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Analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et stratégies paysannes d'adaptation dans la commune rurale de Dogonkiria (département de Dogondoutchi)au Niger.

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par Sanoussi YAGI
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Diplôme d'études approfondies en géographie 2012
  

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République du Niger
MEMS/RS

UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Département de Géographie

MéMOIRE DE DEA

Milieux et sociétés des espaces arides et semi-arides :
Aménagement-Développement

Option II : Aménagement et Gestion des espaces ruraux
Analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et stratégies paysannes
d'adaptation dans la commune rurale de Dogonkiria (dept Dogondoutchi)

Présenté et soutenu par :

VAGI Sanoussi

Sous la direction de : Membres du jury :

Pr AMADOU Boureima,FLSH/Géo Président : Pr YAMBA Boubacar, FLSH/UAM

Pr ADAM Toudou,FA/UAM Assesseur : Pr BARAGE Moussa, FA/ UAM

1

Année académique : 2011-2012

2

TABLE DES MATIERES

Table des photographies 5

Table des figures 5

Table des tableaux 6

SIGLES ET ABREVIATIONS 7

DEDICACE 8

REMERCIEMENTS 9

Résumé 10

Abstract 11

INTRODUCTION 12

Première partie : Cadre théorique et la zone d'étude 13

Chapitre I : Cadre théorique 14

1.1 : Problématique 14

1.2: Justification du choix du sujet 16

1.3 : Objectifs de recherche 16

1.3.1 : Objectif général 16

1.3.2 : Objectifs spécifiques 17

1.4 : Hypothèses de recherche 17

1.5 : Revue de la littérature 17

1.6 : Définition des concepts et termes de l'étude 20

Chapitre II : La zone d'étude et Méthodologie 24

2.1 : Présentation de la zone d'étude 24

2.1.1 : Milieu physique 24

2.1.1.1 Situation géographique 24

2.1.1.2 : Paramètres climatiques 24

2.1.1.2.1: Les précipitations 24

2.1.1.2.2: Les températures 25

2.1.1.2.3: Les vents 25

2.1.1.3: Géomorphologie 25

2.1.1.4: Les sols 26

2.1.1.5: La végétation 26

2.1.1.6 : L'hydrographie 27

2.1.2 : Les aspects humains 27

2.1.2.1 : Les aspects sociodémographiques 27

2.1.2.1.1 : Les caractéristiques démographiques 27

2.1.2.1.2 : Les aspects sociaux 28

2.1.2.2 : Les activités économiques 28

2.1.2.2.1 : L'agriculture 28

2.1.2.2.2 : L'élevage 28

2.1.2.2.3 : Les activités extra-agricoles 29

2.2 : Méthodologie 31

2.2.1 : Recherche bibliographique 31

2.2.2: Outils de collecte de données 31

2.2.2.1 : Questionnaire 31

2.2.2.2 : Entretiens 31

2.2.2.3: Documents cartographiques 31

2.2.3: Choix des indicateurs 32

2.2.3.1 : Fréquence 32

3

2.2.3.2 : Note de sévérité 32

2.2.4: Méthodes d'analyse 32

2.2.4.1 : Logiciels 32

2.2.4.2 : Zonation 32

2.2.4.3 : Choix des villages échantillons 33

2.2.4.4: Choix des enquêtés 33

2.2.4.5: Dépouillement 33

2.3 : Difficultés rencontrées 33

Deuxième partie : Résultats et discussion 35

Chapitre III : Etude de l'insécurité alimentaire : analyse rétrospective des

facteurs et conséquences 36

3.1 : Les facteurs de l'insécurité alimentaire 36

3.1.1 : Les facteurs environnementaux 36

3.1.1.1 : L'irrégularité des précipitations 36

3.1.1.2 : Les ennemis de culture 37

3.1.1.3 : L'appauvrissement et l'amenuisement de la réserve foncière. 37

3.1.2 : Les facteurs socioéconomiques 37

3.1.2.1 : Le système de production 37

3.1.2.1.1 : Les matériels et techniques agricoles. 37

3.1.2.1.2 : Les espèces et variétés cultivées 37

3.1.2.1.3 : L'association et rotation de culture 38

3.1.2.2 : Le poids des inactifs 39

3.1.2.3 : Les dépenses des ménages 40

3.2 : Les conséquences socioéconomiques de l'insécurité alimentaire 40

3.2.1 : Le morcellement des exploitations 40

3.2.2 : La disparition des anciens réseaux de solidarité 40

3.2.3 : L'accroissement des dynamiques inégalitaires 40

3.2.4 : L'érosion des biens et l'ébranlement des ménages 41

3.3 : Analyse rétrospective des problèmes alimentaires de 1990 à 2010 41

3.3.1 : Mémoires paysannes des problèmes alimentaires 41

3.3.2 : Indice fréquentiel de risque (IFR) 41

Chapitre IV : Analyse des indicateurs et les stratégies paysannes d'adaptation

à l'insécurité alimentaire 43

4.1 : Analyse des indicateurs paysans de l'insécurité alimentaire 43

4.1.1 : Rôle des indicateurs 43

4.1.2 : Les indicateurs d'alerte 43

4.1.2.1 : Les bio indicateurs végétaux 44

4.1.2.1.1 : Sclerocarya birrea (Danya) 44

4.1.2.1.2 : Combretum nigricans (Tsiriri) 44

4.1.2.1.3 : Combretum glutinosum (Taramnia) 45

4.1.2.2 : Les bio indicateurs animaux 46

4.1.2.2.1 : Ciconia abdimii (Chamoua=la cigogne d'abdim) 46

4.1.2.2.2 : Acarien rouge (Akouchin Allah) 46

4.1.2.2.3 : Oiseau « bardo » 46

4.1.2.3 : Les bio indicateurs humains 46

4.1.2.3.1 : La nuptialité annuelle 46

4.1.2.3.2 : La fécondité annuelle 47

4.1.2.3.3 : La cherté de la main d'oeuvre agricole 47

4.1.3 : Les indicateurs de stratégies de survies 47

4.1.3.1 : Les stratégies de consommation alimentaires 47

4

4.1.3.1.1 : Obligation de manger certains aliments 47

4.1.3.1.2 : Diminution de la ration alimentaire 48

4.1.3.1.3 : Limitation de la consommation des adultes au profit des petits 48

4.1.3.1.4 : Faire manger les membres actifs du ménage aux dépens des inactifs 48

4.1.3.1.5 : Achat de la nourriture à crédit 48

4.1.3.2 : Les stratégies économiques 50

4.1.3.2.1 : La vente des biens de production 50

4.1.3.2.2 : La fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales 50

4.1.3.3 : Les stratégies non alimentaires 51

4.1.3.3.1 : Se passer des services sanitaires 51

4.1.3.3.2 : Passer la nuit ou la journée sans manger 51

4.1.3.3.3 : Exode inhabituel 51

4.1.3 : L'Indice de Stratégies de Survie (ISS) 52

4.1.4 : Stratégies de survies et risques sur la vie et/ou les moyens de subsistance 54

4.1.4.1: Stratégies de survie mettant la vie à risque 54

4.1.4.2: Stratégies de survie mettant les moyens de subsistance à risque 54

4.1.5: Les niveaux de gravité des différentes stratégies de survie 54

4.1.5.1 : Les stratégies de survie de niveau 1 54

4.1.5.2 : Les stratégies de survie de niveau 2 55

4.1.5.3 : Les stratégies de survie de niveau 3 57

4.1.5.4 : Les stratégies de survie de niveau 4 58

4.2 : Analyse des stratégies paysannes d'adaptation à l'insécurité alimentaire 59

4.2.1 : Les stratégies de prévention 59

4.2.1.1 : La migration agraire 59

4.2.1.2 : Le semis à sec 59

4.2.1.3 : L'adaptation variétale 60

4.2.1.4 : Les prières collectives 60

4.2.1.5 : Les banques céréalières et boutiques d'intrants agricoles 60

4.2.1.6 : La vente du pain de Ziziphus mauritiana 60

4.2.2 : Les stratégies de gestion 61

4.2.2.1 : La pratique des AGR (transformation agro-alimentaire, ) 61

4.2.2.2 : La vente de la paille ou du fourrage sec 61

4.2.2.3 : La vente des résidus agricoles 62

4.2.2.4 : La modification des modes de consommation alimentaire 62

Conclusion 63

BIBLIOGRAPHIE 64

ANNEXES 67

5

TABLE DES PHOTOGRAPHIES

Photo 1: Sorghum bicolor (Sorgho) Photo 2: Pennisetum thyphoides (Mil) 38

Photo 3: Vigna unguiculata (Niébé) Photo 4 : Arachis hypogea (Arachide) 38

Photo 5: Sclerocarya birrea 44

Photo 6 : Combretum nigricans 45

Photo 7 : Combretum glutinosum 45

Photo 8 : AKKOURI ou pain de pulpe de Ziziphus mauritiana 60

TABLE DES FIGURES

Figure 1 : Localisation de la zone d'étude 30

Figure 2 : Carte de la zonation de la zone d'étude 34

Figure 3 : Evolution de la pluviométrie à la station de Dogonkiria 36

Figure 4 : Taux de couverture alimentaire annuel et niveaux d'insécurité alimentaire

correspondants 39

Figure 5 : Rôle des indicateurs 43

Figure 6 : Stratégies de consommation alimentaire 49

Figure 7 : Stratégies économiques identifiées 50

Figure 8 : Stratégies non alimentaires 52

Figure 9 : ISS et niveaux de vulnérabilité correspondants 53

Figure 10 : Proportion des ménages utilisant les stratégies de survies dites de niveau1 55

Figure 11 : Proportion des ménages utilisant les stratégies dites de niveau 2 56

Figure 12 : Proportion des ménages utilisant les stratégies dites de niveau 3 57

Figure 13 : Proportion des ménages utilisant les stratégies dites de niveau 4 58

6

TABLE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Variations des précipitations annuelles à Kiria de 1998 à 2007 24

Tableau 2 : Typologie des sols selon les paysans 26

Tableau 3 : Evolution de la population de 1977 à 2007 27

Tableau 4 : Répartition de la population des villages échantillons 28

Tableau 5: Composition du cheptel en 2007 29

Tableau 6 : Espèces et principales variétés cultivées 37

Tableau 7: Rapport actifs agricoles-personnes à charge 39

Tableau 8 : Taux de couverture alimentaire annuel 40

Tableau 9 : Chronologie des problèmes alimentaires dans la zone 41

Tableau 10 : Utilisation des espèces végétales en période d'insécurité alimentaire 48

Tableau 11: Stratégies de consommation alimentaire 49

Tableau 12 : Stratégies économiques 51

Tableau 13: Stratégies non alimentaires 52

Tableau 14 : ISS par zone 54

Tableau 15 : Stratégies de survie de niveau 1 55

Tableau 16: Stratégies de survie de niveau 2 56

Tableau 17: Stratégies de survie de niveau 3 57

Tableau 18: Stratégies de survie de niveau 4 58

Tableau 19 : Stratégies de prévention identifiées 61

Tableau 20 : Stratégies de gestion identifiées. 62

7

SIGLES ET ABREVIATIONS

ANDB: Association Nigérienne pour le Développement à la Base

AP3A : Projet d'Alerte Précoce et des Prévisions des Productions Agricoles

CILSS: Comité Inter Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel

CNPGCA : Comité National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires

CPM : Cabinet du Premier Ministre

DDE: Direction Départementale de l'Environnement

DMN: Direction de la Météorologie Nationale

DNPGCA: Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires

EFSA: Emergency Food Security Assessment

ETP: Evapotranspiration Potentiel

FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FEWS-NET: Famine Early Warning Systems Net Work

FIVIMS: Food Insecurity and Vulnerability Information and Mapping Systems

HASA: Haute Autorité à la Sécurité Alimentaire

IFR : Indice Fréquentiel de Risque

INS: Institut National de la Statistique

ISS: Indice de Stratégie de Survie

MESASU: Manuel d'Evaluation de la Sécurité Alimentaire en Situation d'Urgence

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

NEPAD : Nouveau Partenariat Economique pour le Développement de l'Afrique

ONG: Organisation Non Gouvernementale

PAM : Programme Alimentaire Mondial

PDC : Plan du Développement Communal

RGP/H: Recensement Général de la Population et de l'Habitat

RN : Route Nationale

RNDH: Rapport National du Développement Humain

SAP : Système d'Alerte Précoce

SDR: Stratégies du Développement Rural

SICIAV: Système d'Information et Cartographie sur l'Insécurité Alimentaire et la

Vulnérabilité

SMA : Sommet Mondial de l'Alimentation

SP: Secrétariat Permanent

SRP: Stratégies de Réduction de la Pauvreté

VAM: Vulnerability Assessment Method

DEDICACE

8

Je dédie ce travail à toutes les victimes de l'insécurité alimentaire.

REMERCIEMENTS

9

Nous remercions :

Pr. AMADOU Boureima (FLSH), notre directeur de mémoire, qui, en dépit de ses nombreuses occupations nous a honoré en acceptant de diriger cette recherche. Son expérience et la rigueur de son encadrement nous ont été d'une grande utilité. Qu'il trouve ici notre entière reconnaissance.

Pr. ADAM Toudou (Faculté d'Agronomie), notre co-directeur pour les multiples sacrifices consentis afin de nous permettre de produire un bon document. Ses précieux conseils et ses encouragements nous ont permis de surmonter les obstacles.

Pr. YAMBA Boubacar (FLSH), pour avoir accepté de présider le jury de cette soutenance.

Pr. BARAGE Moussa, à la Faculté d'Agronomie pour avoir accepté de jouer le rôle d'examinateur de ce document.

Mr ISSIFOU Gari, Secrétariat Général Rectorat/UAM pour les multiples contributions.

Mr ILLYA Amadou, Direction de la Recherche Scientifique du MEMS/RS pour son appui multiforme.

Mon grand frère KARIMOUNE Mahaman (doctorant au département de Géographie) pour sa contribution multiforme.

Mes amis SABO Moussa, NAHANTCHI Nayoussa, HIYA MAIDAWA Moustapha, KAMAYE Ibrahim, YARI Abdo, etc. pour leur soutien multiforme.

Ma fiancée OUMAROU Rachida, pour ses nombreuses contributions.

Tous mes collègues étudiants de la 6è promotion de DEA pour leurs diverses contributions.

Tous ceux qui de près ou de loin, directement ou indirectement, m'ont apporté leur soutien multiforme.

10

Résumé

L'insécurité alimentaire peut être définie comme l'incapacité d'une personne, d'un ménage ou d'une communauté à se procurer ou accéder en quantité et/ou en qualité à une nourriture saine pour mener une vie active normale. Le présent document met en évidence les indicateurs paysans de l'insécurité alimentaire et les stratégies paysannes de prévention et de gestion de ce phénomène à travers les trois (3) villages de la commune rurale de Dogonkiria. Cette étude a été conçue selon un questionnaire et un guide d'entretien. Elle a permis d'identifier les principaux indicateurs paysans d'alerte d'une bonne ou mauvaise campagne agricole. Elle a également permis de confirmer que les paysans ont également leur système d'alerte précoce et qui mérite d'être valorisé. Les résultats auxquels nous sommes parvenus montrent également que cette zone est dans une situation d'insécurité alimentaire chronique. En effet, les 3/5 des ménages enquêtés ont un taux de couverture alimentaire de 2 à 3 mois contre 9% de 12 mois et plus. Les niveaux d'insécurité alimentaire correspondant à ce taux de couverture alimentaire montrent que 60% de la population enquêtée étaient confrontées à une insécurité alimentaire sévère, 16% pour une insécurité alimentaire modérée contre 9% seulement qui assurent leur sécurité alimentaire.

Les paysans ont développé trois types de stratégies de survie face à l'insécurité alimentaire : les stratégies de consommation alimentaire, les stratégies économiques et les stratégies non alimentaires.

L'analyse des stratégies de survies qui sont des stratégies de gestion de l'insécurité alimentaire a permis la production de l'Indice de stratégie de survie (ISS) qui constitue un outil important pour l'analyse de la vulnérabilité. Ainsi, 9% des ménages ont un ISS compris entre 0-1 correspondant aux ménages non vulnérables ; 29% pour un ISS compris entre 2-3 correspondant aux ménages à risque de vulnérabilité ; 33% pour un ISS compris entre 4-5 correspondant à la vulnérabilité moyenne et 29% pour un ISS entre 6 et+ correspondant à la vulnérabilité extrême.

