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Enjeux fonciers et stratégies d'acteurs dans la moyenne vallée de la Tarka (Dakoro/Niger)

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par Moustapha Hiya Maidawa
Université Abdou Moumouni de Niamey - Master 2011
  

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Année académique 2011-2012

REPUBLIQUE DU NIGER MEMS/RT

 

UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des Lettres et Science Humaines

Département de Géographie

Milieux et Sociétés des Espaces Arides et Semi-arides : Aménagement-Développement

Option : Aménagement et Gestion des Espaces Ruraux

Mémoire de Master II

Enjeux fonciers et stratégies des acteurs autour de la vallée de la Tarka (Département de Dakoro).

Présenté par : HIYA MAIDAWA Moustapha Soutenu le 22 Février 2013

Sous la direction de : Membres du jury

Dr AMOUKOU Ibrahim, Maitre Assistant Président :

Faculté d'Agronomie Pr ADAM Toudou,

Dr DAMBO Lawali Maitre Assistant FLSH Professeur titulaire Faculté

d'Agronomie Assesseur :

Pr YAMBA Boubacar, Professeur titulaire FLSH

Sommaire

Table des figures v

Table des photographies v

Table des tableaux v

Table des encadrés v

SIGLES ET ABREVIATIONS vi

DEDICACE vii

REMERCIEMENTS viii

Résumé ix

Abstract. x

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 3

1.1 Etat des connaissances sur le foncier rural 3

1.1.1 Enjeux fonciers 3

1.1.2 Stratégies des acteurs et l'accès à la terre 5

1.2 Définition des termes 7

1.2.1 Foncier 7

1.2.2 Acteurs 8

1.2.3 Stratégies 8

1.3 Contexte et justification du choix de thème 8

1.4 Problématique 9

1.5 Hypothèses 11

1.6 Objectifs 11

1.6.1 Objectif global 11

1.6.2 Objectifs spécifiques 11

1.7 Méthodologie 12

1.7.1 Atelier préparatoire 12

1.7.2 Recherche documentaire 12

1.7.3 Collecte de données 12

1.7.3.1 Choix des sites 12

1.7.3.2 Choix des enquêtés 13

Mémoire de Master II : Aménagement et gestion des espaces ruraux

i

1.7.3.3 Méthodes de collecte des données 13

1.7.4 Outils de collecte de données 14

1.7.4.1 Questionnaire 14

1.7.4.2 Entretiens 14

1.7.5 Dépouillement, Analyse / Interprétation des données 14

1.8 Difficultés rencontrées 14

CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 16

2.1 Milieu physique 16

2.1.1 Situation géographique 16

2.1.2 Climat 16

2.1.3 Sols 17

2.1.4 Ressources en eau 17

2.1.5 Végétation 18

2.2 Caractéristiques de la population 18

2.3 Activités agricoles 19

2.4 Elevage 19

2.5 Activités non agricoles 20

2.6 Présentation de la vallée de la Tarka et son rôle stratégique 20

Conclusion partielle 24

CHAPITRE III : SYSTEMES DE MOBILITE PASTORALE ET LES

ENJEUX FONCIERS 25

3.1 Principaux systèmes de mobilité pastorale 25

3.2 Evolution et historique de l'occupation de l'espace dans la vallée de

la Tarka 27

3.2.1 Historique de l'occupation des terres dans quelques terroirs de la Tarka ..28

3.2.2 Évolution de la dynamique d'occupation des sols autour de la Tarka de

1986 à 2001 31

3.3 Non-respect de la limite nord des cultures 33

3.4 Mobilité des éleveurs 33

3.5 Contraintes liées à la mobilité 36

3.5.1 Occupation des espaces pastoraux par les agriculteurs et les agropasteurs

36

3.5.2 Monétarisation de l'eau 36

3.6 Genre et foncier 38

Conclusion partielle 39

CHAPITRE IV : ACTEURS ET CONFLITS LIES A L'UTILISATION DES

RESSOURCES 40

4.1 Acteurs identifiés 40

4.1.1 Acteurs internes 40

4.1.2 Acteurs externes 40

4.2 Jeux des acteurs 40

4.2.1 Acteurs internes : De la prolifération des champs et des puits traditionnels

40

4.2.2 Acteurs externes 42

4.3 Modes d'accès à la terre 43

4.3.1 Héritage 43

4.3.2 Prêt 44

4.3.3 Don 44

4.3.4 Achat 44

4.3.5 Octroi par les chefs traditionnels 44

4.3.6 Gage coutumier 44

4. 4 Conflits autour des ressources et les modes de Gestion 45

4.4.1 Conflits liés à l'accès aux points d'eau 49

4.4.2 Conflits liés à l'accès au pâturage aérien et à la paille 49

4.4.3 Conflits liés aux dégâts champêtres 49

4.4.4 Conflits liées aux réclamations des champs 50

4.4.5 Conflits liés au non-respect de la réglementation en vigueur 50

4.5 Modes de gestion des conflits 51

Conclusion partielle 54

CHAPITRE V : FACTEURS DE VULNERABILITE LIES AU FONCIER, LES STRATEGIES DES ACTEURS ET DISCUSSION DES

RESULTATS 55

5.1 Facteurs sociaux, institutionnels et économiques 55

5.2 Facteurs naturels 55

5.3 Stratégies d'occupation de l'espace face aux catastrophes

naturelles 56

iv

5.3.1 Stratégies d'occupation des terres en zone pastorale 56

5.3.2 Stratégies des éleveurs face aux crises 57

5.3.2.1 Eleveurs pratiquant le système agropastoral et le système mixte 57

5.3.2.2 Stratégies des agro éleveurs 57

5.3.2.3 Eleveurs pratiquant le système de grande mobilité (bergers moutonniers)

58

5.3.2.4 Eleveurs pratiquant le système camelin 58

5.3.3 Stratégies adoptées par les associations et les projets de développement

58

5.3.4 Stratégies développées par l'État. 58

5.4 Discussion des résultats 58

Conclusion partielle 60

CONCLUSION ET PERSPECTIVES 61

BIBLIOGRAPHIE 62

V

Table des figures

FIGURE 1: REPARTITION DU CHEPTEL EN UBT PAR ESPECE

20

FIGURE 2: LOCALISATION DU DEPARTEMENT DE DAKORO ET DE LA VALLEE DE LA TARKA

23

FIGURE 3: CARTES D'OCCUPATION DES SOLS DE 1986 ET 2001

32

FIGURE 4: LES GRANDS AXES DES MOUVEMENTS DES PASTEURS

34

FIGURE 5:ELEVEURS TRANSHUMANTS ET NON TRANSHUMANTS SELON LES PERSONNES ENQUETEES

35

FIGURE 6:REPARTITION D'APPARTENANCE DES POINTS D'EAU SELON LES PERSONNES ENQUETEES

.41

FIGURE 7:REPARTITION DES CONFLITS PAR ACTEURS

.45

FIGURE 8:LES COULOIRS INTERNATIONAUX DE TRANSHUMANCE DANS LA REGION DE MARADI

.46

FIGURE 9:LOCALISATION DES TYPES DE CONFLITS ENREGISTRES

.48

FIGURE 10:CONFLITS VIOLENTS ENREGISTRES ET LEURS CONSEQUENCES DE 2000 A 2011.

51

FIGURE 11:LES ESPECES LES MOINS RESISTANTES AUX CATASTROPHES NATURELLES

56

Table des photographies

 

PHOTO 1: CHAMPS DE MIL EN PLEINE ZONE PASTORALE A BOUNDOU ROUA (A COTE DE RANCH FACO

30

PHOTO 2: PETITE FILLE CONDUISANT LES ANIMAUX D'EXHAURE

38

PHOTO 3: FEMME PEULH TRANSPORTANT DE L'EAU

38

Table des tableaux

 

TABLEAU 1: QUELQUES EVENEMENTS MAJEURS AYANT MARQUES LES ELEVEURS

27

TABLEAU 2: SUPERFICIES ET POURCENTAGES DE L'OCCUPATION DES SOLS

33

TABLEAU 3:LES RESSOURCES EN EAU ET LEUR DISPONIBILITE SELON LE CALENDRIER PASTORAL

37

TABLEAU 4: REPARTITION DES ACTIVITES D'UN MENAGE PASTORAL

38

TABLEAU 5: CONFLITS FONCIERS AGRICULTEUR-AGRICULTEUR DE 2004 A 2011

50

TABLEAU 6:INSTANCES DE GESTION DES CONFLITS : ANALYSE COMPARATIVE

53

TABLEAU 7: LES EPIZOOTIES FREQUENTES DANS LA VALLEE DE LA TARKA

56

Table des encadrés

ENCADRE 1 : TEMOIGNAGE DE SAMI ALASSANE

36

ENCADRE 2 : LA CONCILIATION COMME MOYEN DE SURFACTURATION

........... ....43

ENCADRE 3 : ORGANISATION SOCIALE DE LA MOBILITE .......

52

vi

SIGLES ET ABREVIATIONS

ANPME: Association nigérienne pour la promotion et la modernisation de l'élevage.

BAB : Banque d'Aliment Bétail.

BC : Banque Céréalière.

BIZ : Banque d'Intrant Zootechnique.

CEDEAO : Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest.

COFO: Commission foncière.

COFOCOM : Commission Foncière communale.

COFODEP: Commission foncière départementale.

CR : Commune Rurale.

CSFD : Comité Scientifique Français de la Désertification.

CTB : Coopération Technique Belge.

DDA : Direction Départementale de l'Agriculture.

DDE/LCD : Direction Départementale de l'Environnement et de la Lutte Contre la

Désertification.

DDPD : Direction Départementale du Plan de Dakoro.

DDRA : Direction Départementale des Ressources Animales.

DS : District Sanitaire

GRAP3A : Groupe de recherche en appui à la politique en matière d'alimentation et

agriculture en Afrique.

INS : Institut National de la statistique.

LASDEL : Laboratoire d'études et de recherches sur les dynamiques sociales et le

développement local.

ONG : Organisation non gouvernementale.

PC : Puits Cimenté.

PT : Puits Traditionnel.

PTF: Partenaires techniques et financiers.

RéDéV : Réseau Développement Durable.

SAREL : Sécurité alimentaire renforcée par l'élevage.

SDDSD : Schéma Directeur de Développement Sous-régional de Dakoro.

SDDRM : Schéma Directeur de Développement Régional de Maradi.

UBT: Unité bétail tropical.

DEDICACE

vii

Je dédie ce travail à mes frères Mahamadou Hiya Maidawa et Inoussa Hiya Maidawa.

viii

REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont à l'endroit de :

Pr. ADAM Toudou, Dr AMOUKOU Ibrahim tous de la Faculté d'Agronomie et Dr DAMBO Lawali (FLSH), mes encadreurs de mémoire qui, en dépit de leurs nombreuses occupations nous ont honoré en acceptant de diriger cette recherche. Leurs expériences et la rigueur de leur encadrement nous ont beaucoup aidé dans la réalisation de ce travail. Qu'ils trouvent ici notre entière reconnaissance.

La Coopération Technique Belge (CTB) à travers GRAP3A pour son soutien financier dans le cadre de cette étude.

Mr Ibrahim Kadaouré du Centre Régional AGRHYMET pour son assistance en cartographie.

Dr Bodé Sambo et Dr Bassirou Malam Souley pour leurs contributions diverses.

Mon grand frère KARIMOUNE Mahaman (doctorant au département de Géographie) pour sa contribution multiforme.

Mes amis et frères Nahantchi Nayoussa, Oumarou Zabeirou, Ousseini Idi Abdoulkarim, Amadi Maman Abass, Yagi Sanoussi, Magagi Mamane, Mahamidou Nahantchi, Maâzou Seydou, Ado Maman Nassirou, Awal Baboussouna, Tijani Soumana, Saley Djibo, Abdoul Aziz Harouna, etc. pour leur soutien multiforme. Tous les membres de notre équipe de stage à savoir Mahaman Massaoudou, Elhadj Hamza Maman et Youssoufa Idrissa (Université de Maradi) sans oublier notre superviseur Boukari Issa doctorant au département de géographie.

MM Madi Bassirou, Moussa tous au District Sanitaire (DS) de Dakoro et Alio Mamane pour leur soutien multiforme.

Tous mes collègues étudiants de la 1ère promotion de Master II de géographie pour leurs diverses contributions.

Tous ceux qui de près ou de loin, directement ou indirectement m'ont apporté leur soutien dans la réalisation de ce document.

Que ceux qui n'ont pas été cités ici, trouvent également l'expression de ma profonde gratitude.

Résumé

Au Niger en général et dans le département de Dakoro en particulier, la terre revêt une importance capitale et a une dimension économique, sociale, etc. Les acteurs autour du foncier ont établi des relations autour de l'accès à la terre et de sa gestion en raison de l'accroissement des enjeux.

Le présent document met en évidence les enjeux fonciers et les stratégies des acteurs dans l'accès et le contrôle du foncier pastoral à travers les trois (3) villages dans la vallée de la Tarka (département de Dakoro). Cette étude a pour objectif principal d'analyser les différents enjeux fonciers et les stratégies développées par les acteurs pour l'accès et la gestion des ressources naturelles. Pour atteindre cet objectif, des enquêtes et des entretiens ont été conduits à travers deux approches (qualitative et quantitative). Elles ont permis d'identifier les différents systèmes de mobilité pastorale et les acteurs autour du foncier. Les résultats auxquels nous sommes parvenus montrent que trois (3) enjeux majeurs structurent les pratiques et les stratégies des acteurs en matière de foncier pastoral dans cette vallée : le problème de la limite nord des cultures, le contrôle de la zone pastorale, et la question de la transhumance.

En effet, les 3/5 des enquêtés pensent que l'occupation de l'espace pastoral est dû à l'avancée du front agricole au delà de la limite nord des cultures. Les chefs traditionnels facilitent cette occupation en octroyant des champs pour des raisons diverses. Les points d'eau sont privatisés à 45% contre 44% monopolisés par les chefs traditionnels et 11% gérés par des comités villageois. Cette monétarisation de l'accès à l'eau rend les ménages pastoraux vulnérables et rend la mobilité difficile car tous les éleveurs en transhumance vers le nord passent par la vallée de la Tarka. Cette situation conduit à des conflits souvent mortels autour des ressources pastorales. Les pasteurs utilisent des stratégies diverses dans l'occupation des terres et pour faire face aux différentes catastrophes naturelles. Enfin, cette étude a permis d'identifier les facteurs de vulnérabilité liés au foncier notamment la privatisation de l'accès à l'eau, l'occupation de l'espace pastoral par l'agriculture, etc.

ix

Mots clés : Foncier, vallée Tarka, stratégies d'acteur, Dakoro.

Abstract

In Niger, particularly in the district of Dakoro, the soil remains vital and still holds its social and economic importance. The increase of interest has led the authorities in the field to establish relationships encompassing access and management of the soil.

This article discusses the needs and stakes of land-ownership and the strategies put in place by the authorities to ensure the access and control of the pastoral lands throughout the three (3) villages located in the Tarka Valley (district of Dakoro). The main goal of this study is to not only identify the factors at stakes but also to analyze the techniques developed by the authorities to facilitate the management and access to the natural resources. The study was conducted through surveys and interviews using qualitative and quantitative approaches. Those two (2) approaches helped us identify the different pastoral mobility systems as well as all the participants in the field. Our findings show that three (3) major factors determine the practices and approaches of the participants in this valley. The factors are as follow: (1) the issue of the northern limitation of cultivation or farming, the control of the pastoral zone, and transhumance.

In fact, 3/4 of the participants in the surveys believed that the occupancy of the pastoral areas derives from the advancement of the agricultural line beyond the northern limitation of farming. The traditional chiefs promote the phenomenon by granting farmlands for diverse reasons. Water points are privatized at 45% versus 44% monopolized by the traditional chiefs, and 11% managed by village committees. The privatization of the access to water has weakened the rural households and has made their mobility more difficult because most herdsmen pass through the valley towards the north during their transhumance. The situation often leads to tragic confrontations or conflicts. The herdsmen employ a range of strategies to occupy the lands and face the natural disasters. Finally, this study has allowed us to identify all the issues related to this subject especially the privatization of the access to water and the occupancy of the pastoral areas by farmers.

x

Key words: Land, Tarka Valley, techniques participants, Dakoro.

1

INTRODUCTION

Pays ouest africain, le Niger est situé au coeur du Sahel et constitue dans son ensemble un territoire à vocation agrosylvopastorale. Le Niger fait face à des difficultés d'ordre : économiques, sociales surtout d'insécurité alimentaire et une vulnérabilité grandissante qui assaille la population (Sitou, 2005). Avec une population essentiellement rurale environ 80,2% (INS, 2011), l'agriculture et l'élevage constitue les principales activités de la population. Cependant, dans les zones pastorales, les ressources pastorales sur lesquelles se fondent l'économie pastorale sont confrontées à des contraintes d'ordre climatique et convoitées pour d'autres utilisations (agriculture, alimentation, etc.). Pour sécuriser les ressources naturelles au Niger, le gouvernement a utilisé beaucoup des stratégies d'où la naissance de la loi n° 61-05 du 26 mai 1961 qui fixe la limite nord des cultures et empêche l'avancée du front agricole. Également, une autre stratégie a vu le jour avec l'adoption, de l'ordonnance n°93-015 du 02 mars 1993 fixant les principes d'orientation du code rural.

[a région de Maradi en générale et le département de Dakoro en particulier ne sont pas également épargnés de ces contraintes pastorales malgré que l'agriculture et l'élevage constituent les principaux leviers de l'économie régionale.

[a vallée de la Tarka qui est notre zone d'étude, traverse le département de Dakoro d'Est en Ouest sur environ 115 km avec une largeur de 6 km (Forum sur la Tarka, 2012). Elle constitue depuis la période coloniale la ligne de démarcation entre la zone agricole au sud et la zone pastorale au Nord. [a plupart des couloirs de transhumance qui traversent la région de Maradi depuis la frontière du Nigeria se jettent dans cette vallée.

[a loi 61-005 du 26 mai 1961 qui fixe la limite nord des cultures passe à la hauteur de la vallée de la Tarka. C'est une enclave à vocation essentiellement pastorale mais les sécheresses des années 70 et 80 ont provoqué une avancée du front agricole du sud vers le nord et une reconversion de certains éleveurs à l'agriculture.

La situation actuelle de cette vallée est celle d'un écosystème en voie de dégradation et l'avancée du front agricole vers le nord fait d'elle un espace convoité et disputé par les agriculteurs et éleveurs avec des systèmes d'élevage différents. Cependant, les champs ont atteint le lit de la vallée avec des modes d'exploitation des terres et des ressources naturelles dégradants. Cette dégradation des ressources pastorales est aussi liée au fonçage anarchique des points d'eau dans la vallée, au cours de séjour des transhumants et l'installation des villages par les agriculteurs. [a cohabitation entre les agriculteurs et les éleveurs se fait souvent avec des vives tensions conduisant à des conflits mortels. Malgré cette menace, la

2

vallée de la Tarka constitue un atout pour le développement socio-économique du département de Dakoro.

Cette étude entre dans le cadre du programme GRAP3A (Groupe de Recherche en Appui à la Politique en matière d'Alimentation et Agriculture en Afrique). Elle a comme thème : « Enjeux fonciers (pastoral) et stratégies des acteurs autour de la vallée de la Tarka (département de Dakoro) ». Ce thème permet de mieux appréhender l'occupation du foncier pastoral autour de la Tarka, de caractériser les différents systèmes pastoraux afin d'identifier les enjeux et les acteurs.

Ce document s'organisera autour des points suivants :

? Le chapitre I porte sur le cadre théorique de l'étude.

? Le chapitre II présente la zone d'étude dont l'objectif est de comprendre le contexte géographique et socioéconomique.

? Le chapitre III présente les différents systèmes de mobilité pastorale et les enjeux.
? Le chapitre IV porte sur les acteurs et les conflits liés à l'utilisation des ressources.

? Le chapitre V porte sur les facteurs de vulnérabilité liés au foncier, les stratégies des

acteurs et la discussion des résultats.

3

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

Ce chapitre retrace la revue de la littérature, la problématique de recherche, la méthodologie et les difficultés rencontrées au cours de cette recherche.

1.1 Etat des connaissances sur le foncier rural

Il existe une littérature abondante sur la question foncière et les stratégies des acteurs car ces dernières années, elle polarise l'attention de beaucoup de chercheurs tant au plan national qu'international.

Dans le cadre de la présente étude, la complexité de la question sur le foncier permet de présenter de façon analytique, une sélection de quelques ouvrages parmi l'abondante recherche consacrée à ce sujet.

1.1.1 Enjeux fonciers

Le terme d'enjeu foncier renvoie à une relation foncière, à un rapport social noué entre acteurs individuels ou collectifs autour d'une chose ou d'un bien (terre, plantation, mare, etc.)1.

Selon Vincent et Ouédrago (2008), les enjeux fonciers en Afrique de l'Ouest rurale sont plus que jamais d'importance. Ces enjeux sont liés à la dimension démographique. Selon ces mêmes auteurs, d'ici 2030, les pays ouest-africains connaîtront, en suivant le modèle de croissance agricole actuel, un taux d'utilisation théorique des terres compris entre 75 et 100%, trois autres dépasseront les 100%. Alors que des rivalités foncières locales étaient, dans le passé, atténuées par un contexte de relative abondance des terres, la dynamique de saturation de l'espace met en question la viabilité des exploitations familiales et reste une menace réelle pour la paix sociale.

Cette menace crée des mouvements migratoires qui soulèvent souvent de graves tensions identitaires. En outre, la question du pastoralisme devient de plus en plus complexe du fait de la mobilité des troupeaux. Ces auteurs montrent aussi l'importance de l'inapplicabilité de la quasi-totalité des législations en vigueur pour lutter contre la spéculation foncière provoquant l'accaparement d'importantes superficies à d'autres fins. L'absence d'une bonne politique étatique est un facteur favorisant la concentration des terres dans les mains des plus nantis. Cette pratique non contrôlée par l'Etat devient de surcroît source de conflits2 là où les mécanismes de régulation locale sont défaillants.

1 Propos cités dans : Le Meur (2002), dans son « approche qualitative de la question foncière ».

2Ce thème a fait l'objet des actes du forum international à Niamey, Niger, du 24 au 26 mars 2003, sur le thème : Conflits ruraux et gestion des ressources naturelles en Afrique de l'ouest et du centre, 320p.

4

Selon Sitou (2011), cette situation crée un blocage foncier né de la forte pression démographique et l'accroissement des enjeux économiques influençant le morcellement excessif des terres et l'individualisation des exploitations agricoles. Cette individualisation favorise par conséquent, l'émergence des spéculations foncières marchandes au profit des opérateurs économiques installés désormais dans une logique d'accaparement de terres. L'achat, le gage et la location constituent les principaux modes d'accès à la terre en lieu et place d'anciennes formes de solidarité (don, prêt).

Vincent et Ouédrago (2008) pensent que la décentralisation est une opportunité offrant la perspective d'une gestion foncière locale, notamment à l'échelle de la commune. Mais dans la plupart des cas, le transfert des compétences en matière foncière reste le plus souvent théorique.

Pour Sournia (1998), les Etats africains sont aujourd'hui confrontés à deux éléments permanents qui ont caractérisé la vie des pasteurs. Le premier est l'extraordinaire évolution démographique qui en quelques années a multiplié par deux voire par trois, d'où la nécessité des populations de conquérir de nouvelles terres à cultiver. Le deuxième fut le déficit pluviométrique généralisé qui touche de façon chronique la ceinture sahélo-soudanienne, avec pour corollaire l'abandon progressif de million d'hectares de terres arables et de pâturages par les populations. Cet auteur, a démontré que l'élevage en Afrique est sous menace avec des déplacements saisonniers pour la recherche de pâturage. Mais ce qui reste ici, est la détermination des acteurs dans ce domaine et les enjeux surtout fonciers liés à cette activité. Thréance (2010) pense qu'il s'agit plutôt de savoir comment les stratégies des acteurs influencent et complexifient la gestion du foncier par les collectivités locales qui ont aujourd'hui des compétences en la matière. Malgré cela, ces collectivités montrent souvent leur limite dans la gestion du foncier surtout au Niger.

Les enjeux fonciers auxquels sont confrontées toutes les politiques de développement en Afrique sont l'accroissement démographique, l'accès à la terre et aux logements pour tous (Lavigne-Delville, 2002). Il s'agit essentiellement des compétitions entre acteurs autour de la terre qui sont souvent des sources des conflits à l'échelle locale et nationale.

Pour ces chercheurs, les pays africains doivent relever les défis spécifiques suivants sur en matière du foncier :

- « Permettre l'accès au sol aux populations, pour produire, se nourrir et se loger,

- Prévenir et réguler les conflits sur l'accès à la terre et aux ressources naturelles.

- Prendre en compte la diversité des droits sur la terre et les ressources naturelles renouvelables.

5

- Avoir un besoin de politiques foncières dans un monde libéral. »

Ces recherches ont permis de faire le rapprochement entre les enjeux et les défis fonciers à relever.

Le foncier, l'un des enjeux fondamentaux du nouveau siècle, est aujourd'hui comme un facteur de production le plus limitant (Coulibaly, 2004). Avec cette forte croissance démographique l'on enregistre de plus en plus des conflits sérieux sur l'utilisation des ressources.

Les sécheresses récurrentes au Niger et leurs conséquences ont conduit les éleveurs à la pratique de l'agriculture. Cette situation leur permet de réduire le risque en cas de sécheresse d'où une rude concurrence dans l'occupation de l'espace. Les problèmes fonciers ont montré la difficile coexistence entre éleveurs et sédentaires dans une région de difficultés alimentaires chroniques à savoir le dallol Bosso (Alain, 1976).

Selon Sidikou (1994), la question foncière au Niger est non seulement complexe, mais elle révèle aussi un problème très délicat et difficile. La nature et l'acuité des problèmes fonciers varient d'un site à un autre.

Ces problèmes peuvent être compliqués par des interférences politiques anciennes ou récentes. Cette pratique existe encore dans les sociétés nigériennes provoquant l'accaparement des terres au profit des intérêts individuels.

Ces documents consultés ont beaucoup mis l'accent sur la croissance démographique comme étant un facteur important dans les problèmes fonciers que rencontrent les pays africains en général et le Niger en particulier. Mais Ces recherches n'ont pas fait cas de la vallée de la Tarka et surtout sur le foncier pastoral avec l'identification des différents acteurs. Notre étude tentera ainsi de dégager l'ampleur de l'occupation de l'espace pastoral par l'agriculture autour de la vallée de la Tarka.

1.1.2 Stratégies des acteurs et l'accès à la terre

Selon Le Meur (2002), il existe deux types d'acteurs : les acteurs individuels et collectifs subdivisés en deux catégories (acteurs en compétition pour l'accès aux ressources et instances ou institutions de contrôle de l'accès aux ressources). Cette approche nous parait intéressante dans la mesure où elle met l'accent sur les stratégies des deux catégories d'acteurs cités ci-dessus.

Les catastrophes naturelles de ces dernières années ont conduit certains acteurs (éleveurs) à développer un certain nombre de stratégies. Selon Mohamadou (2004), ces stratégies sont entre autres l'exode rural, les dons et aides par des projets, la vente des résidus de cultures pour les agriculteurs, la réduction de la taille du bétail et la transhumance vers le sud pour les

6

éleveurs. Ce qui manque à ce niveau est la stratégie utilisée par ces acteurs dans l'occupation des terres de culture dans une zone agropastorale et pastorale. Selon toujours le même auteur, les sécheresses successives des dernières décennies, la pression démographique et l'appauvrissement des sols ont provoqué le développement de nouvelles stratégies autour de l'accès et du contrôle de l'espace. Mais l'identification des acteurs autour de ces stratégies parait nécessaire pour comprendre les mécanismes d'attribution des terres autour de la vallée de la Tarka.

Selon Le Meur cité par Thréance (2010) les stratégies des acteurs sont de deux catégories : la catégorie des stratégies d'accès à la terre et celle des stratégies de contrôle et de règlementation foncière. Elles peuvent être composites, hétérogènes, productrices, rentières, patrimoniales, politiques, symboliques, etc. pour l'accès à la terre. Pour ce qui concerne les stratégies de contrôle et de règlementation foncière, les moyens employés par les « institutions foncières » sont aussi variés, entre droit, force, coutume et conventions.

Cet auteur a analysé l'importance de la question foncière dans les politiques et stratégies de développement rural au Burkina Faso.

Toutes ces stratégies développées par les acteurs intervenant dans le domaine du foncier jouent un rôle important dans la politique du développement rural conduisant aussi à des nouvelles stratégies d'accès à la terre.

Les stratégies d'accès à la terre sont classées suivant les acteurs qui s'affrontent. Elles sont variées et inspirées des logiques individuelles ou collectives, coutumières ou étatiques (Fotsing, 1994).

Après des analyses, ce chercheur montre que traditionnellement, en Afrique la terre est un bien collectif de tous les habitants. Chaque individu peut recevoir une terre pour cultiver. Le chef étant le possesseur de toutes les terres, peut attribuer les terres à toute personne désirant exploiter la terre. Cette soumission aux règles communautaires a longtemps maintenu une relative cohésion sociale et préservé la crise foncière. Avec les enjeux de plus en plus grandissants (privatisation des points d'eau et la maitrise de l'espace), les acteurs s'affrontent dans la course à l'occupation et/ou l'exploitation des espaces encore disponibles. Cette situation a provoqué la disparition de la logique d'appropriation collective des terres. L'accroissement démographique, le souci de marquer sa réussite au village, les modalités traditionnelles de promotion sociale, l'autonomie relative des chefs traditionnels, sont autant d'éléments qui secouent les stratégies du pouvoir des structures foncières coutumières et favorisent les stratégies individuelles plus ou moins spontanées.

7

Selon toujours le même chercheur, les dispositions foncières de l'administration, les diverses stratégies actuellement déployées dans la course à l'occupation des terres résultent de la confusion des droits fonciers dont les conséquences sont entre autres, les inégalités, les conflits fonciers, etc.

Ces stratégies individuelles d'occupation de la terre se traduisent souvent par un marquage de l'espace, la disparition de la jachère et l'occupation des espaces jadis inoccupés. Ce qui conduit à des stratégies de réglementation foncière comme l'a dit Coulibaly (2006). Selon cet auteur, les stratégies développées et mises en oeuvre par les acteurs dans le règlement des conflits portent sur le choix des instances d'arbitrage, la formation de groupes stratégiques3 et les pratiques de corruption. Avant d'entamer la problématique, il est nécessaire de définir les termes utilisés pour mieux comprendre le sujet.

1.2 Définition des termes

Dans le cadre de cette recherche, il parait nécessaire de clarifier les termes suivants susceptibles de nous aider à mieux cerner le sujet. Il s'agit de : foncier, acteurs, stratégies des acteurs.

1.2.1 Foncier

Étymologiquement, le mot foncier vient du latin fundus qui désigne « fonds de terre ».

En général le mot est relatif au fonds de terre.

On distingue plusieurs compréhensions du foncier qui varient en fonction des disciplines. Il est d'abord le socle et le support de toutes les activités humaines. Thréance (2010) a défini le foncier selon les domaines suivants :

Pour les juristes, le foncier se mesure en propriété, statut du sol, règlement, contrainte et servitude. Pour l'écologiste, le foncier c'est le sol, écosystème complexe, support de vie, participant au maintien des équilibres naturels.

Pour l'urbaniste, il s'aborde en termes d'occupation du sol, de projet de vie. Pour le géographe, il est support d'un usage, caractérisé par un relief, un bâti, une forme, une densité. Pour l'économiste, le foncier s'analyse en valeur, en rendement (locatif, agricole) ; c'est une assiette fiscale, un objet d'équilibre financier pour que sa valorisation soit rendue possible. Pour les sociologues le foncier est compris comme le mode d'organisation de l'espace et des populations humaines qui le composent. Il est au carrefour entre l'homme et son

3 Le terme de « groupe stratégique » correspond ici à la définition que lui donne Oliver De Sardan (1995) à savoir «une agrégation d'individus qui ont globalement, face à un « problème », une même attitude, déterminée largement par un rapport social similaire à ce problème (il faut entendre ici «rapport social» au sens large, qui peut être un rapport culturel ou symbolique comme politique et économique) ».

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environnement, avec une priorité pour la société. Chaque société humaine s'est installée sur ce que l'on peut appeler un territoire, et c'est par la compréhension de la manière dont les sociétés s'installent que l'on peut analyser le foncier. Tous ces domaines énumérés sont en interaction, en succession.

En fin, le foncier est l'ensemble des éléments ayant trait à la terre ou plus précisément à la propriété de la terre où on parle des ayant-droits pour désigner toute personne ou entité titulaire des droits fonciers coutumiers (Miliça, cité par Vincent-Alloké (1989))

1.2.2 Acteurs

Selon le Nouveau Petit Robert, l'acteur est comme une personne qui prend une part active, joue un rôle important dans la réalisation d'un objectif. Les acteurs du foncier peuvent être : l'ensemble des acteurs publics ou privés, individuels ou collectifs, qui jouent un rôle effectif dans des décisions touchant au foncier (affectation ou validation de droits, enregistrement, arbitrages, etc.), sans présager de leur statut au regard de la loi, avec leurs relations de complémentarités, de compétition, de concurrence ou de synergies (GRET, 2002)

1.2.3 Stratégies

La stratégie est l'ensemble d'objectifs opérationnels choisis pour mettre en oeuvre une politique préalablement définie. C'est la façon dont un acteur réalise ses divers objectifs en fonction des contraintes auxquelles il est soumis et des moyens dont il dispose. Selon le dictionnaire encarta, la stratégie est l'art d'organiser et de coordonner un ensemble d'opérations pour parvenir à un but. Elle est souvent dirigée vers le futur en tenant compte des comportements des autres acteurs.

Dans ce cadre, les stratégies sont catégorisées : accès à la terre, le contrôle d'une part, et d'autre part, les stratégies d'occupation de l'espace et de gestion des crises.

1.3 Contexte et justification du choix de thème

Dans le cadre du partenariat qui existe entre la coopération technique Belge à travers le programme GRAAP 3A et le Département de Géographie de l'UAM de Niamey, une bourse de six, (6) mois a été attribuée à dix (10) étudiants en master 2, pour conduire des recherches sur plusieurs thématiques dans les régions de Dosso, Maradi et Tahoua dont le département de Dakoro est l'un des sites choisi pour abriter les investigations sur les facteurs de vulnérabilités des systèmes d'élevage et ménages pastoraux.

Les raisons du choix de ce sujet se résument à deux niveaux:

Le premier est purement scientifique. En effet, de nombreux travaux (Abdoulaye (2004), Sitou (2011), Sidikou (1994), Kandine (2006)) ont été faits au Niger sur le

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foncier en zone agricole. Mais il n'existe pas assez d'études sur le foncier pastoral en lien avec la vulnérabilité autour de la vallée de la Tarka. Il s'agit de contribuer au processus de réflexion sur la question foncière qui est au coeur de toutes les actualités tant sur le plan national qu'international.

Le deuxième choix résulte d'un stage octroyé par la Coopération Technique Belge (CTB), suite a une recherche qu'ils ont initié sur la thématique : « évolution et perspectives du seuil de vulnérabilité des systèmes pastoraux dans les départements de Dakoro, Birni N'Gaouré et Abalak ».

1.4 Problématique

En Afrique de l'ouest, les sécheresses des trente dernières années ont considérablement modifié les équilibres écologiques et les systèmes de production. La dégradation du potentiel productif conjuguée à la pression démographique et à l'absence des techniques appropriées ont conduit agriculteurs et éleveurs à de nouvelles pratiques dans l'exploitation et la gestion des ressources naturelles. Ainsi, l'accès à la terre devient de plus en plus difficile. Dans les régions strictement pastorales, les points d'eau déterminent l'accès aux pâturages environnants, avec des statuts d'utilisation variés4 (tantôt libre, tantôt sous l'autorité d'une entité ou d'un clan). Faire pâturer du bétail ne confère aucun droit sur la terre, contrairement à l'agriculture qui produit grâce au travail du sol, d'où une dissymétrie des droits d'usage souvent source de conflits5 . Cela montre que les enjeux autour du foncier pastoral ne sont pas à négliger dont la législation est souvent insuffisante.

En effet, sur le plan foncier, la déclaration finale du forum de Praia+9 relatif au foncier rural et développement durable au Sahel et en Afrique de l'ouest constitue le seul cadre de référence régionale (CEDEAO, 2008). Il n'existe donc pas de texte réglementaire de portée régionale relatif au foncier pastoral en Afrique de l'ouest. Mais au niveau des pays (sahéliens notamment), des textes de loi tenant lieu de codes pastoraux ont été adoptés récemment (année 2000) et appliqués avec plus ou moins de succès.

Au Niger, le texte relatif au pastoralisme (l'ordonnance 2010-29 du 20 mai 2010) n'a pas encore un décret d'application.

4 Propos cités dans les dossiers thématiques du CSFD numéro 9 60p.

5 Ickowicz et al. 2010, cité dans dossiers thématiques du CSFD n°9 60p.

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Face à la dégradation des terres de culture et à la démographie galopante du pays (3,5%6 de taux de croissance annuelle), le Niger est dans l'urgence de trouver des nouvelles stratégies et politiques foncières (Kandine, 2006). Cette situation est combinée au faible taux de production agricole (2%) et surtout devant la pression sur le foncier7. Ainsi, un code rural a été élaboré pour fixer le cadre juridique des activités agricoles, sylvicoles et pastorales avec des commissions foncières comme représentation dans le pays jusqu'au niveau des villages. Cet accroissement démographique et celui des champs au détriment des espaces vitaux pour l'élevage détruit progressivement une grande partie des ressources pastorales. Cette extension et les contraintes climatiques ont conduit les pasteurs à pratiquer l'agriculture pour subvenir aux petits besoins et contrecarrer leurs espaces pastoraux au nord avec l'avancée progressive du front agricole. Au sud, la zone agricole est saturée par les champs qui se sont étendus jusqu'à emprunter les superficies destinées initialement au pâturage et à l'abreuvement. Beaucoup de couloirs de passage et aires de pâturages ont été mis en culture et les éleveurs doivent souvent se contenter de déplacer leur troupeau sur la route ou son bas-côté quand celui-ci n'est pas cultivé (RéDéV, 2005).

Cette situation a favorisé en zone intermédiaire le développement des champs largement au nord de la limite officielle des cultures et occupe les superficies de pâturages précieux pour les éleveurs. Ceci rend difficile voire impossible l'accès à certaines ressources.

La zone de cette étude (la moyenne vallée de la Tarka) au niveau de Dakoro correspond à la partie agropastorale et pastorale du département est concernée par les problèmes et contraintes évoquer précédemment.

Cette vallée se caractérise par une forte pression foncière liée à une agriculture extensive, d'où l'avancée du front cultural vers la zone pastorale au-delà de la limite nord des cultures. Cette colonisation agricole est le fait des agriculteurs Haussa venus du sud qui défrichent les espaces pastoraux mais aussi le fait des éleveurs convertis à l'agriculture (Mohamadou, 2004). Les chefs traditionnels Touareg ont contribué à cette avancée en encourageant les éleveurs à se sédentariser. La vallée de la Tarka fait aujourd'hui l'objet d'une vive compétition entre les éleveurs, les agriculteurs, les politiciens, les chefs traditionnels et les élus locaux.

6 Selon l'INS en 2011.

7 94,1% de la population est concentrée dans les régions du sud qui ne couvrent que 34,9% du pays.

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Un autre phénomène autour de cette vallée, est l'appropriation privative des points d'eau. Les puits publics et communautaires sont systématiquement privatisés8. Cette stratégie s'inscrit dans une logique d'appropriation de l'espace parce qu'en zone pastorale, qui contrôle l'eau contrôle l'espace.

Ces conditions difficiles prouvent que les pasteurs font face à des dangers et risques qui facilitent la vulnérabilité des systèmes et ménages pastoraux.

Ce travail envisage d'analyser les différents enjeux autour du foncier pastoral et les stratégies développées par les acteurs dans la gestion des ressources naturelles. Partant de ces constats, il est nécessaire de poser ces quelques questions :

- Quels sont les différents acteurs intervenant dans la vallée de la Tarka ?

- Qui gère le foncier dans la vallée de la Tarka ?

- Quelles sont les pratiques ou stratégies des acteurs pour l'accès à des terres et la gestion du foncier pastoral ?

1.5 Hypothèses

Les hypothèses sur les quelles nous avons travaillé sont :

- Différents acteurs sont présents directement ou indirectement dans la vallée de la Tarka et interviennent dans la gestion et l'utilisation des ressources naturelles de cette vallée.

- Les conditions de vie, des éleveurs notamment, dans la vallée de la Tarka dépendent de leur capacité à accéder aux ressources.

- Les stratégies développées par les éleveurs sont fonction de l'état des ressources et des différents systèmes pastoraux.

1.6 Objectifs

1.6.1 Objectif global

Ce travail s'est fixé comme objectif global d'analyser les différents enjeux fonciers et les stratégies développées par les acteurs pour l'accès et la gestion des ressources naturelles. 1.6.2 Objectifs spécifiques

- Analyser l'occupation pastorale dans la vallée de la Tarka ;

- Identifier les différents systèmes de mobilité et les potentialités pastorales dans la vallée de la Tarka ;

8 LASDEL, 2004 Foncier agro-pastoral, conflits et gestion des aléas climatiques au Niger Cas de Dakoro et Abalak, Etudes et Travaux n° 26, 39p.

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- Identifier les différents acteurs et les enjeux autour des ressources naturelles de cette vallée ;

- Dégager et évaluer les risques auxquels sont soumis les différents acteurs;

- Identifier et analyser les stratégies et initiatives locales développées par les acteurs autour de ces ressources.

1.7 Méthodologie

1.7.1 Atelier préparatoire

Avant la tenue de l'atelier, une mission composée d'une équipe pluridisciplinaire d'enseignants chercheurs, de deux doctorants et d'un expert en gestion foncière a séjourné dans le département de Dakoro afin d'effectuer un diagnostic rapide de la situation de vulnérabilité des ménages pastoraux tout en identifiant les différents systèmes pastoraux. Il s'agit entre autres d'apprécier le niveau de recomposition de l'espace en lien avec l'avancée du front agricole, identifier les sites où seront installés les étudiants pour leur stage de mémoire, etc.

En suite, un atelier d'harmonisation des outils et d'élaboration des thématiques et sujets de recherche a été organisé à Niamey, du 10 au 11 juillet 2012 entre les enseignants chercheurs, les doctorants et les étudiants. L'objectif de cette rencontre est de valider les différentes thématiques et les outils de collecte de données.

1.7.2 Recherche documentaire

Elle consiste essentiellement à une consultation des documents et à leur synthèse. Les ouvrages, les rapports, les mémoires, les thèses et les articles scientifiques qui présentent un grand intérêt pour la présente étude ont été consultés. La consultation des documents a été faite au niveau des différents centres de documentation de l'AGRHYMET, du LASDEL, de CARE Dakoro, de SAREL Dakoro et dans les bibliothèques de la Faculté d'Agronomie et du Département de Géographie de l'université Abdou Mounmouni de Niamey, ainsi que sur les sites internet. Cet exercice a permis de rassembler le maximum d'informations sur le pastoralisme et les systèmes pastoraux.

1.7.3 Collecte de données

La collecte des données s'articule autour du choix des sites, des outils de collecte des données et des pasteurs enquêtés.

1.7.3.1 Choix des sites

Les enquêtes ont concerné les sites de Kougou, Kadago et Gadabédji. Ces sites ont été choisis sur la base d'appartenance à une zone agropastorale et pastorale, de convergence des éleveurs transhumants du fait de l'existence de points d'eau mais aussi de la présence permanente d'au

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moins une partie des autochtones. Il s'agit de saisir l'occasion pour échanger avec des éleveurs venus d'horizons divers.

1.7.3.2 Choix des enquêtés

L'analyse a porté sur deux (2) catégories de pasteurs enquêtés en fonction des systèmes d'élevage à savoir :

- Eleveurs en transhumance

Il s'agit des éleveurs venus notamment des régions voisines et d'autres zones du département de Dakoro. Ce sont tantôt des leaders, tantôt des éleveurs ordinaires. Ils disposent d'animaux compris de gros et petits ruminants.

- Eleveurs transhumants autochtones

Ce sont des agropasteurs qui ont dû diversifier leurs activités avec la pratique de l'agriculture avec l'effet des sécheresses successives.

1.7.3.3 Méthodes de collecte des données

Plusieurs méthodes ont été utilisées pour collecter les données (qualitatives et quantitatives) auprès des acteurs institutionnels et au niveau des campements. Ainsi, la démarche de Olivier de Sardan citée par Bodé (2011) a été adoptée : elle consiste à «Habiter le village (si on travaille en milieu rural), séjourner longtemps dans les services (si on travaille en milieu professionnel urbain), c'est indispensable. Une bonne enquête implique du temps, et suppose l'observation participante, autrement dit côtoyer les gens, bavarder avec eux, vivre (au moins un peu) avec eux. On ne peut simplement descendre de la voiture, faire trois entretiens, et repartir. C'est le soir, après le travail, qu'on apprend beaucoup de choses. C'est dans la durée que les gens, s'habituent au chercheur, et commencent à lui faire confiance ».

Cette démarche a permis de faire plusieurs jours sur le terrain (7 à 10 jours par site) avec des excursions dans les campements aux alentours du site de base. La journée est uniquement réservée aux enquêtes et entretiens avec des observations directes sur le terrain ; et la nuit des causeries avec les anciens et les jeunes. Ces moments d'observation et de causeries qui sont aussi importants permettent de compléter et de vérifier les données acquises pendant les enquêtes et les entretiens.

Aussi, des interviews individuelles ont permis de recueillir des témoignages d'éleveurs.

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1.7.4 Outils de collecte de données

Deux types d'outils ont été utilisés pour la collecte des donnés sur le terrain. Ce sont les guides d'entretien et les questionnaires. La phase d'enquête a été effectuée au moment de notre séjour de trois (3) mois sur le terrain allant du mois de juillet à septembre.

1.7.4.1 Questionnaire

Ce questionnaire a concerné les chefs de ménage éleveurs (Peulh et Touareg) qu'ils soient transhumants, nomades ou résidents. Au total soixante (60) chefs de ménage (33 Peulh et 27 Touareg) ont été enquêtés.

1.7.4.2 Entretiens

Le guide d'entretien élaboré à l'occasion de cette étude est adressé aux chefs traditionnels, personnes ressources, chefs de service départementaux d'élevage, agriculture, plan, hydraulique, environnement et les maires de Gadabéji, Dakoro et aux différents Secrétaires Permanents (SP) de la Commission Foncière (COFO). Ce guide a été aussi adressé aux différents projets et ONG tels que SAREL, PASEL, CARE, etc.

1.7.5 Dépouillement, Analyse / Interprétation des données

Le dépouillement s'est fait au fur et à mesure du déroulement de l'enquête.

Les logiciels qui ont été utilisés dans cette étude sont entre autres: Word pour la saisie du rapport, EXCEL pour les représentations graphiques; SPSS pour le traitement et l'analyse des données et ARC View 3.2 GIS pour la réalisation des cartes.

A la fin de chaque sortie sur le site un rapport est rédigé et soumis au débat avec le superviseur et les autres membres de l'équipe afin d'identifier les manquements et corriger ceux-ci avant la prochaine sortie sur le terrain.

L'interprétation des données recueillies s'est faite en deux étapes. Un premier draft du rapport a été rédigé et soumis à l'appréciation des membres de la mission de supervision lors de son passage à Dakoro afin de recueillir les premières observations. Ces dernières ont été prises en compte pour améliorer le contenu du document. Une deuxième étape est celle de la rédaction définitive du mémoire après les premières observations.

1.8 Difficultés rencontrées

Au cours de cette phase de notre travail, nous nous sommes confrontés à un certain nombre de difficultés que nous résumons comme suit :

· Les grèves répétitives des agents du développement rural;

· La coïncidence de calendrier de recherche sur terrain avec le mois de Ramadan qui a rendu le déplacement sur le terrain un peu difficile;

·

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[a non-disponibilité de certains producteurs (agropasteurs) due aux travaux champêtres,

· [a non-disponibilité à temps des images satéllitales (2 mois d'attente) pour la réalisation des cartes d'occupation des sols.

Tout cela a rendu lent le rassemblement des données mais avec l'engagement et la patience, nous avons surmonté ces difficultés.

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CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

Le présent chapitre traite des aspects physiques et humains de la zone d'étude dont l'intérêt est de comprendre le contexte géographique et socio-économique dans lequel se produit le phénomène d'occupation de l'espace pastoral, objet de cette étude.

2.1 Milieu physique

2.1.1 Situation géographique

Le département de Dakoro est situé dans la partie septentrionale de la région de Maradi. Il est compris entre les 13°40' de latitude Nord et 7°45' de longitude Est. Le département de Dakoro couvre une superficie de 17 670 km2 soit 42,28% de celle de la région qui est de 41.796 km2 et 1,48% de la superficie totale du Niger (Ibeida, 2012).

Ce département est composé des cantons de Kornaka, Bader-Goula, Soly et Birnin Lallé, les groupements peul de Korahane, de Bermo (devenu département en 2012) et Kassawsawa (à majorité Peul Bororo) et les groupements touareg de Azagor,Gadabèdji et Effret.

Occupant la partie Nord de la région de Maradi, ce département est limité au Nord par Tchirozérine, au Sud par Guidan Roumji, à l'Est par Tanout et à l'Ouest par Madaoua, Bouza et Keita.

Au fur et à mesure que l'on remonte du Sud vers le Nord du département on rencontre quatorze (14) communes subdivisées en trois zones écologiques distinctes :

- la zone a vocation agricole au sud comprenant les communes rurales de Dan Goulbi, Kornaka, Mayara et Sabon Machi ;

- la zone intermédiaire ou agropastorale avec les communes rurales d'Ajekoria, Azagor, Birni-Lalle, Dakoro, Korahane, Badar Goula, Roumbou et Soli-Tagris ;

- La zone pastorale occupant tout le nord de l'ancien département avec les communes Rurales de Gadabedji et Bermo9.

Cette situation géographique du département de Dakoro constitue une position stratégique dans la régulation de la transhumance. La vallée de la Tarka se trouve à cheval entre ces zones écologiques citées plus haut. Vu cet espace pastoral vaste, les agriculteurs du sud se précipitent à occuper cet espace au profit de l'agriculture.

2.1.2 Climat

Le climat du département de Dakoro va de type sahélien semi-aride au sud et sahélo-saharien au nord avec une pluviométrie moyenne de 200 à 300 mm au nord et de 300 à 400 mm au sud (DDA, 2011). Ces précipitations fluctuent d'une année à l'autre. La Mousson et l'harmattan

9 Cette localité est devenue département de Bermo.

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caractérisent le régime des vents du département de Dakoro avec des températures élevées. Ce climat est favorable à l'élevage et au déplacement des animaux tout au long de la zone pastorale.

2.1.3 Sols

Au plan pédologique, le département de Dakoro comprend trois grands groupes des sols différenciés par le matériau d'origine, par la géomorphologie et par les conditions climatiques.

Du Nord au Sud les sols se présentent comme suit (SDDSD, 2000) :

Les sols isohumiques dont la limite méridionale s'arrête à la vallée de la Tarka. Il s'agit de sols peu structurés, très sensibles à l'érosion éolienne et d'une fertilité très faible. Ils ont évolué dans des conditions d'aridité et possèdent une vocation essentiellement pastorale. Les sols ferrugineux tropicaux qui occupent d'importantes superficies et couvrent pratiquement tout le département au sud de la vallée de la Tarka. Les faibles précipitations enregistrées n'autorisent sur ces sols qu'une agriculture aléatoire.

Outre ces deux grands ensembles, il existe des sols plus ou moins hydromorphes présents dans les vallées de la Tarka et du Goulbin N'Kaba. Ils présentent une bonne aptitude à l'irrigation.

2.1.4 Ressources en eau

Il existe deux types des ressources en eau :

y' Les eaux de surface : ces eaux se limitent seulement aux mares qui sont au nombre de 34 dont une permanente, celle de Akadané qui fait 100 ha actuellement alors qu'elle en faisait 200 dans les années 1990 (SDDRM, 1997). Toutes ces mares sont alimentées par le ruissellement en saison de pluies. Ces points d'eau jouent un rôle important dans la vie socio-économique de la population en général et en particulier dans les activités pastorales. En saison de pluies le bétail s'y abreuve ; et en fonction de leur régime, elles règlent les mouvements de transhumance. Toutefois, la conquête progressive des superficies par les agriculteurs vers le nord, au-delà de la limite nord des cultures crée des perturbations dans l'utilisation des mares. Ces eaux de surface alimentent aussi la nappe phréatique et de nombreux puits existant dans la vallée de la Tarka.

y' Les eaux souterraines : deux nappes souterraines intéressent le département de Dakoro. La nappe du continental hamadien, constitue un acquifère multicouche avec des grès et la nappe des alluvions anciennes du Goulbi N'Kaba qui se repose sur des

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grès bariolés avec des galets et des sables (SDDRM, 1997). Ces eaux souterraines constituent la source d'approvisionnement en eau pendant la saison sèche. Cependant on enregistre plus ou moins des conflits autour de ces points d'eau vu la forte pression animale dans la vallée de la Tarka.

2.1.5 Végétation

A l'image des conditions édaphiques, le couvert végétal présente une grande hétérogénéité. Le potentiel ligneux et herbacé varie en fonction des types de formations. La végétation correspond à une steppe herbeuse ou peu arborée. Le couvert herbacé naturel est important et l'existence de nombreux couloires de passage facilitent l'accès aux ressources pastorales. Dans la zone pastorale située au nord de la vallée de la Tarka, on trouve des steppes herbeuses piquetés d'arbuste tel Acacia raddiana. Le couvert herbacé donne des pâturages de qualité. Le potentiel fourrager est excellent en saison pluvieuse entre juillet et septembre (DDE/LCD, 2011). A partir de mars, la qualité se dégrade et devient médiocre. Dans la vallée de la Tarka, le peuplement arboré est assez important malgré une emprise croissante de l'agriculture.

Le département de Dokoro se situe dans une zone marquée par d'importantes ressources fourragères ; ce qui lui confère une vocation pastorale. Mais la dégradation du couvert végétal réduit sensiblement les ressources fourragères. Certains cultivateurs vont jusqu'à brûler les pâturages pour éloigner les éleveurs des zones de culture. Il faut également noter la présence des forêts classées de Birnin Lallé (46 ha) et de Gadabéji (76000 ha), une gommeraie de 841ha et environ 81 enclaves pastorales rattachées aux 13 couloirs de passage internationaux tous balisés (DDRA, 2007). Cette végétation constitue le principal pâturage de la vallée de la Tarka. La riche floristique de cette vallée est à la base de certaines confrontations entre éleveurs dans la gestion du pâturage.

2.2 Caractéristiques de la population

La population du département de Dakoro est estimée à 606 862 habitants10, avec une densité de 16 habitants /km2 au Nord et 20 habitants/km2 au sud. Le taux d'accroissement naturel est de 3,7%. Ce département est peuplé essentiellement par trois groupes ethniques. Ces trois grands groupes et l'origine de leur provenance se résument comme suit :

? Les Haoussas composés des sous-groupes suivants :

Les Gobirawa venant de l'Aïr pour certains et de Tibiri pour d'autres ;

Les Katsinawa venus de Katsina (Nigeria) ;

Les Aderawa venus de l'Ader (région de Tahoua) ;

10 Selon INS (2011) : le Niger en chiffre

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Les Kambari barebari venant de Daoura (Nigeria).

Les Haoussas occupent la bande sud et le centre du département, plus particulièrement dans le canton de Kornaka, Birnin Lallé et Soli Tagriss où ils sont majoritaires.

V' Les Peulhs dont tous les groupes ethniques se réclament originaires de Sokoto (Nigeria). On distingue des sous-groupes tels que les Kassaoussawa, les Yamawa, les Bikaraoua (Bororo) qui sont des nomades et occupant la partie nord avec les Touareg. Les Peulhs Farfarou qui se sont plus ou moins sédentarisés occupant le centre et le sud-ouest du département formant le groupement peulh de Korahane.

V' Les Touareg constitués de deux principaux groupes à savoir les Kel Ferwane et les Kel Gress viennent du nord (Aïr) et du nord-ouest (région de Tahoua). On rencontre les Igadalène et les Imagarawan occupant l'extrême nord du département (terroir d'Akadaney).

La densité de cette population dans le sud et le fort taux de croissance démographique combinés aux sécheresses ont conduit les éleveurs à pratiquer l'agriculture.

2.3 Activités agricoles

L'Agriculture constitue la principale activité économique des populations sédentaires. Les principales cultures sont le mil (117405,67 tonnes cultivées sur environ 85% des surfaces), le sorgho, le niébé et l'arachide. Le manioc, l'oseille et le maïs sont aussi cultivés mais à petite échelle (DDAD, 2010). La production des céréales est généralement destinée à l'autoconsommation (plus de 80%). Le bilan céréalier est souvent déficitaire une année sur deux. L'augmentation de la production dépend beaucoup plus de l'extension des superficies emblavées. Mais cette agriculture est contrainte par les aléas climatiques et les ennemis des cultures, ce qui rend le département une zone à déficit alimentaire récurrent (DDA, 2011). Malgré ces contraintes, on assiste à une extension de l'agriculture au-delà de la Tarka en pleine zone pastorale ; ce qui rend difficile le mouvement des éleveurs.

2.4 Elevage

L'élevage, avec 646 443,25 UBT en 2011 (DDRA, 2012) dont 42% de bovins (figure 1), est la deuxième activité économique du département. Il est pratiqué sous trois formes : sédentaire, nomade et transhumant. L'élevage sédentaire est dominant dans la zone agricole et agro-pastorale. Il s'agit d'une forme d'intégration de l'activité agricole et de l'élevage. Quand à l'élevage nomade, il est pratiqué par les peulhs et les Touareg de la zone pastorale ; fondé sur la mobilité des hommes et des animaux pour l'exploitation des pâturages naturels et des points d'eau. L'élevage transhumant est le plus important dans le département de par les

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effectifs des troupeaux concernés. Il utilise l'ensemble de la zone pastorale et agricole à travers un mouvement pendulaire et cycliste.

300 000,00 250 000,00 200 000,00 150 000,00 100 000,00

50 000,00

0,00

 

EFFECTIF EN UBT

Figure 1: Répartition du cheptel en UBT par espèce

Source : DDRA, 2012

Cette figure fait ressortir que les bovins sont les plus dominants dans le département de

Dakoro avec 42% suivit des camelins et les caprins avec respectivement 33% et 12%. Les espèces les moins représentées sont les ovins avec 8%, les asins 5% et les équins avec 1%. Cela montre le rôle important que joue le département de Dakoro en matière d'élevage au Niger en général et dans la région de Maradi en particulier.

2.5 Activités non agricoles

Il s'agit du commerce et de l'artisanat. L'activité commerciale occupe une bonne partie de la

population. Ce qui fait la spécificité de Dakoro, c'est la part importante que tient la vente du bétail dans l'économie du département. Le secteur de l'artisanat regroupe une gamme d'activités. Il concerne tous les groupes ethniques, en particulier les Touareg spécialisés dans la bijouterie, le travail de cuir, la confection des nattes. Ces activités se font dans la plupart des cas dans le village artisanal de Dakoro. En effet, ces activités constituent une source de revenus pour les éleveurs victimes des crises pastorales.

2.6 Présentation de la vallée de la Tarka et son rôle stratégique

La vallée de Tarka (figure 2) est une zone à vocation pastorale qui traverse le département

d'Est en Ouest sur 115 km de longueur et environ 6 km largeur du Sud au Nord (Forum sur la Tarka, 2012).

A l'origine Tamasheq le nom de la vallée peut être considérée comme un des indicateurs de l'antériorité de la présence des Touaregs dans la vallée. Ainsi, selon le secrétaire permanent

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de la cofodep, le mot «Tarka » signifie « quelque chose de si abondant qu'elle finit par se décomposer ». Les premiers occupant ont, désigné par-là l'abondance des arbres et du pâturage qui caractérisait la vallée et ses pourtours à l'époque.

La Tarka est un écosystème qui subit les assauts répétés des agriculteurs attirés par la qualité de ses sols ferrugineux tropicaux et hydromorphes très favorables aux cultures. Les pasteurs convoitent également cette vallée à cause des ligneux fourragers très appétées : Acacia raddiana (Kandilli), Balanites aegyptiaca (Adoua), Acacia Senegal (Akwara), très dominante ; viennent ensuite Faidherbia albida (Gao), Acacia seyal, Bauhinia rufescens (Dirga) et Hyphaene thebaica (les doumiers). La profondeur des puits ne dépasse guère 50 mètres et cela permet l'épanouissement d'une flore importante. Les mares sont très pauvres en eau car elles sont temporaires.

Du fait de l'instabilité du climat et surtout des activités anthropiques, la vallée de la Tarka connaît une dégradation accélérée.

Dès 1937 on note la colonisation de cette vallée par les sédentaires ; avec l'installation des villages sédentaires et « zongos » (Matoya, Tambarawa Dargué, Roumbou...). A cette même date l'administration coloniale en place a émis le voeu de voir cette installation interdite afin de protéger le pâturage.

Sur le plan hydrologique la vallée de la Tarka est subdivisée en trois (3) parties :

V' la Haute vallée : dans le département de Tanout qui constitue la partie la plus vaste ;

V' La Moyenne Tarka ou la vallée centrale: qui s'étend de Dakoro jusqu'à Bouza

V' la Basse vallée : qui commence de Bouza à Madaoua jusqu'à la frontière du Nigéria.

La Moyenne Tarka au niveau du département de Dakoro constitue notre zone d'étude.

Autrefois, cette vallée regorgeait un important peuplement riche en biodiversité floristique et animale. Cela a suscité un afflux des agropasteurs depuis les années 1920 (date probable d'installation des premiers champs).

L'exploitation abusive conjuguée à l'avancée du front agricole, a occasionné la dégradation accélérée des ressources naturelles de cette vallée. Ce qui constitue une préoccupation tant pour les populations riveraines, que pour l'Etat et les Partenaires Techniques et Financiers (PTF).

Sa position géographique et sa vaste zone pastorale font de Dakoro un carrefour des éleveurs venant du Nigeria, d'Agadez, de Tanout, de Zinder et du Sud Maradi en saison de pluies et en période de soudure.

Les éleveurs partent en transhumance, vers le Nord jusqu'à la région d'Agadez. A l'allée comme au retour, la vallée constituait une aire où les animaux pouvaient se reposer pendant

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deux à trois mois, voire beaucoup plus pour certains. Par son immensité et l'absence d'autorité indigène, la vallée de la Tarka fut une zone où il est facile de se soustraire aux charges administratives pendant la période coloniale. Les rares populations étaient les touaregs et les nomades peuls qui faisaient paître les troupeaux.

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Figure 2: Localisation du département de Dakoro et de la vallée de la Tarka Source : Centre régional AGRHYMET

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Conclusion partielle

Après analyse des différents points, il ressort que le département de Dakoro présente un

climat de type sahélien semi-aride au sud et sahélo-saharien au nord. L'économie de ce département repose sur les activités agricoles, l'élevage, l'artisanat et le commerce. La Moyenne vallée de la Tarka présente d'importantes potentialités favorables à l'élevage et elle joue un rôle stratégique pour les éleveurs en transhumance vers le nord.

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CHAPITRE III : SYSTEMES DE MOBILITE PASTORALE ET LES ENJEUX FONCIERS

Ce chapitre s'articule autour des différents systèmes de mobilité pastorale qui est la porte d'entrée de cette étude et les principaux enjeux fonciers autour de la Tarka ainsi que les difficultés liées à cette mobilité.

3.1 Principaux systèmes de mobilité pastorale

Le système mobile à faible ancrage foncier : il est mis en oeuvre par les pasteurs Mbororo et Wodaabe des zones d'Eggo et de Bermo qui élèvent des troupeaux avec une composition à dominante bovins. Pendant les années dites normales avec une production fourragère suffisante, ils s'éloignent très rarement de leurs sites d'attache (mares et puits traditionnels), c'est le nomadisme. Par contre, en année de déficit fourrager, ils se replient dans des sites stratégiques souvent très éloignés de leur terroir d'attache (commune Bermo) souvent jusqu'aux pays étrangers (Nigéria, Tchad et Cameroun, etc.).

Ces éleveurs disposent d'un encrage foncier faible en zone pastorale qui leur permet d'avoir des puits traditionnels ou le contrôle des vallées. Les relations de réciprocité sont développées dans ce système du fait de l'ouverture dans l'accès aux ressources pastorales. Ils partagent d'excellentes relations avec les pratiquants des autres systèmes.

Le système agropastoral avec un ancrage foncier souvent fort est surtout pratiqué par des Peuls Katchinawa (Afagaye, Puits de Bahago) et certains Haoussa de la bande sud du département. Ils possèdent des troupeaux importants généralement diversifiés composés de bovins, ovins, caprins, camelins et asins. Ce système tend à évoluer vers une certaine intégration agriculture élevage (stockage des résidus de cultures et de la paille de brousse, culture attelée, etc.). C'est le véritable système de transhumance d'hivernage, avec toutefois une fixation au niveau des terroirs d'attache pendant la saison sèche.

Le système d'agro éleveurs : ce sont des éleveurs de divers groupes socioprofessionnels en décapitalisation suite à des sècheresses répétitives ou certains ménages qui se lancent dans un élevage naisseur (Gadabédji, Dakoro). Ils pratiquent plus une agriculture combinée soit au petit élevage (caprins et ovins) et d'autres activités (petits commerce, exode, salariat agricole, etc.).

Le système mixte à faible ancrage foncier : mis en oeuvre par des pasteurs Oudawa (Farfaru de Korahan, Bero Marafa, etc.) qui élèvent essentiellement les bovins et les ovins. Leurs déplacements sont circonscrits entre les sites de saison de pluies et ceux de saison sèche situés plus au sud dans les vallées plus humides de Goulbi, de la basse vallée de la Tarka et de

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Tchinkahi au Nord Nigeria. Certains mouvements prennent de l'ampleur et de l'amplitude d'une véritable transhumance transfrontalière.

Le système de grande mobilité des bergers moutonniers : Ces éleveurs passent habituellement la saison des pluies dans les espaces ouverts de la zone pastorale du département de Dakoro ou le sud de la région d'Agadez. Compte tenu de tarissement des mares temporaires à la fin de saison de pluie, ces éleveurs descendent plus au sud dans leurs terroirs d'attache pour la vaine pâture situés soit au sud de la région de Maradi ou au Nigéria pour passer la saison sèche.

Sur leur parcours, ils valorisent le pâturage vert et les mares. Ces moutonniers se déplacent sans famille ni bagage et sans matériels d'exhaure ; ce qui leur permet de se déplacer à un rythme rapide afin d'éviter, autant que possible, les dégâts champêtres et d'accéder au pâturage avant l'arrivée d'un grand nombre d'éleveurs. Ces peuls n'ont pas d'encrage foncier. Mais ce système sollicite la présence du marché sur les parcours d'où la multiplication des escales. En cas de dégâts champêtres, ils quittent nuitamment la zone. Ce système est basé uniquement sur les liens sociaux et de bon voisinage.

Le système camelins : ce système pratiqué par les Touareg (Gadabéji et Azagor) se caractérise par un mouvement pendulaire. En effet, les éleveurs disposent d'un terroir d'attache avec une maitrise foncière en zone pastorale et se déplacent souvent sans famille. Ils pâturent en saison de pluies non loin du terroir d'attache (Tiguitou Gadabedji), en saison sèche certains de ces éleveurs partent en transhumance jusqu'à Bassaré (Nigeria) pour profiter du pâturage ligneux.

Le mouvement est amorcé après la récolte à partir de la zone pastorale (Gadabeji, Azagor,...) vers le Nigéria (généralement) où ils restent 4 à 5 mois. Ils ne reviennent sur leur terroir d'attache qu'en début d'hivernage. Ces éleveurs choisissent des bons moments pour la remonté et la descente leur permettant d'éviter les taxations abusives liées aux dégâts champêtres.

Compte tenu de certaines contraintes climatiques, ce système commence à prendre de l'ampleur. Il est axé surtout sur un élevage camelin associé parfois aux petits ruminants et au commerce d'animaux. Ces commerçants touareg natifs de Gadabeji, qui résident à Maradi

achètent les animaux des éleveurs en période de sécheresse ou de crise dans la zone pastorale moins chers pour les élever avec des aliments bétail et les vendre très chers après la saison de

pluies. Ces Touareg confient leurs propres troupeaux au berger tout en faisant cette pratique. Cette dernière prend de plus en plus de l'ampleur et demande beaucoup des moyens financiers.

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Les systèmes observés et rencontrés sur le terrain sont entre autres le système mixte avec encrage foncier, le système d'agro éleveur, le système agropastoral à faible encrage foncier et le système camelin. Ces éleveurs ont des points d'attache avec un encrage foncier fort ou faible et possèdent diverses stratégies dans l'occupation de l'espace qui seront détaillées très prochainement.

3.2 Evolution et historique de l'occupation de l'espace dans la vallée de la Tarka

Cet espace diminue vu la grande concurrence qui prévaut dans cette vallée dans le cadre de

l'occupation de l'espace. Cette diminution est liée à l'avancée du front agricole au-delà de la limite nord de cultures et les fluctuations climatiques observées ces dernières années couplées à des multiples sécheresses chroniques (tableau 1).

Tableau 1: Quelques événements majeurs ayant marqués les éleveurs

Années

Nom local en Haoussa

Caractéristiques

1966

tsaballé tia manda

prix du mil de 25f à 100f CFA/kg

1969

Kakabao

Manque fourrager dans la Tarka, bétail décimé,

migration définitive de certains éleveurs vers le
Nigeria, Tchad.

1974

Bounkou koussou

Manque fourrager, le son de blé est vendu aux éleveurs à un prix modéré pour la première fois.

1984

EL Bouhari

migration définitive de certains éleveurs vers le

Nigeria, perte d'animaux.

1988

Baroumjé

Achat des animaux à des prix dérisoires par les

bouchers.

1998

Macé da ciki

Manque de fourrage avec une perte d'animaux

2005

Agama

Manque de fourrage, achat de vieilles cases pour donner aux animaux.

2010

---------------

Manque de fourrage, perte massive des animaux.

(Source : nos enquêtes)

On retient de ce tableau que, les différentes sécheresses ont marqué les éleveurs de 1966 à 2010. Les sécheresses de 1974, 1984 et 2010 ont beaucoup plus marqué ces éleveurs avec une perte énorme des animaux et le départ des éleveurs vers le Nigeria.

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3.2.1 Historique de l'occupation des terres dans quelques terroirs de la Tarka : Kouggou, Kadago Rouga, Zongo Amayo, Boumdou Roua (Koré Adoua) et Torodi rouga Terroir de Kouggou

Le village de Kouggou se situe en zone agropastorale dans la commune rurale d'Azagor à 27 km à l'est de Dakoro. Selon Ardo Housseini, la création de Kouggou est le fruit d'une grande sécheresse qui les a chassés de Sokoto (Nigeria) avant l'arrivée de Maurice Vilmin, dit « Maï Bougé »11. A l'arrivée ils étaient au total 300 chefs de ménage. Vingt (20) ans après une sécheresse a fait partir définitivement 180 chefs de ménage vers le Tchad, Borno, Diffa, Zinder. Actuellement, il n'y a que 120 ménages dont chacun dispose d'un ou de deux champs. Cette situation les a conduits à pratiquer et développer l'agriculture, d'où l'origine de l'occupation anarchique des champs dans la Tarka. Tous les étrangers sont les bienvenus et Ardo lui donne un champ après un avis de confiance à moins qu'il soit sorcier. Ces chefs de ménage procèdent souvent à des transactions foncières. C'est l'exemple de Saadou Sani agriculteur haoussa originaire de Madarounfa qui a un capital foncier de 4 champs dont 3 achetés auprès des peuls avec des superficies suivantes : 6 ha, 4 ha, 3,5 ha et 4,5 ha. Les sécheresses chroniques ont obligé certains à changer de métier comme c'est le cas de Garba Kouggou 66 ans devenu Dilal depuis 8 ans.

Terroir de Kadago Rouga

Ce village se situe en zone agropastorale de la Tarka dans la commune de Dakoro à 9 km à l'ouest du chef lieu de la commune. D'après Ardo Balli Kiri, ils sont originaires de Moussa à côté de Birni Lallé et installer définitivement dans la vallée de la Tarka depuis la grande sécheresse surnommée localement « Maikoraré » il y a de cela 70 ans où un manque d'eau s'est déclenché. Selon Ardo, ses grands-parents ont acheté un puits auprès des Haoussa, y compris leurs champs à 20 000 F correspondant en ce temps à un troupeau de 15 bovins. Ce puits s'appelle Kadago. Lors du fonçage de ce puits, les étrangers de passage ont demandé de l'eau à boire les habitants du village ont dit que c'est maintenant qu'on creuse le puits ; ces étrangers ont réagi en disant en langue Haoussa « wanan gari shiné Kadago » qui veut dire « ce village, c'est lui qui est impitoyable » d'où le nom du village. Après le tarissement de ce puits ardo a ordonné le fonçage d'un deuxième puits cela depuis 35 ans. Les Haoussas ont quitté la vallée pour partir plus au sud.

11 Ce colon fut le fondateur de la ville de Dakoro et premier administrateur colonial de la subdivision de Dakoro.

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Zongo Amayo

Les Touareg de Zongo se sont installés eux-aussi 10 ans après l'arrivée des peuls de Kadago. La sécheresse de 1984 les a poussés à quitter Zongo pour la recherche de pâturage. Pendant les années normales, ces habitants sont rentrés et ont choisi de cultiver les champs dans la vallée autour de leurs anciens campements. Les peulh de Kadago les ont proposés de cultiver les 15 champs de leurs frères qui ont quitté le village. Ayant accepté, à leur grande surprise, les frères de ces peulh étaient du retour au début des années 2000. Donc ces Touareg ont réclamé leurs anciennes terres. Au lieu d'occuper ces dernières, ils ont choisi de partir à la frontière des champs des habitants de Maitourou à l'ouest de zongo (à environ 4 km) tout en gardant les anciennes terres comme des réserves ; ce qui a créé beaucoup de tensions. Conscients de risque d'être chassés un jour, ils sont convenus d'avoir une assise foncière.

Koré Adoua (Boundou Roua)

C'est un terroir situé en pleine zone pastorale dans la commune de Bermo à moins de 4 km à l'est de ranch de Fako. Ce sont des peuls Farfarou originaire de Korahane installés sur ce terroir depuis 46 ans et sont les premiers à cultiver la terre. En ce temps, il n'ya que les villages de Eggo et Assada. Un an après, ils ont construit leur propre puits autorisé par les autorités de Dakoro. Les causes de ce déplacement sont entre autres la recherche des champs selon le propriétaire du puits Roua Garba 77 ans parce qu'au sud, l'espace manque. Une fois le puits foncé ils ont créé des champs aux alentours (photo n°1). Cette agriculture de subsistance auparavant est devenue aujourd'hui une des activités principales de ce groupe. Elle permet de prendre en charge la famille pendant 6 à 7 mois sans toucher le troupeau.

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Photo 1:champs de mil en pleine zone pastorale à Boundou Roua (à côté de ranch faco)

Torodi rouga

Ce village se trouve en pleine zone pastorale à environ 3 km à l'ouest de chef lieu de la commune de Gadabéji. Ce sont des éleveurs transhumants originaires de Sokoto. Le village

récemment créé (2002), a vu le jour suite aux appels lancés par les autorités politiques de se regrouper en un seul lieu pour leur construire une école et un puits. Selon le témoignage d'Ardo cheffou :

« Le chef de Gadabeji m'a donné 100 ha de terres pour cultiver y compris mes administrés (94 chefs de ménage) devant plus de 100 témoins. Il m'a autorisé à foncer un puits malheureusement mes moyens ne me permettent pas de le foncer ».

Cette occupation historique de la Tarka est à l'origine de cette ruée vers cette prestigieuse vallée où chaque éleveur ou groupe d'éleveurs cherche à avoir une maitrise foncière forte. Cette vallée subit actuellement de très fortes pressions humaines et animales. Cette situation est l'oeuvre de plusieurs acteurs intervenant directement ou indirectement dans la Tarka.

En effet, la mobilité des éleveurs a favorisé l'installation des agriculteurs hausa qui ont fini par s'approprier l'espace en le cultivant. A travers cette fixation, Il s'agit de créer des villages pour marquer l'espace. Avec ces villages, une partie de la famille ne part pas en

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transhumance avec les animaux. Cette permanence permet d'occuper l'espace pour éviter l'arrivée de nouveaux agriculteurs.

3.2.2 Évolution de la dynamique d'occupation des sols autour de la Tarka de 1986 à 2001

L'interprétation des images Landsat de 1986 et 2001 a permis de réaliser les cartes d'occupation des sols (Figure 3 et 4 ). Les superficies et les pourcentages de la proportion exacte de l'espace occupé par un même type d'occupation de sols ont été calculés sur la base des tables établies lors de réalisation des cartes et classées dans un tableau (tableau 2). Ces cartes sont réalisées dans le but de donner un exemple de l'évolution progressive des cultures de pluie et la multiplication des lieux d'habitation vers la vallée de la Tarka, ce qui contribue à la dégradation des ressources pastorales.

Dans la zone d'étude, le pâturage est pour l'essentiel constituée de la steppe (les herbacés et les ligneux). En 1986, on remarque une dominance de la steppe herbeuse et arbustive dans la zone pastorale (figure 3). Elle occupe plus de la moitié de l'espace, soit 63,9% de la surface totale de la zone cartographiée tandis que les cultures pluviales occupe 23,7%. Le pâturage de la vallée de la Tarka est de l'ordre 11,9%. Les lieux d'habitation représentent 0,1%.

De 1986 à 2001 les cultures de pluies ont augmenté de 77 983,9 ha sur l'espace total de la zone cartographiée. Cet accroissement de la surface des terres de culture contribue à la diminution du pâturage. En effet, la steppe a diminué de 13,9% de sa superficie estimée en 1986 (figure 4). Cette diminution est due en partie par la sédentarisation des éleveurs avec une pratique intensive de l'agriculture. A partir de cette sédentarisation les lieux d'habitation ne font que s'accroitre dans cette zone avec une augmentation de 0,2% en 2001 (tableau 2). En somme, les ressources pastorales subissent des pressions humaines à travers les cultures pluviales. Ces pratiques agricoles sont à l'origine de la dégradation et la diminution de l'espace pastoral. Par conséquent, le couvert végétal naturel se réduit et fait place aux surfaces cultivées qui ont accru énormément. Cette situation rend difficile la pratique de l'élevage dans une zone à vocation pastorale.

32

Figure 3: Cartes d'occupation des sols de 1986 et 2001. Source : images Landsat

33

Tableau 2: superficies et pourcentages de l'occupation des sols

 

1986

2001

Superficie (ha)

Pourcentage

Superficie (ha) Pourcentage

Steppe

352242,6

63,9

271619,3

50,0

Culture

130766,3

23,7

208750,2

38,4

Sol nu

1863,1

0,3

1819,8

0,3

Mare

128,7

0,0

202,3

0,0

Formation ripicole

477,6

0,1

593,1

0,1

Terrain rocheux

83,6

0,0

92,3

0,0

Lieu d'habitation

337,5

0,1

1886,8

0,3

Tarka (pâturage)

65634,9

11,9

58405,1

10,7

Total

551534,3

100,0

543368,9

100,0

3.3 Non-respect de la limite nord des cultures

Cette limite est matérialisée par la vallée de la Tarka qui traverse le département de Dakoro d'est en ouest. C'est une loi de 1961 qui a fixé cette délimitation entre zone agricole et zone pastorale ; l'objectif était de préserver un espace pour le développement de l'élevage. Le front cultural dépasse largement cette limite. Les champs de cultures se trouvent au nord de la vallée de la Tarka. Cette dernière fait l'objet d'une vive compétition entre éleveurs et agriculteurs malgré de nombreux foras organisés pour sauver la Tarka.

Dans la pratique, la limite nord des cultures n'est pas respectée parce que les pouvoirs publics ont opté pour le laisser faire.

3.4 Mobilité des éleveurs

Cette mobilité concerne les éleveurs transhumants (73% des éleveurs rencontrés) qui quittent leurs terroirs d'attache pour aller à la recherche du pâturage (figure 5). Les éleveurs du sud se déplacent en saison de pluies pour pâturer autour de la Tarka et au-delà de cette vallée, où ils trouvent suffisamment de pâturage. Quant aux éleveurs dont le terroir d'attache est dans la vallée partent plus au nord vers Akadané, Bermo, Tamaya, Fako, Amoulass, Abou Haya, jusqu'à Ingall à cause des champs autour de la vallée. En saison sèche c'est le retour au sud pour profiter des résidus agricoles vers Mayayi, Tchadoua, Guidan Roumgji, Sabon Machi, Tanout, Shinkafi (Nigeria), Kano, Djibia, etc. La durée du parcours varie d'une semaine à un mois avec des arrêts de 2 à 3 jours (voire même une semaine) sur les aires de pâturage selon la distance et les grands axes définis au préalable (figure 4). La durée sur les différents lieux de pâturage varie de 3 à 6 mois. Cette mobilité nécessite une préparation minutieuse (encadré n°1).

34

Figure 4: les grands axes des mouvements des pasteurs Source : Données terrain, juillet-août 2012

35

Cette figure montre les grands axes des mouvements des différents systèmes rencontrés. Les éleveurs pratiquant le système mixte, suivent les axes Tchadoua-Ingall et Tassaoua-Ingall (allée) avec des séjours de 2 à 3 jours avant la dernière destination (Ingall). Du retour ces éleveurs partagent les mêmes axes (Ingall-Bassaré et Abalak-Shinkafi) que les moutoniers et les chameliers. Ces derniers ont comme axes en allée Bassaré-Ingall et Shinkafi-Ingall via Abalak. Ces déplacements sont guidés en fonction des mares pendant la saison de pluies et par les puits en saison sèche ou par l'existence des couloirs de passage. Tous ces systèmes ont presque la même destination à savoir Inguall. Cette localité constitue un lieu de rencontre et d'échange pour les éleveurs afin de participer à la fête de la cure salée12. Ces mouvements se font aussi en fonction des marchés qui constituent la source d'information et de ravitaillement des produits vivriers.

27%

73%

Transhumants

Non transhumants

Figure 5:éleveurs transhumants et non transhumants selon les personnes enquêtées

12 Cure salée : c'est une fête annuelle des éleveurs peuls et Touaregs qui consiste à des échanges culturels et des expositions des produits pastoraux. Elle se tient chaque année à la mi-septembre à Ingall (région d'Agadez).

Encadré 1 : organisation sociale de la mobilité (cas du système mixte de Kadago Rouga)

L'amorce d'un déplacement nécessite au préalable une préparation

minutieuse et relève de la compétence du chef du groupe. Ce sont les garso, qui collectent et centralisent les informations nécessaires sur les zones concernées par le déplacement. Ces jeunes garso âgés de 20 à 26 ans rencontrent les éleveurs dans les lieux de concentration et utilisent la téléphonie cellulaire ou se déplacent en personne pour chercher les informations. Toutes les informations collectées sont traitées et analysées en groupe afin de tracer le circuit du mouvement. Pendant le déplacement, le chef de groupe est chargé de la gestion financière. Il prend soin de chercher tout animal égaré et assure la cohésion du groupe et guide le déplacement en cherchant des solutions en cas de problèmes.

36

3.5 Contraintes liées à la mobilité

3.5.1 Occupation des espaces pastoraux par les agriculteurs et les agropasteurs

Les contraintes évoquées par les éleveurs sont entre autres la colonisation des espaces pastoraux et l'implantation anarchique des champs dans la zone pastorale (Bermo, Gadabeji, Tagriss,...). Dans la commune rurale de Gadabeji, les champs ont avancé de 21 Km en 58 ans (de 1954 à 2012) soit environ une progression moyenne de 0,362 km (362m) par an. 75% des enquêtés affirment que les agriculteurs et agropasteurs défrichent de plus en plus dans la zone pastorale afin d'installer des nouveaux champs. Cela contribue à l'amenuisement des espaces pastoraux. Cette occupation des espaces pastoraux donne lieu à des conflits. Ce phénomène est accentué par l'incidence des feux de brousse détruisant de vastes espaces. En effet, selon la direction départementale de l'environnement de Dakoro, entre le 21 septembre et le 1er novembre 2011, 22 236,7 hectares ont été brûlés dans les communes de Gadabéji et Bermo. 3.5.2 Monétarisation de l'eau

La pratique de la monétarisation de l'eau tend à se généraliser. Dans certaines localités, les éleveurs paient 5.000 à 10.000f ou bien un (1) bouc et/ou un (1) mouton par jour d'abreuvement avec une limitation du délai de séjour. Ce payement tient compte de la taille du troupeau. Souvent, l'accès est libre en fonction des connaissances. C'est l'exemple des éleveurs de Boundou Roua qui en transhumance ne payent rien sur le puits de Dargui Hada. Selon le gérant de puits de Mailafia, l'éleveur peut être taxé par jour à 2000 FCFA par

37

abreuvement. Il s'agit de 10 000F/40 à 50 têtes et 20 000F/100 têtes pour deux (2) mois à Goula, Soli et Belbéji en cas de transhumance.

Cette monétarisation est surtout développée après la saison de pluies où la demande d'eau est forte (tableau 3).

Tableau 3:les ressources en eau et leur disponibilité selon le calendrier pastoral

Les ressources en eau

Période et fréquence d'utilisation des ressources en eau

Puits cimenté (PC)

J

Jt

A

S

O

N

D

J

F

M

A

M

« Damana »
Saison de pluie

 

« Kaka »

saison sèche froide

« Rani »

Saison sèche
chaude

X

 

XX

XXX

Puits

traditionnel (PT)

 
 

XX

XXX

Mares

XXX

 
 
 

XXX : forte utilisation XX : utilisation moyenne X : faible utilisation

De l'analyse de ce tableau, on retient que les éleveurs utilisent plus les puits cimenté et les puits traditionnels en saison sèche chaude. Ces points d'eau sont moins voire rarement utilisés en saison de pluie. Les mares sont utilisées uniquement pendant la saison de pluie avec une forte utilisation.

38

3.6 Genre et foncier

Traditionnellement, chez les agropasteurs, la femme n'hérite pas la terre. Mais son mari peut lui offrir un petit terrain (gamana) pour cultiver. Aujourd'hui, le voisinage avec les agriculteurs haoussa fait en sorte que la femme hérite une portion de terre plus que la « gamana» pour travailler et subvenir à ses besoins. Selon Balla Namoda13, les femmes réclament de plus en plus des terres héritées dont d'autres femmes ont eu gain de cause. Donc l'accès à la terre pour la femme est souvent limité sauf en cas d'achat avec ses propres moyens. Elles combinent ces activités avec l'élevage des petits ruminants (caprins) malgré qu'une dame de 55 ans Fatima Moussa a souligné que « Awaki maggi né » qui signifie en français : les caprins ne sont que des condiments. Chez les pasteurs le foncier se résume à l'espace pastoral et les points d'eau. Donc on peut hériter d'un puits ou un terroir autour du puits. La femme n'a pas un héritage proprement dit sur le plan foncier. Toutes ses activités se résument au foyer (tableau 4) avec la recherche de l'eau au puits avec les jeunes filles (photo n°2 et 3).

Les jeunes de 20 à 25 ans partent en transhumance avec les animaux pour la recherche de pâturage. Pour les enfants âgés de 2 ans leurs parents leur donnent deux bovins, deux ovins et deux caprins. Si ces animaux ont atteint 5 chacun, le père vend les mâles pour lui acheter les femelles. A l'âge du mariage, le père vend ses propres animaux pour assurer celui de son fils et après avoir eu deux enfants, tous ses animaux lui seront restitués.

Photo 2: Petite fille conduisant les animaux d'exhaure Photo 3: Femme peulh transportant de

l'eau

13 Balla Namoda président de l'Association Nigérienne pour la promotion et la Modernisation de l'élevage (ANPME Soumpo).

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Tableau 4: Répartition des activités d'un ménage pastoral

Membres du ménage

Activités

Les hommes

"

Travaux champêtres,

 

"

"

Conduite du troupeau au pâturage, Traite le lait le matin et le soir

 

"

"

Recherche de l'eau au puits pour les autres, Vente d'animaux au marché en cas de besoin.

Les femmes

" " " " " "

Le ménage dans la matinée,

Tressage des nattes, des éventails et des lits,

Conduite du troupeau au pâturage en cas d'absence du mari,

Recherche de l'eau au puits avec les ânes,

Vente du lait dans les grands centres,

Recherche du bois de chauffe.

Les jeunes

"

"

Conduite du troupeau au pâturage et en transhumance avec les jeunes de 20 à 26 ans,

Contrôle des animaux autour de la maison.

Les filles

"

"

Recherche du bois de chauffe, Tressage des nattes et piler le mil

(Source : enquête juillet 2012)

Conclusion partielle

Plusieurs systèmes de mobilité pastorale traversent la vallée de la Tarka dans le département

de Dakoro. L'élevage est confronté à une occupation anarchique de l'espace pastoral au profit de l'agriculture et la monétarisation de l'accès à l'eau. Cette occupation est souvent liée à l'histoire. La loi 61-005 du 26 mai 1961 fixant la limite nord des cultures n'est pas respectée car les champs sont au delà de cette limite. Cette situation rend difficile le mouvement des éleveurs.

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CHAPITRE IV : ACTEURS ET CONFLITS LIES A L'UTILISATION DES RESSOURCES

Dans ce chapitre, il sera mis en évidence, les différents acteurs et leurs jeux ainsi que les modes d'accès à la terre dans la vallée de la Tarka. Il sera également mis en exergue, les conflits liés à l'utilisation des ressources et les modes de gestion de ces conflits.

4.1 Acteurs identifiés

4.1.1 Acteurs internes

Il s'agit des éleveurs, des agriculteurs et des chefs traditionnels intervenant dans la vallée de la Tarka. Ces acteurs peuvent agir sur n'importe quel système d'élevage. Avec une forte concurrence, chaque acteur veut imposer sa domination dans l'occupation de l'espace. Les chefs traditionnels font venir des agriculteurs du sud pour travailler la terre dans les zones à vocation pastorale, ce qui pousse les éleveurs à partir plus au nord pour éviter les conflits ou bien de s'adonner à la pratique d'agriculture pour avoir un ancrage foncier.

4.1.2 Acteurs externes

Il s'agit des autorités administratives, la municipalité, la gendarmerie, la Commission Foncière (COFO), la justice, les projets et ONG et les hommes politiques (représentants locaux des partis politiques). Ces acteurs jouent un rôle important dans l'occupation de l'espace et la gestion des conflits. Certains de ces acteurs (autorités administratives, la municipalité, la cofo, etc.) autorisent le fonçage des puits, décident sur les modes d'accès à la terre et dans le règlement des conflits. Voilà pourquoi certains acteurs internes (notamment les éleveurs) se plaignent d'eux dans le traitement des dossiers et la gestion des conflits.

4.2 Jeux des acteurs

4.2.1 Acteurs internes : De la prolifération des champs et des puits traditionnels

La prolifération des champs est l'oeuvre des chefs traditionnels comme l'a été dit précédemment. L'objectif de cette pratique est d'avoir beaucoup d'administrés afin de profiter de l'impôt et avoir une grande part en cas des dons. Certains chefs réclament même que la zone pastorale soit transformée en zone agropastorale pour la simple raison d'avoir des champs, procéder à des transactions foncières et profiter des aides d'urgence en cas de déficit céréalier. Selon la COFOCOM de Gadabédji, les champs ont occupé plus de la moitié de la commune. Les occupants sont plus de 60% des Haoussas du sud qui ont vendu leurs champs et installer en zone pastorale avec la complicité des chefs souvent pour être des bras valides. Ces champs ont évolué jusqu'à moins de 3 km au sud du village de Gadabedji alors qu'ils

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étaient à 25 km dans les années 60 et 70. Le grand problème des champs dans cette zone est l'absence de contiguïté de ceux-ci en laissant des poches de pâturage. Actuellement, même la réserve totale de faune et de flore de Gadabedji est menacée avec l'installation de quatre(4) campements à savoir Zongon Boubacar, Amoulas, Tiguitaout et Bammo. Plusieurs campements mobiles se sont greffés autour de ces derniers notamment au niveau de zongon Boubacar (Gadabédji) et Bammo.

Dans la zone agropastorale, c'est le phénomène de transaction foncière qui est couramment opéré par les chefs locaux. Il s'agit souvent des gages moyennant une somme de 40 000Fcfa par champ de 2 à 3 ha notamment dans la commune d'Azagor. A Zongo Amayo, c'est le phénomène de réserves foncières (terres réservées pour l'avenir). Cette situation peut créer des vives tensions dans un proche avenir car c'est dans une vallée à vocation pastorale avec des fortes pressions animales et humaines.

Les puits traditionnels sont foncés de manière anarchique souvent sans autorisation. Selon Ardo Roua Gara, à Koré Adoua après leur installation (il y a 46 ans), il n'y avait que deux puits mais actuellement il existe 24 puits aux alentours.

Au classement de la réserve de Gadabeji en 1955, il n'existait que 5 puits le long de la réserve mais actuellement, on compte plus de 150 puits sur les 111km que constitue son périmètre. Les textes de classement de la réserve ont prévu qu'il ait un puits à 500 m de la limite de celle-ci. Mais actuellement à moins de 100 m il y a un puits. Après les inondations de 2010 qui ont ravagé 33 puits c'est un total de 117 puits traditionnels qui restent et 13 puits cimentés dont 7 non fonctionnels. Ces points d'eau sont tantôt gérés par les chefs traditionnels ou les privés (Figure 6).

45%

11%

44%

Chef du village Privés

Village

Figure 6:Répartition d'appartenance des points d'eau selon les personnes enquêtées

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Il ressort de cette figure que, 45% des enquêtés affirment que les points d'eau, notamment les puits, appartiennent aux privés, 44% monopolisés par les chefs traditionnels et 11% affirment que les puits appartiennent au village avec un comité de gestion.

Toutes ces pratiques aboutissent à un seul objectif qui est sans nul doute la maitrise de l'espace.

Les éleveurs qui voient leur espace menacé tentent eux aussi d'avoir une assise foncière malgré qu'ils partent en transhumance.

Les élus locaux sont dans la plupart des cas les proches du chef de village, ce qui les permet de monopoliser les biens du village et de s'imposer dans la gestion du bien public.

De nombreux éleveurs foncent des puits pour les vendre à des agriculteurs du sud. Cela crée aussi une mauvaise cohabitation surtout avec la forte taxation sur l'eau. Mais les membres de la famille refusent cette vente tout en proposant un prix au propriétaire du puits.

4.2.2 Acteurs externes

La Commission Foncière (COFO) examine les demandes de fonçage de puits et toutes autres questions concernant le foncier. Avant que la COFO donne son avis, les demandeurs sont déjà à 30 m de fonçage, souvent c'est après le fonçage qu'ils font des demandes. Rien que pour l'année 2012, il y a eu environ 50 demandes de fonçage de puits en zone pastorale, seules 8 ont eu l'accord. Mais une fois les compétences conférées au nouveau département de Bermo, les autorités ont accordé l'autorisation à toutes ces demandes, ce qui a créé beaucoup de confusion.

Les projets et ONG intervenant dans la zone favorisent aussi l'occupation rapide de l'espace pastoral. En effet, ces organismes font des réhabilitations des puits traditionnels même si le maillage n'est pas respecté et font des interventions en fonction de ces puits pour désigner le lieu des regroupements. Cette situation a poussé les éleveurs à foncer des puits de manière anarchique sans autorisation pour en profiter de cette offre.

Les hommes politiques (élus nationaux et ressortissants de cette zone) interviennent indirectement dans la gestion du foncier en se cachant derrière les acteurs internes en facilitant l'accès au foncier en cas de besoin. Ils font aussi des interventions ciblées pour construire des infrastructures (Banque d'Aliment Bétail (BAB), Banque Céréalière (BC) et des dons). Ces infrastructures représentent un moyen de pression sur les populations pour les soutenir en cas de besoin.

La justice et la COFO sont souvent les institutions de référence pour le règlement des conflits. En cas des conflits, ces institutions se déplacent sur le terrain pour cartographier les localités concernées. Mais certains acteurs (éleveurs) accusent la justice de parti pris et de la lenteur

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dans le traitement des dossiers. Une affaire peut faire une année voire deux années avant que la justice ne tranche. Une fois le jugement fait, la partie perdante, soutenue souvent indirectement par des « hauts placés » fait appel devant un autre tribunal. Un conflit avant d'être définitivement réglé prend un à deux ans, voire plus dans certaines conditions.

Encadré 2 : témoignage d'un éleveur de 70 ans, terroir de Zongo Amayo (CR
Azagor) marié et père de 13 enfants.

Cet éleveur nous raconte comment ils ont eu le fonçage de leur puits :

« Du retour sur notre ancien campement après une longue absence dû à la sécheresse de 1984 ; et après de très longues réflexions nous sommes convenus d'avoir une assise au risque d'être chassés par les autres communautés. Pour avoir un ancrage foncier fort, nous avons décidé de foncer un puits en faisant une demande auprès des autorités compétentes. Après plusieurs tentatives ces dernières ont rejeté notre demande pour des raisons qu'on ignore. Ayant fait recours à notre frère un cadre de la Somaïr proche d'un grand homme politique, ces autorités ont cédé. Subitement, un jour, les autorités nous ont appelé pour dire que nous avons eu l'autorisation de foncer le puits partout où nous voulons dans la zone pastorale ».

4.3 Modes d'accès à la terre

Dans tous les sites visités, les modes d'accès à la terre se situent entre tradition et modernité, c'est-à-dire que les pratiques traditionnelles d'acquisition de terres ont significativement évolué vers de nouvelles formes de transfert de terres. Dans la majorité des cas, le processus de transfert des droits fonciers s'inscrit dans un jeu d'acteurs où l'argent constitue un des facteurs clés de validation des transactions en lieu et place de rapports sociaux (Sitou, 2011). Les anciens modes d'acquisition des terres (héritage, don, prêt) sont aujourd'hui dominés par l'achat, le gage coutumier et l'octroi par les chefs locaux. Voyons comment fonctionnent ces pratiques et quelles sont les modalités de chaque mode.

4.3.1 Héritage

C'est le mode originel d'accès aux terres dans le département de Dakoro. Il revient de droit à un héritier après le décès de son parent sans distinction de sexe d'hériter d'une terre. Selon le résultat de notre enquête 47,16% des enquêtés ont eu leur terre de culture par héritage. Mais

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chez les pasteurs l'on hérite plutôt d'un terroir d'attache ou d'un puits autour d'un terroir d'attache.

4.3.2 Prêt

Le prêt est un mode d'accès temporaire à la terre. C'est un statut foncier instable dont la durée n'est généralement pas déterminée. On y rencontre des prêts de courte durée et de prêt de longue durée voire des années. Il consiste traditionnellement à offrir de la terre aux migrants afin de leur faciliter l'installation et le lancement de leurs activités dans leur milieu d'accueil.

Cette pratique se fait aussi entre les riches et les pauvres. Selon nos enquêtes 3,77% des personnes rencontrées ont eu leurs champs par prêt. Il s'agit pour la plupart des cas des

étrangers venus récemment dans le village ou les gendres de chef de village. En effet, le prêt génère des conflits. Selon nos enquêtés il est fréquent d'assister à une remise en cause de certains prêts si l'emprunteur valorise et produit mieux sur les terres que son propriétaire. 4.3.3 Don

Le don est un signe de sympathie, d'amitié ou d'amour. Il consiste à octroyer une parcelle ou un lopin de terre gratuitement à son prochain en présence ou pas des témoins. Cette pratique,

est devenue rare ces dernières années, car souvent source de conflit après le décès de donateur. Selon l'enquête environ 3,23% des enquêtés ont eu leur terre de culture par donation.

4.3.4 Achat

Ce mode d'accès à la terre est en perpétuel évolution dans le département de Dakoro. Ce type d'acquisition de terre intervient suite à une spéculation foncière. Un ayant droit qui se trouve

dans une nécessité vend une partie ou la totalité de son terrain de culture afin de subvenir à ses besoins. De 2001 à 2012, 239 cas de vente ont été enregistrés dans tout le département de Dakoro (COFODEP, 2012). Environ 25% des enquêtés affirment avoir leurs terres par achat. Les chefs locaux procèdent aussi par des transactions foncières dans la vallée de la Tarka. 4.3.5 Octroi par les chefs traditionnels

C'est la pratique la plus courante dans la vallée de la Tarka. Les chefs traditionnels pensaient jusqu'à présent que la terre leur appartient. Ils procèdent à des octrois des terres clandestinement à des étrangers venus dans leurs territoires pour des circonstances. Selon les enquêtés, 20,34% ont bénéficié d'un octroi de champ par les chefs locaux

4.3.6 Gage coutumier

Le gage est l'une des premières transactions qui confèrent à la terre une valeur monétaire. En effet, le gage était souvent discuté et décidé au sein de la famille lorsqu'un des membres doit faire face à une obligation sociale. Le preneur du champ en gage détient le droit d'usage

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jusqu'à ce que la somme engagée soit versée au métayer pour que le propriétaire récupère sa parcelle. Cette pratique est très rare dans cette localité.

4. 4 Conflits autour des ressources et les modes de Gestion

Le mouvement des éleveurs pour la recherche du pâturage et leur retour coïncident avec les périodes cruciales des travaux champêtres. Ce qui permet d'assister à une fréquence de conflits entre acteurs. Ces derniers constituent une entrave à la mobilité pastorale. Avant de se déplacer, l'éleveur ou le groupe d'éleveurs se renseigne sur l'état des ressources, les conditions d'accès et le climat social qui règnent sur le parcours. Malgré toutes ces dispositions prises en amont, plusieurs cas de conflits ont été enregistrés (figure 9). Les causes de ces conflits sont le plus souvent liées aux dégâts champêtres, fonçage de puits entre deux puits d'une même ethnie (c'est le cas de Gadabéji), l'extension des champs vers les puits pastoraux. Les agriculteurs s'installent de plus en plus autour d'un puits d'un terroir d'attache donné sans informer et sans l'accord de chef de terroir. Cela crée des vives tensions dans la cohabitation. Certains agropasteurs revendiquent les champs après un long abandon ou après la vente d'un puits (Maigochi, Oubankadi, Zongon Amayo et Maitourou). Cette situation peut être à l'origine des conflits.

Selon le Secrétaire Permanent de la COFODEP de Dakoro, les conflits agriculteurs-agriculteurs sont les plus fréquents dans tout le département (figure 7).

Agriculteurs-
Agriculteurs

Agriculteurs-Eleveurs

Eleveurs-
Eleveurs

28%

22%

50%

Figure 7:Répartition des conflits par acteurs

L'analyse de cette figure montre que les conflits agriculteurs-agriculteurs sont plus fréquents avec 50% des cas enregistrés dans le département de Dakoro. Les conflits agriculteurs-éleveurs ne représentent que 28%. Les conflits éleveurs-éleveurs sont moins fréquents avec 22%. Ce dernier type de conflit est enregistré autour des points d'eau et sur le pâturage.

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Figure 8:Les couloirs internationaux de transhumance dans la région de Maradi

Source : PASEL 2006

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Cette figure fait ressortir les couloirs de transhumance et les aires de pâturage dans la région de Maradi. Ainsi presque tous les couloirs de passage en direction du Nord se jettent dans la vallée de la Tarka. Ces couloirs sont guidés par les aires de pâturage. Ces dernières sont menacées par le front agricole, ce qui a poussé le PASEL à initier le balisage de ces aires et des couloirs de passage. Cette pression foncière a conduit les agriculteurs à aller plus loin à la recherche des terres. Cela explique cette implantation des champs au-delà de la limite officielle des cultures (figure 8). Les sites enquêtés dans le cadre de cette étude se sont coïncidés avec la fin de ces couloirs et de nombreux champs dans la vallée. C'est pour cela que cette vallée est convoitée à une occupation anarchique de l'espace couplée à une forte pression animale avec une dégradation accélérée des ressources naturelles. Cette carte des ressources pastorales et les cartes d'occupation des sols ont permis de dégager des localités où les ressources naturelles sont partagées entre les éleveurs, les autochtones et les agriculteurs. L'exploitation de ces ressources provoque des confrontations entre utilisateurs. Voyons à présent les différents conflits enregistrés dans la vallée de la Tarka.

48

Figure 9:Localisation des types de conflits enregistrés Source : Données terrain, juillet-août 2012

49

De l'analyse de cette figure, il ressort qu'un certain nombre de localités à risque de conflit ont été identifiées. Ces localités ont été distinguées en fonction de l'avancée du front agricole ; l'existence des points d'eau traditionnels comme les puits, la forte pression des animaux qui traversent ces localités en partant pour la transhumance et la forte demande des terres pour une agriculture pluviale. Tout cela est combiné à une croissance démographique de plus en plus galopante. Dans certaines localités tels que Maitourou et Zongon Amayo, c'est le phénomène de réserve foncière qui serait source des conflits dans un proche avenir. La vente des champs par les chefs traditionnels risque d'engendrer des rivalités avec la cohabitation des différentes communautés et ethnies.

4.4.1 Conflits liés à l'accès aux points d'eau

Les conflits liés à l'accès aux points d'eau (environ 4,44%) sont enregistrés dans la plupart des cas pendant la descente des éleveurs où la majorité des mares est tarie. Les conflits sont dus aux refus des éleveurs à payer le droit d'accès aux puits. Ces conflits touchent presque tous les systèmes de mobilité sauf les chameliers qui peuvent faire plusieurs jours sans abreuver leurs troupeaux.

4.4.2 Conflits liés à l'accès au pâturage aérien et à la paille

L'amenuisement et la disparition des espaces pastoraux obligent les éleveurs à couper les arbres. Les conflits naissent d'abord entre éleveurs et gestionnaires des ressources naturelles (les forestiers). Lors de la transhumance vers le sud, en saison sèche, la traversée des champs pour profiter des résidus des cultures est source de conflits entre agriculteurs et éleveurs.

En ce qui concerne les chameliers, l'accès aux résidus agricoles stockés sur des arbres constitue une source de conflit. L'accès au pâturage aérien des arbres fruitiers aussi n'est pas toléré. Tout chameau qui y toucherait est saisi. Cet acte est considéré comme dégâts champêtres et réglé ainsi. Ces conflits représentent environ 13,33% des conflits enregistrés dans le département de Dakoro.

4.4.3 Conflits liés aux dégâts champêtres

Les conflits liés aux dégâts champêtres sont enregistrés au mouvement des éleveurs pendant la période de récolte chez les agriculteurs ou au début de la campagne agricole. Ce type de conflit représente 46% des conflits enregistrés. Le déplacement est amorcé dès la germination de l'herbe. Le retour se fait avant la libération officielle des champs. Certains agriculteurs sèment des variétés tardives, par conséquent, toute divagation d'animaux est considérée comme dégâts champêtres. Ces conflits sont dus aussi par des champs pièges implantés autour des couloirs de passage et des aires de pâturage.

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Les moutonniers descendent bien avant les récoltes pendant que l'herbe est verte et les mares pleines. Leur descente est émaillée de conflits liés aux dégâts champêtres car leurs bétails étant habitués à la pâture nocturne, traversent les champs dans les zones dépourvues de couloirs de passage. Cette situation se complique davantage en zone agricole où beaucoup d'espaces pastoraux ont été mis en culture.

4.4.4 Conflits liées aux réclamations des champs

Les conflits liés aux réclamations des champs sont enregistrés chaque année auprès de la justice et sont en perpétuelle évolution. Ces conflits prennent de plus en plus de l'ampleur (tableau 5). Les agropasteurs après un long abandon reviennent souvent reprendre leur terre ou bien après la vente d'un puits pendant longtemps, les agropasteurs réclament les champs qui sont autour de ce puits. Le partage des champs d'héritage est souvent source de litiges quand le frère aîné s'accapare de tout.

Tableau 5: Conflits fonciers agriculteur-agriculteur de 2004 à 2011

Année

Nombres de champs

Superficie

2004

4

172 1/2 ha

2005

2

78 ha

2006

25

318 ha

2007

10

230 ha

2008

34

767 ha

2009

68

1608 ha

2010

39

------

2011

44

------

TOTAL

226

 

(Source : Cofodep Dakoro, 2012)

De l'analyse de ce tableau, il ressort que les conflits champêtres sont en perpétuelle évolution par rapport aux années 2004 et 2005. Toute fois, le nombre des champs concernés varie d'une année à l'autre avec des superficies importantes.

4.4.5 Conflits liés au non-respect de la réglementation en vigueur

Les pratiques des acteurs dans des questions relatives à l'élevage dans son ensemble sont émaillées de parti-pris, de non-respect de la réglementation en vigueur. Les acteurs ne respectent pas le maillage dans le cadre du fonçage d'un puits ce qui est souvent source des conflits. Ces conflits sont aussi dus au refus par les différentes communautés (surtout en zone pastorale de Gadabéji) de foncer un puits entre deux puits de même ethnie. Ainsi, un peul ne peut pas construire un puits entre deux puits de deux touareg et vice versa.

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4.5 Modes de gestion des conflits

Ces conflits sont gérés soit par les chefs coutumiers ou les autorités communales à travers la conciliation, soit par la gendarmerie ou la justice en collaboration avec la COFO. La gestion est très lente et les concernés ne font que dépenser. Voila pourquoi les éleveurs reprochent souvent aux chefs et la justice d'être injustes.

Selon le président du tribunal de Dakoro, plusieurs conflits violents ont été enregistrés cette dernière décennie (figure 10) et 45 cas de litige foncier sont en instance de traitement cette année, 80 à 85% des conflits sur le foncier jugés à Maradi provient du seul département de Dakoro en cas d'appel.

La conciliation des litiges se fait à la justice par prestation du serment coranique par les acteurs concernés. Chez certains chefs traditionnels, la conciliation est devenue un moyen d'enrichissement et de surfacturation surtout en cas de dégâts champêtres (encadré n°3).

Quelque soit le moment du dégât, c'est toujours l'éleveur qui n'a pas raison alors même que la réglementation en vigueur stipule que « l'agriculteur garde son champ le jour et, l'éleveur

garde ses animaux la nuit». A l'issue du règlement des conflits, l'éleveur fait face à la taxation abusive. Les projets de développement et les associations pastorales interviennent aussi dans la gestion des conflits à travers la promotion du dialogue inter - communautaire et le renforcement des capacités des leaders traditionnels. Ces organisations organisent des forums pour amener les acteurs locaux à reconnaître les ressources communes qu'ils doivent protéger. A ce titre plusieurs instances de gestion des conflits ont été identifiées dans le département de Dakoro (Mohamadou, 2004). Ces instances mènent des actions diverses dans la gestion des conflits avec des points forts et des limites (tableau 6).

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 TOTAL

140 120 100 80 60 40 20

0

 
 
 
 

Nbre conflits Nbre blessés Nbre morts

Figure 10:conflits violents enregistrés et leurs conséquences de 2000 à 2011.

Source : Justice Dakoro, 2012

52

Cette figure montre que, sur 12 conflits enregistrés en 2007 les conséquences sont lourdes avec 3 morts et 30 blessés, en 2003 pour un total de 10 conflits il y a eu 23 blessés et 2 morts. De 2000 à 2011, 45 conflits violents ont été recensés dont 129 blessés et 10 morts soit une moyenne de 6/45 conflits mortels avec un taux de 13,33%.

Encadré 3 : la conciliation comme moyen de surfacturation selon un éleveur de Gadabéji

« En cas des dégâts champêtres en zone pastorale par exemple le chef rencontre

individuellement les deux parties. Chez l'éleveur il négocie 3 têtes d'animaux en disant qu'à la fourrière l'amende sera plus que ces 3 têtes. Ensuite, il fait des chantages à l'autre partie au nom de la zone pastorale où les champs sont interdits ,
· si les autorités administratives apprennent l'amende sera plus lourde, « je t'ai négocié 2 têtes d'animaux » tout en réclamant son droit de déplacement 1 tête. A la fin le chef se retrouve avec 2 têtes et l'agriculteur une seule tête ,
· même chose pour les amendes d'argent ».

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Tableau 6: Instances de gestion des conflits : analyse comparative

Instances

Actions

Points forts

Points faibles

Chefferies coutumières

Conciliation, répression

Légitimité fondée sur

des solidarités
historiques et sociales

Remise en cause des

conciliations, clientélisme
social

Préfet

Conciliation, répression

Légitimité administrative

Clientélisme politique,

corruption

Municipalité

Répression,

conciliation, fourrière

Légitimité fondée sur les élections locales

Clientélisme politique, parti

pris

Services techniques

Prévention,

vulgarisation des textes

Dialogue, négociation

Manipulation par l'autorité

administrative

Commissions foncières

Prévention,

vulgarisation des textes,

enregistrement des
droits

Composition et

objectifs

Jeunes, faible ancrage

justice

Conciliation et

règlement

Règlement durable

Impact négatif sur la cohésion sociale, corruption

Projet CARE

Prévention, négociation

sociale, forums
communautaires Balisage des couloirs de passage,

Initiative aux

communautés, négociation sociale

Absence de légalité,

pérennisation

Projet PASEL

Balisage des couloirs de passage, aménagement des aires de transit et de repos

Implication de tous les acteurs institutionnels

Diminution des

conflits

Pérennisation

Associations éleveurs

Lobbying, actions de

proximité

Ancrage local

Capacités limitées Qualité des dirigeants

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Conclusion partielle

En définitive, les acteurs autour de la gestion des ressources naturelles de la vallée de la Tarka

sont de deux (2) sortes : les acteurs internes et les acteurs externes. Ces acteurs interviennent dans cette vallée de manière directe ou indirecte. Les jeux de ces acteurs sont à l'origine de nombreux conflits fonciers. Ces derniers sont gérés soit par conciliation avec les chefs locaux ou bien par la COFO et la justice. Les éleveurs reprochent toujours à la justice d'être lente dans le règlement des conflits.

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CHAPITRE V : FACTEURS DE VULNERABILITE LIES AU FONCIER, LES STRATEGIES DES ACTEURS ET DISCUSSION DES RESULTATS

Les facteurs de vulnérabilité englobent à la fois les facteurs sociaux, institutionnels, économiques et naturels. Les stratégies des acteurs contiennent à la fois les stratégies de prévention et celles de gestion en cas des crises alimentaires et pastorales. Les acteurs développent diverses stratégies dans l'occupation et l'appropriation de l'espace pastoral. 5.1 Facteurs sociaux, institutionnels et économiques

Ces facteurs concernent tous les systèmes de mobilité rencontrés sauf le système camelin.

Il s'agit entre autres de l'accaparement des espaces pastoraux au profit de l'agriculture, la méconnaissance des dispositions et institutions sur le foncier par les éleveurs qui ont toujours cru que la terre appartient aux chefs. Ces facteurs ont fortement contribué à la vulnérabilité des systèmes pastoraux à travers la diminution de l'espace pastoral. Pourtant il existe des textes relatifs au pastoralisme notamment l'ordonnance 2010-29 du 20 mai 2010 dont les éleveurs ne connaissent pas à 75% par manque de sensibilisation et l'analphabétisme.

Sur le plan économique, les éleveurs sont confrontés à des fortes amendes en cas de dégâts champêtres surtout en zone pastorale (5000fcfa/tête d'animaux) alors que les champs sont interdits en zone pastorale. Chaque jour que l'animal passe à la fourrière coute 1000Fcfa et 1500F/nuitée pour les gros ruminants et 700F pour les petits ruminants. Les éleveurs qui traversent la vallée de la Tarka sont aussi confrontés à des fortes taxes sur les points d'eau en nature ou en espèce (5000F à 10 000F/séjour ou bien 1 bouc ou 1 mouton, 2000F/abreuvement sur le puits de Mailafia). Par contre, dans les localités de Goula, Soli et Belbéji les taxations se font par tête d'animaux pour une période de deux (2) mois (10 000F/40 à 50 têtes et 20 000F/100 têtes). Cette situation rend difficile la mobilité des systèmes pastoraux et contribue à la vulnérabilité des ménages pastoraux.

5.2 Facteurs naturels

Ces facteurs concernent le système très mobile à faible ancrage foncier, le système mixte à faible ancrage foncier et le système de grande mobilité des bergers moutonniers. Le troupeau de ces éleveurs est essentiellement dominé par les ovins et bovins qui sont moins résistants aux catastrophes naturelles (figure 11). La fréquence des épizooties (tableau 7) joue un rôle important dans cette vulnérabilité à travers la perte massive des animaux. Un autre phénomène est celui des feux de brousse qui ravage des milliers d'hectares par an dans le département de Dakoro surtout en zone pastorale ou dans la réserve de Gadabédji. Cela provoque une insuffisance de pâturage qui rend aussi les systèmes pastoraux vulnérables.

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Tableau 7: Les épizooties fréquentes dans la vallée de la Tarka

Epizooties

Nom local de la maladie

Période de manifestation

Charbon symptomatique

bougao

Saison des pluies et sèche

La peste

Mourra dabba

Saison des pluies

Pasteurellose

Tchiwon souhé

Saison des pluies

Source : enquête terrain juillet-août 2012

12%

7%

82%

Bovins et ovins Ovins

Ne sais pas

Figure 11:les espèces les moins résistantes aux catastrophes naturelles

Après l'analyse de cette figure, 82% des enquêtés affirment que les bovins et ovins sont moins résistants en cas de catastrophes naturelles. Cela est du au fait que ces animaux ont de gros ventres et préfèrent dans la plupart de temps de l'herbe verte. Ces catastrophes naturelles se résument à des sécheresses récurrentes (1966, 1969, 1974, 1984, 1988, 1998, 2005, 2010). A titre d'exemple, Shefou Jaé de Torodi Rouga a perdu 20 bovins et 50 ovins et caprins pendant la sécheresse de 2010.

5.3 Stratégies d'occupation de l'espace face aux catastrophes naturelles 5.3.1 Stratégies d'occupation des terres en zone pastorale

Malgré l'interdiction par l'ordonnance 2010-29 du 20 mai 2010 des champs de subsistance

qui sont autorisés par la loi 61-005 du 26 mai 1961, ce phénomène prend de plus en plus de l'ampleur avec des nouveaux champs sous prétexte de la 61-005 du 26 mai 1961 qui permet

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les champs de subsistance. Avec l'avancée des agriculteurs vers le nord, les éleveurs créent des « ceintures agricoles autour des terroirs pastoraux» pour arrêter le front agricole des Haoussas. Ces champs deviennent à leur tour des vrais champs. Tout un village peut se déplace vers la zone pastorale pour dire aux chefs traditionnels qu'ils ont eu des problèmes avec leurs chefs du sud en faisant une requête pour être des administrés de ces chefs. Deux ans après, ils demandent des lopins de terre pour cultiver et procèdent au fonçage de puits. Ces cas sont rares mais ils ont été notifiés par quelques enquêtés. Ces agropasteurs laissent des espaces libres entre les champs facilitant l'occupation de l'espace vide. Ils procèdent aussi frauduleusement à une extension des champs car les chefs qui leur donnent des champs ne limitent pas la superficie et c'est à travers des gestes qu'ils délimitent le champ donné. Une autre stratégie, c'est la création des villages et campements à une date récente (cas de Torodi Rouga). Cela est une forme d'accaparement des terres en zone pastorale avec la création des champs et le fonçage des puits. La gestion d'un point d'eau en zone pastorale et agropastorale constitue un enjeu majeur dans le contrôle et l'accès aux pâturages. C'est une dynamique d'appropriation de l'espace et de contrôle de pâturage à travers la gestion des points d'eau. Cette gestion est une forme d'appropriation de l'espace et de contrôle des pâturages.

5.3.2 Stratégies des éleveurs face aux crises

Les systèmes pastoraux adoptent diverses stratégies pour faire face aux différentes crises. Voyons à présent ces stratégies développées en fonction des systèmes.

5.3.2.1 Eleveurs pratiquant le système agropastoral et le système mixte

Ces systèmes ont adopté la transhumance vers les zones pourvues de pâturages, l'achat d'intrants alimentaires et les aliments bétail, ainsi que la constitution de stock de fourrage comme stratégies face aux crises. Selon les enquêtés, ils s'en sortent tant bien que mal par ces stratégies. Les dons en nature ou en espèce, le habbanayé et l'entraide sont aussi des stratégies très développées dans cette zone d'étude à travers le lien de parenté. La main d'oeuvre agricole et le contrat de berger sont développés par les éleveurs qui ont perdu presque la totalité de leurs animaux. Ces stratégies sont plus ou moins efficaces en fonction des sites visités. Mais 92% des enquêtés trouvent ces stratégies satisfaisantes contre 8% qui aperçoivent celles-ci peu satisfaisantes.

5.3.2.2 Stratégies des agro éleveurs

Ces éleveurs ont développé le habbanayé, l'entraide, la main d'oeuvre agricole et le contrat de berger comme stratégies face aux crises alimentaires et pastorales. Ils pratiquent aussi l'agriculture combinée soit au petit élevage (caprins et ovins) et d'autres activités (petits commerces, exode, etc.).

58

5.3.2.3 Eleveurs pratiquant le système de grande mobilité (bergers moutonniers)

Le déplacement vers les zones pourvues de pâturages verts est la principale stratégie développée par les moutonniers. En cas des catastrophes naturelles (sécheresse, crise alimentaire et pastorale) et pour leur ravitaillement en nourriture, ces derniers procèdent à la vente des animaux les plus fatigués. Raison pour laquelle leur déplacement est toujours guidé par la présence du marché sur les parcours de transhumance.

5.3.2.4 Eleveurs pratiquant le système camelin

C'est le système le plus résistant parmi ces systèmes parce que ces animaux peuvent faire plusieurs jours sans s'abreuver et ne profitent que du pâturage aérien. Mais en cas des crises pastorales ou alimentaires aigues, ces éleveurs se déplacent vers les zones pourvues du pâturage aérien avec la diversification du cheptel (caprins et ovins). Ces éleveurs utilisent cette deuxième stratégie parce qu'une chamelle prend deux (2) à trois ans avant de mettre bas. 5.3.3 Stratégies adoptées par les associations et les projets de développement Les associations et les projets de développement ont développé plusieurs stratégies pour aider les éleveurs à surmonter les difficultés en cas de crises pastorales et alimentaires. Il s'agit entre autres de déstockage des animaux pendant la période de soudure, la création des Banques d'Aliment Bétail (BAB) et Banques d'Intrants Zootechniques (BIZ). Ces associations en partenariat avec les partenaires techniques et financiers procèdent aussi à la vente à prix modéré des aliments bétail et la recapitalisation des ménages vulnérables à travers le habbannayé.

5.3.4 Stratégies développées par l'État.

Face à des crises, l'Etat du Niger à développé des stratégies pour assister les éleveurs. Ces stratégies sont entre autres la vente à prix modéré des aliments bétail et des produits vivriers, la récupération des terres dégradées et la distribution des petits ruminants aux femmes les plus démunies.

5.4 Discussion des résultats

Les résultats de cette étude fait ressortir plusieurs enjeux fonciers et d'énormes stratégies des acteurs. Parallèlement, les résultats d'enquête ont ressorti des conflits liés à l'utilisation des ressources naturelles.

Après analyse, il ressort que les principaux enjeux autour de la Tarka sont liés à l'historique de l'occupation de l'espace, la mobilité pastorale et le sérieux problème de la limite nord des cultures. Cette occupation s'est effectuée à travers la création des villages et des champs par des éleveurs et agropasteurs suite à des sécheresses chroniques. Ces constats confirment les

59

résultats d'Abdoulaye (2009) sur la décentralisation et pouvoir local au Niger. Ceci, a poussé les agriculteurs eu aussi à pratiquer l'agriculture au-delà de la limite des cultures. Les chefs traditionnels ignorent les textes relatifs au foncier et font croire aux administrés qu'ils ont le monopole du foncier dans la vallée de la Tarka. Ces chefs locaux, procèdent souvent à des transactions foncières. Ainsi nos résultats confirment aussi ceux de Dagobi (2004) qui montent qu'à Dessa, la chefferie et les grandes familles de la chefferie distribuent les terres aux dépendants. Contrairement à Dakoro, les chefs perçoivent la fakurma (dîme locative), assurent la régulation foncière et s'adonnent aux spéculations de tous ordres.

En effet, Arifari (1999) montre que dans la région de Gaya, le foncier est revendiqué de façon symbolique par les chefs traditionnels dans leurs stratégies d'auto-réhabilitation. Ainsi, leur participation au règlement de litiges fonciers est le principal privilège de la chefferie traditionnelle discuté selon les cas avec les pouvoirs officiels. Ce même auteur, montre qu'au Bénin, à partir du cas de la région de Gomparou, il y a plutôt une politisation négociée par le bas avec une faible présence de l'Etat. Ce ne sont pas les conflits fonciers en eux-mêmes qui ont conduit à la politisation, mais les itinéraires informels de la résolution des conflits, et les stratégies de partage de pouvoir au sein des différentes fractions de l'élite locale. Malheureusement, les différents acteurs sur le terrain ne perçoivent pas les enjeux de la même façon et ne sont surtout pas conscients des implications sur les conditions de vie dans les années à venir.

La mal gouvernance sur le foncier et la cohabitation entre différents acteurs provoquent des conflits entre acteurs. Les conflits les plus fréquents sont à 46% liés aux dégâts champêtres, 13,33% aux réclamations des champs et 4,44% liés à l'accès aux points d'eau. Selon Sougnabé (2003), dans la zone méridionale du Tchad, ces conflits dans la plupart des cas trouvent leurs origines dans la gestion des ressources naturelles et de l'espace.

Cette mauvaise gouvernance foncière rend difficile la mobilité des éleveurs qui traversent la vallée de la Tarka. En effet, les éleveurs rencontrés sont à 73% des transhumants. Les premiers problèmes évoqués par ces éleveurs sont l'occupation de l'espace pastoral par les agriculteurs, les feux de brousse et la monétarisation de l'accès à l'eau. Ces résultats confirment en partie ceux de PSSP (2009), qui montrent que les conquêtes des espaces pastoraux par le front agricole ; la privatisation et la monétarisation de l'accès aux ressources pastorales et le non-respect des droits de personnes et les droits de mobilité sont autant des problèmes qui rendent difficile la mobilité. Selon Bodé (2011), ces difficultés de déplacement et d'exploitation pastorale des ressources naturelles par les transhumants entrainent une exacerbation des conflits fonciers.

60

Les résultats de cette étude montrent aussi que plusieurs acteurs interviennent directement ou indirectement dans cette question foncière qui est très complexe. Il s'agit des acteurs internes et externes (les élus, les autorités administratives, la COFO, les projets et les associations). Ces acteurs ont développé beaucoup de stratégies dans la gestion du foncier et des catastrophes naturelles. Selon Thréance (2010), l'évolution des stratégies des acteurs influence et complique la gestion du patrimoine foncier rural de la commune de Klouékanmé au Burkina Faso.

Cette situation d'insécurité foncière et des difficultés liées à la mobilité rend les ménages pastoraux vulnérables.

Vu la tendance actuelle de la gestion foncière dans la Tarka, les éleveurs risqueront de se transformer en agriculteurs dans un avenir proche.

Conclusion partielle

Après analyse, plusieurs facteurs de vulnérabilité liés à l'occupation de l'espace ont été identifiés. Il s'agit des facteurs sociaux, institutionnels, économiques et naturels. Ainsi, les agriculteurs et les agropasteurs utilisent diverses stratégies pour occuper les espaces pastoraux. Les éleveurs, les associations et les projets de développement ainsi que l'Etat utilisent des stratégies pour sauver le bétail en cas de catastrophes naturelles.

61

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Il ressort de cette étude que trois enjeux majeurs structurent les pratiques et les stratégies des acteurs en matière de foncier pastoral dans cette zone : le problème de la limite nord des cultures, le contrôle de la zone pastorale, et la question de la mobilité.

L'occupation de l'espace pastoral au profit de l'agriculture prend de plus en plus de l'ampleur. Cette situation s'aggrave avec la prolifération des puits traditionnels de façon anarchique souvent sans autorisation. Les chefs traditionnels facilitent cette occupation en octroyant des champs pour des raisons diverses et en autorisant le fonçage des puits. Cette pratique est à l'origine de nombreux conflits souvent mortels. Les aires de pâturage sont sous pression, voire même menacées par le front agricole qui avance de manière progressive. Les sécheresses chroniques sont dans la plus part des cas les causes de cette occupation à travers des champs de subsistances transformés définitivement en champs de culture. Les acteurs autour de la Tarka utilisent différentes stratégies dans l'occupation de l'espace et face à des catastrophes naturelles. Le phénomène de monétarisation des points d'eau prend de plus en plus de l'ampleur. Les éleveurs transhumants subissent ces pratiques qui les rendent souvent vulnérables. En cas des catastrophes naturelles les bovins et ovins sont le plus souvent vulnérables parce qu'ils sont moins résistants au manque de pâturage. Le système camelin est le moins vulnérable du fait de la capacité des dromadaires à s'adapter aux catastrophes naturelles. Les acteurs intervenant dans la Tarka développent diverses stratégies dans l'accaparement des terres et la maitrise de l'espace. La discussion des résultats obtenus et les constats tirés de cette étude ont permis de vérifier et de confirmer nos hypothèses de départ. Pour les perspectives, les prochaines recherches vont être consacrées à cette problématique mais aller au-delà, en cherchant à savoir quel peut être l'avenir des systèmes pastoraux dans un environnement incertain du changement climatique, de décentralisation et une démographie qui consomme énormément des ressources naturelles.

62

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64

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VINCENT B, et OUEDRAOGO H, 2008, « La sécurisation foncière : un des défis majeurs pour le nouveau siècle », revue-grain-sel/41-42-1.

1

ANNEXES

Annexe I

QUESTIONNAIRE SUR LE FONCIER PASTORAL

I. IDENTIFICATION DE L'ENQUETE

Nom et prénoms :

Sexe : M F
Age :_____

Terroir d'attache : ___

Nationalité :

Groupe ethnique :

Situation matrimoniale :

Taille ménage :

II. DYNAMIQUE DU FONCIER PASTORAL 2.1 Selon vous, comment évolue l'espace pastoral ici ?

Augmente Diminue reste le même

Justifiez votre réponse (en cas de diminution, précisez les

causes)

2.2 Comment évolue le

pâturage ?

2.3 Comment évoluent les eaux de surface ?

2.4 Disposez-vous d'un ou plusieurs puits dans la zone ?

Si oui, précisez le type ainsi que

l'usage et le mode de

gestion

2.5 A qui appartiennent les puits se trouvant sur l'espace pastoral ? L'Etat La

municipalité Le village Eleveurs Autres à

préciser :

. Le système pastoral

1Quel type d'élevage pratiquez-vous ? (insérez le numéro de la réponse correspondante) |__| 1. Nomade ; 2. Transhumant ; 3. Semi extensif 4. Autre

2

2. Pourquoi le choix de ce type d'élevage ?

3

3. Comment s'effectue la mobilité au cours de ces 30 dernières années ? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1= augmenté 2=stable 3= diminué 4=disparu
(Justifier la réponse)

4 Quel type de mobilité pratiquez-vous aujourd'hui ? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1= intra régionale, 2= interrégionale,

3= transfrontalière 4=Autre (à préciser)
(Justifiez votre réponse)

5 Quel type de mobilité pratiquiez-vous auparavant ? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1= intra régionale, 2= interrégionale,

3= transfrontalière 4=Autre (à préciser)
(Justifiez votre réponse)

6 Quel est le principal critère de choix d'un circuit de transhumance ? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1=Disponibilité des ressources pastorales (eau, pâturage), 2=Relations sociales,
3= Autre (à préciser)

7 Votre système d'élevage a-t-il connu des changements ? (cochez la réponse correspondante)

|__| 1= Oui 2= Non

8 Si oui dites lesquels ? (insérez le numéro de la réponse correspondante) |__| 1= introduction des espèces animales résistances ; 2= agropastoralisme ; 3 = autres à préciser

9 Quelle est la composition de votre troupeau ?

Espèce

 

Evolution au cours

Raisons des évolutions

Types de transformations

élevées

Nbre

des 30 dernières années

 
 
 
 

1= augmenté, 2=stable

 
 
 
 

3= diminué, 4=disparu,

 
 

4

 
 

5=nouveau

 
 

Bovins

 
 
 
 

Ovins

 
 
 
 

Caprins

 
 
 
 

Camelins

 
 
 
 

Equins

 
 
 
 

Asins

 
 
 
 

Autres (préciser)

 
 
 
 

10 Quelles sont les transformations subies par le cheptel ? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1= introduction des espèces résistances ; 2 = division du cheptel ; 3= autres préciser (Justifiez vos réponses):

11 Est-ce que la composition de votre troupeau a connu une diversification ? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1=Oui 2 =Non (Justifiez vos

réponses):

12 Où séjourne le troupeau en saison sèche ?

13 Est-ce que tout le troupeau se déplace en saison sèche? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1=Oui 2 =Non
(Justifiez votre réponse) :

14 Quelle est la période de départ ?

15 Quelle est la période de retour ?

16 Distance parcourue/terroir d'attache ?

17 Où séjourne le troupeau en saison de pluie?

5

18 Est-ce que tout le troupeau se déplace en saison de pluie? (insérez le numéro de la réponse correspondante)

|__| 1= Oui 2= Non Justifiez votre réponse :

19 Quelle est la période de départ ?

20 Quelle est la période de retour ?

21 Distance parcourue/terroir d'attache

Evolution de l'espace pastoral

1 Quelle est la situation des aires pastorales aujourd'hui? (Encercler les numéros des réponses correspondantes)

1= Dégradées 2=Menacées ; 3= Etroites, 4= Vaste 5=Manque de point d'eau 6= inaccessibilité 7= Sous pression 8=autre (à préciser)

2 Quelle est la situation des couloirs de passage ? (Encercler les numéros des réponses correspondantes)

1= Dégradés 2=Menacés ; 3= Etroits, 4= Vaste 5=Envahissement des mauvaises herbes 6=insuffisants 7= Non balisés 8=autre (à préciser)

3 Quelles sont les causes de ces mutations ? (insérez le ou les numéros des réponses correspondantes)

|__|__ /__/ 1= extension des champs; 2= création des villages ; implantation des ouvrages publics ; 4= disparition des mares; 5=pression animale

6= absence des pâturages ; 7= autres à préciser

4 Quelles sont les conséquences de ces mutations ?

5 Quels sont vos itinéraires actuels ?

6 Avez-vous eu d'autres itinéraires par le passé ? (insérez numéro de la réponse correspondante)

|__| 1=Oui 2=Non

7 Si oui dites lesquels ?

6

8 Pourquoi avez-vous changé d'itinéraires ? (encercler numéro de ou des réponses

correspondantes)

1= aridité climatique, 2= disponibilité et accessibilité du pâturage et de l'eau, 3=opportunités économiques, 4=autre (à préciser)

(Justifiez votre réponse) :

9 Quelle est la durée moyenne de séjours sur les différents lieux lors de la mobilité pastorale?

10 Quels sont les conséquences de ces changements ?

|__| 1= prolongation durée de séjour, 2=développement pâture nocturne, 3=morcellement du cheptel, 4=autre (à préciser)

(Justifiez votre réponse):

III. CONFLITS D'UTILISATION DES RESSOURCES

3.1 Enregistre-t-on des conflits dans l'utilisation des ressources naturelles ? Si oui, avec quels acteurs ?

Agriculteurs Eleveurs dont transhumants Pêcheurs Autres à

préciser
3.2 Quel est le type de conflit le plus fréquemment enregistré ?

Léger sans mort d'homme Grave avec mort d'homme
3.3 Quelle est l'institution de référence en cas de conflit ?

Chefferie traditionnelle Gendarmerie COFO Justice Autres à

préciser

IV. CONNAISSANCE DES DISPOSITIONS ET INSTITUTIONS SUR LE FONCIER 4.1 Connaissez-vous la loi 61-05 portant sur la limite nord des cultures ?

Si oui, qu'est-ce qu'elle dispose ?

Si non pourquoi ?
4.2 Connaissez-vous l'ordonnance 2010-29 portant sur le pastoralisme ?

Si oui, parlez des quelques-unes de ses

dispositions

7

Si non pourquoi ?

4.3 Connaissez-vous le Code rural ?

Si oui, que fait-il dans le cadre de votre activité ?

Si non, pourqoui ?
4.4 Avez-vous eu affaire au moins une fois au Code rural ?

Si oui, à quelles occasions ?

Si non, pourquoi ?

V. ROLE DES ELITES DANS LA RECOMPOSITION DE L'ESPACE

5.1 Y a t-il des personnes qui ne résident pas ici mais qui ont des champs, ranch ou puits ? Si oui, qui sont-elles et quelles sont leurs qualités respectives ?

5-2 Y a t-il des personnes étrangères et résidants ici mais qui disposent des champs, ranch ou puits ?

Si oui, précisez leurs origines et qualités respectives

Et à combien estime t-on la superficie détenue par personne ?

5.3 Qui octroie le droit de propriété foncière ?

Chefferie traditionnelle Municipalité Préfecture

Autres à préciser

5.4 Avez-vous l'habitude d'assister à des réaffectations des terres ici ? Si oui, pour quelles raisons ?

Et au profit de quelles activités cela est fait ?

Si non, pourquoi ?

VI. MOBILITE DES ACTEURS

6.1 Avez-vous l'habitude de quitter votre terroir d'attache ? Si oui pour quelles raisons et pendant combien de temps ?

Exode (durée) transhumance (durée et itinéraire)

8

Autres à préciser

6.2 Quelles en sont les difficultés enregistrées ?

6.3 Y a t-il des éleveurs d'ici qui ont définitivement quitté le lieu ?

Si oui, pourquoi ? Sécheresse Manque d'aire de pâturage Conflits

Autres à préciser

6.4 Y a t-il des éleveurs d'ailleurs qui sont définitivement installés

ici ?

Si oui, comment se passe la cohabitation ?

6.5 Y a t-il d'autres utilisateurs des ressources (agriculteurs, pêchers...)

venus d'ailleurs ?

Si oui, comment se fait la cohabitation ? Non

VII. VULNERABILITE DES ELEVEURS

7.1 Combien de têtes d'animaux possédez-vous actuellement ?

7.2 Combien avez-vous il y a 15/20 ans ?

7.3 Comment trouvez-vous l'activité du point de vue rentabilité ?

Justifiez votre réponse

7.4 Quelle peut être la conséquence du rétrécissement des aires de pâturage sur

l'élevage ?

7.5 Y a t-il des couloirs de passage qui ne fonctionnent plus aujourd'hui (ayant perdu leur statut) ?

Si oui, qu'est ce qui le justifie ?

Si non pourquoi ?
7.6 Connaissez-vous des enclaves pastorales qui ont disparu dans la zone ?

S oui, comment ?

Sinon, selon vous pourquoi ?

7.7Existe des marchés où vous vous approvisionnez en produits ?

Si oui, précisez s'il existence sur place le nombre de km

7.8 Trouvez-vous l'essentiel des produits surtout alimentaires désirés ?

Justifiez votre réponse

VIII. 9

RESILIENCE FACE A LA SECHERESSE

8.1 Parlez de la fréquence de la sécheresse ici

Que faîtes-vous en cas de sécheresse ?

8.2 Quelles sont les espèces animales les plus touchées ?

Et pourquoi ?

8.3 Comment atténuer les effets des sécheresses ?

8.4 Avez-vous l'habitude d'être soutenu en cas de sécheresse ?

Si oui, par qui ? et quelle est la nature du

soutien ?

Sinon pourquoi ?

IX. PERCEPTION DES ACTEURS

9.0 Connaissez-vous le code rural ?

Si oui, qu'est-ce que c'est ?

9.1 Quelles appréciations faites-vous du Code rural conformément à votre activité?

9.2 Quelles appréciations faites-vous de la chefferie traditionnelle sur les questions pastorales ?

9.3 Quelles appréciations faites-vous des organisations pastorales ?

10

9.4 Selon vous, quelle est l'institution qui oeuvre le mieux pour la réussite de vos

activités ?
Justifiez votre réponse :

9.5 Autres appréciations pour la bonne marche de vos activités

X. Ressources pastorales

Comment l'accès aux ressources pastorales a évolué dans votre aire de parcours durant ces 30 dernières années?

Modes d'accès

aux ressources
pastorales
(pâturage,
eau .....)

1= augmenté,
2=stable
3= diminué,
4=disparu,
5=nouveau

(insérez le numéro de la réponse

correspondant e)

1 : Puits ciment

2 : Puits traditionnel

3 : Mare

(insérez le numéro de la réponse correspondante)

S.

sèche (Mettez une croix)

S. de pluies (Mettez une croix)

Cause des évolutions

Accès libre

 
 
 
 
 

Accès limité

 
 
 
 
 

Accès payant

 
 
 
 
 

Autre (à préciser)

 
 
 
 
 

Quelle est la disponibilité actuelle des ressources fourragères et hydrauliques sur le terroir d'attache et en zone de replie? (insérez des croix en dessous des variables correspondantes)

 

Localisation

Disponibilité

Terroir d'attache

En zone de replie

importante

faible

disparue

Nouvelle

Espèces de pâturages
(
listez-les en dessous)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ressources en eau

Terroir d'attache

Zone de repli

importante

faible

disparue

Nouvelle

Forages

 
 
 
 
 
 

Puits cimentés

 
 
 
 
 
 

Puits traditionnels

 
 
 
 
 
 

Mare

 
 
 
 
 
 

Autre (à préciser)

 
 
 
 
 
 

XI. Relations sociales

Quels types des relations entretenez-vous avec les autres communautés? (cochez la réponse correspondante)

|__| Réciprocité |__| Parenté |__| Affinité sociale |__| Bon voisinage |__| Autre (préciser)

Comment se fait le partage des puits avec les autres communautés ?

Comment se fait l'exploitation des pâturages avec les autres utilisateurs?

Quels sont les conflits existants ?

Quelles sont leurs causes ?

Comment sont ils gérés ?

Avez-vous des sites habituels où vous vous installez régulièrement lors de votre séjour en transhumance ? (cochez la réponse correspondante)

|__| Oui |__| Non
(Justifier votre réponse)

Pourquoi dit-on que les animaux qui ne commettraient pas des dégâts champêtres sont peu résistants à la sécheresse ?

|__| Oui |__| Non
(Justifier votre réponse)

11

XII. stratégies /réduction du risque

12

Quelles sont vos stratégies pour réduire les risques des pertes massives de bétail en cas des séchéresses? (Encadrer la ou les réponses correspondantes)

1= Déstockage précoce 2=Achat d'intrants alimentaires 3= Constitution de stock de fourrage 4=Transhumance vers les zones pourvues de pâturages 5= Se remettre à Dieu 6= Vaccination du bétail contre les principales épizooties 7=Autres (à préciser)

A quelle moment vaccinez vous vos animaux? (Encadre la ou les réponses correspondantes)

1=Avant qu'une épizootie ne se déclare dans le troupeau 2= lorsqu'une épizootie se déclare au sein du troupeau 3=lorsqu'une épizootie se déclare dans la zone 4=Avant qu'une épizootie ne se déclare dans la zone 5=Autre (à préciser)

Pour vacciner vos animaux vous vous basez sur quelle critère? (Encadrer la ou les réponses correspondantes)

1=Saisonnalité des épizooties 2= Arrivée des transhumants étrangers 3=Les conseils des agents vétérinaires 4=Le savoir faire traditionnel 5=Autre (à préciser)

Quels vos indicateurs d'alertes pour une mauvaise campagne agropastorale?

Querels sont vos indicateurs d'alerte pour une bonne campagne?

Comment jugez vous vos stratégies actuelles de reduction des risques de catastrophes? (insérez le numéro correspondant à la réponse)

|__| 1= Satisfaisante 2= Peu satisfaisante 3= Mauvaises 4= Autre (à préciser) Si vos statégies actuelles ne sont pas satisfaisantes que comptez vous faire?

13

Annexe II

GUIDE D'ENTRETIEN

Le guide d'entretien est adressé aux chefs traditionnels, aux secrétaires permanents de la Cofocom et de la Cofodep, aux services techniques et aux structures d'appui et d'encadrement I-Entretien

A-Chefs traditionnels

1- Quel est l'historique du peuplement de votre terroir ?

2- Quel rôle jouez-vous en tant que premier responsable dans la gestion du foncier pastoral :

? Dans l'attribution des terres

? Dans le règlement des conflits fonciers

3- Quelles sont les potentialités naturelles que regorge la commune / terroir villageois ?

4- Quelles sont vos relations avec la Cofo, les élus locaux et les services techniques relevant du foncier pastoral ?

5- Quelles sont les difficultés dans l'acquisition des terres ?

6- Quels sont les groupes sociaux qui possèdent plus de terres ?

7- Existe-t-il des familles sans terres ?

8- Discussion sur la gestion foncière pastorale (origine des conflits fonciers, leurs natures, les zones touchées, acteurs concernés, les techniques de prévention des conflits, etc.)

9- A quel niveau situez-vous l'ampleur de l'accaparement des terres dans le département/commune

10- Quel est l'impact de la croissance démographique sur la gestion du foncier pastoral ?

11- Etes vous assisté ou non par :

- L'Etat

- Les Projets - Les ONG

12- Quelles sont vos suggestions pour une meilleure gestion des ressources naturelles du département/ commune/ terroir villageois ?

B-Commissions foncières

1- Présentez nous l'occupation foncière pastorale du département/ commune.

2- Quelles sont les potentialités naturelles du département/ commune ?

3- Quels sont les différents modes d'accès à la terre ?

4- Quelles sont les difficultés liées à l'acquisition des terres ?

5-

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Y a-t-il des familles sans terres dans le département/commune?

6- A quel niveau situez-vous l'ampleur de l'accaparement des terres dans le département/commune

7- Quel est l'impact de la croissance démographique sur la gestion du foncier pastoral ?

8- Quels sont vos rapports avec la chefferie traditionnelle et les services techniques ?

9- Quel est le rapport entre la Cofo et la justice dans la conciliation des conflits fonciers ?

10- Quels sont les différents conflits que vous enregistrez ?

-Origine -Nature

-Les plus fréquents

11- Quelles sont vos suggestions pour une meilleure gestion des ressources naturelles pastorales?

C- Services techniques, structures d'appui et d'encadrement

12- Quelle présentation tirez-vous de l'occupation du foncier pastoral ?

13- Présentez nous la situation agro-sylvo-pastorale du département/ commune ?

14- Quelles sont les potentialités naturelles du département/ commune ?

15- Discussion sur la gestion foncière pastorale (origine des problèmes fonciers, nature des problèmes, zones touchées, méthodes de prévention, etc.)

16- Quel est l'impact de la croissance démographique sur la gestion du foncier pastoral ?

17- Quelles sont vos suggestions pour une meilleure gestion des ressources naturelles pastorales ?






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote