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Accès à  l'eau à  Fonéko (Niger) dans le cadre de l'hydraulique rurale.

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par Yayé Moussa
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maitrise 2011
  

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1.1.3.4.1. L'hydraulique villageoise

Elle concerne l'équipement du monde rural en ouvrages qui visent à assurer la satisfaction des besoins en eau des populations rurales.28 Le code de l'eau du Niger définit l'hydraulique villageoise comme étant le volet de l'hydraulique rurale relatif à l'approvisionnement en eau des populations des centres ruraux de moins de 2000 habitants.

1.1.3.4.2. L'hydraulique pastorale

Elle désigne la politique de multiplication des points d'eau et de modernisation de l'abreuvage qui fut mise en oeuvre au Sahel à partir des années 195029. Son objectif était de développer et d'intensifier l'élevage extensif en jouant sur un facteur essentiel, l'accès à l'eau. Dans le code de l'eau du Niger, l'hydraulique pastorale est définie comme étant le volet de l'hydraulique rurale qui concerne les points d'eau réalisés en zone pastorale ou équipés de superstructures spécifiques à l'alimentation en eau du cheptel. La consommation en eau par le cheptel est difficile à évaluer, le besoin en eau varie au cours de l'année en fonction de la disponibilité fourragère, du temps de déplacement des troupeaux, globalement en fonction des conditions environnementales. En milieu sahélien, les normes en matière d'accès à l'eau du cheptel sont estimées à 25 litres par jour et par tête de gros bétail (UBT=Unité Bétail Tropical)30 Mais généralement, on adopte 40 litres par UBT et par jour comme norme indicative.31 Au Niger, Le Ministère des Ressources Animales, fixe cette norme à 30 litres par UBT et par jour.

27 Code de l'eau du Niger, version finale, 2010.

28 Atlas National du Niger, 2002.

29 Catherine Baroin, 2007, ethnologue, spécialiste de Toubou et chercheuse à CNRS depuis 1997.

30 UBT est une de référence correspond à un bovin de 250 kg de poids vif.

31 GADELLE François, 1989.

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1.1.4 Revue de littérature

La recherche documentaire nous a permis de savoir l'intérêt accordé à la question de l'eau par la communauté internationale et cela malgré l'émergence des problématiques globales comme le réchauffement climatique ou la biodiversité. La question de l'eau reste ainsi au centre des politiques de développement du 21eme siècle. Le thème de l'accès à l'eau pour tous est donc une problématique internationale à laquelle participent les institutions financières internationales, les opérateurs privés internationaux, les ONG et les pouvoirs publics des Etats, ce qui justifie certainement les multiples tables rondes, conférences et forums de ces trente dernières années sur la question de l'eau. Au centre de ces rencontres étaient toujours les questions liées à sa mobilisation, sa maîtrise, sa gestion, son accessibilité, etc. C'est dans ce contexte qu'en 1977, au sommet des Nations Unies tenu à Mar Del Plata, la décennie (1981-1990), a été consacrée « décennie internationale de l'eau potable et l'assainissement ». Le but était de procurer de l'eau potable et un assainissement convenable pour tous en 1990. Mais à la fin de la décennie, on a constaté que les objectifs assignés étaient loin d'être atteints car les problèmes d'assainissement se sont intensifiés et l'écrasante majorité de la population africaine n'a pas encore accès à l'eau potable. Deux ans après la fin de cette décennie, le 22 mars de chaque année est proclamé journée mondiale de l'eau par la conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement lors du sommet de la planète terre tenu à Rio de Janeiro en 1992. Et 15 ans après la DIEPA, Les Nations unies ont déclaré encore la période 2005-2015, « décennie internationale d'action, l'eau source de vie » et se fixe un programme mondial accordant davantage d'importance aux problèmes relatifs à l'eau. Cette action est inscrite dans les OMD pour la réduction de moitié d'ici 2015, du pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau. Ainsi pour atteindre ces Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), faudrait-il investir 180 milliards de dollars US par an au lieu de 80 actuellement.32 Ainsi, vue le rythme actuel des investissements dans le secteur, l'Afrique subsaharienne n'atteindra pas les OMD en 201533. Aujourd'hui, la réussite du combat de l'eau potable et de l'assainissement est une garantie pour réussir un développement humain durable, c'est certainement pourquoi docteur Lee Joog34 avait dit que « L'eau et l'assainissement sont indispensables à la santé publique. Je dis souvent qu'ils en constituent la base, car lorsqu'on aura garanti à tout un chacun quelle que soient ses conditions de vie, l'accès à une eau salubre et à un assainissement correct, la lutte contre un grand nombre de maladies aura fait un bond énorme » Dans ce même ordre d'idée, l'ancien secrétaire de l'ONU, Kofi Annan disait : « nous ne vaincrons ni le sida, ni la

32 AlAIN Mathys est le directeur du programme « Eau pour Tous » de Suez Environnement depuis 1999.

33www.btcctb.org: Enjeux et perspectives de la gestion de l'eau potable en milieu rural, expériences de la coopération belge dans le domaine de l'hydraulique rurale et périurbaine en Afrique.

34 Dr LEE JOOG-Wook directeur général de l'organisation mondiale de la santé.

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tuberculose, ni le paludisme, ni aucune autre maladie infectieuse qui frappe les pays en développement avant d'avoir gagné le combat de l'eau potable, de l'assainissement et des soins de santé de base ». L'accès à l'eau est considéré comme un droit universel, un droit de l'homme35. Et « le droit à l'eau consiste en un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d'une eau salubre et de qualité acceptable pour des usages personnels et domestiques »36 « Le droit à l'eau est indispensable pour mener une vie descente. Il est une condition préalable à la réalisation des autres droits de l'homme ».37 Certains Etats, comme l' Uruguay, garantissent le droit à l'accès à une eau salubre en quantité et en qualité suffisante comme un droit constitutionnel. Au Niger aussi l'accès à l'eau, et autres services sociaux de base sont des droits fondamentaux, même si la réalité est toute autre. C'est certainement pourquoi Ricardo Petrella38 disait que « 24 pays d'Afrique (au sud du Sahara et du Maghreb), sont incapables de fournir de l'eau potable à l'ensemble de la population. Outre des questions de volonté politique, se pose par conséquent la question du financement des infrastructures ».

En dépit, de tous ces engagements de la communauté internationale, la question de l'accès à l'eau pour les populations est une préoccupation essentielle pour les populations surtout des pays pauvres. Face à cette situation, il est raisonnable de s'interroger sur l'efficacité des politiques internationales en matière d'accès à l'eau potable.

Du point de vue production scientifique la question de l'eau est au centre des recherches à travers le monde. Des chercheurs l'ont abordée dans leurs travaux sous plusieurs angles. En effet, depuis 1985, MICHEL R. dans une étude sur l'eau, relève que les maladies hydriques sont responsables dans le monde de la moitié des décès infantiles. Elles sont aussi responsables de l'occupation d'un lit d'hôpital sur deux, de l'affaiblissement des personnes pour travailler. En 1991, GOTTER. A et al, soulignent à travers des études réalisées au Nicaragua que les enfants qui habitent dans des maisons où la disponibilité en eau est faible, ont un taux plus élevé (34%) de diarrhée par rapport à ceux d'un meilleur approvisionnement.

Au Sahel, les études sur l'eau ne sont pas récentes. Elles sont d'ailleurs jusqu'à une date récente orientées vers le monde rural où la situation semblait plus préoccupante. En se penchant sur la qualité de l'eau en milieu rural, GUILLEMIN. F en 1984, a montré à travers des analyses sur 218 points d'eau au Burkina Faso que des forages sources d'eau supposées potables sont bien souvent pollués. Il constate par ailleurs que les points d`eau traditionnels sont les plus pollués et que cette pollution est imputable à des facteurs physiques (structure géologique, topographique), technique

35 Forum sur l'eau, Istanbul, 2009.

36 Observatoire général n°15, 2002 : Le droit à l'eau.

37 FABIEN Dupuis, diplômé de l'IPRIS, doctorant spécialisé sur la Géographie de l'eau, partie introductive de l'observation générale, réalisation de l'Objectif du Millénaire pour le Développement n°7.

38 FABIEN Dupuis, diplômé de l'IPRIS, doctorant spécialisé sur la Géographie de l'eau.

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(absence de margelle et parois non aménagés) et humains (comportement et mentalité). Donc considérés potable peuvent être pollués. En 1985, DEYEUX, (D), dans son ouvrage intitulé : l'eau, quels enjeux pour les sociétés rurales, disait que « la qualité de l'eau de boisson fait davantage à la santé publique que n'importe quel vaccin ou médicament. ». Cela veut dire que l'eau de bonne qualité est une arme redoutable pour combattre beaucoup des maladies. JEAN LUC Richard quant à lui, en 1990, a abordé l'accès à l'eau dans le cadre de l'hydraulique villageoise dans le canton de Gabi (Niger). DIOMA K, en 1990, s'est intéressé à l'analyse des aspects sanitaires liés à l'approvisionnement en eau en milieu périurbain Boromo (Burkina Faso). Il relève que la consommation d'eau issue du réseau de l'Office National de l'eau et de l'Assainissement (ONEA) est faible et que cette situation est imputable à des contraintes économiques (coût du service), et au nombre élevé des puits que les populations préfèrent utiliser. Or en zone urbaine l'eau des puits traditionnels est généralement impropre à la consommation. Cet auteur veut dire que la situation socio-économique des population joue fortement dans l'accès aux sources d'eau potable. En 1993, OUEDRAOGO M. qui a travaillé sur le milieu périurbain de Ouagadougou, a évalué le degré de responsabilité de l'eau dans l'émergence ou la persistance de certaines maladies. Abordant essentiellement la question de la qualité de l'eau, il souligne que seulement 6% des points d'eau échantillonnés peuvent être considérés comme potable si l'on se réfère aux normes de l'OMS en matière d'eau de boisson. En 1996, BALMER F. et al ont posé la nécessité de la bonne gestion de l'eau du sahel vue les conditions géographiques de la région. Cela est indispensable quand on sait que le développement socio-économique des pays sahéliens passent par a maîtrise de l'eau. En 1997, PHILIPE Gombert a étudié la variabilité spatiale de la productivité aquifère du socle sahélien en hydraulique rurale, il relève ainsi que la productivité des forages d'hydraulique rurale en zone sahélienne est difficilement prévisible, dans les aquifères discontinus du socle les taux d'échecs dépassent localement 50%. Ce même constat a été fait par la direction départementale de l'hydraulique de Téra et le taux d'échec lors des constructions des points d'eau modernes peut atteindre 60% en certains endroits. En 2000, OLIVIER DE SANDAN J-P et ELHADJ DAGOBI se sont intéressés à la gestion communautaire des points d'eau en hydraulique villageoise en se demandant à qui ce mode de gestion profite ? Sert-il l'intérêt public ou bien d'autres opérateurs tels que les comités villageois? Cette étude met en exergue le doute du système de gestion des points d'eau ce qui abouti souvent aux détournements et dysfonctionnement des points d'eau une fois que ceux-ci tombent en panne. MENARD Claude en 2001, dans son article intitulé enjeux d'eau : la dimension institutionnelle, a abordé trois aspects du problème de l'eau ; les caractéristiques très spécifiques du secteur, l'approche classique et les limites qu'elle rencontre et enfin la dimension institutionnelle qui apparait incontournable pour comprendre les très nombreux échecs dans les reformes des systèmes d'approvisionnement en eau dans les pays en développement. Pour MENARD donc la réussite des politiques en eau passe par une bonne approche institutionnelle. En 2004, LISE Breuil dans sa thèse de doctorat intitulé : renouveler

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le partenariat public-privé pour le service d'eau dans les pays en développement, il propose ainsi la conjugaison des dimension contractuelle, institutionnelle et participative pour une bonne gouvernance de l'eau. MAHAMAN T-A en 2005, dans son article intitulé : Le partenariat public-privé dans le secteur de l'eau au Niger, a fait l'autopsie de la reforme du secteur de l'eau au Niger. LAWALI Dambo, en 2007, dans sa thèse de doctorat intitulé : usage de l'eau à Gaya (Niger) : entre fortes potentialités et contraintes majeures, a centré son étude sur l'estimation et la répartition spatiale des ressources en eau, le cadre juridique et institutionnel régulant leur mise en valeur, les différents secteurs d'utilisation de l'eau ainsi que les contraintes affectant cette utilisation. APPOLINNAIRE K. quant à lui en 2007, a abordé le problème de l'accès à l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones périphériques de Ouagadougou à travers l'exemple de Yamtenga. BOUREIMA Ousmane professeur en hydrogéologie mène depuis quelques années des recherches sur la qualité de l'eau et la vulnérabilité à la pollution des nappes souterraines (dites de socle) dans le département de Téra. Ainsi, selon ses travaux les teneurs des eaux en nitrates, nitrites ou sulfates et/ou en chlorures dépassent parfois largement les normes fixées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les rendant inaptes à la consommation humaine. Ainsi donc, dans le département de Téra près de 31% des eaux des points d'eau modernes (forages, puits cimentés) considérés comme potables sont pollués alors que les populations sont entrain de consommer ces eaux en s'exposant à des risques sanitaires.

Au vue de tout ce qui précède, on constate que la question de l'eau a été abordée sous plusieurs angles et par divers acteurs, chacun selon la problématique qu'il veut traiter. On constate aussi que loin d'être épuisé ou dépassé, les questions liées à l'eau continuent à nourrir les réflexions scientifiques et les programmes politiques des Etats (exemple le Niger) où l'eau est l'une des ressources fondamentales les plus rares et les moins maitrisées. C'est pourquoi aujourd'hui encore une étude axée sur l'eau, quelque soit l'angle sous lequel elle est abordée trouvera toute son importance, surtout quand elle est orientée vers le milieu rural. En effet, comme nous l'avons signalé un peu plus haut les recherches en matière de l'eau sont aujourd'hui plus orientées vers les centres urbains et périurbains que les zones rurales. C'est pourquoi, pour notre part, nous avons abordé dans ce mémoire l'accès à l'eau en milieu rural à travers l'exemple de Fonéko en examinant les difficultés liées à l'accessibilité de l'eau et les risques sanitaires majeurs auxquels les populations sont exposées en consommant les eaux insalubres

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire