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La gestion durable de la filière cacao dans la région du centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié.

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par Dieudonné MBARGA
Intitut des Relations Internationales duCameroun-IRIC/Yaoundé 2 - Master 2 « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable »  2011
  

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Section 2 : L'Analyse profonde de la question des prix et de la règlementation en vigueur ainsi que le nécessaire renforcement de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne libérale

En plus de l'intégration et de la promotion de la notion de durabilité dans la gestion de l'économie cacaoyère, le recours à des leviers tels que les prix, la loi ainsi que la nécessaire intégration des ingrédients de socialisme dans le libéralisme peuvent certainement conforter l'essor de la cacaoculture et l'épanouissement de ses acteurs.

Paragraphe 1 : Les prix et la loi comme instruments d'affermissement de l'économie cacaoyère

Le concept de développement durable met au premier plan le problème de l'équité, en cherchant à assurer une juste répartition dans l'espace et dans le temps, des charges et des bénéfices et cela pour chaque action politique et dans chaque secteur, tout cela bien huile par un cadre normatif.

Point 1 : Les prix comme mécanisme de consolidation de l'économie cacaoyère

Le principe d'équité subodore la nécessité de rompre avec l'idéologie du développement synonyme d'accumulation et de déséquilibre, pour s'orienter vers un modèle de développement qui impose la redistribution, à travers la lutte contre les inégalités. Cette nouvelle conception du développement intègre les critères éthiques de la justice sociale et de la responsabilité à l'égard des générations présentes et futures.

De plus, l'équité intra générationnelle et intergénérationnelle que la nouvelle vision du développement impose, nous pousse à nous projeter vers une durabilité sociale basée sur la solidarité intra et intergénérationnelle. La recherche de l'équité toujours dans le cadre de la satisfaction des besoins élémentaires de chacun et de la possibilité d'aspirer à une vie meilleure, impose de « re »-concevoir le développement pour redistribuer les richesses. Cela signifie qu'il faut s'orienter vers un processus de changement dans lequel l'exploitation des ressources, le choix des investissements, l'orientation du développement technique et les changements institutionnels sont déterminés en fonction des besoins présents et futurs. La gestion durable implique donc une transformation durable de l'économie et de la société39(*). Dans cette perspective, les prix et la loi constituent les moyens efficaces de transférer les ressources, le contrôle de l'initiative aux populations des bassins de production.

Les prix sont l'arme la plus puissante pour augmenter les revenus agricoles, motiver le planteur et entrainer le transfert massif des revenus de la ville vers les campagnes ou des Pays développés vers ceux qui sont en voie de l'être, dans la perspective de réduire les inconvénients de la logique libérale de fixation des prix par le marché national et international.

Une étude de Jean Marc ELA de 1979, révèle par exemple que dans les années 1975, les compagnies d'import-export qui dominaient le commerce interne et externe recevaient pour chaque kilogramme de cacao camerounais vendu à l'étranger, une marge bénéficiaire de 220 Frs. Or le prix payé aux paysans producteurs de cacao par les intermédiaires, oscillait entre 70 et 90 frs CFA, soit trois fois moins que la marge bénéficiaire des multinationales : expression accentuée de la spoliation du planteur40(*).

L'argumentaire qui précède indique en substance le climat qui prévaut dans la pratique du prix du cacao sur le marché. Ce dernier est prescrit préalablement par les traders des bourses de Londres et de New York, travesti par les multinationales, leurs négociants et intermédiaires et, enfin, imposé aux planteurs, alors contraints de l'accepter (le prix) tel quel. Positionné à la queue de cette impitoyable échelle de puissance sans aucune voix au chapitre, le planteur apparait dans toute sa faiblesse.

Le défi en ce qui concerne le prix, est alors de le rendre rémunérateur à l'endroit du producteur de cacao ; en le définissant équitablement et le garantissant effectivement, tout en contrôlant l'inflation dans les bassins de production, pour en jouir pleinement.

La définition équitable du prix du cacao signifie, au plan international, une présence et une participation effective des Etats producteurs du Sud aux fora de négociation internationaux (OMC et ICCO) et une sensibilisation des acheteurs à une intégration de la logique du commerce équitable (partenariat gagnant- gagnant) aux fins de la promotion du respect de la valeur travail, gage du maintien et de la motivation des planteurs dans l'économie cacaoyère : expression achevée de la durabilité pour ce qui les concerne.

Au plan interne, une consultation préalable des producteurs par l'Etat au sein et au-delà des fora institutionnels (CICC, Coopératives, GIC), aux moyens de techniques consultatives diverses (sondages et autres ...), pour la fixation du prix (bord champ et hors champ) sur le marché national ; l'idéal étend qu'il oscille au minimum autour des 60% du prix du marché international comme suggéré à la récente Conférence Mondiale sur le cacao.

La garantie effective du prix est un engagement pris par l'Etat de maintenir un prix d'achat standard du cacao au producteur en dépit de la fluctuation de ses cours mondiaux. Elle est nécessaire à la protection du planteur de la filouterie des acteurs intermédiaires (représentants officiels des firmes multinationales et nationales et entremetteurs), ainsi que des désagréments découlant des fluctuations profondes des cours mondiaux de la précieuse fève.

La garantie peut être satisfaite par l'idéal de la mise en branle d'un mécanisme efficace et efficient de cautionnement du prix bord champ au producteur de cacao. Toutefois, celle-ci doit nécessairement passer par le recours à l'information publique (les médias), pour le porter à la connaissance de tous et de chacun ; à la loi pour fixer le cadre d'exercice de l'activité d'acheteur aux fins d'en sanctionner les véreux (les spéculateurs sauvages) couramment appelés coxeurs, ainsi que par la mobilisation des brigades des agents des eaux et forêts, des contrôleurs des prix et des agents de douanes ; tout ceci facilité en amont par une indispensable structuration du monde rural tel que nous le présenterons dans le prochain chapitre.

Le contrôle de l'inflation dans les bassins de production aux fins de jouir pleinement du prix du cacao devenu dès lors rémunérateur, impose la facilitation de l'accès aux produits de première nécessité (électricité, pétrole, médicaments d'urgence...) à des prix rationnels. Il s'agit d'un défi organisationnel et structurel, notamment celui de la modernisation des zones rurales. Défi qui ne peut à l'évidence être résolu à court terme. Mais conjoncturellement (ponctuellement), la solution peut résider dans le redéploiement de la MIRAP (Mission Régulation des Approvisionnement en Produits de Grande Consommation) en faveur du marché rural. Concrètement, l'Etat se doit de prioriser dans l'action de la MIRAP, les zones rurales. Celle-ci devra désormais de façon fréquente, selon un calendrier bien arrêté, publié et donc connu, ravitailler ces zones en produits de première nécessité, avec pour avantage la limitation de la pénurie du fait de l'accessibilité facilitée et la rationalisation de leur coût, et en prime une économie en frais de transport.

Point 2 : La loi comme outil de stabilisation de l'économie cacaoyère

Comme le relève KAMTO Maurice : «  le droit norme le comportement des acteurs sociaux vis à vis de l'environnement41(*) » ; c'est-à-dire qu'il ne peut y avoir de protection, de prévention ou de promotion sans un encadrement juridique préalable ou plus largement, sans prescription de comportements car comme il le souligne par la suite, « Nombre d'acteurs sociaux ne respectent la loi que par crainte de la sanction dont elle est assortie; c'est cette crainte qui va les amener à s'abstenir d'enfreindre les règles protectrices de l'environnement42(*)».Dans ce sens, le mérite de l'établissement des bases juridiques d'une gestion durable revient dans le contexte juridique actuel de notre pays, à la loi N-96/12 du 05 aout 1996 portant Code de l'environnement qui l'appréhende en matière forestière.

Pour ce qui est de la gestion durable dans la filière cacaoyère , le problème de sa non effectivité ne réside pas fondamentalement dans l'inexistence de lois s'y rapportant mais davantage dans la pléthore des textes (ceux créant les organismes de gestion de la filière et ceux portant commercialisation des fèves de cacao etc.) se rapportant à sa structuration et à son articulation ou fonctionnement ; leur manque de cohérence et d'actualisation (à l'instar des statuts et règlement de la SODECAO qui datent de 1974), révèlent leur inadéquation à l'essor de la cacaoculture et à l'épanouissement de son acteur phare qu'est le producteur de cacao. D'où la nécessité de plaider pour l'adoption d'une loi unique, conçue comme le ciment de la gestion durable envisagée, car appelée à chapeauter toute l'architecture de l'économie cacaoyère, dans le sens de la définition de ses organismes et acteurs ; la détermination de leurs modes opératoires et la rationalisation de leurs rapports. Il lui incombera entre autres, de préciser les conditions de la garantie effective du prix au planteur, d'assainir la gestion de la filière par le démantèlement et l'épuration des acteurs parasites intermédiaires à l'instar des coxeurs, de même que les mauvaises pratiques qui entravent le bon fonctionnement de cette filière.

En somme, c'est une loi se rapportant de manière précise à la thématique de la gestion durable de cette filière au Cameroun qui proposera et conduira à un changement fondamental de l'approche de gestion et un ancrage national de la gestion durable dans les moeurs en matière d'économie cacaoyère en apportant des solutions durables aux dysfonctionnements et problèmes observés jusqu'alors.

* 39ESOH ELAME ; « Histoire et fondements du concept de développement durable : Unité 6 : Développement durable et interculturalité : concepts et outils, Master Course  Coopération internationale, Action Humanitaire et Développement Durable », CIRDA, 20O9,op cit.

* 40 ElA Jean Marc, Quand l'Etat pénètre en brousse, opi.cit, page 124

* 41 KAMTO M., Le droit de l'environnement en Afrique, P.17

* 42 KAMTO M., Le droit de l'environnement en Afrique, op cit, p.18

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