Mots clés : Insécurité alimentaire, indicateurs, stratégies d'adaptation, Dogonkiria, Dosso.

11

Abstract

The food insecurity can be defined as the inability of a person, a household or a community to obtain or to reach in quantity and/or in quality a healthy food to lead a normal active life. The present document puts in evidence the peasant indicators of the food insecurity and strategies peasants of prevention and management of this phenomenon through the three (3) villages of the farming township of Dogonkiria. This survey has been conceived according to a questionnaire and a maintenance guide. It permitted to identify the peasant indicatory principals of alert of a good or bad agricultural country. It also permitted to confirm that peasants also have their precocious alert system and that deserves to be valorized. Results to which we arrived show also that this zone is in a situation of chronic food insecurity. Indeed, the 3/5 of households investigated have a rate of food cover of 2 at 3 months against 9% of 12 months and more. Levels of food insecurity correspond to this food cover rate show that 60% of the populations investigated were confronted to stern food insecurity, 16% for a food insecurity only curbed against 9% that assure their food security.

Peasants developed three types of survival strategies facing the food insecurity: strategies of food consumption, the economic strategies and the social strategies.

The analysis of survival strategies that is strategies of management of the food insecurity allowed the production of the indication of survival strategy (ISS) that constitutes an important tool for the analysis of the vulnerability. Thus, 9% of households have an ISS understood between 0-1 corresponding to the non vulnerable households; 29% for an ISS understood between 2-3 corresponding to households to risk of vulnerability; 33% for an ISS understood between 4-5 corresponding to the middle vulnerability and 29% for an ISS between 6 and+ corresponding to the extreme vulnerability.

Key words: Insecurity food, indicatory, strategies of adaptation, Dogonkiria, Dosso.

12

INTRODUCTION

L'insécurité alimentaire est une donnée constante au Niger. En effet, 80% de la population nigérienne essentiellement rurale vivent de leurs productions agricoles. Chaque année, environ 10 à 30% de la population est déficitaire en céréales (CCA, 2002 cité par Abdou Illa, 2011). Cette situation est imputable au déséquilibre profond résultant de l'inadaptation entre les disponibilités alimentaires et les besoins. C'est pourquoi, pour prendre en compte les risques engendrés par la problématique de l'insécurité alimentaire, les pouvoirs publics ont mis en place des programmes et stratégies qui prennent en charge intégralement ou partiellement ce phénomène. Ainsi, depuis 1998 un Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (DNPGCA) a été mis place et des documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP) en 2002 et de Stratégie de Développement Rural (SDR) en 2003 ont été adoptés. Ils ont en outre adopté en 2008 le document du Plan National de Contingence (Volet sécurité alimentaire) et en 2011 un symposium international visant à mettre fin à l'insécurité alimentaire a été tenu à Niamey par la Haute Autorité à la Sécurité Alimentaire (HASA).

Dans la majorité des communes rurales au Niger comme le cas de la commune rurale de Dogonkiria, l'insécurité alimentaire est également une donnée constante. Les facteurs de cette insécurité alimentaire sont d'ordres environnementaux et socio-économiques.

C'est dans ce contexte que se place cette étude. Elle n'a pas pour vocation de résoudre la question de l'insécurité alimentaire ou d'évaluer ce phénomène dans la zone d'étude au titre de l'année 2011-2012, mais elle met en relief les principaux indicateurs de ce phénomène et les différentes stratégies mises en oeuvre par les paysans pour y faire face. Ainsi, la réflexion sur la problématique de l'insécurité alimentaire s'organisera autour de quatre (4) chapitres.

? Le chapitre 1 porte sur le cadre théorique de cette étude. Ce chapitre explore, la problématique, la revue de la littérature, la méthodologie de recherche ainsi que les difficultés rencontrées au cours de ce travail.

? Le chapitre 2 présente la zone d'étude et la méthodologie. L'objectif de ce chapitre est de comprendre le contexte géographique et socioéconomique dans lequel se produit le phénomène d'insécurité alimentaire mais aussi la méthodologie qui a permis d'aboutir aux résultats de cette recherche.

? Le chapitre 3 dégage les rôles respectifs des facteurs environnementaux et socioéconomiques qui entretiennent ce phénomène.

? Le chapitre 4 analyse les indicateurs et les stratégies paysannes d'adaptation à l'insécurité alimentaire. Dans ce chapitre deux types d'indicateurs ont été développés : les indicateurs d'alerte et les indicateurs de survie. Il a été également retracé les mécanismes paysans de prévention et de gestion de l'insécurité alimentaire.

13

Première partie : Cadre théorique et la zone d'étude

14

Chapitre I : Cadre théorique

Ce chapitre retrace la problématique de recherche, les objectifs, les hypothèses et la revue de la littérature.

1.1 : Problématique

« Depuis la fin des années 1960, le Sahel connait une crise climatique caractérisée par un déficit pluviométrique persistant avec quelques années à pluviométrie normale ou excédentaire » (Ouédrago, et al. 2010). A l'instar des autres pays du Sahel, le Niger n'échappe pas malheureusement à cette perturbation du régime pluviométrique. En effet, la variabilité spatio-temporelle des précipitations au Niger et leurs caractères incertains, imprévisibles et irréguliers se sont traduits par de profondes modifications dans les pratiques paysannes. Ces modifications combinées à la dégradation des terres, à la fragilité des systèmes agricoles et à la pauvreté ont eu des incidences sur les écosystèmes agricoles. Ce qui a provoqué la chute des rendements moyens et le déficit des productions agricoles entrainant les populations rurales dans une situation d'insécurité alimentaire, jadis conjoncturelle devenue aujourd'hui chronique.

La commune rurale de Dogonkiria, qui se localise dans l'extrême Nord du département de Dogondoutchi, n'a pas été épargnée de cette situation. En effet, cette zone, la plus désertique du département, avec une moyenne pluviométrique annuelle variant de 250 à 450 mm (DDDA, 2008) est caractérisée par une faible pluviométrie, la dégradation et la pauvreté des sols, le manque de dynamisme des producteurs (qui s'exprime par une faible diversification des espèces cultivées) et un faible investissement dans les facteurs de production. A cela s'ajoutent une faible pratique des cultures de rentes, une faible présence des ONG et Projets opérant dans la zone et la faible présence des réserves hydriques. Tous ces facteurs concourent à maintenir la population de cette zone dans ce joug d'insécurité alimentaire. En effet, depuis la fin des années 80, la commune rurale de Dogonkiria est confrontée à une récurrence de l'insécurité alimentaire et qui s'est accentuée à partir des années 90. L'insécurité alimentaire étant l'incapacité d'une personne, d'un ménage ou d'une communauté à se procurer ou accéder en quantité et/ou en qualité à une nourriture saine et socialement acceptable pour mener une vie active normale, peut être due à la pénurie d'aliments, à un pouvoir d'achat insuffisant, à une répartition ou une utilisation inadaptée des aliments (RNDH, 2009). Comment les paysans perçoivent et interprètent cette question d'insécurité alimentaire?

La vulnérabilité des populations de cette zone fait qu'au moindre choc, elles sont affectées par une crise alimentaire. En effet, de 1990 à 2010, elles ont fait face à sept (7) crises alimentaires en l'espace de 20 ans: 1991, 1994, 1998, 2001, 2005, 2008 et 2010 (DNPGCA, 2007 et INS, SAP, 2008). L'analyse de ces données montre que la commune est exposée au risque alimentaire fréquentiel tous les trois (3) ans. Si les causes de l'insécurité alimentaire sont plus ou moins identiques à l'échelle nationale, leurs manifestation et sévérité sont au contraire variables en fonction des capacités financières, techniques et organisationnelles des groupes considérés. Elles sont donc variables d'une zone géographique à une autre, d'une commune à une autre et d'un village à un autre. Dès lors, les paysans intègrent-ils la problématique de l'insécurité alimentaire dans leurs activités quotidiennes?

15

La conjonction des facteurs physiques et socio-économiques délimitant l'étendue des pratiques agricoles ont eu des impacts négatifs sur les productions agricoles et ont entrainé les populations dans une grande précarité. En effet, le croit net fortement négatif des exploitations observé depuis quelques temps, qui entraine une forte décapitalisation de l'exploitation, accentue la fragilité des ménages et soulève la question de l'adaptation. Quelles sont les stratégies mises en oeuvre par les paysans face à l'insécurité alimentaire? Ces stratégies se définissent comme étant l'ensemble des mécanismes (préventifs et/ou curatifs) déployés par les paysans pour atténuer les effets de la crise. En effet, selon les expériences paysannes, les stratégies les plus courantes sont celles de survie : la consommation de certaines espèces végétales sauvages (feuilles, fleurs, graines), la diminution de la nourriture en quantité et en qualité ainsi que sa non diversification, la vente des biens de production, l'endettement, la fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales, l'exode inhabituel, etc. Cependant, il est d'une grande importance d'analyser ces stratégies et leur impact sur les risques à l'érosion et à l'ébranlement des moyens de subsistance. En effet, en milieu rural, les populations assurent l'essentiel de leurs besoins alimentaires à travers les productions agricoles locales. Or, les récentes crises alimentaires répétitives qui imposent aux paysans des comportements se traduisant parfois par la vente du capital productif et au cas extrême à se passer des services sanitaires, entrainent les populations dans un cercle vicieux du déséquilibre alimentaire quasi-permanent. Car lorsque, le paysan ne dispose pas ou perd son potentiel productif, l'insécurité alimentaire devient pour lui la règle. C'est pourquoi, il est important d'engager des réflexions sur le suivi des paysans en période de crise alimentaire. Il ne s'agit nullement pour nous de faire oeuvre originale (car de nombreux travaux existent) ou d'aborder les multiples aspects d'un phénomène aussi complexe et multidimensionnel qu'est l'insécurité alimentaire. Il s'agit de contribuer à mieux comprendre la question à travers ses principaux indicateurs et les comportements paysans face à ce phénomène à l'échelle communale et des ménages.

La problématique de l'insécurité alimentaire a fait l'objet de plusieurs approches (physique et socio-économique) au Niger. Les approches physiques (Care International, FEWS-NET, etc.) mettent l'accent sur la prédominance d'élément biophysiques notamment les conditions climatiques, les zones agro-écologiques homogènes et surtout les zones géographiques vulnérables. Les approches socio-économiques (SICIAV, VAM, etc.) privilégient le contexte politique et socio-économique, le degré de fonctionnalité de l'économie alimentaire, les pratiques de soins, la santé et l'hygiène. L'insécurité alimentaire étant définie comme la non satisfaction des besoins alimentaires de base ne se résume pas donc à une seule variable, mais représente plutôt un ensemble multidimensionnel de comportements et de perceptions. Les conséquences potentielles de l'insécurité alimentaire sont également multiples et multidimensionnelles (Tarasuk, 2001). La perception donc de l'insécurité alimentaire en tant que processus géré évoque une suite d'expériences et d'évènements concrets. Cependant, il est nécessaire de comprendre la fréquence, la périodicité et la durée d'expériences ou de stades particuliers de ce phénomène pour en mesurer la gravité.

Dans ce contexte, la définition d'un certain nombre d'indicateurs de mesure de l'insécurité alimentaire ainsi que leur analyse permettant de mieux aider à prendre des réponses

16

appropriées pour un meilleur suivi de ce phénomène présentent un intérêt capital. En effet, les indicateurs permettent de produire une sorte de résumé d'informations complexes et offrant la possibilité à des différents acteurs intervenant dans ce domaine de dialoguer entre eux, par conséquent de mieux coordonner leurs actions pour un meilleur suivi de ce phénomène.

C'est face à cette préoccupation que se présente cette réflexion sur l'analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et les stratégies paysannes d'adaptation en prenant le cas de la commune rurale de Dogonkiria. Il s'agit d'une géoanalyse qui nous permettra de mettre en évidence les principaux indicateurs de l'insécurité alimentaire ainsi que le comportement paysan face à ce phénomène. Elle permettra également à mieux cerner les menaces qu'encourent les populations de cette zone. Ce qui aidera sans doute les décideurs à mieux élaborer des stratégies compatibles à cette zone, à mieux orienter les ressources mais aussi à un meilleur ciblage des interventions.

Cette recherche s'articule autour des questions principales suivantes: Quelle est l'efficacité de système de production paysan par rapport à la fréquence de l'insécurité alimentaire? Quels sont les indicateurs de ce phénomène ? De quelles manières les paysans s'adaptent à l'insécurité alimentaire qui perturbe leur système de production ?

1.2: Justification du choix du sujet

Les raisons du choix de ce sujet se résument à deux niveaux:

Le premier est purement scientifique. En effet, de nombreux travaux INS/SAP (2008 et 2009), Marcelle (1991), Warre, et al. (2008), etc. ont été faits au Niger sur l'analyse de l'insécurité alimentaire mais ayant un caractère général et qui se résument à deux principales approches: l'une privilégiant l'aspect biophysique et l'autre l'aspect socio-économique. Mais il n'existe pas assez d'études mettant en lumière les différents indicateurs de manifestations de l'insécurité alimentaire et leur impact sur les risques auxquels sont confrontés les ménages affectés par l'insécurité alimentaire. Il s'agit de contribuer au processus de réflexion sur les risques qu'encourent les paysans en période de crise.

Le second est purement subjectif. En effet, après notre mémoire de maitrise sur la filière pomme de terre dans le département de Dogondoutchi qui est l'une de stratégies de lutte contre l'insécurité alimentaire, il nous est paru important d'approfondir la réflexion sur l'analyse plus détaillée de ce phénomène.

1.3 : Objectifs de recherche 1.3.1 : Objectif général

L'objectif assigné à cette étude est de contribuer à la définition des indicateurs de l'insécurité alimentaire et d'analyser les stratégies paysannes d'adaptation dans la commune retenue.

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1.3.2 : Objectifs spécifiques

Il s'agit de :

caractériser le système de productions agricoles de la commune ; définir et analyser les indicateurs de l'insécurité alimentaire ;

identifier et analyser les stratégies paysannes d'adaptation.

1.4 : Hypothèses de recherche

? Les populations sont de plus en plus dans une situation d'insécurité alimentaire.

? Les indicateurs de cette insécurité alimentaire sont naturels, socioculturels et économiques.

? Les paysans ont développé des stratégies adaptatives face à des menaces sur leur vie et/ou les moyens de subsistance.

1.5 : Revue de la littérature

La recherche de l'équilibre alimentaire aussi bien dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud a suscité l'intérêt de multiplier les études pour apporter des réponses adéquates aux problèmes vécus.

Si dans les pays du Sud, les problèmes alimentaires ont été et sont depuis fort longtemps une préoccupation nationale, dans certains grands pays du Nord, il a fallu attendre les années 80 et 90 pour que le manque d'accès aux aliments soit reconnu comme des problèmes affectant les personnes pauvres. En effet, identifié par diverses appellations comme la faim, la pauvreté alimentaire, l'insuffisance alimentaire et enfin l'insécurité alimentaire, ce phénomène a été décrit par des chercheurs en nutrition au Canada, aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande (Tarasuk, 2001). Depuis lors, les problèmes alimentaires sont abordés par les économistes, les agronomes, les sociologues, les anthropologues, les géographes, etc.

Aujourd'hui encore, des Institutions Internationales, des Chercheurs, des Développeurs, etc. font de ce problème leur cheval de bataille. Ainsi, en 1996 s'est tenu le Sommet mondial de l'Alimentation (SMA) avec comme objectif, réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation à pas plus de 420 millions en 2015. Mais, les récentes publications de la FAO sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde font ressortir que le nombre de personnes affectées par ce phénomène ne cesse de s'accroitre. Ainsi, de 2003 à 2009, le nombre de personnes touchées par l'insécurité alimentaire est passé de 848 millions à 1,02 milliard en 2009 (FAO, 2008 et 2009) et représente plus d'affamés que jamais dans le monde depuis 1970. Abordant dans le même sens, Mason (2006) met en exergue l'aggravation de cette situation en Afrique. Selon la même source, la moyenne de la sous alimentation en Afrique subsaharienne est de 33% alors qu'elle est de 18% dans le monde en voie de développement. C'est pourquoi, selon le NEPAD (2009), il faut un investissement de 18 milliards de dollars par an dans l'infrastructure rurale africaine pour que soit réalisé l'objectif du SMA qui est de réduire de 50% la faim sur ce continent.

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Traitant les causes de l'insécurité alimentaire, la FAO (2009), estime que l'augmentation de l'insécurité alimentaire n'est pas due à de mauvaises récoltes, mais à l'envolée des prix alimentaires nationaux, à la baisse des revenus et à une augmentation du chômage, qui ont réduit l'accès des pauvres à la nourriture. C'est pourquoi, elle a préconisé l'approche du droit à l'alimentation dans l'éradication de l'insécurité alimentaire à l'égard des limites des mesures jusque-là utilisées.

Au Niger, les causes de l'insécurité alimentaire, ses manifestations, les réponses paysannes ainsi que les mesures prises par les gouvernements nigériens ont été abordés par le Rapport National sur le Développement Humain (RNDH, 2009) ; CPM/CNPGCA/SAP (2009) ; ALPHA GADO (2010,1993 et 1988) ; BALLA, et al, 2008) ; etc.

Ainsi, selon le document intitulé Rapport National sur le Développement Humain (2009), les principales contraintes pour la sécurité alimentaire sont de trois (3) ordres : les contraintes physiques (faiblesse et irrégularité des précipitations, sols épuisés et soumis à l'action de l'érosion hydrique et éolienne), les contraintes socio-économiques (faibles revenus des producteurs, faible maintien des stocks de sécurité privés, pauvreté, croissance démographique, etc.) et les contraintes technologiques ( les producteurs utilisant moins les technologies modernes font recours à un système dunaire de monoculture de mil entretenu par la jachère adaptée à chaque situation écologique, faible utilisation de la science, etc.). Balla et al (2008) estiment que les déterminants de l'insécurité alimentaire sont d'ordres climatiques et socio-économiques. Cet ouvrage a également permis l'identification des causes profondes de la vulnérabilité des ménages agropastoraux et pasteurs à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle mais aussi à l'établissement d'une méthodologie d'alerte précoce et de réponses aux urgences intégrant les niveaux communautaire et communal. Abordant dans le même sens, les études de ALPHA GADO (1988 et 1993) ont permis de mettre en évidence la spécificité du milieu sahélien et les corrélations qui existent entre les différents facteurs de déséquilibre alimentaire dans un écosystème.

Les manifestations de l'insécurité alimentaire dans la région de Dosso sont analysées dans les travaux du CPM/CNPGCA/SAP (2009). Il ressort de ce document que l'insécurité alimentaire se manifeste à travers l'exode inhabituel, la faible disponibilité alimentaire des ménages, la consommation des aliments moins préférés, etc.

ALPHA GADO (2010) a abordé l'attitude du paysan sahélien face aux sécheresses et famines : ses réponses immédiates mais aussi les stratégies d'adaptation de longue durée face aux variations saisonnières et aux changements. Il a été également procédé à une analyse approfondie des stratégies de survie de type « traditionnel » ainsi que les réponses actuelles des agriculteurs et éleveurs du Sahel. L'auteur distingue trois types de stratégies d'adaptation aux variations climatiques. Il s'agit des institutions de prévoyance, des stratégies d'adaptation et des stratégies de subsistance ou de survie. Selon la même source, en temps de crise, les mécanismes de mise en oeuvre de ces stratégies s'effectuent en étapes de mécanismes d'assurance : une étape intermédiaire de liquidation des ressources domestiques, et une étape d'échec ou d'incapacité de faire face à la crise.

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Concernant les approches d'évaluation de la vulnérabilité à l'insécurité alimentaire, plusieurs méthodes sont utilisées. Il s'agit entre autres de la méthode d'identification des zones vulnérables du SAP ; de la méthode de FEWS-NET ; de la méthode du Projet d'Alerte Précoce et des Prévisions des Productions Agricoles (AP3A) ; de l'approche Vulnerability Assesment Method (VAM) du PAM et de l'approche Système d'Information et Cartographie sur l'Insécurité Alimentaire et la Vulnérabilité (SICIAV) de la FAO. Si toutes ces méthodes ont le mérite de prendre en compte les trois dimensions essentielles de la sécurité alimentaire à savoir la disponibilité, l'accessibilité et l'utilisation, cependant aucune n'est arrivée à donner une procédure d'estimation des populations vulnérables de manière satisfaisante. C'est dans ce contexte que le cadre harmonisé du CILSS a été développé pour mettre les méthodologies afin de disposer d'une approche commune et consensuelle dans les analyses de la vulnérabilité au Sahel. Abordant également les questions de l'analyse de la vulnérabilité et de l'atténuation des risques, FIVIMS (2011) estime que les politiques et interventions visant à réduire la vulnérabilité doivent pour être efficaces, prendre en considération non seulement ceux qui vivent actuellement dans l'insécurité alimentaire mais aussi ceux qui lui sont vulnérables. Car, aborder la question de l'insécurité alimentaire du point de vue de la vulnérabilité permet de manière dynamique et prospective, d'analyser les causes et surtout les possibilités de réduire l'insécurité alimentaire.

Pour ce qui est des indicateurs de mesure de sécurité alimentaire, il en existe une multitude. Mais chaque catégorie d'acteurs dispose d'un certain nombre d'indicateurs pour appréhender la situation de sécurité alimentaire. Par exemple, dans le plan national de contingence, volet sécurité alimentaire et nutritionnelle pour le Niger, les principaux indicateurs dont il est question pour un suivi des seuils afin de dégager la situation qui prévaut sont, entre autres : déficit du bilan céréalier, prix des céréales, taux de sous-nutrition, bilan fourrager, mouvement des populations, etc.

Les deux manuels d'évaluation de la sécurité alimentaire en situation d'urgence (MESASU) du PAM (2005 et 2009) fournissent des instructions pour une approche plus large, alignée sur les priorités stratégiques de sauver les vies et de protéger les moyens de subsistance dans les situations d'urgence, tout en tenant compte des problèmes nutritionnels. Ces manuels développent une méthodologie à la production d'un Indice de Stratégie de Survie (ISS), outil important pour la surveillance de la sécurité alimentaire ainsi que l'analyse de la vulnérabilité.

La récurrence de l'insécurité alimentaire a amené les autorités politiques du Niger à l'intégrer dans les programmes nationaux (SDR, SRP,...) et internationaux (NEPAD, OMD,...) de développement. Ainsi, pour mettre fin à cette situation, un symposium international sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Niger a été tenu du 28 au 31 mars 2011 à Niamey. Ce symposium a regroupé plus de 300 participants : décideurs politiques, institutions africaines et sous-régionales, pays amis, PTF, experts (nationaux et internationaux), chercheurs, cadres techniques, acteurs régionaux et locaux du développement rural, agroindustriels, autorités administratives et coutumières, ONG et Associations du développement, organisations paysannes, secteur privé, etc. A l'issue de ce symposium, une déclaration dite de Niamey a été adoptée (HASA, 2011). Elle vise à mettre fin au phénomène de l'insécurité alimentaire au Niger, à travers le doublement des rendements au sein des différents systèmes de productions

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agricoles et pastorales, dans un horizon temporel de 10 ans en mettant un accent sur la maîtrise de l'eau pour les besoins de production ; la gestion durable des terres et le soutien aux exploitations familiales agricoles et pastorales.

Dans la majorité des communes rurales au Niger, comme le cas de la commune rurale de Dogonkiria, la question de l'insécurité alimentaire est également une donnée constante. En effet, selon le Directeur Départemental de l'Agriculture (2011) citant le Secrétariat Permanent du Système d'Alerte Précoce (SP/SAP), le déficit vivrier est permanent et la commune figure régulièrement parmi les zones vulnérables du pays. Ainsi, selon le SAP, en 2005, Dogonkiria faisait partie des douze (12) zones dans une situation alimentaire extrêmement critique. Cette situation soulève donc la question d'adaptation.

Au terme de cette revue, beaucoup de questions se posent encore sur la problématique de l'insécurité alimentaire notamment sur le plan local. Comment les paysans intègrent-ils la problématique de l'insécurité alimentaire dans leurs activités quotidiennes ? Quelles sont les stratégies d'adaptation mises en oeuvre par les paysans face à ce phénomène ? Quels sont les risques qu'encourent les paysans en période d'insécurité alimentaire? Autant d'interrogations qui seront abordées dans la présente étude.

1.6 : Définition des concepts et termes de l'étude

Pour toute étude scientifique, la définition des concepts et /ou des termes clés est d'une nécessité absolue. Ainsi pour mieux aider à cerner l'analyse, il est intéressant d'expliciter ces notions fondamentales.

Sécurité alimentaire : Le concept de sécurité alimentaire fait référence à la disponibilité ainsi qu'à l'accès à la nourriture en quantité et en qualité suffisantes. Selon la FAO (1996), « La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine ». Cette définition amplement acceptée est centrée sur les aspects suivants de la sécurité alimentaire :

? Disponibilité alimentaire: La disponibilité d'aliments en quantité suffisante et d'une qualité appropriée, dont l'approvisionnement est assuré par la production nationale ou les importations (y compris l'aide alimentaire).

? Accès à la nourriture: Accès de tous à des ressources adéquates leur permettant d'acquérir une nourriture adéquate et nutritive.

? Utilisation: L'utilisation de la nourriture dans le cadre d'une diète adéquate, d'eau potable, d'assainissement et des soins de santé de façon à obtenir un état de bien-être nutritionnel qui permette de satisfaire tous les besoins physiologiques. Tous ces éléments soulignent le rôle des facteurs non alimentaires dans la sécurité alimentaire.

? Stabilité: Pour parvenir à la sécurité alimentaire, une population, un ménage ou une personne doit avoir un accès permanent à une nourriture adéquate. Cet accès à la nourriture ne doit être menacé ni par l'émergence de chocs soudains (par exemple, une crise économique ou climatique) ou par des événements cycliques (par exemple, une insécurité alimentaire saisonnière). Le concept de stabilité peut donc concerner à la

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fois la disponibilité et l'aspect lié à l'accès à la sécurité alimentaire.

Insécurité alimentaire : Elle découle du concept de sécurité alimentaire. Elle est la traduction d'un accès insuffisant en quantité et en qualité à une nourriture saine et socialement acceptable.

On parle d'insécurité alimentaire, lorsque les personnes n'ont pas accès à une quantité suffisante d'aliments sains et nutritifs et ne consomment donc pas les aliments dont elles ont besoin pour se développer normalement et mener une vie active et saine (INS, SAP, 2008). Cette situation peut être due la pénurie d'aliments, à un pouvoir d'achat insuffisant ou à une répartition ou utilisation inadaptée des besoins alimentaires au niveau des ménages.

On parle également d'insécurité alimentaire, une situation par laquelle les ménages ne disposent pas d'un accès sûr et régulier d'une quantité suffisante à l'alimentation (PAM, 2005). Lorsque l'accès à la nourriture devient un problème constant, elle se traduit par la vente de bétail qui constitue l'épargne sur pied, l'endettement, la pratique des activités inhabituelles, etc.

Enfin, la question de l'insécurité alimentaire, introduit la notion de risque et de vulnérabilité. Ainsi, le risque à l'insécurité alimentaire se définit comme la probabilité de voir un danger (insécurité alimentaire) se concrétiser dans un ménage. C'est donc la probabilité pour un individu ou un groupe de personnes de voir sa sécurité alimentaire menacée par la survenue d'un évènement climatique et/ou économique (sécheresse, hausse des prix agricoles, etc.).

La vulnérabilité à l'insécurité alimentaire : elle se définit par l'exposition au risque et qui peut être atténuée par la capacité à faire face. Cette vulnérabilité peut avoir un caractère structurel (techniques de productions archaïques, faible pouvoir d'achat, moyens techniques et financiers limités, etc.) ou conjoncturel (caprices climatiques, attaques périodiques des cultures par les ennemis, etc.). Ainsi, « est vulnérable, celui qui, se trouvant confronté à un environnement à haut risque est sous-assuré par rapport au risque encouru ». Elle intègre également l'ensemble des mécanismes d'adaptation et de réaction mis en oeuvre à une situation difficile. Lorsque les mécanismes ne sont pas efficaces, le foyer entre dans une situation de vulnérabilité conjoncturelle ou chronique (INS, SAP, 2008).

Indicateurs : un indicateur est un élément ou une donnée qui reflète l'état ou la situation de quelque chose (Encarta, 2007). Il est une information ou un ensemble d'information contribuant à l'appréciation d'une situation par le décideur. Il peut être qualitatif ou quantitatif. C'est également un indice permettant d'évaluer l'état ou la situation d'un phénomène. C'est aussi une information de synthèse qui aide à apprécier une situation dans le système placé sous sa responsabilité. C'est une donnée quantitative qui permet d'expliquer une situation évolutive, une action ou les conséquences d'une action, de façon à les évaluer et à les comparer à leur état à différentes dates.

Un indicateur a pour objectif de présenter une image simple et précise d'une situation donnée. Il doit cependant répondre à trois critères de validité qui sont la pertinence face aux objectifs, la sensibilité face au phénomène étudié et l'observabilité à travers des méthodes appropriées

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(Dubois, 2004 cité par Droy et Rasolofo, 2004). De tous les documents consultés, le constat qui s'est dégagé est qu'il n'existe pas d'indicateurs standards ou génériques.

Un indicateur se décompose en trois (3) phases :

l Analyse : Que dit l'indicateur ? Que lit-on ? Que comprend-on ?

l Interprétation : Qu'elles peuvent être les conséquences ? Quel est leur niveau de gravité ? Quels sont les risques possibles ?

l Réaction : Quelles sont les actions correctives ou d'amélioration à entreprendre ? Sur quels points ou quels éléments ? De combien de temps dispose t-on pour le faire ? Qui doit-on saisir ?

On distingue plusieurs types d'indicateurs. Mais pour le besoin de la présente étude, retenons-en deux (2) :

? Les indicateurs d'alerte qui signalent la présence d'un dysfonctionnement, d'un état anormal impliquant une action corrective. Dans une gestion des produits agricoles, il peut s'agir des produits en rupture de stocks, des déficits pluviométriques, du retard des campagnes agricoles ...

? Les indicateurs d'adaptation (survie) qui fournissent des renseignements sur les stratégies utilisées par un ménage pour faire face à une insécurité alimentaire. Ils permettent de connaitre l'ensemble des mécanismes développés par un ménage pour faire face aux problèmes alimentaires. Les renseignements fournis par ce type d'indicateurs permettront au gestionnaire des crises d'évaluer l'état de la situation et de cibler les actions à entreprendre pour atténuer les effets de la crise.

Dans cette étude, les indicateurs dont il est question correspondent à la fois aux indicateurs d'alerte et aux indicateurs d'adaptation (survie). Ils constituent des indices à travers lesquels, les paysans prévoient et gèrent l'insécurité alimentaire.

Stratégies d'adaptation: Elles désignent l'ensemble des activités auxquelles recourent un ménage ou un groupe de personnes afin de se procurer de la nourriture, des revenus et/ou des services, quand leurs moyens habituels de subsistance ont été perturbés ou sont susceptibles de l'être. Elles sont à la fois préventives et curatives, variables d'un ménage à un autre et selon les zones agro-écologiques. Lorsqu'elles sont développées par un ménage en période de chocs, elles peuvent être qualifiées de stratégies viables ou de détresse. Les stratégies viables sont durables et préservent les futurs moyens de subsistance, la dignité et l'état nutritionnel (PAM, 2005). Quant aux stratégies de détresse, elles sont celles qui minent les moyens de subsistance, la dignité ou l'état nutritionnel et augmentent la vulnérabilité à long terme.

Pour appréhender les capacités d'adaptation des ménages aux chocs, on analyse les différentes stratégies de survie développées par les ménages pour faire face à des difficultés alimentaires. Cette analyse a permis également de calculer l'indice de stratégie de survie (ISS). Ce dernier synthétise le degré d'exposition des ménages aux chocs, plus il est élevé plus le niveau de vulnérabilité augmente.

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Les stratégies d'adaptation des ménages peuvent également être analysées selon le niveau de réversibilité c'est-à-dire la possibilité pour un ménage de retrouver sa situation initiale après avoir fait face à un choc. On distinguera quatre (4) niveaux différents.

? Les stratégies de niveau 1 : ce sont les stratégies les plus couramment utilisées par les ménages à risque ou en insécurité alimentaire. Les stratégies de niveau 1 présentent un risque faible sur l'érosion des moyens de subsistance.

? Les stratégies de niveau 2 : ce sont des stratégies utilisées par les ménages en insécurité alimentaire. Elles présentent un risque moyen à l'érosion et à l'ébranlement des moyens de subsistance.

? Les stratégies de niveau 3 : elles concernent l'ensemble des ménages qui sont confrontés à une insécurité alimentaire. Elles préservent les conditions de vie des actifs et des enfants et dégradent au contraire celles des adultes et des inactifs.

? Les stratégies de niveau 4 : ce sont des stratégies de détresse qui minent les moyens de subsistance, l'état nutritionnel et augmentent la vulnérabilité à long terme.

Ainsi, plus le ménage fait recours aux stratégies dites de niveau 4, plus il est exposé dans une situation où la réversibilité est difficile. A l'inverse, plus le ménage utilise les stratégies de niveau 1 et 2, la probabilité de retrouver sa situation initiale sera forte.

Capabilités : Elles représentent l'ensemble des fonctionnements possibles, ceux qui sont accomplis (et donc plus facilement identifiables) et ceux qui ne sont pas accomplis, mais que l'individu peut mettre en oeuvre pour des raisons de choix personnels ou sous la contrainte, pour faire face à la concrétisation d'un risque et à l'altération de certaines de ces capabilités (Droy et Rasolofo, 2004). Les capabilités constituent l'ensemble des moyens (matériels et immatériels) susceptibles d'être utilisés par un ménage en cas de difficulté.

Les capabilités d'un ménage rural s'analysent à travers ses potentialités sous forme de:

Capital humain : sexe, âge, nombre d'actifs agricoles, personnes à charges, etc.

Capital physique : nombre de champs cultivés, leur statut (location, propriété, ...), équipement agricole, cheptel possédé.

Capital social : transfert en argent ou en nature, participations aux cérémonies,...

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Chapitre II : La zone d'étude et Méthodologie

Le présent chapitre traite des aspects physiques de la zone d'étude dont l'intérêt est de comprendre le contexte géographique et socio-économique dans lequel se produit le phénomène d'insécurité alimentaire, objet de cette étude. La méthodologie de recherche ainsi que les difficultés rencontrées au cours de cette recherche ont été également développées au cours de ce chapitre.

2.1 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

2.1.1 : Milieu physique

2.1.1.1 Situation géographique

La commune rurale de Dogonkiria d'une superficie de 2886 km2 est localisée dans l'extrême Nord du département de Dogondoutchi. Ses bornes géographiques sont : au Nord entre les latitudes 13°56'30» et 14°36'50» et à l'Est entre les longitudes 4°9'40»et 4°18' (Figure 2)

Sur le plan administratif, cette commune est limitée au Nord par les communes rurales de Bagaroua et de Sanam, au sud par la commune rurale de Matankari, à l'Est par les communes rurales de Dankassari et d'Alléla et à l'Ouest par la commune rurale de Soukoukoutane.

La commune rurale de Dogonkiria est l'une des plus importantes (superficie) du département de Dogondoutchi et regroupe 45 villages administratifs, 6 tribus peulhs et 5 campements touaregs (Bouzou).

2.1.1.2 : Paramètres climatiques 2.1.1.2.1: Les précipitations

Les caractéristiques géographiques de la zone la placent dans un climat Nord sahélien, situé entre les isohyètes 300-450mm (DDDA, 2004 cité par Yagi, 2010). C'est une zone proche de la limite Nord des cultures. Cependant, les précipitations enregistrées ne sont pas partout homogènes au sein de cette commune. En effet, la répartition spatio-temporelle de la pluviométrie est irrégulière et les variations interannuelles des quantités de pluies enregistrées sont significatives du Nord au Sud (tableau1)

Tableau 1 : variations des précipitations annuelles à Kiria de 1998 à 2007

Année

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

Cumul (mm)

345,9

501,6

316

333,5

352,5

444,6

328,5

476,7

285,5

375,7

Nbre jr de

pluie

28

37

17

24

32

22

22

30

11

15

Source : DMN cité par Sabo, 2008

L'analyse de ce tableau, montre que de 1998 à 2007, la moyenne pluviométrique est de 376,05 mm, une moyenne qui dissimule en réalité de grandes irrégularités. Ainsi, il a été observé que l'année 1999 avec un excédent de 125,55 mm en 37 jours reste l'année qui a

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enregistré la plus forte pluviométrie. Par contre, l'année 2006 avec un déficit de 90,55 en 11 jours a été la plus mauvaise. Ce tableau montre également une moyenne de nombre de jours de pluie au cours de cette même période de l'ordre de 24 jours et variant de 11jours à 37 jours.

2.1.1.2.2: Les températures

L'espace étudié enregistre de fortes températures surtout en saison sèche. Ainsi, les températures maximales enregistrées sont de l'ordre de 47° en Avril et celles minimales de 15° en janvier-février (Sabo, 2008). Ces fortes chaleurs ne sont pas sans conséquences sur le développement des cultures notamment concernant la floraison. L'ETP quant à elle, peut dépasser 4000 mm.

2.1.1.2.3: Les vents

Comme partout au Niger, cette zone est parcourue par deux principales masses d'air : l'harmattan et la mousson. Il s'agit de deux masses d'air de caractéristiques différentes et soufflant à deux périodes différentes : l'un chaud et sec et l'autre chaud et humide. Les vents sont également très violents en début des saisons de pluies (Mai/Juin), ce qui ensevelit les jeunes semis et en fin de saison (Septembre/Octobre), ce qui brise les tiges des céréales avant la récolte. Pour ce qui est de cette zone, la vitesse moyenne est de 3 m/s.

2.1.1.3: Géomorphologie

La commune rurale de Dogonkiria présente un relief contrasté avec prédominance des dunes et des plaines sablonneuses. Les caractéristiques géomorphologiques permettent toutefois de distinguer trois(3) types de paysages.

? Le paysage des dunes et plaines sablonneuses avec 280 m d'altitude : A ce niveau, les sols sont bruns rouges subarides à valeurs agronomiques moyennes à passables. La végétation est constituée de ligneux bas (LB) et hauts (LH) tels que Guiera senegalensis, Combretum micrantum, Combretum glutinosum, etc. très clairsemés. Ces unités sont aussi très occupées par les activités humaines et menacées par l'érosion.

? Le paysage d'une chaine de plateaux dans la partie Nord-Ouest d'une altitude moyenne de 300 m : Les sols sont bruns rouges et minéraux de valeurs agronomiques moyennes à passables. La végétation est constituée de Combrétacées et des acacias. Le long des encaissements, on trouve également des ligneux hauts. Ces unités sont aussi dégradées et l'on y pratique l'agriculture et l'élevage.

? Le paysage des vallées fossiles, propices à l'agriculture dans la partie Sud, d'une altitude de 241 m : Les sols prédominants sont des sols ferrugineux tropicaux peu lessivés. La végétation est assez développée par rapport à la partie Nord, avec des ligneux hauts de plus de 5 m de haut. La strate herbacée est assez dense dans les parties non cultivées. Ces unités sont celles où se concentrent les exploitations agricoles.

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2.1.1.4: Les sols

L'exploitation de la carte pédologique simplifiée du département de Dogondoutchi permet de

distinguer trois (3) types de sols dans la commune rurale de Dogonkiria.

y' Les sols minéraux bruts peu différenciés sur mélange de sable éolien et colluvions.

y' Les sols bruns rouges subarides sur grès argileux.

y' Les sols bruns rouges subarides peu différenciés sur sable des vallées sèches.

Les sols subarides (bruns ou rouges bruns) se développent sur divers matériaux : dunes, alluvions, colluvions remaniées. Leur épaisseur varie de 1 à1, 5m. La présence diffuse des oxydes de fer dans les différents profils et de matière organique dans l'horizon A améliore leur cohésion et leur stabilité. L'érosion des parties superficielles entraine une dégradation accélérée difficile à maîtriser. Sur le plan agronomique, ce sont des sols qui présentent des capacités moyennes d'exploitation. En général, les sols de la commune rurale de Dogon Kiria sont pauvres.

En dehors de ces classifications, les paysans distinguent les sols selon l'appellation locale suivante (tableau2)

Tableau 2 : Typologie des sols selon les paysans

Nature

 

Caractéristiques

« Hoska »

 

Sols très productifs de glacis ou bas fonds avec comme bio indicateurs Combretum nigricans ou Combretum glutinosum

« Kwaré »
« Rwahi »
« Fadama

»

Sols hydromorphes des bas fonds, très productifs : sablo-argileux ou argileux difficiles à travailler. Ce sont des sols très sollicités par les paysans.

« Tsadaré

»

Sols nouvellement mis en valeur ou jachère remise en culture

« Lesso »

 

Sols surexploités, très fatigués

« Jay jayi

»

Sols rouges, improductifs disponibles au niveau des glacis

« Baringo

»

Sols moins rouges que le « jay jayi » et peu productifs

Source : Sabo, 2008 et Yagi, 2011. 2.1.1.5: La végétation

Du point de vue géobotanique, la commune rurale de Dogonkiria se trouve dans le domaine saharo-sindien. Le relief est sous forme de relief forestier à dominance combrétacées (DDE, 2008 cité par Sabo, 2008). Elle est composée d'essences ligneuses : Faidherbia albida, Balanites aegyptiaca, Combretum glutinosum,, Prosopis africana, Cacia sieberiana et d'arbustes comme Guiera senegalensis, Combretum micrantum, Boscia senegalensis, Ziziphus mauritiana, etc. En période de crise ou d'insécurité alimentaire ce sont surtout les jeunes feuilles de Sclerocarya birrea (Danya), les fleurs de Balanites aegyptiaca (Adoua) et les graines de Boscia senegalensis (anza) qui sont les plus sollicitées.

Le couvert herbacé est clairsemé du fait de la mise en valeur quasi générale des espaces de la commune. On note néanmoins, l'existence de quelques bosquets le long des berges des rivières fossiles. Ce sont des fourrés rupicoles que l'on trouve le long des chenaux d'écoulement ou des Koris.

27

2.1.1.6 : L'hydrographie

Le réseau hydrographique de la commune est principalement constitué des vallées fossiles et une dizaine de mares semi permanentes. La commune dispose également d'une retenue d'eau à Bougou-Kalaba et un mini-barrage à Maïmakayiné à travers lesquels les populations pratiques les cultures sèches. Néanmoins, toutes ces ressources hydriques exploitées ou non sont menacées par l'ensablement modifiant ainsi leur régime.

Il faut noter que la commune dispose d'une intéressante vallée « Rouafi », qui prolonge le Dallol Maouri de l'entrée à la sortie de la commune au Nord et fait jonction avec la Majjia à l'Est. Cette vallée est propice aux activités agricoles et est irrigable. Malheureusement, les différents ouvrages de retenues d'eau effectués dans le département d'Illéla voisin ont bloqué depuis près de 10 ans l'arrivée annuelle de la Majjia jusqu'à hauteur Dogonkiria/Issakitchi (ANDB, 2009).

En ce qui concerne les infrastructures hydrauliques, elles sont composées de puits modernes, traditionnels, forages à motricité humaine et les mini-adductions d'eau potable. Ces infrastructures sont en grande partie non fonctionnelles (32%) provoquant ainsi une chute de la couverture de la population en eau potable.

2.1.2 : Les aspects humains

2.1.2.1 : Les aspects sociodémographiques 2.1.2.1.1 : Les caractéristiques démographiques

La population totale du territoire communal de Dogonkiria est passée de 21.020hbts en 1997 à 34.000 habitants en 1988 et 44.208 habitants en 2001 (RGP/H, 2001). Le taux d'accroissement naturel (TAN) est estimé à 3,4%, un taux supérieur à celui de la moyenne nationale qui est de l'ordre de 3,3% (INS, 2010). Ainsi, en extrapolant, la population a atteint en 2007 54.026 habitants et sera à 70.597 habitants en 2015. En ce qui concerne la répartition de la population par genre, en 2007 les hommes représentent 49% (26.628 habitants) de la population totale pour 51% (27.401 habitants) pour les femmes (tableau 3). Les jeunes constituent la franche la plus importante de la population, car 52% de cette population ont moins de 15 ans. La jeunesse de cette population représente à la fois un atout et une charge pour la commune. En effet, 100 personnes actives ont en charge 57 autres (PDC, 2007), ce qui traduit un rapport de dépendance économique très élevé. Les densités de cette zone ont varié de 7 habitants/km2 en 1977 à 12 habitants/km2 puis de 15 habitants/km2 en 2001 à 19 habitants/km2 en 2007.

Tableau 3 : Evolution de la population de 1977 à 2007

Année

1977

1988

2001

2007

Population (hbts)

21.020

34.400

44.208

54.026

Densité (hbts/km2)

7,18

11,91

15,31

19

Source : INS, 2006 ; PDC, 2007et Sabo, 2008.

28

Tableau 4 : Répartition de la population des villages échantillons

Villages

Population totale

Population masculine

Population féminine

Nombre de

ménage

Ménages enquêtés

Makourdi

686

338

348

84

9

Balessa

1520

749

771

186

19

Angoual Kara

1348

665

683

165

17

Total

3554

1752

1802

435

45

2.1.2.1.2 : Les aspects sociaux

Sur le plan éducatif, la commune enregistre un taux brut de scolarisation de 41,23% (PDC, 2007). Ce taux classe la commune en dernière position parmi l'ensemble des communes rurales du département de Dogondoutchi avec un taux moyen estimé à 79,53%. Ce qui révèle le poids de l'analphabétisme de la commune et qui n'est pas sans conséquence sur la capacité des agriculteurs à s'adapter à l'environnement actuel.

Elle est composée de 4 CEG et de 57 écoles primaires.

Sur le plan sanitaire, la commune dispose de deux centres de santé intégrés fonctionnels et de 14 cases de santé. Pour les deux CSI, le soin est assuré par deux infirmiers, ce qui correspond à un infirmier pour 27.015hbts. La couverture sanitaire est de 57,82% contre une moyenne départementale de 69% (PDC, 2007).

2.1.2.2 : Les activités économiques

2.1.2.2.1 : L'agriculture

Dans l'ensemble de la commune, l'agriculture constitue la principale activité avec une prédominance de l'agriculture pluviale. Les principales spéculations sont le mil, le sorgho et le niébé. Les outils aratoires sont rudimentaires (chapitre 2 : 2.2). Cependant, on note l'utilisation des charrues bovines et par endroit la houe asine.

Les cultures de contre saison qui constituent des alternatives visant à accroitre le stock vivrier et générer des revenus sont très peu développées en raison de la profondeur de la nappe et des moyens financiers très limités des populations.

2.1.2.2.2 : L'élevage

Deuxième activité après l'agriculture, l'élevage reste un capital d'épargne mais aussi une stratégie anti risque. En effet, en période de difficulté, la vente de bétail constitue une stratégie de survie.

Cependant, l'effectif exact du cheptel de la commune n'est pas maîtrisé du fait de l'indisponibilité des données du Recensement Général de l'agriculture et du cheptel par commune. Néanmoins, le diagnostic communal en 2007 a permis d'estimer le cheptel de la commune à 24.703 Unité Bétail Tropical (UBT) (tableau 5) et la volaille à 33.160 unités.

29

La commune dispose également d'un important marché de bétail (Maïmakayiné) mais aussi des zones de pâturages surtout dans la partie Nord. On note aussi six (6) aires de pâturages : Akoira, Dodoria, Maïmakayiné, Marjack, Dagnayé, Intougaye et les autorités communales comptent en aménager dix (10) autres (PDC, 2007).

Tableau 5: composition du cheptel en 2007

Espèces

Nombre

UBT

Camelins

1379

1.379

Bovins

17.965

14.379

Ovins

19.779

2967

Caprins

22.303

3.345

Asins

3.402

1.701

Equins

939

939

Total

/

24.703

Source : Rapport du diagnostic communal, 2007 2.1.2.2.3 : Les activités extra-agricoles

Elles concernent l'ensemble des activités qui génèrent des revenus non agricoles. Il s'agit donc des activités secondaires qui entrent dans des stratégies anti aléatoires et de gestion de mauvaise saison. Ces activités regroupent le commerce, l'artisanat et la cueillette. Les produits de l'artisanat les plus fréquents concernent les produits de la forge, du tissage des cordes, de la poterie, la sculpture, etc.

Traversée par une voie latéritique sur près de 93 km (RN36), la commune dispose de deux importants marchés hebdomadaires (Kiria et Maïmakayiné) fréquentés par les commerçants du Nigeria et de la région de Tahoua, qui favorise la vente et la revente des différents produits locaux et accentuant le développement de ces activités. A côté de ces deux marchés, la commune possède également d'autres marchés secondaires : Walwala et Akoira.

30

Figure 1 : Localisation de la zone d'étude

31

2.2 : METHODOLOGIE

2.2.1 : Recherche bibliographique

Fondement de toute recherche scientifique, la recherche bibliographique a permis de faire un état de lieux des études faites au Niger sur l'analyse de l'insécurité alimentaire. Ce qui a nécessité la fréquentation des différentes bibliothèques, les centres de documentation mais également sur Internet.

2.2.2: Outils de collecte de données

La méthode utilisée pour la collecte des informations quantitatives et qualitatives permettant de mieux élucider notre sujet a été construite autour de trois principaux instruments : le questionnaire, les entretiens et l'exploitation des documents cartographiques. La phase d'enquête a été effectuée au moment de la visite de terrain. Pour ce faire, deux camps de terrain ont été organisés : le 1er du 15 juillet au 15 Août et le second du 02 au 12 Septembre 2011.

2.2.2.1 : Questionnaire

Il a concerné les chefs des ménages et a permis de collecter des informations sur des aspects fondamentaux de l'insécurité alimentaire notamment les données sur l'économie alimentaire des ménages (sources de revenus, consommation alimentaire...), les stratégies développées, etc. Au total quarante cinq (45) chefs de ménage (34 hommes et 11 femmes) ont été enquêtés. Il faut noter également que ce questionnaire a pris en compte toutes les composantes ethniques de la commune. Ainsi, 36 Haoussa, 5 Peulh et 4 Touareg (Bouzou) ont été questionnés.

2.2.2.2 : Entretiens

Le guide d'entretien élaboré à l'occasion de cette étude est adressé aux chefs de villages, personnes ressources, agents de santé, élevage, agriculture, et vise à fournir des indicateurs relatifs aux campagnes agro-pastorales, l'expérience des crises alimentaires et aux multiples problèmes auxquels sont confrontés les paysans. Au total, trois chefs de villages (Makourdi, Balessa, Angoual Kara), l'animateur de l'ONG ABC Ecologie (Dogonkiria), le maire de Dogonkiria, les agents d'agriculture (Soukoukoutane et Dogonkiria), le Directeur Départemental de l'Agriculture, le coordonnateur départemental du Catholique Relief Service (CRS) et autres personnes ressources ont été interrogés.

2.2.2.3: Documents cartographiques

Les sources cartographiques utilisées dans cette recherche sont entre autres :

La carte géomorphologique simplifiée du département de Dogondoutchi au 1/500000. Source : Carte topographique IGN /Ministère du Plan et de la Planification Régionale, Décembre 1986. Elle a permis d'identifier et de caractériser les différentes unités géomorphologiques de la zone : sous zone dune et plaine sablonneuse, sous zone vallée sablonneuse et plateaux.

La carte pédologique simplifiée du département de Dogondoutchi. Obtenue au Ministère du Plan et de la Planification régionale. C'est un document riche en

32

information sur la typologie des sols dans la zone : sols ferrugineux tropicaux peu lessivés, sols brun rouge subarides et sols minéraux bruts.

2.2.3: Choix des indicateurs

La construction et le choix des indicateurs ont été faits sur la base d'une enquête préliminaire menée à l'endroit des ressortissants de la commune rurale de Dogonkiria résidant ou de passage à Niamey. Ainsi, quinze (15) personnes dont 7 étudiants, 3 fonctionnaires et 5 exodants ont été interrogés. Les indicateurs d'alerte ont été définis à l'échelle communale et les indicateurs de stratégies de survies à l'échelle des ménages. Ces indicateurs de stratégies de survies prennent également en compte les cinq(5) stratégies centrales de consommation alimentaire d'une Evaluation de Sécurité Alimentaire en Situation d'Urgence (en anglais EFSA) du Programme Alimentaire Mondial (PAM) mais aussi des indicateurs de l'Institut National de Statistique et du Système d'Alerte Précoce (INS/SAP, 2008 et 2009). Au total dix(10) indicateurs ont été retenus sur la base des critères socioculturels et économiques. Enfin, sur le terrain, des discussions avec les responsables des différents services techniques départementaux et communaux mais aussi avec les paysans ont permis de valider ces indicateurs.

2.2.3.1 : Fréquence

Le système de calcul de stratégie de survie d'un ménage utilisé prend en compte à la fois celui de l'INS/SAP et du PAM. Ainsi, une stratégie de survie utilisée chaque jour a une note brute de 7 points ; souvent : 4,5 points ; rarement : 1,5 point. Une stratégie qui n'est pas utilisée reçoit une note brute de zéro point.

2.2.3.2 : Note de sévérité

Les stratégies de survie développées par les ménages en période de pénuries alimentaires sont variables. Certaines stratégies sont plus mauvaises que d'autres. C'est pourquoi un système de pondération est utilisé selon une échelle de 1 à 4 et qui détermine le poids de sévérité d'une stratégie.

2.2.4: Méthodes d'analyse

Elles englobent à la fois l'ensemble des logiciels utilisés au cours de cette recherche, le choix des villages échantillons ainsi que les ménages enquêtés.

2.2.4.1 : Logiciels

Les logiciels qui ont été utilisés dans cette étude sont entre autres: EXCEL pour les représentations graphiques; SPSS pour le traitement et l'analyse des données et ARC GIS 3.10 et Quantum GIS 1.7.1 pour la réalisation des cartes.

2.2.4.2 : Zonation

Faute d'obstacle naturel marqué permettant d'identifier les différentes sous zones géographiques, il a été procédé à une zonation selon les moyens de subsistance. En effet, une zone de moyens de subsistance correspond à une région relativement homogène et distincte des autres régions voisines en termes de production principale de nourriture, d'activités génératrices de revenus (AGR), de pratiques culturelles et de risques affectant la sécurité

33

alimentaire (PAM, 2005). Sur cette base, la commune a été scindée en trois zones (Figure 1). La zone 1 ou Grand Nord est un espace de production pure du mil et du sorgho et couvre plus de la moitié de la superficie totale de la commune. La zone 2 ou zone centre est une aire de forte production de voandzou mais aussi d'association de niébé avec les principales spéculations que sont le mil et le sorgho. Cet ensemble s'identifie également par la production du pain du Jujubier ou Ziziphus mauritiana localement appelé « AKKOURI ». Enfin, la zone 3 ou zone Sud qui se caractérise par sa forte production en arachide en dehors des céréales.

2.2.4.3 : Choix des villages échantillons

Le choix des villages échantillons est fait en fonction de leur position par rapport à la RN36. Ce qui a réduit les coûts de transports. Ainsi, un village a été retenu pour chaque zone.

2.2.4.4: Choix des enquêtés

Le choix des ménages échantillons a été fait en fonction du nombre total des ménages des villages. En effet, sur la base des données de l'INS (2006), 435 ménages ont été recensés pour l'ensemble des trois villages. Ainsi, 10% des ménages pour chaque village ont été choisis pour la réalisation de cette étude. Le tirage des ménages a été fait de manière aléatoire. Au total, 45 ménages ont été enquêtés repartis comme suit : Makourdi (9) ; Balessa (19) et Angoual Kara (17). L'étude a également pris en compte la question du genre et tous les différents groupes ethniques de la zone.

2.2.4.5: Dépouillement

Le traitement des données a été fait avec le logiciel SPSS. Ce qui a permis de produire des tableaux, des analyses croisées et des caractéristiques statistiques.

2.3 : Difficultés rencontrées

Comme tout travail de recherche scientifique, celui-ci n'a pas été mené sans aucune difficulté. En effet, l'un des handicaps liés à cette étude est celui de l'inexistence d'indices standards pour l'analyse de l'insécurité alimentaire. On était obligé de faire le tri de tous les éléments qui peuvent avoir une influence sur l'insécurité alimentaire. A la fin, seuls les indices de l'INS et du PAM ont été retenus et ils ont servi de base pour construire notre indicateur. Le deuxième problème est celui du manque d'un logiciel adéquat pour le calcul de cet indicateur. Il a fallu faire le calcul manuel pour ensuite introduire les données dans SPSS pour la production des moyennes, des minimas et des maximas de l'indice de stratégie de survie (ISS).

34

Figure 2 : Carte de la zonation de la zone d'étude

35

Deuxième partie : Résultats et discussion

36

Chapitre III : Etude de l'insécurité alimentaire :
analyse rétrospective des facteurs et conséquences

Pour mieux cerner cette question d'insécurité alimentaire nous nous sommes permis de faire un survol des paramètres qui font naitre et entretenir ce phénomène. Il s'agit des paramètres environnementaux (conjoncturels) et socioéconomiques (structurels). Dans un second temps, il sera dégagé les conséquences de cette insécurité alimentaire sur la population.

3.1 : Les facteurs de l'insécurité alimentaire

Ces facteurs que Balla, et al. (2008) appellent les déterminants de l'insécurité alimentaire concernent notamment les caprices climatiques, les attaques périodiques des cultures par les ennemis, les techniques de production archaïques, le faible pouvoir d'achat des paysans, etc.

3.1.1 : Les facteurs environnementaux 3.1.1.1 : L'irrégularité des précipitations

Les précipitations constituent l'un des principaux facteurs déterminants l'insécurité alimentaire dans la zone. En effet, l'excès ou le déficit des pluies selon le stade de croissance des cultures est préjudiciable pour une bonne récolte. Dans la zone d'étude, ce sont surtout l'insuffisance et la mauvaise répartition des pluies qui constituent la principale entrave pour les paysans. La figure 3 illustre les variations interannuelles de précipitations au cours des trente (30) dernières années.

Figure 3 : Evolution de la pluviométrie à la station de Dogonkiria

Il ressort de cette figure que, de 1981 à 2010 la moyenne pluviométrique est de 368,08 mm, une moyenne qui cache des grandes disparités interannuelles. Ainsi, l'année 1994 est celle qui a été la plus humide avec excédent 225,92 mm tandis que l'année 2008 est celle qui a été la

37

plus sèche avec un déficit de 152,08 mm. Au total 13 années sont excédentaires contre 17 années déficitaires.

3.1.1.2 : Les ennemis de culture

L'une des entraves à la bonne récolte dans la zone d'étude est également liée aux attaques périodiques des ennemis de culture. C'est le cas également de cette année 2011 où les champs paysans ont été envahis par les sauteriaux et les chenilles mineuses des épis surtout dans la partie Nord et centrale de la commune.

3.1.1.3 : L'appauvrissement et l'amenuisement de la réserve foncière.

La quasi-totalité des paysans enquêtés affirment que leurs champs ne produisent plus la même quantité des productions qu'ils récoltaient auparavant. Cela est dû à la baisse de fertilité des champs exploités. A cela s'ajoute l'émiettement des champs de culture du fait de l'éclatement des structures sociales lié à l'individualisme. En effet, les jeunes d'aujourd'hui veulent beaucoup plus être indépendants. Ce qui les amène à quitter la grande famille pour exploiter leurs propres champs. En effet, sur un potentiel de 71 champs disponibles pour les 45 personnes enquêtées 61 sont exploités soit un taux d'exploitation de 86%.

3.1.2 : Les facteurs socioéconomiques

3.1.2.1 : Le système de production

3.1.2.1.1 : Les matériels et techniques agricoles.

Les moyens de production paysans de la zone sont inadaptés à la situation actuelle : utilisation de la hilaire, daba, etc. Même si, ce dernier temps on note une utilisation des moyens modernes. En effet, sur un total de 45 ménages, 16% (7) seulement utilisent soit la charrue bovine ou asine. De plus, 100% des ménages font recours aux engrais organiques pour améliorer la fertilité de leurs champs contre 13% (6) pour les engrais minéraux.

3.1.2.1.2 : Les espèces et variétés cultivées

Dans la zone d'étude, les principales espèces cultivées concernent les cultures céréalières (mil, sorgho) et les cultures de rente (arachide, niébé, voandzou). Le tableau 6 donne une illustration des espèces et des variétés cultivées.

Tableau 6 : Espèces et principales variétés cultivées

Espèces

Mil

Sorgho

Niébé

Arachide

Voandzou

Pennisetum thyphoides

Sorghum bicolor

Vigna

unguiculata

Arachis hypogea

Voangzae subterraneca

Variétés Modernes

HKP,ICMV IS-99001, ZATIB, SOSAT-88,GB-8735

IRAT, MOTA- Maradi, SSD- 32

KVX, IT-90,

TN-5-78

RRD, 55437

/

Variétés locales

Guéro, Guerguéra,

Bakin Iri,
Maiwa

Baka Dawa,

Jan Dawa

Farin Waké,

Jan Waké,

Dan Zahi

/

Jaka, Baka

Ba.

38

A coté de ces cultures, on note également la présence des espèces suivantes: Hibiscus sarbdarifa (Oseille), Hibiscus cannabicus (Rama), Lagenaria sp (Calebasses), Manihot esculentus (Manioc), etc.

Les photos 1, 2, 3 et 4 donnent une illustration des principales cultures.

Photo 1: Sorghum bicolor (Sorgho) Photo 2: Pennisetum thyphoides (Mil)

Photo 3: Vigna unguiculata (Niébé) Photo 4 : Arachis hypogea (Arachide)

3.1.2.1.3 : L'association et rotation de culture

Les principales associations de culture rencontrées sont les suivantes :

Mil-sorgho-niébé ; Arachide-sorgho ; Mil-arachide ; Sorgho-rama ; Mil-oseille ; etc.

39

3.1.2.2 : Le poids des inactifs

Les résultats de notre enquête font ressortir clairement que les personnes à charges constituent un véritable poids pour une autonomie alimentaire des ménages ruraux. En effet, 154 actifs agricoles ont en charge 488 inactifs (Tableau 7).

Tableau 7: Rapport actifs agricoles-personnes à charge

 

Minimum

Maximum

Moyenne

Ecart-type

Total

Actifs agricoles

1

10

3,42

2,03

154

Personnes à

charge

3

22

10,84

4,95

488

Il ressort de ce tableau, que chaque actif agricole a en charge 3 personnes en moyenne et dont le minimum est de 3 et le maximum 22. Cette surcharge entraine un déficit chronique.

Le taux de couverture alimentaire et les niveaux d'insécurité alimentaire correspondants sont présentés dans la figure 4.

Figure 4 : Taux de couverture alimentaire annuel et niveaux d'insécurité alimentaire correspondants

L'analyse de cette figure fait ressortir que la population de la zone d'étude est de plus en plus dans une situation d'insécurité alimentaire. En effet, 60% des personnes enquêtées soit les 3/5 ont un taux de couverture alimentaire de 2 à 3 mois contre 9% pour 12 mois et plus.

Les niveaux d'insécurité alimentaire correspondants à ce taux de couverture alimentaire montrent que les 3/5 de la population enquêtée étaient confrontées à une insécurité alimentaire sévère, 16% pour une insécurité alimentaire modérée. Neuf (9%) seulement assurent leur sécurité alimentaire, ce qui montre la récurrence de ce phénomène dans cette zone.

40

L'analyse de la figure a également permis de déterminer le degré de l'insécurité alimentaire dans la zone. Cependant, ce taux de couverture alimentaire est variable selon les zones (tableau 8).

Tableau 8 : Taux de couverture alimentaire annuel

Stock

alimentaire (mois)

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de ménage

Proportion

Nombre de ménage

Proportion

2-3

5

56%

12

63%

10

59%

4-5

1

11%

1

5%

5

29%

7-9

2

22%

3

16%

1

6%

10-11

0

00%

1

5%

0

00%

12 et +

1

11%

2

11%

1

6%

Total

9

100%

19

100%

17

100%

Ce tableau montre pour chaque zone environ 60% des ménages ont un taux de couverture alimentaire de 2 à 3 mois. Ce tableau fait ressortir également que 1 à 2 ménage pour chaque zone seulement est en sécurité alimentaire.

3.1.2.3 : Les dépenses des ménages

Les dépenses des ménages à la fin des récoltes constituent également une des causes structurelles de l'insécurité alimentaire. Il s'agit des cérémonies (mariages, baptêmes, etc.), jeux des cartes, courses des chevaux, etc. La particularité de cette zone c'est que les jeunes en âge de nuptialité ont une mauvaise pratique qui fait qu'à la fin des campagnes agricoles, les parents doivent vendre une part de leurs productions pour leur trouver des conjointes. Ce qui constitue un véritable déstockage pour tous les ménages concernés.

3.2 : Les conséquences socioéconomiques de l'insécurité alimentaire 3.2.1 : Le morcellement des exploitations

L'insécurité alimentaire entraine souvent des conflits au sein des ménages. Ce qui oblige certains membres à quitter la grande famille. Cette situation amène le morcellement de la réserve foncière. De plus, compte tenu du nombre de plus en plus croissant des personnes, en cas de décès du chef de ménage, le partage de l'héritage amenuise la réserve foncière.

3.2.2 : La disparition des anciens réseaux de solidarité

La fréquence et le degré de gravité de l'insécurité alimentaire ces dernières décennies ont eu comme conséquence l'anéantissement des anciens mécanismes paysans de prévention des difficultés alimentaires. En effet, tous les paysans sont unanimes que les multiples insécurités alimentaires dans la zone ont entrainé la disparition des greniers familiaux, les greniers villageois et l'affaiblissement de la solidarité intra et inter villageoise.

3.2.3 : L'accroissement des dynamiques inégalitaires

En lieu et place des anciens mécanismes de solidarité, fait place une petite bourgeoisie qui profite des problèmes alimentaires à travers des prêts alimentaires remboursables au double

41

après les récoltes. Cette situation accentue les inégalités en défavorisant davantage les couches vulnérables.

3.2.4 : L'érosion des biens et l'ébranlement des ménages

L'une des conséquences de l'insécurité alimentaire est l'érosion des biens et l'ébranlement des ménages. Elle se traduit par l'affaiblissement des capacités de réponses des paysans, une décapitalisation du cheptel et une dépossession des biens des différents ménages concernés. A cela s'ajoute l'endettement et la pratique des activités inhabituelles.

3.3 : Analyse rétrospective des problèmes alimentaires de 1990 à 2010 3.3.1 : Mémoires paysannes des problèmes alimentaires

Sur la base des témoignages paysans, les populations de la zone ont fait face à plusieurs problèmes alimentaires de 1990 à 2010 (Tableau 9). Ces derniers ont reçu diverses appellations selon leur gravité. Ainsi, il a été dénombré sept (7) problèmes alimentaires.

Tableau 9 : Chronologie des problèmes alimentaires dans la zone

Année

Appellation locale

Signification

Commentaires

1991

/

/

Insuffisance et

mauvaise répartition de la pluviométrie dans le temps et dans l'espace

1994

/

/

Invasion acridienne

massive

1998

Chafaâtou/Mai mayahi

Qui signifie une fille

voilée et qui couvre
tout le monde avec son voile

Sécheresse et attaques acridiennes

2001

Dan Gari

Qui signifie se nourrir

avec la farine de
manioc

Sécheresse et invasion acridienne

2005

Karé Kwazonka

Qui signifie la limite des débrouillardises

Sécheresse et invasion acridienne

2008

/

/

Insuffisance et

mauvaise répartition de la pluviométrie

2010

Inga Kariaka Maï Guida

Qui signifie quelque

soit tes efforts, je te
viendrai à bout

Sécheresse et invasion acridienne

Source : enquêtes, 2011

3.3.2 : Indice fréquentiel de risque (IFR)

Dans le système actuel de détermination du danger, le risque d'insécurité alimentaire est défini comme « la fréquence la plus probable de l'insécurité alimentaire sur un territoire donné, pour une période donnée ». Il est déterminé en fonction de nombres d'insécurités alimentaires répertoriées durant une période d'observation donnée. Cette méthode de calcul de l'IFR s'inspire des travaux de Ouahiba, Arzeki (2010), qui est applicable à cette recherche. L'indice fréquentiel d'insécurité alimentaire sera donc :

42

Fi= a/?ni

Fi est la fréquence annuelle d'insécurité alimentaire ; ni= le nombre d'années d'insécurité alimentaire pour une période d'observation et a= le nombre d'années de la période d'observation.

Ainsi : ni= 7 ans ; a= 20 ans

Fi=20/7=2,85 Fi= 2,85 ans

L'Indice fréquentiel de risque d'insécurité alimentaire de la zone d'étude pour la période d'observation de 20 ans est d'environ 3 ans. Cependant, il a été constaté que l'insécurité alimentaire est entrain de changer d'échelle de puis les années 2000.

En somme, ce chapitre montre l'inefficacité du système de production paysan de la zone d'étude dans ce contexte d'insécurité alimentaire. Ainsi, sur les 45 ménages enquêtés, 13% seulement utilisent les engrais minéraux pour leurs champs pour 16% pour la charrue asine ou bovine. D'où les déficits chroniques des campagnes agricoles, car 3/5 des ménages ont un taux de couverture alimentaire de 2 à 3 mois. Ces résultats confirment notre hypothèse : Les populations de cette zone sont de plus en plus dans une situation d'insécurité alimentaire

Chapitre IV : Analyse des indicateurs et les stratégies paysannes d'adaptation à l'insécurité alimentaire

Dans ce chapitre, il sera mis en évidence, les différents indices matériels et immatériels qui, avant, pendant, ou après les campagnes agricoles orientent les décisions alimentaires des ménages paysans. Il sera également mis en exergue, les indicateurs de manifestation de l'insécurité alimentaire. Il a été également retracé les mécanismes paysans de prévention et de gestion de ce phénomène.

4.1 : ANALYSE DES INDICATEURS PAYSANS DE L'INSECURITE ALIMENTAIRE

4.1.1 : Rôle des indicateurs

Les indicateurs de l'insécurité alimentaire englobent l'ensemble des éléments qui permettent de mieux prévenir ce phénomène mais aussi de bien mesurer son degré de sévérité (figure 5).

Agir

Définir

 

Mesurer

 

43

Figure 5 : Rôle des indicateurs

Les différentes articulations de cette figure montrent le rôle des indicateurs. Ainsi, les indicateurs de stratégies permettent en cas de survenance de l'insécurité alimentaire de bien mesurer le niveau de gravité de ce phénomène afin de mieux agir. Les indicateurs de stratégies de survie orientent donc les décisions.

4.1.2 : Les indicateurs d'alerte

Les indicateurs d'alerte regroupent l'ensemble des éléments qui peuvent orienter de manière préventive les décisions alimentaires des paysans. Il s'agit des bio indicateurs végétaux, des bio indicateurs animaux et des bio indicateurs humains. C'est pourquoi en période d'insécurité alimentaire les ménages qui soufrent le plus sont ceux qui n'ont pas pu anticiper leurs actions. Ainsi plus les ménages appliquent ces indicateurs plus ils sont moins vulnérables à l'insécurité alimentaire.

44

4.1.2.1 : Les bio indicateurs végétaux

Les paysans de la communauté rurale de Dogonkiria ont depuis longtemps défriché les forêts pour les mettre en valeur, conservant certaines espèces utiles. Au nombre de ces espèces qui bénéficient de ce privilège figurent Sclerocarya birrea, Combretum nigricans, Combretum glutinosum, etc.

4.1.2.1.1 : Sclerocarya birrea (Danya)

Sclerocarya birrea (photo5) est une espèce végétale bien surveillée par les populations locales car elle entre dans leur calendrier cultural. Ainsi, sa période de floraison mérite beaucoup d'attention de la part des paysans. Plus la période de floraison est précoce, plus les paysans pensent que les pluies seront précoces. Au contraire, si les fleurs apparaissent tardivement, les paysans pensent que l'année sera difficile.

Photo 5: Sclerocarya birrea

4.1.2.1.2 : Combretum nigricans (Tsiriri)

Combretum nigricans (photo 6) est également une espèce végétale que les paysans locaux ont intégré dans leur calendrier cultural. A ce niveau, c'est la période de renouvellement des feuilles qui porte un intérêt pour les paysans. Il faut le rappeler cette espèce renouvelle ses feuilles en période sèche. Ainsi, pour les paysans, si cette espèce commence à renouveler ses feuilles précocement, l'installation de la campagne agricole sera précoce. Par conséquent, l'année sera bonne car une campagne agricole, pour eux, se mesure à travers sa durée et la pluviométrie. Enfin, une situation inverse s'observera en cas de retard.

45

Photo 6 : Combretum nigricans

4.1.2.1.3 : Combretum glutinosum (Taramnia)

Combretum glutinosum (photo 7) est également l'une des espèces qui sert de référence de bonne ou de mauvaise campagne agricole pour les paysans. Ainsi, pour les paysans la période de défeuillage est suivie d'une attention particulière. Lorsque les feuilles tombent autour d'un petit rayon du pied de l'arbre, cela peut signifier que la campagne agricole sera précoce. Au contraire, lorsque les feuilles tombent autour d'un large rayon du pied de l'espèce, cela est synonyme d'une saison tardive pour les paysans.

Photo 7 : Combretum glutinosum

46

4.1.2.2 : Les bio indicateurs animaux

Comme pour le cas des espèces végétales, certaines espèces animales jouent un rôle important dans le calendrier cultural des paysans. C'est le cas de Ciconia abdimii, Acarien rouge et l'oiseau « bardo ».

4.1.2.2.1 : Ciconia abdimii (Chamoua=la cigogne d'abdim)

Ciconia abdimii est un oiseau migrateur et dont la période de migration est pleine de signification pour les agriculteurs. En effet, cet oiseau effectue ses migrations à la veille des campagnes pluviales. C'est pourquoi, pour les paysans locaux l'arrivée précoce de cet oiseau est synonyme de précocité d'une campagne agricole. Au contraire, son retard est interprété comme une campagne agricole tardive et courte et qui annonce une année difficile. De tous les bio indicateurs animaux, Ciconia abdimii bénéficie plus d'attention pour les paysans.

4.1.2.2.2 : Acarien rouge (Akouchin Allah)

Issu de la famille des acariens, Akouchin Allah est également un indicateur d'alerte de bonne ou de mauvaise campagne agricole pour les paysans. En effet, pour les paysans locaux une campagne agricole se rate dès le semis. C'est pourquoi, pour les paysans dès les premières pluies de semis, lorsqu'on constate l'apparition en quantité importante de Akouchin Allah, cela est interprété comme annonceur d'une bonne saison agricole. L'inverse se produira en cas d'insuffisance de cet acarien.

4.1.2.2.3 : Oiseau « bardo »

Bardo (du groupe des tourterelles) est aussi un bio indicateur paysan de bonne ou de mauvaise campagne agricole. Ici c'est la période de fécondation qui présente un intérêt pour les paysans. En effet, cet oiseau à la veille des activités champêtres confectionne ses nids selon une altitude basse, cela peut signifier que l'installation de la campagne sera précoce. Ce qui oriente, les décisions agricoles des paysans en fonction de la précocité ou non de la campagne agricole mais aussi de gestion du stock alimentaire.

4.1.2.3 : Les bio indicateurs humains

Les paysans de notre zone d'étude se servent également d'indices humains pour prévoir une année difficile ou non. Il s'agit notamment de la nuptialité, de la fécondité et de la main d'oeuvre agricole.

4.1.2.3.1 : La nuptialité annuelle

A ce niveau, c'est le taux de mariage annuel qui porte une signification pour les paysans. En effet, à la fin de chaque campagne agricole, les paysans profitent de leurs récoltes pour marier leurs enfants. Or, chaque mariage a un coût car il nécessite beaucoup de dépenses. C'est pourquoi, les paysans pensent que lorsqu'on enregistre un taux de mariage important cela est annonceur d'une année difficile car les mariages provoquent l'érosion des moyens de productions. Faut-il le rappeler que dans cette zone, les jeunes ont la tradition de se marier toujours avec la vente des productions agricoles.

47

4.1.2.3.2 : La fécondité annuelle

A l'instar des mariages, les cérémonies de baptême engendrent également un coût. En milieu rural, chaque cérémonie vous affecte directement ou indirectement et nécessite une contribution (financière ou en nature). L'accumulation des baptêmes réduit les capacités d'anticipation, accroit la vulnérabilité et ébranle les moyens de production. Or, lorsqu'un paysan est dépourvu de ses moyens de production, les capacités de cultiver des superficies importantes sont réduites et du coup l'insécurité alimentaire devient la règle.

4.1.2.3.3 : La cherté de la main d'oeuvre agricole

La productivité de chaque campagne agricole (en plus des autres paramètres) dépend de la disponibilité de la main d'oeuvre agricole. C'est pourquoi, la cherté de cette dernière a un impact négatif sur le bilan céréalier annuel. Car les pauvres ne peuvent s'en servir et les nantis pas assez. Cette situation est due à la rareté de cette ressource et peut être comme synonyme d'une mauvaise campagne. C'est le cas illustratif de l'année 2011 où le salariat agricole journalier a couté entre 2500 et 3000 Fcfa par personne. Ce qui a découragé beaucoup de paysans occasionnant un déficit sur les superficies totales emblavées.

Il faut noter que tous ces indices sont des éléments matériels qui orientent les actions du paysan. C'est pourquoi en période d'insécurité alimentaire les ménages qui soufrent le plus sont ceux qui n'ont pas pu anticiper leurs actions. Ainsi, plus les ménages prennent en compte ces indicateurs moins ils sont vulnérables à l'insécurité alimentaire. Néanmoins, même si les paysans reconnaissent l'utilité de ces indicateurs beaucoup pensent que, personne (en dehors de Dieu) ne peut prévoir avec certitude ce que sera une campagne agricole.

Il faut noter que les indicateurs d'alerte ont été définis à l'échelle communale c'est pourquoi, il n'a pas été procédé à une répartition par zone.

4.1.3 : Les indicateurs de stratégies de survies

Les stratégies de survie regroupent l'ensemble des démarches adoptées par les ménages pour faire face à une insécurité alimentaire. Ce sont des indices matériels de manifestation et de mesure de l'insécurité alimentaire. Dans le cadre de cette étude, dix (10) stratégies ont été retenues afin de calculer l'indice de stratégies de survie. C'est un indice qui permet de déterminer le niveau de vulnérabilité des ménages mais aussi le niveau de risque menaçant les vies et/ou les moyens de subsistance au niveau des ménages.

4.1.3.1 : Les stratégies de consommation alimentaires

Les stratégies de consommation alimentaire regroupent l'obligation de manger certains moins préférés, la diminution de la ration alimentaire, la limitation de la consommation des adultes au profit des petits, faire manger les membres actifs du ménage aux dépens des inactifs et l'achat de nourriture à crédit.

4.1.3.1.1 : Obligation de manger certains aliments

La consommation de certains aliments tels que le son des céréales, les espèces végétales sauvages, etc. ne devient un indice d'insécurité alimentaire qu'en cas d'obligation. C'est la stratégie la plus utilisée par les ménages car 100% des ménages enquêtés affirment avoir

48

utilisé cette stratégie. Le tableau 10 donne une idée des espèces sauvages consommées en période d'insécurité alimentaire.

Tableau 10 : Utilisation des espèces végétales en période d'insécurité alimentaire

Espèces

Feuilles ou fleurs

Fruits

Gousses

Noms locaux

Balanites aegyptiaca

+

 
 

Adoua

Citrullus sp

 

+

 

Gouna

Maerua crassifolia

+

 
 

Jiga

Sclerocarya birrea

+

+

 

Danya

Leptadenia hastata

+

 
 

Yadia

Annona senegalensis

 

+

 

Godda

Cadaba farinosa

+

 
 

Bagay

Grewia flavescens

 

+

 

Kamomoua

Digitaria sp

 

+

 

Sapé

Boscia senegalensis

 
 

+

Anza

Source : nos enquêtes, 2011

4.1.3.1.2 : Diminution de la ration alimentaire

Diminuer la nourriture, en consommer des petites quantités, diminuer la variété de l'alimentation sont également des stratégies adoptées par les ménages en période d'insécurité alimentaire. Cette stratégie est conduite par la quasi-totalité des ménages car 98% des enquêtés affirment avoir utilisé cette stratégie.

4.1.3.1.3 : Limitation de la consommation des adultes au profit des petits

Limiter la consommation alimentaire des adultes pour que les petits puissent manger est également une stratégie que les ménages adoptent en période de difficulté alimentaire. Elle est utilisée par 87%. Cette stratégie montre également que l'insécurité alimentaire est différemment vécue à l'échelle de ménage.

4.1.3.1.4 : Faire manger les membres actifs du ménage aux dépens des inactifs

Cette stratégie est le plus souvent utilisée en période d'activité agricole et concerne surtout le Petit déjeuner. Elle est développée par 71% des personnes enquêtées.

4.1.3.1.5 : Achat de la nourriture à crédit

Acheter la nourriture à crédit est aussi une stratégie développée par les ménages en période de difficulté alimentaire. Elle est utilisée par 49% des ménages enquêtés. Cette stratégie présente un inconvénient de porter un risque à l'érosion et à l'ébranlement des moyens de subsistance.

L'analyse des stratégies de consommation alimentaire édifie donc sur les démarches adoptées par les ménages pour se procurer de la nourriture. Ainsi, la figure 6 récapitule le degré d'utilisation de ces stratégies à partir de notre échantillon d'étude.

49

Figure 6 : Stratégies de consommation alimentaire

Il ressort de cette figure que sur les 45 chefs de ménages enquêtés, 100% des ménages ont recouru à la consommation des aliments moins préférés, 98% pour la diminution de la ration alimentaire, 87% pour la limitation de la consommation des adultes au profit des petits, 71% qui font manger les membres actifs aux dépens des inactifs et 49% pour l'achat de nourriture à crédit. Cette figure montre aussi que même les ménages dits en sécurité alimentaire ont utilisé parfois la stratégie de la consommation des aliments moins préférés pour gérer leur stock alimentaire. Mais les résultats par zone sont présentés dans le tableau 11.

Tableau 11: Stratégies de consommation alimentaire

Stratégies de survie

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de ménage

Proportion

Nombre de ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

L'obligation de manger certains aliments

9

100%

19

100%

17

100%

Diminution de la ration alimentaire

9

100%

19

100%

16

94%

Limitation de la consommation des adultes au profit des petits

9

100%

15

79%

15

88%

Faire manger les membres actifs aux dépens des petits

6

67%

14

74%

12

71%

50

Achat de la nourriture à crédit

 

3

33%

11

58%

8

47%

L'analyse de ce tableau montre que l'utilisation de stratégies de consommation alimentaire est variable d'une zone à une autre. Ainsi par exemple, pour la zone 1, 33% des ménages ont utilisé l'achat de nourriture à crédit comme stratégie de survie face à l'insécurité alimentaire ; 58% pour la zone 2 contre 47% pour la zone 3.

4.1.3.2 : Les stratégies économiques

Les stratégies économiques sont : la vente des biens de production (bétail, matériels agricoles, etc.) et la fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales.

4.1.3.2.1 : La vente des biens de production

La vente des animaux, des matériels agricoles, etc. est une stratégie d'insécurité alimentaire développée par les ménages pour se procurer des ressources financières afin d'acheter de la nourriture. Elle est adoptée par 100% des ménages, mais c'est une stratégie qui présente un risque car elle met en péril les moyens de subsistance.

4.1.3.2.2 : La fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales

Cette stratégie est utilisée par 29% des ménages. Elle est surtout utilisée par les femmes bouzou et les vielles femmes haoussa. Elle consiste à déterrer les fourmilières et les aires de battage de céréales (mil ou sorgho) pour se procurer quelques grains de Digitaria sp ou de mil, sorgho qui sont consommés ou vendus pour être convertis à d'autres services. Une femme témoigne pour la fouille des fourmilières qu'elle peut gagner 4 à 5 mesures (tia) de Digitaria sp ou de mil par sortie et avec cette stratégie, elle arrive à gérer sa situation alimentaire. La figure 7 illustre le niveau d'utilisation des stratégies économiques.

Figure 7 : Stratégies économiques identifiées

Il ressort de cette figure que 96% des ménages enquêtés ont utilisé la vente des biens de production comme mécanisme de gestion de l'insécurité alimentaire, 29% pour la fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales. En ce qui concerne la répartition par zone, elle est présentée dans le tableau 12.

51

Tableau 12 : stratégies économiques

Stratégies de survie

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

La vente des biens de production

9

100%

18

95%

16

94%

La fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales

3

33%

5

29%

13

13%

L'analyse de ce tableau montre que la répartition entre les zones des stratégies économiques est variable d'une zone à une autre. Ainsi, pour la zone 1, 100% et 33% des ménages utilisent respectivement la vente des biens de production et la fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales ; 95% et 29% pour la vente des biens de production et des aires de battage des céréales pour la zone 2 tandis que pour la zone 3, 94% des ménages ont fait recours à la vente des biens de production contre 13% seulement pour la fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales.

4.1.3.3 : Les stratégies non alimentaires

Les stratégies sociales sont les suivantes : se passer des services sanitaires, passer la nuit ou la journée sans manger et l'exode inhabituel.

4.1.3.3.1 : Se passer des services sanitaires

Se passer des soins sanitaires est une stratégie développée par certains ménages pour faire face à l'insécurité alimentaire. Elle vise à orienter toutes les dépenses du ménage vers les besoins alimentaires. Elle est utilisée par 16% des ménages. Cette stratégie est surtout développée par les ménages extrêmement vulnérables. C'est également une stratégie qui peut exposer la vie de certains membres de ménage.

4.1.3.3.2 : Passer la nuit ou la journée sans manger

Passer la nuit ou la journée sans manger est une stratégie que certains ménages utilisent pour faire face à l'insécurité alimentaire. C'est également une stratégie qu'utilisent des ménages extrêmement vulnérables. Elle est utilisée par 16% des ménages.

4.1.3.3.3 : Exode inhabituel

L'exode ne devient un indicateur d'insécurité alimentaire que lorsqu'il est inhabituel. Cette stratégie consiste à envoyer certains membres du ménage dans les gros villages, villes ou même à l'étranger pour la quête des ressources financières ou en nature pour subvenir aux besoins du ménage. Elle est utilisée par 49% des ménages. La figure 8 donne une idée de l'utilisation de ces stratégies.

52

Figure 8 : Stratégies non alimentaires

Cette figure fait ressortir que 49% des ménages ont adopté comme stratégies de survie l'exode inhabituel face à l'insécurité alimentaire contre 16% qui ont passé la nuit ou la journée sans manger et se sont passés des services sanitaires. Toute fois, la répartition par zone est la suivante (Tableau 13)

Tableau 13: Stratégies non alimentaires

Stratégies de survie

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Se passer des services sanitaires

0

00%

7

37%

0

00%

Exode inhabituel

5

56%

8

42%

9

53%

Passer la nuit ou la journée sans manger

0

00%

6

32%

1

6%

On retient de ce tableau que, seule dans la zone 2 où les trois stratégies sociales ont été utilisées. Quant à la zone 1, seul l'exode inhabituel a été par 56% des ménages.

4.1.3 : L'Indice de Stratégies de Survie (ISS)

L'analyse de toutes les stratégies de survie a permis de produire un indice de stratégies de survie (ISS). Il est calculé pour appréhender les capacités d'adaptation des ménages ainsi que leur vulnérabilité face à l'insécurité alimentaire. Ainsi, on analyse les stratégies de survie (selon leur fréquence et leur gravité) développées par les ménages pour faire face à ce phénomène. La méthode utilisée est celle du PAM et de l'INS/SAP. Elle est donnée par la formule suivante :

ISS=?fini/N où

53

fi : est la fréquence de l'utilisation d'une stratégie. Ainsi, une stratégie utilisée chaque jour a une note brute de 7 points ; souvent : 4,5 points ; rarement : 1,5 point et jamais : 0 point.

ni : est la note de sévérité ou de gravité d'une stratégie. Le poids de sévérité d'une stratégie est déterminé selon une échelle de 1 à 4.

N : est le nombre total de stratégies de survie considérées.

L'ISS synthétise le degré d'exposition des ménages face aux chocs, plus il est élevé plus le niveau de vulnérabilité augmente.

Les ménages qui ont un ISS élevé sont les plus vulnérables et ont une structure de capabiltés faibles. Les objectifs d'un ISS sont comparables avec ceux de DROY et RASOLOFO (2004) dans leurs études sur les approches de la vulnérabilité alimentaire dans le Sud Madagascar. Ainsi, « plus la structure de capabilités est faible et peu diversifiée, moins l'individu est vulnérable ».

La figure 9 illustre le niveau de vulnérabilité des différents ménages la zone d'étude selon l'ISS.

Figure 9 : ISS et niveaux de vulnérabilité correspondants

Il ressort de cette figure que, 9% des ménages ont un ISS compris entre 0-1 correspondant aux ménages non vulnérables ; 29% pour un ISS compris entre 2-3 correspondant aux ménages à risque de vulnérabilité ; 33% pour un ISS compris entre 4-5 correspondant à la vulnérabilité moyenne et 29% pour un ISS entre 6 et+ correspondant à la vulnérabilité extrême.

Le tableau 14 illustre la répartition de l'ISS selon les zones.

54

55

Tableau 14 : ISS par zone

ISS

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

0-1

00

00%

2

10%

2

12%

2-3

2

22%

3

16%

8

47%

4-5

4

45%

8

42%

3

18%

6 et +

3

33%

6

32%

4

23%

Total

9

100%

19

100%

17

100%

De l'analyse de ce tableau, on retient que pour l'ISS compris entre 0-1, les zones 2 et 3 ont sensiblement la même proportion (10% et 12%). Par contre, pour l'ISS compris entre 6 et+, ce sont les zones 1 et 2 qui ont la même proportion (33% et 32%).

4.1.4 : Stratégies de survies et risques sur la vie et/ou les moyens de subsistance

Face à la récurrence et selon le degré de gravité de l'insécurité alimentaire, les ménages ont développé des stratégies de survies qui peuvent mettre la vie à risque et/ou à l'érosion des moyens de subsistance.

4.1.4.1: Stratégies de survie mettant la vie à risque

Les stratégies de survie qui peuvent mettre la vie à risque sont: passer des jours ou des nuits sans manger, réduire les quantités et la qualité de l'alimentation et se passer des services de santé.

4.1.4.2: Stratégies de survie mettant les moyens de subsistance à risque

Les stratégies de survie qui peuvent mettre les moyens de subsistance à risque sont entre autres: se démunir des biens de production, s'endetter excessivement, prolonger l'exode et consommer les stocks de semences.

4.1.5: Les niveaux de gravité des différentes stratégies de survie

On distingue quatre niveaux différents de sévérité des stratégies de survie. L'utilisation de ces stratégies permet de dégager le niveau des risques des ménages à travers les stratégies dites de niveau 1 ; 2, 3 et 4 mais aussi la possibilité pour un ménage de retrouver sa situation initiale après avoir fait face à un choc. Ainsi, plus le ménage fait recours aux stratégies de niveau 4, plus il est exposé dans une situation où la réversibilité est difficile. A l'inverse, plus le ménage utilise les stratégies de niveau 1 et 2, la probabilité de retrouver sa situation initiale sera forte.

4.1.5.1 : Les stratégies de survie de niveau 1

Ce sont les stratégies les plus couramment utilisées par les ménages à risque ou en insécurité alimentaire. Elles se traduisent par la consommation des aliments moins préférés et la diminution de la ration alimentaire (figure 10). Les stratégies de niveau 1 présentent un risque faible sur l'érosion des moyens de subsistance.

Figure 10 : Proportion des ménages utilisant les stratégies de survies dites de niveau1

Il ressort de cette figure que, 100% des ménages font recours à la consommation des aliments moins préférés et 98% des ménages pour la diminution de la ration alimentaire. La quasi-totalité des ménages utilisent les stratégies de niveau 1 parce qu'elles sont la première réaction des ménages à risque ou en insécurité alimentaire. Cependant, la répartition par zone cache une nuance (tableau 15).

Tableau 15 : Stratégies de survie de niveau 1

Stratégies de survie

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

L'obligation de manger certains aliments

9

100%

19

100%

17

100%

Diminution
de la ration
alimentaire

9

100%

19

100%

16

94%

L'analyse de ce tableau révèle que, 100% des ménages utilisent la consommation des aliments moins préférés pour toutes les trois zones, tandis que 100% pour la diminution de la ration alimentaire pour les zones 1 et 2 contre 94% pour la zone 3.

4.1.5.2 : Les stratégies de survie de niveau 2

Ce sont des stratégies utilisées par les ménages en insécurité alimentaire. Elles regroupent les stratégies suivantes : achat de la nourriture à crédit, la fouille des fourmilières et des aires de

56

battage des céréales, l'exode inhabituel. Ces stratégies (figure 11) présentent un risque moyen à l'érosion et à l'ébranlement des moyens de subsistances.

Figure 11 : Proportion des ménages utilisant les stratégies dites de niveau 2

L'analyse de cette figure montre que 49% des ménages utilisent la fouille des fourmilières et l'achat de la nourriture à crédit pour subvenir à leur besoin alimentaire contre 29% pour l'exode inhabituel. Mais le tableau 16 montre qu'il existe une différence entre les zones.

Tableau 16: Stratégies de survie de niveau 2

Stratégies de survie

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Achat de la nourriture à crédit

3

33%

11

58%

8

47%

La fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales

3

33%

5

26%

5

29%

Exode inhabituel

5

56%

8

42%

9

53%

Ce tableau fait ressortir que 33% des ménages utilisent l'achat de la nourriture à crédit et la fouille des fourmilières et des lieux de battage des céréales pour 56% pour l'exode inhabituel pour la zone 1; pour la zone 2, 58% et 26% utilisent respectivement l'achat de la nourriture à crédit et la fouille des fourmilières et des lieux de battage des céréales pour 42% qui font recours à l'exode inhabituel et enfin pour la zone 3, 47% des ménages adoptent

57

comme stratégies l'achat de la nourriture à crédit, 29% pour la fouille des fourmilières et des lieux de battage des céréales contre 53% pour l'exode inhabituel.

4.1.5.3 : Les stratégies de survie de niveau 3

Les stratégies de niveau 3 concernent l'ensemble des ménages qui sont confrontés à une insécurité alimentaire. Il s'agit de : limiter la consommation des adultes au profit des petits, faire manger les membres actifs du ménage aux dépens des inactifs. Ces stratégies (figure 12) préservent les conditions de vie des enfants et des actifs, à l'inverse, elles dégradent celles des adultes et des inactifs. Ce qui montre que l'insécurité alimentaire est différemment vécue à l'échelle des ménages.

Figure 12 : Proportion des ménages utilisant les stratégies dites de niveau 3

De l'analyse de cette figure, il ressort que pour l'ensemble des 45 ménages enquêtés, 87% des ménages utilisent la limitation de la consommation des adultes au profit des petits comme stratégies de gestion de l'insécurité alimentaire contre 71% des ménages qui font manger les membres actifs aux dépens des inactifs. Toute fois, il existe de nuance inter zonale (tableau 17).

Tableau 17: Stratégies de survie de niveau 3

Stratégies de survie

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Limitation de la consommation des adultes au profit des petits

9

100%

15

79%

15

88%

Faire manger les membres inactifs aux dépens des inactifs

6

67%

14

74%

12

71%

Ce tableau fait ressortir que les stratégies de niveau 3 sont différemment utilisées par les ménages dans les trois zones. Ainsi, pour la zone 1, 100% et 67% des ménages utilisent

58

respectivement la limitation de la consommation des adultes au profit des petits et font manger les membres actifs aux dépens des inactifs comme stratégies de gestion de l'insécurité alimentaire. Pour la zone 2, 79% des ménages font recours à la limitation de la consommation des adultes au profit des petits contre 74% des ménages qui font manger les actifs aux dépens des inactifs. Pour la zone 3, 88% et 71% des ménages utilisent respectivement la limitation de la consommation des adultes au profit des petits et le fait de faire manger les membres actifs aux dépens des inactifs.

4.1.5.4 : Les stratégies de survie de niveau 4

Elles constituent les stratégies de détresse et les plus dangereuses. Ce sont notamment la vente des biens de production, se passer des services sanitaires, passer la nuit ou la journée sans manger. Ces stratégies (figure 13) minent les moyens de subsistance, l'état nutritionnel et augmentent la vulnérabilité à long terme.

Figure 13 : Proportion des ménages utilisant les stratégies dites de niveau 4

Cette figure montre que, sur les 45 ménages enquêtés, 96% ont recouru à la vente des biens de production comme stratégie de gestion de l'insécurité alimentaire et 16% utilisent les deux autres stratégies c'est-à-dire passer la nuit ou la journée sans manger et se passer des services sanitaires. Cependant, ces stratégies (tableau 18) n'ont pas la même fréquence d'utilisation entre les zones.

Tableau 18: Stratégies de survie de niveau 4

Stratégies de survie

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

Nombre de

ménage

Proportion

La vente des biens de production

9

100%

18

95%

16

94%

Passer la nuit ou la journée sans manger

0

00%

6

32%

1

6%

Se passer des services sanitaires

0

00%

7

37%

0

00%

59

De ce tableau on retient que 100% des ménages utilisent la vente des biens de production pour gérer leur insécurité alimentaire pour la zone 1contre 95% pour la zone 2 et 94% pour la zone 3. Passer la nuit ou la journée est utilisée par 00% des ménages pour la zone 1 contre 32% pour la zone 2 et 6% pour la zone 3. Enfin, seul 37% des ménages de la zone 2 utilisent l'autre stratégie qui consiste à se passer des services sanitaires pour des raisons de problèmes alimentaires.

En définitive, les résultats de ce point montrent que les indicateurs paysans de l'insécurité alimentaire sont divers et variés. Ils sont d'ordres naturels, socioculturels et économiques. Ces résultats confirment aussi notre hypothèse: Les indicateurs de cette insécurité alimentaire sont naturels, socioculturels et économiques.

4.2 : ANALYSE DES STRATEGIES PAYSANNES D'ADAPTATION A L'INSECURITE ALIMENTAIRE

Les stratégies paysannes d'adaptation englobent à la fois les stratégies de prévention et celles de gestion de l'insécurité alimentaire.

4.2.1 : Les stratégies de prévention

Les stratégies de prévention s'entendent comme l'ensemble des activités et des démarches en temps normal développées par un ménage pour satisfaire ses besoins essentiels ou pour prévenir d'éventuel risque. Le tableau 19 présente les différentes stratégies paysannes de prévention de l'insécurité alimentaire

4.2.1.1 : La migration agraire

La migration agraire localement appelée « taryé » est une stratégie développée par les ménages pour accroitre leurs productions agricoles. Cette stratégie est conduite au début des campagnes agricoles. En effet, lorsque les premières pluies tombent et que votre champs ou village n'est pas concerné, vous cherchez un lopin de terre (par le lien familial ou de connaissance) dans le territoire concerné par les pluies afin d'avoir les premières productions. Cette stratégie est utilisée par 27% des ménages enquêtés.

4.2.1.2 : Le semis à sec

Autrefois, cette pratique n'était pas très appréciée par certains paysans car elle est dite anticipative des décisions divines. Aujourd'hui, par la force des choses, la quasi-totalité des paysans utilisent cette stratégie. En effet, pour les paysans une campagne agricole se rate dès le semis, c'est pourquoi en choisissant cette stratégie, il s'agit pour eux de prévenir d'éventuel retard de campagne agricole. C'est une stratégie qui est beaucoup plus utilisée pour les champs fatigués et elle favorise la croissance végétative des espèces cultivées notamment le mil. 98% des enquêtés utilisent cette stratégie.

4.2.1.3 : L'adaptation variétale

L'adoption de nouvelles variétés est une des stratégies développées par les ménages dans ce contexte d'insuffisance et de mauvaise répartition de la pluviométrie. Si pour certains, cette stratégie est utilisée pour s'adapter à cette situation de variabilité climatique, pour d'autres c'est lié à l'érosion génétique. Ainsi, selon le Directeur départemental de l'agriculture (2011), les variétés les plus utilisées sont : SOSAT-88, ICMV IS-99001, HKP, ZATIB, GB-8735 pour le mil, IRAT, MOTA-Maradi, SSD-32 pour le sorgho, KVX, IT-90, TN-5-78 pour le niébé et RRD, 55437 pour l'arachide.

4.2.1.4 : Les prières collectives

Les prières collectives constituent des stratégies développées à l'échelle villageoise pour implorer la clémence divine afin que la campagne agricole soit féconde. C'est une stratégie utilisée le plus souvent pour implorer Dieu pour qu'Il gratifie la zone d'une bonne pluviométrie ou pour chasser les ennemis de culture.

4.2.1.5 : Les banques céréalières et boutiques d'intrants agricoles

Le recours aux banques et autres intrants agricoles constituent également des stratégies préventives. Les premières permettent de constituer des stocks alimentaires villageois pour minimiser les effets de l'insécurité alimentaire. Les deuxièmes permettent aux paysans de s'approvisionner en semences améliorées et autres engrais minéraux. C'est donc une stratégie collective.

4.2.1.6 : La vente du pain de Ziziphus mauritiana

La zone centrale de Dogonkiria présente d'importants parcs de Ziziphus mauritiana surtout sur le long de la vallée fossile. Ainsi, des stratégies de valorisation de cette ressource ont été initiées par les paysans. Le produit de cette initiative est localement appelé AKKOURI (pain de la pulpe du fruit) qui se vend entre 10f à 50fcfa l'unité (photo 8). Cette activité est exclusivement pratiquée par les femmes et leur génère des revenus substantiels. Cette stratégie est développée par 7% des enquêtés.

60

Photo 8 : AKKOURI ou pain de pulpe de Ziziphus mauritiana

61

Tableau 19 : Stratégies de prévention identifiées

Stratégies de prévention

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Moyenne générale

Nombr e de ménage

Proportio n

Nombre de

ménage

Proportio n

Nombre de

ménage

Proport ion

Nombre de

ménage

Proportion

La migration agraire

4

44%

5

26%

3

18%

12

27%

Le semis à sec

9

100%

19

100%

16

94%

44

98%

Adaptation variétale

5

56%

10

53%

12

71%

27

60%

Les prières collectives

/

/

/

/

/

/

/

/

Les banques céréalières et boutiques d'intrants agricoles

/

/

/

/

/

/

/

/

La vente du pain de Ziziphus mauritiana

0

00%

3

16%

0

00%

3

7%

4.2.2 : Les stratégies de gestion

Les stratégies de gestion désignent les activités auxquelles recourent les ménages pour se procurer de la nourriture, des revenus et/ou des services quand leurs moyens de subsistance ont été perturbés. Ainsi, outre les stratégies de survies (Chapitre III : 3.1.3) développées par les ménages en période d'insécurité alimentaire, les stratégies suivantes sont également observées. Ces différentes stratégies sont présentées dans le tableau 20.

4.2.2.1 : La pratique des AGR (transformation agro-alimentaire,..)

La vente et la transformation agro-alimentaire est une stratégie de gestion de l'insécurité alimentaire développées surtout par les femmes. Ce qui leur permet de dégager des revenus et par conséquent de couvrir leurs besoins alimentaires. Ces activités sont entre autres : la petite restauration, la vente des feuilles de certaines espèces végétales, etc. c'est une stratégie adoptée par 15% des enquêtés.

4.2.2.2 : La vente de la paille ou du fourrage sec

La vente des graminées est également conduite par certaines personnes pour une sortie de crise alimentaire. Les graminées les plus utilisées sont : Cenchrus biflorus « karanguia », Setaria tremula « birbirwa», Digitaria sp «sapé», Zornia glochydiata « marak » pour le fourrage des animaux. Quant à Andropogon gayanus « gamba », Schoenfeldia gracilis

62

« yantah », Setaria tremula « birbirwa », ils sont utilisés pour la construction des seccos pour les toitures des maisons. 49% des ménages utilisent cette stratégie.

4.2.2.3 : La vente des résidus agricoles

La vente des résidus culturaux tels que les tiges des céréales, de niébé, les fans de voandzou, etc. constitue des démarches développées pour se procurer de l'argent afin de couvrir leurs besoins alimentaires. Cette stratégie est utilisée par 89% des ménages.

4.2.2.4 : La modification des modes de consommation alimentaire

La modification du régime alimentaire est la réaction la plus couramment utilisée par les ménages pour faire face à un problème alimentaire. C'est une stratégie qui privilégie les aliments bon marché au détriment des aliments riches en oligo-éléments. Elle se traduit par la réduction des dépenses et des achats des biens durables et semi-durables (ustensiles du ménage, etc.). Elle est utilisée par 100% des ménages enquêtés.

Tableau 20 : Stratégies de gestion identifiées.

Stratégies de gestion

Zone 1

Zone 2

Zone 3

Moyenne générale

Nombr e de ménage

Proportio n

Nombre de

ménage

Proportio n

Nombre de

ménage

Proport ion

Nombre de

ménage

Proportion

La pratique des AGR

2

22%

3

16%

2

12%

7

15%

La vente de la paille ou du fourrage sec

3

33%

15

79%

4

24%

22

49%

La vente des résidus agricoles

8

89%

17

89%

15

88%

40

89%

Modification des modes de consommatio n alimentaire

9

100%

19

100%

17

100%

45

100%

L'analyse de toutes ces stratégies confirme les travaux d'Alpha Gado (2010) sur l'attitude du paysan sahélien face aux crises alimentaire. Elle montre également que les paysans locaux ont développé des mécanismes de prévention et de gestion de l'insécurité alimentaire. Ces mécanismes varient d'un ménage à un autre mais aussi en fonction des spécificités de chaque zone. Ces stratégies révèlent aussi que les paysans ont intégré la question de l'insécurité alimentaire dans leurs activités quotidiennes. Enfin, ils confirment notre hypothèse: Les paysans ont développé des stratégies adaptatives face des menaces sur leur vie et/ou les moyens de subsistance.

63

CONCLUSION

L'étude portant sur l'analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et les stratégies paysannes d'adaptation à travers les trois villages de la commune rurale de Dogonkiria a abouti à l'identification d'un certain nombre d'indicateurs paysans d'alerte de l'insécurité alimentaire mais également à la production d'un ISS. Ce dernier a permis de hiérarchiser les différents niveaux de vulnérabilités de cette zone. Ainsi, 29% sont dans une vulnérabilité extrême contre 9% pour les non vulnérables, 33% pour la vulnérabilité moyenne tandis que 29% sont dans une situation de risque de vulnérabilité.

L'analyse du taux de couverture alimentaire, fait ressortir que les 3/5 des ménages ont un stock alimentaire en céréales de 2 à 3 mois correspondant à une insécurité alimentaire sévère contre 16% en insécurité alimentaire modérée, 13% en insécurité alimentaire faible, 2% à risque d'insécurité alimentaire et 9% qui assurent leur sécurité leur sécurité alimentaire.

Concernant les stratégies d'adaptation, elles sont diverses, variables selon les capabilités des ménages.

L'étude a également montré que les causes de cette insécurité alimentaire sont à la fois conjoncturelles et structurelles. Cependant, la quasi-totalité des paysans affirment que ce phénomène est surtout aggravé ces dernières années avec l'affaiblissement des anciens mécanismes villageois de prévention et de gestion de risques mais également avec la transformation de leur environnement spatial. Ce qui place les populations dans une grande vulnérabilité et entraine une forte décapitalisation des ménages.

Il parait donc urgent de sortir de cette spirale d'insécurité et de vulnérabilité alimentaire des populations qui expose les communautés rurales de Dogonkiria à des risques autant environnementaux que sanitaires. Les possibilités de développement de la zone sont possibles et doivent se traduire par les mises en valeur des vallées ainsi que leur exploitation rationnelle à travers un meilleur ciblage des interventions et des stratégies compatibles avec cette zone.

En définitive, l'analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et des stratégies d'adaptation permettent, soit un suivi conjoncturel de ce phénomène et de sa vulnérabilité, soit une approche structurelle permettant une meilleure approche des causes de cette vulnérabilité.

Dans le cadre des prochaines études, nous comptons orienter notre réflexion sur la Géo mutation dans le département de Dogondoutchi : recompositions spatiales et transformations sociales. Il s'agit de dégager l'impact respectif des processus naturels et anthropiques dans les dynamiques sociales et environnementales. Ce qui consistera de manière exhaustive à identifier les différentes réponses sociales, économiques et techniques apportées par les groupes humains aux contraintes diverses imposées par les variations climato-environnementales et leurs conséquences sur les paysages.

64

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67

ANNEXES

68

Questionnaire destiné au paysan

Date...

Nom du village...

Nom du paysan...

1. Age /.../ 2. Genre : M /.... / F/.../ 3. Situation matrimoniale : Marié /.../

veuf/...../ Divorcé/...../

Nombre de conjointe : 1/..../ 2/...../ 3/..../ 4/..../

4. Nombre de personnes en charge/.... / Nombre d'actifs agricoles /.../

5. Nombre d'enfants : scolarisés /.../ non scolarisés /.../

6. Quelle est votre principale activité ?

Agriculture /..../ Elevage /..../ commerce /...../ Artisanat /...../ Salariat
agricole/..../ Autres /.../

7. Votre revenu moyen journalier...

8. Avez-vous de bétail ?

Asins /.../ Caprins/...../ ovins /.../ Bovins /.../ Equins /.../

9. Combien de champs dispose votre ménage ?

Combien sont-ils exploités ?

10. Modes d'acquisition des terres

Héritage /...../ Prêt /.../ Location /..../ Don /.../ Autres /.../

11. Quelles sont les principales cultures dans votre terroir ?

Mil /.../ Sorgho /...../ Niébé /.../ Arachide/..../ Voandzou /.../ Autres /.../

12 Quelles les variétés les plus utilisées par cultures ?

Mil Niébé Arachide Voandzou Autres
a...a... a...a...a.... b...b...b...b...b.... c...c...c...c...c...

13. Associez-vous plusieurs cultures dans un même champ ?

Oui /.../ Non/.../

- Si oui, lesquelles et pourquoi ?

- Si non, pourquoi ?

14. Pratiquez-vous la jachère pour améliorer la fertilité de vos champs ? Oui /.../ Non /.../

-Si oui, pour combien de temps ?

-Si non, pourquoi ?

15. Utilisez la fumure organique sur vos champs ? Oui /.../ Non /.../

-Si non, pourquoi ?
-Si oui, quel genre de fumure organique apportez- vous à vos champs ?

Précédents culturaux /..../ contrat de fumure /.../ déjections d'animaux /.../ autres/.../

16. Utilisez-vous des engrais chimiques sur vos champs ? Oui /.../ Non/.../

-Si non, pourquoi ?
-Si oui, quel type d'engrais apportez-vous ?

Urée /.../ NPK /.../ Phosphate /.../ Autres /.../

17. Quels types de matériels agricoles possédez-vous ?

Hilaire /...../ Houe /...../ Tracteur /.../ Charrue /.../ Autres /..../

18. Votre stock alimentaire dure combien de temps ?

2 mois /..../ 3mois /.../ 6mois /.../ 12 mois /.../ autres /..../

69

19. Que pensez-vous de l'insécurité

alimentaire ?

20. A partir de quand, vous vous sentez en insécurité

alimentaire ?

21. Selon vous, qu'est-ce qui est à la base de l'insécurité alimentaire dans votre

terroir ?

22. Quels éléments vous permettent de dire si la campagne agricole sera bonne ou

non ?

23. Pendant l'insécurité alimentaire, votre ménage a-t-il utilisé les stratégies suivantes :

Stratégies de survie

Fréquence

Poids (échelle de sévérité de 1 à 4)

1

Etre obligé à manger certains aliments (consommation des espèces sauvages, sons des céréales.....)

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

1

2

Diminuer la nourriture, manger des quantités, diminuer la variété de l'alimentation

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

1

3

Acheter la nourriture à crédit

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

2

4

La vente des biens de productions (vendre des animaux, des matériels agricoles....)

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

4

5

La fouille des fourmilières, la refouille des lieux de battage des céréales

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

2

6

Passer la nuit ou la journée sans manger

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

4

7

Limiter la consommation des adultes pour que les petits puissent manger

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

3

8

Faire manger les membres actifs du ménage aux dépens des membres inactifs

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

3

9

Se passer des services sanitaires

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

4

10

L'exode inhabituel

Chaque Jour Souvent Rarement Jamais

2

24. Quelles sont vos propres stratégies d'adaptation à l'insécurité

alimentaire ?

25. Quelles sont les mesures collectives et individuelles mises en oeuvre pour minimiser le risque d'insécurité alimentaire ?

70

? Individuelles

? Collectives

26. Comment vous juger le niveau d'efficacité de vos

stratégies ?

27. Quelles propositions faites-vous pour combattre l'insécurité alimentaire dans votre

terroir ?

Guide d'entretien à l'endroit des différents responsables

1.

71

Historique des crises alimentaires dans la zone (causes, manifestations, conséquences, indicateurs, stratégies d'adaptation,.....)

2. Atouts et contraintes de la zone

3. Discussion sur la mise en valeur de ces potentialités

4. Les différents partenaires au développement opérant dans la zone : leur domaine

d'intervention, activités, groupes cibles,

5. Existence ou non des structures paysannes organisées

6. Les principaux problèmes auxquels sont confrontées les populations

7. Suggestions et perspectives pour combattre l'insécurité alimentaire dans la zone






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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984