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Accès à  l'eau à  Fonéko (Niger) dans le cadre de l'hydraulique rurale.

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par Yayé Moussa
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maitrise 2011
  

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Chapitre 1 : Problématique et approche méthodologique

Ce premier chapitre situe notre travail dans un contexte théorique global en montrant la place qu'occupe la question de l'eau dans les politiques nationales, internationales et dans la production scientifique. Il traite aussi de la démarche scientifique adoptée pour réaliser l'étude.

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1.1. Problématique

1.1.1 Contexte et justification

Aujourd'hui, l'un des défis majeurs auxquels est confronté le monde est certainement celui lié à l'eau (que ça soit sa maîtrise, sa gestion ou son accessibilité). Pourtant, les ressources en eau sont plus que suffisantes à l'échelle mondiale pour les besoins domestiques, pour l'agriculture, l'industrie. En vérité, le problème réside dans le fait que certaines personnes notamment les pauvres sont systématiquement exclus.6 En effet, 1,1 milliards de personnes soit 17% de la population mondiale vivent sans accès à l'eau potable dans le monde et 2,6 milliards de personnes manquent de bon assainissement soit deux personnes sur six7. Ainsi chaque année 1, 8 millions de personnes dont 90% d'enfants de moins de cinq ans meurent des maladies diarrhéiques, 88% de ces maladies diarrhéiques sont imputables à la mauvaise qualité de l'eau.8 L'eau non potable est ainsi responsable de 80% des maladies dans le monde et trois millions de personnes dont 90% sont des enfants de zéro à quatre ans, meurent chaque année dans le monde, victimes des maladies dues à l'usage de l'eau non sécurisée.9

Dans de nombreux pays, l'accès à l'eau, la distribution et les moyens d'assainissement adéquats reflètent la distribution des richesses. En effet, l'accès des ménages à l'eau courante avoisine les 80% pour les plus nantis de la population contre 20% pour les 20% les plus pauvres.10 En Amérique du nord et au japon, l'usage de l'eau par habitant dans les secteurs résidentiels est de 350 litres par jour, 200 litres en Europe contre 10 à 20 litres en Afrique subsaharienne et où les femmes doivent parcourir environ six kilomètres portant 20 kilogrammes pour aller chercher de l'eau11.

En Afrique subsaharienne, près de 340 millions de personnes n'ont pas encore accès à une eau potable12. Dans cette région, seuls 46% de la population rurale ont un accès à l'eau potable contre 81% en milieu urbain. Une grande partie de la population subsaharienne et à fortiori au Sahel est contrainte de boire l'eau des fleuves et des eaux stagnantes (mares), impropres à la consommation. Elle contracte ainsi des maladies d'origine hydrique telles que la bilharziose, le choléra etc.

6 Programme de Nations-Unies pour développement humain, 2006.

7 www.academiedel' eau.org

8 Organisation Mondiale de la Santé 2004.

9 www.unicef.fr/userfiles/L_Unicef_d_l'eau.pdf

10 Programme des Nations-Unies pour le développement humain, 2006.

11 www.academiedel' eau.org

12 www.sossahel.org

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Au Niger, pays sahélien par excellence, la maitrise de l'eau est une composante fondamentale dans la réussite de tout projet ou programme de développement socio-économique durable. En milieu rural, la totalité des besoins en eau potable est satisfaite à partir des nappes souterraines dont l'exploitation demande beaucoup de moyens financiers et matériels, d'où la difficulté rencontrée par les différents régimes dans la construction des points d'eau modernes pour toute la population. Néanmoins, dès les années 1960, l'Etat s'est engagé dans la construction des points d'eau modernes à travers l'office des eaux du sous sol du Niger (OFEDS)13. La décennie internationale de l'eau potable et de l'assainissement en 1981 (DIEPA, 1981-1990)14 est intervenue dans ce contexte pour stimuler et soutenir les politiques nationales en matière d'eau et assainissement. En effet, dans le cadre de cette décennie, des objectifs ambitieux ont été formulés pour la desserte en eau potable par le Ministère du Plan dans le Plan de Développement Economique et Social du Niger (PDESN) : 1987-1991, ainsi :

? Tout village administratif, quelle que soit sa population, doit être pourvu d'au moins un Point d'Eau Moderne (PEM)15, Puits Cimentés ou forage avec hydro pompe à motricité humaine ;

? Tout habitant devait disposer de 25 litres d'eau par jour, ce qui correspond à un PEM pour 250 habitants ;

? Tout village ou hameau de plus de 250 habitants, même non administratif, doit donc être pourvu d'un PEM, s'il se trouve à plus de quatre kilomètres d'un PEM ;

? Les normes d'hydrauliques prévoyant une Adduction d'Eau Potable (AEP), s'applique à tout village de plus de 1500 habitants.

Dans le cadre de ce plan de Développement Economique et Social 1987-1991, 52,4 milliards16 ont été attribués au sous secteur hydraulique du Ministère des Ressources

13 C'est un établissement à caractère industriel et commercial crée en 1963, en vue de la réalisation des forages et des puits en milieu rural. Mais il a cessé de fonctionner depuis les années 1990.

14 La conférence des Nations-Unies sur l'eau de Mar Del Plata en 1977, a décrété les années 1981-1990, Décennie Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (DIEPA). L'objectif assigné à ces dix années était de favoriser à tous, l'accès à l'eau potable et aux solutions d'assainissement améliorés.

15 Tout ouvrage réalisé ou aménagé dans le règle de l'art, qui fournit une eau de qualité acceptable avec un débit d'au moins 0,5 m3/heure (ordonnance n°93-014du 02 mars 1993, portant Régime de l'eau modifié par la loi n°98-041 du 07 décembre 1998.)

16 Programme hydraulique nationale, 2000.

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Animales et de l'Hydraulique. Le nombre des PEM passent ainsi de 5120 en 1980 à 11055 en 1986 pour un besoin de 22000 en 1990, ce qui correspond à un taux de couverture national de 78%.17 Après les résultats appréciables de la DIEPA, toujours dans une perspective de maitrise de l'eau, le Niger a engagé une série de réglementations à travers notamment l'élaboration d'un Schéma Directeur de Mise en Valeur et de Gestion des Ressources en Eau, d'un Code Rural pour une gestion rationnelle des ressources naturelles, une politique de redéfinition du régime de l'eau avec les tables rondes entre gouvernement et partenaires techniques et financiers, la redéfinition des attributions de certains ministères intervenants dans les domaines de l'eau. La stratégie de la réduction de la pauvreté (2002) dans lequel est inscrit officiellement le Programme Spécial du président Tanja. En effet, dans le cadre de ce programme, 25 stations de pompages pastorales, 680 puits villageois et pastoraux, 150 puits émirats ont été construits et 423 pompes à motricité humaine étaient réhabilitées entre 2001-200818. En 2010 le Niger a d'adopté une ordonnance portant code de l'eau du Niger cela montre la volonté politique et surtout l'intérêt accordé à la question de l'eau. Dans l'ordonnance modifiant la loi n°2000-12, est prévu la création d'un fonds d'accès universel à l'eau pour assurer notamment l'approvisionnement des populations des zones les plus reculés19.

Le Niger est soutenu dans ce secteur de l'hydraulique par divers partenaires (Coopérations, Projets, ONG, Association etc.). On peut en effet, citer entre autres : la Coopération Suisse à travers le programme hydraulique Niger Suisse, la Coopération Belge, la Coopération Japonaise, la Banque Mondiale, le Fonds Européen de Développement (FED), l'Unicef, l'Agence Française de Développement (AFD), l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) qui a financé 350 forages en 2007 pour une valeur de 2.800.000.000 FCFA. Au total, 1000 forages seront réalisés dans les pays de l'Union, sur les 3000 prévus pour trois ans dans les huit pays de l'Union.20

Malgré la diversité des actions menées et des acteurs impliqués dans ce secteur de l'eau depuis des décennies, l'accès à l'eau est toujours une préoccupation majeure. Le taux de couverture nationale en infrastructures hydrauliques est loin d'être satisfaisant, surtout en milieu rural où réside près de 80% de la population et où la totalité de l'eau potable est pompée du sous-sol. Ce taux de couverture nationale en points d'eau modernes était de 52% en 1977, 54,21% en 2001, 57,96% en 2006, 62,01 en 2007 et 62,19 en 2008, ce qui correspond à 29.388 points d'eau modernes existants pour un besoin de 47.256 en 200821. A travers ces chiffres, on se rend compte que l'évolution de la couverte nationale en points d'eau modernes est très

17 JEAN LUC Richard, 1990.

18 Le Sahel n°7643, 2008

19 Sahel dimanche n°1418 du 24 décembre 2010. PP-1

20 www.mediaterre.org/eau/actu.2007

21 http//www.stat...ohydr_2008.htm

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lente. On observe aussi des disparités inter et intra régionales. Téra est l'un des départements du pays où la question de l'eau potable se pose avec beaucoup d'acuité en raison de la configuration hydrogéologique de son sous-sol. En effet, ce département fait parti du Liptako Gourma qui est une région de socle. L'existence de ce socle cristallin fait que la construction des forages n'est possible qu'au niveau des discontinuités (fractures, fissures) de la roche. C'est pourquoi la probabilité d'échec lors de construction des points d'eau modernes est très élevé, elle est supérieur à 40%, et peut d'ailleurs atteindre jusqu'à 60% en certains endroits.22Une fois ces ouvrages hydrauliques installés, les débits recherchés sont généralement inférieurs à 1m3/heure23. Ce qui montre les difficultés dans la prospection des sites de productivité24 et les souffrances des populations pour accéder à l'eau. Cette situation fait que le taux de couverture locale en PEM est largement en deçà à la moyenne nationale. A Fonéko, village rattaché à la commune urbaine de Téra, situé à 22 kilomètres au nord de la ville de Téra sur la route nationale n°5 (Téra-Yatakala), se pose un problème crucial d'eau. C'est un village qui ne dispose pas de point d'eau moderne en son sein, les populations sont contraintes de s'approvisionner en eau pendant une bonne partie de l'année au niveau des retenues d'eau artificielles construites par Boubou Hama25 dans les environs du village depuis les années 1960. Quant au niveau des forages, les populations parcourent environ huit kilomètres allé et retour. Dans cette situation l'on est en droit de se poser la question de savoir : quelle est la disponibilité de l'eau dans le village de Fonéko? A cette question principale peuvent s'ajouter les interrogations suivantes :

Quelles sont les sources d'approvisionnement en eau des populations et d'abreuvage des animaux ?

Quel est l'usage l'eau ?

Quelle est la qualité de l'eau ?

Quelles sont les difficultés liées à l'accès à l'eau ?

Quels sont les impacts liés aux difficultés d'accès à l'eau ?.

22 Selon le directeur départemental de l'hydraulique de Téra.

23 Direction départemental de l'hydraulique de Téra

24 C'est la capacité d'un aquifère à fournir par le biais d'un captage, un débit minimal susceptible d'être exploité.

25 Homme de lettres, politique et originaire de Fonéko Tedjo. Il fut président de l'Assemblée Nationale de 1960 à 1974.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard