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La gestion systémique de la crise financière internationale de 2008: le cas de deux banques coopératives

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par Nabila Ouchene
HEC Montréal - Master 2015
  

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1.2.2 Définition et enjeux de la finance

Académiquement, il existe une ambigüité quant à l'expression « marchés financiers » qui est due à la distance entre le concept et la réalité historique vécue (Hautcoeur, 2008). En effet, théoriquement, « les marchés financiers incluent l'ensemble des moyens par lesquels des instruments financiers (des créances en première approximation) sont échangés librement, que ce soit entre un prêteur et un emprunteur, (le marché primaire) ou entre détenteurs de ces créances (le marché secondaire) » (Hautcoeur, 2008, p. 159). Or lorsqu'on parle de marchés financiers, cela s'applique le plus souvent aux organisations spécifiques, « bourses de valeurs » dédiés à l'échange de titres (actions et obligations). Ainsi, ce sont en réalité les Bourses (Euronext, le New York Stock Exchange, la Bourse de Tokyo etc.) qui constituent aujourd'hui le marché visible du marché financier. En d'autres termes, les marchés boursiers restent la référence implicite des travaux de finance tant empiriques que théoriques (Hautcoeur, 2008). D'autre part, cet écart entre ces deux définitions des marchés financiers est également

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observable au niveau d'études tentant de mesurer le développement financier et l'impact du secteur financier sur le développement économique telles que le travail pionnier de Raymond W. Goldsmith (1968) ou plus récemment une synthèse de Levine (2005) (Hautcoeur, 2008). Par ailleurs, outre les difficultés de mesurer ces interactions (en raison des changements rapides des opérations financières qui ne sont pas toujours bien enregistrées statistiquement), une approche quantitative de la relation entre développement financier et économique est confrontée à des problématiques de causalité réciproque difficiles à résoudre, mais aussi peut-être vaines selon Hautcoeur (2008). Une approche historique devient ainsi nécessaire même si elle permet sans doute moins de mesurer, mais rend compréhensible les interactions entre développements financier et économique (Hautcoeur, 2008). Ceci dit, empiriquement, la finance comporte différentes fonctions :

« En résumé, les fonctions principales de la finance sont de rassembler l'épargne dispersée pour l'affecter à des projets d'investissement dont l'envergure et le risque dépassent ce qui est à la portée des fortunes individuelles, et d'offrir à cette épargne une grande variété d'instruments différents par leurs couples de rentabilité-risque, donc d'organiser un vaste marché d'échange des risques inhérents à tout investissement productif » (Giraud, 2008, p. 11).

Il est reconnu que le développement, la diversification et la spécialisation des activités financières contribuent pleinement au mouvement général de la division sociale du travail, dans lequel Adam Smith voyait à juste titre la source fondamentale de l'accroissement des « richesses des nations ». Autrement dit, la finance est également un lieu de division sociale du travail et favorise d'autres sphères, donc elle contribue à l'accroissement de la richesse (Hautcoeur, 2008). Pourtant, la finance représente une des rares institutions de capitalisme à avoir autant été contestée ces 100 dernières années. Pour Hautcoeur (2008), cette mauvaise réputation vis-à-vis de la finance est due au fait que celle-ci est indispensable au fonctionnement des marchés capitalistes, mais elle est aussi un lieu particulièrement favorable à l'éclatement de crises. En d'autres termes, les prix des actifs financiers sont en effet purement subjectifs, dans la mesure où ils résultent uniquement d'anticipations, de visions de l'avenir. Or ces anticipations peuvent basculer soudainement et entraîner les prix également. Ainsi, ces crises servent de purges périodiques du système financier et permettent de corriger les anticipations des acteurs quant à la juste valeur des titres (Hautcoeur, 2008). Cependant, un des problèmes majeurs de ces crises, est que ces dernières n'affectent pas seulement les marchés financiers, mais elles se propagent au reste de l'économie, entraînent d'importants transferts de liquidités et affectent des individus qui ne sont pas impliqués (Hautcoeur, 2008).

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Le système financier contemporain est caractérisé par « la finance globale de marché [qui] est intrinsèquement volatile et son mode de régulation est le krach, c'est ainsi » (Aglietta et al., 2008, p. 8). Cependant, ceci ne remet pas en cause les fonctions traditionnelles de la finance que sont le transfert de richesses dans le temps, la gestion des risques, la mise en commun de ressources, la création de l'information, l'organisation de systèmes de paiements etc. Ce qui est à l'origine des crises financières est essentiellement la finance dite structurée (Aglietta et al., 2008) que nous aborderons à la prochaine section traitant de la crise financière de 2007-2008. Toutefois, ceci peut être illustré par l'exemple du consommateur américain qui a été le premier à bénéficier de la période frénétique d'expansion du crédit (un des produits de la finance structurée). Le paradoxe étant que cette consommation du crédit a été utilisée à partir de l'argent prêté par un groupe de pays émergents, donnant lieu à un déficit de la balance de paiements américaine qui n'a cessé de se creuser depuis 1998; ainsi « c'est le déséquilibre macroéconomique fondamental du système financier contemporain » (Aglietta et al., 2008, p. 8).

Cependant, pour comprendre cette ébullition financière des trente dernières années, un retour historique s'impose également. Ces nouvelles pratiques de la finance contemporaine n'aurait pu voir le jour sans la déréglementation financière (Aglietta et al., 2008). Cette déréglementation a essentiellement débuté aux États-Unis et Union européenne à partir des années 1980 et intensivement menée durant les années 1990. Elle a notamment permis de diminuer l'encadrement légal du crédit qui existait depuis l'après-guerre, de décloisonner les marchés, d'augmenter la concurrence entre les banques, d'attirer des capitaux internationaux et de stimuler l'innovation financière (Aglietta et al., 2008). La déréglementation a tout de même eu des bienfaits, mais elle a en contrepartie augmenté le risque auquel s'exposent les organisations et également le risque systémique. Enfin, les acteurs traditionnels tels que les mutuels ou coopératives ont été contraints aussi de s'adapter à ce nouveau contexte globalisé pour exister. En dépit du fait que ces organisations ont été attaquées, elles ont résisté aux crises puisqu'elles n'ont pas d'actionnaires auprès de qui elles doivent rendre des comptes, ce qui leur confère plus de flexibilité et de résilience (Aglietta et al., 2008).

Toutes ces évolutions complexes passés et continues supposent de nombreux enjeux pour la finance contemporaine de « marché ». Les principaux enjeux sont les nouveaux risques et leur gestion, le financement des entreprises et de l'économie, l'information et son impact sur les marchés financiers (Assoé, Boyer et Favreau, 2007). Il y a aussi d'autres enjeux, notamment la « formation de nuages » qui défient les concepts de la finance moderne à travers les recherches en psychologie financière telle que la finance comportementale qui devient de plus en plus populaire (Assoé, Boyer et Favreau, 2007). Certains auteurs, comme Andrei Shleifer (2000), voient la finance comportementale comme la finance moderne de l'avenir. Un autre enjeu concerne les limites associées à la finance quantitative (Assoé, Boyer et Favreau, 2007). En effet, pour Assoé et al. (2007), la finance devra se

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développer hors de ce schéma de référence et reconnaître que les marchés financiers peuvent être incomplets où le principe d'arbitrage n'est pas nécessairement valide. Par ailleurs, l'enjeu lié à la mondialisation et l'internationalisation des échanges de biens et de capitaux donnerait lieu à des développements majeurs associant le droit et la finance (Assoé, Boyer et Favreau, 2007). Enfin, Assoé et al. (2007) concluent que :

« Le comportement des agents économiques est beaucoup plus difficile à prévoir que le mouvement des particules subatomiques. C'est une des grandes faiblesses des sciences sociales, mais également sa plus grande qualité. L'étude du comportement des individus ne cessera de nous pousser, comme chercheurs et professeurs, à développer de nouveaux champs d'intérêt et d'étude pour parfaire notre compréhension de la nature humaine. La finance (et ses disciplines connexes comme l'assurance et la gestion des risques) est la seule discipline qui met l'étude du comportement des agents économiques vis-à-vis du risque à la base même de l'intérêt scientifique » (Assoé, Boyer et Favreau, 2007, p. 50).

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