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Les conséquences de la desinformation médiatique sur la population kinoise

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par bahati kasindi
institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Gradué en journalisme 2014
  

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4.2. LE POIDS DE L'ARGENT

La République Démocratique du Congo a la réputation de ne pas lire. Ce qui est vrai pour les livres l'est aussi pour les journaux. En particulier les quotidiens qui n'ont pu ou su résister à la concurrence de la radio et de la télévision. L'écueil supplémentaire représenté dans la puissance de l'imprimerie et les circuits de distribution n'étant sans doute pas étranger à cette absence de compétitivité. Il est paradoxal dans un pays à démocratie nominale que ce soit les journaux de l'opposition qui connaissent le tirage plus important bien avant les journaux dite de la majorité dont la diffusion ne cesse de s'amenuiser.54(*)

Les quotidiens congolais tout titres confondus, dépassent à peine la barre des 3 milles exemplaires, loin des tirages de la presse français et encore moins britannique. Pour faire face aux revers qu'ils subissent, les patrons de presse n'abordent pas nécessairement le problème sur de bonnes bases. « Les journaux paraissant à Kinshasa 80% des recettes proviennent de la publicité ». Le poids des lecteurs dans cette perspective est donc particulièrement faible. Ce qui pourrait explique l'absence apparente à certains changements de ligne rédactionnelle.

La plupart des spécialistes savent qu'un journal figure parmi les rares produits qui ne sont pas proposés à leur prix de revient. Un quotidien devrait en grosso modo être vendu entre 500 et 1000 francs congolais pour être équilibré, sans ressources publicitaires. Prix que le publique n'est pas prêt à accepter. En résulte aussi les difficultés que l'on connait pour la presse dite d'opinion, malgré le soutien limité dont elle bénéficie de la part des pouvoir publics.

L'analyse de Philippe Villin directeur général du Figaro dans une interview accordée par l'Echo de la presse, le 13 janvier 1989 ne s'est pas arrêtée en signalant que les quotidiens étaient financés à 80% par la publicité. A terme, l'objectif poursuivi était le journal « gratuit », la publication intégralement payée en amont grâce aux ressources publicitaires et aux petites annonces. Mais l'essentiel réside sans doute dans une certaine dérive intellectuelle qui condamne peut-être une telle approche. Sans entrer dans les détails, le fait de financer un journal, sans l'aide de ses lecteurs ou de ses abonnés, s'apparente à l'action menée par les chaines de télévision privées qui ne peuvent compter que sur la redevance pour équilibrer leur budget.

La course bien connue à l'audimat risque donc de se transformer, pour les quotidiens qui s'engagent dans cette voie, en une remise en cause de leur spécificité afin de plaire au plus grand nombre. En clair, le rôle de contrepoids qu'ils pouvaient jouer risque de disparaitre très rapidement. Nous touchons là l'un des aspects les moins connus : le financement de la presse. Mais il est évident que le fait de diffuser une publicité dans un journal n'est pas un geste innocent même si tout prouve qu'économiquement, il est rarement rentable. Le fait que des campagnes publicitaires prennent en compte des journaux et d'autres publications politiques, aux tirages pourtant comparables, contribue à une certaine désinformation, du moins sous l'angle le plus inattendu, celui des rentrées financières.55(*)

Tout le monde connait le slogan publicitaire cher à Paris Match : «Le poids des mots, le choc des photos. » Règle de conduite à laquelle se tiennent de nombreux magazine ».56(*) Pour dire vrai, la concurrence est saine lorsqu'elle permet, dans un esprit de compétition, d'améliorer la qualité des informations qui sont fournis au public. Il peut s'avérer aussi qu'elle risque de déboucher sur des excès lorsque, dans le désir forcené d'être les premiers sur un événement, des journalistes perdent à la fois tout sens de la mesure et de la déontologie. La désinformation les guette à chaque pas. Le drame, c'est que les multiples leçons qu'ils peuvent recevoir ou qu'ils ont déjà reçues sont oubliées immédiatement après et ne leur permettent pas d'éviter de manifester le même comportement lorsqu'une affaire similaire se présente.57(*) Ce qui est certain est que le poids de l'argent a une influence non négligeable sur l'information.

Les organes de presse sont confrontés à leur plus gros défis : « leur financement ». Ils doivent assurer leur fonctionnement qui implique notamment  beaucoup de moyen. En la circonstance, un autre domaine essentiel est l'image de marque à laquelle tout journaliste s'est attaché, au point qu'il préfèrera observer le silence sur une opération de désinformation dont il aura été le complice involontaire, plutôt que de reconnaître qu'il a été trompé, au risque, à ses yeux, de perdre ainsi sa crédibilité. Dans le cas d'espèces, le journaliste de la chaine de télévision CCTV, à l'origine de cette information de libération de JP Bemba, a pris ce risque. Il a informé au profit de la marque à laquelle il s'est rattaché, le Mouvement de libération du Congo. Un parti dont il se sent coute que coute obligé de préserver les intérêts et se taire si l'information va en l'encontre des idéaux du parti.

* 54 D. TRINQUET, « Une presse sous influence, comment la presse manipule l'opinion », éd. Albin Michel S.A, Paris, 1992

* 55D. TRINQUET « Une presse sous influence, comment la presse manipule l'opinion », éd. Albin Michel S.A, Paris, 1992

* 56 Idem

* 57 Idem

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