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Diversité floristique de la forêt classée du haut-sassandra (centre-ouest de la côte d'ivoire) en période post-conflits armés

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par Kouassi Apollinaire Kouakou
Université Jean Lorougnon Guédé  - Master 2014
  

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III-1-3-2- Aire basale et densité des tiges

La zone témoin, avec une densité de 832 tiges.ha-1 pour une aire basale de 50,88 m2.ha-1 est le milieu le plus boisé des différents sites étudiés (Tableau VII). La lisière de la forêt a une densité plus élevée (515 tiges.ha-1) que l'intérieur de la forêt (380 tiges.ha-1). On remarque une diminution des aires basales des milieux conservés vers les milieux anthropisés. Ainsi, les aires basales diminuent progressivement de la zone témoin (50,88 m2.ha-1) à

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l'intérieur (35,88 m2.ha-1), suivi de la lisière (27,27 m2.ha-1) et de la zone rurale (7,29 m2.ha-1) (Tableau VI).

Tableau VI : Densité de tiges et aires basales dans les différents biotopes

Zone témoin Lisière FCHS Zone rurale Intérieur FCHS

Densité de tige/ha

832

515

110

380

Aire basale (m2/ha)

50,88

27,27

7,29

35,88

III-1-3-3- Distribution des classes de hauteur

La distribution des classes de hauteur (Figure14) montre que les arbustes inférieurs à 4 m ne sont pas nombreux dans les différents milieux. Les arbres de hauteur comprise entre 4 m et 8 m sont les plus nombreux dans le milieu témoin tandis que la lisière est dominée par un nombre élevé de ligneux de hauteur comprise entre 16 m et 32 m que les autres milieux. En outre, les arbres de grandes tailles (supérieur à 32 m) sont en faible proportion et se trouve uniquement dans les milieux témoin et intérieur de la forêt.

Figure 14 : Diagramme de distribution des classes de hauteur dans les différents biotopes

(MIL TEM : milieu témoin; MIL INT : milieu intérieur; MIL LIS : milieu lisière; MIL RUR : milieu rural)

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III-2- Discussion

Les investigations effectuées au cours des relevés de cette étude, qui s'est déroulée uniquement dans la partie Nord de la forêt, ont permis d'obtenir 322 espèces. Sur toute la superficie de la FCHS, Kouamé en 1998 a recensé 1047 espèces. Cet écart peut s'expliquer par le fait que notre étude s'est déroulée uniquement dans la partie Nord de la FCHS. Les familles dominantes sont les Rubiaceae (19), les Euphorbiaceae (16) et les Fabaceae (14). L'abondance des Rubiaceae s'expliquerait par le fait que la FCHS se situe en zone de forêt dense humide (région Guinéo-Congolaise) qui est le domaine de prédilection des Rubiaceae (Aké-Assi, 2002). Ce milieu n'aurait donc pas encore atteint le stade climacique (Guillaumet et Adjanohoun, 1971). En ce qui concerne les espèces à statut particulier, leur présence, leur nombre et leur variété soutiennent l'idée du rôle de la conservation de la biodiversité que jouent les aires protégées en général et la FCHS en particulier. En effet, 25 des espèces dénombrés sont endémiques à l'Afrique de l'Ouest dont deux (Baphia bancoensis et Chrysophyllum taiense) sont endémiques à la Côte d'Ivoire. Cependant, Kouamé (1998) avait obtenu 77 espèces endémiques à l'Afrique de l'Ouest dont 7 espèces endémiques à la Côte d'Ivoire. Il s'agit de Chrysophyllum taiense, Eugenia tabouensis, Gymnostemon zaizou, Hibiscus tabouensis, Piptostigma fugax, Psychotria abouabouensis, Sapium aubrevillei. Bien que nos travaux n'aient concerné que la partie Nord de la FCHS, nous pensons que de nombreuses espèces endémiques ont disparues de cette zone entre 2000 et 2013 du fait des activités anthropiques. Les espèces à statut particulier ont été signalées dans les différents milieux mais leur présence diminue de l'intérieur de la forêt vers la zone rural. Selon Tchouto (2004) et Van Gemerden (2004), les espèces à statut particulier sont les plus sensibles aux perturbations causées par l'homme. Il est donc probable que les activités anthropiques dont la résultante est la destruction de la forêt, ne favorisent pas la survie de ces espèces qui ont besoin d'un microclimat particulier (Sangne, 2008). Cependant, la présence de certaines espèces particulières dans la zone rurale peut s'expliquer par le fait que certains paysans laissent quelques arbres ou arbustes en vue d'une protection des jeunes plants (cacaoyers, caféiers, etc.) des rayonnements solaires (Koulibaly, 2008). Ainsi, des espèces à statut particulier peuvent se retrouver dans les champs. C'est le cas d'Euadenia eminens qui est une espèce devenue rare, laissée dans les exploitations agricoles de la zone d'étude pour ses vertus médicinales (Dickson et al., 2012). En outre la FCHS regorge un nombre important d'espèces exploitables. Dans cette étude nous avons recensé 37 espèces exploitables avec un taux de

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56,75 % d'essences de catégorie 1 (P1), 27,25 % de catégories 2 (P2) et 16,25 % d'essences de catégories 3 (P3). Cela confirme les travaux de Kouamé, 1998 qui a dénombré 80 essences principales commercialisées pour la qualité du bois dont 43 soit 53,75% d'essences de P1, 17 soit 21,25% d'essences de P2 et 20 soit 25% d'essences de P3. Le nombre élevé de bois commerciaux dans cette forêt fait qu'elle est sous l'influence de l'exploitation forestière. Bien que ne datant pas de la dernière décennie, l'exploitation dans cette forêt s'est toutefois accentuée et est devenue anarchique en faveur de la crise. L'exploitation forestière a donc contribué à la dégradation du couvert végétal voire la disparition des espèces végétales du fait principalement des dégâts engendrés par l'abattage de l'arbre et le transport des grumes (Bertault et Sist, 1999 ; Durrieu de Madron et al., 2000). Cette activité crée des écosystèmes artificiels tels que les zones d'abattages, les pistes d'exploitation, les parcs de chargements, les zones brulées, etc. (Kouamé, 1998) désorganisant ainsi l'écosystème naturels. La richesse de la flore en essences forestières commerciales surtout de catégorie 1 nécessite une surveillance particulière de la FCHS afin de limiter les exploitations forestières clandestines. La forte proportion de phanérophytes observée dans la FCHS est la caractéristique des forêts tropicales (Le Coeur et al., 2008). Cette forte proportion pourrait permettre la reconstitution de la FCHS si elle est à l'abri des pressions anthropiques. L'analyse du spectre biologique a montré une abondance de microphanérophytes et une faible proportion des mégaphanérophytes. Cette situation est imputable à l'exploitation forestière qui se déroule dans la forêt. En effet, lors de cette activité, les grands arbres (plus de 32 m de hauteur) sont abattus au profit des plus petits (arbustes de 2 à 8 m de hauteur).

L'analyse des coefficients de similitude entre les différents milieux montre une différence au niveau de la flore dans les types de biotopes. Cette différence pourrait s'expliquer par les activités qui se déroulent dans la forêt. Activités anthropiques, qui selon les gestionnaires de la FCHS se seraient accentuées pendant les dix dernières années à la faveur des crises en Côte d'Ivoire. En effet, l'afflux de clandestins s'est matérialisé par la présence de nombreuses pistes menant à la FCHS et à la présence de nombreuses plantations de cacaoyers (Figure 15) principalement à l'intérieur de la forêt. Les âges de ces plantations étant, en général, inférieure à 10 ans, nous permettent de conclure que ces dernières ont été installées pendant la période de crises. Cette situation est attestée par la différence de la flore intérieure et la zone témoin, installée à l'intérieur de la forêt. En effet une fois à l'intérieur de la forêt, le clandestin commence à défricher à partir de l'intérieur vers la limite de la forêt ce qui permet de dire que

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dans cette forêt le front d'anthropisation est centrifuge. L'indice de Shannon montre aussi que la flore intérieure de la forêt est plus diversifiée que la zone témoin. Cependant, l'indice d'équitabilité de la zone témoin est plus important que celui de l'intérieur de la forêt et les autres milieux, suggérant ainsi que les individus sont mieux repartis entre les espèces recensées dans les sites témoins par rapport aux autres milieux. Les milieux perturbés sont susceptibles d'être spécifiquement plus riches que ceux qui ne présentent aucun signe d'agression (Adou Yao, 2005). L'intérieur de la forêt étant sous pressions, les processus de régénération, recolonisation et de succession des espèces végétales y sont plus importants que dans les autres parties de la forêt. La faible diversité (valeur de l'indice de Shannon) dans la lisière comparativement aux autres parties de la FCHS est due au fait que cette lisière a été reboisée exclusivement par une espèce exotique le Teck (Tectona grandis).

Les mesures de dbh dans la zone témoin présentent une répartition inégale de tiges par classes de diamètre avec dominance de tiges de la classe [30cm-40cm [. Ce résultat suggère que cette zone est relativement moins exposée aux exploitations agricoles. Néanmoins, il existe quelques traces d'exploitations forestières dans ce milieu; ce qui justifierait la rareté des arbres de grands diamètres (> 80 cm).

La lisière de la forêt, reboisée de tecks, il y'a environ 20 ans, compte une densité en tiges plus importante que l'intérieur de la FCHS. Les pieds de teck n'intéressent pas principalement les exploitants forestiers et les paysans. Ces derniers préfèrent aller à l'intérieur pour faire leurs champs. En plus, exploiter la lisière exposerait les clandestins aux contrôles sporadiques des agents de surveillance de la FCHS.

Les zones témoins ont une forte densité de tiges et d'aires basales élevées par rapport aux autres milieux. Ce constat laisse deviner que lorsque la forêt n'est pas sous influence des activités humaines, elle peut conserver un grand nombre de tiges et un nombre important d'arbres de grands diamètres. La forte densité de tige observée à la lisière est la conséquence de la délimitation de la FCHS à partir du teck, il y a une vingtaine d'année. Les clandestins préfèrent éviter cette partie de la FCHS afin d'être moins visibles par les gestionnaires de la forêt. Aussi les differentes strates de fragments de forêt observées dans la FCHS montrent que la zone conservée comporte plus de ligneux de grandes tailles que les autres milieux. Ceci s'expliquerait par les activités humaines qui sont moins intenses dans les milieux témoin. Néanmoins, les arbres de hauteur supérieure à 32 m (mégaphanérophytes) ne sont pas nombreux dans tous les milieux voire absent à cause de l'exploitation forestière qui privilégie

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les arbres de gros diamètres et de grande taille. Toutefois cette activité profite aux arbustes qui peuvent se développer. En outre la lisière est dominée par une strate d'arbres pratiquement de même taille (20 m à 25 m) qui serait due au reboisement des tecks ayant tous le même âge.

Photo (Kouassi,2013)

Figure 15 : Jeune champ de cacaoyers observé dans la FCHS

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