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La gestion durable de la filière cacao dans la région du centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié.

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par Dieudonné MBARGA
Intitut des Relations Internationales duCameroun-IRIC/Yaoundé 2 - Master 2 « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable »  2011
  

Disponible en mode multipage

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INSTITUT DES RELATIONS

INTERNATIONALES DU CAMEROUN

Master « Coopération internationale,

Action humanitaire et Développement Durable »

Filière : Coopération Internationale et Coopération Décentralisée pour le Développement

Année Académique 2011-2012

Mémoire de recherche

La gestion durable de la filière cacao dans la Région du Centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié

Project work : Rapport de stage académique à la

SODECAO

MBARGA Dieudonné

Matricule ..........

1ère promotion

Directeur de mémoire :

Prof.  KOUNOU Michel

Politologue

Maître de conférences

 
 
 

INSTITUT DES RELATIONS

INTERNATIONALES DU CAMEROUN

Master « Coopération internationale,

Action humanitaire et Développement Durable »

Filière : Coopération Internationale et Coopération Décentralisée pour le Développement

Année Académique 2011-2012

Mémoire de recherche

La gestion durable de la filière cacao dans la Région du Centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié

MBARGA Dieudonné

Matricule 11J130 R

1ère promotion

Directeur de mémoire :

Prof.  KOUNOU Michel

Politologue

Maître de conférences

 
 
 

Remerciements

La réalisation de ce travail n'a été possible que grâce aux concours de plusieurs facteurs et acteurs. A cet effet, notre gratitude va :

* A nos parents, qui ont accepté tous les sacrifices pour notre éducation.

* A l'administration et au corps enseignant de l'IRIC et du CIRDA de l'Université Cà Foscari de Venise, pour leurs riches enseignements et leur encadrement. Nous pensons particulièrement à

- Monsieur Narcisse MOUELLE KOMBI, Agrégé des Facultés de Droit, ancien Directeur de l'IRIC et Coordonnateur du Master CA2D, pour ses hautes qualités humaines en plus de celles managériales,

- Monsieur ESOH ELAME, Géographe, Enseignant-chercheur à l'université Cà Foscari de Venise, pour sa vivacité intellectuelle et sa disponibilité pour ses étudiants.

* A notre encadreur, Professeur Michel KOUNOU qui, malgré ses multiples occupations, a bien voulu diriger ce travail. Ses conseils et orientations nous ont été d'une importance capitale.

* Notre respect et notre affection aux Professeurs

- Laurent ZANG, Politologue, Chef du Département de diplomatie de l'IRIC,

- Dieudonné OYONO, Politologue, Recteur de l'Université de Douala ; pour le respect que commande leur épaisseur intellectuelle et pour leur soutien paternel.

* A nos frères et soeurs, nos enfants, nos amis, ainsi qu'à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail.

Résumé

Le présent travail met en exergue la contribution qu'une gestion respectueuse des exigences du développement durable (solidarité sociale, efficacité économique, responsabilité écologique et interculturelle) peut apporter à l'optimisation des potentialités de l'activité cacaoyère au Cameroun et suggère les chemins à emprunter ainsi que les moyens à mettre en oeuvre pour favoriser cette émergence.

Notre étude montre que, dans un environnement international, dominé par une spéculation débridée et un contexte interne marqué par la libéralisation de l'économie découlant de la mondialisation et de l'amaigrissement des moyens de l'Etat-providence, l'activité cacaoyère au Cameroun se caractérise, en dépit des statistiques optimistes d'une production en hausse ( 220 000 tonnes en 2011) par son délabrement continu qui la voue à un abandon certain si la refondation de sa gestion n'intervient pas à brève échéance.

C'est la condition nécessaire à l'affirmation de ce secteur ainsi qu'à l'épanouissement qui devrait en résulter à la fois, pour les planteurs, le développement local, et le bien-être national à travers la consolidation de sa contribution dans le budget de l'Etat.

Mots clé :

Développement durable - Gestion durable

Abstract


     This work highlights the contribution that management respects the requirements of sustainable development (social solidarity, economic efficiency, environmental and intercultural responsibilities) can contribute to the optimization potential of cocoa in Cameroon activity and suggests ways to borrow and the means to implement to promote this emergence.
     Our study shows that, in an international environment dominated by unbridled speculation and internal context marked by the liberalization of the economy arising from globalization and the means of slimming the welfare state, the activity in cocoa Cameroon is characterized, despite the optimistic figures of increased production (220 000 tonnes in 2011) by the continuous decay committed to abandoning certain if the overhaul of its management does not occur in the short term.


     This is the necessary condition for the affirmation of this sector as well as the development that would result both for farmers, local development and national welfare through the consolidation of its contribution in the state budget.


Keywords:
Sustainable Development - Sustainable Management

Sommaire

Remerciements i

Résumé ii

Abstract iii

Sommaire iv

Introduction Générale 1

Ière PARTIE  : PRESENTATION GENERALE DE L'ACTIVITE CACAOYERE DANS LE BASSIN DE LA LEKIE 15

Chapitre 1 : L'historique de l'activité cacaoyère et la présentation de ses potentialités 16

Section 1 : L'historique de l'activité cacaoyère dans la Lékié 16

Section 2 : Les potentialités de l'activité cacaoyère dans le bassin de la Lékié 27

Chapitre 2 : Les entraves ou pesanteurs à la gestion durable de la cacaoculture dans la Lékié 34

Section 1 : Les facteurs endogènes structurant la gestion non durable de la cacaoculture dans la Lékié .................................................................................................... 34

Section 2 : Les facteurs exogènes de blocage de la gestion durable de la cacaoculture dans la Lékié 38

Ième PARTIE : LE CADRE GENERAL D'EXPERIMENTATION D'UNE GESTION DURABLE DE L'ECONOMIE CACAOYERE DANS LA LEKIE 43

Chapitre 1 : Les considérations théoriques sur la gestion durable de l'activité cacaoyère dans le bassin de production de la Lékié 44

Section 1 : L'intégration et la promotion du concept de durabilité dans le management des politiques agricoles au Cameroun 44

Section 2 : L'analyse profonde de la question des prix et de la réglementation en vigueur ainsi que le nécessaire renforcement de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne libérale ..........................................................................................47

Chapitre 2 : Quelques propositions pour une gestion durable de l'activité cacaoyère dans la Lékié 53

Section 1 : La rationalisation de l'action de l'Etat dans la filière cacao 53

Section 2 : L'indispensable structuration du monde rural 58

Conclusion Générale 66

Bibliographie 67

Annexes 69

Questionnaire administré 69

Liste des acronymes 70

Cartes de localisation de la Lékié 71

INTRODUCTION GENERALE

CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Tout dans le profil géophysique du Cameroun1(*) dresse, au final, le portrait d'un pays à vocation agricole. Les 3/4 du territoire se trouvent en effet à l'intérieur de la fameuse zone équatoriale africaine couverte de forêt dense abondamment arrosée de précipitations fréquentes. Elle est traversée par de nombreux cours d'eau (le Nyong, la Sanaga, le Ntem, le Mbam, la Sanaga, la Boumba, la Ngoko...). Même dans la zone soudano-sahélienne, des cours d'eau généreux (la Bénoué, le Logone, le Chari...) arrosent à suffisance les territoires traversés.

L'on observe aussi une variété de climats, des sols et des paysages où alternent montagnes (Le Mont Cameroun est un volcan actif),vallées, falaises, plaines et plateaux, forêts et savanes. Ceci prédispose avantageusement le pays à une diversité de choix et à un large éventail d'options pour l'agriculture, dont il a fait le moteur de son développement.

Souveraine et généreuse, la nature a fait converger en ce pays de 475 000 km2 et 20 millions d'habitants, de nombreux facteurs propices aux pratiques d'une activité agricole riche et porteuse de prospérité. L'on comprend, dès lors, pourquoi le choix de l'agriculture a pu s'imposer, sans difficulté, aux autorités du pays dès avant l'indépendance ; et pourquoi il a été réaffirmé depuis lors au fil des années par les plus hauts responsables de l'Etat, qui ne cessent de réitérer leur détermination résolue, de faire du secteur agricole le poumon de l'activité économique nationale. A ce sujet, dans son ouvrage de référence, Pour le libéralisme communautaire, le Président Paul BIYA souligne avec force : « L'agriculture priorité de nos priorités, conserve sa place centrale dans notre stratégie de développement, car nous ne perdons pas de vue que quatre-vingt pour cent de nos populations vivent encore dans les campagnes »2(*).

De manière chiffrée, le secteur agricole occupe 60% de la population active. Il contribue à hauteur de 40% au PIB et participe pour 15% aux recettes de l'Etat.

Structuré depuis l'époque coloniale en agriculture de traite destinée à l'exportation et donc, pourvoyeuse de revenus importants ; et celle vivrière destinée majoritairement à l'autosuffisance alimentaire, le secteur agricole camerounais est porté par plusieurs filières au rang desquelles le cacao occupe une place de choix. Car sur les près de 40% de contribution que fournit le secteur agricole au PIB national, le cacao seul participe à hauteur de 13%, ce qui représente 25% en valeur totale des exportations.

Avec à peu près 300 000 hectares de vergers cacao sur son territoire et une production annuelle de 220 000 tonnes en 2011, le Cameroun reste le cinquième pays producteur mondial de cacao pour une valeur de 5,6 % de la production mondiale. On y dénombre une population globale de 600 000 producteurs de cacao. Cette activité fait vivre directement et indirectement 6 à 8 millions de personnes, selon les statistiques officielles de l'Etat du Cameroun rapportées par le MINEPAT dans le Document de Stratégie de la Croissance et de l'Emploi en 2009. Le cours mondial du cacao oscille entre 700 et 1400 frs CFA depuis 2005.

Plante d'origine latino américaine, scientifiquement appelée théobroma cacao, le cacaoyer fut introduit dès le 15ème siècle en Europe par les Espagnols, qui arrivaient alors du Mexique3(*). Le cacao ne s'implante au Cameroun que dans les dernières années du 19ème siècle (en 1887), en même temps que se développait la colonisation allemande à l'aune de la politique des grandes plantations. Les premières cabosses furent importées en 1892 et les premières plantations voient le jour sur les pentes du mont Cameroun.

A cette époque, la cacaoculture était une activité très encadrée et contrôlée. Pour l'exercer, des certificats et des autorisations spécifiques étaient exigés au préalable. Le transfert des fèves hors des localités des plantations était strictement interdit aux travailleurs nationaux, sous peine de sanctions exemplaires. Ce n'est alors que de manière tout à fait illégale, notamment par vol et à leurs risques et périls, que les travailleurs camerounais desdites plantations réussiront à dérober quelques fèves aux fins d'introduire la cacao culture dans leurs villages d'origine.

Il faudra attendre les années 1924-1925 pour voir la culture du cacao se propager en milieu camerounais, encouragée (et parfois imposée) par la nouvelle administration coloniale franco-britannique. Une fois devenu souverain du fait de son accession à l'indépendance en 1960, le jeune Etat veillera à soutenir et promouvoir l'engouement pour cette activité par le biais de sa politique de plans quinquennaux de développement qu'il initie de 1961 à 1985.

La cacaoculture au Cameroun se localise dans les régions du Sud-ouest, de l'Ouest, du Littoral, du Centre, du Sud et de l'Est qui, du fait de leurs potentialités géophysiques favorables à cette culture, constituent ainsi les bassins nationaux de production.

La Région du Centre4(*) est, au regard des statistiques officielles du MINCOMMERCE, MINEPAT et MINADER, le premier bassin de production au plan national pour une valeur d'environ 50 % de la production nationale : le département du Mbam et Kim viendrait en tête, suivi de celui de la Lékié.

Le département de la Lékié5(*) sur lequel se focalise notre étude, a pour chef-lieu Monatélé. Il est situé à l'ouest de la région du centre ; à peu près au Nord du 4è parallèle de l'équateur.

Ce département s'étale sur une superficie de 2989 Km2 et comporte environ 700 villages et 08 arrondissements, à savoir Obala, Batchenga, Elig-Mfomo, Evodoula, Monatélé, Okola, Sa'à et Lobo. Sa population dynamique, d'environ 500 000 habitants, se caractérise par sa sédentarisation et une occupation optimale de l'espace, ce qui se traduit par une des plus fortes densités du pays (environ 100 à 500 hbts/km2).

Le département de la Lékié est traversé par plusieurs cours d'eau, dont le fleuve Sanaga au nord, qui sert non seulement de frontière avec le département du Mbam, mais contribue en plus à conforter et diversifier l'économie locale en en faisant à la fois le principal bassin de production du sable pour les bâtiments et travaux publics du pays et un important pôle de production de denrées alimentaires (tomates, bananes-plantains, poissons d'eau douce ...).

A coté de ce fleuve mythique, on relève également la présence d'autres cours d'eau, à l'instar de la Lékié qui donne d'ailleurs son nom à ce département, l'Afamba, Ngobo...

Les sols, rouges et jaunes, riches en fer, reçoivent une moyenne de 1.300 à 1.500 millimètres de précipitations annuelles. Ce qui conforte la vocation agricole de ce département.

A l'heure de la relance de la filière cacao, initiée depuis 2005 par le Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural et conduite par la Société de Développement du Cacao (SODECAO), le département de la Lékié avec une population agricole à 95 %, selon les propos de M. Jérôme MVONDO, Directeur Général de la SODECAO, « est une chance pour le cacao ». C'est la base sur laquelle va reposer la nouvelle et très ambitieuse politique de relance sus évoquée, d'où l'intérêt de notre thématique.

DELIMITATION DU SUJET

Considérée comme l'une des activités les plus porteuses de l'économie nationale, et de celle agricole de manière précise, la cacaoculture se déroule à plus de 80% dans les zones rurales. Le bassin de production de la Lékié, cadre spatial de notre étude, nous plonge dans l'un des principaux bassins de production de la Région du Centre dans lequel les efforts et le dynamisme des producteurs de cacao attendent toujours d'être véritablement gratifiés et rentabilisés.

A la suite des organismes internationaux de coopération au développement à l'instar du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) qui pensent qu'en Afrique, pour atteindre les objectifs de développement, il est impératif d'élaborer et d'appliquer des stratégies efficaces de lutte contre la pauvreté et de promotion de la bonne gouvernance ; l'exposé du volet agricole de la politique étrangère des Etats unis, par son Excellence Robert P. JACKSON à Yaoundé le 20 juillet 2012 à l'occasion du lancement au Cameroun du Programme Initiative pour la Promotion de la Filière Cacao en Afrique révèle que, pour prospérer, le secteur agricole en Afrique a besoin d'un soutien qui va largement au-delà de l'aide étrangère, et intègre à la fois des investissements nationaux et étrangers publics-privés ; l'amélioration des infrastructures et de l'accès aux capitaux ; l'intégration régionale ; un commerce transfrontalier débarrassé de barrières ; l'accès aux intrants à des prix abordables ; un environnement des affaires apportant des garanties aux investisseurs et soucieux du bien-être des petits producteurs. L'appropriation contextuelle de cette exigence fondamentale est le fil d'Ariane de notre étude qui couvre temporellement la période 1990-2012.

CLARIFICATION DES CONCEPTS

1. L'économie :

Le doyen Georges KOBOU6(*) l'appréhende sommairement comme l'ensemble des activités d'une collectivité humaine relative à la production, à la distribution et à la consommation des richesses. Il précise par ailleurs que l'économie libérale ou économie de marché est un système qui repose sur les mécanismes de marché ou sur les principes du libre jeu de l'offre et de la demande et limite l'intervention de l'Etat.

Par déduction, l'économie cacaoyère est l'ensemble des activités d'une collectivité humaine relatives à la production, à la distribution, à la transformation et à la consommation du cacao.

L'économie sociale et solidaire pour sa part est à la lumière des éclairages de l'économiste Jacques DEFOURNY7(*), l'ensemble des activités et des services de proximité assurés par les associations, les coopératives et les mutuelles et ayant pour but de réduire l'exclusion et de contribuer à la cohésion sociale.

2. Le développement durable :

Le développement s'appréhende de manière littérale comme l'ensemble des différents stades par lesquels passe une activité, un organisme, un être vivant pour atteindre sa maturité (croissance).

A la lumière des éclairages de la Wikipedia Foundation inc. dans son encyclopédie universelle8(*), le développement économique et social fait référence à l'ensemble des mutations positives (technique, sociale, démographique, sanitaire ...) que peut connaitre une zone géographique (monde ; pays ; localité) à un moment donné.

Pour l'économiste politique guinéen BADA DIOUBATE, le développement économique et social est un processus de création de richesses entrainant généralement une progression du niveau de vie des habitants d'une localité et à une période données. Et s'il est assimilé au progrès, il doit cependant être nécessairement distingué de la simple croissance économique (processus d'augmentation du niveau de richesses) certes consécutive au développement mais n'en constituant qu'un aspect. Car le développement est un concept plus holistique d'où le recours à d'autres indicateurs en plus du Produit Intérieur Brut (PIB) pour le mesurer à l'instar de l'Indice de Développement Humain (IDH), de l'Indice du Bonheur National Brut (BNB), de l'Indice de Pauvreté (IP) pour le cerner convenablement. En somme, le développement économique est l'amélioration qualitative durable d'une économie et de son fonctionnement.

Le développement durable est selon le rapport Brundtland de 1987 de la Commission des Nations Unies pour l'environnement, la capacité pour les générations présentes de satisfaire leurs besoins sans toutefois compromettre les chances des générations futures à satisfaire les leurs.

Dans ses travaux sur le développement durable9(*), le professeur ESOH ELAME déplie les origines du développement durable, qu'il situe temporellement autour des années 1987-1992, et le définit à l'aune du Rapport Brundtland de la Commission des Nations Unies pour l'environnement de 1987, comme un développement axé sur la capacité des générations présentes à satisfaire leurs besoins, sans toutefois compromettre celle des générations futures à satisfaire les leurs. Le professeur ESOH ELAME poursuit en relevant qu'il s'agit d'un développement qui repose sur quatre piliers fondamentaux que sont :

· La solidarité sociale

· La responsabilité écologique

· L'efficacité économique

· La responsabilité culturelle.

Dans sa conclusion, il fait abondamment référence aux travaux du chercheur français Ignacy SACHS10(*)qui expose les conditions et les principes de la durabilité de toute entreprise développementaliste.

En effet, en reprenant l'analyse fondamentale du concept d'écodéveloppement, Ignacy SACHS le définit comme une opportunité extraordinaire de concilier le développement et l'environnement, vus comme indissociables l'un de l'autre. Le chercheur français expose alors cinq conditions de la durabilité dans la planification du développement qui sont : les dimensions sociale, économique, écologique, spatiale et culturelle. Ainsi :

· La durabilité sociale se rapporte à plus de justice et d'équité entre les membres d'une société, à une meilleure définition de l'intérêt général, la recherche du bien-être et une meilleure répartition des retombées de la croissance.

· La durabilité économique pour sa part, se rapporte à une gestion efficace et une répartition plus équitable des ressources et flux constants d'investissements publics et privés dans la société. Elle interpelle les questions de prix, de dette, des termes d'échanges commerciaux internationaux, très défavorables à bien des égards pour les Etats du Sud.

3. La gestion durable :

Le mot gestion indique l'action d'administrer, de diriger, d'organiser selon le dictionnaire Larousse 2010. Dans le contexte de l'économie cacaoyère, c'est l'ensemble des normes et pratiques qui s'appliquent à l'activité cacaoyère.

Précisée depuis 1992 par des conférences internationales, la gestion durable est selon la loi d'orientation forestière de la République française de 2001, celle qui garantit la diversité biologique, la capacité de régénération, la vitalité et la capacité d'une activité ou d'une ressource à satisfaire actuellement et pour l'avenir les fonctions économique, écologique et sociale pertinentes aux niveau local, national et international sans causer de préjudices à d'autres écosystèmes. Et suivant, le rapport de la Food and Agriculture Organisation (FAO) de 200811(*) ; la gestion durable vise à garantir que les biens et services procurés répondent aux besoins d'aujourd'hui tout en s'assurant la continuité de leur disponibilité et de leur contribution à long terme.

Et suivant la Fondation Allemande pour le Développement Internationale dans son Rapport du Cours international sur l'Organisation et Gestion de Coopératives et d'autres Organisations d'Autopromotion, 1987, la gestion durable est une manière d'administrer empreinte des piliers et principes du développement durable et se caractérisant notamment par des exigences directrices d'analyse participative, de planification, et d'évaluation.

De même, la lecture de l'article 4 de la loi cadre relative à la gestion de l'environnement au Cameroun de 1996, la gestion durable vise à promouvoir une organisation et utilisation rationnelles des ressources des domaines forestiers, fauniques, fluvial, et maritime en vue d'augmenter considérablement leur contribution au développement économique, social, culturel et scientifique du pays.

4. Le bassin de production :

Armand COLIN12(*)le définit comme une zone géographique bien déterminée au sein de laquelle se développe une activité agricole.

5. La filière agricole :

Le Professeur Georges KOBOU, enseignant d'économie à l'université de Yaoundé 2 l'appréhende comme l'ensemble des activités et d'industries relatives à un produit de base.

L'INTERET DU SUJET

L'exploration de notre thématique présente un triple intérêt:

1. L'intérêt heuristique :

Notre étude ambitionne d'apporter une modeste contribution à une meilleure compréhension des enjeux, des dynamiques et des perspectives du développement durable dont est potentiellement porteuse l'activité cacaoyère dans notre pays.

2. L'intérêt politique :

Notre étude se propose d'aider les acteurs politiques et praticiens du développement à mieux s'outiller pour une formulation, la mise en oeuvre et l'évaluation adéquates des politiques publiques de développement en général et celles agricoles en particulier.

3. L'intérêt socio-économique :

Notre étude voudrait conforter la solidarité sociale nationale, en raffermissant la motivation des acteurs de la cacaoculture, à travers des propositions captivantes, afin qu'ils continuent de trouver un intérêt pertinent pour le développement de l'agriculture en général et la cacaoculture en particulier et de dynamiser l'efficacité économique de la filière cacao, afin de lui garantir une plus grande productivité et une forte rentabilité.

LES LIMITES DE L'ETUDE

Nous reconnaissons des limites à notre travail :

Au plan géographique, nous n'avons pas pu étendre la recherche sur l'ensemble des bassins de production du cacao pour des contraintes de temps d'une part, et en raison d'une surface financière très compressée, ainsi que des moyens logistiques insuffisants d'autre part.

Au plan scientifique, l'approche historico-fonctionnelle pour laquelle nous avons opté nous imposait un cadrage méthodologique précis à suivre pour une exploration optimale de notre thématique.

Dans cette perspective, la non disponibilité d'une bibliographie suffisamment documentée ne nous a point permis de mieux étoffer et de donner à notre travail, toute la consistance souhaitable.

ETAT DE LA QUESTION

La gestion durable de l'agriculture en général et de la filière cacao en particulier, s'impose comme une nécessité, étant donné le rôle primordial que l'agriculture a toujours joué dans le développement de l'économie camerounaise. Gérer durablement la filière cacao dans le bassin de production de la Lékié est indispensable, si l'on veut offrir au producteur de cacao la possibilité de se libérer du joug de la misère et de la pauvreté, grâce au juste bénéfice des fruits de son labeur. Il en va des producteurs comme des bassins de production, qui pourront enfin améliorer leur cadre de vie.

Le sociologue américain Robert CHAMBERS13(*), part du constat que les zones rurales, que ce soit dans les pays du nord que ceux du sud, sont les plus démunies et les plus défavorisées, avec un cadre et des conditions de vie précaires, qui confèrent un visage multiple à la pauvreté rurale. Il évalue les différentes démarches jusque-là implémentées par l'Etat et les praticiens du développement, pour « améliorer » le sort des zones rurales, et aboutit à la conclusion qu'elles pêchent toutes par la non intégration et la non systématisation d'une approche participative dans l'élaboration, la mise en oeuvre et l'évaluation des politiques de développement. En guise d'amélioration, il propose d'une part, que les décideurs et les praticiens intègrent et systématisent l'approche participative en « re »-mettant les populations locales au centre de leurs travaux, et d'autre part que l'encadrement juridique de ces activités soit amélioré.

Jules DURUFLE14(*) met en évidence les circonstances d'adoption des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) par les Etats d'Afrique (Sénégal, Côte d'Ivoire, Madagascar) et leur impact sur le développement socio-économique desdits Etats, notamment :

· le relèvement des prix des produits vivriers ;

· la vulnérabilité des producteurs directement exposés aux variations des cours mondiaux ;

· la diminution des subventions à l'activité agricole (intrants, salaires) ;

· les systèmes de compensation et de subvention agricole déguisés par les pays du Nord ;

· l'extraversion de l'économie et l'endettement croissant.

Pour ce qui est spécifiquement de l'agriculture, l'auteur propose une rationalisation des prix, pour garantir une montée en puissance de la croissance économique globale et de la production agricole, ainsi qu'un encadrement étatique rationnel de l'activité agricole.

Sur la même thématique, le chercheur Camerounais Jean Marc ELA15(*), dénonce la marginalisation accentuée du monde rural par l'appareil gouvernemental. Marginalisation qui se caractérise par la politisation de la question agricole, qui confère un large éventail d'avantages à l'élite dirigeante, laissant l'agriculteur abandonné à son propre sort, par une absence criarde d'encadrement et de subventionnement adéquats de l'activité agricole.

Par la suite, l'auteur dénonce sans ambages, le paradoxe de la dégradation incessante du cadre et des conditions de vie des paysans, alors même que l'agriculture contribue toujours remarquablement au financement du fonctionnement de l'Etat et à l'entretien de ses agents ; preuves que les paysans ne tirent toujours pas judicieusement ou équitablement profit des prix des produits agricoles sur les marchés mondiaux, et que les ressources accumulées dans les offices de commercialisation sont utilisées à des investissements qui ne portent pas réellement sur les préoccupations d'épanouissement et d'émancipation du monde rural.

Pour remédier à cet état de fait, le sociologue camerounais propose de réévaluer et de redéfinir la relation Etat-société ou Etat-paysannerie, qui doit être encore fondée sur une intégration des paysans via une approche participative dans la formulation, la mise en oeuvre et l'évaluation des politiques de développement; et un encadrement voire un accompagnement adéquat, propice à leur responsabilisation, aux fins d'un meilleur accès aux bénéfices des fruits de la production.

Ce sont ces mêmes idées qu'il expose dans l'ouvrage intitulé l'Afrique des villages, Edition Karthala paru en 1981.

Le Professeur Wilfred AWUNG NDONGKO16(*) agroéconomiste camerounais, explore la thématique fondamentale du développement économique des Etats en général, et ceux du tiers monde, dont le Cameroun en particulier. Il pose précisément le problème de l'absence de coordination entre la recherche en sciences sociales et la formulation des politiques de développement au Cameroun qui, de ce fait néglige la contribution inestimable de la recherche dans l'accélération du développement socio-économique d'un pays. Il poursuit son exposé par l'analyse, d'une part, du Code des Investissements du Cameroun, qu'il propose d'ailleurs de réformer eu égard aux problèmes de transfert de technologie, d'assistance technique et de transfert de fonds ou le rapatriement des bénéfices que ledit code pose, et d'autre part, celle des relations entre le gouvernement, les hommes d'affaires nationaux et étrangers avec en toile de fond, une présentation sommaire de l'économie camerounaise dans sa structure et ses principes.

Enfin, le Professeur TOUNA MAMA17(*), économiste et conseiller spécial du Premier Ministre de la République du Cameroun, scanne le potentiel économique de l'Etat camerounais et indique des pré-requis pour son développement. Il y démontre en effet que les politiques de planification abandonnées suite à la période de crise de 1986-1987 n'ont pas atteint leurs objectifs d'où l'utilité de revenir à une logique à la fois réaliste et prospective pouvant se traduire en termes de programmation économique et budgétaire et d accent mis sur la formation des jeunes et la création d'emplois points d'ancrage véritables d'un développement à la fois quantitatif et qualitatif de notre pays.

PROBLEMATIQUE

Le fait que la gestion de la filière cacao au Cameroun, avant et après les indépendances, avec son arrimage à la donne de la libéralisation, se soit accompagnée d'une paupérisation toujours plus grandissante des zones rurales en général, et des bassins de production du cacao dont celui de la Lékié en particulier, convie à s'appesantir sur : Comment faire pour que la culture du cacao pose enfin les bases et les conditions d'un véritable épanouissement socio-économique, par l'amélioration du cadre de vie des populations de l'un des plus grands bassins de production de la Région du Centre du Cameroun qu' est la Lekié ?

En d'autres termes, comment expliquer que le cadre et les conditions de vie des producteurs de cacao et même des populations de cette zone se soient davantage dégradés ou alors n'aient toujours pas connu d'améliorations substantielles, relativement à leur engagement indéfectible dans cette activité, alors même que la libéralisation survenue dans la décennie 1990 augurait des perspectives et des lendemains meilleurs ?

De même, Etats et producteurs de cacao sont-ils comptables au même degré, de cet état de régression ? Sinon, qu'elle est la responsabilité de l'Etat à qui incombe la mission de formuler les politiques agricoles, de protéger le producteur de cacao, d'assurer son encadrement et l'éclosion des zones rurales ou agricoles?

Ou tout simplement, doit-on continuer de cultiver le cacao en comptant sur l'Etat ?

Ce questionnement exigee des réponses qui doivent être trouvées et formulées dans le cadre des hypothèses du présent travail.

LES HYPOTHESES ET LES OBJECTIFS DE L'ETUDE

LES HYPOTHESES

Nous proposons dans la présente analyse de vérifier les hypothèses suivantes :

1- La gestion libérale de la filière cacao dans sa structuration et son fonctionnement actuels, n'est pas de nature à permettre et conforter l'essor de l'activité cacaoyère dans la Lékié, car elle comporte, dans sa conception et sa mise en oeuvre, des carences et des contradictions que la gouvernance nationale et certains agissements des cultivateurs de cacao contribuent à accentuer.

2- D'où la nécessité de concevoir un cadre novateur de sa gestion imprégnée fondamentalement des exigences de développement durable, synonyme d'épanouissement des populations de ce bassin de production.

LES OBJECTIFS

Notre travail s'attèlera à :

1- rendre compte de l'évolution de l'activité cacaoyère dans le bassin de la Lekié, depuis l'époque coloniale à nos jours, ainsi que ses implications dans le développement socio-économique du Cameroun;

2- relever les carences ou entraves à une gestion durable de cette activité dans cette zone ;

3- proposer des voies d'amélioration et de consolidation du développement durable dans la gestion de la filière c'est-à-dire celle qui motive sans cesse et dont les générations présentes et futures peuvent tirer profit.

Nous comptons, dès lors, nous intéresser à la fois aux questions propres aux sciences sociales du pourquoi, et du comment  de la gestion durable ; mais aussi à celles propres à l'économie du développement notamment, qui reçoit quoi, comment et pourquoi ; et surtout à celles concernant les praticiens qui s'articulent autour du comment améliorer, réaliser ou changer la donne ?

METHODE D'ANALYSE

Pour effectuer ce travail, nous avons opté pour la méthode historico-fonctionnelle, méthode hybride qui se revendique à la fois de l'histoire (Léon POLIAKOV) et de la sociologie (Talcott PARSONS) et se traduit par une mise en relation des faits (historiques ou sociaux) dans l'optique d'appréhender ou d'apprécier la societé et/ou ses activités à partir des institutions, leurs processus et résultats, et des comportements individuels à travers les rôles et les statuts qui s'en dégagent.

Notre option pour cette méthode de travail trouve sa raison d'être dans la perspective interdisciplinaire indispensable à l'analyse et à la compréhension des questions de développement dans lesquelles se positionne par ailleurs notre thème, en plus de ce qu'elle nous a paru simple de compréhension, démonstrative, subtile et diachronique sur le sillon de la rigueur et l'objectivité au coeur de notre démarche.

TECHNIQUE DE COLLECTE DES DONNEES

Pour réaliser notre travail, les techniques de recherche auxquelles nous avons eu recours sont :

1- une étude documentaire sur les contours de la question, notamment sur les bases théoriques, le rôle de l'Etat, le contexte de l'étude et la mise en exergue de la gestion de la filière ;

2- des entretiens, à la suite de descentes de terrain, avec des acteurs de la recherche agricole et les cultivateurs, MINADER, SODECAO, FODECC, experts de la FAO, du FIDA, etc.

3- ainsi qu'un questionnaire administré (voir annexe) à certains acteurs de la filière afin de recueillir leurs éclairages sur des aspects de notre travail.

ARTICULATION DU PLAN

Il s'agit d'une harmonisation des idées ainsi qu'une cohérence des analyses autour de deux grands axes à savoir :

Ière PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE L'ACTIVITE CACAOYERE DANS LE BASSIN DE LA LEKIE

Chapitre 1 : L'historique de l'activité cacaoyère et la présentation de ses potentialités

Section 1 : L'historique de l'activité cacaoyère dans la Lékié

Paragraphe 1 : De la période coloniale à l'indépendance et les lendemains de l'indépendance

Paragraphe 2 : De 1990 à nos jours - La période de libéralisation

Section 2 : Les potentialités de l'activité cacaoyère dans le bassin de la Lékié

Paragraphe 1 : Les potentialités naturelles et sociales de l'activité cacaoyère dans la Lékié

Paragraphe 2 : Les potentialités économiques

Chapitre 2 : Les entraves ou pesanteurs à la gestion durable de la cacaoculture dans la Lékié

Section 1 : Les facteurs endogènes structurant la gestion non durable de la cacaoculture dans la Lékié

Paragraphe 1 : Les facteurs imputables à l'acteur étatique

Paragraphe 2 : Les facteurs imputables au producteur lui-même

Section 2 : Les facteurs exogènes de blocage de la gestion durable de la cacaoculture dans la Lékié

Paragraphe 1 : Présentation des controverses de l'Accord de l'OMC sur l'agriculture et les produits agricoles à l'endroit des Pays en Voie de Développement

Paragraphe 2 : La concurrence déloyale des grandes puissances agroindustrielles et la problématique de la pratique des prix

IIème PARTIE : LE CADRE GENERAL D'EXPERIMENTATION D'UNE GESTION DURABLE DE L'ECONOMIE CACAOYERE DANS LA LEKIE

Chapitre 1 : Les considérations théoriques sur la gestion durable de l'activité cacaoyère dans le bassin de production de la Lékié

Section 1 : L'intégration et la promotion du concept de durabilité dans le management des politiques agricoles au Cameroun

Paragraphe 1 : Les conditions et les exigences de la durabilité

Paragraphe 2 : Les implications de la gestion durable

Section 2 : L'analyse profonde de la question des prix et de la réglementation en vigueur ainsi que le nécessaire renforcement de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne libérale

Paragraphe 1 : Les prix et la loi comme instruments d'affermissement de l'économie cacaoyère

Paragraphe 2   : Le nécessaire renforcement de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne libérale

Chapitre 2 : Quelques propositions pour une gestion durable de l'activité cacaoyère dans la Lékié

Section 1 : La rationalisation de l'action de l'Etat dans la filière

Paragraphe 1 : La création d'un unique organe étatique de gestion de la filière cacao - L'Office Camerounais de Cacao et du Café (O3C)

Paragraphe 2 : La redynamisation de la coopération en matière cacaoyère

Section 2 : L'indispensable structuration et modernisation du monde rural

Paragraphe 1 : Les Fondements et les finalités de la structuration et la modernisation du monde rural

Paragraphe 2 : Les modalités de la structuration et la modernisation du monde rural

Ière PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE L'ACTIVITE CACAOYERE DANS LE BASSIN DE PRODUCTION DE LA LEKIE

Situé dans la Région du Centre et crée en 1964 par Décret présidentiel, matérialisant ainsi l'éclatement du département du Grand Mbam, le département de la Lékié, est le deuxième plus grand bassin de production du cacao de cette Région après celui du Mbam et Kim.

La Lékié représente 30% de la production cacaoyère de la Région du Centre, soit approximativement 15 % de la production nationale (2011) 18(*). Sa population reconnue pour son dynamisme est constituée à 95% d'agriculteurs.

Ces chiffres témoignent de l'intensité de cette activité dans cette région et de l'attachement, mieux, du culte que ses populations semblent lui vouer, en dépit d'une conjoncture pas toujours encourageante. C'est de ce constat que découle la nécessité de faire une présentation générale de l'activité cacaoyère dans la Lékié dans l'optique de mieux cerner les méandres de l'économie qu'elle structure, en termes d'exploration des motivations qui la sous-tendent et qui justifient l'attachement viscéral de ces populations à cette dernière, de même que les hypothèques qui brident cette motivation et limitent ses perspectives d'essor.

Ainsi, cette partie envisage t-elle, dans un premier temps (Chapitre 1), d'exposer l'histoire de l'activité cacaoyère au Cameroun en général et dans le bassin de production de la Lékié en particulier ; dans un second temps, elle présentera les entraves ou pesanteurs à la gestion durable de l'activité cacaoyère dans la Lékié (Chapitre 2).

Chapitre 1 : L'historique de l'activité cacaoyère et la présentation des potentialités de la cacaoculture au Cameroun et dans la Lékié

C'est le lieu ici de présenter la genèse de l'activité cacaoyère dans la Lékié, son évolution dans le temps et dans l'espace (Section1), ainsi que ses potentialités (Section 2).

Section 1 : L'historique de l'activité cacaoyère dans la Lékié

Comme sus-évoqué à l'introduction, le cacao, plante d'origine latino américaine fût introduit en Europe dès le 15ème siècle par les Espagnols. La promotion de sa culture en Afrique va se faire à la faveur de la politique impériale européenne, notamment allemande pour ce qui est du Cameroun. C'est précisément en 1884 que les allemands, sous la forme d'une économie administrée, favorisent son enracinement dans certaines régions de notre pays, notamment au Sud-ouest et dans le Littoral. Mais il faudra attendre la tutelle franco-britannique pour voir le cacao introduit et promu dans la Lékié. L'histoire de l'activité cacaoyère dans ce bassin de production peut s'appréhender en deux segments, à savoir: le premier segment couvrant la période allant de la colonisation jusqu'à l'indépendance et les lendemains de l'indépendance (Paragraphe 1) et qui correspond à la période d'avant la libéralisation ; ensuite, le second segment, qui marque le début de l'ère de la libéralisation, c'est-à-dire du début des années 1990 à nos jours (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : De la période coloniale à l'indépendance et les lendemains de l'indépendance

Ce paragraphe entend apporter des éléments de réponses qui éclairent un certain nombre de questions relatives à la période sus-indiquée.

Point 1 : L'implantation de l'activité cacaoyère dans le département de la Lékié

Quand et Comment l'activité cacaoyère s'est-elle implantée dans la Lékié ?

C'est sous la tutelle française et britannique que le cacao arrive dans la Lékié dans les années 1919. Les premières plantations sont alors créées à Mvoa par Evodoula occupant des superficies moyennes d'un peu plus d'un hectare19(*). La tradition orale révèle que c'est Michel ATANGANA, installé chez son oncle ENGAMA ONAMENGUE qui serait le tout premier ressortissant Eton à planter la fève violette dans la partie Sud de l'arrondissement d'Okola.

Les premières plantations étaient alors constituées à partir des semences importées du pays Bassa.

L'expansion de cette culture sera ensuite soutenue par des conditions naturelles ou environnementales (sols, climats...) généreuses et entretenue par l'installation de nombreux postes agricoles dont le tout premier à Okola date de 1955, et consolidée à travers la politique des plans quinquennaux de développement (1961-1985)

De manière sommaire et souvent très loin des expressions scientifiques, trois variétés de cacao sont cultivées dans la Lékié. Ce sont :

- Le Calaba Keka, espèce se reconnaissant à la forme de ses cabosses arrondies, trapues, de surface quasi lisse.

- Le Lebouak Keka, c'est-à-dire celui qui ressemble au melon. Scientifiquement dénommée amellorado, cette variété a des cabosses allongées, arrondies à la base, la surface étant marquée par de très légers sillons.

- Le Nkpaman Keka, c'est-à-dire le nouveau cacao. Elle est peu répandue et est délivrée par l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD).

Ses cabosses sont généralement développées, leur fructification très précoce et leur maturation très étalée dans l'année. En outre, elles sont plus rustiques, plus résistantes et plus productives20(*)

Point 2 : L'organisation et le fonctionnement de l'activité cacaoyère dans la Lékié à cette période

Quelle était l'organisation de l'activité cacaoyère dans la Lékié et comment fonctionnait-elle ?

Il s'agit ici d'élucider deux préoccupations à savoir: quels étaient les acteurs qui ont mené l'activité cacaoyère à cette époque dans cette région? Et quel était leur mode opératoire ?

De manière globale l'activité cacaoyère avant l'indépendance était pilotée par un seul acteur, à savoir la puissance coloniale. En effet, les plantations à l'époque allemande n'appartiennent qu'à l'administration coloniale et à ses partenaires, majoritairement les grandes firmes occidentales à l'instar de Jansen et Thormalen purement allemandes et, celles Grecques et Libano-syriennes telle que Kritikos ; qui mettent à contribution la main d'oeuvre nationale, voire locale. Cette main d'oeuvre, corvéable, ne bénéficie d'aucun statut. Cette époque, convient-il de le rappeler, constitue l'apogée de la politique de l'indigénat, véritable esclavage sous les tropiques consistant à capturer, dans les villages, de jeunes adultes qu'on enrôlait de force dans divers chantiers pour utiliser de manière gratuite leur force de travail21(*) . Il y a lieu de signaler que la totalité de la production était rapatriée vers les métropoles occidentales.

La période tutélaire franco-britannique, 1920-1957, sera caractérisée par une relative expansion de la cacaoculture. La puissance coloniale franco-britannique ayant pris l'heureuse initiative d'encourager les populations à créer des plantations. La promotion de la culture du cacao rencontre un succès dans les bassins de production que nous connaissons aujourd'hui. Contrairement à la puissance impériale, l'Etat, devenu souverain, va consolider cet état de fait dans la mise en branle de sa politique des plans quinquennaux de développement. Il s'octroie alors la responsabilité d'encadrer et d'accompagner à titre non onéreux, le planteur, désormais propriétaire de sa plantation et pouvant dès lors jouir des fruits de la production.

Pour des besoins d'efficacité, l'Etat scinde sa mission d'encadrement en deux volets. D'un coté, un volet d'encadrement purement technique, se rapportant globalement à la fourniture des plants et l'entretien des plantations ; l'objectif visé est de garantir la qualité du produit. Ce volet est assumé par les Services de l'Agriculture, créés en 1952, qui se déploient à travers le SEMCENTRE (Secteur de Modernisation de la région du Centre -Sud) qui, lui-même s'est substitué au SEMAC (Secteur Expérimental de Modernisation des Cacaoyères) créé en 1953-1954 avec pour mission principale d'encadrer au travers d'appuis logistiques, techniques et financiers, les producteurs en vue de la vulgarisation et la promotion de cette activité22(*).

Ce programme va disparaitre à la faveur d'une part, de la mutation des Services de l'Agriculture en Ministère de l'Agriculture en 1972, d'autre part, suite à la création de la Société de Développement du Cacao (SODECAO) en 1974.

Comme son nom l'indique, la SODECAO (Société de Développement du Cacao) est directement érigée en moteur de la promotion et l'essor de la cacaoculture sur le territoire du Cameroun oriental dont fait partie la Lékié. Elle est une société dite d'Etat, mieux encore, une entreprise parapublique tel que le stipule clairement son décret de création23(*), ainsi que son statut. Elle a alors pour missions de fournir à suffisance (quantité et qualité), le matériel végétal aux potentiels producteurs de cacao de son territoire de compétence et d'encadrer techniquement ces derniers dans l'exercice de cette activité (la cacaoculture). De plus, elle est appelée à faciliter la collecte et la commercialisation des fèves de cacao en contribuant, par ailleurs, au désenclavement des zones rurales à travers un important programme d'entretien des pistes de collecte.

Le nouvel Etat souverain va opérer une grande mutation au volet accompagnement commercial et financier assuré jusque là par la Caisse de Stabilisation (Caiss Stab) créée en 1955, dont la mission était de garantir le prix d'achat du cacao au planteur afin de le protéger des fluctuations du marché mondial24(*).

Dans son action, la « Caiss Stab » était aidée par le concours en aval des sociétés coopératives dont la première expérience remonte en 1926 avec l'institution des Sociétés Indigènes de Prévoyance (SIP) qui, avec le slogan 100 000 tonnes de production, conduira à l'expansion de ce mouvement.

Par la suite, la Caisse de Stabilisation sera remplacée par l'ONCPB (Office National de Commercialisation des Produits de Base) créé en 1978, et dont le fonctionnement sera basé sur un système de compensation et de mise à disposition de micro financements ou microcrédits, alimenté par les ressources provenant essentiellement d'un système de taxations à l'exportation. A titre indicatif, une étude de JANIN Pierre 25(*) sur la libéralisation agricole au Cameroun révèle que, entre 1979 et 1988, l'ONCPB a prélevé 375 milliards de FCFA, dont 220 milliards pour la seule filière cacao. Concrètement, ONCPB se finance par le différenciel de l'écart entre le prix versé aux producteurs et le prix obtenu à l'exportation (prix du marché mondial). En schématisant, s'agissant du cacao à commercialiser, le rôle de l'ONCPB consiste à centraliser l'offre camerounaise de cacao et à négocier la vente au meilleur prix. L'ONCPB fixait alors un prix d'achat national du cacao aux producteurs alors constitués en coopératives, et celles-ci étaient tenues de le respecter sous peine de sanctions.

S'agissant du planteur, il s'organise à la fois individuellement et collectivement.

Individuellement, il s'attelle à mener seul son activité partant de la création, passant par l'entretien jusqu'à la commercialisation du cacao.

Cependant, même si l'initiative de créer la plantation lui revient individuellement, la nécessité de s'associer aux autres producteurs, pour rendre plus efficaces l'entretien et la commercialisation se fait de plus en plus sentir, d'où l'intérêt pour le regroupement en GIC et en coopératives.

En effet, le mouvement d'expansion de l'expérience coopérative sus-évoquée va, dans un premier temps, convier à la création des Comités Villageois de Défense du Cacao, et dans un second temps, il aboutira à la transformation de ces derniers en Groupement d'Agriculteurs Modernes (GAM) et en Zone Agricole de Production Intensive (ZAPI) de 1963 à 1970.

Dans l'optique d'un meilleur contrôle de la qualité du cacao et de la facilitation de sa commercialisation, l'autorité gouvernementale du Cameroun va instituer en 1957, des Centres de Groupage de Cacao, à l'instar de ceux de Mvoua I et II, ou d'Ebanga, Nkonabeng à Okola. Elle va également faciliter la création de Sociétés Coopératives comme la Société Coopérative des Planteurs d'Okola (SOCOPO) en 1979 et la Société Coopérative des agriculteurs d'Obala dans la même période.

Paragraphe 2 : De 1990 à nos jours - La période de libéralisation

De manière sommaire, c'est l'avènement des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) à l'aube des années 1990 qui a donné un coup d'accélérateur à la libéralisation et privatisation des activités économiques au Cameroun. Celle-ci est encadrée par la loi N°-90/031 du 10 août 1990 régissant l'activité commerciale, dans le secteur agricole et notamment des cultures pérennes dont le cacao. La libéralisation totale est devenue effective à partir de 1995. La libéralisation de la filière cacao est normativement régie par la loi N°- 95/11 modifiée et complétée par celle N°- 2004/025 portant organisation du commerce du cacao et du café et ses décrets et arrêtés d'application26(*).

Point 1 : Le contexte et la signification de la libéralisation

Que signifie la libéralisation ? Qu'est ce qui l'introduit et qu'induit-elle ?

La libéralisation se structure autour de la théorie des avantages comparatifs énoncée par l'économiste David RICARDO en 1817 dans ses « Principes de l'économie politique et de l'impôt » ; théorie qui signifie que tout pays à intérêt au libre-échange, même s'il n'a davantage absolu nulle part, ou même s'il en a partout. Car il faut savoir renoncer à ses avantages les plus faibles pour tirer profit des plus forts. Dans cette optique, la libéralisation agricole se présente comme décisive pour le développement des Etats car ses effets sont de nature à conforter le poids ou la valeur de l'agriculture dans les économies nationale et mondiale et à créer des dynamiques qui entraineraient les secteurs non agricole. Effective en Europe et aux Etats unis depuis fort longtemps, la libéralisation ne deviendra une pratique africaine véritable que dès 1990.

En effet, depuis les années 1980, une cascade de dysfonctionnements dans le système économique et financier international : crise financière internationale, chute des cours des matières premières (pétrole, café, cacao, hévéa, coton...) et crise de l'endettement aux répercutions profondes sur la santé économique du Cameroun en particulier et ses perspectives de développement en général (endettement exponentiel, balance commerciale et budget déficitaires, baisse drastique des salaires des fonctionnaires, et dans une certaine mesure, dévaluation du FCFA ... ), entraine la mise en place de reformes structurelles de manière globale et le démantèlement de l'organisation des filières d'exportation (café et cacao) pour ce qui est de l'agriculture  en particulier, ceci, dans le cadre des accords avec le Fonds Monétaire International (FMI). C'est sur ces décombres du tissu économique que vont naître et s'édifier les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) mis en branle par le biais de deux concepts opératoires à savoir : la libéralisation et la privatisation.

La privatisation repose sur le postulat de la rationalité des décisions privées, alors que la libéralisation relève d'un élargissement de cette dernière à l'ouverture du pays aux échanges extérieurs.

Techniquement, les PAS à la faveur desquels la libéralisation est introduite, promue et intensifiée par la privatisation, visent à rétablir les grands équilibres macro-économiques du pays par l'assainissement des finances publiques et la libéralisation du marché27(*).

Encouragée par un préjugé favorable qui la dit sage, la logique des PAS dans le secteur agricole, commande à l'Etat du Cameroun de ne plus intervenir directement dans l'encadrement technique et au niveau de la commercialisation des produits, notamment pour ce qui relève de la fixation du prix au producteur ; le marché devant s'autoréguler. La Caisse de Stabilisation, structure de garantie du prix d'achat aux producteurs est alors dissoute en 1990. L'ère de la libéralisation s'enclenche.

Elle induit une responsabilisation plus accrue des acteurs, et une promotion de l'esprit d'entreprise. Elle se traduit concrètement dans le domaine de l'agriculture, par une suppression globale des subventions ; plus question d'octroi des intrants et des produits phytosanitaires aux producteurs. Adoption d'un système de prix flexible aux producteurs, qui bien que se référant aux prix pratiqués sur le marché international, est calculé sur des bases économiques censées plus réalistes (coût de production, de conditionnement et acheminement, frais d'analyse de qualité et d'emballage).

A cette logique nouvelle correspondent désormais une organisation et un fonctionnement spécifiques.

Point 2 : L'organisation et le fonctionnement de la filière cacao à l'ère libérale

La filière cacao à l'ère libérale s'organise globalement autour de trois acteurs : l'Etat et ses partenaires, le producteur et l'acheteur.

L'Etat n'est désormais plus un acteur au sens littéral du terme, mais un régulateur dont le rôle, sous la houlette du Ministère de l'Agriculture, reformé en Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (MINADER) en 200428(*), dans l'optique d'intégrer davantage des aspects développementalistes en faveur du monde rural, désormais au coeur de sa stratégie d'action, s'engage à établir les conditions de garantie de la qualité du produit  « made in Cameroon » et à aménager les rapports entre le producteur et l'acheteur. Il (l'Etat), se déploie principalement à travers trois organismes que sont, la Société de Développement du Cacao (SODECAO), l'Office National de Commercialisation du Cacao et du Café (ONCC) et le Fonds de Développement du Cacao et du Café (FODECC).

Confirmée dans ses missions traditionnelles telles que présenté dans nos précédentes analyses, sauf que l'Etat n'ayant dorénavant plus les moyens de son interventionnisme, la SODECAO pour survivre, réduit à la portion congrue ses subventions, et se résout à abandonner le volet entretien des pistes de collecte, en raison de la réduction drastique de sa dotation budgétaire, provenant exclusivement des ressources du budget de l'Etat. Sa présence sur le terrain sera maintenue tant bien que mal pour assurer ses missions d'appui ou d'accompagnement technique.

L'Office National de Commercialisation du Cacao et du café (ONCC) a été créé par le décret n° 91/271 du 12 juin 1991 pour se substituer à l'ONCPB, puis modifié et complété par le décret n° 97/141 du 25 août 1997. C'est un établissement public administratif doté d'une autonomie financière et placé sous la tutelle du Ministère du Commerce.

Organe de régulation, d'encadrement, de certification des produits et de coordination de ces filières, l'ONCC est chargé entre autres :

- du suivi statistique des campagnes de commercialisation du cacao et du café ;

- du suivi des activités de contrôle de produits à l'exportation ;

- des visites techniques des installations des organismes chargés du contrôle de la qualité, des usines et des magasins de stockage en vue de leur agrément ;

- de la défense et de la promotion du label made in Cameroon ;

- du suivi des accords internationaux de cacao et de café ainsi que de la représentation du Cameroun auprès des organisations internationales du cacao et du café, en relation avec l'interprofession ;

- de toutes les études à lui confiées par le Gouvernement dans le domaine des filières Cacao et Café ;

- de la gestion du système d'information INFOSHARE dans les filières cacao et café au Cameroun.

L'office National de Commercialisation du Cacao et du Café occupe de ce fait, une position centrale dans les filières cacao et café du Cameroun y compris en matière de veille et d'information. Il assure le lien avec les différents intervenants des filières (exportateurs, usiniers, transitaires, sociétés chargées du contrôle de la qualité, etc.) et collecte des informations sur une large diversité d'aspects (prix d'achat aux planteurs, calendriers des marchés, noms des exportateurs actifs sur le terrain, dénonciation de mauvaises pratiques de certains exportateurs, etc.).

Ses ressources proviennent d'un prélèvement de 5 500 FCFA / tonne + 1 500 FCFA pour le pré contrôle et le contrôle de qualité + 1 500 FCFA pour les cotisations aux Organisations internationales (soit 34% du prélèvement total fixé à 25 000 FCFA /tonne) opéré à l'exportation des fèves de cacao , Conformément à l'Arrêté n° 00004/MINCOMMERCE/CAB du 19 février 2010 complétant certaines dispositions de l'arrêté n°0016/MINCOMMERCE du 30 Août 2006 fixant les redevances à l'ONCC, au CICC et les contributions aux organisations internationales du cacao et du café.

Pour accroître l'efficacité des filières cacao et café, le FODECC (Fonds de Développement des filières Cacao et Café) a été créé en mars 2006 par le décret présidentiel n° 2006/085 du 9 Mars 2006 portant organisation et fonctionnement dudit Fonds.  

Sa mission principale est d'appuyer ce secteur à travers le financement de projets visant à sécuriser, accroître et garantir la bonne qualité de la production du cacao et du Café.

Ses ressources, conformément à l'arrêté présenté dans le paragraphe qui précède, proviennent d'un prélèvement de 12 500 fcfa / tonne (soit 50% du prélèvement total).
Dans sa mission de régulation, l'Etat bénéficie du soutien de certains de ses partenaires multinationaux et bilatéraux à l'instar, des Etats Unis à travers l'USAID, et de l'Union Européenne par le biais de son Fonds d'Aide et de la Coopération. A ce propos, les partenariats entre le Cameroun et la Banque Mondiale, de même que ceux avec la FAO et le FIDA, se sont accentués depuis 1992 dans le sens de la promotion de l'encadrement technique (éducation, et formation des producteurs) et ce à l'aune de plusieurs programmes de développement agricole à l'instar du Sustainable Free Crops Program, qui teste l'approche de vulgarisation Champ-Ecole-Paysan depuis 2003, programme consistant en une promotion des techniques culturales modernes et de gestion simplifiée, mais plus efficace dans le bassin de production de la Lekié.

De même, le 20 juillet 2012, l'ambassadeur des USA à Yaoundé, son Excellence Robert P. JACKSON, a raffermi le partenariat public-privé Cameroun-USA à travers l'extension de l'initiative de son gouvernement pour la Promotion de la filière cacao, volet majeur de leur politique d'aide internationale à la mise en place d'une agriculture durable et la sécurité alimentaire

Le planteur, quant à lui, se déploie de deux manières :

De façon individuelle en tant que concepteur, investisseur et réalisateur de son activité et commerçant du produit de celle-ci. A ce propos, les surfaces qu'il cultive vont globalement de 500 pieds de cacao, à 10 hectares voire plus pour les plus nantis d'entre eux à l'instar de l'Honorable NDONGO ESSOMBA dans l'arrondissement de Sa'a.

Et, de manière collective, à travers :

Un regroupement facultif aux seins des Groupements d'Intérêts Communautaires (GIC) et des coopératives, dans le sens d'amortir les coûts d'investissements dans l'activité eu égard à la suppression des subventions de l'Etat, et de mieux défendre ses intérêts dans l'optique d'une commercialisation éthique et équitable de son produit. Les plus en vue de ces Groupements et Sociétés coopératives dans la Lékié sont :

- La Coopérative d'Organisation des GIC pour le Développement de la Lékié (COGPRODEL) active depuis les années 1978. Elle est une confédération de GIC aux rangs desquels, le GIC Pam Ebougsi-centre ; GIC Ekekam ; GIC Nkom.

- La CONOPROCAM, Confédération Nationale des Producteurs de cacao et café du Cameroun, créée en 2002. Elle jouit d'une aura nationale avec cependant une forte présence dans le département de la Lékié notamment à Obala, Sa'a, et Evodoula. Elle est, de manière précise, une confédération de 30 fédérations de GIC et compte une moyenne de 20 000 producteurs.

- Et la SOCOOPRAV, Société Coopérative des Promoteurs Agropastoraux Mvog Kani, créée en 2005 et basée à Obala. Elle compte aujourd'hui 3000 adhérents et se déploie sur les localités de Kokodo, Niga, Yemessoa, Nkolbiyem. Dans ses activités, elle s'est spécialisée dans la production des plants de cacaoyer dont les statistiques révèlent une production encore non égalée de 280 000 plants en 2008.

Si le regroupement au sein des GIC demeure facultatif, il existe cependant un regroupement formel, à travers le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC), organisme central de promotion et défense des intérêts des intervenants des filières cacao et café autres que l'Etat.

LE CICC EN RACCOURCI :

- Nature et vocation du CICC

Le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC) a été créé conformément à la loi de 1990 sur les associations et partant du rôle dévolu à l'Interprofession à partir de l'Ordonnance de 1991, la Loi 95/11 de 1995 et les Décrets 97/130/PM et 97/131/PM de 1997.
Le CICC regroupe les Organisations Professionnelles de l'Agriculture, du Commerce, de l'Industrie et des Services des filières cacao/café qui adhèrent à ses statuts ; il constitue une association d'action, de représentation, de coordination, de liaison et d'information. Ses statuts, élaborés et approuvés en 1992 lors de sa création, ont été révisés et adaptés au nouveau contexte des filières - et aux nouvelles missions de l'interprofession - par deux AGE en 1995 ; puis par une AGE en 1999.

Conformément à la législation sur les filières cacao et café, le Conseil Interprofessionnel a pour missions :

- de donner son avis ou de présenter ses propositions sur toute question ou réforme du système de production et de commercialisation des Cafés et du Cacao ;
- de déterminer les critères d'exercice dans les professions de la commercialisation des Cafés et du Cacao et fournir une caution morale du bon déroulement des opérations ;
- de veiller à l'application des règles qui assurent une concurrence saine et loyale entre les opérateurs, membres des organisations professionnelles affiliées au CICC et adhérant aux présents statuts ;

- de gérer la Caisse Mutuelle de Cautions et de Garanties Professionnelles et de concevoir dans le cadre de la Caisse Mutuelle de Cautions et de Garanties Professionnelles un système d'assurances et de réassurance professionnelles ;

- d'apporter à toutes les Organisations professionnelles constituant les différents collèges représentés à son Assemblée Générale tout concours et/ou service en vue d'accroître l'efficacité de l'ensemble de l'organisation professionnelle ;

- de représenter les professionnels des filières camerounaises auprès des organisations internationales du cacao et du café.

Le CICC est amené à prendre des initiatives et à mener de multiples actions au delà de cette liste ; notamment en matière d'appui aux organisations de producteurs en concertation avec les projets d'appui du monde rural dans les domaines du cacao et des cafés.

- Organisation interne du CICC 

Le CICC comprend :

Une Assemblée Générale, organisation collégiale constituée de 60 représentants de différents collèges, chacun de ces collèges correspondant à une catégorie professionnelle présente dans les filières de production et de commercialisation du cacao et des cafés.

Et d'autres instances que sont :

Le Conseil Exécutif : L'organe de direction du CICC ;

le Comité Permanent : chargé de l'examen des problèmes techniques et des aspects pratiques de la mise en oeuvre des décisions prises ;

le Conseil de Discipline : il est le garant du respect du code de déontologie, et se réunit pour statuer sur les infractions et les litiges liés à son application;

le Secrétariat Permanent : sous l'autorité du Conseil Exécutif et de son Président, il met en oeuvre les résolutions de l'AG, assure l'administration et la gestion du CICC au quotidien, assure le secrétariat des autres instances.

- Les ressources du CICC

Ses ressources, conformément à l'arrêté sus-cité, proviennent d'un prélèvement de 4 000 FCFA / tonne (soit 16% du prélèvement total).

Compte tenu de la modicité de ses moyens, en comparaison au vaste chantier que représente la filière cacao-café, le CICC fait appel à des organismes et bailleurs de fonds amis, pour financer ses activités non institutionnelles, comme par exemple l'appui aux producteurs et à leurs organisations.

- LES PROBLEMES QUE RACONTRE LE CICC

 Du fait de l'inapplication dans les faits d'un grand nombre de dispositions de la réglementation en vigueur, le CICC ne peut pas assurer l'autodiscipline entre les opérateurs, qui est la base de la gestion interprofessionnelle des filières libéralisées.

 

Il en est ainsi de la non observance de l'obligation de la carte professionnelle délivrée par le CICC, ce qui  permet la multiplication des acheteurs informels (coxeurs) dans les zones de production, et la prolifération d'exportateurs inactifs ;

 D'où la difficulté pour le CICC de mettre en oeuvre une de ses plus importantes résolutions, notamment celle relative à la mise en place d'une caisse  de caution mutuelle et de garantie professionnelle.

Par ailleurs, du fait de l'inexistence des déclarations prévues par la Loi (achats dans les zones de production et à l'exportation) les statistiques sur les marchés, les prix et les quantités échangées sont lacunaires et ne permettent pas un suivi sérieux.

Pour ce qui est des acheteurs. Leur qualité d'acheteur, c'est-à-dire, la faculté d'opérer les achats du cacao et du café, découle formellement d'une obtention préalable d'un certificat ou carte professionnelle délivrée par le CICC, seul habilité à le faire au regard de la législation en vigueur. Sauf que, le respect de cette exigence légale n'est pas une réalité sur le terrain de la pratique où, spéculation, arnaque et spoliation sont entretenues par la confusion semée par l'incivisme et l'imposture.

Toutefois, selon des sources proches du Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC), le Cameroun représente un marché important de cacao, évalué à l'heure actuelle (2011) à environ 220 000 tonnes de production annuelle et, est dominé essentiellement par trois multinationales :

- Américaines, Cargill représentée au plan national par Telcar cacao, qui dispose d'une usine de traitement à Douala.

- Belgo-Française, Barry Callebaut représentée par SIC cacao (Société Industrielle de Commercialisation du cacao) et Chococam (Chocolaterie du Cameroun).

- Américaine, Archer Daniels Midland ; mais aussi quelques intermittents négociants internationaux d'Allemagne et d'Angleterre. Aux cotés de ces multinationales se déploient quelques acheteurs locaux à l'instar des établissements NDONGO ESSOMBA, SOCAMEPA, ONOMO, 2CCAM qui, dans les faits, agissent en réalité pour le compte de l'une ou l'autre de ces multinationales. C'est précisément le cas des Etablissements NDONGO ESSOMBA, principal acheteur de fèves de cacao dans la Lékié car, il représente à lui tout seul, un peu plus de 75% des achats de la précieuse fève dans ce bassin de production, qui n'est en réalité qu'une filiale de la multinationale Cargill à l'échelle locale.

Section 2 : Les potentialités de l'activité cacaoyère dans la Lékié

De nombreuses études ont abouti à la conclusion que le Cameroun tant au plan pédologique, humain, climatique qu'environnemental (flore et faune) est « une Afrique en miniature « ; l'on peut aussi indiquer qu'une application de ces mêmes études à petites échelles, convie en retour au constat que la Lékié est véritablement un Cameroun en miniature, car en son seul sein, se retrouvent les éléments humains, pédologiques et environnementaux de tous les autres départements de la République.

Par potentialités, nous entendons un ensemble d'éléments ou de facteurs qui, pris en compte, permettent de développer ou de « booster « une activité.

Pour ce qui est justement de l'activité cacaoyère dans le bassin de production de la Lékié, ces potentialités sont identifiables autour de deux axes à savoir : naturel et social d'une part (paragraphe 1) et économique d'autre part (paragraphe 2), objets des développements qui suivent.

Paragraphe 1 : Les potentialités naturelles et sociales de l'activité cacaoyère dans la Lekié

Point 1 : Les potentialités naturelles de la cacaoculture

Elles se rapportent à l'ensemble des facteurs offerts par l'environnement ou dame nature, indépendamment de l'action de l'homme et qui sont susceptibles de favoriser le déploiement et le développement de l'activité cacaoyère dans la Lekié. Il s'agit notamment du climat, des sols et de l'hydrographie.

Le climat de la Lékié est de type équatorial à quatre saisons réparties comme suit : une grande saison des pluies, qui va de mi-août à mi-novembre, une petite saison des pluies, allant d'avril à mi-juin, une grande saison sèche qui va de mi-novembre à mars et une petite saison sèche allant de mi-juin à mi-août.

Le cacao est une plante tropicale cultivée sous des climats chauds et humides, caractéristiques qui correspondent de manière précise au climat de ce bassin de production et qui présente de manière sommaire des températures oscillant entre 14°c et 45°c29(*).

Les sols dans la Lekié varient selon les localités. Dans certaines, ils sont ferralitiques c'est-à-dire rouges (Okola, Elig Mfomo), dans d'autres, ils sont ferrugineux, donc riches en fer et en argile (Sa'a - Ebebda) et enfin, ils sont sablonneux par endroits (Monatélé - Batchenga-Lobo). Ceux-ci sont alors propices à une cacaoculture féconde (productive), à l'entretien facile, car ne favorisant pas une poussée rapide et encombrante (touffue) des mauvaises herbes. Situation avantageuse qui permet un meilleur épanouissement des plants et un refoulement naturel de certaines maladies et parasites.

En plus de son climat de type équatorial, la Lékié a une hydrographie riche. Son territoire est traversé par de nombreux et importants cours d'eau (la Lékié, l'Afamba, la Ngobo...) dont la Sanaga, le plus long fleuve du Cameroun qui fait 918 km, et ses sols sont arrosés par des précipitations annuelles d'une moyenne de 1300 à 1500 millimètres. Cette hydrographie présente un équilibre propice à l'épanouissement des plants dans les champs et à une expansion limitée de certains parasites et maladies des végétaux comme la pourriture brune. Cette eau abondante et disponible fait en sorte que la dévastation des récoltes pour cause de sécheresse constitue une menace maîtrisable.

Point 2 : Les Potentialités socioculturelles de l'activité cacaoyere dans la Lékié

Ce sont les éléments favorables à la cacaoculture dans la Lékié, découlant et dépendant des représentations sociales (perceptions) et des pratiques (dimensions purement culturelles) de l'être humain.

- Du point de vue des représentations sociales :

Selon ABRIC (1987), la représentation sociale est le produit et le processus d'une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe, reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique. Mais c'est à JODELET (1989) qu'il faut se référer pour une bonne assimilation de cette notion. Pour cet auteur, les représentations sociales sont des systèmes d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres qui orientent et organisent les conduites et les communications sociales. Elles sont alors des phénomènes cognitifs engageant l'appartenance sociale des individus par l'intériorisation de pratiques et d'expériences, de modèles de conduite et de pensée. Ainsi, les potentialités de la cacao culture dans la Lékié relèvent, sous cet aspect, de ce que :

Le cacaoyer et la cacaoyère se présentent comme des marqueurs fonciers. 

A l'heure où le droit coutumier et le droit positif s'affrontent dans la définition du régime foncier au Cameroun, le cacaoyer et la cacaoyère servent à la fois de borne et d'indice de propriété foncière.

L'acuité de cette dimension du cacao nous a été exposée par M. MINTOLO du village Efok, une localité de l'arrondissement d'Obala qui nous a confié que, n'eut été l'existence de la plantation que lui a léguée son feu père, il perdait sa propriété foncière et se retrouvait de fait, exproprié de son héritage et expulsé de ses racines, du fait d'un acharnement malveillant de ses cousins et voisins du village.

La cacaoculture fondatrice d'un statut social : le cultivateur de cacao, un emblème.

Du fait de la cacaoculture, son titulaire n'est plus un vulgaire paysan ou un planteur ordinaire à l'image d'un cultivateur de piment ou de maïs. Désormais il est un véritable et important citoyen, un VIP du cru : « Mpan môd », comme cela se dit en langues locales (Eton, Manguissa...).

Aussi, ceux qui se consacrent à cette activité et ont des exploitations de plus d'un hectare, auraient, semble t-il, aux dires de Madame MESSINA Thérèse de la localité d'Elig Zogo à Sa'a, un train de vie plutôt au-dessus de la moyenne de la localité, perceptible à travers le confort de leurs maisons (car les leurs sont en «dure« et pour les autres en terre battue). D'une manière générale ils possèdent entre autres, un téléviseur, un groupe électrogène ainsi qu'une moto ; des commodités et d'autres qui constituent des signes patents d'une aisance qui tranche avec le dénuement des villages et des habitants de l'arrière pays.

La sédimentarisation des populations est une potentialité indéniable pour la cacaoculture dans la Lékié. Avec plus de 700 villages et une densité de 100 à 500 habitants au km/2, la Lékié a une population de près de 600 000 âmes comportant en son sein, des autochtones dont les Eton et Manguissa sont majoritaires, et de nombreux allogènes venus de tous les horizons de la République, attirés par le dynamisme et l'hospitalité des populations autochtones.

Ce visage de la Lékié offre ainsi des statistiques impressionnantes en termes d'intérêt pour l'agriculture en général et la cacaoculture en particulier : une population d'agriculteurs à 95%.

M. ONDOMBO Jean de Dieu habitant la localité d'Evodoula qui semble parfaitement connaitre son département de naissance et de travail puisqu'il y exerce comme  «coxeurs« à temps partiel (c'est-à-dire seulement au moment des campagnes de commercialisation du cacao) affirme que dans la Lékié, on est agriculteur dès sa naissance avant de devenir chauffeur, mécanicien, maçon, menuisier, magistrat, médecin ou ministre, et qu'on retourne toujours dans l'agriculture.

- D'un point de vue purement culturel :

Les potentialités sous ce point de vue sont constituées par tout ce qui, tiré de la tradition et des façons de vivre des populations de la Lékié (autochtones comme allogènes), est porteur de germes de promotion et d'épanouissement de l'activité cacaoyère. A ce titre, il est opportun de citer :

Le dynamisme des populations. C'est un caractère que lui reconnaît l'histoire qui révèle un peuple venu d'ailleurs, des confins de l'Adamaoua peut-être, fuyant un danger (épopée de la traversée de la Sanaga). Dans tous les cas, un peuple en quête permanente de terres fertiles afin d'assouvir sa passion pour l'agriculture.

De même, ce dynamisme se traduit par l'esprit d'émulation qui prévaut ici plus qu'ailleurs entre les populations de cette localité et s'exprime en termes de : « comme tu as déjà un hectare de plantation, rassures-toi, je vais me mettre à fond au travail pour en avoir deux voire plus », tel que nous l'a confié Monsieur Mani, assesseur à la chefferie de 3è dégré Mvog Ezok à Monatélé, lui-même propriétaire de 03 hectares «pour l'instant«.

L'ancrage traditionnel symbolisé par deux rites majeurs : So'o et Anagsama.

Le So'o, réservé aux jeunes hommes, a pour objectif d'éprouver leur bravoure au terme d'un parcours du combattant semé de moult épreuves à braver dans la forêt, au sortir duquel ils seront dorénavant aptes à tout entreprendre notamment, se marier, se lancer dans la cacaoculture...

Rare, exceptionnel et mystérieux, l'Anagsama est un rite très réservé qui se pratique soit pour chasser les mauvais esprits, soit pour garantir et accroitre la production agricole ; il vise la prospérité et la paix.

Cet ancrage traditionnel conforte la vocation agricole des populations de la Lékie qui, de ce fait peuvent décider de s'investir dans l'activité cacaoyère sans avoir à craindre les désagréments d'une mauvaise récolte, les aléas naturels liés aux caprices du climat ou aux forces occultes.

Et l'instauration d'une Journée Départementale du Cacao depuis 2009 et d'un Festival national du Cacao en 2012 ; deux initiatives qui sont de nature à conforter l'intérêt pour l'activité cacaoyère dans les moeurs nationales en général et de la Lékié en particulier. C'est d'ailleurs cet argumentaire que développe Monsieur le Ministre du Commerce Luc Magloire MBARGA ATANGANA, co-promoteur de cette deuxième initiative, lors d'une interview à la Télévision nationale.

Paragraphe 2 : Les potentialités économiques de l'activité cacaoyères

Les potentialités économiques sont l'ensemble des facteurs mieux, les arguments relatifs à la création des richesses et à la rentabilité financière susceptibles d'améliorer l'intérêt à s'investir dans la cacaoculture dans le bassin de production de la Lékié. Ce qui précède peut être illustré par les arguments qui suivent.

Point 1 : La cacaoculture - une activité rentable

La cacaoculture est une activité lucrative qui rapporte des ressources financières importantes. Elle offre un éventail de possibilités (investir ailleurs dans d'autres activités) à ceux qui s'y consacrent. Elle ne nécessite pas obligatoirement un gros investissement tant en termes de ressources financières, humaines, technologiques, logistiques que juridiques.

Au plan financier, Il s'agit pour le titulaire d'un hectare de cacaoyère, d'investir 100.000 frs Cfa pour la création de la plantation, 50.000 f Cfa dans l'entretien annuel pour en attendre une rente annuelle de près d'un million de Francs CFA et ce, sur 10, 20 voire 30 ans ; comme nous l'a déclaré M. NDONGO Jérôme, propriétaire d'une exploitation de 2 hectares dans la localité de Mvôm Nnam, une périphérie de la ville de Sa'a.

Au plan humain, c'est une activité qui ne nécessite pas forcément une main d'oeuvre abondante et très qualifiée. Très souvent, on n'a pas besoin de recruter, puisque la main d'oeuvre familiale à elle seule (père, mère, enfants), mise à contribution, suffit.

De même, il s'agit d'une activité très peu éprouvante du point de vue de la santé physique de ceux qui s'y livrent, ceci comparativement, à la culture de la tomate qui nécessite un effort constant avec l'exigence d'une présence quotidienne effective de son acteur, une intervention discontinue (trois à quatre fois l'an) pour l'entretien de la cacaoyère suffit à garantir une récolte satisfaisante en quantité comme en qualité.

Au plan technologique, le matériel rudimentaire employé est accessible à tous. Machettes et limes, par exemple, se vendent partout et à un prix abordable, tout comme le pulvérisateur ou les fongicides nécessaires.

Au plan juridique ou procédural, la cacaoculture se présente comme une activité non sujette à une procédure administrative longue et complexe ; l'on tient compte de la réalité rurale et ses caractéristiques (analphabétisme, pauvreté monétaire...) dont elle est empreinte ; elle ne nécessite pas d'autorisation préalable et subit une pression fiscale souple et subtile perceptible seulement au moment de la commercialisation des fèves à l'exportation et du produit fini.

Point 2 : La cacaoculture - une aubaine pour la création d'emplois

S'il est admis que la main d'oeuvre familiale, à elle seule (père, mère, enfants...) mise à contribution, peut suffire à satisfaire l'équation de la ressource humaine que nécessite l'activité cacaoyère, force est surtout de relever que dans les faits, la pratique de cette activité donne lieu à des possibilités d'emplois saisonniers (au moment de l'entretien des cacaoyères comme de la récolte). Ces opportunités d'emplois temporaires pour des personnes non membres de la famille constituent une aubaine dans un contexte où le chomage tend à devenir endémique.

Mais au-delà de ces aspects purement saisonniers et temporaires, les perspectives d'emplois permanents dans et par la cacaoculture sont réelles.

Celles-ci sont portées d'une part, par la réalité des pépinières réalisées par des personnes privées qui, oeuvrent aux cotés de la SODECAO à la satisfaction du besoin en matériel végétal approprié (qualité, quantité), constituant ainsi une source permanente de revenu pour ceux qui s'y consacrent; et par le foisonnement des points de commercialisation des produits phytosanitaires (pesticides, engrais, pulvérisateurs, machettes...).

Le volet transformation des fèves de cacao, fût-elle artisanale, chocolatiers, pâtissiers, cosméticiens (...) constitue un vaste gisement de création d'emplois et de richesses encore quasiment inexploré dans notre pays, ceci, dans la mesure où le taux de transformation n'est que de 15%.

Conclusion

La présentation de l'historique et des potentialités économiques, sociales et naturelles de la cacaoculture dans le bassin de production de la Lékié nous a permis de distinguer deux grandes périodes, celle d'avant la libéralisation et celle d'avec la libéralisation.

Elle nous a également permis de relever que, si en période d'économie dirigée (c'est-à-dire avant la libéralisation), la présence de deux acteurs (l'Etat et le producteur) favorisait une identification et une gestion simples et faciles des intérêts en présence ; tel n'est pas le cas pour la période libérale en cours qui, offre le spectacle d'un foisonnement d'acteurs aux intérêts divergents et parfois, difficiles à concilier.

Nous avons également relevé l'effectivité des potentialités naturelles, sociales et économiques qui constituent des facteurs motivants et donc, catalyseurs de l'essor de la cacaoculture dans cette zone de production.

Cependant, malgré ce riche potentiel, l'activité cacaoyère dans le bassin de la Lékié présente des signes d'essoufflement qui annoncent son déclin, prélude à son abandon certain. Qu'est ce qui peut donc bien expliquer cet état de fait ? Les éléments de réponse à cette importante interrogation constituent la trame de fond du chapitre qui suit.

Chapitre 2 : Les entraves ou pesanteurs à la gestion durable de la cacaoculture dans la Lékié

C'est en constatant l'inefficacité de près de trente années de pratique d'une politique d'économie administrée et en réponse aux défis de la mondialisation, que le Cameroun s'est engagé dans la libéralisation de son économie ; ce qui, espérait-on, devait se traduire par le désengagement de l'Etat, une responsabilisation plus accrue des acteurs concernés, de meilleures perspectives sur le plan de la rémunération du travail à travers la logique des prix compétitifs...

Il en résulte à contrario un réel sentiment de démotivation, voire, de non épanouissement susceptible d'aboutir à un abandon pur et simple de la cacaoculture pourtant chère à la Lékié comme l'attestent de nombreux sondages et études30(*). Qu'est qui peut alors bien expliquer ou justifier cet état de fait ?

Cette situation du non épanouissement de la cacaoculture et du producteur de cacao dans le bassin de production de la Lékié, peut trouver des éléments d'explication dans l'analyse des entraves ou pesanteurs à la gestion durable de cette filière agricole dans cette région, objet du présent chapitre.

Les entraves à la gestion durable de la cacaoculture sont l'ensemble des facteurs endogènes (c'est-à-dire ceux qui se rapportent au contexte national) et exogènes (ceux découlant de l'environnement international) qui freinent et même, empêchent l'épanouissement et l'émancipation de la cacaoculture et du producteur de cacao dans la Lékié.

Section 1 : Les facteurs endogènes structurant la gestion non durable de la cacaoculture dans la Lékié

Monsieur NTCHOUWAT Amadou, enseignant de Droit à l'université de Yaoundé II appréhende les facteurs endogènes structurant la gestion non durable de l'économie cacaoyère, comme l'ensemble des dynamiques qui dérivent originellement de l'environnement interne de l'Etat et gênent l'essor et l'épanouissement de la cacaoculture et du producteur de cacao. Si certains de ces facteurs dans le contexte national relèvent de l'acteur étatique (paragraphe 1), d'autres par contre sont imputables au producteur de cacao lui-même d'une part, et d'autre part, à l'acheteur (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les facteurs imputables à l'acteur étatique

De nombreux facteurs imputables à l'Etat n'ont pas favorisé l'émancipation et l'épanouissement de/par la cacaoculture. Ces facteurs se traduisent globalement en termes d'inappropriation même de la donne libérale dans notre contexte, d'un malaise organisationnel et managérial de la filière, de baisse du prix réellement perçu par les planteurs et de déficit infrastructurel.

Point 1 : L'inappropriation de la donne libérale et le problème d'organisation et de management de la filière

Imposée à marche forcée par les PAS, la libéralisation du secteur cacao n'a pas été suivie d'une appropriation nationale de nature à impulser son efficacité (adaptation) et son efficience (adéquation) au contexte « Cameroun ». Les réformes initiées au pas de charge ont été dictées par l'urgence, insuffisamment pensées et donc insusceptibles de réaliser les ambitions escomptées. A titre illustratif, si la réforme de l'ONCPB, du fait de la venue de la libéralisation entraine en 1991 la création de l'ONCC et du FODECC, tel n'est pas formellement le cas de la SODECAO pourtant acteur phare de la gestion de la filière, qui a dû s'adapter tant bien que mal sur le terrain au lieu d'être au préalable formellement réformée pour correspondre à la conjoncture nouvelle. Ce qui a eu pour résultat de réduire ses performances avec une longue période de navigation à vue et une sérieuse menace de liquidation ou de fermeture (1996-2003). En d'autres termes, la Société de Développement du Cacao a continué de fonctionner en 1995 - période libérale, avec la logique d'économie administrée qui prévalait au moment des années de sa création en 1974, alors même que le contexte économique n'était plus le même ; d'ailleurs, il était désormais fondamentalement différent, aux antipodes de sa logique d'antan.

De même à la suite de ce qui précède, il faut relever une mauvaise organisation et un management défaillant de la filière. La logique libérale au Cameroun a conduit à la création de plusieurs centres de décisions se traduisant entre autres par l'existence d'un trop plein d'organes aux compétences chevauchantes parfois mal définies et inadéquates, comme l'illustre la présence d'un CICC, du GEX (Groupes des Exportateurs de Cacao) à coté d'un ONCC, organismes qui revendiquent chacun la prérogative de la formation des producteurs et opérateurs de la filière en matière de contrôle de la qualité.

Les inconvénients de cette mauvaise organisation de la filière sont davantage complexifiés par une inefficacité managériale perceptible par l'absence de systématisation formelle d'outils de gestion tel, l'Agenda 21 d'entreprise, instrument technique de planification, suivi et évaluation dans la définition et atteinte des objectifs, de même que dans l'emploi des ressources s'y rapportant (humaines, financières, logistiques); conduisant in fine à une gestion opaque, non performante, c'est-à-dire inefficace et inefficiente de la filière cacao.

Enfin, l'Etat n'ayant plus les moyens de son interventionnisme d'antan et n'ayant pas suffisamment élaboré des modalités de soutien aux producteurs de cacao eu égard à la donne libérale qui s'imposait désormais à lui, c'est à un accompagnement approximatif auquel on assiste désormais, se traduisant :

- Au plan financier, par l'absence d'un système et organisme officiels de financement de l'activité cacaoyère, le projet de création d'une banque agricole n'étant encore à l'heure actuelle qu'à l'étape embryonnaire et le système FODECC pour sa part relevant toujours de l'opacité ;

- Et au plan purement technique, par la suppression de nombreux postes agricoles pourtant indispensables dans et pour certaines localités du pays en général et du bassin de la Lékié en particulier, à l'instar de ceux de Mvoua 1 et 2 ou d'Ebougsi à Okola en 1995 ; et de leur absence dans d'autres localités comme à Lobo, condamnant ainsi les producteurs à la débrouille et décourageant de facto des potentiels intéressés comme nous l'a confié M. MAMA MVONDO François, producteur de cacao, notable à la Chefferie de Tchek.

De même, le foisonnement de programmes agricoles aux contours spatio-temporels et utilitaires mal définis mais au fonctionnement budgétivore faisant très souvent concurrence à la SODECAO de manière injustifiée comme l'illustre l'existence de nombreux programmes semenciers (Le Programme de l'Union Européenne pour l'Amélioration de la Productivité Agricole - Relance des filières Cacao et Café-PAPA/RFCC) et d'entretien phytosanitaire logés au sein même du MINADER, est de nature à conforter la défaillance sus relevée.

Point 2 : La baisse du prix réellement perçu par les planteurs et le déficit infrastructurel

Nous savons que la baisse des cours mondiaux de la fève n'est pas un fait directement imputable aux Etats producteurs comme le Cameroun, sauf que la non effectivité des cours nationaux notamment à l'endroit du planteur est par contre un fait qui devrait directement leur être attribué. En effet, pour le cas du Cameroun, s'il est acquis que déjà dès 1966, le prix national était fixé par décret présidentiel au prorata de la qualité des fèves, de même que l'information sur ce dernier est depuis la période libérale relayée par l'ONCC par le biais de son système Infoshare, force est cependant de constater que l'Etat s'est dès lors juste cantonné à le fixer sans aménager les conditions de son effectivité. Résultat de cette posture, les planteurs sont spoliés, et dans un tel contexte, ils perçoivent que leur activité n'est plus rentable, ils ne sont plus motivés et envisagent son abandon au profit d'autres cultures rentables en tout temps à l'instar de celles vivrières ou de l'hévéa.

De même, le déficit infrastructurel qui se traduit par l'absence et/ou le piteux état des pistes de collecte à l'instar d'Elig Bikoun à la périphérie de Monatelé, l'inadéquation de la carte sanitaire et scolaire (...), est une entrave majeure à l'épanouissement du producteur de cacao et à l'émancipation de la cacaoculture. Ceci dans la mesure où, le Programme d'Entretien des Pistes de Collecte logé à la SODECAO depuis 1974, de même que le plan national de développement rural réaménagé à plusieurs reprises, n'ont plus depuis longtemps, les moyens de leur objectif, ce qui condamne ainsi les zones rurales enclavées qui se consacrent à la cacaoculture à l'incertitude de la commercialisation de leur production.

De plus, quand bien même, celle-ci (la commercialisation) est faite dans ces conditions d'enclavement, le prix versé aux planteurs de ces zones est très dérisoire car réduit à proportion de la difficulté d'accès de l'acheteur à ladite zone. Toutes choses qui empêchent un essor réel de la cacaoculture. Dans le même contexte, la couverture du réseau téléphonique est encore largement déficitaire avec de nombreuse localités encore non couvertes à l'instar de Lobo pourtant située à seulement 37 km de la ville de Yaoundé.

Paragraphe 2 : Les facteurs imputables au producteur de cacao

Si la grande part de responsabilité de la gestion non durable de l'activité cacaoyère incombe à coup sûr à l'Etat, nous devons également relever que le producteur de cacao de la Lékié par ses pratiques et son contexte est aussi, à bien des égards, responsable de son non épanouissement.

Point 1 : La responsabilité du producteur de cacao au plan individuel

Individuellement, la responsabilité du producteur de cacao dans la gestion non durable de son activité découle de ce qu'il laisse vieillir son verger de cacaoyer, au lieu d'épouser une dynamique de réhabilitation planifiée, caractérisée par l'acquisition d'un nouveau matériel végétal plus productif et plus durable, et la mise en oeuvre de techniques culturales modernes.

Outre le fait que l'usage de l'outillage rudimentaire (machette et lance pour la cueillette) perdure, témoignant de l'absence de mécanisation de l'activité cacaoyère certes justifiée par une insuffisance des ressources financières, le producteur de cacao de la Lekié manque de vision de diversification de son activité à l'instar du développement d'une industrie de transformation artisanale des fèves de cacao31(*), et de l'investissement de ses ressources issues de la cacaoculture ailleurs dans d'autres activités, que viennent complexifier les pratiques de location des cacaoyères à des prix dérisoires, condamnant les producteurs de cacao à la paupérisation voire à la misère totale.

Point 2 : La responsabilité des cacaoculteurs du point de vue collectif

Collectivement, il faut relever le manque d'engouement de l'écrasante majorité des producteurs de cacao pour le regroupement en collectivité (GIC, coopérative) pourtant salutaire à la défense des intérêts collectifs et au bénéfice de certaines facilités, à cause de leur gestion taxée d'approximative car empreinte de corruption, de détournement de fonds, de spéculation  et donc impropre à leur promotion. A ce titre, notre examen des Rapports annuels des activités des GIC et Coopératives de la délégation départementale du MINADER de la Lékié nous a permis de constater que de 1995 à 2010 sur les près de 400 organismes collectifs que comptait ce département, on en dénombre plus qu'une centaine, les autres ayant soit déposé le bilan, soit fusionné. A ces facteurs se mêlent ceux découlant de l'environnement extranational.

De même, le déficit démocratique et le type de management qui y ont cours semblent impropres à favoriser la promotion du mouvement associatif de défenses et promotions des intérêts collectifs. En effet, le management ici est surtout de type patrimonial où dans les 2/4 des cas que nous avons pu apprécier, le père de famille s'entoure d'abord de sa femme et ses fils à des postes stratégiques (caissier, secrétaire ...) de la coopérative pour ensuite prétendre gérer des intérêts collectifs.

Section 2 : Les facteurs exogènes de blocage de la gestion durable de la cacaoculture dans la Lékié

Les facteurs exogènes à la gestion non durable de la cacaoculture se définissent comme étant l'ensemble des dynamiques découlant de l'environnement international et qui enfreignent l'épanouissement et l'essor de la cacaoculture et du producteur de cacao au plan national et notamment de la Lékié.

Le Cameroun est membre de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), et à ce titre, est partie à l'Accord sur l'agriculture et les produits agricoles, signé à Marrakech en 1994 et entré en vigueur en 199532(*). Il est de ce fait totalement intégré dans l'environnement commercial international dont l'analyse nous révèle des éléments à la fois idéologiques et pratiques défavorables à l'émancipation locale de l'économie cacaoyère. Eléments dont la bonne compréhension découle de la présentation des controverses de l'accord de l'OMC sur l'agriculture et les produits agricoles à l'endroit des pays sous-développés (paragraphe1) et la concurrence déloyale des grandes puissances agro-industrielles ainsi que la problématique de la pratique des prix (paragraphe 2).

Paragraphe 1: Présentation des controverses de l'accord de l'OMC sur l'agriculture et les produits agricoles à l'endroit des Pays en Voie de Développement

Le Cameroun, au sein de l'OMC, a le statut de Pays Moins Avancé (PMA) et fait ainsi partie de la catégorie globale des Pays en Voie de Développement (PVD).

L'accord de l'OMC nourrit sommairement comme ambitions, l'élimination progressive des barrières douanières, une réduction des soutiens internes à l'agriculture et la suppression des subventions à l'exportation. Ce sont les ambitions sus-évoquées qui sont, à l'analyse et ce, à bien des égards, porteuses d'entraves au bien-être agricole des Etats africains de manière générale, du Cameroun en particulier.

Point 1 : La problématique de l'élimination progressive des barrières douanières

L'élimination progressive des barrières douanières elle est commandée par la libéralisation des échanges prônée par l'OMC. Elle indique une amélioration de l'accès au marché mais implique cependant une perte importante des recettes douanières pourtant indispensables au financement du budget de l'Etat, en plus de l'ouverture des frontières visant à favoriser la promotion de la concurrence sur les marchés nationaux et internationaux.

Or un examen attentif de ce dernier aspect révèle que, en l'état actuel de leur niveau global de développement, les Pays en Voie de Développement d'Afrique ne sont pas suffisamment outillés tant en termes de connaissances, de technologies que de flux financiers pour faire face à la concurrence des pays développés sur leur propre territoire. Ce qui a pour conséquence la forte inondation de leurs marchés par les produits des Etats les plus industrialisés, traduisant la volonté réelle de maintenir toujours les pays du tiers-monde dans le giron du sous-développement. A ce propos, la concurrence outrancière que subit notre chocolat «national« (Chococam) est suffisamment illustrative.

Point 2 : Les effets néfastes de la réduction des soutiens internes à l'agriculture et la suppression des subventions à l'exportation

La réduction des soutiens internes à l'agriculture et la suppression des subventions à l'exportation sont à bien des égards corrélatives à l'élimination progressive des barrières douanières et la réduction de leur tarifs dans la mesure où elles entrainent mécaniquement une diminutions des recettes budgétaires des PMA dans lesquelles les droits de douanes peuvent représenter une part importantes allant parfois de 10 à 30/100 comme c'est le cas pour le Cameroun.

Connaissant le contexte socio-économique de nos Etats : paupérisation globale des populations, insuffisance alimentaire, lourd endettement (...) ; la formulation suffisamment évocative de la réduction des soutiens internes à l'agriculture et la suppression des subventions à l'exportation les fait clairement apparaitre sous le prisme de mesures discriminatoires voire, éliminatoires à l'émergence agricole de l'Afrique car comme l'a problématisé JANIN Pierre dans son article, que peut vraiment un planteur en Afrique en général et au Cameroun en particulier sans le soutien global de l'Etat ? La réponse à cette interrogation semble sans ambages être : « normalement, rien du tout mais au mieux, pas grand chose33(*)». De plus, quand bien même les pays en développement se plient au respect de ces mesures, les pays riches semblent littéralement les contourner.

Paragraphe 2 : La concurrence déloyale des grandes puissances agroindustrielles et la problématique de la pratique des prix

Point 1 : La concurrence déloyale des grandes puissances agroindustrielles

La concurrence déloyale est une pratique propre aux puissances agroindustrielles de l'Union Européenne (EU) et les Etats Unis d'Amérique du nord (USA). Elle est le fait pour ces puissances de ne pas respecter scrupuleusement les règles établies par l'OMC et s'appréhende à travers la pratique du protectionnisme déguisé et des subventions masquées.

En effet si les Etats africains ouvrent effectivement leurs frontières en respect des engagements pris à Marrakech, tel n'est point le cas à proprement parlé des pays industrialisés (UE, Etats-Unis, Chine etc.), qui continuent de protéger les leurs par un recours à divers mécanismes qui faussent le jeu de la libéralisation dans le domaine agricole. Il s'agit par exemple de trop d'exigences en matière phytosanitaire pour les produits en provenance des PVD et de la pratique déloyale des pics tarifaires (c'est-à-dire des taxations progressives) quant à l'entrée desdits produits, sur leurs marchés. Pour ce qui est du cacao, cette pratique des pics tarifaires se traduit par une taxation à l'entrée relative au degré de transformation du produit, soit 10% pour les fèves de cacao, 62% pour le beurre de cacao et 96% pour le chocolat, sur le marché américain selon un rapport de la CNUCED et la FAO de 2001.

S'agissant des subventions, alors même que l'OMC les interdit, les Etats les plus puissants économiquement continuent d'apporter des soutiens à l'exportation de leurs produits de telle sorte qu'ils soient vendus à un prix largement en deçà des coûts de production.

Cette pratique est techniquement appelée dumping et a des effets de diktat sur les prix internationaux qu'elle contribue à tirer à la baisse, au détriment des pays pauvres dont le Cameroun. A ce titre, le rapport d'information N-120 de la chambre haute du parlement français révèlent les montants des transferts directs aux agriculteurs de l'ordre de 40 milliards d'Euros pour les pays de l'Organisation pour le Commerce et le Développement en Europe (OCDE), et de 39 milliards de Dollars ou 32,5 Milliards d'Euro pour les Etats Unis d'Amérique. Ces sommes handicapent justement les pays en développement sur le marché mondial en annulant l'avantage comparatif qu'ils doivent disposer en matière d'agriculture.

Point 2 : La problématique de la pratique des prix

Cette question de la pratique des prix peut s'appréhender sous deux prismes :

Dans un premier temps, le prisme de sa détermination qui par ailleurs englobe sa négociation et sa définition.

Les Pays en Voie de Développement dont le Cameroun ne sont pas suffisamment représentés et représentatifs dans les fora internationaux pour ainsi faire entendre leurs voix et peser de leur influence quant à cette détermination. L'épaisseur de l'Afrique dans le commerce internationale qui s'évalue à un peu moins de 5%, est de nature à justifier et à conforter cet état de fait.

Dans un second temps, le prisme sa réalisation c'est-à-dire le prix effectivement versé au producteur de cacao lors des ventes de son produit.

Elle est l'objet de tous les tripatouillages et spéculations possibles. Les firmes agroindustrielles multinationales peuvent être considérées comme caution de la spoliation des producteurs de cacao, car comme le dit M. Bilana du village Nkolossan : «  si dans les médias l'on parle de 1400 frs par Kg comme prix d'achat initial, ici seuls les plus chanceux ont pu percevoir 700 frs pour la campagne 2010, c'était le prix « à prendre ou à laisser « ». Ce qui laisse transparaitre un arrangement en amont entre les multinationales et les acheteurs qui les représentent. Les éléments de l'environnement international ainsi présenté se positionnent comme de sérieuses pesanteurs à l'épanouissement et à l'émancipation agricole des pays africains.

Conclusion

Les entraves endogènes à une gestion durable de la cacaoculture, imputables à la fois à l'Etat et au producteur de cacao, auxquelles s'ajoutent celles découlant de l'environnement international tel que sus-évoquées, se perçoivent à l'évidence comme des handicaps incontournables. Pourtant à l'analyse, celles-ci revêtent davantage un caractère d'hypothèques (c'est-à-dire quelque chose de surmontable) plutôt que d'obstacles au sens de barrières infranchissables et peuvent ainsi être contournées si des modalités précises, objet de la deuxième partie de notre étude, sont implémentées.

IIème PARTIE : LE CADRE GENERAL D'EXPERIMENTATION D'UNE GESTION DURABLE DE L'ECONOMIE CACAOYERE DANS LA LEKIE

L'histoire de l'activité cacaoyère, dans le bassin de production de la Lékié, met en exergue les riches potentialités de cette région propice à la cacaoculture, en tant que source potentielle d'épanouissement et de bien-être des planteurs et des populations de ce bassin d'une part, de même que les facteurs endogènes et exogènes qui freinent cet essor, d'autre part.

Ces facteurs limitants sont en réalité des hypothèques qu'il convient de maitriser et de lever pour permettre un essor optimal de l'activité cacaoyère et la transformation de cette zone de production.

En effet, la gestion de l'activité cacaoyère en vigueur jusqu'alors, peu performante, du fait de l'ensemble de facteurs à la fois endogènes et exogènes que nous avons indiqués dans nos précédents chapitres, se révèle impropre à impulser le développement escompté des bassins de production et l'épanouissement des producteurs de cacao. A titre illustratif, Jean-Joël Aerts, dans un ouvrage collectif révèle que : « les exportations de cacao qui représentaient 94 milliards de francs en 1984/1985 tombent deux ans plus tard à 72 milliards et ne constituent plus qu'une trentaine de milliards en 1992/1993. »34(*)

Le cadre général d'expérimentation de la gestion durable de l'économie cacaoyère dans la Lékié que nous formulons ici s'appréhende comme l'aménagement de l'opérationnalisation d'une gestion empreinte de toutes les exigences du développement durable. Il s'articule autour de deux axes majeurs. Il s'agit des considérations théoriques sur la gestion durable de la cacao culture, qui convoquent un ensemble de notions et concepts empruntés à divers champs scientifiques (sociologie, économie, anthropologie, développement...) d'une part, et la formulation de propositions concrètes pour la gestion durable de l'activité cacaoyère au Cameroun, notamment dans la Lékié d'autre part.

Chapitre 1 : Les considérations théoriques sur la gestion durable de la cacaoculture dans le bassin de production de la Lékié

Les considérations théoriques sont l'ensemble des préalables idéologiques et conceptuels, empruntés à plusieurs domaines du savoir, sur lesquels il est important de prendre appui pour donner vie à la gestion durable en vue de l'épanouissement de l'économie cacaoyère et par l'économie cacaoyère.

A ce sujet, on peut relever que la gestion de la filière cacao a eu jusqu'ici, pour idéologie le capitalisme avec comme concepts opératoires la libéralisation et la privatisation. Ce qui a résulté à reléguer les bassins de production à un statut de zone de pur prélèvement financier et condamné les planteurs à une posture de force de travail, sans préoccupation véritable pour leur bien-être et l'amélioration de leur environnement immédiat. Loin de congédier la donne libérale et l'idéologie capitaliste qui la fonde, il nous semble opportun, dans une perspective de développement durable, de la nuancer pour corriger ses excès et l'adapter aux réalités du terrain. Dans cette visée, des pratiques empruntées au socialisme et/ou au constructivisme peuvent être convoquées, dans le sens de repositionner le producteur de cacao au centre de son activité et le responsabiliser davantage, en vue de son épanouissement et de l'amélioration de son cadre de vie.

Section 1 : L'intégration et la promotion du concept de durabilité dans le management des politiques agricoles au cameroun

Le rapport Brundtland de la Commission des Nations Unies pour l'Environnement de 1987, définit le développement durable en termes de capacité des générations présentes à satisfaire leurs besoins, sans toutefois compromettre les chances des générations futures à satisfaire les leurs.

La gestion durable est, pour sa part, à l'aune des éclairages de la Fondation Allemande pour le Développement International35(*), une manière d'organiser et d'administrer empreinte des piliers et principes du développement durable. Le Code forestier gabonais du 31 décembre 2001 en son article 13 précise par gestion durable, on entend une gestion qui maintient la diversité biologique des forets, leur productivité ; leur faculté de génération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire de manière pérenne les fonctions économiques, écologiques et sociales pertinentes sans causer de préjudices à d'autres écosystèmes.

Sur le fondement de ses préalables, une analyse en filigrane de l'histoire de l'activité cacaoyère dans le bassin de production de la Lekié révèle que la non intégration et la non systématisation du concept de durabilité dans le management de l'activité cacaoyère jusqu'ici implémentée, est la cause fondamentale du délabrement de la filière et de la paupérisation continue du monde rural. D'où l'urgence de l'intégration et de la promotion de ce concept dans la gestion sus-évoquée objet de la présente section qui s'articule autour de la présentation des conditions et des exigences de la durabilité (paragraphe 1) et ses implications (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les enjeux et les conditions de la durabilité

Gérer durablement la cacaoculture dans le bassin de production de la Lékié est indispensable, si l'on veut offrir aux producteurs de cacao la possibilité de se libérer du joug de la misère et de la pauvreté, grâce au juste bénéfice des fruits de leur labeur ; et à ce bassin de production la possibilité de se développer et d'améliorer son cadre de vie en termes d'infrastructures et davantage d'opportunités à offrir en termes d'emplois et d'offres de services de qualité, etc.

Point 1 : Les enjeux de la durabilité dans la gestion de la filière cacaoyère dans la Lékié

La gestion durable est un concept globalisant qui prend en compte la solidarité sociale, la responsabilité écologique, l'efficacité économique et la responsabilité culturelle, bref tout ce que sous-entend la notion des piliers du développement durable36(*).

A cet effet, suivant les éclaircissements du chercheur français Ignacy-Sachs37(*), il ressort globalement que la durabilité, qui est considérée comme un appel à laisser à nos enfants un héritage qui ne soit pas pire que celui que nous avons reçu des générations précédentes, a cinq dimensions : sociale, économique, écologique, spatiale et culturelle, qui s'imbriquent mutuellement pour la construction de la gestion durable, dont la réalisation repose sur les exigences de planification et de suivi évaluation, proposés par l'Agenda 21 Local et/ou d'entreprise d'une part ; et d'approche participative, dans l'analyse des situations et des prises de décisions, d'autre part.

En économie cacaoyère, la gestion durable convie à mettre en oeuvre des mécanismes et des pratiques visant à stimuler les acteurs intervenants dans la filière à quelque niveau que ce soit dans l'optique de maintenir et booster sans cesse leur motivation et leur implication et partant, améliorer la productivité.

Point 2 : les conditions de la réalisation d'une gestion durable dans la Lékié

Les conditions ou modalités de réalisation de la gestion durable définissent l'approche méthodologique à adopter pour la rendre effective c'est-à-dire traduire son existence dans les faits. Dans le cadre précis de l'économie cacaoyère, ces conditions concernent les trois grands groupes d'acteurs et se traduisent notamment :

Pour l'Etat, à la fois régulateur et acteur, en une meilleure définition des politiques agricoles et notamment cacaoyère à l'aune d'une approche participative, et donc imprégnée des aspirations réelles des principaux concernés aux rangs desquels les producteurs de cacao ; leur implémentation grâce à des stratégies ingénieusement conçues en termes de ressources humaines, financières, logistiques s'y rapportant, de leur déplacement spatio-temporel, et affinées grâce à la systématisation de l'évaluation.

Pour les acteurs privés notamment le planteur, il s'agit de définir préalablement et ajuster continuellement ses buts dans et pour l'activité cacaoyère, c'est-à-dire ce qu'il y investit et ce qu'il en attend, ses projets, la gestion des ressources générées par l'activité, la modernisation de son activité bref l'adoption d'une posture de Business Manager. Et même si ceci peut paraitre un peu irréaliste dans un contexte paysan, c'est cependant possible grâce à un encadrement opportun des pouvoirs publics à travers une démarche informative et formative constante.

Et pour le groupe des acheteurs qui englobe aussi bien les acheteurs stricto sensu que les transformateurs et industriels, il est question de sortir de la logique du profit à tout prix voire à tous les prix, en ayant toujours à coeur la situation et le cadre de vie des producteurs de la précieuse fève pour adoptant la logique rationnelle du commerce équitable seul véritable gage d'une satisfaction partagée.

Paragraphe 2 : Les implications de la gestion durable pour la filière cacao

Les implications de la gestion durable se rapportent à ce qu'elle induit ou tout simplement ce que l'on peut en attendre.

C'est encore le chercheur français Ignacy SACHS38(*)qui nous permet d'appréhender clairement et globalement ces implications. Ainsi, se fondant sur les quatre piliers du développement durable qu'il développe dans sa théorie, nous pouvons par déduction formuler que la gestion durable se résume en une mise en valeur et une émancipation des piliers du développement durable.

Point 1 : Les dimensions sociale, économique et culturelle de la gestion durable

La dimension sociale de la gestion durable implique plus de justice et d'équité entre les acteurs de la cacaoculture (Etat - producteur de cacao - acheteur), une meilleure définition de l'intérêt général, la recherche du bien-être collectif, et une meilleure répartition des retombées de la production.

La dimension économique pour sa part, induit une organisation plus efficace et efficiente de l'activité cacaoyère, une plus grande productivité ainsi qu'une répartition plus équitable des ressources et flux constants d'investissements publics-privés dans la société. Elle interpelle les questions de prix, de dette, des termes d'échanges internationaux, très déséquilibrés entre les acteurs et ceci, davantage au préjudice des producteurs de cacao.

La dimension écologique de la gestion durable vise à augmenter la capacité de charge de la terre en faisant en sorte de valoriser davantage le potentiel des ressources des différents écosystèmes, pour des fins utiles et en ne minimisant pas les attaques portées aux systèmes naturels desquels dépend la vie sur la planète. Il s'agit de manière concrète pour l'Etat dans sa mission d'assistance technique aux producteurs de cacao, de promouvoir des techniques d'entretien phytosanitaire saines des exploitations cacaoyères et partant de les initier à des techniques d'entretien modernes totalement écologiques à l'instar de la vulgarisation de la pratique de la polyculture sur les exploitations cacaoyères (cacaoyers + orangers + banane + citronniers) utiles à la rationalisation de l'utilisation des engrais et pesticides.

Point 2 : Les dimensions culturelle et spatiale de la gestion durable

La dimension culturelle de la gestion durable de la cacaoculture recherche des racines endogènes aux modèles de modernisation et aux systèmes intégrés de production. Il s'agit de promouvoir un changement dans la continuité culturelle, en traduisant le concept normatif d'écodéveloppement en une pluralité de solutions locales, adaptées à chaque écosystème, contexte culturel et site. Il est question, pour l'Etat, de sortir de la logique de considération des bassins de production comme des zones de pur prélèvement financier, logique héritée de la colonisation, pour faire la place belle au développement réel du monde rural en remettant le producteur de cacao au centre des préoccupations dans la définition et réalisation des politiques publiques de développement. A ce propos, le processus de décentralisation en cours dans notre pays, doit nécessairement être structuré et orienté à cette fin, pour que la Lékié émerge véritablement au plan national par l'amélioration substantielle du cadre de vie de ses localités cacaoyères.

Enfin, la dimension spatiale de la gestion durable en matière de cacaoculture convie à un meilleur équilibre ville -campagne et une répartition spatiale des constructions humaines et des activités économiques, en mettant l'accent sur les problèmes suivants : l'urbanisation galopante (et anarchique), la concentration excessive dans les métropoles ; la destruction par l'homme des écosystèmes fragiles mais importants ; le besoin de promotion d'une agriculture moderne régénératrice et de l'agrosylviculture auprès des petits paysans, en leur fournissant les moyens techniques appropriés, des fonds et un accès au marché ; le développement d'une industrialisation liée à la nouvelle génération des technologies propres, en particulier des industries de transformation de la biomasse en mesure de créer des emplois nouveaux non agricoles ; l'établissement d'un réseau de réserves naturelles et de biosphères pour protéger la biodiversité.

Dans ce sens, il est opportun :

Pour l'Etat, de donner les moyens à la Lekié de mettre en place une industrie locale, beurre de cacao, chocolaterie, dans le sens de créer les emplois, faire de la Lekié un label et promouvoir durablement cette activité. De définir les projets pour la Lekié dans le temps et dans l'espace, c'est-à-dire ce qu'elle doit devenir dans 10, voire quinze ans, quels endroits ou localités doivent porter tels projets et la localisation des plantations.

Et pour le planteur, intégrer la nécessité d'une occupation rationnelle de l'espace.

Section 2 : L'Analyse profonde de la question des prix et de la règlementation en vigueur ainsi que le nécessaire renforcement de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne libérale

En plus de l'intégration et de la promotion de la notion de durabilité dans la gestion de l'économie cacaoyère, le recours à des leviers tels que les prix, la loi ainsi que la nécessaire intégration des ingrédients de socialisme dans le libéralisme peuvent certainement conforter l'essor de la cacaoculture et l'épanouissement de ses acteurs.

Paragraphe 1 : Les prix et la loi comme instruments d'affermissement de l'économie cacaoyère

Le concept de développement durable met au premier plan le problème de l'équité, en cherchant à assurer une juste répartition dans l'espace et dans le temps, des charges et des bénéfices et cela pour chaque action politique et dans chaque secteur, tout cela bien huile par un cadre normatif.

Point 1 : Les prix comme mécanisme de consolidation de l'économie cacaoyère

Le principe d'équité subodore la nécessité de rompre avec l'idéologie du développement synonyme d'accumulation et de déséquilibre, pour s'orienter vers un modèle de développement qui impose la redistribution, à travers la lutte contre les inégalités. Cette nouvelle conception du développement intègre les critères éthiques de la justice sociale et de la responsabilité à l'égard des générations présentes et futures.

De plus, l'équité intra générationnelle et intergénérationnelle que la nouvelle vision du développement impose, nous pousse à nous projeter vers une durabilité sociale basée sur la solidarité intra et intergénérationnelle. La recherche de l'équité toujours dans le cadre de la satisfaction des besoins élémentaires de chacun et de la possibilité d'aspirer à une vie meilleure, impose de « re »-concevoir le développement pour redistribuer les richesses. Cela signifie qu'il faut s'orienter vers un processus de changement dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des investissements, l'orientation du développement technique et les changements institutionnels sont déterminés en fonction des besoins présents et futurs. La gestion durable implique donc une transformation durable de l'économie et de la société39(*). Dans cette perspective, les prix et la loi constituent les moyens efficaces de transférer les ressources, le contrôle de l'initiative aux populations des bassins de production.

Les prix sont l'arme la plus puissante pour augmenter les revenus agricoles, motiver le planteur et entrainer le transfert massif des revenus de la ville vers les campagnes ou des Pays développés vers ceux qui sont en voie de l'être, dans la perspective de réduire les inconvénients de la logique libérale de fixation des prix par le marché national et international.

Une étude de Jean Marc ELA de 1979, révèle par exemple que dans les années 1975, les compagnies d'import-export qui dominaient le commerce interne et externe recevaient pour chaque kilogramme de cacao camerounais vendu à l'étranger, une marge bénéficiaire de 220 Frs. Or le prix payé aux paysans producteurs de cacao par les intermédiaires, oscillait entre 70 et 90 frs CFA, soit trois fois moins que la marge bénéficiaire des multinationales : expression accentuée de la spoliation du planteur40(*).

L'argumentaire qui précède indique en substance le climat qui prévaut dans la pratique du prix du cacao sur le marché. Ce dernier est prescrit préalablement par les traders des bourses de Londres et de New York, travesti par les multinationales, leurs négociants et intermédiaires et, enfin, imposé aux planteurs, alors contraints de l'accepter (le prix) tel quel. Positionné à la queue de cette impitoyable échelle de puissance sans aucune voix au chapitre, le planteur apparait dans toute sa faiblesse.

Le défi en ce qui concerne le prix, est alors de le rendre rémunérateur à l'endroit du producteur de cacao ; en le définissant équitablement et le garantissant effectivement, tout en contrôlant l'inflation dans les bassins de production, pour en jouir pleinement.

La définition équitable du prix du cacao signifie, au plan international, une présence et une participation effective des Etats producteurs du Sud aux fora de négociation internationaux (OMC et ICCO) et une sensibilisation des acheteurs à une intégration de la logique du commerce équitable (partenariat gagnant- gagnant) aux fins de la promotion du respect de la valeur travail, gage du maintien et de la motivation des planteurs dans l'économie cacaoyère : expression achevée de la durabilité pour ce qui les concerne.

Au plan interne, une consultation préalable des producteurs par l'Etat au sein et au-delà des fora institutionnels (CICC, Coopératives, GIC), aux moyens de techniques consultatives diverses (sondages et autres ...), pour la fixation du prix (bord champ et hors champ) sur le marché national ; l'idéal étend qu'il oscille au minimum autour des 60% du prix du marché international comme suggéré à la récente Conférence Mondiale sur le cacao.

La garantie effective du prix est un engagement pris par l'Etat de maintenir un prix d'achat standard du cacao au producteur en dépit de la fluctuation de ses cours mondiaux. Elle est nécessaire à la protection du planteur de la filouterie des acteurs intermédiaires (représentants officiels des firmes multinationales et nationales et entremetteurs), ainsi que des désagréments découlant des fluctuations profondes des cours mondiaux de la précieuse fève.

La garantie peut être satisfaite par l'idéal de la mise en branle d'un mécanisme efficace et efficient de cautionnement du prix bord champ au producteur de cacao. Toutefois, celle-ci doit nécessairement passer par le recours à l'information publique (les médias), pour le porter à la connaissance de tous et de chacun ; à la loi pour fixer le cadre d'exercice de l'activité d'acheteur aux fins d'en sanctionner les véreux (les spéculateurs sauvages) couramment appelés coxeurs, ainsi que par la mobilisation des brigades des agents des eaux et forêts, des contrôleurs des prix et des agents de douanes ; tout ceci facilité en amont par une indispensable structuration du monde rural tel que nous le présenterons dans le prochain chapitre.

Le contrôle de l'inflation dans les bassins de production aux fins de jouir pleinement du prix du cacao devenu dès lors rémunérateur, impose la facilitation de l'accès aux produits de première nécessité (électricité, pétrole, médicaments d'urgence...) à des prix rationnels. Il s'agit d'un défi organisationnel et structurel, notamment celui de la modernisation des zones rurales. Défi qui ne peut à l'évidence être résolu à court terme. Mais conjoncturellement (ponctuellement), la solution peut résider dans le redéploiement de la MIRAP (Mission Régulation des Approvisionnement en Produits de Grande Consommation) en faveur du marché rural. Concrètement, l'Etat se doit de prioriser dans l'action de la MIRAP, les zones rurales. Celle-ci devra désormais de façon fréquente, selon un calendrier bien arrêté, publié et donc connu, ravitailler ces zones en produits de première nécessité, avec pour avantage la limitation de la pénurie du fait de l'accessibilité facilitée et la rationalisation de leur coût, et en prime une économie en frais de transport.

Point 2 : La loi comme outil de stabilisation de l'économie cacaoyère

Comme le relève KAMTO Maurice : «  le droit norme le comportement des acteurs sociaux vis à vis de l'environnement41(*) » ; c'est-à-dire qu'il ne peut y avoir de protection, de prévention ou de promotion sans un encadrement juridique préalable ou plus largement, sans prescription de comportements car comme il le souligne par la suite, « Nombre d'acteurs sociaux ne respectent la loi que par crainte de la sanction dont elle est assortie; c'est cette crainte qui va les amener à s'abstenir d'enfreindre les règles protectrices de l'environnement42(*)».Dans ce sens, le mérite de l'établissement des bases juridiques d'une gestion durable revient dans le contexte juridique actuel de notre pays, à la loi N-96/12 du 05 aout 1996 portant Code de l'environnement qui l'appréhende en matière forestière.

Pour ce qui est de la gestion durable dans la filière cacaoyère , le problème de sa non effectivité ne réside pas fondamentalement dans l'inexistence de lois s'y rapportant mais davantage dans la pléthore des textes (ceux créant les organismes de gestion de la filière et ceux portant commercialisation des fèves de cacao etc.) se rapportant à sa structuration et à son articulation ou fonctionnement ; leur manque de cohérence et d'actualisation (à l'instar des statuts et règlement de la SODECAO qui datent de 1974), révèlent leur inadéquation à l'essor de la cacaoculture et à l'épanouissement de son acteur phare qu'est le producteur de cacao. D'où la nécessité de plaider pour l'adoption d'une loi unique, conçue comme le ciment de la gestion durable envisagée, car appelée à chapeauter toute l'architecture de l'économie cacaoyère, dans le sens de la définition de ses organismes et acteurs ; la détermination de leurs modes opératoires et la rationalisation de leurs rapports. Il lui incombera entre autres, de préciser les conditions de la garantie effective du prix au planteur, d'assainir la gestion de la filière par le démantèlement et l'épuration des acteurs parasites intermédiaires à l'instar des coxeurs, de même que les mauvaises pratiques qui entravent le bon fonctionnement de cette filière.

En somme, c'est une loi se rapportant de manière précise à la thématique de la gestion durable de cette filière au Cameroun qui proposera et conduira à un changement fondamental de l'approche de gestion et un ancrage national de la gestion durable dans les moeurs en matière d'économie cacaoyère en apportant des solutions durables aux dysfonctionnements et problèmes observés jusqu'alors.

Paragraphe 2 : Le nécessaire renforcement de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne libérale

Le capitalisme qui, en économie cacaoyère, s'exprime en termes de libéralisme, signifie la recherche effrénée du profit. A première vue, ce dernier se présente dans le cadre de cette étude comme une entorse à l'essor de la cacaoculture et de l'épanouissement du planteur.

Point 1 : Le contexte et les enjeux de cette nécessité

La gestion libérale de l'économie cacaoyère a entrainé une série de blocages structurels sur le plan social et économique. La dégradation permanente du pouvoir d'achat de l'agriculteur, son déclassement par rapport aux salaires des centres urbains, ont contribué peu à peu à dévaloriser le métier de planteur. Comme les autres régions soumises à la monoculture industrielle, la zone cacaoyère n'a été considérée par les planificateurs, que comme un secteur de pur prélèvement financier. L'économie cacaoyère ignore les conditions globales d'existence du planteur. Elle ne s'intéresse à sa vie que comme une force de travail, elle n'est pas orientée vers la modernisation radicale des campagnes. Dans cette perspective, Jean Marc ELA affirme que : « le cacao n'a pas induit autre chose qu'une économie de traite et un déclassement progressif des paysans ».

D'où la nécessité de son humanisation dont l'objectif est de remettre le producteur de cacao au centre de son activité et de le motiver en permanence. Il y va de la survie de l'activité. Car comment continuer de s'investir dans une activité qui n'a, apparemment, plus aucun mérite aux yeux d'une société à qui elle procure pourtant d'importantes et précieuses ressources financières? Pourquoi continuer de se sacrifier pour une activité qui ne rapporte rien du tout, sinon pas grand chose ? C'est dans la réponse à ces questions majeures que s'apprécie la nécessité de l'humanisation du capitalisme qui de nos jours, prévaut en économie cacaoyère, par la convocation et la promotion de certains ingrédients de socialisme.

Point 2 : Les implications de ce nécessaire renforcement

Le renforcement de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne libérale incombe de prime à bord à l'Etat responsable de l'encadrement de tous les autres acteurs ainsi que la diffusion et la régulation des pratiques salutaires à l'émancipation d'une gestion durable.

De façon concrète il s'agit pour l'Etat, dans le sens d'une meilleure et juste redistribution des fruits de leur labeur, d'accompagner les bassins de production dans la transformation et l'amélioration de leur cadre de vie, en les dotant d'infrastructures viables (routes, électricité, adductions d'eau, hôpitaux, écoles...), éléments satisfacteurs et motivateurs à la pérennité de culture du cacao. Car, si les populations ressentent, comme c'est le cas de Ekekom, localité périphérique de Sa'a, village natale de M. NDONGO ESSOMBA, grand producteur de cacao devenu par ailleurs Honorable Député ; que c'est grâce à leurs efforts dans l'activité cacaoyère qu'ils ont telle ou telle autre infrastructure (route, centre de santé, établissement scolaires...), elles ne s'en trouveront que motivées et s'éloigneront de l'idée de l'abandonner un jour.

Et dans cette impulsion, il est question de faire glisser les activités d'encadrement et de commercialisation dans la logique de l'économie sociale et solidaire. Celle-ci regroupe les activités de coopératives, des mutualités et des associations. L'éthique en vigueur sur ce plan vise la finalité de service aux membres et à la collectivité, plutôt que de profit, l'autonomie de gestion, la démocratisation du processus de décision, la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus ; le but ultime étant de neutraliser l'égocentrisme de certains acteurs afin de mutualiser et de faciliter le bénéfice des services essentiels (entretien phytosanitaire, santé...).

Chapitre 2 : Quelques propositions pour une gestion durable de l'activité cacaoyère dans la Lékié

L'objectif de ce chapitre est de montrer comment la gestion durable peut être réalisée de façon concrète.

La crise économique des années 80, confortée par l'inefficacité de l'interventionnisme étatique au Cameroun, avec la mise en oeuvre des Programmes d'Ajustement Structurel, va conforter l'option du libéralisme. Ceci s'est traduit globalement par la limitation du rôle de l'Etat dans le secteur agricole, spécifiquement dans la production et la commercialisation du cacao pour faire une place plus importante aux acteurs privés. Ce choix s'est imposé sans un accompagnement judicieux de la part de l'Etat, qui s'en pressa de passer de l'Etat providence à l'Etat régulateur, omettant son rôle d'acteur, alors même que la fusion de ces deux aspects, Acteur et Régulateur, aurait pu à l'évidence garantir une appropriation et une optimisation adéquate de la donne libérale et ses opportunités au Cameroun et dans la Lékié notamment. Cette mutation soudaine a résulté au délabrement de la filière. Pourtant des Etats comme la Côte d'Ivoire ou le Ghana n'ont pas adopté le même cheminement. Ces deux pays sont devenus leaders dans le monde de la cacaoculture, avec respectivement 1 300 000 et 1 000 000 de tonnes en 201143(*). Au Cameroun, les chiffres les plus optimistes affichent 220 000 tonnes en 201144(*).

L'urgence est donc de fonder l'économie cacaoyère dans la durabilité, eu égard à son importance dans la dynamique de la relance de la croissance de l'économie nationale et les perspectives d'émergence envisagées à l'horizon 2035 ; ainsi qu'à la nécessité de motiver sans cesse les producteurs de cacao des bassins de production sur lesquels repose fondamentalement cette activité.

Section 1 : La rationalisation de l'action de l'Etat dans la filière

De l'article de Pierre JANIN, au titre suffisamment évocateur, «  Un planteur sans l'Etat peut-il encore être un planteur », nous retenons que l'ancrage de la durabilité dans la filière cacao dépend fondamentalement de l'action effective de l'Etat, à qui incombe la conception des politiques publiques agricoles, porteuses du bien-être de ses populations ; et leur mise en oeuvre par la création d'institutions et organismes appropriés.

La rationalisation de l'action de l'Etat dans la filière que nous envisageons se rapporte d'une part, à l'amélioration de sa présence et à la facilitation de son identification, car le trop plein d'organes jusqu'ici en concurrence dans la gestion de la filière n'est pas de nature à favoriser la satisfaction des objectifs, sus-évoqués ; et se traduit d'autre part, par une amélioration de la visibilité et l'optimisation de sa démarche. Il n'est certainement pas question pour l'Etat de redevenir interventionniste au sens littéral du terme, mais de mieux encadrer, aux sens structurel et fonctionnel, la logique libérale, dans l'optique de maîtriser ses inconvénients et d'en optimiser les opportunités relativement à la filière cacao.

Cela passe nécessairement par, l'instauration d'un organe unique de gestion de la filière (paragraphe 1), et une redynamisation de la coopération en matière cacaoyère (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La création d'un unique organe étatique de gestion de la filière cacao - L'Office Camerounais de Cacao et du Café (O3C)

Point 1 : Justification de la création de l'O3C

L'un des plus grands handicaps à la mise en oeuvre et à l'émancipation d'une gestion durable de la filière cacaoyère demeure la mise en place d'une multitude d'organismes (04 au total), aux missions quasi similaires. Ce qui contribue à gaspiller les ressources financières, à générer des chevauchements voire des blocages et in fine, à diluer l'efficacité de l'action de l'Etat dans la filière.

Nous pensons en effet que l'existence à la fois d'un Office de Commercialisation du Cacao et du Café (ONCC), d'un Fonds de Développement du Cacao et du Café (FODECC) ,d'une Cellule de suivi de la cacao culture au sein des Services du Premier Ministre, de la SODECAO, aux côtés d'une Direction de la filière cacao avec de nombreux programmes connexes au Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (MINADER) marque une dispersion d'énergie. Il est alors opportun que l'organe législatif de l'Etat (le parlement) vote une loi harmonisant le fonctionnement de la filière et créant deux institutions au coeur de la gestion de la cacaoculture : l'Office Camerounais de Cacao et de Café (O 3 C), fédération, mieux absorption de toutes les structures existantes, représentant unique de l'acteur étatique ; et le Conseil interprofessionnel du Cacao et du Café(CICC), représentant formel des acteurs privés de la filière, interlocuteur privilégié de l'Etat. (cf. infra, section 2- paragraphe 2)

L'Office Camerounais de Cacao et de Café (O 3 C), sous la tutelle des MINADER, MINCOMMERCE et MINFI, représentés au sein d'un conseil d'administration devant être élargi au CICC, sera le seul organisme à la base du développement du cacao pour toute l'étendue du territoire nationale.

- Sur le plan technique, sa mission consistera à encadrer la production nationale et garantir la qualité du produit made in Cameroon, avec en charge entre autres, la fourniture en qualité et en quantité du matériel végétal. Il devra en outre se positionner au plan industriel notamment dans la transformation des fèves en s'armant d'un véritable pan industriel (une usine de transformation : chocolaterie, cosmétique) et de plantations propres à l'instar de la SOSUCAM sise à Mbandjock. En plus il devra conforter sa contribution à l'amélioration des visages des bassins de production, à travers la dynamisation d'un important programme d'entretien des pistes de collecte pouvant être facilité par l'initiation d'un partenariat avec le Génie Militaire, et les exploitants forestiers.

Enfin, il devra oeuvrer à la modernisation de l'activité par le biais des conventions ingénieuses avec les instituts de recherche à l'instar de l'IRAD pour le matériel végétal amélioré ,et l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique pour l'amélioration et l'actualisation d'un outillage jusqu'ici rustique.

Point 2 : Les attributions et l'organisation de l'O3C

- Sur le plan de la commercialisation du produit, il s'agira d'encadrer et faciliter cette dernière, en certifiant les acheteurs conjointement avec le CICC d'une part, en mettant à disposition des balances fiables et l'information sur le prix par campagne ; en organisant et en supervisant les marchés périodiques ; en assurant la supervision et le contrôle de la qualité du produit à la vente à l'exportation, d'autre part.

- Sur le plan organisationnel et fonctionnel, de manière globale, l'Office Camerounais de Cacao et de Café (O 3 C) sera une entreprise parapublique comprenant trois(03) principales Directions à savoir :

*Une Direction Générale, organe exécutif en charge du management général, c'est-à-dire, de la coordination et de la cohésion des activités de tous les autres départements de cet organisme.

*Une Direction Technique, sentinelle de la qualité du cacao camerounais, précisément en charge de la fourniture du matériel végétal, de l'accompagnement technique des producteurs de cacao, de l'encadrement des exploitations propres à l'Office Camerounais de Cacao et de Café (O 3 C), avec en plus, une succursale industrielle responsable de la transformation des fèves en produits semi-finis et finis (beurre de cacao, cosmétiques et chocolats).

*Une Direction Commerciale dont le rôle se déclinera en l'encadrement de la commercialisation des fèves de cacao et produits dérivant de son pan industriel. De plus elle sera en charge de la labellisation des produits des artisans (transformation artisanale) dans le cadre de la mise en branle d'une politique de commerce équitable.

Le financement de son fonctionnement pourra alors découler des subventions budgétaires accordées par l'Etat, des prélèvements à l'exportation, mais à terme, et ce, en grande partie, des ressources issues de la commercialisation des fèves de ses exploitations et des recettes de son bras industriel. Schématiquement cela peut donner lieu à la construction d'un Immeuble Cacao pour l'abriter dont l'architecture en forme de cabosse peut avoir l'allure qui suit.

Figure 1 : Immeuble Cacao

ou

Immeuble Siège de l'O3C

Paragraphe 2 : La redynamisation de la coopération en matière cacaoyère

Du fait de la bonne place que le cacao occupe sur l'échelle des produits surclassés du commerce international et de son importante contribution au financement du budget de l'Etat camerounais (15% du PIB), les questions se rapportant à la gestion durable de l'économie cacaoyère ne sauraient être gérées efficacement de manière autarcique, c'est-à-dire purement au plan interne de l'Etat du Cameroun. Il s'agit d'un produit stratégique, dont la valorisation continue impose l'ouverture au monde. La convocation et l'instrumentalisation de la coopération en matière cacaoyère se signale ainsi comme une nécessité.

Redynamiser la coopération en matière cacaoyère, oblige à la repenser dans l'optique de la rendre performante, c'est-à-dire efficace et efficiente aux fins de servir au mieux les intérêts de la filière cacaoyère camerounaise. Selon le Professeur Pierre MOUKOKO MBONJO enseignant des Relations Internationales, la coopération internationale s'entend comme un ensemble de rapports et flux divers entre les acteurs du système international. Elle est à la fois classique : Etat à Etat (bilatérale), Etat(s) à OI ou OI à OI (multilatérale) ; et décentralisée (c'est-à-dire, de collectivité territoriale décentralisée à collectivité territoriale décentralisée).

Point 1 : Positionner l'O3C au centre de la coopération internationale classique

La coopération internationale classique est une affaire d'Etat à Etat(s) ou d'Etat à organisation(s) internationale(s) et repose au préalable sur des conventions bi et/ou multilatérales.

Redynamiser la coopération internationale classique revient pour l'Etat à positionner l'Office Camerounais de Cacao et de Café (O 3 C) dans la dynamique de partenariats nécessaires à l'amélioration de ses compétences, et partant à la réalisation de ses missions telles que définies dans son agenda 21 d'entreprise.

A ce titre, la coopération avec le Brésil a tout intérêt à être refondée et rationnalisée dans le sens de faciliter et d'améliorer la fourniture en matériel végétal en qualité et en quantité par l'Office Camerounais de Cacao et de Café (O 3 C).

Dans le même élan, un cadre partenarial devrait être aménagé avec les grands producteurs tels que le Ghana et la Côte d' Ivoire dans une visée d'échange d'expertise et de formation continue du personnel. De même l'expertise des grandes puissances agroindustrielles en matière de cacao tels que les USA ou la Suisse devrait être sollicitée dans le contexte d'un partenariat favorable à l'émancipation de son bras industriel sus-indiqué.

Point 2 : Instrumentaliser la coopération décentralisée comme levier d'optimisation de l'activité cacaoyère dans la Lékié

La coopération décentralisée est une donne nouvelle dans le cadre des initiatives locales de développement. Au Cameroun, suivant le décret du Premier Ministre de 2011 s'y rapportant, elle repose sur un accord entre deux collectivités ou leur groupement et se rapporte à l'ensemble des initiatives et actions qu'elles mène ou prévoit de mener conjointement.

Inscrite dans une logique de développement et de valorisation ou d'ouverture et d'échanges, et traduite en termes d'action internationale selon le jargon latino-américain, la coopération décentralisée se présente comme une aubaine à la fois pour les collectivités territoriales décentralisées des bassins nationaux de production en général et de la Lékié en particulier, par ailleurs plus proches des producteurs de cacao que l'Etat au sommet ; et pour les perspectives d'essor de l'activité cacaoyère.

De façon concrète, il s'agit pour les communes du département de la Lékié de définir et structurer leurs politiques de développement, de les ouvrir à l'international en tissant des partenariats plus construits et plus fouillés s'appuyant sur les besoins et potentialités locaux, des compétences techniques fortes et des ressources nécessaires. Et à l'O3C, il revient d'embrayer sur les communes du département de la Lékié, afin qu'elles fassent de la cacaoculture et du cacao un thème de coopération décentralisée.

Ainsi ces communes pourront par exemple aller vers leurs homologues ou consoeurs du Canada, de Suisse (...), grands consommateurs de cacao, pour susciter leur intérêt à venir soutenir, mieux, investir dans l'activité cacaoyère, car elles seront désormais reconnues pour la bonne qualité de la fève qui y est produite, et favorable à l'organisation permanente des mini comices à l'instar du FestiCacao ou de la Journée Départementale du Cacao sus présentés.

Pour ce qui est de l'essor de l'activité cacaoyère, les producteurs de cacao pourront à la faveur des mini comices agropastoraux, périodiquement organisés sous la coupe de la coopération décentralisée, nouer de nouveaux partenariats aux fins de bénéficier des appuis en matériel, en expertises techniques (structurelles et organisationnel) et opportunités de financements.

Section 2 : L' indispensable structuration du monde rural

Analphabétisme, ignorance, absence d'électrification, rareté des ressources financières, déficit d'infrastructures viables (écoles, dispensaires, routes etc...) et individualisme exacerbé, sont autant d'éléments d'aggravation de la grande pauvreté, mieux de l'extrême précarité du monde rural. Ce constat général se décline pour ce qui est de la Lékié en des taux de couverture sanitaire et de scolarisation insuffisants ou faibles et un revenu moyen par habitant de l'ordre de moins de 500Fcfa/jour, très insuffisant pour garantir des conditions de vie minimalement descentes car bien loin des standards internationaux et en inadéquation à la conjoncture nationale en terme du coût de la vie.

A l'évidence donc, les problèmes de développement des bassins de production ne peuvent trouver des solutions adéquates que sous formes normative et structurelle. La nécessaire structuration du monde rural dans lequel évolue la Lékié relève alors de cette précédente observation. Structurer le monde rural signifie organiser ses acteurs, aménager des espaces de dialogue et de travail pour mieux articuler leurs initiatives de développement.

Paragraphe 1 : Fondements et finalités de la structuration du monde rural

Dans le décèlement des causes de la pauvreté en milieu rural, la thèse écologiste nous enseigne que celles-ci sont d'abord à rechercher dans les faits de l'homme et de son environnement (analphabétisme, malnutrition, réchauffement climatique etc.). Mais c'est davantage la thèse économiciste qui nous édifie mieux à ce sujet en nous renseignant que, ces causes se résument surtout en la non maîtrise de la mise en oeuvre de politiques économiques capables de favoriser la production des richesses et leur équitable « re »-distribution dans le rapport espace-temps. Cette réalité traduit une défaillance de l'appropriation du concept de développement à la base ou développement endogène suivant les termes de Robert Chambers45(*).

Le développement à la base ou développement endogène peut se comprendre comme étant un processus par lequel une société, à un moment de son histoire, s'organise pour une meilleure mobilisation et une meilleure utilisation des ressources et forces dont elle dispose en vue d'atteindre un état jugé satisfaisant ou meilleur par elle-même, conformément à ses aspirations et ses normes culturelles et jugé également plus conforme à la dignité humaine, d'après des valeurs universellement reconnues.

De manière simplifiée, le développement à la base peut être considéré comme un type de développement centré sur les besoins fondamentaux des populations et sur leur propre capacité d'organisation.

A l'échelle rurale, le développement endogène a pour synonyme le développement rural. Il est destiné à rendre un groupe spécifique de gens, hommes et femmes, pauvres de la campagne, capables de gagner, pour eux-mêmes et leurs enfants plus que ce qu'ils désirent et dont ils ont besoin.

Il implique alors d'aider les populations rurales à exiger et à contrôler une plus large part des bienfaits de la production des richesses. C'est donc au coeur de cet argumentaire que se situe la nécessité de structurer véritablement le monde rural, mieux que ce qui se fait au demeurant.

Point 1 : La structuration du monde rural comme gage d'un amortissement des coûts d'exploitation et d'une meilleure défense et promotion des intérêts des producteurs de cacao et de leurs localités

S'il est vrai que souvent, on rentre dans l'activité cacaoyère à titre individuel en investissant ses ressources propres, force est cependant d'indiquer qu'à terme, l'exploitation a des coûts importants (entretien des champs, sollicitation de l'expertise technique, achats des engrais phytosanitaires), surtout pour qui veut de manière permanente garantir une production de qualité ; et ces coûts sont davantage importants pour les vergers de grandes surfaces (5-8-10 hectares...). Il devient alors indéniablement salutaire pour les producteurs de cacao de se mettre ensemble, en se constituant en groupe dans le sens d'amortir les coûts d'exploitation et de mutualiser les risques. Ne dit-on pas l'union fait la force.

De plus, pour assurer une meilleure défense et promotion des intérêts des producteurs de cacao et de leurs localités, la structuration se présente comme un pare-feu aux spéculations de toutes sortes et aux tripatouillages des acheteurs véreux (trucages des balances) dont sont régulièrement victimes les producteurs de cacao solitaires au moment des ventes de leur produit. Elle est aussi une aubaine pour une meilleure négociation du prix en ce sens que, s'il est facile de tromper un individu et que seul on est vulnérable, dans le groupe cela devient difficile voire peu probable, les faiblesses des uns étant comblées par la vigilance des autres.

Organisés, les acteurs de la cacaoculture deviennent faciles à identifier et à rassembler. Ils peuvent ainsi mieux formuler et présenter leurs opinions, revendications et suggestions aux acteurs d'en face (Etat, acheteurs, partenaires...).

Point 2 : la structuration du monde rural dans l'optique de soutenir la modernisation du monde rural et en faire un véritable pôle de développement

Dans la logique d'un développement endogène, conçu et mis en oeuvre par les populations elles-mêmes, le monde rural devient un interlocuteur ainsi qu'un véritable pôle de bien-être et un argument valable pour maitriser l'exode rural. Aussi est-il nécessaire de mettre en oeuvre un schéma organisationnel adéquat, devant permettre véritablement de penser local et d'agir local.

Dans les faits, cela revient à crédibiliser formellement les institutions communautaires (chefferies, comités locaux de développement, GIC, coopératives) pour la promotion de l'intérêt local par la définition et l'appropriation d'un plan de développement communautaire se déclinant en la réalisation des projets dont les financements nécessaires pourront découler principalement des ressources financières issues de la commercialisation des produits des cacaoyères communautaires. Lesdites cacaoyères devraient préalablement être créées sur la base d'un cadrage juridique adéquat (régime foncier et d'exploitation), ainsi que de financement issu des contributions de chaque membre.

Paragraphe 2 : Les modalités de la structuration du monde rural

La présentation schématique des structures à mettre en place pour l'épanouissement de l'activité cacaoyère et de son acteur en milieu rural, notamment à la Lékié, constitue l'objet de notre paragraphe. Il s'agit concrètement d'une promotion des GIC, des comités locaux de développement, des coopératives et du CICC.

Point 1 : L'encadrement et promotion des organismes locaux

La nécessité de lutter contre la pauvreté, les excès du libéralisme notamment l'exclusion sociale accélérée par les rudesses des Plans Ajustement Structurel, la logique du marché fondée sur le profit à tout prix, soulignent l'urgence de promouvoir un autre mode de gestion économique mieux adapté au monde rural qui privilégie la vie associative, l'entraide et la solidarité.

Un Groupement d'Intérêt Communautaire (GIC) est une personne morale de droit privé qui a pour but de faciliter ou de développer les activités de ses membres, alors qu'une coopérative (Coop) est un regroupement d'acteurs (producteurs, acheteurs...) ayant des intérêts communs ; et un Comité Local de Développement (CLD), une association de personnes ressortissantes d'une même localité ayant à coeur l'impulsion et amélioration du cadre et conditions de vie de leur localité.

Partant de la démarche individuelle, ces institutions associatives peuvent constituer de véritables ingrédients de promotion de l'activité cacaoyère dans le bassin de production de la Lékié. Ceci dans la mesure où, quand elles ne sont pas directement propriétaires des exploitations, elles peuvent prendre en charge certains aspects de cette activité (transformation, vente des produits dérivés). Le cadrage juridique (Loi n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté d'association au Cameroun et Loi n°92/006 du 14 Août 1992 concernant les sociétés coopératives et Groupes d'Initiative Commune) sur lequel elles sont adossées, a favorisé leur  foisonnement dans la Lékié. Sauf que ce régime attrayant par les exemptions fiscales qu'il accorde conduit à des dérives importantes au rang desquelles, les usurpations permanentes de ce statut par des sociétés privées de prestation de services n'ayant rien à voir avec les activités agricoles ou pastorales dans le but d'échapper à la fiscalité ; l'autre faiblesse relevée tient au déficit managérial se traduisant soit par la mise en avant d'une logique de regroupement familial aux dépens même d'une dynamique d'efficacité, soit par des fréquents détournements de fonds qui mènent ces regroupements inexorablement à la ruine.

Il devient alors indispensable que les Comités Locaux de développement, les GIC et les sociétés coopératives sortent des logiques désastreuses sus décrites pour épouser véritablement leur destin de cadres et instruments démocratiques de développement, en adoptant des processus managériaux de compétence et d'efficacité fondés sur la promotion de l'intérêt communautaire.

Dans cette perspective, une refondation du CICC s'avère nécessaire. La nouvelle structure aura pour mission principale d'organiser et de défendre les intérêts de ses membres auprès de l'Etat, désormais rationnellement et efficacement représenté par l'O3C, dans l'optique de garantir la discipline et l'efficacité de l'activité.

Point 2 : la réforme du CICC et son positionnement au centre de cette structuration

La reforme vise à ameliorer l'organisation du CICC et à optimiser l'efficacité et effectivité de ses missions dans le sens d'e l'epanuoissement de et par la cacaoculture dans les bassins de production en priorité et pour l'Etat du cameroun dans sa globalité .

1- Nature et vocation du CICC

Le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC) sera refondé sur les nouvelles dispositions législatives et réglementaires de gestion des filières cacao-café.

Le CICC regroupe les organisations Professionnelles de l'Agriculture, du Commerce, de l'industrie et des Services des filières cacao/cafés qui adhèrent à ses Statuts et constitue une association d'action, de représentation, de coordination, de liaison et d'information.

 Conformément à la nouvelle législation sur les filières cacao et cafés, le CICC aura pour missions :

- de donner son avis ou de présenter ses propositions sur toute question ou reforme du système de développement, de commercialisation, de taxation et de financement des Cafés et du Cacao ;

- de déterminer les critères d'exercice dans les professions de la commercialisation des Cafés et du Cacao et fournir une caution morale du bon déroulement des opérations ;

- de veiller à l'application des règles qui assurent une concurrence saine et loyale entre les opérateurs membres des organisations professionnelles affiliées au CICC et adhérant aux présents statuts ;

- de gérer la Caisse Mutuelle de Cautions et de Garanties Professionnelles, et de concevoir dans le cadre de la Caisse Mutuelle de Cautions et de Garanties Professionnelles un système d'assurances et de réassurance professionnelles ;

- d'apporter à toutes les Organisations professionnelles constituant les différents collèges représentés à son Assemblée Générale tout concours et/ou service en vue d'accroître l'efficacité de l'ensemble de l'organisation professionnelle ;

- de représenter les professionnels des filières camerounaises auprès des organisations internationales du cacao et du café.

- Organisation du CICC

Le CICC disposera de :

Une Assemblée Générale (AG) constituée de représentants de différents collèges, chacun de ces collèges correspondant à une catégorie professionnelle présente dans les filières de production et de commercialisation du cacao et des cafés à savoir, les organisations des producteurs ; celles d'acheteurs, d'usiniers, et de conditionneurs ; et les organisations professionnelles d'exportateurs ; les organisations professionnelles des Transformateurs Industriels locaux suivant des conditions precises.

Un Conseil Exécutif, organe de direction du CICC.

Un Comité Permanent, chargé de l'examen des problèmes techniques       et des aspects pratiques  de la mise en oeuvre des décisions prises.

Un Conseil de Discipline, garant du respect du code de déontologie, et se réunit pour statuer sur les infractions et les litiges liés à son application;

Un le Secrétariat Permanent, chargé de mettre en oeuvre les résolutions de l'AG, d'assurer l'administration et la gestion du CICC au quotidien, et du secrétariat des autres instances. Il n'est pas constitué d'élus.

2- Ressources du CICC

       

Le CICC aura pour ressource un prélèvement de 2 200 F CFA/tonne effectué au niveau des exportations de cacao et de cafés,pour un budget approximatif de 600 millions de F CFA par an.

Pour améliorer la modicité de ses moyens, le CICC fera appel à des organismes et bailleurs de fonds amis pour financer ses activités non institutionnelles, comme par exemple l'appui aux producteurs et à leurs organisations.

3- Relations du CICC avec le monde rural

- RELATIONS INSTITUTIONNELLES

Le monde rural producteur de cacao et cafés est constitué d'un très grand nombre de planteurs (plusieurs centaines de milliers), dispersés, souvent isolés, toujours mal informés.

Les actions en faveur des planteurs :

1. Organiser les planteurs :

-   en GIC ou coopératives de base pour produire et vendre à meilleur prix ;

-   en Unions (et fédérations) de GIC ou de coopératives pour vendre encore mieux et se faire représenter, notamment dans les instances du CICC..

Le CICC collabore avec les projets d'appui à la structuration du monde rural en ce sens

2. Appuyer la mise en place des Collèges Régionaux de Producteurs dans les différentes zones de  production, afin de faciliter le processus de désignation des délégués planteurs à l'AG, et constituer une base représentative authentique des planteurs vis-à-vis des autres catégories professionnelles et des Pouvoirs Publics. 

3. Appuyer la constitution des Comités CICC d'Arrondissement dans lesquels les représentants des organisations de planteurs désignent leurs membres et assurent la présidence ; afin de concrétiser l'interprofession au plan local et dans la pratique quotidienne (relations avec les commerçants, vente bord champ).

- APPUI COMMERCIAL

1. En matière de formation :        

Réaliser des sessions de formation économique de 2 jours au bénéfice des responsables d'organisations de planteurs : notions de commerce international, filières, marchés, fixation des prix, vente groupée, qualité des produits...

Former des membres des CCA (essentiellement planteurs) dans les mêmes domaines, lors de stages de 4 jours.

- En matière d'information :      

 Diffuser des prix bord-champ et des prix FOB pendant les campagnes : le CICC devrait assurer le système d'information dans le cadre du financement du Cameroun et de l'Union Européenne. Ce projet est en cours de négociation.

Publier un bulletin trimestriel CACAO et CAFES en français et en anglais sur tous les sujets intéressant les professionnels du secteur.

Assurer la diffusion informelle d'information sur les prix bord champ grâce à un ensemble d'informateurs à partir du Secrétariat Permanent à Douala.

-  Appui direct à la commercialisation :

Diffuser par fax les offres de vente groupée auprès des exportateurs.

- CONSEILS POUR L'AMELIORATION DE LA PRODUCTION

 Le CICC n'est pas un projet de développement agricole, mais une institution pérenne des filières ; il n'a pas vocation à intervenir directement dans la production. Il agit cependant, notamment dans le domaine de la qualité :

-  collaboration avec le MINADER à travers des sessions de formation et d'information des responsables d'organisations et d'agents et cadres du MINADER ;

-  collaboration avec l'IRAD dans la recherche des solutions aux problèmes du matériel végétal.

-  Très forte implication du CICC dans la réflexion sur la Relance de la Production en liaison étroite avec le MINADER et le MINCOMMERCE.

Plus directement en matière de qualité :

-  financement d'ateliers de formation de vérificateurs de qualité cacao et cafés au sein des organisations de producteurs ; 

-  programme d'émissions de radio en français, en anglais et en langues locales sur la qualité du cacao et des cafés;

-  cession à prix subventionné de matériel de contrôle de qualité, de pesée, de stockage et de traitement phytosanitaire aux organisations de producteurs ;

-  diffusion dans le monde rural de plusieurs milliers d'affiches portant sur la qualité du cacao ;

Au-delà de ces actions ciblées, il va de soi que les planteurs sont chez eux au CICC, et le Secrétariat Permanent recevra de nombreuses visites à Douala, appels téléphoniques, lettres(...) émanant des planteurs et de leurs organisations ; lui conférant de ce fait un rôle considérable de « plaque tournante » tant pour les planteurs, leurs organisations, que pour leurs relations avec les commerçants des filières.

La clarification législative et réglementaire à l'entame de ce point et l'application de toutes les dispositions qu'elle prévoit permettra au CICC d'assurer l'autodiscipline entre les operateurs de ces filières, gage de la gestion interprofessionnelle des filières libéralisées.

Diagramme de venn d'interaction des Structure du Moude rural

Figure 2 : Diagramme de Venn d'interaction des Structures du Monde rural

CLD : Comité local de développement GIC: Groupement d'intérêt Communautaire

Coop : Coopératives

Action Interaction

Conclusion

Le défi d'ancrer l'économie cacaoyère dans la durabilité aux fins de promouvoir son essor et l'épanouissement du producteur de cacao ainsi que des bassins de production, nous a conduit à élaborer une architecture susceptible de permettre sa réalisation de manière factuelle. A cet effet, nous avons envisagé, d'une part, une redéfinition de la tutelle de l'Etat avec pour unique organe représentatif, l'Office Camerounais de Cacao et du Café (O 3 C), cheville ouvrière de ce dernier dans tous les aspects de la gestion de la filière, ainsi qu' une redynamisation de la coopération en matière cacaoyère ; et d'autre part, nous avons indiqué une nécessaire structuration du monde rural qui implique une appropriation préalable du concept de développement à la base ou développement endogène, avec pour cadre d'expression les GIC, les coopératives, les comités locaux de développement et le CICC, occupant la position centrale.

CONCLUSION GENERALE

Malgré l'immense potentiel qui sous-tend la culture du cacao au Cameroun en général et dans la Lékié en particulier, les perspectives d'essor de cette activité demeurent grippées, à cause de certaines entraves imputables conjointement au planteur, à l'Etat et à la conjoncture internationale.

Le désengagement de l'Etat imposé par la mise en oeuvre de Plans d'Ajustement Structurel a jeté le monde rural agricole, totalement désorienté, dans les bras des prédateurs qui l'ont précipité dans la précarité.

L'essor de la cacaoculture dans ces conditions reste tributaire, d'une part, d'une structuration adéquate du monde rural à travers le renforcement des capacités de la sphère associative et des espaces de formulation et d'expression des initiatives de développement à la base, ainsi que d'une redéfinition de la place de l'Etat en tant que régulateur et facilitateur de l'activité économique et sociale d'autre part.

Suivant l'exemple des pays Africains leaders en matière de cacaoculture (Côte d'ivoire, Ghana notamment), une meilleure organisation de la filière cacao café régie comme au Ghana par un organe faitière unique (la Cocoa Board) pourrait nous éviter le déficit managérial constaté au Cameroun en raison d'une pluralité de structures qui font au mieux double emploi et au pis se chevauchent, créent des blocages nuisibles et provoquent une dispersion d'énergie regrettable. Interlocuteur souvent oublié, relégué tout au bout de la longue chaine des décideurs imbus de leur puissance incarnée, paradoxalement, c'est le pauvre planteur perçu à tord comme simple force de travail, mal rémunéré et sans la moindre voix au chapitre qui tient fermement dans ses mains frêles, la clé vers le développement de notre cacaoculture. La mutation à opérer consiste à le positionner au coeur des divers projets à réaliser. Le professionnalisme adossé aux exigences de la bonne gouvernance devrait ouvrir la voie à la performance escomptée.

A cet effet, l'organisation locale et surtout la qualité du produit made in Cameroon constituent des ingrédients essentiels pour accéder à la notoriété internationale. Ce label indispensable sert de visas pour ouvrir les portes des principales places où se négocient le cacao et le café. Et sur ces places hélas, le Cameroun ne siège pas aux premières loges.

De plus, et en référence à la rhétorique du penser local et agir global (et vis versa) indispensable pour un bien-être collectif international, la systématisation d'une gestion durable de l'économie cacaoyère se signale comme une nécessité non seulement pour le maintien et la motivation du producteur de cacao dans cette activité, mais aussi et surtout pour la prospérité de l'économie cacaoyère toute entière tel que souligné par la récente Conférence Mondiale sur le Cacao.

BIBLIOGRAPHIE

A- OUVRAGES GENERAUX

1- BIYA, Paul, Pour le Libéralisme communautaire, Pierre-Marcel FAVRE, 1986

2- DESJARDINS Denis  Requier, L'Alimentation en Afrique, manger ce qu'on peut produire, Editions Karthala - Dusaf, 1989

3- DUPRIER Hugues, Paysanne d'Afrique Noire, TERRES ET VIE, 1980

4- ELA Jean marc, Afrique des villages, Edition Karthala, 1982

5- ELA Jean marc, Quand l'Etat pénètre en brousse, la reposte paysanne à la crise, Editions Karthala, 1990

6- N'KALOULOU Bernard, Dynamisme paysan et développement Rural au Congo, Editions L'Harmattan, 1984

7- TERSIGUEL, Philippe et BECKER, Charles, dir. Développement durable au sahel, Edition Karthala - Sociétés - Espaces, Temps, 1997

8- TOUNA MAMA, L'économie camerounaise : pour un nouveau départ, Afrédit, 2008

B- OUVRAGES SPECIALISES

1- ASSOUMOU Jean, L'économie du cacao : Agriculture d'exportation et bataille du développement en Afrique tropicale, Editions P. DELARGE, 1977

2- CHAMBERS, Robert, et CTA, Développement Rural, la pauvreté cachée, Editions Karthala ,1990

3- Comprendre une Economie Rurale, guide pratique de recherche de l'institut panafricain pour le développement, Editions L'Harmattan

4- DURUFLE Gilles, L'Ajustement structurel en Afrique, Edition Karthala, 1998

5- KAMTO M., Droit de l'environnement en Afrique,EDICEF/AUPELF/VANNES,1996

6- LAMNERINCK Marc et WOLFERS, Ivan, Approches participatives pour un développement durable, édition Karthala-IPD, 1998

7- Organisation et gestion de coopératives et d'autres organisations d'autopromotion, Rapport sur un cours de formation internationale, Fondation Allemande pour le Développement Internationale, 1987

C- ARTICLES ET REVUES

1- ALARY, Véronique ; « La libéralisation de la filière cacaoyère vue et vécue par les planteurs du Cameroun », in Revue Région et Développement n°4,1996

2- CHAMPAUD J. ; « L'Economie Cacaoyère du Cameroun », in Cahier ORSTOM, ser.sci.hum, III. 3,1966

3- Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), 2009

4- ESOH ELAME ; «  Histoire et fondements du concept de développement durable- Unité 6 : Développement durable et interculturalité, concepts et outils », Master Course Coopération internationale, Action Humanitaire et Développement Durable , CIRDA, 2009

5- JANIN Pierre ; « Un planteur sans Etat peut-il encore être un planteur ? » http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/062045.pdf

6- « L'impact de la crise Economique sur les systèmes Agricoles et le changement du couvert Forestier dans la zone Forestière Humide du Cameroun », CIFOR, Decisional Paper, N0.27, Février 2000

D- SITES INTERNET

1- www.google.com

2- www.ntsongon.org

4- www.fao.org

5- www.cameronline.cm

6- www.wikipédia.org

ANNEXES

QUESTIONNAIRE ADMINISTRE

IRIC- Institut des Relations Internationales du Cameroun

La gestion durable de la filière cacao dans la Région du Centre Cameroun : Le cas du Bassin de production de la Lékié

Ce questionnaire a pour objectif de faire une évaluation socio-économique sommaire des pratiques de gestion en cacao culture dans le Département de la Lékié. Les informations sont confidentielles et ne seront utilisées qu'à des fins académiques. Votre coopération sera grandement appréciée.

1.DATE.......................................................................................................

2.LOCALITE................................................................................................

3.NOM DE L'INTERVIEWE.............................................................................

4.STATUT....................................................................................................

5.NOMS DES FACILITATEURS ....................................................................... ..................................................................................................................

1- Que représente pour vous, la culture du cacao ?

2- Est-elle rependue ici ?

3- A quelle ampleur ?

4- Quel est l'âge moyen des exploitations et leur taille ?

5- Produisent-elles de manière constante ?

6- Comment-êtes vous organisé ?

7- Qui est-ce qui vous encadre ?

8- Etes-vous satisfait par cette activité ?

9- A quelles difficultés êtes-vous confronté ?

10- Comment les surmontez-vous ?

11- Avez-vous entendu parler ou connaissez-vous la SODECAO ?

12- Que fait la SODECAO ou l'Etat pour vous accompagner ?

13- Ses techniciens ou ceux du Ministère de l'agriculture viennent-ils souvent ici vous écouter ou vous encadrer ?

14- Que suggérez-vous pour améliorer cet état de fait ?

15- Ou, à votre avis, que peut-on ou doit-on faire pour améliorer votre situation pour la poursuite de la cacao culture dans de bonnes conditions ?

16- Avez-vous déjà pensé à creer des plantations communautaires dans le sens d'affecter leurs revenus à la réalisation des projets d'intérêt commun tels que l'entretien de la route, la construction d'un centre de santé, une école... ?

LISTE DES ACRONYMES

MINADER  : Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural

MINCOMMERCE  : Ministère du Commerce

MINEPAT  : Ministère de l'Economie du Plan et de l'Aménagement du Territoire

DSCE  : Document de Stratégie de la Croissance et de l'Emploi

SODECAO  : Société de Développement du Cacao

ONCPB  : Office Nationale de Commercialisation des Produits de Bases

ONCC  : Office National du Cacao et du Café

FODECC  : Fonds de Développement des filières Cacao et Café

O3C  : Office Camerounais de Cacao et du Café

FAO  : Food and Agriculture Organization

FIDA  : Fonds International de Développement de l'Agriculture

CICC  : Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café

USAID : United States Agency of International Development

CNUCED  : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement Economique

OMC  : Organisation Mondiale du Commerce

GIC  : Groupement d'Intérêt Communautaire

CARTES DE LOCALISATION DU DEPARTEMENT DE LA LEKIE

Figure 3 : CARTE DU CAMEROUN

Figure 5 : CARTE DU DEPARTEMENT DE LA LEKIE

Figure 4 : CARTE DE LA REGION DU CENTRE

ET SES DEPARTEMENTS

INSTITUT DES RELATIONS

INTERNATIONALES DU CAMEROUN

Master « Coopération internationale,

Action humanitaire et Développement Durable »

Filière : Coopération Internationale et Coopération Décentralisée pour le Développement

Année Académique 2011-2012

Project work 

Rapports de stage académique à la

SODECAO

MBARGA Dieudonné

Matricule 11J130 R

1ère promotion

 

 
 
 

RESUME

Le présent rapport rend compte de notre séjour de six mois (29 Septembre 2011 - 18 Mars 2012) à la SODECAO, Direction de l'Appui à la Cacaoculture, Sous-Direction de la Qualité Totale, indique les principaux acquis dudit stage et présente quelques observations en guise de suggestions susceptibles de consolider les performances de cette entreprise parapublique.

LA SODECAO EN RACCOURCI

- Créée en 1974, par le décret N-74-83 du 02 février 1974, la SODECAO a pour mission de fournir une assistance technique aux producteurs de cacao et de garantir la qualité du cacao camerounais. Elle est également chargée de l'entretien des pistes de collecte du cacao servant parallèlement au désenclavement des zones rurales. Le pilotage de projets de développement fait aussi partie de ses missions.

- Il convient de relever que, au début des années 1990,en raison de la crise multisectorielle dont le souvenir reste vivace, la réduction drastique de la subvention allouée par l'Etat a plongé la SODECAO dans une longue période d'hibernation qui s'est achevée avec la nomination en 2006 d'un nouveau Directeur General, M. Jérôme MVONDO, lequel a aussitôt engagé la relance de la structure avec environ 300 personnels sur un précédent effectif de 3500 employés.

- Placée au coeur de la stratégie nationale de redressement de la filière cacao, la relance susmentionnée se traduit entre autres par :

· la régénération des plantations vieillies ;

· la création de nouvelles plantations ;

· la lutte phytosanitaire couplée avec le renforcement de l'encadrement technique ;

· La professionnalisation des producteurs (structurés, regroupés) ;

· L'amélioration de la quantité et de la qualité du produit «made in Cameroun«.

· L'amélioration des circuits de commercialisations (désenclavement des zones de récolte) ;

· Le développement de la transformation et valorisation des fèves de cacao.

ORGANIGRAMME

Direction Générale

Direction des Affaires

Administratives et Financières

Direction de l'Appui à Direction de l'entretien des

la Cacaoculture Pistes de Collecte

Délégations Régionales

et Départementales.

La Société de Développement du Cacao (SODECAO)

BP. 1651 Yaoundé - Cameroun

Tel. 22 30 45 44

Fax +237 22 30 33 95

DEROULEMENT ET ACQUIS DU STAGE

Commencé le 29 Septembre 2011, notre séjour à la SODECAO, Direction de l'Appui à la Cacaoculture, s'est achevé le 18 Mars 2012.

C'est précisément à la Sous-Direction de la Qualité Totale que nous avons été affectés et placés sous l'encadrement de M. MABOU, Ingénieur Agroindustriel, Chef de Service de la Qualité Totale.

Notre première tâche a été de prendre connaissance des missions et des principales activités de la SODECAO, en particulier celles concernant notre département d'affectation.

Il s'est agi ensuite de nous imprégner de la politique de la relance de la cacaoculture initiée par l'équipe managériale conduite depuis 2006 par M. Jérôme MVONDO.

Cette immersion enrichissante nous a permis d'avoir accès à des données empiriques indispensables à la réalisation de notre projet de recherche et de mettre en exergue tout en les améliorant, les acquis de notre formation en Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable (CA2D) à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun/Université Cà Foscari de Venise.

En effet, le stage nous a donné l'opportunité d'une immersion totale dans les activités du Hall de Technologie de la SODECAO et cela nous a permis d'apprécier à l'envie le processus de transformation des fèves de cacao dans sa phase actuelle.

A ce sujet, les essais grandeur nature qui y sont menés portent la promesse d'une réussite dans un avenir prévisible. Ceci est très encourageant.

La recherche qui se poursuit inlassablement dans le but d'affiner les résultats déjà enregistrés conforte notre optimisme

En outre, ce stage nous aura permis d'appréhender la dynamique interne et la densité des missions de la SODECAO.

Au final, de nos humbles observations, nous avons suggéré quelques perspectives dans le but de consolider les performances de la SODECAO qui, d'ores et déjà, se positionne résolument en première ligne sur le chantier des « grandes réalisations ».

QUELQUES SUGGESTIONS EN VUE DE POSITIONNER LA SODECAO A L'AVANT-GARDE DE L'EMERGENCE DE LA FILIERE CACAO

L'émergence de la filière cacao portée par la SODECAO repose sur deux leviers à savoir : le cadre institutionnel et la capacité opérationnelle.

AU PLAN INSTITUTIONNEL :

Sa lettre de mission exprime avec force les espoirs placés en la SODECAO et les résultats attendus pour réaliser l'émergence de la filière cacaoyère.

Ce cahier des charges insiste en effet sur l'offre des services à l'effet d'améliorer la qualité et la quantité du cacao camerounais.

Aussi, cette claire définition des priorités et des objectifs assignés a-t-elle permis à l'équipe dirigeante actuelle de tracer les axes de son action qui reste, à l'évidence, tributaire des capacités budgétaires et logistiques de la structure. Or, pour le moment, rien ne permet de constater l'adéquation entre les ressources dont dispose la SODECAO et l'épaisseur de son cahier de charges. Il faut donc user de créativité.

AU PLAN OPERATIONNEL :

· Doter la SODECAO d'un budget conséquent pour se donner les moyens que la réalisation de sa nouvelle dynamique exige ;

· améliorer de manière sensible la stratégie de communication de la SODECAO pour mieux faire connaitre ses ambitions et ses réalisations, pour intéresser un public plus important et diversifié ;

· dynamiser le secteur de la Coopération et de la Recherche ;

· densifier l'assistance technique pour stimuler la professionnalisation de la filière et encourager le développement communautaire ;

· promouvoir la transformation locale (voire artisanale) ainsi que la valorisation des fèves de cacao. C'est un secteur novateur, porteur de belles perspectives économiques ;

· poursuivre les programmes de développement de la cacaoculture et d'entretien des pistes de collecte ;

· initier des partenariats mutuellement bénéfiques.

Exemple : Un programme de soutien à l'électrification des bassins de production avec AER - AES SONEL, dont l'impact peut constituer une réelle perspective de développement pour de nombreuses localités rurales.

* 1 Figure 3 : Carte du Cameroun, en Annexes, P.71

* 2 BIYA Paul, Pour le libéralisme communautaire, Pierre Marcel- FAVRE, 1986, P.65

* 3 CHAMPAUD J., l'économie cacaoyère du Cameroun, cah ORSTOM, ser. Hum., III, 3-1966

* 4 Figure 4 : Carte de la Région du centre et ses départements, en Annexes, P.71

* 5 Figure 5 : Carte du Département de la Lékié, en Annexe, P71

* 6 KOBOU Georges, Economie internationale, IRIC , 2011

* 7 DEFOURNY J. , (dir.) l'économie sociale au Nord et au Sud, De Boeck, Bruxelles

* 8 www.wikipedia.com

* 9 ESOH ELAME ; « Histoire et fondements du concept de développement durable : Unité 6 : Développement durable et interculturalité : concepts et outils, Master Course Coopération internationale, Action Humanitaire et Développement Durable », CIRDA, 2009

* 10 SACHS Ignacy, Stratégie de l'écodéveloppement, Ed. Privart, coll. regard, 1980

* 11 www.fao.org/forestry

* 12 COLIN Armand, Dictionnaire des sciences économiques, Paris, 2007

* 13 CHAMBERS Robert, Développement rural : la pauvreté cachée, Edition Karthala, 1990

* 14 DURUFLE Jules, L'Ajustement structurel en Afrique, Edition Karthala, 1988

* 15 ELA Jean Marc, Dans l'ouvrage intitulé, Quand l'Etat pénètre en brousse : la riposte paysanne à la crise, Edition Karthala, 1990

* 16 AWUNG NDONGKO Wilfried, les réflexions sur les politiques économiques et le développement du Cameroun, éditions Sopecam, 1985

* 17 TOUNA MAMA, L'économie camerounaise : pour un nouveau départ, éditions Afrédit, 2008

* 18 Statistiques du CICC, 2011

* 19 AMOA ONGUENE Anselme Serge, La cacaoculture dans l'arrondissement d'Okola 1960-2000, Mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé 1, 2007

* 20 MANI OLONGO, L'économie cacaoyère dans la région d'Okola, Mémoire de Géographie, Université de Yaoundé, 1975

* 21 NGONGO Louis Paul, Histoire des institutions et faits sociaux du Cameroun, éditions Berger Levour, 1987

* 22 CHAMPAUD J, « L'Economie Cacaoyère du Cameroun », in Cahier ORSTOM, ser.sci.hum, III. 3,1966

* 23 Décret N-74-83 du 02 février 1974, portant création, organisation et fonctionnement de la SODECAO

* 24 CHAMPAUD,  J.1966, « L'Economie Cacaoyère du Cameroun », in Cahier ORSTOM, ser.sci.hum, III. 3

* 25 JANIN Pierre, « un planteur sans l'Etat peut-il encore être un planteur ? », http//www.politique-africaine.com/numéros/pdf/0622045.pdf

* 26 Arrêté N-0000015/Mincommerce du 05 /09/2008 fixant les conditions générales de conditionnement et commercialisation des fèves de cacao

* 27ALARY Véronique ; « La libéralisation de la filière cacaoyère vue et vécue par les planteurs du Cameroun », in Revue Région et Développement n°4, 1966, pp. 7-8

* 28 Décret présidentiel du 08 décembre 2004, portant réaménagement du gouvernement

* 29 TSALA MESSI, André ; « Géographie de la Lékié », www.ntsongon.org

* 30 FOLEFACK Pompidou et GOCKOWSKI Jim, 12-01-2004, in «  Libéralisation et système de commercialisation du cacao en zone forestière du Sud Cameroun »

* 31 MBARGA Dieudonné, Contribution de la SODECAO au développement de la transformation artisanale et à la valorisation des fèves de cacao, Projet de fin de formation, Codev 2012.

* 32 The Uruguay Round agreement on agriculture and processed agricultural products, OCDE, Paris, 1997, impact of the reform process in agriculture on LDC and net food-importing development countries.

* 33 M. BILANA, Retraité et cacaoculteur à la Lékié, entretien du O3 novembre 2012

* 34 AERTS Jean-Joël, COGNEAU Denis, HENERA Javier, GUY de Monchy, DOUBAND Français, L'économie camerounaise : un espoir évanoui, édition Karthala, 2000, P 40

* 35 Rapport du cours de la Fondation Allemande pour le Développement International, sur l'organisation et gestion des coopératives et autres organisations d'autopromotion, 2e édition, Août 1987,P 17

* 36ESOH ELAME ;  « Histoire et fondements du concept de développement durable. Unité 6 : Développement durable et interculturalité ; concepts et outils, Master Course, Coopération internationale, Action Humanitaire et Développement Durable »,CIRDA, 2011.

* 37 SACHS Ignacy, Stratégie de l'écodéveloppement, Ed. Privart, coll. regard, 1980

* 38 IBID

* 39ESOH ELAME ; « Histoire et fondements du concept de développement durable : Unité 6 : Développement durable et interculturalité : concepts et outils, Master Course  Coopération internationale, Action Humanitaire et Développement Durable », CIRDA, 20O9,op cit.

* 40 ElA Jean Marc, Quand l'Etat pénètre en brousse, opi.cit, page 124

* 41 KAMTO M., Le droit de l'environnement en Afrique, P.17

* 42 KAMTO M., Le droit de l'environnement en Afrique, op cit, p.18

* 43 www.fao.org

* 44 Statistiques de la SODECAO, 2011

* 45CHAMBERS Robert, Développement rural : la pauvreté cachée, édition Karthala, Page 80 ; 241






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