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Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère politique et médiatique: l'exemple de l'élection présidentielle française 2012

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par Antoine GAMAIN
Université Nanterre Paris X -  Master 1 économie et société 0000
  

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Annexe D : Analyse d'un débat politique entre internautes sur Facebook

1) Contexte

Analyse d'un débat entre internautes après le 1er tour des élections présidentielles 2012 du 22 avril 2012 sur le réseau social Facebook.

Les résultats du scrutin place Francois Hollande (PS) en tête des suffrages suivis de près par Nicolas Sarkozy (UMP).

L'engouement médiatique de cet événement pousse un très grand nombre de personnes à réagir et à dévoiler leur opinion après ce premier tour. D'eux-mêmes les internautes sont menés à commenter les résultats du scrutin.

Cette analyse a pour but de montrer comment une discussion, un débat s'articule sur un réseau social en générale.

Ce type de débat est présent en masse sur les réseaux sociaux et démontre l'intérêt certains de certains jeunes non-militants pour la politique.

Très souvent, ce type de débat se crée après des événements médiatiques très suivi impliquant d'avoir une opinion.

Les commentaires sont ici divisés en deux partis, ceux qui se disent anti-Sarkozy, ceux qui se disent anti-Hollande.

Ce statut posté le 23 avril 2012 est un exemple de discussion « entre amis » présent sur les Facebook :

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2) Le débat

Première Partie du débat :

Le statut posé pas Matthias (« Quelqu'un aurait le C.V. de Francois Hollande ? C'est pour me faire une idée sur ces capacités à gérer un pays ... ») montre, par son ironie, l'orientation politique de Matthias qui semble douter des capacités de Francois Hollande à diriger un pays.

En publiant un tel profil, l'internaute cherche certainement l'approbation des autres internautes mais aussi à susciter le débat en invitant les sympathisants du candidat PS à réagir. La question semble rhétorique et les points de suspension à la fin du commentaire montrent une certaine déception à l'annonce des résultats.

Il est soutenu par 8 personnes qui partagent cette opinion (Chloé, Vincent et 6 autres personnes).

Profitant de cette ironie, Jean-Baptiste et Antoine en profite pour répondre à la requête de Matthias en lui suggérant la biographie du candidat PS.

Cette démarche leur permet d'afficher leur conviction politique, les deux internautes semblent soutenir l'homme politique mis en cause.

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Deuxième partie du débat :

Cette deuxième partie met en avant plusieurs éléments nouveaux :

Lionel répond directement à Matthias cette fois-ci sans ironie. Dans son commentaire, il montre un peu plus le fond de sa pensée en s'attaquant à Nicolas Sarkozy et son attitude de souverain monarque (« On demande pas à un président de 5eme république de gérer le pays tout seul comme a voulu le faire M. Sarkozy Matthias »).

Son message est supporté par deux individus qui ne sont pas encore rentrés dans le débat (Sus et Jo), les deux pouces levés montrent ce soutient.

Très rapidement, un soutient de Matthias (Jessie) arrive afin de rééquilibrer le débat.

Jessie répond aux sympathisants de Francois Hollande en publiant une bibliographie sarcastique ayant pour but de critiquer la carrière du candidat socialiste.

Cette longue tirade ou « devinette politique » est très certainement

issue d'un groupe de militant UMP qui s'est répandue de façon virale sur les réseaux

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sociaux et qui est repris en masse par les anti-Hollande.

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Troisième partie du débat :

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Le précédent message militant de Jessie à eu pour effet d'inviter d'autres internautes à se joindre au débat (Jean-Baptiste, Jo et Pierre). La dimension participative des réseaux sociaux prend alors tout son sens.

La critique contenu dans le long

message de Jessie sur Francois Hollande rappelle selon Jean-Baptiste et Jo les manoeuvres engagés plusieurs fois par l'UMP

Copé » et « Morano ») en termes de communication sarcastique.

Ces commentaires répondent de facon direct aux attaques de Matthias et Jessie : les deux internautes (Jean-Baptiste et Jo) se déclarent anti-Sarkozy.

Jo rappelle le bilan de la présidence de Nicolas Sarkozy pour appuyer sa thèse de désir de changement (« J'aimerai avoir la même analyse de ces 5 ans de présidence, juste pour rire »). Jessie répond timidement aux deux attaques et étonnamment elle se montre en partie d'accord avec Jean-Baptiste et Jo. Son acte anti-Hollande a perdu en intensité.

De son coté Pierre répond directement à l'attaque de Jessie (@Jessie), en citant cette fois-ci une source : Le Figaro. Avant de rentrer dans le débat, l'internaute s'est auparavant documenté sur les informations fournis par Jessie.

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Quatrième partie :

et grossier.

Jo continue le débat en expliquant en dix lignes sa conception de la gauche et de la droite.

Antoine est quand à lui plus direct dans son opinion en citant Nicolas Sarkozy par un diminutif « Sarko » et en répétant une phrase célèbre se rapportant à l'homme politique (« casse toi pauv' con »).

Cette distinction entre les deux individus montrent que le débat peut être long et argumenté comme rapide

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Les sympathisants de Francois Hollande se soutiennent également entre eux, chacune de leur intervention est apprécié par l'un d'entre eux (symbolisé par le pouce bleu, le chiffre désignant le nombre de personnes adhérant au commentaire).

Matthias s'étonne finalement de la portée du débat qu'il a lancé et s'en réjouit (« Quelle surprise de voir autant de commentaires ! J'en suis très content »).

L'acte qui se voulait anti-Hollande s'est transformé en contre-offensive virtuelle des sympathisants de l'autre camp.

Il demande alors directement à certains intervenants des explications pour comprendre le résonnement des débatteurs (@Pierre, @Jessie, Dako).

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Cinquième partie :

Cette cinquième et dernière partie de la conversation montre l'interrogation des internautes sur la transmission et le bien fondé des informations circulant sur Facebook durant les élections électorales

j'ai vu circuler cette chaîne (NDRL : la devinette politique) fréquemment ces derniers jours mais plusieurs fois se terminant par "source : Cour des Comptes" », « l'article ne cite pas ses sources malgré un joli "Ces chiffres sont officiels et prouvables »).

Les auteurs des informations publiées sont rarement les vrais et proviennent souvent de stratégie établie par les groupes d'e-militants. Ici, Pierre souligne cette faiblesse de Facebook « J'ai donc tendance à prendre ces informations avec d'énormes pincettes ».

Le débat semble maintenant être retombé, l'auteur principal Matthias décide de discuter de cela en vrai et non pas en virtuel, Pierre continue de chercher l'exactitude des informations postées dans le débat.

Le débat semble être clos mais se poursuit sur de milliers d'autres comptes Facebook.

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3) Analyse

Premier constat : les individus intervenants dans ce débat ne cherchent pas à influencer le vote de la partie adverse pour le second tour mais tende plutôt à légitimer leur opinion politique.

Le fait de publier une impression sur Facebook est un appel aux autres pour débattre politiquement et pour connaître les opinions de son entourage virtuel.

Sur ce dernier point, le réseau social permet à Matthias d'organiser un débat politique à la va-vite pour rapidement récolter des points de vue sur les résultats du scrutin du premier tour.

Dans ce débat Jessie et Jo ne se connaissent pas physiquement cependant ils peuvent échanger leur point de vue en toute liberté, le débat sur internet n'a pas de frontière. Cet exemple d'interaction virtuelle montre la réelle force de Facebook en matière d'ouverture au débat politique.

Dans cet espace microsociologique caractérisé par le réseau social virtuel de Matthias différents aspects sont à retenir.

Les individus discutent et respectent les opinions politiques des uns et des autres. Ils ne cherchent pas à influencer le futur vote de leur interlocuteur à l'inverse des groupes d'e-militantisme dont le seul but est de rassembler des voies.

Les internautes sont soucieux de connaître les sources des informations publiées lors du débat et souhaitent échapper à la rumeur. Ils se soucient de la qualité des renseignements circulant sur Facebook, beaucoup sont conscients que les réseaux sociaux la détériorent.

Cette discussion ressemble étrangement aux conversations de café du commerce d'antan. Cette position rejoint une théorie naissante : aujourd'hui les médias de masse seraient à la fin d'un cycle du à l'avènement du web participatif102. Le point d'origine en serait la conversation de café où l'échange d'information et de rumeur faisaient légions à l'époque de pré-industrialisation des médias au 19ème siècle.

102 « The end of mass media : Coming full circle », The economist, le 7 juillet 2011 http://www.economist.com/node/18904158?story_id=18904158&fsrc=rss

Utilisation des réseaux sociaux dans la sphère politique et médiatique : l'exemple de l'élection présidentielle Française 2012

L'apparition des médias de masse tels que la radio ou la télévision ont agis de façon néfaste empêchant le débat entre les individus et contribuant en partie à un contrôle social103.

Les réseaux sociaux sont donc un moyen pour l'individu de contourner cette propagande virale grâce à des technologies plus libres venant d'internet.

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103 Herman Edward , Chomsky Noam , La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, Agone, 2008

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