d'étude précise, utilise des techniques d'enquêtes spécifiques et rigoureuses.

Pour toutes ces bonnes raisons, notre étude se propose de recourir à un ensemble de techniques de recherche parmi lesquelles, la recherche documentaire dans un premier temps, ensuite, l'observation directe, et enfin, les entretiens et les questionnaires confectionnés nous permettrons de faire une analyse qualitative et quantitative des données recueillies.

III. 1. TYPE DE RECHERCHE

Aucune recherche en science en générale et en sciences de l'éducation en particulier, n'est faite ex nihilo. Toute recherche s'appuie sur les travaux précédents en rapport avec le thème de la recherche. C'est pour cette raison que Rouveyran (1987 :47) recommande que : « le chercheur doit faire un inventaire raisonné détaillé et critique de l'ensemble des documents traitant du sujet à titre principal, secondaire et même accessoire ».

Pour notre étude, nous avons eu recours à une recherche exploratoire auprès des acteurs concernés en vue de recueillir leur opinion sur notre objet d'étude.

En outre, la recherche documentaire nous a permis de faire l'analyse qualitative des données. Ces données sont issues des documents de référence (DRAFT, DSRP) du Ministère de l'Education de Base, des rapports de l'UNESCO et des études réalisées par le programme d'analyse des systèmes éducatifs de la confemen (PASEC).

En somme, nous avons effectué une recherche mixte qui combine les approches qualitative et quantitative. Notre recherche s'inscrit pour cela dans une triangulation s'appuyant sur les documents, l'entrevue et le questionnaire.

III. 2. POPULATION ET ECHANTILLON DE L'ETUDE

La population d'étude ou population parente est l'ensemble des acteurs qui constituent le champ d'investigation du chercheur. C'est l'ensemble des personnes que le chercheur doit consulter pour avoir des informations sur ce qu'il se propose d'étudier. Pour notre étude il s'agit des enseignants et des parents d'élèves pour ce qui est de leur perception de la gratuité et ses effets sur la qualité des apprentissages

Les enseignants du primaire et les parents d'élèves ne sont pas les seules personnes consultées. Nous avons étendu nos enquêtes auprès des responsables des services centraux et déconcentrés du Ministère de l'Education de Base. Toutes ces personnalités vont nous aider à comprendre la définition et la mise en oeuvre de la gratuité scolaire au niveau institutionnel. Par la suite, nous allons nous entretenir avec certains directeurs d'école publique pour voir le degré d'application de la politique de la gratuité et son impact sur les apprentissages.

En somme, notre population d'étude est constituée de l'ensemble des enseignants, des parents, des responsables des services centraux et extérieurs du Ministère de l'Education de Base.

Parlant de l'échantillon, celui-ci permet de saisir la totalité des sujets concernés par l'étude à partir d'un petit groupe de ces sujets. Ce petit groupe doit être représentatif de la population globale. A propos, Antoine (1969 :203-204) affirme que

« l'échantillonnage consiste à présenter un nombre limité d'éléments d'un ensemble d'une façon telle que l'on puisse, à partir de l'observation ou de l'analyse de ces éléments, porter un jugement sur la totalité de l'ensemble ».

Notre étude n'étant pas régionale ou locale, mais nationale, nous avons passé nos différents questionnaires aux enseignants et aux parents de tous horizons sans discrimination. Pour cela, nous avons choisi un échantillon représentatif de deux cents (200) enseignants et de deux cents (200) parents d'élève résidents dans le territoire camerounais.

III.3. INSTRUMENTS DE MESURE ET COLLECTE DES DONNEES

S'agissant des instruments de mesure, nous nous sommes servi d'un questionnaire de type Likert, de l'observation et de l'entrevue.

Avant de mener une bonne enquête, il est nécessaire de procéder à une vérification empirique du questionnaire pour s'assurer qu'il est bien applicable aux sujets enquêtés. La pré enquête encore appelée pré test s'avère un exercice qui permet de tester la validité d'un questionnaire, la pertinence du sujet abordé à travers les objectifs que l'on désire atteindre. C'est pour toutes ces raisons que nous avons fait un questionnaire servant de prétest au départ.

Ainsi, le prétest avait toutes sortes d'items (questions fermées, semi fermées, ouvertes ...) l'exploitation d'un tel questionnaire s'avérait très difficile et surtout, les sujets manifestaient un stress au seul contact de ce questionnaire. Certains sujets nous donnaient des rendez-vous qu'ils n'honoraient pas. Bref, ce questionnaire nous prenait plus de temps.

Compte tenu de ces difficultés, nous avons finalement confectionné des questionnaires sur la base de l'échelle de Likert pour ce qui est des données quantitatives.

Par contre, nous avons procédé à l'observation participante au moment des inscriptions à l'école primaire lors de la rentrée scolaire 2009 /2010. Cette technique d'enquête nous a permis de se rendre à l'évidence des faits en ce qui concerne l'effectivité et surtout l'opérationnalisation de la gratuité de l'école primaire publique.

La collecte des données proprement dite s'est opérée au mois de septembre 2009, cette période étant le début de la nouvelle année scolaire au Cameroun, l'occasion était indiquée pour rencontrer les parents d'élèves, les enseignants ainsi que les différents Responsables des services centraux et extérieurs du Ministère de l'Education de Base

Nous avons conçu deux questionnaires : un questionnaire pour parents d'élève et un autre pour enseignants du primaire. Nos deux questionnaires ont été faits sur le modèle de l'échelle de Likert.

En effet, une échelle de Likert est un questionnaire psychologique permettant de qualifier les attitudes. Elle est composée d'une série d'affirmations auxquelles l'enquêté doit indiquer son degré d'accord ou de désaccord.

Les items d'un tel questionnaire sont sélectionnés à l'avance en fonction de leur qualité et leur pertinence sur les attitudes ou opinions à mesurer.

Nous avions fait des questionnaires avec des items comprenant quatre valeurs de réponses possibles. Il s'agit de :

- Tout à fait pas d'accord

- Pas d'accord

- Plutôt d'accord

- Tout à fait d'accord

Les questionnaires pour enseignant et pour parent d'élève compte chacun 30 items.

Pour la passation des questionnaires, nous avons utiliser la méthode du choix au hasard et la méthode du choix raisonné.

Pour la méthode du choix au hasard, il est question pour nous de saisir deux cents parents d'élève et deux cents enseignants du primaire sans distinction de sexe, âge ou région.

Pour la méthode du choix raisonné, nous avons essayé autant que possible de faire en sorte que les instituteurs enquêtés soient issus des différentes grandes composantes sociologiques du pays. Autrement dit, on a évité d'avoir à faire aux sujets d'une même région ou d'une même zone. Nous ferons en sorte que nos enquêtés soient des instituteurs et des parents des villes et des campagnes, du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest dans la passation des questionnaires.

Notre étude n'étant pas régionale ou locale mais nationale, nous avions passé nos différents questionnaires aux enseignants de tout bord et sans discrimination dans le cadre de l'enseignement primaire public ainsi qu'aux parents d'élève qui ont en principe inscrit leurs enfants ou non à l'école publique.

L'entrevue s'est faite sur la base d'un protocole d'entretien. L'objectif était de sélectionner à l'avance la catégorie des individus à soumettre à notre guide. Nous reviendrons en détails dans le cadre de la présentation des données qualitatives.

III. 4. MODELE D'ANALYSE DES DONNEES

Pour le traitement et l'analyse des données nous avons eu recours à l'analyse qualitative, à l'outil de la statistique descriptive. L'outil de la statistique inférentielle aurait pu nous permettre d'établir des corrélations entre les variables notamment dans la vérification des hypothèses à l'aide du Ki deux. Cependant, les désagréments que nous avons connus lors du dépouillement et du traitement informatique des données ne nous ont plus permis de recourir à cette technique comme prévu.

III. 4. 1. L'analyse qualitative des données

L'analyse des données qualitatives dont nous nous sommes proposé de faire dans cette étude nous est présentée par Michael Huberman et Miles (1991). En effet, la force de ce genre d'analyse est de rendre compte de la réalité scientifique non plus par des chiffres, mais par des mots. Il s'agit donc d'apprécier, de juger ou d'émettre des opinions. Comme le soulignent les auteurs, les « chercheurs qualitatifs considèrent encore l'analyse comme un art et mettent l'accent sur une approche intuitive. » Dans l'analyse qualitative, le chercheur ne se contente plus de décrire les phénomènes, mais essaye de comprendre et d'expliquer à partir d'une approche logique les phénomènes.

Dans le cadre de notre étude, nous nous servirons des informations issues de l'exploitation documentaire ou l'analyse de contenu en rapport avec le Ministère de l'Education de Base, des organismes internationaux en matière d'éducation et des organisations scientifiques reconnues pour en faire une analyse qualitative.

Dans le même ordre d'idées, nous avons eu recours à des personnes ressources pour des entretiens et en faire également une analyse qualitative des informations que nous avons reçues sur notre sujet d'étude.

III. 4. 2. L'analyse quantitative des données

Pour faire l'analyse quantitative des données, nous avons eu recours à l'outil de la statistique descriptive. Cette technique nous a permis d'avoir des pourcentages sur la base des données brutes issues de nos enquêtes de terrain.

A ce niveau, il a été question pour nous, à partir des données quantitatives issues de l'exploitation documentaire et de nos questionnaires, de dégager les fréquences absolues et les fréquences relatives. Le but visé ici etant de comparer la valeur relative en pourcentage que représente chaque modalité par rapport à l'effectif total de l'échantillon.

CHAPITRE IV :

PRESENTATIION DES RESULTATS

La présentation des résultats nous permet de faire une étude documentaire ou une analyse de contenu à partir des données issues du Ministère de l'Education de Base et d'autres organisations internationales réputées en matière de recherche en éducation à l'instar de la CONFEMEN et du PASEC. Par la suite, nous allons présenter les résultats issus de nos propres enquêtes pour aboutir à la vérification de nos hypothèses.

IV. 1. RESULTATS DE L'ETUDE DOCUMENTAIRE

Les résultats de l'étude documentaire nous permettent de saisir et de maîtriser la carte scolaire en termes d'effectifs d'enseignants, d'élèves, salles de classe et tables bancs. Les mêmes résultats nous permettent d'avoir les indicateurs pertinents de la qualité du système éducatif à l'enseignement primaire au Cameroun

Tableau 2 : Effectifs globaux des élèves, enseignants, écoles et salles de classe à l'enseignement primaire au Cameroun

Sous système Ordre

Francophone

Anglophone

Ensemble

Public

Privé

Pu + Pr

Elèves

G + F

2 504 433

615 924

2 430 020

690 337

3 120 357

F

1 131 992

299 632

1 099 437

322 187

1 421 624

Enseignants

H + F

45 746

25 849

50 712

22 115

72 827

F

15 140

11 834

20 287

10 465

30 752

Ecoles

9 801

2 704

9 000

3 505

12 505

Salles de classe

49 662

14 838

44 865

19 635

64 500

Source : MINEDUB, année scolaire 2006/2007

Il ressort du tableau 2 que le Cameroun comptait en 2007 ; 3 120 357 élèves avec 2 430 020 élèves dans le secteur public. Toujours dans le secteur public, le nombre total d'enseignants s'élève à 50 712, tandis que 9 000 écoles publiques et 44 865 salles de classe fonctionnent normalement dans ce secteur.

Tableau 3 : Distribution de la population scolaire par région au Cameroun

Région

Population scolarisable

Population scolarisée

Taux brut de scolarisation

%

G+F

F

G+F

F

G

F

G+F

IPS

Adama.

147 438

70 903

148 009

62 974

111,11

88,82

100,39

0,8

Centre

474 689

226 722

546 441

267 251

112,59

117,88

115,12

1,05

Est

153 592

73 733

160 918

74 069

108,75

100,46

104,77

0,92

Extrême-Nord

525 047

254 796

501 356

198 366

112,11

77,85

95,49

0,69

Littoral

385 669

180 999

316 300

155 429

78,6

85,87

82,01

1,09

Nord

285 558

130 502

281 859

109 776

117,02

79,26

98,7

0,68

Nord-Ouest

358 097

178 884

363 930

174 766

105,55

97,7

101,63

0,93

Ouest

387 339

196 696

458 083

22 111

124,3

112,81

118,26

0,9

Sud

107 547

51 120

113 930

54 705

104,96

107,01

105,94

1,02

Sud-Ouest

239 763

113 252

229 531

113 177

91,97

99,93

95,73

1,03

Total

3 064 739

1 477 607

3 120 357

1 232 624

106,94

96,37

101,81

0,9

Source : MINEDUB, 2007

Du tableau 3, on peut observer les disparités dans les régions du Cameroun. Nous avons une forte concentration de la population scolaire dans les régions du Centre (115 %) et de l'Ouest (118 %). Les régions du septentrion (Nord, Extrême-Nord et Adamaoua) ont un taux brut de scolarisation qui est inférieur au taux moyen qui est de l'ordre de 101,81. L'indice de parité basé sur le sexe est également important dans cette région du pays. Il existe une inégalité d'accès entre les garçons et les filles à l'école dans cette partie du pays.

Tableau 4 : Distributions des taux net de scolarisation et des taux bruts d'admission par région

Régions

Taux net de scolarisation %

Taux brut d'admission %

G

F

G+F

IPS

G

F

G+F

IPS

Adamaoua

83,46

68,93

76,47

0,83

116,92

95,88

106,67

0,82

Centre

87,33

92,15

89,63

1,06

105,02

107,87

106,40

1,03

Est

81,74

77,46

79,68

0,95

109,33

105,16

107,30

0,96

Extrême-Nord

91,36

65,11

78,62

0,71

109,05

79,87

94,72

0,73

Littoral

61,64

67,86

64,56

1,10

70,26

74,61

72,32

1,06

Nord

80,53

66,23

73,59

0,82

104,26

80,01

92,36

0,77

Nord-Ouest

79,61

74,64

77,13

0,94

71,84

65,88

68,84

0,92

Ouest

81,34

79,51

80,41

0,98

86,05

77,40

81,65

0,90

Sud

80,17

83,51

81,76

1,04

96,47

96,72

97,55

1,02

Sud-Ouest

75,22

81,87

78,36

1,09

79,16

85,45

82,16

1,08

Total

80,76

75,44

78,18

0,93

93,25

84,09

88,76

0,90

Source : MINEDUB/carte scolaire 2007

D'une façon globale, le taux net de scolarisation est égal à 78% alors que celui d'admission est de 88%. Les disparités restent observables entre les régions et notamment dans le Littoral où le taux net de scolarisation est de 64 % alors que dans le Centre il est à 89%.

Tableau 5 : Distribution du taux d'achèvement par sexe et par région au Cameroun

Régions

Taux d'achèvement %

Garçons

Filles

G+F

IPS

Adamaoua

73,00

46,91

59,88

0,64

Centre

84,34

86,21

85,27

1,02

Est

64,25

50,20

57,36

0,78

Extrême-Nord

58,08

26,70

42,47

0,46

Littoral

76,48

77,44

76,96

1,01

Nord

76,32

34,71

56,05

0,45

Nord-Ouest

114,70

114,10

114,40

0,99

Ouest

85,60

84,29

84,94

0,98

Sud

71,88

68,99

70,48

0,96

Sud-Ouest

97,55

90,27

93,86

0,93

Total

80,83

69,68

75,28

0,86

Source : MINEDUB/Bucrep carte scolaire 2007

Selon le tableau 5, le taux d'achèvement moyen à l'enseignement primaire public est de 75 %. Il est très élevé dans les régions anglophones (Nord-Ouest = 114,4 et Sud-Ouest = 93,86). Alors qu'il reste très faible à l'Est (57 %) dans l'Adamaoua (59 %) dans l'Extrême-Nord (42,47 % et au Nord (56)

Tableau 6 : Répartition des enseignants du primaire public par sexe et par région au Cameroun

Régions

Adama

Centre

Est

Extrême-Nord

Littoral

Nord

Nord-Ouest

Ouest

Sud

Sud-Ouest

Total

H+F

1969

11009

2923

6150

3940

3851

5499

7719

3863

3789

50712

F

566

5976

1097

591

2016

589

2431

3470

1619

1932

20287

%

3,88

21,70

5,76

12,12

7,76

7,59

10,84

15,22

7,61

7,47

100

Source : MINEDUB

Pour 40 % de femmes et 60 % d'hommes comme enseignants, on note une très faible représentation des femmes enseignantes dans les trois régions du Nord et une très grande concentration des enseignants dans la région du Centre (21,70) et de l'Ouest (15,22). Les régions de l'Adamaoua (3,88 %) et de l'Est apparaissent comme les plus sinistrées en besoins d'enseignants.

Tableau 7 : Répartition du nombre d'écoles publiques, salles de classe et places assises par région

Régions

Adam

Centre

Est

Extrême-Nord

Littoral

Nord

Nord-Ouest

Ouest

Sud

Sud-Ouest

Total

Ecoles

512

1601

617

1398

632

722

722

1154

693

737

8788

Salles de classe

1900

8231

2570

5990

3858

3181

3581

7101

2986

3970

43368

Places assises

77676

359230

95536

163820

154293

105488

105488

307300

97659

131437

1597927

Source : MINEDUB

On peut relever à la suite du tableau 7 qu'il existe également des disparités en ce qui concerne les écoles. Très peu d'écoles publiques sont construites dans l'Adamaoua, à l'Est et au Littoral. L'Extrême-Nord qui est la région la plus peuplée du Cameroun n'a pas le plus grand nombre d'écoles primaires publiques.

Tableau 8 : Répartition des ratios élèves/maîtres et élèves/salles de classe par région dans l'enseignement public

Régions

Adama.

Centre

Est

Extrême-Nord

Littoral

Nord

Nord-Ouest

Ouest

Sud

Sud-Ouest

Ratio élèves / maître

67

36

49

74

39

68

45

48

26

44

Ratio élèves / salles

69

49

55

76

39

82

49

52

34

42

Source : MINEDUB

Comme on peut le constater à la lecture du tableau 8, le ratio élèves/maître est très élevé dans les régions du Nord Cameroun. Dans l'Adamaoua, il est de 67, à l'Extrême-Nord il est plus élevé qu'ailleurs soit 74 et au Nord, il est de 68 Il en est de même pour le ratio élèves/salles de classe avec 82 élèves en moyenne par salle dans le Nord, 76 dans l'Extrême-Nord, et 69 dans l'Adamaoua. Dans les régions du centre, du littoral, et du sud, le ratio est en deçà de 40. un enseignant pour 40 élèves étant le ratio normal.

Tableau 9 : Distribution du taux moyen de redoublement par sous/système et par classe à l'enseignement primaire public.

Classes

Sous-système

Sil (1)

C.P (2)

C.E.1 (3)

C.E.2 (4)

C.M.I (5)

C.M.II (6)

Total

Francophone

33,10%

22,26%

27,60%

24,70%

24,70%

24,30%

26,40%

Anglophone

21,60%

18,00%

18,10%

20,20%

27,20%

14,20%

19,40%

source : MINEDUB

A la suite du tableau 9, le taux moyen de redoublement dans le sous-système francophone est de 26,40 % alors qu'il est de 19,40 dans le sous-système anglophone. La section d'initiation au langage (Sil) enregistre le taux de redoublement le plus élevé soit 33,10 % dans le sous-système francophone alors que la classe 5 (C.M.I) enregistre 27 % dans le sous-système anglophone.

En somme, le taux de redoublement reste encore très élevé dans le système éducatif camerounais comparativement aux pays développés. Cette situation remet fortement en cause la qualité et l'efficacité du système éducatif à l'enseignement primaire au Cameroun.

Tableau 10 : Taux de redoublement à l'école dans le monde.

Ensembles

Pourcentages

Monde

5,2 %

Pays en développement

7,4 %

Afrique Subsaharienne

17,9 %

Amérique Latine et Caraïbes

5,9 %

Asie centrale

0,3 %

Asie du Sud et de l'Ouest

6,5 %

Etats arabes

7,1 %

Europe centrale et orientale

1,1 %

Cameroun

25 %

Source : UNESCO

Au regard du taux moyen du redoublement dans le monde, celui du Cameroun s'avère catastrophique à l'enseignement primaire. Il est même très au dessus des pays d'Afrique Subsaharienne. Le système éducatif camerounais apparaît comme fondé sur l'échec.

IV. 2. PRESENTATION DES DONNEES DESCRIPTIVES DE L'ETUDE

Les résultats que nous nous proposons de présenter ici concernent essentiellement les données collectées à partir de nos deux questionnaires consacrés aux enseignants du primaire et aux parents d'élève.

IV-2. 1. Identification des enquêtes

Certains paramètres comme le sexe, l'âge, la région d'origine ou le statut socioprofessionnel vont nous permettre de faire l'identification de no enquêtés.

Tableau 11 : Présentation de la population d'étude selon le sexe

Sexe

Sujets

Masculin

Féminin

Total

Enseignants

70

130

200

Parents

90

110

200

Total

160

240

400

L'échantillon de la population d'étude regroupe des enseignants et des parents d'élèves. Il est composé de 70 enseignants (35 %) et de 130 enseignantes (65 %). Les parents d'élèves quant à eux sont composés de 90 hommes (45 %) et 110 femmes soit 55 %. Il ressort que les femmes sont majoritaires dans l'échantillon global. Cette réalité peut s'expliquer par le fait que les femmes seraient plus dispoS2ES à répondre spontanément à un questionnaire par rapport aux hommes qui préfèrent des rendez-vous.

Tableau 12 : Présentation de la population d'étude suivant les régions d'origine

Région

Sujets

AD

CE

ES

EN

LT

NO

NW

OU

SU

SW

T

Enseignants

10

110

05

10

05

05

01

40

20

01

200

Parents

05

60

05

10

08

10

02

80

18

02

200

La répartition des enquêtés couvre l'ensemble du territoire national. Cependant, les régions du Centre et de l'Ouest présentent le plus grand des effectifs des sujets soit respectivement 42,5 % et 30 % de l'échantillon enseignants et parents. La très faible représentativité des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s'explique par le fait que notre questionnaire n'a pas été traduit en anglais. La plus part des sujets rencontrés issus de ces régions souhaitaient répondre dans la version anglaise.

Tableau 13 : Répartition des enseignants suivant leur statut professionnel.

Enseignants

Effectifs

Fréquence (%)

Fonctionnaires

118

59

Contractuels

53

26,5

Maîtres des parents

29

14,5

Vacataires

00

00

Total

200

100

L'échantillon des enseignants est fait en majorité des fonctionnaires (59 %). Ils sont également les plus anciens au poste. Les contractuels constituent des instituteurs qui ont été récemment pris en charge par l'Etat dans le cadre du contrat dit désendettement développement (D) avec l'aide de la Banque Mondiale. Les maîtres des parents sont faiblement représentés à cause de l'opération de contractualisation en cours. Faut-il rappeler que dans le cadre de cette opération, les maîtres des parents sont prioritaires et ont un quota bien précis. Les vacataires communément appelés IVAC (Instituteur Vacataire) n'existent plus dans le registre des enseignants du primaire. Après être recensés, ils ont été tous contractualisés en 2007 soit 13 000 au total lors de la première vague des contractualisations.

Tableau 14 : Répartition des parents selon leur statut professionnel.

Parents

Effectifs

Fréquence (%)

Ayant un emploi

123

61,15

Sans emploi

77

38,50

Total

200

200

Les parents classés dans le registre « ayant un emploi » sont ceux qui exercent une activité permanente et ayant un revenu stable. Ils se comptent parmi les fonctionnaires, les travailleurs, les commerçants.

« Les Sans emploi » sont des parents qui vivent dans la précarité. Ils exercent soient les petits métiers soit l'agriculture avec des revenus médiocres. Les deux catégories des parents n'appréhendent pas le phénomène de la gratuité de la même façon. Les premiers n'y voient pas la qualité dans l'éducation gratuite. Ils pensent même que la gratuité est une histoire des pauvres. Les seconds, peut-être n'ayant pas de choix, adhèrent facilement à l'idée de la gratuité de l'école.

Tableau 15 : Répartition des parents ayant au moins un enfant a l'école primaire publique

Parents

Effectifs

Fréquence (%)

Ayant au moins 01 enfant

134

67

Sans enfant

66

33

Total

200

100

Parmi les parents qui ont répondu à notre questionnaire, 67 % ont au moins un enfant à l'école primaire publique. 33 % n'ont pas d'enfants à l'école publique, la plupart ayant des enfants à l'école privée.

A la suite des deux précédents tableaux, on peut dire qu'il existe un lien entre les parents qui ont un enfant à l'école primaire publique et leur statut professionnel. Autrement dit, les parents qui n'ont pas un emploi stable sollicitent plus une inscription de leurs enfants à l'école publique par rapport aux parents qui ont une situation professionnelle plus stable. Ces derniers sont plus portés vers l'enseignement privé qui pour eux garantit la qualité des apprentissages.

Tableau 16 : Distribution des scores de nos sujets enseignants aux 30 items du questionnaire.

ITEMS

Tout à fait

pas d'accord

Pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

n

%

n

%

n

%

n

%

1. Avec la gratuité de l'école, tous les enfants sont accueillis à l'école primaire publique

17

8,5

48

24

24

12

111

55,5

2. La gratuité de l'école a diminué les dépenses des parents

29

14,5

75

37,5

27

13,5

69

34,5

3. Depuis la gratuité de l'école, le paquet minimum est distribué régulièrement aux écoles primaires

38

19

63

31,5

36

18

63

31,5

4. Avec la gratuité, les élèves issus des parents pauvres ont la même formation que ceux issus des milieux favorisés

29

14,5

51

25,5

39

19,5

81

40,5

5. En général, avec la gratuité, les enseignants accordent à tous les élèves la même attention à l'école publique

17

8,5

24

12

36

18

123

61,5

6. Les effectifs des élèves dans les salles de classe ont augmenté avec la gratuité de l'école primaire

29

14,5

30

15

42

21

99

49,5

7. Le nombre d'enseignants a augmenté depuis la gratuité de l'école primaire au Cameroun

50

25

72

36

30

15

48

24

8. Plusieurs salles de classe ont été construites depuis la gratuité de l'école au Cameroun

35

17,5

54

27

39

19,5

72

36

9. Avec la gratuité, le système des promotions collectives est encouragé et soutenu par l'Etat

08

4

18

9

51

25,5

123

61,5

10. Les conditions de travail des enseignants se sont améliorées depuis la gratuité de l'école

78

39

87

43,5

32

16

09

4,5

11. La formation des enseignants est axée sur l'approche par compétence depuis la gratuité de l'école

27

13,5

14

7

42

21

117

58,5

12. Le processus de contractualisation des enseignants s'est intensifié depuis la gratuité de l'école primaire

10

5

16

8

42

21

132

66

13. Le mode de gestion et d'affectation des enseignants est devenu rationnel avec la gratuité de l'école

44

22

90

45

33

16,5

33

16,5

14. La gratuité de l'école a favorisé l'accès de toutes les filles à l'école primaire publique

11

5,5

45

22,5

39

19,5

105

52,5

15. Le niveau des acquisitions scolaires des élèves s'est amélioré avec la gratuité de l'école publique

59

29,5

69

34,5

48

24

24

12

16. La gratuité de l'école a rendu facultatives les contributions financières des parents à l'APE

26

13

42

21

51

25,5

81

40,5

17. A la suite de la gratuité, les manuels scolaires sont régulièrement distribués aux élèves

89

44,5

102

51

09

4,5

00

00

18. La remise aux enseignants du matériel didactique est effective et régulière depuis la gratuité de l'école

42

21

77

36,5

39

19,5

42

21

19. Depuis la gratuité de l'école, les enseignants sont devenus plus compétents dans leur travail

54

27

86

43

30

15

30

15

20. Avec la gratuité les enseignants accordent à tous les élèves les mêmes chances de réussite

17

8,5

18

9

42

21

123

61,5

21. Les contributions de l'APE aux besoins de l'école restent nécessaires malgré la gratuité de l'école

08

4

06

3

45

22,5

141

70,5

22. Avec la gratuité, les redoublements des élèves ont diminué dans les écoles primaires publiques

22

11

40

20

51

25,5

87

43,5

23. L'entretien des infrastructures scolaires s'est amélioré avec la gratuité de l'école

38

19

105

52,5

24

12

33

16,5

24. Les primes de rendement des enseignants sont régulièrement payées depuis la gratuité de l'école

56

23

96

48

27

13,5

21

10,5

25. La gratuité de l'école constitue une mesure de lutte contre les inégalités sociales

17

8,5

15

7,5

36

18

132

66

26. L'engagement de l'Etat à rendre l'école primaire gratuite est une réalité palpable au Cameroun

29

14,5

69

34,5

27

13,5

75

37,5

27. La gratuité de l'école primaire est un droit de l'enfant au Cameroun

11

5,5

21

14,5

33

16,5

135

67,5

28. Avec la gratuité, la gestion des ressources humaines et financières s'est améliorée dans les écoles

57

28,5

78

39

26

13

39

19,5

29. Au Cameroun, des dispositifs pédagogiques ont été pris pour accompagner la gratuité de l'école primaire

39

19,5

45

22,5

54

27

62

31

30. Avec la gratuité, l'Etat se soucie davantage de la qualité des enseignements à l'école primaire

15

7,5

45

22,5

60

30

80

40

Tableau 17 : Distribution des scores de nos sujets parents d'élèves aux 30 items du questionnaire.

ITEMS

Tout à fait

pas d'accord

Pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

n

%

n

%

n

%

n

%

1. La suppression des frais exigibles à l'école primaire publique a favorisé l'accès de tous les élèves à l'école

50

25

78

39

39

19,5

33

16,5

2. Avec la suppression des frais exigibles, les charges des parents ont diminué à l'école

62

31

87

43,5

24

12

27

13,5

3. Depuis la gratuité de l'école publique, les dépenses des parents sont réduites

50

25

93

46,5

18

9

39

12,5

4. La suppression des frais exigibles a favorisé l'achat des manuels scolaires aux élèves

56

28

111

55,5

09

4,5

24

12

5. La gratuité de l'école a rendu facultatives les contributions financières à l'A.P.E.

77

38,5

72

36

15

7,5

36

18

6. Les frais de reprographie exigés à l'école ne constituent pas une entrave à la gratuité

68

34

72

36

30

15

30

15

7. Malgré la gratuité, les contributions des parents aux charges de l'école restent une nécessité

08

4

36

18

57

28,5

30

15

8. Depuis la gratuité, les effectifs des élèves dans les salles de classe ont augmenté

29

14,5

66

33

54

27

51

25,5

9. Le nombre d'enseignants a augmenté depuis la gratuité

47

23,5

99

49,5

30

15

24

12

10. La gratuité de l'école a favorisé la construction de plusieurs salles de classe

48

24

123

61,5

27

13,5

02

1

11. Avec la gratuité, le système des promotions collectives est encouragé et soutenu par l'Etat

48

24

51

25,5

48

24

53

26,5

12. Les conditions de travail des enseignants se sont améliorées depuis la gratuité de l'école

75

37,5

114

57

11

5,5

00

00

13. Les résultats aux examens sont meilleurs depuis la gratuité de l'école

72

36

111

55,5

16

8

01

0,5

14. Depuis la gratuité, les enseignants sont plus compétents dans l'encadrement des élèves

72

36

108

54

18

9

02

1

15. Depuis la gratuité, les parents participent plus aux activités de l'école

36

18

87

43,5

63

31,5

14

7

16. L'implication des parents à la gestion de l'école est effective depuis la gratuité de l'école

51

25,5

90

45

45

22,5

14

7

17. La participation financière des parents aux charges de l'école a diminué avec la gratuité

54

27

93

46,5

24

12

29

14,5

18. L'engagement de l'Etat à rendre l'école gratuite est une réalité au Cameroun

54

27

93

46,5

36

18

17

8,5

19. Depuis la gratuité, les élèves qui proviennent des milieux défavorisés obtiennent les mêmes résultats que ceux issus des milieux plus favorisés

81

40,5

93

46,5

24

12

04

2

20. Avec la gratuité, le système des promotions collectives doit être encouragé à l'école primaire

48

24

84

42

42

21

26

13

21. Avec la gratuité, la qualité des enseignements s'est améliorée

57

28,5

120

60

15

7,5

08

4

22. Avec la gratuité tous les élèves doivent réussir à l'école pour garantir l'équité et l'égalité des chances

32

16

60

30

45

22,5

63

31,5

23. La gratuité de l'école constitue une mesure de lutte contre les inégalités sociales

14

7

18

9

69

34,5

99

49,5

24. A travers la gratuité, l'Etat se désengage de plus en plus des charges de l'école

51

25,5

57

28,5

51

25,5

41

40,5

25. A la suite de la gratuité, les manuels scolaires sont régulièrement distribués aux élèves

102

51

97

48,5

01

0,5

00

00

26. Le niveau des acquisitions scolaires des élèves s'est amélioré avec la gratuité de l'école

74

37

111

55,5

15

7,5

00

00

27. La gratuité de l'école primaire est un droit de l'enfant au Cameroun

08

4

33

16,5

66

33

93

46,5

28. Avec la gratuité, la gestion des ressources humaines et financières s'est améliorée dans les écoles primaires au Cameroun

66

33

114

57

12

6

08

4

29. Au Cameroun, des dispositifs pédagogiques ont été pris par l'Etat pour accompagner la gratuité de l'école primaire

36

18

78

39

57

28,5

29

14,5

30. Avec la gratuité, l'Etat se soucie davantage de la qualité des enseignements à l'école primaire

63

31,5

72

36

33

16,5

32

16

IV. 3. PRESENTATION DES RESULTATS EN FONCTION DES QUESTIONS DE RECHERCHE

C'est dans cette section de l'étude que nous allons essayer de trouver des éléments de réponse à nos différentes questions de recherche.

IV.3.1. Question de recherche n° 1

Rappel : La suppression des frais exigibles a-t-elle influencé la qualité des apprentissages ?

Pour répondre à cette question, nous allons nous appuyer sur les items 1, 6, 14 du questionnaire parents et des items 1, 2, 4 et 25 du questionnaire enseignants. Nous allons également nous servir de l'évolution des effectifs des élèves et de la qualité des apprentissages dans l'enseignement public avant et après la suppression des frais exigibles. Notre but à ce niveau étant de savoir si l'évolution des effectifs a entraîné positivement ou négativement les apprentissages.

Tableau 18 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item 1.

Item 1 : Avec la gratuité de l'école, tous les enfants sont accueillis à l'école primaire publique.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

17

8,5

Pas d'accord

48

24

Plutôt d'accord

24

12

Tout à fait d'accord

111

55,5

Total

200

100

Les résultats obtenus à l'issue de l'Item 1 montrent que plus de 65 % des enseignants sont d'accord que tous les enfants sont accueillis à l'école primaire publique depuis la gratuité.

Tableau 19 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item 6

Item 6 : Les effectifs des élèves dans les salles de classe ont augmenté avec la gratuité de l'école primaire.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

29

14,5

Pas d'accord

30

15

Plutôt d'accord

42

21

Tout à fait d'accord

99

49,5

Total

200

100

Tous les enfants étant accueillis à l'école avec la gratuité de celle-ci, plus de 70 % des enseignants confirment que les effectifs dans les salles de classe ont augmenté.

Tableau 20 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item 14

Item 14 : La gratuité a favorisé l'accès de toutes les filles à l'école primaire publique.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

11

5,5

Pas d'accord

45

22,5

Plutôt d'accord

39

19,5

Tout à fait d'accord

105

52,5

Total

200

100

Les résultats de l'item 14 vont dans le même sens que les autres concernant l'accès de tous à l'école. Ainsi, plus de 70 % des enseignants du primaire public manifestent leur accord quant à l'accès de toutes les filles à l'école même si la nuance mérite d'être mentionnée entre les filles qui sont accueillies et celles qui y vont effectivement. Ceci étant, que pensent les parents ?

Tableau 21 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 1.

Item 1 : La suppression des frais exigibles à l'école a favorisé l'accès de tous les élèves à l'école publique.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

50

25

Pas d'accord

78

39

Plutôt d'accord

39

19,5

Tout à fait d'accord

33

16,5

Total

200

100

Contrairement aux enseignants, les parents d'élèves ne manifestent pas leur accord concernant l'accès de tous les élèves à l'école. 64 % des parents pensent que la suppression des frais exigibles n'a pas favorisé l'accès de tous les élèves à l'école.

Tableau 22 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 2.

Item 2 : Avec la suppression des frais exigibles, les charges des parents ont diminué à l'école.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

62

31

Pas d'accord

87

43,5

Plutôt d'accord

24

12

Tout à fait d'accord

27

13,5

Total

200

100

La suppression des frais exigibles était supposée réduire les charges des parents. 75 % de ces parents estiment que cette mesure n'a pas eu d'effet positif sur leur bourse au contraire, d'autres charges se sont ajoutées à l'exemple des frais de reprographie où 70 % des parents pensent que ces derniers constituent un obstacle palpable à la supposée gratuité de l'école.

Tableau 23 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 4

Item 4 : La suppression des frais exigibles a favorisé l'achat des manuels scolaires aux élèves.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

56

28

Pas d'accord

111

55,5

Plutôt d'accord

09

4,5

Tout à fait d'accord

24

12

Total

200

100

Tableau 24 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 25

Item 25 : À la suite de la gratuité, les manuels scolaires sont régulièrement distribués aux élèves.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

102

51

Pas d'accord

97

48,5

Plutôt d'accord

01

0,5

Tout à fait d'accord

00

00

Total

200

100

Au regard des résultats obtenus dans les deux tableaux précédents, il ressort que plus de 80 % des parents pensent que la suppression des frais exigibles n'a pas favorisé l'achat des manuels scolaires à leur niveau. Dans le même sens, la quasi-totalité des parents affirment que l'Etat ne donne pas les manuels scolaires aux élèves pour garantir le principe de la gratuité de l'école tout en préservant la qualité de celle-ci. On peut dire d'après les parents que la suppression des frais exigibles à l'école primaire publique n'améliore pas leurs dépenses en termes d'acquisition des manuels scolaires d'une part, et d'autre part, l'Etat n'assume pas ses engagements du moins en ce qui concerne l'achat des manuels scolaires aux élèves.

Tableau 25 : Evolution des effectifs d'élèves entre 1996 et2006

Année

Effectifs privés

Effectifs publics

1996

1443652

431221

2000

16107000

626383

2004

2222051

684481

2006

2430020

690337

Le tableau des effectifs dans le public nous montre clairement que les effectifs ont considérablement augmenté avec la gratuité soit 17% en valeur absolue.

D'autre part, la qualité des apprentissages ne s'est pas améliorée durant la même période. En effet, d'après les résultats du rapport PASEC (2007) sur le défi de la scolarisation universelle au Cameroun, sur une évolution des scores moyens sur 100 par matière, on constate que le niveau a baissé de manière significative en français et en mathématique entre 1996 et 2005. En français, la baisse va de 59 à 46 alors qu'en mathématiques, le niveau chute de 50 à 46. Cette situation semble-t-il, est due à l'entrée à l'école d'un plus grand nombre de fils de pauvres. En fait, les effectifs ont augmenté et la qualité des apprentissages n'a pas suivi.

En conclusion, la suppression des frais exigibles influence (négativement) la qualité des apprentissages.

IV.3.2. Question de recherche n° 2

Rappel : la remise du paquet minimum a-t-il eu un impact sur la qualité des apprentissages ?

Pour répondre à cette question, nous allons utiliser le questionnaire enseignant en exploitant des items 3, 10, 18, nous allons exploiter uniquement l'item 21 du questionnaire parent.

Tableau 26 : Répartition de l'échantillon des enseignants selon les modalités de l'item 3

Item 3 : Depuis la gratuité de l'école, le paquet minimum est distribué régulièrement aux écoles primaires.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

38

19

Pas d'accord

63

31,5

Plutôt d'accord

36

18

Tout à fait d'accord

63

31,5

Total

200

100

D'après les résultats de l'item 3 destiné aux enseignants, les avis de ces derniers sont partagés. On pourrait dire que 50 % adhèrent à la régularité du paquet minimum alors que les autres 50 % ne manifestent pas leur accord.

Tableau 27 : Répartition de l'échantillon des enseignants selon les modalités de l'item 10

Item 10 : Les conditions de travail des enseignants se sont améliorées depuis la gratuité de l'école.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

72

36

Pas d'accord

87

43,5

Plutôt d'accord

32

16

Tout à fait d'accord

09

4,5

Total

200

100

Près de 80 % d'enseignants rencontrés pensent que leurs conditions de travail ne se sont pas améliorées. Cet item est lié à l'acquisition et à la satisfaction du paquet minimum. Ce dernier n'a donc pas contribué à améliorer les conditions de travail depuis la suppression des frais exigibles.

Tableau 28 : Répartition de l'échantillon enseignant selon les modalités de l'item 18

Item 18 : La remise aux enseignants du matériel didactique est effective et régulière.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

42

21

Pas d'accord

77

38,5

Plutôt d'accord

39

19,5

Tout à fait d'accord

42

21

Total

200

100

A la lecture du tableau 28, près de 60 % des enseignants ne manifestent pas leur accord quant à l'effectivité et à la régularité du matériel didactique à eux remis.

Tableau 29 : Répartition l'échantillon des parents selon les modalités de l'item 21.

Item 21 : Avec la gratuité, la qualité des enseignements s'est améliorée.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

57

28,5

Pas d'accord

120

60

Plutôt d'accord

15

7,5

Tout à fait d'accord

08

4

Total

200

100

Il ressort du tableau 29 que plus de 85 % des parents pensent que la gratuité n'a pas amélioré la qualité des enseignements. Ce constat des parents est logique dans la mesure où le paquet minimum ne donne pas satisfaction aux enseignants en termes de matériel didactique et de manuels scolaires adéquats.

Tableau 30 : Résultats récapitulatifs de l'impact du paquet minimum sur les apprentissages.

Modalités

Items

Tout à fait pas d'accord

Pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

Régularité du paquet minimum %

19

31,5

18

31,5

Possession du matériel didactique %

21

38,5

19,5

21

Conditions de travail améliorées %

21

43

16

4,5

L'impact du paquet minimum est observé à partir de la régularité évidente dans sa distribution, de la possession effective du matériel didactique par les enseignants. Tout ceci doit aboutir à l'amélioration des conditions de travail des enseignants.

Parlant justement de l'amélioration des conditions de travail des enseignants, ces derniers (80%) pensent que le paquet minimum n'a pas amélioré les apprentissages à cause des retards récurrents dans le processus d'acquisition de celui-ci et surtout son contenu qui ne répond pas toujours aux besoins réels de l'école. Les parents, soit 85% pensent également que la gratuité n'a pas amélioré la qualité des apprentissages.

En conclusion, le paquet minimum a un impact négatif sur la qualité des apprentissages à cause des retards observés pour son acquisition et de son contenu en quantité et en qualité reste insuffisant par rapport aux besoins de l'école.

IV.3.3. Question de recherche n°3

Rappel : les contributions financières des parents ont-elles une influence sur la qualité des apprentissages ?

Pour répondre à la question, nous allons exploiter les scores des items 5, 7, et 17 pour le questionnaire des parents et l'item 21 pour le questionnaire enseignants.

Tableau 31 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item 21

Item 21 : Les contributions de l'A.P.E. aux besoins de l'école restent nécessaires malgré la gratuité.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

08

4

Pas d'accord

06

3

Plutôt d'accord

45

22,5

Tout à fait d'accord

141

70,5

Total

200

100

Il ressort du tableau 31 que 7 % seulement des enseignants ne sont pas d'accord avec les contributions des parents dans le cadre de la politique de la gratuité. Par contre, 93 % pensent que les contributions des parents dans le cadre de l'A.P.E. restent nécessaires pour assurer la qualité des apprentissages à l'école primaire. Que pensent les parents eux-mêmes ?

Tableau 32 : Répartition de l'échantillon parents suivant les modalités de l'Item 5

Item 5 : La gratuité de l'école a rendu facultatives les contributions financières à l'A.P.E.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

77

38,5

Pas d'accord

72

36

Plutôt d'accord

15

7,5

Tout à fait d'accord

36

18

Total

200

100

On note que 75 % des parents environ pensent que la gratuité de l'école n'a pas rendu facultative leurs contributions à l'A.P.E. 15 % sont favorables au caractère facultatif des contributions financière d'après le principe de la gratuité scolaire.

Tableau 33 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 7

Item 7 : Malgré la gratuité, les contributions des parents aux charges de l'école restent une nécessité.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

08

4

Pas d'accord

36

18

Plutôt d'accord

57

28,5

Tout à fait d'accord

99

49,5

Total

200

100

A la suite du tableau 32, 78 % des parents estiment que leurs contributions sont nécessaires malgré la gratuité de l'école alors que 22 % seulement des parents ne voient pas la nécessité de ces contributions dans la mesure où l'Etat a pris des engagements à rendre l'école gratuite et accessible à tous. Mais la réalité des faits amène les parents à s'y impliquer.

Tableau 34 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 17

Item 17 : La participation financière des parents aux charges de l'école a diminué avec la gratuité.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

54

27

Pas d'accord

93

46,5

Plutôt d'accord

24

12

Tout à fait d'accord

29

14,5

Total

200

100

La gratuité de l'école visait entre autre, la réduction des dépenses financières des parents aux charges de l'école. Cependant, plus de 73 % de ces parents pensent que la participation financière aux charges de l'école n'a pas diminué avec la gratuité, contre environ 26 % qui estiment qu'il y a eu un impact positif du fait de la gratuité.

Tableau 35 : Résultats récapitulatifs des items 5, 7, 17, (parents) et 21 (enseignants) en %

Modalités

Items

Tout à fait pas d'accord

Pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

P5 le caractère facultatif des contributions à l'APE

38,5

36

7,5

18

P7 les contributions des parents sont une nécessité

4

18

28,5

49

P17 la participation des parents a diminué

27

46,5

12

14,5

E21 les contributions des parents sont une nécessité

4

3

22,5

70,5

Les parents et les enseignants sont unanimes que les contributions financières des parents restent une nécessité et même incontournables au bon fonctionnement des écoles.

La gratuité n'a pas rendu facultatives les contributions des parents. Elle n'a non plus diminué les charges des parents. Autrement dit, la gratuité n'a pas eu d'impact réel en ce qui concerne la diminution des dépenses, au contraire elle engage les parents plus qu'avant à s'impliquer davantage aux affaires de l'école dans l'optique d'une meilleure prise en charge des besoins de l'école.

En conclusion, les contributions financières des parents ont un impact réel sur la qualité des apprentissages. Ceci est d'autant vrai dans la mesure où les APE sont régies par des textes officiels, même si l'illusion du caractère facultatif des frais à verser continue d'être entretenue par les pouvoirs publics. Et pourtant les frais d'APE sont considérés comme des fonds publics si l'on considère que leur détournement ou divertissement fait souvent l'objet des poursuites judiciaires.

IV. 3. 4. Question de recherche n°4

Rappel : La contractualisation des instituteurs a-t-elle une influence significative sur la qualité des apprentissages ?

Pour répondre à cette préoccupation, nous nous référons aux items 7, 12 et 13 du questionnaire enseignant. Nous allons également utiliser les données chiffrées relatives au plan de contractualisation des instituteurs mis en marche par l'Etat pour déboucher sur l'impact de cette opération sur la qualité des apprentissages.

Tableau 36 : Répartition de l'échantillon enseignants suivant les modalités de l'Item 7

Item 7 : Le nombre d'enseignants a augmenté depuis la gratuité de l'école primaire au Cameroun.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

50

25

Pas d'accord

72

36

Plutôt d'accord

30

15

Tout à fait d'accord

48

24

Total

200

100

La majorité des enseignants soit 61 % ne manifestent pas leur accord concernant l'augmentation du nombre d'enseignants. 39 % d'enseignants estiment que le nombre a augmenté.

Tableau 37 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item 12

Item 12 : Le processus de contractualisation s'est intensifié avec la gratuité.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

10

5

Pas d'accord

16

8

Plutôt d'accord

42

21

Tout à fait d'accord

132

66

Total

200

100

Ici, les enseignants sont presque unanimes que le processus de contractualisation s'est intensifié avec la gratuité de l'école (87 %) car, faut-il le rappeler, c'est une vaste opération qui vise à contractualiser au bout de cinq ans plus de 38 000 instituteurs titulaires du CAPIEMP.

Tableau 38 : Répartition de l'échantillon enseignants suivant les modalités de l'Item 13

Item 13 : Le mode de gestion et d'affectation des enseignants est devenu rationnel avec la gratuité de l'école.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

44

22

Pas d'accord

90

45

Plutôt d'accord

33

16,5

Tout à fait d'accord

33

16,5

Total

200

100

Les résultats du tableau 38 indiquent que les enseignants (67 %) ne sont pas d'accord avec le mode de gestion et d'affectation des instituteurs actuellement en cours au Cameroun. On peut se poser des questions à ce sujet : quels sont les critères qui président l'affectation des instituteurs ? Qui enseigne en zone rurale et qui enseigne en zone urbaine ? Les opinions à ce niveau sont contradictoires.

Tableau 39 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item 11

Item 11 : La formation des enseignants est axée sur l'approche par compétence depuis la gratuité.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

27

13,5

Pas d'accord

14

7

Plutôt d'accord

42

21

Tout à fait d'accord

117

58,5

Total

200

100

Les résultats du tableau 39 montrent que 80 % des enseignants avouent avoir reçu une formation axée sur l'approche par compétence contre 20 % environ. La réalité des faits nous amène à se demander si les enseignants sont animés par un certain orgueil vis-à-vis d'un concept dont certain disposent encore des connaissances approximatives, du moins si on se réfère au programme de formation en vigueur dans les écoles de formation des instituteurs.

Tableau 40 : Répartition de l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item 29

Item 29 : Au Cameroun, des dispositifs pédagogiques ont été pris pour accompagner la gratuité de l'école primaire.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

39

19,5

Pas d'accord

45

22,5

Plutôt d'accord

54

27

Tout à fait d'accord

62

31

Total

200

100

A ce niveau, les enseignants adhèrent à l'idée selon laquelle des dispositifs pédagogiques ont été pris pour accompagner la gratuité. Leur accord se fonde sur des journées pédagogiques ou autres activités allant dans le même sens. On peut également noter une sorte de mécanisme de défense qui ne voudrait pas qu'on soit soupçonné d'enseignant n'ayant pas des compétences ou des qualifications requises et nécessaires même si au fond, ce n'est pas toujours le cas.

Tableau 41 : Répartition de l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 9

Item 9 : Le nombre d'enseignants a augmenté depuis la gratuité.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

47

23,5

Pas d'accord

99

49,5

Plutôt d'accord

30

15

Tout à fait d'accord

24

12

Total

200

100

A la suite du tableau 40, 73 % des parents ne sont pas d'accord que le nombre d'enseignants ait augmenté. 27 % sont en faveur de cette augmentation. Cette situation peut s'expliquer par le fait que plusieurs écoles sont encore sans enseignants. Malgré l'effort de l'Etat dans le cadre de la contractualisation, il s'avère que la gestion de ces enseignants n'est pas équitable entre les zones rurales et urbaines.

Tableau 42 : Répartition de l'échantillon parent suivants les modalités de l'Item 26

Item 26 : Le niveau des acquisitions scolaires des élèves s'est amélioré avec la gratuité de l'école.

Modalités

Effectifs

Fréquence (%)

Tout à fait pas d'accord

74

37

Pas d'accord

111

55,5

Plutôt d'accord

15

7,5

Tout à fait d'accord

00

00

Total

200

100

Concernant les acquisitions scolaires qui ne sont pas seulement en terme des résultats, mais aussi en termes de l'appropriation des savoirs ou en termes de compétences, les parents soit 92,5 % pensent que la gratuité n'a pas amélioré les acquisitions scolaires des élèves. On peut observer qu'aucun parent n'a choisi la modalité tout à fait d'accord.

A la suite de la présentation de ces données, il apparaît clairement que les enseignants et les parents ne partagent toujours pas le même point de vue en ce qui concerne la perception de la gratuité. Les enseignants semblent plus en faveur des effets de la gratuité alors que les parents n'y voient toujours pas dans ces effets la manifestation de la gratuité.

Tableau N° 43 : Résumé des items 12 et13.

Modalités

Items

Tout à fait pas d'accord

Pas d'accord

Plutôt d'accord

Tout à fait d'accord

Le processus de contractualisation s'est intensifié avec la gratuité

5

8

21

66

Le mode de gestion et d'affectation des enseignants est devenu rationnel

22

45

16,5

16,5

A la lecture du tableau 43, 87% des enseignants affirment que le processus de contractualisation s'est intensifié avec la gratuité. Cependant, 80% des mêmes enseignants expriment un désaccord concernant le mode de gestion et d'affectation des enseignants. C'est sans doute cette mauvaise gestion des affectations qui fait que 73% des parents manifestent leur désaccord quant à l'augmentation du nombre d'enseignants depuis la gratuité.

Au-delà des opinions, quels sont les faits ?

Tableau 44 : Evolution des effectifs d'enseignants tous grades confondus.

Années

Enseignants

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Fonctionnaires

11612

14033

13754

13475

13196

12916

Contractuels Cat. 8

1078

14578

19878

25378

31178

38278

I. A.

3882

3544

3432

3319

3206

3094

Maîtres des parents

12000

9000

7000

5000

3000

 

I.V.A.C

10300

 
 
 
 
 

Total

38872

41715

44464

47476

 
 

Sources : MINEDUB

Le tableau 44 révèle qu'en 2006, plus de la moitié des enseignants dans le primaire avaient un statut précaire. Les maîtres des parents ont un effectif très élevé soit 30% de l'effectif total.

Tableau 45 : plan de contractualisation des titulaires du CAPIEMP.

Années

Enseignants

2007

2008

2009

2010

2011

I.V.A.C

10300

 
 
 
 

Maîtres des parents

3000

2000

2000

2000

3000

Titulaires du CAPIEMP

 

3500

3500

3800

4100

Total contractualisés

13300

5500

5500*

5800*

7100

Sources : MINEDUB, CDMT

* Au lieu de 5500, l'Etat a contractualisé 5525 en 2009 ; en 2010, 6490 titulaires du CAPIEMP ont effectivement été contractualisés au lieu de 5800 qui étaient prévus. Cette opération devrait conduire au bout de cinq ans à partir de 2007, à un recrutement global 38000 enseignants.

Cette opération devrait conduire à terme, à un effectif total 55500enseignants permanents émargeant au budget de l'Etat

En conclusion, la contractualisation des instituteurs a une influence significative sur la qualité des apprentissages, dans ce sens qu'elle permet d'augmenter le taux d'encadrement des élèves et de couverture des programmes.

Cependant, il faut noter qu'il existe toujours des dysfonctionnements liés à la gestion et à l'affectation des instituteurs contractualisés. Certaines écoles manquent toujours d'enseignants en quantité et en qualité. Par ailleurs, des insuffisances sur la formation pédagogique restent observées notamment en ce qui concerne l'appropriation de l'approche par compétence. Cette situation justifierait le fort taux de redoublement encore en vigueur dans le système éducatif camerounais.

En somme, toutes nos questions de recherche obtiennent des résultats qui nécessitent l'amélioration positive des indicateurs de la gratuité en vue de leur impact positif sur la qualité des apprentissages.

IV.4. PRESENTATION DES DONNEES ISSUES DE L'ENTREVUE

Nos données qualitatives ont été obtenues à partir des informations recueillies au cours du protocole d'entretien que nous avions confectionné pour la circonstance. Ce guide d'entretien s'adressait aux responsables des services centraux et extérieurs du Ministère de l'Education de Base.

Parmi les responsables des services centraux, nous avions rencontré l'Inspecteur de pédagogie de l'enseignement maternel primaire et normal, le chef de division des affaires juridiques, le chef de division des projets, de la planification et de la coopération, le chef de cellule de suivi de l'opération des contractualisation, le chef de cellule de l'orientation scolaire, un Inspecteur national de pédagogie.

Parmi les responsables des services déconcentrés, nous avions rencontré les inspecteurs d'arrondissement et les Directeurs d'école.

Le guide d'entretien comprenait cinq (05) questions ouvertes. La possibilité était donnée à l'intéressé de répondre par écrit ou alors en entretien directif.

1ère question : En quoi consiste la gratuité de l'école primaire au Cameroun ?

Des avis recueillis, il ressort que la gratuité au niveau du gouvernement s'inscrit dans le cadre de l'éducation pour tous et suivant les objectifs à l'éducation primaire. Cette gratuité est matérialisée au Cameroun par l'accès libre de tous sans condition et sans distinction de genre à l'école.

2ème question : Quels sont les éléments qui rendent effective la gratuité de l'école au Cameroun ?

A ce niveau, les avis sont partagés selon qu'on travaille dans les services centraux ou dans les services extérieurs.

Les responsables des services centraux évoquent les différentes mesures officielles qui ont été prises depuis l'annonce du Chef de l'Etat de la suppression des frais exigibles à l'école primaire publique. Il s'agit donc de la suppression de ces frais exigibles, l'introduction du paquet minimum dans les écoles et les crédits de fonctionnement. Par ailleurs, ces Responsables évoquent également le recrutement des enseignants dans le cadre de la contractualisation de ceux-ci, la construction et l'équipement des salles de classe, l'achat des manuels scolaires dans certaines écoles avec l'aide de l'UNICEF.

Pour les Responsables des services extérieurs, les mesures prises pour accompagner la gratuité restent inopérantes du moins insignifiantes. La suppression des frais exigibles a apporté d'autres problèmes où l'on ne saurait véritablement parler de l'école gratuite car l'apport des parents reste très utile au fonctionnement de ces établissements, pensent-ils.

3ème question : Quels sont les obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire au Cameroun ?

Parlant des obstacles, les responsables des services centraux pointent un doigt accusateur aux Directeurs d'école qui ne respectent pas les instructions présidentielles et ministérielles notamment en ce qui concerne la suppression des frais exigibles. Certains Directeurs continuent d'exiger sous d'autres formes des frais aux parents d'élève. Les mêmes Responsables reconnaissent également que les moyens financiers dont disposent l'Etat sont limités pour pouvoir acheter les manuels scolaires nécessaires à tous les élèves. Ils déplorent également l'arrivée tardive du paquet minimum dans les écoles.

Les Responsables des services extérieurs quant à eux, trouvent très insignifiant et inadéquat le paquet minimum. Les Directeurs d'école déclarent qu'avec les retards qu'accuse le paquet minimum et la caisse d'avance, ils sont obligés de solliciter les parents à travers les A.P.E pour faire fonctionner les écoles. Certains parents aussi ont tendance à se désengager totalement de toute responsabilité vis-à-vis de l'école. Devant cet état de chose, la gratuité devient un leurre. Parce que les parents contribuent désormais plus qu'avant la suppression des frais exigibles. A cela, s'ajoutent les effectifs pléthoriques surtout en zone urbaine où la demande en éducation est très forte.

4ème question : La gratuité en question prend-t-elle en compte l'aspect qualité des apprentissages ?

Parlant de la qualité des apprentissages, les différents responsables interrogés s'accordent à énumérer les différentes actions qui sont initiées par l'Etat pour améliorer la qualité des apprentissages. Il s'agit entre autre, des journées pédagogiques qui sont fréquemment organisées, du recrutement ou la contractualisation massif des instituteurs formés dans les ENIEG, de la construction et de l'équipement des infrastructures scolaires, des distributions des fournitures et des manuels scolaires dans les Zones d'Education Prioritaire (ZEP), des bourses scolaires offertes aux meilleurs élèves, l'affectation des enseignants vers les zones reculées où les besoins sont réels, la promotion collective remplace les redoublement massifs.

5ème question : Les suggestions pour la mise en oeuvre effective de la gratuité au Cameroun.

Concernant les suggestions, les Responsables des services centraux pensent que l'Etat fait beaucoup et va continuer à faire plus pour la mise en oeuvre effective de la gratuité seulement, chacun doit prendre ses responsabilités. Ils invitent les Directeurs d'école à respecter les instructions présidentielles en matière d'accès libre et gratuit des enfants en âge scolaire à l'école. L'Etat continuera à respecter ses engagements conformément aux dispositions constitutionnelles à savoir s'occuper de la formation des camerounais en rendant l'école accessible à tous, en fournissant des manuels scolaires et des matériels didactiques aux élèves et aux enseignants. Tout cela se fera en fonction, bien sûr, des disponibilités budgétaires.

Pour les Directeurs d'école, la gratuité de l'école ne doit pas être un vain mot. Elle suppose que les parents ne supportent aucune charge sur le plan financier. Pour y arriver, le contenu du paquet minimum doit être revu pour cesser d'être minimum et répondre aux besoins de l'école. Ils souhaitent que les caisses d'avance soient directement gérées par les Chefs d'établissement pour éviter la longue chaîne qui entrave le processus d'acquisition de celles-ci. Ils pensent également que la formation des enseignants du primaire aux NTIC doit être obligatoire et gratuite pour tous. Enfin, la rémunération des enseignants doit être revue à la hausse pour éviter la clochardisation et les actes de corruption qui gangrènent le système éducatif camerounais.

En somme, notre guide d'entretien nous a permis de constater que les avis sont plus au moins partagés entre les Responsables des services centraux et les services extérieurs en ce qui concerne la mise en oeuvre de la gratuité de l'école primaire au Cameroun.

CHAPITRE V :

INTERPRETATION DES RESULTATS

Ce chapitre est consacré à l'interprétation c'est-à-dire à l'explication et à la compréhension des résultats issus de nos différentes enquêtes qui se déclinent sur l'analyse de contenu, de l'observation des faits, des entretiens et des questionnaires standardisés dont nous nous sommes servis durant notre travail. Cette partie de notre étude nous amène également à formuler quelques recommandations dans le sens d'apporter notre modeste contribution à la science.

V.1. DE LA SUPRESSION DES FRAIS EXIGIBLES A LA QUALITE DES APPRENTISSAGES

Pour cerner la notion de qualité de l'éducation, il convient d'appréhender celle-ci à partir des éléments que nous avions sélectionnés à cet effet. Ainsi, nous avions arrêté un certain nombre d'indicateurs qui militent en faveur de la qualité de l'enseignement. Il s'agit de :

- L'accès de tous les élèves à l'école sans distinction de sexe. L'accent est mis ici sur l'accès des filles ;

- L'équipement des élèves en manuels scolaires ;

- La formation des enseignants et leur équipement en matériels didactiques ;

- Le taux de réussite.

V. 1. 1. L'accès de tous a l'école

L'un des objectifs poursuivis par la politique de la gratuité est d'élargir l'accès de tous à l'éducation en corrigeant les disparités entre les filles et les garçons. D'après nos investigations, cet objectif souffre encore de quelques problèmes pour qu'il soit réalisé. Car faut-il le rappeler, il est prévu un taux d'accès de 100 % en 2010 au Cameroun à l'école primaire. A quelques jours de cette échéance, on peut dire que tous les enfants ne bénéficient pas d'un accès gratuit et équitable à l'école primaire.

Dans le cadre réglementaire, l'accès est libre et gratuit à tous les élèves en âge scolaire. Dans les faits, cela n'est pas toujours vérifié. D'après nos observations lors de la rentrée scolaire 2009/2010, nous avons constaté pour le déplorer que malgré les instructions de la hiérarchie, les Directeurs d'école continuent d'exiger les sommes d'argent aux parents qui sollicitent une première inscription de leur progéniture dans une école publique. Cette pratique se fait sous des formes plus ou moins voilées dans les grandes métropoles où la demande en éducation est très forte.

En outre, les disparités existent encore entre les régions en ce qui concerne l'accès des filles à l'école. Les pesanteurs liées à la culture et aux moyens économiques obligent certains parents à privilégier la scolarisation des garçons au détriment des filles. Cette situation est observée par l'indice de parité basé sur le sexe (IPS). Il est très faible dans les régions du Nord Cameroun par rapport aux autres régions du pays soit 0,77 en deçà de la moyenne national qui se situe à 0,90.

V. 1. 2. L'équipement des élèves en manuels scolaires

Les statistiques obtenues à l'issue de nos enquêtes montrent que très peu d'élèves détiennent les manuels scolaires à l'enseignement primaire public au Cameroun. Cette situation est fortement préjudiciable à la qualité des apprentissages qui s'opèrent dans ce secteur.

Une étude réalisée par le PASEC entre 2003 et 2005 au Cameroun montre à suffisance cette baisse importante et significative de la qualité des apprentissages. En effet, leurs études ont porté sur l'évolution des acquisitions entre 1996 et 2005 en français et en mathématiques considérés comme matière fondamentales à la réussite scolaire

Les résultats indiquent qu'il y a eu baisse de niveau dans ces matières. En 1996, le niveau en français se situe à 56. En mathématiques, il est à 59. en 2005, le niveau en français est tombé à 46 alors qu'en mathématiques il chute à 56.

Les conclusions de l'étude explique le phénomène par le fait qu'il y a eu augmentation des effectifs à cause de l'accès à un plus grand nombre de fils de pauvres à l'école. Cette situation a contribué à dégrader la qualité de l'éducation où en moyenne, un élève sur cinq détient un livre de français et de mathématiques. Les travaux du PASEC montrent que de façon générale, les livres de français et de mathématiques ont un effet positif sur la progression des apprentissages.

Dans notre contexte, le problème des manuels scolaires se pose en termes de leur disponibilité, leur utilisation effective en classe et leur contenu.

On peut toutefois noter que l'UNICEF offre des manuels scolaires à certaines écoles primaires publiques. Cependant, on peut regretter que ces manuels ne soient toujours pas utilisés à cause des contrôles interminables qui les condamnent dans les cantines et armoires des écoles.

V.1.3. La formation des enseignants et leur équipement en matériels didactiques

Un autre indicateur de qualité des apprentissages se trouve dans la formation même des enseignants. Au Cameroun, l'Etat a opté pour le recrutement à la fonction publique des enseignants titulaires du Diplôme des Ecoles Normales d'Instituteurs de l'Enseignement Général. Cette mesure salutaire peut être à priori considérée comme une garantie de la qualité des apprentissages à l'enseignement primaire public. Le constat fait dans ce secteur de l'éducation est que, les enseignants ne sont toujours pas suffisamment outillés, surtout en ce qui concerne l'équipement en matériel didactique et la formation aux méthodes pédagogiques adaptées telles que l'approche par compétence (APC), ou l'approche curriculaire pratiquée dans les systèmes éducatifs modernes. Très peu d'enseignants surtout en zone rurale manque de guides pédagogiques nécessaires aux activités pédagogiques.

En somme, la formation des enseignants doit tenir compte de certains paramètres parmi lesquels la formation initiale et selon les règles éthiques et déontologiques de l'éducation, (TSAFAK : 1998) qui se déclinent en gros à la conscience professionnelle sous-tendue elle-même par la motivation des enseignants.

Malgré la formation dont bénéficient les instituteurs, le problème de la formation continue se pose avec acuité. La rémunération reste également un élément motivant surtout avec le statut particulier des corps de l'éducation nationale (2000) qui attend toujours les textes d'application en termes de valorisation des primes près de dix ans après la publication dudit statut.

V.1.4. Le taux de réussite scolaire

Le taux de réussite apparaît comme la conséquence immédiate de la qualité de l'éducation. Autrement dit, la qualité d'un système éducatif se mesure à partir du taux de réussite aux examens. Le taux de réussite lui-même est également fonction d'un certain nombre de paramètres. En rappel, le taux net de scolarisation (TNS) est de 78,18 %, le taux brut d'admission est de 88,76, le taux d'achèvement est de 75,28 % et le taux de redoublement est de 25%.

Comme on peut le constater, le taux de redoublement est encore très élevé au Cameroun malgré les mesures prises par le gouvernement de minimiser l'échec scolaire. Ainsi, le redoublement fait l'objet de nombreuses réformes au Cameroun. Les données de la recherche ne plaident pas en faveur de la pratique du redoublement au niveau de la qualité des apprentissages qui a ses effets sur la rétention des élèves.

Il apparaît que l'argent dépensé dans le redoublement pourrait être investi ailleurs, notamment dans d'autres politiques éducatives visant toujours à améliorer la qualité et à scolariser le plus grand nombre d'enfants.

Au Cameroun, le redoublement est encore considéré comme un moyen efficace pour la qualité de l'éducation. Il n'est pas étonnant d'entendre certains enseignants dire que la faiblesse de notre système éducatif tient des mesures telle la promotion collective en vigueur depuis 2007 qui, pour plusieurs, suppose le passage au niveau supérieur sans condition.

Dans le même sens, le redoublement apparaît pour les enseignants et les parents comme un phénomène positif sur le plan pédagogique dans ce sens qu'il permet au système éducatif d'être plus sélectif et élitiste pour réglementer l'accès au niveau supérieur.

Une étude du PASEC (2008) révèle qua : « La perception du redoublement comme mesure efficace où très efficace est largement répandue et partager par 70 % des enseignants au Cameroun ». Il ne s'agit donc pas de faire réussir tous les élèves pour le simple plaisir, mais de mettre en place un ensemble de pratiques pédagogiques qui sous-tendent la réussite pour tous. L'ordre des choses a été inversé au Cameroun. La décision sur les promotions collectives (voir annexe) a été prise avant la formation des enseignants aux méthodes pédagogiques adéquates à cette pratique.

Il est donc question de mettre un accent au temps qui renferme la couverture des programmes. Il nous semble que le temps d'enseignement/apprentissage est à l'origine des différences entre les élèves. Autrement dit, une école ou une classe dont les enseignants et les élèves sont assidus sera probablement plus performante qu'une autre où l'absentéisme des deux acteurs est fréquent.

Au Cameroun, le temps des apprentissages à l'école souffre des absences des enseignants qui peuvent être justifiées par les jours ou des semaines de fête, des journées ou semaines pédagogiques, l'éloignement du lieu de service par rapport à la région d'origine de l'enseignant, les périodes des récoltes qui ne permettent pas des rentrées effectives, les déplacements pour les salaires et parfois les mouvements de grève à répétition. A tout ceci, il faut ajouter que la forte féminisation du corps enseignant dans les grandes villes porte un lourd préjudice dans la couverture des programmes ne serait-ce qu'à cause des congés de maternité des maîtresses qui sont récurrents en milieu scolaire.

V.2. LES ELEMENTS DE LA GRATUITE ET LEUR IMPACT SUR LA SCOLARISATION A L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

Il n'est point de doute que la suppression des frais exigibles à l'école primaire publique a entraîné une augmentation importante des effectifs scolaires, tout en diversifiant le public accédant à l'école. Cette réalité des faits nous fait constater que les élèves issus de familles pauvres sont plus nombreux à accéder à l'école publique à cause de l'idée qu'ils se font (les parents) de la gratuité prônée par les pouvoirs publics.

Cette gratuité dans sa version officielle suppose un accès libre et surtout sans condition financière. Pour y arriver, l'Etat a mis un point d'honneur sur le paquet minimum, la contribution des parents, la formation et le recrutement des enseignants.

V.2.1. Le paquet minimum

Essentiellement constitué de fournitures scolaires, du matériel didactique et de médicaments de première nécessité, le paquet minimum est financé chaque année à près de deux milliards de francs CFA (CDMT, 2009). Il convient de souligner pour le déplorer que ce matériel didactique ne soit toujours pas disponible dans les écoles primaires publiques à temps. La principale explication étant le mode d'acquisition du paquet et la complexité des procédures réputées lourdes dans la passation des marchés publics (voir annexe circulaire relative à l'acheminement du paquet minimum).

En dehors des retards observés dans le processus d'acheminement du paquet minimum, il faut préciser que, au regard du contenu de celui-ci, on pourrait dire que le paquet minimum est très minimum pour subvenir aux besoins des écoles.

Le défi à relever ici consiste à revoir dans toute sa globalité, l'opération paquet minimum dans le sens de l'amélioration qualitative et quantitative de son contenu. Des manquements sont relevés chaque année quant à ce qui concerne « le processus ainsi que l'allongement injustifié des délais de livraison qui perturbent le fonctionnement des écoles et ruinent les efforts du gouvernement en matière de gratuité de l'éducation de base » (CMDT, 2009/2013)

En complément au paquet minimum, les crédits budgétaires devraient permettre aux écoles de faire face aux autres postes de dépenses, qui jadis, étaient supportés par les contributions des frais exigibles.

Il serait donc souhaitable qu'on responsabilise les Directeurs d'école en leur affectant directement ces crédits qui se volatilisent souvent dans le circuit de dépenses du fait des intermédiaires multiples. Il convient de mentionner que l'Etat, dans sa politique de la gratuité supporte les dépenses de chaque élève du primaire à hauteur de 3 050 francs CFA par année scolaire.

V. 2. 2. L'apport des parents dans la gratuite de l'école

Des acteurs rencontrés, tous sont unanimes que l'apport des parents à la gratuité et à la qualité de l'école est nécessaire et même incontournable. On ne saurait imaginer une réforme véritable du système éducatif sans compter avec l'appui des parents d'élèves. S'il est vrai que la gratuité de l'école visait entre autre la réduction substantielle des charges financières des parents, force est de constater aujourd'hui plus qu'avant, que les parents ont un rôle déterminant à jouer dans l'accomplissement des missions de l'école.

Parlant de la contribution financière des parents, celle-ci disons le, est presque obligatoire à l'école primaire publique. La gratuité prônée n'a pas eu d'effet d'allègement des charges des parents. Au contraire, cette gratuité crée des charges supplémentaires aux parents. Il s'agit notamment de la construction des salles de classe et leur équipement en tables bancs, de la prise en charge des maîtres dits des parents, de l'achat des manuels et fournitures scolaires aux enfants. Toutes ces charges étant supposées être supportées par l'Etat dans le cadre de la charte de la gratuité. Malheureusement, la gratuité de l'enseignement primaire signifie pour beaucoup, même les acteurs les plus insoupçonnables, la suppression des frais exigibles à l'école somme toute dérisoire au moment de leur introduction

Par ailleurs, le rôle des parents à l'école jusqu'ici a consisté aux différentes contributions financières lorsque la nécessité se pose. Et pourtant, ils devraient participer aussi à l'élaboration et au suivi des projets d'école. Cette implication des parents devrait améliorer la qualité des apprentissages tant il est aussi vrai que les élèves qui reçoivent un meilleur encadrement familial produisent des meilleurs résultats scolaires.

V.2.3. La contractualisation des enseignants

Pour renforcer l'encadrement pédagogique et améliorer la qualité de l'éducation, l'Etat camerounais a entrepris une vaste opération de contractualisation des instituteurs à l'éducation de base sur une période de cinq ans. Cette opération devrait conduire à terme à un effectif global de 38000 dans les rangs des 13475 enseignants permanents (fonctionnaires) dans ce secteur en 2006. Au bout de l'opération de contractualisation, le Cameroun disposera de plus de 50 000 enseignants titulaires du CAPIEMP et recrutés dans la fonction publique camerounaise.

Malgré ce chiffre important qui devrait en principe permettre un ratio enseignant/élèves à 40 selon les exigences de l'UNESCO, des disparités importantes existent encore quant à la gestion et au mode d'affectation des enseignants à l'enseignement primaire.

On constate toujours que les zones urbaines enregistrent une très forte concentration d'effectifs d'enseignants au détriment des zones rurales. L'opération de contractualisation avait mis un accent sur le recrutement par poste de travail pour corriger le problème. A cause d'un manque d'enseignants formés en qualité suffisante dans certaines régions, les enseignants nouvellement contractualisés se retrouvent parfois à des milieux ou des endroits où ils ne supportent pas les conditions de vie ou manifestent simplement le désir de rentrer travailler en ville du moins dans leur région d'origine. A Yaoundé par exemple, une seule classe peut avoir 2 à 3 enseignants alors que dans les régions reculées un seul enseignant s'occupe de toute l'école. Il va recourir au recrutement de moniteurs qui parfois n'ont pas le niveau du CEP

Les régions du Nord et de l'Est sont particulièrement victimes de cette situation où, à cause de l'éloignement par rapport au Centre, ou l'enclavement, les enseignants usent de tous les moyens pour solliciter à nouveau une affectation dans le cadre soit du regroupement familial, soit pour raison de santé. Bref, les enseignants quand ils ne veulent pas rester à un poste qui ne leur plaît pas, usent de tous les moyens pour partir ailleurs. Quand ils ne réussissent pas, on assiste aux absences injustifiées voire l'abandon de poste.

Selon une étude du PASEC (2006), le nombre moyen de jours d'absences par mois au Cameroun est de deux. Les raisons évoquées sont le manque de motivation et de découragement des enseignants. Certains enseignants sont prêts à choisir un nouveau métier si l'occasion leur était donnée.

Au regard de ce qui précède, nous voulons contribuer à notre manière à l'amélioration qualitative du système éducatif camerounais en formulant quelques recommandations et suggestions.

V. 3. RECOMMANDATIONS

Nous arrivons à l'étape charnière de notre étude. Nos recommandations vont prioritairement aux pouvoirs publics, aux enseignants et responsables d'écoles et en fin aux parents d'élèves.

V.3.1. Aux pouvoirs publics

Chaque système éducatif est le fruit de ce que les pouvoirs publics auront décidé d'en faire. Ainsi au Cameroun, l'éducation étant du domaine de la loi, seul l'Etat doit prendre des mesures appropriées pour faire de celle-ci ce qu'il veut. L'Etat ayant donc décidé de rendre l'enseignement primaire gratuit, il doit prendre également des dispositions pour que celle-ci soit effective. Parmi les mesures que nous suggérons aux pouvoirs publics nous avons :

La révision dans toute sa globalité, l'opération paquet minimum dans le sens de l'amélioration qualitative et quantitative de son contenu. Compte tenu des retards et des détournements issus de la chaîne de distribution du paquet minimum, il serait souhaitable de responsabiliser les Directeurs d'Ecole en leur affectant directement ces crédits qui se volatilisent souvent dans les circuits de dépenses du fait des intermédiaires multiples.

Dans le même sens, les crédits de fonctionnement appelés ici caisse d'avance doivent également être directement affectés aux directeurs d'école.

La formation des enseignants à l'approche par compétence et curriculaire devrait aboutir à la suppression des redoublements en cours des sous cycles conformément à l'arrêté du 21 février 2006 (voir annexe)

La mise à la disposition des élèves et des enseignants des manuels scolaires et matériels didactiques devrait permettre d'améliorer les apprentissages.

L'Etat devrait encourager la formation continue des enseignants et des directeurs d'école à la gestion pédagogique car, un enseignant qui cesse d'apprendre doit cesser d'enseigner.

Pour encourager la scolarisation des filles, l'Etat devrait recruter une forte proportion de femmes à la fonction enseignante pour développer des politiques incitatives en la matière. Cette stratégie peut très bien fonctionnée dans les régions du Nord.

La valorisation de la condition et de l'application du statut des enseignants dans son entièreté doit être un impératif.

L'Etat devrait instaurer une prime d'éloignement et de risque pour des enseignants affectés dans les zones assez reculées et suffisamment enclavées. En même temps, il faudrait décongestionner le trop plein d'enseignants en zone urbaine pour les campagnes suivant un plan de promotion bien défini.

L'Etat doit mettre en valeur les dispositions de l'article 31 de l'arrêté du 19 septembre 2001 (voir annexe) qui stipule que

« L'évaluation des performances de l'école se fait par rapport aux dispositifs fixés en ce qui concerne notamment les taux de scolarisation, les taux de promotion, les résultats aux examens, les taux de fréquentation scolaire, les taux de réalisation des investissements prévus ».

Cette nouvelle évaluation axée sur l'obligation des résultats peut favoriser les performances du système.

V. 3. 2. Aux responsables d'écoles et les enseignants

S'il est vrai que la plupart des difficultés que rencontre la mise en oeuvre effective de la gratuité de l'école incombe à l'Etat, il faut cependant souligner que certains responsables d'école et les enseignants ne permettent pas toujours une bonne visibilité et une lisibilité des efforts du gouvernement en matière de gratuité de l'école primaire par le non respect des instructions de la hiérarchie des uns, et le laxisme avéré des autres. Ainsi, souhaitons nous que :

- Les directeurs d'école respectent rigoureusement et scrupuleusement les principes de la gratuité notamment en ce qui concerne la condition financière en matière d'accès à l'école. Les Directeurs d'école doivent cesser d'exiger le payement des frais sous toute se formes aux parents d'élèves au moment des inscriptions de ces derniers.

- Les Directeurs d'écoles arrêtent de détourner ou d'alourdir les frais d'examen et de concours ou d'autres charges visant à escroquer les parents.

- Les enseignants de l'école primaire cessent d'adopter des comportements aventuriers qui voudraient qu'on viennent dans la profession enseignante dans le seul but de rechercher un matricule à la fonction publique et une fois le matricule obtenu, ils se lancent dans d'autres activités délaissant ainsi les enfants que la Nation leur confie.

- Les enseignants acceptent de se former aux nouvelles technologies de l'information et de la communication ainsi qu'aux nouvelles méthodes pédagogiques qui contribuent à l'amélioration de la qualité des enseignements. Car certains enseignants par orgueil, affirment maîtriser ces méthodes alors que la réalité des faits est différente.

- Les enseignants respectent et appliquent l'arrêté ministériel fixant les modalités de promotion des élèves du cycle de l'enseignement primaire.

- Les enseignants encadrent tous les élèves avec la même attention et la même considération. Dans le même sens, les activités de remédiations ne doivent pas être une occasion pour les enseignants de ruiner les parents.

- Les enseignants acceptent et soient fiers de leur métier qui est plus qu'une profession sinon, une vocation.

V. 3. 3. Aux parents d'élèves

Les parents devraient d'abord comprendre qu'à l'état actuel des choses, la gratuité est un piège pour les pauvres.

La conception populaire de la notion de gratuité assimile celle-ci à quelque chose qui n'est pas important. Lorsqu'une chose devient gratuite, elle perd de sa substance et surtout de sa qualité. Ainsi, doit-on se méfier des choses gratuites.

En effet, l'éducation a un prix. Ce prix est à payer par les parents. Si l'Etat fait les efforts pour construire des écoles et former les enseignants, il serait naïf de croire que la gratuité de l'école même énoncée dans la charte (voir annexe) puisse être une réalité. La gratuité reste une exigence morale dans notre contexte.

Aussi, recommandons nous aux parents de s'impliquer davantage à la gestion de l'école dans l'optique d'offrir une éducation de qualité à leurs progénitures. Cette implication des parents doit aboutir à la décentralisation dans le cadre de la gestion participative.

V. 3. 4. Pour une décentralisation de l'éducation

Le Cameroun gagnerait à adopter des nouvelles stratégies visant à modifier les anciennes pratiques de gestion de l'éducation. C'est dans ce sens que ce processus de décentralisation administrative et de décentralisation des fonctions de gestion vers les niveaux régionaux, départementaux et locaux est d'actualité au Cameroun.

La décentralisation permet d'assurer une plus grande efficiente dans l'utilisation des ressources et une meilleure adaptation aux problèmes spécifiques, ce qui contribue par conséquent à améliorer significativement la qualité de l'éducation.

Cette forme de gestion peut avoir pour effet :

- Une meilleure gestion des manuels et fournitures scolaires.

- Un appui considérable des parents d'élèves aux Responsables des écoles et aux Enseignants.

- Une mobilisation des ressources supplémentaires en faveur de l'école.

Cette nouvelle vision peut favoriser l'autonomie de gestion des écoles.

Il est indispensable que cette tendance qui accorde aux écoles une plus grande autonomie de décision concernant les programmes, les budgets, l'allocation des ressources et du personnel ainsi que l'admission des élèves en termes de résultats scolaires, est essentielle et nécessite la participation de tous les acteurs.

Les écoles pourront bénéficier ainsi d'une plus grande autonomie et d'une flexibilité accrue pour adapter les rythmes scolaires et les pratiques pédagogiques aux conditions locales et, par la même, répondre mieux aux attentes des communautés locales en matière des besoins éducatifs.

CONCLUSION GENERALE

Au moment où le Cameroun adopte un nouveau document de stratégie de l'accroissance et de l'emploi en remplacement du document de stratégie de réduction de la pauvreté, il était important pour nous de faire le bilan de la réforme éducative sous la bannière du slogan de la gratuité de l'école primaire public au Cameroun.

En effet, la gratuité de l'enseignement primaire public a été « décrétée » au Cameroun au moment où le pays était en pleine négociation avec les Bailleurs de fonds dans le cadre de la stratégie de réduction ou de l'annulation de la dette extérieure.

Les bailleurs de fonds avaient alors recommandé sous forme de conditionnalité que l'argent issu de l'annulation de la dette soit investi prioritairement dans les secteurs susceptibles de booster le développement. C'est ainsi que l'éducation avait été choisie comme secteur prioritaire et notamment l'éducation de base ou primaire qui devait désormais bénéficier de la masse d'argent issu de l'initiative pays pauvres très endettés.

Lorsque que la gratuité est annoncée par le Chef de l'Etat, elle apparaît comme une nouveauté pour plusieurs. Et pourtant, elle est bien inscrite dans la loi. L'introduction des frais exigibles à l'enseignement primaire est donc considérée comme une violation flagrante de la loi relative à la gratuité de l'enseignement primaire.

En bref, devant l'imbroglio juridique observé, il était question dans cette recherche de voir comment la « nouvelle gratuité »s'est opérée près de dix ans après sa mise en application effective. Nous voulions savoir si la gratuité dans sa mise en oeuvre a amélioré ou diminué la qualité de l'éducation à partir de l'opinion des enseignants et des parents d'une part, et des études documentaires d'autre part.

Pour y parvenir, nous avons formulé une question générale de recherche qui a été éclatée en quatre questions spécifiques de recherche ou de terrain plus concrètes et plus opérationnelles. C'est ainsi que nous avions mis en relation d'une part, les éléments de la gratuité qui sont la suppression des frais exigibles, le paquet minimum, les contributions des parents et le recrutement des enseignants, et d'autre part, la qualité des apprentissages.

Notre population d'étude était constituée d'enseignants et des parents d'élèves, les Responsables des services centraux et extérieurs du Ministère de l'Education de base. Un questionnaire standardisé sur le modèle de l'échelle de Likert a été soumis aux premiers, alors que pour les seconds, on a eu recours à un guide d'entretien. Une exploitation minutieuse des données documentaires dans la perspective de l'analyse qualitative nous a permis d'avoir des éléments de réponse à nos questions de recherche.

A la fin de toutes ces opérations, il ressort que la suppression des frais exigibles a entraîné une augmentation considérable des effectifs d'élèves à l'enseignement primaire public. Cette situation a sérieusement compromis la qualité des apprentissages à cause surtout de l'accès d'un plus grand nombre de fils de parents pauvres à l'école.

Le paquet minimum supposé remplacé les frais exigibles après leur suppression, ne satisfait pas toujours au besoins de l'école. Le paquet minimum constitue plutôt un vaste réseau de détournement d'importants fonds alloués à cette opération au regard de la longue chaîne existante dans la procédure d'acquisition de ce paquet. Ce faisant, l'insuffisance du paquet minimum en quantité et en qualité et des retards observés pour son acquisition compromettent considérablement la qualité des apprentissages à l'enseignement public.

Aux insuffisances du paquet minimum, l'administration scolaire est obligée de recourir aux contributions des parents dans le cadre des APE qui restent malgré tout une nécessité pour améliorer la qualité de l'éducation. Même si on peut regretter que les frais d'APE sont parfois deux fois plus supérieurs aux frais exigibles supprimés. Nous avions donc relevé que les contributions des parents améliorent la qualité des apprentissages et remettent fortement en question la gratuité proclamée de l'école.

Enfin, un autre indicateur de la gratuité que nous avons retenu est le recrutement des enseignants dans le cadre de la contractualisation des instituteurs. Ici, la contractualisation des instituteurs a une influence positive sur la qualité des apprentissages dans ce sens qu'elle améliore l'encadrement pédagogique des élèves. Cependant, l'impact positif de cette opération n'est pas encore perceptible à cause du mode de gestion et d'affectation de ces instituteurs. Il faut dire que ce mode n'obéit pas aux exigences et normes de la gouvernance éducative.

A la suite de ce constat, nous avons formulé quelques suggestions et recommandations dans l'optique d'améliorer substantiellement l'offre d'éducation. On ne saurait parler de la gratuité sans prendre en compte la dimension de la qualité. Aussi pensons-nous que la disposition constitutionnelle sur l'obligation scolaire ne peut être applicable que si et seulement si l'école primaire est réellement gratuite pour favoriser l'égalité des chances et assurer le droit à l'éducation de tous.

Nos recommandations sont allées à l'endroit des pouvoirs publics, des Responsables d'écoles et des enseignants et enfin, des parents d'élèves. Nous avons abouti à la nécessité et l'urgence d'une décentralisation des ressources éducatives pour permettre une gestion efficiente et efficace impliquant la participation réelle de tous les acteurs de la communauté éducative.

La décentralisation apparaît donc en dernière analyse comme une exigence de modernité et d'efficacité du système éducatif camerounais.

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Rey.B, et al. (2006). Les compétences à l'école ; Apprentissage et

évaluation. Bruxelles : De Boeck. 159p.

Rocare. (2002). Perspectives transnationales sur l'éducation de

base en Afrique centrale et de l'Ouest : accès,

qualité et participation communautaire.

Rouveyran, R. (1989). Mémoires et thèses : l'art et les méthodes

Paris : maissonneuve, 197 p.

Siakeu, G. (2006). Les enfants en déperdition scolaires au Cameroun.

www.http.//site ://E : déperdition. Consulté le 15 avril

2009.

SPM. (2003).Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté.

Avril 2003.

Tedesco, J.C. (1993). Tendances actuelles des réformes éducatives.

Paris : UNESCO.

Tsafak, G. (2000). Comprendre les sciences de l'éducation. Paris :

Harmattan

Tsafak, G. (1998). Ethnique et déontologie de l'éducation, Yaoundé :

PUA. 190p.

Textes législatifs et réglementaires sur l'éducation

1. Conventions internationales

Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948.

Convention des Nations Unies du 20 nov. 1989 relative aux droits de l'enfant.

Convention de l'UNESCO du 14 sept. 1960 concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l'enseignement.

La Déclaration de Jomtien sur l'EPT.

Les Recommandations du forum mondial sur l'EPT de Dakar.

La Charte internationale de la gratuité.

2. Lois nationales

La loi n°2008/001 du 14 avril modifiant et complétant certaines dispositions de la loi 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du Cameroun.

La loi n°98/004 14 avril portant orientation de l'éducation au Cameroun.

Loi n°63/cor/5 du 3 juillet 1963 portant organisation de l'enseignement élémentaire.

Décret n°200/359 du 5 décembre 2000 portant statut particulier des fonctionnaires du corps de l'Education Nationale.

Décret n°2005/138 du 25 avril 2005 portant organisation di Ministère de l'éducation de base.

Arrêté n°315/B1 /1464/MINEDUB du 21 fév. 2006 fixant les modalités de promotion collective des élèves du cycle de l'enseignement primaire.

Arrêté n°367/B1/1464/MINEDUC 064/cf./MINEFI du 19sep. 2001 portant application de certaines dispositions du décret n°2001/041 du 19 fév. 2001 relatives à l'organisation et au fonctionnement des établissements maternel et primaire.

Arrêté n°20/B1/1464/MINEFI /MINEDUC/CAB du 13 mai 1996 précisant certaines dispositions du décret n°96/C16/PM du 13 fév. 1996 les modalités d'application de l'article 11 de la loi n°95/010 du 1er juillet1995 portant loi de finances de la République du Cameroun pour l'exercice 1995/1996.

Circulaire n°11/B1464/MINEDUC du 24 juillet 2000 portant organisation des modalités pratiques d'approvisionnement des écoles primaires publiques en matériels didactiques et pédagogiques.

Note circulaire n°23/B1/1464/MINEDUC/SG/DRFP/SDBF/SB portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles primaires publiques pur l'exercice 2001-2002.

Rapport sur les états généraux de l'éducation, 1995.

Rapport sur les états généraux de la culture, 1992.

TABLE DES MATIERES

DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii

ABREVIATIONS ET SIGLES vi

LISTE DES TABLEAUX viii

RESUME x

ABSTRACT xii

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE 4

I.1. CONTEXTE DE L'ETUDE 6

I. 2. POSITION DU PROBLEME 15

I. 3. OBJECTIFS DE L'ETUDE 17

I. 4. QUESTIONS DE RECHERCHE 18

I.4.1. Question principale de recherche 18

I.4.2. Questions spécifiques de recherche 19

I. 5. JUSTIFICATION DE L'ETUDE 19

I. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE 20

CHAPITRE II : INSERTION THEORIQUE DU SUJET 4

II. 1. DEFINITION DES CONCEPTS 23

II. 1. 1. Gratuité 23

II. 1. 2. Enseignement primaire 26

II. 1. 3. Qualité des apprentissages 27

II. 1. 4. Perception 29

II. 1. 5. Enseignant 30

II. 1. 6. Parent d'élève 31

II. 2. LA RECENSION DES ECRITS 32

II. 2. 1. Les travaux sur la gratuite de la scolarisation 32

II.2.1.1. La thèse de Platon 32

II.2.1.2. Les lois de Jules Ferry 34

II.2.2. Les recherches actuelles sur la qualité de l'enseignement 35

II.2.3. Les travaux connexes sur l'éducation 36

II.2.4. La gratuite de l'enseignement primaire en R.D.C 42

II. 3. LES THEORIES EXPLICATIVES DU SUJET 44

II. 3. 1. La théorie humaniste de la l'éducation 44

II. 3. 2. Théorie de la reproduction 46

II. 3. 3. Approche par compétence 48

II. 3. 4. Modèle de maîtrise 49

CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE 4

III. 1. TYPE DE RECHERCHE 53

III. 2. POPULATION ET ECHANTILLON DE L'ETUDE 54

III.3. INSTRUMENTS DE MESURE ET COLLECTE DES DONNEES 55

III. 4. MODELE D'ANALYSE DES DONNEES 58

III. 4. 1. L'analyse qualitative des données 58

III. 4. 2. L'analyse quantitative des données 59

CHAPITRE IV : PRESENTATIION DES RESULTATS 4

IV. 1. RESULTATS DE L'ETUDE DOCUMENTAIRE 61

IV. 2. PRESENTATION DES DONNEES DESCRIPTIVES DE L'ETUDE 66

IV.2. 1. Identification des enquêtes 67

IV. 3. PRESENTATION DES RESULTATS EN FONCTION DES QUESTIONS DE RECHERCHE 74

IV.3.1. Question de recherche n° 1 74

IV.3.2. Question de recherche n° 2 79

IV.3.4. Question de recherche n°4 85

IV.4. PRESENTATION DES DONNEES ISSUES DE L'ENTREVUE 92

CHAPITRE V : INTERPRETATION DES RESULTATS 4

V.1. DE LA SUPRESSION DES FRAIS EXIGIBLES A LA QUALITE DES APPRENTISSAGES 97

V.1.1. L'accès de tous a l'école 97

V.1.2. L'équipement des élèves en manuels scolaires 98

V.1.3. La formation des enseignants et leur équipement en matériels didactiques 99

V.1.4. Le taux de réussite scolaire 100

V.2. LES ELEMENTS DE LA GRATUITE ET LEUR IMPACT SUR LA SCOLARISATION A L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE 102

V.2.1. Le paquet minimum 102

V.2.2. L'apport des parents dans la gratuite de l'école 103

V.2.3. La contractualisation des enseignants 104

V. 3. RECOMMANDATIONS 106

V.3.1. Aux pouvoirs publics 106

V. 3. 2. Aux responsables d'écoles et les enseignants 108

V. 3. 3. Aux parents d'élèves 109

V. 3. 4. Pour une décentralisation de l'éducation 109

CONCLUSION GENERALE 111

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 115

TABLE DES MATIERES 121

ANNEXE 4

ANNEXE






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera